REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

samedi 30 septembre 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : la vie quotidienne (9)

Suite de l'article précédent

L’absence de télévision ne nous posait pas de problèmes ; d’abord, parce que la possession d’une télévision était rarissime dans les classes populaires et n’était réservé qu’aux personnes qui avaient les moyens de s’en acheter une ; ensuite, parce que, à cette époque, on n’avait pas le temps de s’ennuyer.

Dans la journée de semaine,  tous étaient affairés à leur tâche, école pour les enfants, travail et soin du ménage pour les parents ; ce n’est que pendant et après le repas du soir que la famille pouvait se retrouver ; le repas était, en effet, l’occasion pour chacun de raconter les événements marquants de la journée et de parler de tout ce qui semblait important.

Le moment des informations écoutées à la radio était très important pour tous ; en effet, des événements dramatiques se déroulèrent pendant mon enfance et, en  particulier, en Algérie. Les familles n’avaient qu’une crainte, c’était que la guerre s’éternise et que leurs garçons y soient envoyés. Je me souviens parfaitement, par exemple, des barricades de 1958 et fut soulagé de l’arrivée au pouvoir du Général de Gaulle que beaucoup ressentaient comme un sauveur. Je me souviens aussi la menace de voir les parachutistes venus d'Algérie déferler sur la France lors du « pronunciamiento de généraux en retraite »

Après les informations, une fois la cuisine balayée et la vaisselle lavée par la mère de famille puis essuyée et rangée par les enfants, chacun, à la cuisine, se livrait à ses activités personnelles. Les parents lisaient le journal qu’on nous livrait chaque jour et dont ils n’avaient eu le temps le matin que de lire les gros titres, faisaient les mots croisés ; la famille  écoutait aussi la radio et en particulier les feuilletons, les enfants sortaient leurs jeux ou finissaient d’apprendre leurs leçons et les faisaient réciter, on pouvait aussi jouer à des jeux de société. Cette période de détente en famille durait assez peu, puisque que les enfants devaient encore se laver pour aller se coucher vers 20 heures.

À suivre..

jeudi 28 septembre 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : la vie quotidienne (8)

Suite de l’article précédent à propos de l’absence de réfrigérateurs

Un laitier passait tous les matins avec, dans son camion, de gros bidons de lait et de la crème fraîche ; quand on entendait son klaxon, on sortait avec son pot à lait, le laitier le remplissait de une à deux mesures au moyen d’une louche. Ce lait était évidemment du lait entier, on le consommait en y ajoutant du café  ou du chocolat le matin au petit-déjeuner et au goûter.

Il y avait aussi des épiciers, des bouchers et des boulangers ambulants pour ceux qui ne pouvaient aller en courses. L'un de ces marchands ambulants,  était le « marchand de charbon », on allait dans son atelier commander le charbon et il venait nous le livrer, le charbon en boulets était vendu en sacs de 50 kg, ils étaient amenés sur une benne de camion à ciel ouvert, le livreur prenait ces sacs sur la benne, les transportait sur le dos jusqu’au bac à charbon et il se penchait afin de verser le charbon dans ce bac par-dessus sa tête.

Le fait que la plupart des gens élevaient des poules et des lapins permettait de disposer de viande fraîche, palliant aussi à l’absence de réfrigérateur. On donnait à ces lapins toutes les épluchures et les restes de nourriture qui n’avaient pas été mangé dont le pain rassis. Il fallait aussi aller chercher de l’herbe dans les champs surtout au printemps, c’était souvent le rôle des enfants, il fallait faire attention à l’herbe que l’on ramassait car certaines étaient des poisons, faisant gonfler le ventre des lapins et les faisant mourir.

On tuait les lapins généralement pour les repas du dimanche ou quand il y avait des invités. C’était pour moi un crève-cœur de voir tuer des bêtes aussi gentilles à qui on parlait quand on avait un gros chagrin et qui semblaient nous écouter, mais le lendemain, on mangeait sa viande de bon appétit. Une partie du lapin était rôtie pour le midi et le reste était cuit en sauce pour le soir où le lendemain.

On gardait les peaux encore sanguinolentes suspendues jusqu’au passage du «  marchand de peaux de lapins » à qui on les vendait. Ces peaux permettaient, entre autre,  de fabriquer de chauds manteaux.

L’absence de réfrigérateur n’était finalement gênante que lors des grands repas, mariage ou communion, en ce cas, la seule solution était d’acheter ou se faire livrer des pains de glace que l’on mettait dans l’auge à eau de pluie.

