A partir du mois de septembre l'ancienne version de google site étant supprimée, j'ai créé un nouveau blog appelé UN REGARD CRITIQUE DU PASSE POUR TEMOIGNER DU PRESENT
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LE RÉGIME POLITIQUE DES ÉTATS EST LE REFLET DE LA NATURE DE L’HOMME A SON EPOQUE.
Pour le montrer, je me propose de décrire les structures comportementales et sociétales à trois époques :
. L’époque de Machiavel
. L’époque de la République romaine
. L’époque actuelle.
L’ANALYSE DE LA NATURE HUMAINE A L’ÉPOQUE DE MACHIAVEL
LES COMPORTEMENTS INDIVIDUELS
L’époque de Machiavel est, en Italie, marquée à tous les niveaux par la violence, l’appétit de puissance, l’individualisme conduisant chacun à accroître sa domination sur les autres si nécessaire par la force et au besoin par la terreur. On trouve ces comportements d’un bout à l’autre de l’échelle sociale tant au niveau des puissants que des humbles.
Pour se documenter il suffit à Machiavel d’observer d’un œil critique et acéré les comportements humains de son époque tant au niveau des princes que des populations. A cet égard, il convient de rappeler qu'il possède une grande expérience du monde qui l’entoure et des puissants de son époque ; en tant que secrétaire de la chancellerie de Florence chargé des affaires extérieures de cette république, il rencontra nombre de puissants de son époque : le cardinal d’Amboise, ministre de Louis 12, César Borgia, le pape Jules 2.. Il vécut aussi à ses dépens les troubles qui conduisirent à la chute de Piero Soderini et le retour des Médicis.
D’emblée dans « LE PRINCE », Il expose en un aphorisme particulièrement percutant la manière dont les êtres humains de son époque manifestent à tous propos une évidente perversité :
« On peut, en effet, dire généralement des hommes qu’ils sont ingrats, inconstants, dissimulés, tremblants devant les dangers, et avides de gain » (le Prince chapitre 17)
L’auteur donne de nombreux exemples de ce qu’il prétend dans l’aphorisme cité ci-dessus,
En ce qui concerne les qualificatifs de « ingrats, inconstants, dissimulés », Machiavel écrit :
« Tant que vous leur faites du bien, ils sont à vous… ils vous offrent leur sang, leurs biens, leur vie, leurs enfants .. mais que, lorsque (le péril) s’approche, ils se détournent bien vite. (Le Prince chapitre 17).
Ce comportement est, selon l’auteur, non seulement à prendre en considération au niveau du gouvernement du Prince, mais aussi à celui des rapports sociaux dans leur ensemble. Un puissant est l’objet de la considération de tous ; par contre, si un coup du sort ou un revers de fortune lui fait perdre de son aura, il sera très vite délaissé de la plupart de ceux qui l’encensaient et sera l’objet de l’indifférence générale. D’une manière générale, plus on est puissant, plus on risque de tomber de haut.
De cette première constatation, il s’en suit un comportement que Machiavel a qualifié dans son aphorisme général de « tremblant devant le danger » :
« Les hommes poussent souvent l’audace jusqu’à se plaindre hautement des mesures prises par leurs princes ; mais lorsqu’ils voient le châtiment en face, ils perdent la confiance qu’ils avaient l’un dans l’autre, et ils se précipitent pour obéir. (Discours livre 1 chapitre 57).
L’avidité du gain est également une caractéristique fondamentale de la perversité humaine, c’est ce que remarque Machiavel dans le « discours à propos de la première décade de Tite-Live » dans l’introduction du livre 2
« Rien ne peut assouvir les désirs insatiables de l’homme : la nature l’a doué de la faculté de vouloir et de pouvoir tout désirer ; mais la fortune ne lui permet que d’embrasser un petit nombre d’objets. Il en résulte dans le cœur humain un mécontentement continuel, et un dégoût des choses qu’il possède qui le porte à blâmer le temps présent, à louer le passé et à désirer l’avenir, lors même que ces désirs ne sont excités en lui par aucun motif raisonnable. »
« C’est que la nature a créé les hommes avec la soif de tout embrasser et l’impuissance de tout atteindre ; et le désir d’avoir l’emportant sans cesse sur la faculté d’acquérir, il en résulte un dégoût secret de ce qu’ils possèdent, auquel se joint le mécontentement d’eux-mêmes. » (Discours 1-37)
Ainsi, selon l’auteur, l’homme de son époque n’est mû que par un sentiment prédominant : le désir effréné de posséder et de dominer au profit de son seul intérêt. Cette ambition est cependant le plus souvent en contradiction avec la réalité : pour assouvir ses désirs, il faut, écrit Machiavel, disposer des moyens de le faire, tant au niveau de ses capacités intellectuelles et de ses ressources financières ; à tout moment, les contraintes de la réalité se heurtent aux ambitions individuelles.
Machiavel indique également dans les textes ci-dessus mentionnés que, même si on peut assouvir tous ses désirs, ce n’est pas pour cela que l’on sera heureux puisque plus on désire, plus on a envie de désirer. Il arrivera nécessairement un moment où la réalisation de ces désirs se heurtera à une impossibilité, c’est alors que l’on devient malheureux.
