REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

samedi 28 août 2021

LA PENSEE POLITIQUE DE MACHIAVEL (7)

LE RÉGIME POLITIQUE DES ÉTATS EST LE REFLET DE LA NATURE DE L’HOMME A SON EPOQUE.  

LES CONCEPTIONS DE MACHIAVEL SONT ELLES TRANSPOSABLES À NOTRE ÉPOQUE ?

En ce qui concerne la nature de l’homme, beaucoup de caractéristiques relevées par Machiavel à propos de son époque  restent encore d’actualité actuellement. Cependant, ces caractères (ingrats, inconstants, dissimulés, tremblant devant les dangers, avides au gain) sont soigneusement camouflés par un concept général que l’on peut énoncer par une seule locution : « je suis libre, je fais ce que je veux » : grâce à elle, on peut cacher ses instincts sociaux pervers par une affirmation moralement admissible aux yeux de tous. Cependant, cette liberté à tous prix n’a rien à voir avec le concept de liberté tel que le prônaient les républiques antiques : pour celles-ci, la notion de liberté était d’abord conçue comme la liberté collective d’un peuple assemblé pour proposer des lois permettant la liberté individuelle tout en la canalisant afin de garantir la liberté publique. A notre époque, c’est uniquement la liberté de l’individu qui est revendiquée et magnifiée au détriment des libertés collectives. Notre monde a rejeté tout ce qui pouvait entraver sa liberté : la morale chrétienne tout comme les idéaux de la République, sont oubliés ou ne sont plus que des vains mots, seuls comptent l’individualisme forcené et l’égocentrisme, 

Certes, il  existe   une majorité silencieuse  de « braves gens » capables de compassion, de dévouement envers les autres, capables de donner de leur temps pour aider les exclus de la société à  trouver un peu de bonheur Certains sont même prêts à sacrifier leurs propres vies pour les autres. Les esprits tordus peuvent certes objecter qu’un acte altruiste est effectué plus pour la satisfaction de son propre ego que pour aider réellement les autres, mais même cette observation réductrice, n’oblitère pas le fait que ces « braves gens », issus le plus souvent des classes populaires, constituent le fonds réel de notre société. 

 

Pourtant, malheureusement, leurs comportements exemplaires subissent l’influence pernicieuse et perverse des tenants de la liberté individuelle absolue et de l’égocentrisme.

 

 Les exemples abondent de cette propagation du chancre de l’individualisme forcené qui a tendance à polluer toutes les strates sociales : en voici deux exemples qui correspondent exactement aux théories élaborées par Machiavel à propos des errements de son temps et de sa description d’une société corrompue :   

     . L’ingratitude est souvent manifeste dans les rapports sociaux : ainsi, tant que l’on rend service à quelqu’un, on est bien vu de lui, il nous rend de fréquentes visites et n’hésite pas à nous inviter, on pense alors avoir affaire à un vrai ami. Pourtant, si pour une bonne raison, on cesse de rendre le service, ceux qu’on croyait ses amis se détournent et n’hésitent pas à critiquer ceux qui les ont aidés. 

     . La rapacité et l’âpreté au gain sont également patents dans notre société, elle touche la quasi-totalité des gens : il faut toujours gagner plus pour posséder plus, la plupart des individus se livrent à de véritables compétitions pour exhiber la plus belle voiture, le robot ménager le plus sophistiqué, la plus grande maison,… même si on risque d’être lourdement endetté par ces achats souvent inconsidérés. 

 

Le concept de société duale avait également été évoqué par Machiavel dans le « discours… à propos de Tite-Live » comme je l’ai montré lorsque j’ai décrit les raisons qui ont conduit au passage de la gouvernance de la république romaine à celle du Moyen-Age et de la Renaissance italienne du fait de la christianisation de l’occident. Machiavel avait alors divisé la société en deux corps : 

     . Les humbles qui subissaient passivement leur sort afin de mériter le salut, je les assimile aux « braves gens que j’ai évoqués ci-dessus 

     . Ceux que j’ai appelé les crapules qui profitaient de cette passivité pour imposer leur dictature et à inciter les humbles à se pervertir à leur image. 