Pour le reste, il fallait faire avec ! Cela induisait un mode de vie particulier ; ce qui était cuisiné devait être mangé le jour même où le lendemain surtout qu’à cette époque, on ne jetait rien, tout était utilisé, comme je l'ai écrit plus haut,  y compris les épluchures données aux lapins et les os au chien, les légumes restant étaient gardés pour faire la soupe du soir, les fruits devenaient de bons clafoutis, le pain rassis pouvait être transformé en un délicieux « pain perdu »,

Jeter du pain était alors considéré comme inacceptable aux yeux de tous ceux qui avaient souffert des restrictions de la guerre.

Cette nécessité de consommer rapidement tout ce que la mère de famille cuisinait n’impliquait cependant pas de vivre au jour le jour, outre les bocaux, les fruits et les pommes de terre que l’on gardait à la cave, beaucoup de gens disposaient de réserves de nourriture, des boîtes de conserves, du sucre, du café de l’huile… ils se souvenaient des privations de la guerre et tenaient à avoir chez eux de quoi tenir le coup quelques semaines. On était à l’époque de la guerre froide et, pour  beaucoup de gens, la perspective de voir éclater une troisième guerre mondiale était plausible.

Mes lecteurs pourraient penser que j’effectue beaucoup de digressions : je m’en rends bien compte, cela est dû à la manière dont j’écris, une idée me fait souvenir d’une autre et ainsi de suite. Afin de recadrer un peu mon propos, je vais maintenant décrire notre vie sans télévision.

À suivre…

mardi 26 septembre 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : la vie quotidienne (7)

Suite de l’article précédent

L’absence de réfrigérateur n’était pas non plus un problème dans les années 1950-60, nous y pallions par diverses dispositions :

D’abord, il y avait les légumes et fruits du jardin que l’on mangeait au fur et à mesure de la récolte ;  quand les productions du jardin excédaient les besoins, on faisait des conserves en bocaux pour l’hiver. Les pommes de terre et les légumes qui se conservaient étaient entreposés à  la cave, à l’abri de la lumière et du gel. Il était cependant rare que l’on puisse faire la soudure d’une année sur l’autre. Au printemps, on allait chercher des pissenlits pour faire la salade.

Ensuite et surtout, on allait tous les jours en course pour s’approvisionner , il y avait partout de petits magasins, épicerie, boucherie, boulangerie, mercerie, quincaillerie…Dans certains magasins coopératifs, on recevait, à chaque achat, des timbres correspondant à la valeur de cet achat, on les collait sur de grandes feuilles de papier et on les rendait au magasin en échange de cadeaux.

Chez l’épicier, à part les conserves en boites et quelques denrées préemballées en paquet, tout était vendu à la pièce, mis dans un sac en papier, puis pesé ; de même, on amenait son litre de vin vide et l'épicier le remplissait à même le tonneau qu’il gardait dans son arrière-boutique.

Dans les boucheries, il n'y avait aucune viande ni charcuterie pré-emballées, le boucher découpait la viande devant le client sur un billot de bois au moyen d'un tranchoir.

 Aller faire ses courses, était  un moyen de rencontrer les gens du quartier et de discuter, ce qui permettait de développer la convivialité entre voisins. Quand ils n’avaient pas école, les enfants étaient souvent envoyés faire des courses, les plus jeunes avaient une liste de commissions qu’ils donnaient à l’épicier afin qu’il les serve. On payait en fin de quinzaine ou en fin de mois, quand le père de famille ramenait la paie, versée alors directement en argent liquide.

À ce propos, le plus souvent, le père donnait  directement la paie à sa femme qui se chargeait des comptes ; à cette époque, la plupart des femmes ne travaillaient pas ou se contentaient de petits métiers du type " femme de ménage".

Chez nous,  l’argent était mis dans une boite gardée dans un casier du buffet de cuisine. On ne disposait évidemment pas de carnet de chèques ni de compte bancaire. On dit parfois que, le jour de la paie, le père dépensait une partie de celle-ci au bistrot ; ce n’était évidemment pas le cas pour la majorité des gens, car la mère de famille était la maîtresse de maison et gérait seule son ménage ainsi que l’argent de celui-ci.

