REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

mercredi 30 juin 2021

QUATRE TRIPTYQUES DE JEROME BOSCH (24)

 LE TRIPTYQUE DU VAGABOND, DE LA MORT DE L’AVARE ET DE LA NEF DES FOUS (4)

Suite de l’article précédent 

Les occupants de la barque semblent, en effet, avoir décidé de ne plus se soucier de l’avenir inexorable et effrayant qui les attend, marqué par la mort et par la damnation ; désormais, pour eux, seul compte le fait de profiter de la vie pendant le peu de temps qui leur reste à vivre en suivant leur bon plaisir et en s’affranchissant de toutes les règles, de toutes les autorités et de tous les tabous qui régissaient la société.


 
Dans ce bateau se trouvent dix individus qui constituent une sorte de microcosme symbolisant l'ensemble de la société : trois religieux et sept laïcs dont un "fou». Ce microcosme social est cependant incomplet puisqu'il se caractérise par une absence totale de structure d'autorité.
 
Parmi ces dix personnages, l'un doit être mis à part, le "fou" (J) que l'on pourrait plutôt qualifier de "bouffon". La signification du terme de "fou" est en effet très différente de celle de notre notion contemporaine : la folie n'est pas une maladie mentale, mais, beaucoup plus, une dépravation de l'âme sous l'emprise du mal. En ces temps difficiles, s'adonner à tous les interdits au lieu de penser à son salut, est folie. Dans cette conception, le "fou" a pour rôle de rire et se moquer de tout, de dire tout haut ce que les autres pensent sans oser l’exprimer, de tout tourner en dérision  et, par la même, de cautionner les comportements déviants, d'exacerber les penchants de ses spectateurs vers toutes les vanités : le "fou", sous l'emprise du mal, pervertit la société et est ressenti comme un séide de Satan.
 
Le fou de la NEF DES FOUS se trouve à l'écart du bateau, assis sur une branche, il porte le costume caractéristique de sa profession : un capuchon à grelots, un vêtement à franges ornées également de grelots, il tient d'une main une sorte de gobelet conique et de l'autre son attribut, la marotte. Il détourne son regard de la scène de beuverie qui se déroule en dessous, semblant dire : " la tâche est accomplie, voici des gens que j'ai conduits à la débauche !"
 
La partie centrale du tableau, en forme de triangle dont la pointe correspond à la volaille attachée au mat,  comporte la barque et ses passagers.
 
Au centre de ce triangle, se trouvent trois religieux dont un franciscain reconnaissable à la couleur grise de son habit (K). Les deux autres religieux sont des nonnes (L et M). Ce sont ces trois individus qui semblent être les animateurs des scènes de débauche :
   . Le franciscain (K)  et la nonne (L)  sont assis de part et d'autre d'une planche figurant une table, sur cette table se trouvent un gobelet et un plat de cerises. La nonne joue du luth. Ces deux personnages ont la bouche ouverte comme s'ils chantaient, il est cependant plus probable qu'ils essaient de manger une crêpe qui pend devant eux par une corde accrochée au filin tenant le mat.
   . L'autre nonne (M) lève une cruche et s'adresse à un homme étendu (N) dans le fond de la barque, cet homme, sans doute ivre,  tient une outre à demi immergée dans l'eau, la nonne semble dire à l'homme : " lève-toi et emplit la cruche de vin, tu vois bien qu'elle est vide! " on dirait même qu'elle s'apprête à le frapper.
 
Tous les autres personnages sont des laïcs, ils se ressemblent beaucoup avec leurs habits de couleur rouge et leur visage rond :
   . Deux d'entre eux semblent participer au jeu de la crêpe à manger sans utiliser les mains,  (O)
   . Un autre (P) ayant un gobelet sur la tête,   lève le bras pour montrer le personnage (Q) qui monte au mat et coupe le lien attachant la volaille à ce mat,
   . Un autre (R) vomit dans l'eau, il est le seul laïc à ne pas porter un habit rouge.

