REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

lundi 31 décembre 2018

Cinq châteaux des Vosges gréseuses (6) FALKENSTEIN

Promenade-découverte du château de Falkenstein (suite)


1 arcade ouvrant sur la rampe de montée vers le haut-château.
2 chemin d’accès à la partie sommitale.
3 salles troglodytes.
4 tour du puits.
5 latrines.
6 tour annexe à la tour du puits dont on ne voit plus que le départ des murs.

Passée l’arcade jouxtant la porte sud, on se trouve face à une longue rampe pentue courant le long du promontoire et  permettant d’accéder aux logis sommitaux. Comme au niveau de la basse-cour, cette rampe a été créée en recreusant le rocher afin d’aplanir le sol, il en résulte que, parfois, on se trouve en dessous de la roche en surplomb. On peut penser que, sur ce sol aplani, devaient se trouver des escaliers de bois : des rainures sur la roche destinées à encastrer les marches, apparaissent dans la partie haute de la rampe. Il est probable aussi que cette rampe devait être protégée au niveau de la falaise par un mur de pierre afin de masquer aux ennemis les personnes qui s’y trouvaient.


A mi-hauteur de la rampe, se trouvaient deux salles troglodytes aménagées sur toute l’épaisseur du promontoire, elles s’ouvraient à la fois sur la rampe et sur la tour du puits. Une légende rapporte que, dans une de ces salles, fut enfermé un tonnelier malhonnête ; il hante toujours sa prison pour expier ses fautes ; on entend parfois, dit-on,  ses coups de marteau. Ces salles possèdent un mur extérieur créé dans la roche en place, on en voit encore une fenêtre.


D'une ouverture creusée dans la salle troglodyte principale, on aperçoit la tour du puits. Elle est adossée à la paroi rocheuse ; trois des façades sont des constructions humaines, la quatrième correspond à la paroi rocheuse retaillée. La tour comporte actuellement quatre étages encore bien visibles, trois d’entre eux correspondent à des décrochements aménagés dans le mur ; le plancher du quatrième étage était construit sur des corbeaux dont certains paraissent sculptés. , les murs sont percés d’archères  et comportent des portes devant donner sur une tour annexe. La tour devait autrefois s’élever bien plus haut, elle pouvait peut être servir de donjon


En poursuivant son chemin, on passe devant une autre petite salle à-demi troglodyte pourvu d'un renfoncement dans le rocher et d’un chenal d’évacuation qui fait penser à des latrines.

Prochain article : la partie sommitale

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samedi 29 décembre 2018

Cinq châteaux des Vosges gréseuses (5) FALKENSTEIN

Promenade-découverte au château de FALKENSTEIN

Pour accéder au château de Falckenstein, il faut marcher une vingtaine de minutes sur un chemin d’abord large puis qui se transforme en un sentier gravissant le versant de la montagne au sommet duquel se trouve le château. Le paysage est celui d’une belle forêt, principalement de conifères, dont les arbres masquent la vue du château presque jusqu’à la porte  Nord. C’est seulement à son niveau que se déploie la haute falaise de grès qui porte le château. En avant de cette falaise et plaquée contre elle, se trouve une grosse tour en pierres bien appareillées appelée la tour du puits.

Le plan de la basse-cour servant de lices
Les parties en pointillés, mentionnées sur le plan figure un bas rempart ceignant autrefois la butte.

1 porte nord.
2 lices sud-ouest.
3 piton rocheux.
4 petite construction adossée au rocher.
5 porte sud qui coupe en deux la basse-cour et donne accès à la rampe menant aux logis sommitaux.
6 lices sud-est.
7 salle aux dix niches.
8 écuries.
9 mur bouclier qui devait protéger l’entrée basse du château.
10 tour du puits.











Le chemin d’accès à la porte Nord et la porte vue de l’extérieur puis de l'intérieur des lices

Passée la porte nord, on se trouve dans la lice sud-ouest. Celle-ci a été constituée en retaillant la roche en place afin d’aplanir le sol qui a conservé son assise gréseuse mais aussi d’augmenter la verticalité de la paroi afin d’en rendre impossible l’escalade. La lice était limitée par un mur construit sur le rebord de la partie aplanie.