Enfin, pour parfaire ce tableau particulièrement sombre et foncièrement pessimiste de l’homme de son époque et rendre compte complètement de la pensée de Machiavel à propos de la perversité de la nature humaine, il convient de citer cet aphorisme contenu dans le "discours à propos de la première décade de Tite-Live :"
« Nous ne pouvons vaincre les penchants auxquels la nature nous entraîne » (discours.. livre 3 chapitre 9).
La naturelle perversion de l’homme a, bien entendu, des conséquences sur le fonctionnement de la société
LA DEPRAVATION DE LA SOCIÉTÉ A L’ÉPOQUE DE MACHIAVEL
Il va de soi que la dépravation de l’être humain ne peut que rejaillir sur le fonctionnement de la société dans son ensemble : c’est le règne du « chacun pour soi », de l’âpreté au gain, de l’égoïsme forcené et, par voie de conséquence, des conflits sociaux dont l’exacerbation conduit à des troubles voire même à des révolutions.
Dans une société où seul compte l’assouvissement de sa perversité, il se produit d’abord l’émergence de « nouveaux riches » :
« La bonne fortune les enfle et les enivre, et ils attribuent tous les avantages qu’ils possèdent à des vertus qu’ils ne connurent jamais ; aussi deviennent-ils bientôt insupportables et odieux à tous ceux qui les entourent » (Discours livre 3 ch 31)
Il en résulte chez eux, un comportement exécrable et hautain, ils deviennent odieux envers tous ceux qu’ils méprisent pour n’avoir pas réussi comme eux et étalent au grand jour leur perversité,
Ce sont ces comportements qui vont les perdre :
« La crainte de perdre fait naître dans les cœurs les mêmes passions que le désir d’acquérir ; et il est dans la nature de l’homme de ne se croire tranquille possesseur que lorsqu’il ajoute encore aux biens dont il jouit déjà. Il faut considérer, en outre, que plus ils possèdent, plus leur force s’accroît, et plus il leur est facile de remuer l’État » (Discours livre 1 chapitre 5)
Au fur et à mesure que le temps passe, ces nantis, par peur qu’un revers du sort leur fasse tout perdre, manifestent de plus en plus clairement leur volonté de puissance et leurs instincts de possession. Pour se prémunir de tous maux, ils tentent de contrôler l’Etat pour dominer l’ensemble de la société.
En conséquence, les inégalités s’accroissent, les plus riches deviennent encore plus riches et les pauvres deviennent plus pauvres :
La conséquence ne se fait pas attendre : ces nantis ne s’aperçoivent pas que leur richesse et leur morgue deviennent de plus en plus insupportable à ceux qu’ils méprisent.
« Leur conduite et leur ambition sans frein allument dans le cœur de ceux qui n’ont rien la soif de la possession, soit pour se venger en dépouillant leurs ennemis, soit pour partager ces honneurs et ces richesses dont ils voient faire un si coupable usage. » (Discours livre 1 chapitre 5)
Il s’en suit des mouvements de contestations sporadiques et de révoltes pouvant déboucher sur des révolutions violentes ayant alors un double but : abaisser les puissants en les faisant ravaler leur morgue et se partager équitablement leur richesse.
Les nantis, dépouillés de ce qui faisait leur unique ambition, tombent de leur piédestal et se retrouvent seuls pour se lamenter de leur fortune perdue :
« A peine ont-ils vu l’adversité en face, qu’ils tombent dans l’excès opposé, et deviennent vils et bas ». Ils songent plus à « se fuir eux-mêmes qu’à se défendre » (Discours livre 3 ch 31)
Cette évolution n’est cependant pas terminée : le partage équitable des richesses ne va pas durer car la perversité humaine va très vite ressortir, en particulier l’âpreté au gain va conduire les plus chanceux où les plus industrieux à s’enrichir et le cycle recommencera.
Ces caractéristiques concernant la nature de l’homme correspondent à deux régimes politiques LA TYRANNIE et l’OLIGARCHIE, la perversion de l’homme du 16e siècle conduit à la TYRANNIE et conjointement, la tyrannie exacerbe la perversion de l’être humain.
A la lecture de ce qui précède, il se pose alors la question de savoir si la perversité de l’être humain observé par Machiavel est un comportement structurel, inhérent à l’homme, inclus dans ses gènes ou s’il est le fruit des circonstances conjoncturelles et des époques.
Dans le deuxième cas de figure, cela signifierait que l’être humain calque son comportement sur à l’organisation politique de son temps :
. Si le système politique et mental induit la loi du plus fort comme dans les époques de tyrannie, les conditions sont réunies pour que se développe la perversité de l’être humain et crée une société du chacun pour soi. Cette perversité accroît à son tour l’appétit de puissance des crapules et leur aspiration au pouvoir absolu
. Si, au contraire, le système politique et mental de l’époque sécrète une ambiance propice à l’épanouissement du sens collectif, l’être humain est capable de donner le meilleur de lui-même au service de tous et d’empêcher toutes les dérives pouvant se produire et rompre l’équilibre harmonieux des pouvoirs et de les réprimer.
Ces deux alternatives ne sont certes pas clairement exprimées dans le discours de Machiavel, cependant, on peut penser que c’est la deuxième hypothèse qui possède intuitivement son acquiescement vu ce qu’il écrit dans le « discours de la première décade de Tite-Live » à propos de la république romaine
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