Tous ces laïcs participent avec délectation aux débauches initiées par les religieux sans en être les moteurs ;  ils semblent se borner à les imiter ; cette dépravation du clergé est aussi une caractéristique des mentalités de l'époque : c'est parce que le clergé est perverti et n'a plus le sens de son devoir que l'humanité, tel un " bateau ivre", se livre au règne du mal. Il convient cependant de ne pas exagérer l'angélisme des laïcs puisque ceux-ci sont également attirés par la perversité comme en témoignent les deux personnages nus dans l'eau aspirant à entrer dans la barque : la débauche exhibée par les religieux semble se propager dans toute la société.

A suivre…  


vendredi 25 juin 2021

QUATRE TRIPTYQUES DE JEROME BOSCH (23)

  LE TRIPTYQUE DU VAGABOND, DE LA MORT DE L’AVARE ET DE LA NEF DES FOUS (3)

Le PANNEAU DE GAUCHE  est actuellement divisé en deux tableaux, l’un, au Louvre, appelé LA NEF DES FOUS, l’autre, dit LA GLOUTONNERIE, complète la NEF DES FOUS et se trouve exposé à l’université de Yale. Il faut cependant décrire le panneau dans son ensemble pour en découvrir la signification.
 
L’ensemble évoque deux comportements que l’on trouve dans la société du 15è siècle, au vu de la succession d’événements dramatiques le ponctuant, guerres, épidémies, pillages, famines.. faisant imaginer que Dieu a abandonné les hommes à cause de leurs péchés pour les livrer à la mort et au diable : face à l’inéluctablilité de la mort prochaine, tandis que la plupart tente de se repentir, les autres sont tentés  par un comportement pouvant se résumer en une phrase : puisqu’on sera damné de toute façon, alors autant en profiter en s’affranchissant de toute règle morale et en se laissant aller au péché et à la dépravation. 
 
Le panneau illustre deux péchés mortels : la gourmandise et la luxure.

Le décor 
À l'horizon, se trouve une mer vide de couleur, si verte qu’elle ressemble à une vaste prairie et une montagne en pente raide formant falaise (A) ; on n’y discerne aucune vie, aucune trace humaine, il n'y a rien qu'une vaste étendue verdâtre : rien ne semble exister à l'exception de la barque, de ses occupants et des individus représentés dans la partie basse . A l'arrière de cette barque, on discerne quelques buissons semblant pousser dans l’eau ou plutôt sur un étroit cordon émergé (B)
 
Au niveau inférieur gauche, est représentée une nouvelle étendue d’eau pouvant
 évoquer une lagune ;  Jérôme Bosch, par le truchement des couleurs employées, suggère que  la profondeur de l’eau décroît au fur et à mesure qu’on s’approche du rivage : de bleue près de la barque (C ) l’eau se colore  en vert, laissant voir la végétation aquatique couvrant le sol (D).
 
Au niveau inférieur droit,  se trouve la terre ferme (E).

Le motif central
La barque est manifestement échouée sur ce cordon de terre, son mat semble coincé dans un de ses arbustes . On a l’impression que les convives ont laissé dériver la barque dériver à cet endroit sans la contrôler, ils sont, en effet trop occupés à se livrer à leurs débordements festifs pour s’en préoccuper.
 
La barque est définitivement engravée à cet endroit puisqu’elle n’a aucun moyen de se mouvoir. Elle n'a pas de voiles, ni de rames, ni même de gouvernail digne de ce nom, une louche (F)  tenue par un des passagers ne semble même pas pouvoir en faire office. La barque comporte cependant un mat qui se termine curieusement par un houppier (G) à la ramure très verte. Cet arbre servant de mat possède deux caractéristiques qui donnent un sens à l’ensemble de la composition :
     - il comporte un oriflamme (H)  sur lequel est dessiné un croissant évoquant l'avancée tant redoutée des turcs ottomans en Europe de l'Est ; or, dans les mentalités de l'époque, le turc ottoman est assimilé à l'Antéchrist qui règnera sur la terre avant la fin des temps. 
     - Au centre du feuillage se trouve une tête (I)  ressemblant tout autant à celle d’une chouette ou d’un démon ou encore à celle d’ un cadavre personnifiant peut-être la Mort.
 
Ainsi, inéluctablement, le bateau restera en ce lieu jusqu’à la fin des temps toute proche, dans la plus parfaite indifférence de ses passagers. 