C’est dans  cette lice que le château apparaît dans toute sa splendeur. On se trouve d’abord en contrebas du niveau terminal de la paroi rocheuse dont on peut s’étonner de l’étroitesse ; on a peine à réaliser  qu’une falaise si frêle  puisse supporter les logis seigneuriaux de la partie sommitale. A cet endroit,  la roche possède deux apparences : la partie basse est lisse et comporte encore les traces des coups de burin qui retaillèrent le grès an créant les lices ; au-dessus, se trouve la roche en place, l’érosion y a différencié les différentes strates de grès, les plus dures sont en saillie ; les autres, recreusées par l’érosion, forment des rentrants en creux. Au sommet, un bloc rocheux en nette avancée évoque, dit-on, la tête d’un faucon qui aurait donné son nom de Falkenstein à la famille des ministériaux ayant reçu la garde du château des comtes de Lutzelburg. .


En poursuivant son chemin dans la lice sud-ouest, on longe latéralement le promontoire dans sa plus grande longueur. C’est à cet endroit que l’on peut que l’on peut admirer, dans les parties en creux, l’étonnante dentelle constituée par les eaux de ruissellement émanant des rochers en saillie.



Les lices sud sont barrées sur toute leur largeur par une tour-porte appelée « porte sud » . Cette porte coupant en deux la basse-cour,  possède une double fonction :
   . D’abord, elle barre la voie d’accès au haut-château à des assaillants ayant réussi à prendre la porte Nord. Ceux-ci étaient piégés entre les deux portes et devaient subir les traits lancés du haut par les défenseurs du château.
   . Par une arcade voisine de la porte, il était possible d’accéder à la rampe d’accès au haut château. Sur la photo, on en voit les escaliers actuels.

Au-delà de la porte sud, s’étendent les lices du sud-est. La paroi rocheuse est creusée de salles troglodytes : la plus élaborée est une grande salle comportant dix niches rectangulaires. Il est probable que ces niches devaient servir de rangement et que la salle servait d’entrepôts. Elle était fermée par un mur constitué par la roche en place, deux entrées latérales avaient été creusées.


prochain article : la rampe de montée

jeudi 27 décembre 2018

Cinq châteaux des Vosges gréseuses (4) FALKENSTEIN


La LOCALISATION et L’ASPECT D’ENSEMBLE du château  de FALKENSTEIN corroborent exactement les caractéristiques que j’ai  mentionnées dans les trois articles précédents : il est établi sur un éperon dominant une voie secondaire de communication reliant  Haguenau à Bitche. Cette route, actuellement la D1062, emprunte la vallée de la Zizel du Nord, un sous-affluent du Rhin, puis elle  redescend vers le plateau lorrain ; elle existait probablement déjà aux époques celtiques et romaines.

La photo aérienne montre la même organisation de l’espace que celle décrite à Dabo :

1 falaise de grès retaillée pour en rendre l’escalade impossible.
2 partie laissée plane  lors du façonnage de la falaise afin de créer une basse-cour servant de lice. Au niveau de cette basse-cour, sont creusées dans la falaise, des salles troglodytes.
3 haut château établi sur l’étroite crête du promontoire.
4 chemin d’accès au promontoire bordé de salles troglodytes.


L’HISTOIRE DU FALKENSTEIN A L’ÉPOQUE MÉDIÉVALE comporte toutes les phases précédemment décrites dans les articles d’introduction :

 Phase de conflit entre les puissances territoriales voisines pour la suzeraineté du château
Le château fut construit par le comte Pierre de Lutzelbourg, un vassal de l’évêque de Metz. Lorsqu’en 1142 où 1143, son fils mourut sans héritier direct, ses possessions revinrent de droit  à son suzerain qui était aussi son parent le plus proche, Étienne de Bar, évêque de Metz ; celui-ci l’inféoda à un de ses fidèles.

Cela ne faisait pas l’affaire du duc de Lorraine qui guignait ce comté afin d’agrandir ses possessions vers l’Est et décida de l’envahir. Étienne de Bar fit alors appel à l’empereur Hohenstaufen, Frédéric Barberousse et chassa les lorrains du comté. L’évêque de Metz récupéra son comté mais le château de FALKENSTEIN revint à l’empereur qui le donna en fief impérial au comte de Saarwerden

 Établissement d’un ministériel et montée en puissance de celui-ci
Selon la formule habituelle, le comte de SAARWERDEN, établit à Falkenstein un ministériel. Peu à peu, celui-ci s’émancipa et prit le nom du château.