À suivre…

dimanche 24 septembre 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : la vie quotidienne (6)


Suite de l’article précédent

C’était aussi sur l’évier de la cuisine que l’on  effectuait sa toilette. Une cuvette spécifique était utilisée pour cela, chacun se lavait à tour de rôle le soir avant d’aller se coucher de manière à ne pas trop salir les draps ;  les enfants se lavaient en premier, les parents faisaient leur toilette quand les enfants étaient couchés. Quand nous primes de l’âge, on mît une sorte de paravent pour préserver notre intimité. On se lavait par « petits bouts » en axant tout particulièrement sur ce qui s’était sali dans la journée. Quand on se lavait les pieds, on déplaçait la cuvette sur une chaise pour plus de commodité.  Pour se laver, on utilisait, bien entendu, l’eau chaude contenue dans la bouilloire. Le matin, on se débarbouillait rapidement les mains et le visage et on se nettoyait les dents. En outre, il fallait se laver les mains très souvent et en particulier avant et après les repas.

Une fois par semaine, généralement le samedi, on se lavait entièrement, toujours sur l’évier de la cuisine ; c’était le moment où on changeait de linge, il est évident cependant que les filles se changeaient plus souvent que les garçons.

Était-on propre ? Je pense que oui, on faisait avec les moyens dont on disposait. Il y avait des bains douches municipaux mais je n’y ai jamais été. À partir du moment où nous eûmes une salle de bains, nous changeâmes bien évidemment nos habitudes d’hygiène,

Une particularité de cette époque concernait les WC. Il n’y avait pas de papier toilette spécifique comme actuellement et nous n’avions pas de chasse d’eau. En guise de papier toilette, nous utilisions des vieux journaux que nous découpions en petites feuilles rectangulaires ; quant à l’eau de nettoyage de la cuvette, elle provenait de l'eau de l’auge que l’on allait chercher au moyen d’un seau.

À suivre

vendredi 22 septembre 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : la vie quotidienne (5)

Suite de l'article précédent 

C’est dans le  cadre que j’ai décrit précédemment,que se déroulait notre vie quotidienne. Celle-ci était, bien évidemment, très différente de celle de l’époque actuelle et je me propose d’en montrer quelques particularités  à commencer par ce que je me souviens de la manière dont on lavait le linge.

Tout dépendait du type de linge à laver. Le petit linge était lavé sur l’évier de la cuisine. En dessous de ce dernier se trouvaient les cuvettes de la maison, l’une servait au lavage du linge, deux autres étaient utilisées pour le lavage et le rinçage de la vaisselle, une autre servait à la toilette des membres de la famille.

Le linge était lavé à l’eau chaude de la bouilloire. Il était ensuite mis à sécher sur les fils  de la cour ou sur ceux de l’appentis qui jouxtait les pièces d’habitations. On avait aussi un fil à linge dans la cuisine, au-dessus de la cuisinière. En ce cas, l’odeur de la lessive embaumait toute la cuisine, ce qui était très agréable, on disait que ça sentait le propre.

Le lavage du «blanc» et en particulier des draps  nécessitait un processus plus complet ; dans ma famille, on commençait par laver le linge dans l’auge qui recueillait l’eau de pluie et était pourvue d’un plan de travail.  Pour cela, on utilisait le savon et la brosse. Ce travail était fait à l’eau froide, ce qui n’était guère agréable. Les mères de famille n’ayant pas d’auges à la maison se rendaient aux lavoirs municipaux, c’était pour elles un lieu de travail mais aussi de convivialité, là se rapportaient en effet les derniers potins du quartier ; souvent le travail était ponctué de grands éclats de rires ! On disait que le lavoir était pour les femmes le pendant du bistrot pour les hommes.

Une fois le linge bien décrassé, il fallait le faire bouillir pour terminer le lavage. Pour cela, on utilisait une grosse lessiveuse pourvue d’un champignon central. La lessiveuse pleine de linge, d’eau et de lessive  était placée  sur la cuisinière et l’eau bouillante qui se trouvait dans la partie basse de la lessiveuse remontait par le champignon, ce qui créait un mouvement circulaire aussi efficace que celui de nos machines à laver moderne. La lessiveuse dégageait des effluves qui parfumaient toute la cuisine.  Cette lessiveuse ne servait pas qu’à faire bouillir le linge, on y mettait aussi les bocaux emplis des produits du jardin pour les stériliser, enfin je me souviens qu'elle servait aussi à nous faire prendre un bain quand nous étions petits, toutes ces actions se passaient à la cuisine.

Quand le linge était lavé, il fallait le rincer à l’eau froide dans l’auge, puis on l’étendait sur les fils, soit dehors, soit dans l’appentis. En hiver, il fallait rentrer le gros linge à la cuisine, je me souviens avoir ramassé des draps  complètement solidifiés par le gel pour les rentrer au chaud, c’était pour moi un plaisir de le faire. Nous n’avions pas de table à repasser, elle était remplacée par une couverture surmontée d’un drap étendu sur la table de la cuisine.