A suivre… 

 


dimanche 13 juin 2021

QUATRE TRIPTYQUES DE JEROME BOSCH (22)

 LE TRIPTYQUE DU VAGABOND, DE LA MORT DE L’AVARE ET DE LA NEF DES FOUS (2)

LA MORT DE L’AVARE



Le volet droit du triptyque, appelé « la mort de l’avare » montre la même hésitation entre l’attirance vers le mal et le choix du bien : 
     . (1) La partie supérieure est consacrée à l’agonie de l’avare.
     . (2) Au centre, une scène montre le comportement de l’homme pendant sa vie.
     . (3) La partie basse représente un démon ailé, accoudé à un des murs de la maison et un trophée. d’armes.

L’ordre de lecture n’est cependant pas évident, je suppose qu’il doit être effectué de bas en haut :
La signification de la partie basse me semble énigmatique, j’ai lu que les armes entreposées (A) pourraient signifier le péché d’orgueil et l’envie de violence ;  en ce sens, on pourrait penser que le démon (B), attendant devant le mur et semblant s’ennuyer, regarde vers la gauche l’éventuelle arrivée d’un chevalier avide de se battre pour l’attirer dans ses rets.
Au-dessus est représenté un homme qui pose une pièce d’or dans une soucoupe que lui présente un démon. Sous le coffre, un autre démon exhibe un document portant un sceau devant être une reconnaissance de dette. A la ceinture de l’homme, pend une clé et un chapelet portant une croix qu’il serre de la main droite. Cet homme amassant des trésors, est évidemment l’avare.

Il est figuré de manière à témoigner du dualisme bien / mal qui est le propre de tout être humain du fait du péché originel :
     .La pièce mise dans le coffre de la main gauche  et l’amas des richesses symbolisent le péché d’avarice bien révélée par la présence de démons  dans le coffre,
  . Le chapelet pourvu de la croix figure le bien conduisant à la rédemption. 

Entre les deux, l’homme ne semble pas avoir choisi.


La partie supérieure représente le même homme à l’approche de la mort.

     . La Mort (F) vient d’ouvrir la porte, elle tient une flèche à la main qu’elle s’apprête à lancer sur l’homme. A cette époque, à l’exemple du martyre de saint Sébastien, les plaies occasionnées par la peste  ressemblent à celles d’une blessure par flèche et sont le signe le plus caractéristique d’une mort inéluctable. Conformément aux usages du temps, l’avare est assis dans son lit .

     .  Derrière le lit, se tient son ange gardien (G), il lui montre la fenêtre de sa chambre et le vitrail sur lequel est posée une croix, (H), un rayon de soleil filtre à travers ce vitrail et se dirige vers l’homme. L’ange gardien  semble lui dire « repens toi de tes péchés avant qu’il ne soit trop tard ».

     . Au niveau de son lit, aux trois-quarts caché par la tenture du baldaquin, se tient un démon (I) tendant à l’avare un sac que l’on suppose plein d’or.

 Que fait l’homme face à ses deux sollicitations ? : il est complètement indifférent à l’ange qui lui montre la croix, son regard est tourné vers la Mort tandis que son bras gauche est tendu vers la flèche qui le frappera, comme s’il mendiait un sursis.

Par contre, sa main droite se rapproche du sac d’or  esquissant un geste afin de le saisir. Jérôme Bosch peint l’avare en laissant en suspens sa décision au moment ultime : lèvera-t-il les yeux in-extremis vers la croix pour esquisser un tardif repentir ? S’emparera-t-il du sac en commettant  une dernière fois le péché d’avarice qui le damnera ? Pour moi, la réponse semble claire eu égard au contexte de l’époque, il choisira la seconde solution.

Au-dessus du baldaquin, un démon (K) tenant une lanterne, regarde patiemment la scène semblant sûr que le mourant va saisir le sac d’or et qu’ainsi, il sera damné. 

A suivre..

mardi 8 juin 2021

QUATRE TRIPTYQUES DE JEROME BOSCH (20)

LE TRIPTYQUE DU « JARDIN DES DELICES » (7)

Les supplices des damnés ( suite)

 A gauche de l’auberge du diable

    . (M)  les démons pendent les uns après les autres des damnés sur un gibet construit au dessus des flammes.