Partage du château
Afin de contrer ceux qui sont devenus  les sires de Falkenstein, les comtes de Saarwerden décidèrent de nommer d’autres ministériaux, ce furent d’abord les BRONN (en garde du château de Wasenbourg, vassaux des Lichtenberg) puis les WINSTEIN (fief impérial). Chacune de ces trois familles se partagea les revenus de la seigneurie ainsi que  l’étroite crête sommitale constituée par le sommet de l’éperon rocheux  de Falkenstein où ils y construisirent trois châteaux  séparés. Il ne semble pas que ces cessions aient été dues à des gagières.

Pour résoudre les conflits entre les trois familles, il fallut rédiger une  Burgfriede (paix castrale) en 1335. Elle comportait trois  dispositions principales :
     . Chaque seigneur devra payer un valet d’armes pour assurer la garde du château,
     . Ils nommeront un « Baumeister » qui sera chargé de l’entretien et des réparations à effectuer.
     . Il sera possible aux comparsoniers de louer leur partie du château (ce qui semble indiquer qu’ils n’habitent pas le château, à l’exception probable des Falkenstein) ; la Burgfriede précise les tarifs : pour quatre jours, un seigneur devra payer quatre livres strasbourgeoise et une arbalète neuve ; par contre, un simple  chevalier ne paiera qu’une livre et une arbalète.

Guerre féodale et prise de possession par un autre seigneur qui revendique son indépendance envers toute sujétion
La dernière étape de l’histoire médiévale du château de FALKENSTEIN  correspond à  la mainmise progressive du château par la famille des LICHTENBERG, une puissante seigneurie primitivement vassale de l’évêque de Metz et suzerain des BRONN, déjà possesseur d’un tiers du château

En 1377, les FALKENSTEIN entrèrent en conflit avec les Lichtenberg, le château est pris et incendié, les Falkenstein gardèrent leur part de la seigneurie mais ils furent obligés de faire allégeance au sire de Lichtenberg.  Le château de Falkenstein fut alors, de fait, dans l’orbe féodale de ce dernier comme il est mentionné  sur la carte ci-contre.

C’est au début du 16e siècle que les Sires de Lichtenberg obtiendront la totale suzeraineté sur la seigneurie par désengagement des Saarwerden.

En 1564, le château sera incendié par la foudre et laissé à l’abandon.

La destruction totale du château sera le fait des français lors de la prise de contrôle  de l’Alsace par le roi de France afin d’empêcher toute velléité d’indépendance des seigneurs alsaciens.

Prochain article : UNE PROMENADE- DÉCOUVERTE DU CHÂTEAU

dimanche 23 décembre 2018

Cinq châteaux des Vosges gréseuses (3) PRÉSENTATION (Fin)

La troisième caractéristique générale des châteaux des Vosges gréseuses concerne leur structure architecturale. Pour moi, un des exemples les plus typiques est celui du château de DAGSBURG (Dabo).

Il est représenté ci-dessous tel qu’il était avant sa destruction par les français à l’époque de Louis 14. Ce roi avait, en effet,  décidé de raser la plupart des châteaux alsaciens, lorrains et franc-comtois afin d'empêcher toute tentative de révolte de la population dans des provinces qu’il avait décidé de contrôler en les matant.

L’auteur en est MATTHÄUS MERIAN (1593-1650) qui nous a laissé de magnifiques gravures représentant les villes et châteaux de son temps dans un recueil appelé : « Topographia Germania »


Le château de Dabo est établi en haut d’une des collines des Vosges gréseuses (1). Le sommet de la colline a été retaillé par les hommes afin d’augmenter les pentes et de rendre le château inexpugnable. En conséquence, les strates rocheuses apparaissent nettement (2)

Le château comporte deux ensembles de construction :
     . Au pied de la falaise, se trouve un espace servant de lices, entouré de murailles (3) ; ainsi, un assaillant ayant réussi à accéder à la basse-cour, se trouvait pris au piège entre ces murailles et la falaise.
   . En haut du promontoire était construit le haut-château (4), il  comportait le logis seigneurial, la chapelle castrale ainsi que tous les bâtiments utilitaires que nécessitaient  la vie quotidienne du château

Pour relier les lices et le haut-château, était aménagé un chemin d’accès (5) ; celui-ci était construit de telle manière que l’on puisse le démolir rapidement en cas d’attaque. A Dabo, à mi-chemin, se trouvait un rempart intermédiaire (6) permettant la défense avancée du château.

Pour assurer l’approvisionnement du château, on utilisait une grue à écureuil (7) bien visible sur le dessin.