A suivre..

mercredi 20 septembre 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : la vie quotidienne (4)

Les quatre pièces d’habitations que j’ai décrites dans les articles précédents  formaient un ensemble de forme rectangulaire qui correspondait à la maison primitive construite par mon grand-père. Au fur et à mesure de ses disponibilités financières, la famille agrandit la maison afin d’inclure, sous le même toit, tout ce dont nous avions besoin ; cela constituait un ensemble de communs que je me propose de décrire ci-dessous.

D’abord, fut construite une entrée carrelée servant de sas entre l’extérieur et la cuisine ; dans cette entrée se trouvaient les toilettes.

Un peu plus loin, s’étendait un vaste espace comportant tout d’abord des auges permettant de recueillir l’eau ; ces auges étaient alimentées principalement par les chêneaux recueillant l’eau de pluie du toit ; elles étaient pourvues également d’un robinet d’eau en cas de sécheresse.

Dans cet espace était installé l’atelier et l’établi de bricolage de mon père, il y avait aussi des  fils à linge pour les cas où on ne pouvait pas étendre le linge dans la cour. Cet atelier n’était évidemment pas chauffé.

Au-delà de l’atelier, se trouvait une longue annexe que nous appelions garage, elle donnait directement sur la rue. Le terme de garage était relativement impropre puisque nous n’avions pas de voiture automobile. Dans ce garage, étaient  construites deux grandes auges, l’une pour le bois et l’autre pour le charbon, elles étaient  facilement accessibles de la rue, ce qui était très utile pour les livraisons de charbon.

Près de ces auges étaient installées les cages à lapins.

Enfin, dans ce garage on rangeait les vélos ainsi que la mobylette que notre père utilisait pour se rendre au travail.

Nous disposions enfin d’une petite cour comportant les fils à linge ainsi que la niche du chien quand nous en eûmes un. Le chien dormait toute l’année dans la cour, c’est seulement quand il gelait en hiver qu’on le rentrait, soit dans l’atelier, soit même à la cuisine.  On ne trouvait alors  pratiquement pas de chiens d’appartement,  au moins dans les classes populaires. Avoir un chien était bien utile à deux points de vue : d’abord, c’était un bon gardien, ensuite et surtout, il mangeait, concurremment avec les lapins, les reliefs du repas qu’on ne pouvait pas garder.

À suivre.

lundi 18 septembre 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : la vie quotidienne (3)

Suite de l'article précédent

La salle à manger n’était utilisée que lorsqu’on avait des invités conviés au repas, ce qui, pour notre famille, se produisait souvent  les dimanches à midi ;  si quelqu’un que nous connaissions venait à l’improviste, il était accueilli généralement à la cuisine, on ne recevait  à la salle à manger que les gens qui ne nous étaient pas familiers. Dans les deux cas, on ne manquait jamais d’offrir du café, du vin, de la bière ou de apéritif.

Dans notre maison, la salle à manger était chauffée par une cheminée à l’âtre que l'on remplaca très vite par un poêle à gaz. Cette pièce  était pour nous synonyme de fête, c’est sur le bahut contenant la vaisselle des grandes occasions,  qu’étaient installés le sapin de Noël et les cadeaux, c’est là aussi que le jour de Noël, à notre lever, on trouvait les cadeaux que nous avait apportés le père Noël. De même, les repas de Pâques et du Nouvel An étaient pris à la salle à manger.

La troisième pièce était la chambre où couchaient les enfants, elle comportait un lit cosy et un lit pliant qui pouvait servir de fauteuil, ces deux lits étaient utilisés pour coucher les deux enfants de la famille, on ne se rendait dans notre chambre que pour dormir ; on préférait jouer et faire les devoirs à la cuisine. Une armoire où on rangeait les habits complétait le mobilier. Dans notre maison, cette pièce comportait une cheminée à l’âtre qui fut très vite remplacée par un poêle à gaz, il chauffait la chambre des enfants ainsi que la chambre des parents qui lui était contiguë. Plus tard, cette pièce devint un salon