   . (N) un couteau hache des damnés, il s'élève et s'abaisse par le mouvement de deux oreilles reliées l'une avec l'autre par une flèche, un démon maintient, sous le couteau, un damné qui tente de s'échapper.

   . (O) un damné est accroché à une clé pendue au bout d'une perche provenant du globe oculaire d'un crâne d'animal, un oiseau picore l'anus du supplicié.

   . (P) un démon fait sonner une cloche dont le gong est un démon




l'orchestre du diable

Les instruments de musique de l’orchestre sont utilisés ici comme instruments de torture, un tel usage a été aussi adopté par Jérôme Bosch sur la représentation du jugement dernier de Bruges.

  Parmi ces instruments de musique sont représentés : un luth, une lyre comportant un damné pendu aux cordes de l'instrument, une vielle, un triangle actionné par un damné enfermé dans la vielle, une  flûte sur laquelle est attaché un damné à qui on a enfoncé un flûtiau dans l'anus, un cromorne, un tambour dans lequel est enfermé un damné.

Le détail le plus curieux de cette partie est situé au pied de la vielle : Un gros diable (Q) chante en suivant une partition imprimée sur les fesses d'un damné.

Deux autres scènes peintes sur le bas du panneau


La scène la plus surprenante se trouve en (R) : un diable à tête d’oiseau, portant une marmite en guide couvre-chef et des pots comme chaussures, assis sur un trône percé et surélevé, avale des damnés, ceux-ci ressortent par son anus et ils tombent dans un puits comportant des vomissures, et des excréments : on aperçoit, en effet, à droite du puits, un démon forcant un damné à vomir, un autre défèque au-dessus du puits. Dans celui-ci se trouvent quelques damnés.




En dessous des instruments de musique, sont représentés des tortures utilisant des jeux de dés et de cartes : un démon brandit une table de tric-trac avec laquelle il s’apprête à frapper les damnés (S), un autre damné a la tête à moitié coupée....

 A coté, un démon ayant une tête de lapin (T), porte un demi-corps attaché à une lance. Au-dessus, une femme est enserrée par un démon (U) dont les bras sont des branches d'arbre. 

 Plus loin, un homme portant un document muni de deux sceaux est courtisé par une truie portant une coiffe de religieuse (V)… 

A suivre.. 


dimanche 6 juin 2021

QUATRE TRIPTYQUES DE JEROME BOSCH (19)

 LE TRIPTYQUE DU « JARDIN DES DELICES » (7)

Les supplices des damnés ( suite)

L'auberge du diable



Les tourments des damnés ne commencent cependant pas tout de suite : pour certains, en effet, le diable aime à les rassurer pour mieux les supplicier ensuite ! Cela explique la présence d'une auberge, au sein de cet Enfer .

 Cette auberge est évidemment surprenante : le corps central est constitué d'une forme ovoïde évoquant un œuf cassé. Cet œuf est posé sur deux arbres morts dont les branches ont troué la coquille de l’œuf et apparaissent à l'intérieur.

 Les deux arbres sont posés sur deux barques flottant sur un lac glacé. L'auberge possède une tête qui porte du chapeau. Ce chapeau est composé d'un disque formant plateau sur lequel se trouve une cornemuse.

 Un damné (F) se trouve au pied de l'échelle, il est encadré par trois démons, l'un possède une tête d'oiseau et des ailes de papillon ;  le deuxième, de l'autre côté, lève son épée pour obliger ce damné à monter ; le troisième porte une lanterne et guide le chemin. Dans l'auberge sont assis d’autres damnés (G) que l'on fait boire.

 Ensuite, il est probable que les démons les invitent à danser, on les aperçoit sur le disque autour de la cornemuse (H). Chaque damné est conduit par un démon ; comme on peut le voir ici, les damnés sont nus alors que les démons sont représentés de manière composite associant les corps de divers animaux et des habits disparates. Une fois rassurés, les damnés seront livrés aux tourments de l'enfer.