La manière dont on résolvait à Dabo le problème essentiel pour tout château perché, de  l’approvisionnement en eau, n’apparaît pas sur la gravure. Dans les autres châteaux, on se servait de grandes citernes creusées dans le rocher mais cela ne suffisait pas, le promontoire ne comportant jamais d’eau du fait de la porosité de la roche. Il fallait avoir recours à des puits creusés au pied de la falaise. Autour de ce puits était généralement construite une puissante tour qui le protégeait,  il fallait, en effet, empêcher un assaillant d'empoisonner l'eau du puits. L’eau était également remontée au moyen de grues à écureuil.

vendredi 21 décembre 2018

Cinq châteaux des Vosges gréseuses (2) PRÉSENTATION


Carte  présentant la situation des régions périphériques des Vosges Gréseuses  en l’an 1400 
(Voir «  Heigiles Romisches Reich » disponible sur internet)

Beige : « Etats » dirigé par des seigneurs laïques.
Bleu foncé : « Etats » dirigés par des  ecclésiastiques qui associent à  leurs fonctions religieuses, une domination seigneuriale ; cette situation est habituelle dans le Saint Empire Romain Germanique.
Jaune : villes impériales libres.
Bleu clair : seigneuries établies sur le massif des Vosges gréseuses et sur ses pourtours ;  c’est dans ces seigneuries que trouvent quatre des cinq châteaux que je me propose de décrire, le cinquième ressortant de l’évêché de Strasbourg
   . 1 Falkenstein
   . 2 Lichtenberg-Hanau
   . 3 Lutzelstein (la Petite Pierre)
   . 4 Saarwerden
   . 5 Fénétrange

Il est évident que cette carte représente la situation politique à une époque précise sans rendre compte de l’évolution fluctuante des dominations.

Pendant tout le Moyen-Age, la région des Vosges gréseuses a été l’objet de conflits entre les puissances qui l’entouraient à l’Ouest et à l’Est :
        . Vers l’Ouest, se trouvaient les possessions des ducs de Lorraine et des évêques de Metz.
        . Vers l’Est, se situaient les terres dominées en 1400 par la ville libre impériale de Strasbourg et  l’évêque de Strasbourg. Le pouvoir impérial qui, à l’époque des Hohenstaufen possédait une influence dominante en Alsace, s’est considérablement étiolé à la mort de l’empereur Frédéric 2 (1250) et pendant le grand interrègne qui suivit ; au 14e siècle, les possessions impériales se réduisent au Grand-Baillage de Haguenau, récupéré en 1273 par le nouvel empereur, Rodolphe de Habsbourg.

Les Vosges gréseuses constituent, pour ces dominations, une zone de confins et de frontières qu’il est important de controler à cause des voies de communication les traversant. La configuration topographique fait que cette frontière est à la fois imprécise et fluctuante ce qui conduit à de nombreux conflits : ainsi lorsqu’une seigneurie de la région disparaît faute d’héritier, chacun des quatre protagonistes aspirant à récupérer la suzeraineté sur son domaine.

La situation se complique du fait que, comme ailleurs dans l’Europe féodale,  les « états » ne prennent pas le contrôle direct des seigneuries qu’ils récupèrent : ils y établissent des ministériaux en charge d’administrer et de garder le domaine castral entré en leur possession. C’est alors qu’à nouveau, la configuration topographique de la région joue son rôle ; en effet, souvent, ces ministériaux profitent de leur situation d’isolement  pour acquérir de plus en plus d’indépendance, ils prennent alors le nom du château dont ils ont la garde et ne livrent plus au possesseur primitif de la seigneurie qu’un serment de vassalité sans grande obligation.

Les seigneuries ainsi constituées, comme ailleurs, vont évoluer au fil des temps avec deux mouvements possibles, l’un de démembrement, l’autre de regroupement :

Les mouvements de regroupement des seigneuries se produisent en particulier dans trois cas :
            . Par la violence avec encerclement du château d’un adversaire.
            . Par achat.
            . De manière plus pacifique quand l’unique héritière d’une seigneurie  est une fille, les possesseurs des seigneuries voisines s’empressent autour d’elle pour l’épouser afin de réunir à leurs biens propres, ceux de leur femme.