La dernière chambre constituant le logis était la chambre des parents, elle comportait un mobilier dit de "chambre à coucher" avec des meubles en bois plaqué selon le style à la mode à cette époque : un grand lit, deux tables de nuit et une grande armoire où était rangé le linge de maison. Celui-ci provenait en grande partie du trousseau amené par ma mère  au nomment de son mariage. Ce trousseau était constitué petit à petit dès l’adolescence par la jeune fille et par ses parents, ceux-ci offraient généralement à leur fille une partie de son trousseau en guise de cadeau lors des fêtes, des anniversaires et de Noël. Celle-ci était fière de voir son trousseau s’étoffer peu à peu, il se composait de linge si solide qu’il pouvait durer une vie. Certaines pièces du trousseau étaient brodées aux initiales de la jeune fille. La conception dominante était qu’elle  devait amener tout son ménage lors de son mariage. C’est ce trousseau qui était rangé dans l’armoire de la chambre des parents. Cette chambre était le domaine réservé des parents. On s’y rendait assez peu.

Une telle répartition des pièces d'habitation se retrouve aussi à la campagne. Je me propose de décrire quelques fermes de ma région dans des articles ultérieurs.

A suivre

samedi 16 septembre 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : la vie quotidienne (2)

suite de l'article précédent

Tous les actes de la vie quotidienne se déroulaient dans la cuisine. Bien évidemment, on y préparait le repas et on y mangeait ; c’était là aussi que ma mère repassait le linge, elle utilisait pour cela un fer à repasser électrique mais, dans beaucoup de famille, on se contentait encore  de platines de fonte que l’on chauffait sur le fourneau. C’était sur la table de la cuisine que nous, les enfants, faisions nos devoirs tandis que notre mère préparait le repas. Si on jouait aux cartes en famille, c’est à la cuisine qu’on le faisait ; de même, c’est là aussi qu’on lisait le journal et qu’on écoutait la radio. Enfin, c’était dans la cuisine qu’on se lavait et qu’on lavait le linge usuel. Je reviendrai postérieurement sur ces éléments de la vie quotidienne.

Une grosse cuisinière trônait dans un coin de la pièce ; dans ma famille, il était alimenté par du charbon et fonctionnait  en continu pendant l’hiver. Le matin, le premier levé, en général notre père, s’occupait du fourneau avant de partir pour travailler. Il vidait les cendres, activait les braises qui restaient de la veille ; il suffisait ensuite d’aller emplir le seau à charbon, de rajouter du papier, du bois puis du charbon pour faire repartir le feu pour la journée. On remettait un peu de charbon quand le besoin s’en faisait sentir,

Outre le chauffage de la cuisine et du logis, le fourneau servait à beaucoup d’autres tâches ; d’abord, il permettait de disposer d’eau chaude, la bouilloire était toujours sur le feu ; quand on utilisait de l’eau chaude, on remettait tout de suite de l’eau froide dans la bouilloire  pour le prochain utilisateur ; nous n’avions pas de chauffe-eau dans la maison, l’eau de la bouilloire servait à la fois pour les besoins alimentaires mais aussi pour faire sa toilette, pour la vaisselle, pour laver le linge dans la lessiveuve....

Une grande partie de la cuisson des aliments se faisait sur la cuisinière, je me souviens des bonnes odeurs qu’exhalait la cocotte en fonte dans laquelle la viande mijotait  doucement. C’est aussi sur la cuisinière qu’on laissait la cafetière afin d’avoir toujours du café de prêt au cas où quelqu’un viendrait nous voir. Pour moudre le café, on utilisait un moulin mécanique que l’on mettait entre ses jambes pour qu’il ne tombe pas lorsqu’on tournait la manivelle. On y  faisait aussi chauffer le lait du matin en prenant bien garde qu’il ne déborde pas.

Le fourneau était périodiquement frotté à la toile émeri afin d’éliminer toutes les taches qui pouvaient s’y trouver. Il devait être ramoné une fois l’an. En été, pour cuire les aliments, un utilisait le gaz de ville.

A suivre. 

jeudi 14 septembre 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : la vie quotidienne (1)

La troisième série d’articles qui va suivre (1), évoquera divers aspects de la vie quotidienne des années 1950-1960, vus par un enfant du peuple de l’époque, qui y raconte ses souvenirs. Comme précédemment exprimé il s’agit d’un témoignage et non d’une étude exhaustive de la société de ces années, c’est en lisant ce témoignage que l’on pourra mesurer à quel point les choses ont changées depuis.

Durant mon  enfance, j’ai vécu selon un style de vie beaucoup plus simple que celui des enfants de l’époque actuelle, les familles des classes populaires ne disposaient pas de l’attirail technologique dont on s’entoure maintenant. Ainsi, dans ma famille, lors de mes dix premières années, nous ne possédons ni voiture, ni télévision, ni téléphone , ni réfrigérateur, ni machine à laver le linge, ni  chauffe-eau, ni chauffage central, ni même de salle de bains. C’est au fur et à mesure  de ses disponibilités financières que la famille s’équipa peu à peu.

Avant d'évoquer notre vie quotidienne, il convient de décrire d’abord notre cadre de vie. Nous habitions dans une petite maison individuelle qui comportait quatre pièces composant le logis proprement dit : la cuisine, la salle à manger, la chambre des enfants, la chambre des parents.

La cuisine était la pièce principale de la maison, c’est là où se tenait habituellement la famille, là se trouvaient une grosse cuisinière à charbon, un buffet de cuisine, un évier avec un seul robinet d’eau froide, une table et des chaises ainsi qu’un placard sur lequel se trouvait le poste radio.

Les meubles de bois furent assez vite remplacés par des meubles en Formica.  En ce qui concerne ma famille, nous avions aussi une petite cuisinière à gaz à deux feux posée sur un placard ; en effet, notre maison étant située dans un village d’une  banlieue de  ville, elle était desservie par le gaz de ville.

(1) voit l’imprégnation de la vie religieuse et l’école, deux thèmes de souvenirs déjà traités précédemment

mardi 12 septembre 2017

L'île d'Antigua aux Antilles (8)

LE NELSON DOCKYARD
Les installations du Nelson Dockyard étaient entourées d’un rempart défensif et était pourvues d’une seule porte du côté terrestre. Jouxtant cette porte, se trouve un poste de garde permettant essentiellement de contrôler les entrées et les sorties du chantier naval.

Il subsiste encore la maison et la loge du gardien ainsi que le portail d’entrée du chantier.


A l’intérieur de l’enceinte, le chantier comportait quatre types de bâtiments :
   . Bâtiments réservés aux hommes et à l’approvisionnement des équipages,
   . Ateliers,
   . Magasin de stockage nécessaire au chantier naval,
   . Abris des navires.

Les bâtiments réservés aux hommes et à l'approvisionnement figurent sous forme de rectangles de couleur orange.

Le plus bel édifice est la maison de l’amiral (M) . Cette maison, construite en 1855, est typique du style colonial antillais avec une galerie à deux niveaux entourant trois façades du logis et créant à son pourtour une zone d’ombre et de fraîcheur. Cette maison n’a jamais abrité d’amiral, elle fut construite pour loger les officiers commandant le chantier et les préposés en charge de l’intendance.


Le vaste édifice (J) comporte deux niveaux :
    . A l’étage, se trouvaient les chambres destinées aux officiers de passage,
    . En dessous,  furent aménagées douze citernes capables de contenir jusque 1.200.000 litres d’eau.

 La maison des ingénieurs (A) est actuellement transformée en auberge,

Une  maison sert de bureau (H) au  commissaire trésorier du chantier.

Les marins  dont les navires étaient au carénage,  étaient logés dans un vaste dortoir situé dans la maison du cuivre et du bois (K)

Dans le chantier naval se trouvaient également une boulangerie (O) , une cuisine pour l’équipage  (F) et une infirmerie.

En mauve, sont représentés les ateliers où travaillaient les artisans attachés au chantier : une forge (P) adossée au rempart  et un atelier pour le charpentier (N)

Les entrepôts sont figurés en bleu   :
   . Maison des vêtements et des cordages (E)
   . Maison des cuivres et du bois scié (K) : c’est au-dessus de cette maison qu’étaient logés les hommes d’équipage.

Les abris à bateaux sont au nombre de deux et sont représentés en vert
   . En (B), se trouve un vaste ensemble formé d’un chenal permettant d’abriter un navire de taille importante, il est entouré d’une ligne de gros piliers qui devaient porter un toit.
   . Un abri plus petit (D) donnait lui aussi sur la mer,  ce qui permettait de tirer un bateau à l’abri. Au-dessus, se trouvait un grenier où étaient entreposés les mats. Des lucarnes étaient construites sur le toit couvert de bardeaux

Enfin, est coloré en jaune (G), les cabestans permettant de tirer les navires sur la grève afin de procéder au carénage. Ils étaient surmontés d’un vaste bâtiment actuellement disparu.

dimanche 10 septembre 2017

L'île d'Antigua aux Antilles (7)

Les installations militaires d'English Harbour sont figurées sur la carte ci-dessous   :

 
 . 1 : FORT BERKELEY est établi sur le cap fermant la rade. Ce fort, attesté en 1704, est mentionné parmi les trente forts construits sur le littoral d’Antigua. À cette date, les navires utilisaient la rade comme port de mouillage, mais sans installations portuaires particulières.
   . 2 : FORT CHARLOTTE,  érigé sur le cap faisant face à Fort Berkeley.
   . 3 : entre ces deux forts, une chaîne permettait de fermer la rade.
   . 4 : un premier chantier naval, dit de SAINTE HÉLÈNE, est construit en 1725, il comporte des  hangars permettant à la fois  le carénage des navires et l’entreposage du matériel nécessaire ;  il n’y a pas d’autres structures organisées à ce moment, c’est chaque équipage qui répare et entretien son navire.
  . 5 : les aménagements sommaires du chantier de Saint Hélène ne suffisant pas, il fut décidé en 1845 de construire, en face de celui-ci, un nouveau chantier naval appelé NELSON DOCKYARD en l’honneur de Nelson qui, de 1784 à 1787, mouilla dans la baie alors qu’il était capitaine de frégate.  Les installations du Nelson Dockyard, telles que l’on peut les visiter,  seront décrites dans l’article suivant.
   . 6 : les mornes qui entourent la baie furent pourvus de forts d’artillerie. Le fort de DOW HILL est figuré sur la carte, il est en ruines mais on en  aperçoit encore bien les terrasses établies en surplomb de la pente des mornes où se trouvaient les canons servant à la défense de la côte et de la rade, complétant ainsi le fort Berkeley qui ne pouvait assurer qu’une défense rapprochée.
   . 7 : sur les basses pentes du morne fut construit CLARENCE HOUSE, ancienne résidence du gouverneur d’Antigua.

Une gravure du 18ème siècle montre certains aspects d'ENGLISH HARBOUR au 18ème siècle.


Les travaux d’aménagement du chantier naval de Nelson Dockyard se poursuivirent jusque 1855 ; à cette époque, la situation géopolitique avait évolué, l’apparition des navires à vapeur et la moindre importance des Antilles, tant sur le plan économique que stratégique, conduisirent les anglais à fermer le chantier en 1889.

A suivre,,,

vendredi 8 septembre 2017

L'île d'Antigua aux Antilles (6)

ENGLISH HARBOUR

Le Sud d’Antigua possède une baie particulièrement propice à l’installation d’un vaste complexe militaire ayant permis  aux colonisateurs anglais de se doter d’une base navale de première importance : English Harbour.

Le site, comme le montre la vue aérienne ci-contre, est celui d’une baie relativement étroite et profonde comportant deux caps :
   . Le premier (1) permet de protéger la baie des tempêtes, de créer en amont une zone d’eau calme et donc de constituer un mouillage sûr. On le vit en particulier en 1723, quand un ouragan détruisit 35 navires au mouillage dans les autres baies de l’île alors que les bateaux réfugiés à English Harbour ne subirent aucun dommage.
   . Un second cap (2) se trouve dans la baie proprement dite ; plus large que le précédent, il permet une implantation humaine importante. Ce second cap domine deux bassins abrités des tempêtes marines.

Le vaste complexe naval dont on peut encore visiter une partie, fut élaboré progressivement au cours du 18ème siècle dans un contexte de  luttes entre les puissances européennes pour la suprématie navale sur les mers des Antilles,

Un pays qui disposait de cette suprématie pouvait à la fois :
    .  S’emparer des îles à sucre et à épices dont le commerce en Europe était source d’importants profits, chaque pays disposant, en effet, sur les îles en sa possession, du monopole de son commerce transatlantique.
    . Armer une flotte importante de corsaires qui attaquaient les navires étrangers  transportant le sucre et autres produits provenant des Antilles ou du continent américain.

Pour assurer la maîtrise de la mer, il fallait trouver une base navale pouvait offrir aux navires :
   . Un mouillage sûr, à l’abri à la fois des tempêtes et des ouragans, mais aussi des attaques des  flotte de guerre des autres pays européens.
   . Une base de ravitaillement en armes, en nourriture et en eau.
   . Un chantier servant à la fois pour le carénage et la réparation des navires mais aussi pour la construction navale.

English Harbour fut tout cela à la fois.

A suivre

mercredi 6 septembre 2017

L'île d'Antigua aux Antilles (5)

SAINT JOHN

Enfin, il convient de mentionner, dans cette description de Saint-John, le fait qu’une partie de la ville fut modifiée pour assurer le développement du tourisme de croisière, après que l'on ait créé  de larges jetées permettant d’accueillir les paquebots.

Ces jetées donnent sur un front de mer totalement rénové avec des rues bordées de petites maisons colorées construites selon un style colonial reconstitué et destinées à attirer les touristes. Ceux-ci y découvrent ainsi une ambiance  évoquant  plus  un décor de théâtre que la vie réelle. Ces rues servent de paravent à la vraie ville et permettent  aux touristes de se livrer à leur sport favori, les achats dans les boutiques. Sur ce front de mer, se trouvent aussi de nombreux bars, tous, évidemment, pourvus de terrasses orientées vers la mer.

Cette ambiance pseudo-antillaise se retrouve en particulier dans une rue qui s’ouvre par un portique annonçant que l’on se trouve dans une zone « free tax ». Dans cette rue, sont présentées  toutes les marques de haut luxe que l’on peut trouver aux  États-Unis et en Europe ainsi que quelques boutiques d’objets antillais,  généralement fabriqués en Asie.



Dans ce centre commercial s’agglutinent les touristes ; certains portent  à la main des sacs qui témoignent de leurs nombreux achats.

Passée cette rue, on entre dans la vraie ville. Beaucoup  ne s'y risquent pas, sans doute par peur d’être confronté à la réalité. Ils retournent dans leurs bateaux de luxe,  fiers de pouvoir exhiber à leurs congénères tout ce qu’ils ont acheté à, selon eux, des prix dérisoires.

La visite de cette rue m’a conduit à deux réflexions :
   . Le petit État  que constitue Antigua et Barbuda, est quasiment dépourvu de ressources : développer de telles zones de tourisme de luxe attire les croisiéristes qui y dépensent leur argent. Elles sont une source de revenus appréciable pour le pays.
   . La plupart des croisiéristes sont venu là, non pour découvrir de nouveaux horizons et de nouvelles cultures,  mais beaucoup plus pour se donner du bon temps, profiter du soleil, se baigner dans une mer chaude ou dans les piscines et, bien entendu, de faire des affaires en ayant l’impression d’acheter à bas prix des objets ou des habits dont ils n’avaient pas envie avant de les voir. Cette forme de vacances leur convient parfaitement et je le comprends sans aucune réticence.

Par contre, je suis assez navré d’entendre, au retour sur le bateau,  certaines réflexions de ceux qui ont dépassé la zone détaxée et parlent de la ville en indiquant qu’elle est sale, qu’elle sent mauvais et que ce pays est très pauvre !.

Essayer de monter à ces gens, convaincus inconsciemment de la supériorité de leur civilisation matérialiste, qu’il n’est pas normal de juger un pays à quelques impressions fugitives entrevues en quelques minutes, est un exercice perdu d’avance, mieux vaut alors se taire !

samedi 2 septembre 2017

L'île d'Antigua aux Antilles (4)

SAINT JOHN (suite)

La ville de saint John comporte aussi deux édifices caractéristiques de son passé colonial et de la période de domination britannique sur l'île : une cathédrale et la Court-house . Ces deux bâtiments possèdent une architecture qui tranche singulièrement par rapport au style du reste de la ville, d’abord par l’utilisation de la pierre volcanique grise, ensuite par les styles classiques et baroques qui les caractérisent. Ils datent tous les deux du 18è siècle, mais furent reconstruits  au 19e siècle suite à des tremblements de terre.

LA CATHÉDRALE est de style néo-baroque comme le montrent les deux clochers de la façade occidentale. A l’exception de cette façade occidentale, les murs des autres façades ne sont qu’un parement qui masque une ossature de bois intérieure comportant des piliers de bois qui séparent la nef des bas-côtés et porte le plafond en forme de coque inversée.


La cathédrale est  actuellement encore en réparation. La photo de droite, ci-dessus, montre l’aspect intérieur de l’édifice antérieurement à cette réparation.

L’ancienne COURT HOUSE, devenue musée, était le siège de l’administration britannique

Le bâtiment est de style néo-classique avec :
   . Sur une façade, un corps central en léger retrait encadré par deux corps latéraux en avancée ; le corps central comporte une galerie à trois arcades au rez-de-chaussée et un étage à parement de bois sur lequel s’ouvre trois fenêtres  Les fenêtres cintrées du rez-de-chaussée possèdent un encadrement à bossage.
   . L’autre façade comporte un fronton surmontant la porte principale. cette façade possède également des fenêtres cintrées au rez-de-chaussée pourvues aussi d'un encadrement à bossage.


La présence de ces deux édifices peut paraître incongrue dans le cadre antillais de cette capitale, selon moi, il ne lui donne que plus de charme.

A suivre...