 A droite de l’auberge du diable

   . (I) un démon ailé, habillé en chevalier et portant un bouclier, pourfend de son épée un damné dont la tête est couverte d'un casque ; derrière, un autre démon se prépare à pendre un autre damné.

   . (J) des damnés sont mis dans une lanterne pour flamber. Ils ne meurent pas puisque les souffrances de l’enfer sont éternelles, ils en sortiront pour subir d'autres tourments ailleurs.

   . (K) un chevalier en armure, étendu sur un disque,  est dévoré par des animaux, ce disque est posé sur un couteau qui sectionne un autre damné.

   . (L) un démon fait rentrer un à un des damnés dans un pot, le pot est ensuite relevé. un autre démon est assis près d'un damné et semble lui expliquer ce qui va lui arriver.


A suivre

 

 

QUATRE TRIPTYQUES DE JEROME BOSCH (21)

LE TRIPTYQUE DU VAGABOND, DE LA MORT DE L’AVARE ET DE LA NEF DES FOUS (1)

 De ce  triptyque, divisé en plusieurs tableaux dispersés dans le monde, il ne reste que les deux panneaux latéraux recto-verso :  la  partie centrale, sans doute la plus importante, manque, cela fait qu’on ne peut formuler que des hypothèse pour esquisser une signification de l’ensemble.

Le triptyque fermé est appelé LE VAGABOND, il est aussi qualifié aussi de COLPORTEUR

 Au centre de la composition, est représenté un homme (A) portant un panier en osier tenu par une courroie ; dans une anse de ce panier est suspendue une louche ainsi que la peau d’un animal tué ; L’homme porte son chapeau à la main et de l’autre, il tient un bâton ; un poignard est attaché à sa ceinture ainsi qu’une bourse, il est vêtu de braies ; une jambe de cet habit est déchirée au genou, l’autre a été relevée car le vagabond a dû mettre une bande pour protéger une plaie ; ses chaussures sont dépareillées. De son aspect émane une sensation de misère.

A gauche, est dessinée une maison (B) dont les murs sont construits en colombage. Cette maison est délabrée, une large échancrure laisse à nu la charpente, une partie des carreaux de la fenêtre est cassée ; un volet, à demi arraché, pend. Une enseigne et la présence d’un tonneau suggère qu’il s’agit d’une taverne.

A droite est représenté un champ clos pourvu d’une barrière derrière laquelle se trouve un bovin (C)

 Devant la maison, une truie et ses petits mangent dans une auge à cochon (D), enfin un chien semble regarder l’homme qui marche il se peut que ce soit lui qui ait menacé l’homme pour le faire partir (E ).

Quatre personnages sont représentés :
     . (F) : Dans l’entrebâillement de la porte se tient un homme vêtu d’une armure, il essaie d’embrasser une femme portant une cruche à la main. 
     . (G) : Par la fenêtre ouverte, une femme regarde le vagabond qui s’en va.
     . (H) : Un homme urine sur le mur de la maison.


Sur la droite, le peintre a représenté une prairie close par une haie et par une porte de bois, un bovin semble regarder le vagabond. (C)

Selon moi, la signification de ces deux panneaux est révélée par la posture de l’homme, son corps montre qu’il s’éloigne de la maison mais son visage semble porter un dernier regard vers elle, comme s’il regrettait d’en être parti. Il va de soi que cette représentation possède une portée symbolique :

     . La maison à gauche est une représentation allégorique des péchés : on y voit représenté la luxure et l’envie  (homme en armes), la gourmandise (homme qui urine). La truie, dans la symbolique médiévale, est également une incarnation du mal par sa saleté, sa gloutonnerie, sa colère.

     . Il est plus difficile de trouver la signification du bovin qui se trouve sur le côté droit, si celui-ci est un taureau, il pourrait être assimilé au bien, comme il est indiqué dans le chapitre 4 de l’Apocalypse. Il convient aussi de remarquer que le taureau est le symbole de saint Luc, un des quatre évangélistes.

Au vu de cette interprétation, on peut penser que le Vagabond a choisi de marcher vers le bien et le salut mais en réprimant son envie de se joindre aux convives de cette auberge qui personnifie  l’enfer et le règne du mal.

A suivre..