Le démembrement des seigneuries ainsi constituées est un phénomène beaucoup plus courant, il  se produit selon diverses causes, j’en citerai trois en particulier :  
           . Les nouveaux occupants des châteaux doivent à leur tour protéger les limites de leur domination, ils érigent de nouveaux châteaux et les confient à la garde de nouveaux ministériaux qui peu à peu aspirent aussi à l’autonomie.
           . Lors de la mort du seigneur, en cas d’héritiers multiples, les terres de la  seigneurie sont partagées, chacun des héritiers s’empresse de se construire un nouveau château.
            . Enfin se généralisa peu à peu un système de « gagière » qui fut un des plus importants moyens de décomposition des seigneuries et de partage des  châteaux : en voici l’exemple type : un seigneur ayant besoin immédiatement  d’argent, décide de l’emprunter à un de ses voisins ou à une ville libre ; au titre de garantie, il cède à son créancier une partie  de la jouissance d’un de ses châteaux et des biens qui en dépendent  jusqu’au remboursement de l’emprunt. Si  ce seigneur a encore besoin d’argent, il pourra s’adresser à d’autres créanciers à qui il concédera une autre partie de son château. Ainsi, au fil du temps, se développe un système de seigneurs «comparsonniers » qui n’ont généralement qu’une double ambition, gagner le plus d’argent sur la part de la seigneurie dont ils ont la jouissance et dépenser le mon possible pour l'entretien des châteaux. En outre, ces «comparsonniers » ne s’entendent pas toujours, il faut souvent des « Burgfriede » (paix castrale) pour régler les problèmes.

L’évolution ultime se produit avec l’apparition des « chevaliers brigands », appelés ainsi quand ils ne reconnaissent plus aucun maître et vivent en s’emparant des biens des commerçants de passage et en les rançonnant. Ce sont souvent les troupes de la ville libre de Strasbourg, dont les intérêts commerciaux sont menacés, qui se chargent d'attaquer les châteaux de ces chevaliers brigands, de s’en emparer et souvent de les détruire.

Cette présentation générale sera illustrée lors de la description des cinq châteaux que je me propose d’effectuer ; il va de soi que l'interprétation que je viens de développer, m’est personnelle.

Prochain article :  FALKENSTEIN

mercredi 19 décembre 2018

Cinq châteaux des Vosges gréseuses (1) PRÉSENTATION



Dans ce nouveau chapitre, je me propose d’évoquer cinq châteaux médiévaux érigés dans la partie alsacienne des Vosges gréseuses : FALKENSTEIN, LE HAUT-BARR, FLECKENSTEIN, LUTZELSTEIN (la Petite Pierre) et LICHTENBERG.





Ces cinq châteaux sont actuellement situés de part et d’autre des départements de la Moselle et du Bas-Rhin, dans une région assez différente des paysages de la plaine alsacienne telle qu’on la représente habituellement : la région est en effet composée d’un moutonnement de collines aux versants arrondis et couvert de forêts.



Il existe parfois des crêtes rocheuses au sommet de certaines collines, elles furent retaillées par les hommes pour rendre leurs versants plus abrupts, il en résulte la présence d’éperons aux parois de couleur rouge  sur lesquels ont été érigés la quasi-totalité des châteaux médiévaux de cette région.

Comme le montre la photo, les sommets de ces collines sont toutes à la même altitude du fait qu’elles ont été constituées à partir d’une couche sédimentaire de grès (Buntsanstein) recouvrant le socle hercynien de roches cristallines. Lors de la création des Alpes à l’époque cénozoïque (ex tertiaire), le socle cristallin s’est soulevé, consécutivement à la surrection des Alpes, il a émergé dans les Vosges du sud ; par contre, dans les Vosges du nord, il subit une surrection moindre et resta  recouvert de la couche de grès. La couche sédimentaire a été ensuite érodée par les rivières, avec formation de vallées très évasées en V au fond desquelles se sont établis les villages et aussi les voies de communication.

Ces voies de communication utilisent les fonds de vallées des rivières nées dans les Vosges gréseuses qui se dirigent soit vers le Rhin, soit vers le plateau lorrain. Elles sont donc orientées Ouest-Est et relient, par des routes souvent incommodes, la Lorraine et l’Alsace. Elles eurent toutes une grande importance dans l’Antiquité et à l’époque médiévale comme je le montrerai dans l'article qui suit, ce fait explique, en particulier, la présence des châteaux destinés à contrôler ces routes.

Ainsi, c’est en grande partie la topographie qui détermine la localisation des châteaux fortifiés : ils sont établis sur les crêtes rocheuses retaillées pour les rendre inexpugnables et dominent, pour les contrôler,  les routes établies dans les fonds de vallées.

Les considérations géographiques expliquent la localisation des châteaux mais ce sont les circonstances historiques qui justifient leur présence.

PROCHAIN ARTICLE : les circonstances historiques