 

Notre époque possède également le second type de société : elle comporte une minorité de gens sans scrupules et  avides de pouvoir, ils savent manipuler le corps social pour assouvir leurs instincts de possession, ils profitent de la passivité des « braves gens » pour imposer leur système politique et économique et pour pervertir de plus en plus largement l’ensemble du corps social. 

 

Cette dualité est si évidente que l’on parle communément de « France d’en haut » et de « France d’en bas ». Il va de soi que ce ne sont plus les conceptions chrétiennes qui structurent la société en deux catégories même s’il subsiste dans le fonds mental de notre civilisation de larges réminiscences du passé chrétien et de sa morale.

 

En ce qui concerne, ceux de la pseudo « France d’en haut » et à la différence des notables des États italiens, de l’époque de Machiavel, ils n’étalent pas au grand jour leur appétit de conquête et leur volonté exacerbée de puissance  et utilisent des méthodes plus subtiles et mieux camouflées. C’est en toute discrétion qu’ils étendent leur emprise à la manière des araignées  tissant inlassablement leurs toiles sans que les sociétés humaines ne s’en rendent clairement compte. 

 

Selon moi, il existe  aujourd’hui principalement trois moyens qui asservissent l’individu aux normes des plus puissants.

 

Le premier est la généralisation insidieuse du capitalisme sous sa double forme de la société par actions et des cotations boursières permettant de faire toujours plus de profits, (« il est dans la nature de l’homme de ne se croire tranquille possesseur que lorsqu’il ajoute encore aux biens dont il jouit déjà » écrit Machiavel). Ces formes économiques, nées de la révolution industrielle,  se développent sans entrave pour sécréter des crapuleries coupables : Les exemples abondent d’individus qui se sont enrichis frauduleusement à coup de spéculations, sans égard pour tous ceux qui travaillaient pour eux et qu’ils livrent au chômage sans aucun scrupule et en toute impunité. De même, ils réussissent à dissimuler une grande partie de leurs scandaleux revenus dans des paradis fiscaux pour ne pas payer d’impôts à l’Etat qui les a vu naître et a permis leur ascension sociale. 

 

Né en Europe occidentale, le capitalisme étend ses filets sur toute la terre : le colonialisme et le néocolonialisme en sont les marques les plus évidentes, il est navrant, à cet égard, de voir de grandes sociétés capitalistes piller sans vergogne les ressources du sous-sol des pays pauvres à leurs seuls avantages, il est criminel de constater l’extension indéfinie des grandes plantations industrielles au détriment des petites exploitations vivrières assurant la subsistance des autochtones. Le but est de gagner toujours plus et de s’enrichir aux dépens des plus humbles, cela conduit à aggraver les inégalités sociales entre riches et pauvres. 

 

La deuxième méthode utilisée par les puissants est le développement de la société de consommation qui utilise à son avantage l’ « âpreté au gain » en tentant de la développer par des incitations tout aussi constantes qu’insidieuses et artificielles  (publicité, obsolescence, forum de recherche…) afin d’habituer les consommateurs à acheter toujours plus afin de faire plus de profit. 

 

La troisième méthode découle des deux précédentes, elle est déjà exprimée par Machiavel qui écrivait « plus ils possèdent, plus leur force s’accroît, et plus il leur est facile de remuer l’État » : pour que ces individus puissent développer leurs ambitions malsaines,  il est nécessaire qu’ils contrôlent le système politique, pour cela, ils s’organisent en groupes de pressions qui amènent les gouvernements à se convertir à leurs idées et à détruire, au nom d’un fallacieux progrès, les acquis et garanties sociales que les travailleurs avaient acquis au prix de luttes acharnées. 

 

En outre, contrôler l’Etat permet aussi de mater toutes les tentatives de révolte de ceux qui veulent une plus juste répartition des richesses : en domptant l’état, ils se donnent les moyens de réprimer toutes les révoltes et de punir de plus en plus sévèrement les fauteurs de troubles. 

 

Ainsi, dans le fonctionnement de la société, on retrouve trait pour trait la description que faisait Machiavel  de son époque. Si on tente d’utiliser sa terminologie à propos des différentes formes d’Etat, on pourrait qualifier le régime politique qui nous régit, officiellement démocratique,  d’OLIGARCHIE or l’oligarchie se classe, selon lui, dans les régimes corrompus. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire