REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
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Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

mercredi 10 août 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (33) YASHODARAPURA 2 et le BAPHUON

L’ICONOGRAPHIE. (Suite et fin)

Le troisième exemple cité ici décrit une autre phase de la bataille de Lanka. Ce panneau qui se lit de bas en haut, met en scène d’une part les deux héros de l’épopée du Ramayana, Rama et son frère  Laksmana et d’autre part Indrajit, fils du démon Ravana ; on peut aussi noter l’intervention de l’oiseau Garuda, monture de Vichnou et du Dieu lui-même.

Pour terminer sur cette description de l’iconographie du BAPHUON, je voudrais décrire plus précisément pour sa composition un des reliefs d’un panneau consacré à Drona, un des héros du Mahabharata, celui-ci fut le précepteur des Kauravas et des Pandavas avant qu’ils ne deviennent ennemis. Il commandera ensuite l’armée des Kauravas avant d’être tué.

La scène représente dans la partie supérieure un palais au centre duquel trône Brahma en position yogique ; le Dieu est facilement reconnaissable à ses trois têtes. De part et d’autre se trouvent deux brahmanes ;  Brahma donne à l’un d’eux une sorte de coupe (selon les interprétations que l’on peut trouver à propos  de ce panneau, il s’agirait de Drona). Le palais de Brahma s’élève au dessus de la terre, porté par des oies aux ailes déployées.

En dessous, Krishna et Arjuna ( reconnaissable à son arc) viennent d’arriver dans un palais et sont descendus de leur char. Les deux palais représentés sont  conçus de la même manière que les temples de l’époque. Ils comportent une rangée de piliers à pilastres ornés de chapiteaux portant le  toit ;  les entrées du palais sont précédées de porches surmontés des tympans triangulaires encadrés par les corps ondoyants de nagas.

Ce panneau montre bien la manière dont la composition des fresques sculptées est organisée ; deux plans apparaissent ici :
   . Un premier plan où sont représentés les protagonistes de la scène, ils sont sculptés soit de face ( Brahma) soit de côté ( les deux orantes, le cheval, le char)
   . Un plan arrière figurant le décor dans lequel se déroule la scène, il est  placé au dessus des personnages. Dans ce relief, Il s’agit de deux palais, on peut trouver aussi des décors forestiers ; cependant, le plus souvent, il n'existe pas de plans de fond car ils ne sont pas nécessaires pour la compréhension de l’action..

La composition en deux plans rend ces scènes parfaitement vraisemblables la figuration et permet amplement de suppléer à l’absence de perspective.

A  cet égard, Il parait utile de comparer les sculptures khmères à celles que l’on trouvait en Occident dans la deuxième du 11e siècle. Pour cela, j’ai choisi la représentation de la fuite en Egypte sur un chapiteau de Notre-Dame d’Autun. On y trouve également une composition en deux plans avec un décor de fond d’arbres stylisés et un premier plan avec les personnages. Cependant, le sculpteur de ce chapiteau a voulu représenter ces derniers sur tous les plans, ce qui rend la composition invraisemblable : au lieu de figurer la Vierge et l’enfant latéralement puisque montés sur leur monture, il les sculpte de face.

Dans ce chapiteau, comme dans la plupart des sculptures romanes, on privilégie la signification à la forme, ce qui n’est  pas le cas de l’art khmer qui tient compte à la fois de la signification et de la forme. Il convient aussi d’ajouter que l’art roman présente plutôt des scènes figées alors que l’art khmer se caractérise par le dynamisme et la violence de l’action.

La forme des reliefs sculptés évoluera ensuite considérablement en particulier dans le temple d’Angkor-Vat.

Prochain article : Yashodharapura 3 et Angkor-Vat
A paraitre dans une quinzaine de jours.

lundi 8 août 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (32) YASHODARAPURA 2 et le BAPHUON

L’ICONOGRAPHIE.

Le BAPHUON se caractérise par un important développement du programme iconographique : dans les édifices antérieurs, les reliefs sculptés étaient organisés selon un ordre immuable :
   . Colonnes et linteau encadrant les portes,
   . Tympan,
   . Façades des prasat avec en particulier la représentation des gardiens, Dvarapala et Devada, dans des niches.

Au BAPHUON, ces formes subsistent mais il apparait en plus des décorations sur  la superficie des pans de murs. Bien que le temple soit dédié à Çiva, ces décorations font essentiellement référence aux deux grandes épopées indiennes ayant trait aux avatars de Vichnou, le Ramayana (sous sa forme khmerisé du Ramker) et le Mahabharata. On trouve aussi des scènes de la vie quotidienne.

Ces sculptures sont effectuées sous la forme de petits panneaux encadrés successifs qui ressemblent à non bandes dessinées modernes. C’est une différence importante avec les reliefs d’Angkor-Vat où les motifs se développent sur toute la longueur des murs.

 Beaucoup de ces reliefs sculptés  sont d'interprétation difficile. Celles que j’ai choisi de présenter ci-dessous correspondent à des scènes facilement identifiables eu égard aux textes épiques qu’elles décrivent.

Le premier exemple évoque la naissance de Krishna, un avatar de Vichnou, j’ai déjà raconté cette histoire à propos du temple de BANTHEAY SREI où un tympan raconte le meurtre de Kamsa par Krishna (cf article Angkor 21), le panneau se lit de bas en haut. De part et d’autre de cette bande narrative se trouvent des panneaux verticaux ornés de belles volutes florales.
Le second exemple comporte deux panneaux sculptés séparés par des bandes ornées de volutes florales :
     . Sur celui de gauche sont sculptés divers animaux
     . A droite,est représenté un des épisodes du Ramayana, celui de la bataille de Lanka entre Rama, avatar de Vichnou et le démon Ravana. Ce panneau se lit plutôt de haut en bas.


prochain article : l'iconographie,  suite

dimanche 7 août 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (31) YASHODARAPURA 2 et le BAPHUON

L’ARCHITECTURE DU BAPHUON (suite)

LA TERRASSE SOMMITALE (6) (voir plan article précédent)

Il y a assez peu de commentaires à effectuer au niveau de cette terrasse et en particulier sur le prasat central de Civa,; en effet, celui-ci a été démoli pour bâtir le bouddha couché, seul le soubassement est conservé mais ce n’est plus qu’un tas quasiment informe  de pierres. On aperçoit  simplement quelques moulures du podium. On peut aussi deviner  que le sanctuaire était, comme au Ta-keo  quadriforme avec quatre escaliers ouvrant sur la cella par quatre porches.

    le prasat central                                       les galeries entourant la terrasse sommitale

Au niveau de la galerie pourtournante, on peut observer une particularité qu’il est difficile d’interpréter : entre les deux rangées de piliers  et au milieu de cette galerie se trouve un alignement de  pierres qui pourrait avoir porté une cloison intermédiaire.

En CONCLUSION sur cette étude architecturale, on peut penser que  le constructeur du  BAPHUON réussit à synthétiser  les innovations constatées dans les temples antérieurs et en particulier dans celui du Ta-Keo. Pour moi, ce temple représente l’aspect le plus achevé des constructions d’Angkor et, on pourra constater que l'organisation spatiale du temple d’ANGKOR-VAT, à une exception près, sera une copie quasiment conforme de l’architecture du BAPHUON.

Prochain article, l’ICONOGRAPHIE DU BAPHUON

samedi 6 août 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (31) YASHODARAPURA 2 et le BAPHUON

L’ARCHITECTURE DU BAPHUON (suite)


ENTRE LE PREMIER NIVEAU ET LE DEUXIÈME NIVEAU DE LA PYRAMIDE (4)

A cet endroit,  se trouve une étroite terrasse qui est encore réduite du fait de la présence des escaliers permettant  d’accéder à la terrasse sommitale qui porte le seul prasat du temple.








LE DEUXIÈME NIVEAU DE LA PYRAMIDE (5)
Sur le dessin ci-dessous, j’ai représenté ce deuxième niveau tel que j’ai pu le reconstituer à partir des photos des ruines actuelles. Comme pour le précédent croquis, ce dessin peut sembler hypothétique  puisqu’il ne reste dans cette partie du temple  que des structures en mauvais état : les tours d’angle ne subsistent qu’à l'état d’arasement, des galeries ne sont conservées que les piliers, les couvrements ont disparu ; cependant, mon dessin est corroboré par d’autres reconstitutions en 3D effectuées.


La structure de ce deuxième niveau est quasiment semblable  à celle du premier :
   . A : Un haut podium,
   . B : Un gopura central,
   . C : une galerie pour tournante,
   . D : des escaliers d’accès,
   . E : des tours d’angle.

Il existe cependant trois différences entre les deux niveaux :
   . Le podium comporte trois étages au lieu de deux pour le niveau précédent, cela est dû à la hauteur de ce podium, spectaculaire en particulier quand on accède par l’escalier sur la terrasse sommitale.
   . Le gopura axial n’est pas cruciforme, il est longiligne avec seulement deux ailes latérales et n’est pas précédé de porches.
   . Alors que le premier niveau ne comportait que quatre escaliers, on trouve ici trois escaliers par façade, ce qui porte à douze le nombre total d’escaliers. En conséquence, les tours d’angle peuvent servir d’accès latéraux à la terrasse sommitale.

À suivre...

jeudi 4 août 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (30) YASHODARAPURA 2 et le BAPHUON

L’ARCHITECTURE DU BAPHUON (suite)

LE PREMIER NIVEAU DE LA PYRAMIDE (3) (voir plan dans l’article précédent)

La pyramide figurant le mont Mérou se décompose en deux niveaux principaux, chacun couronné par une galerie comportant gopura axiaux et tours d’angle.

Le premier niveau comporte les mêmes caractéristiques architecturales que celles de l’enceinte extérieure comme le montre le croquis ci-dessous effectué à partir des photos des ruines actuelles ; comme pour les dessins précédents, il s’agit d’une restitution simplifiée et probablement imprécise de l’édifice.


   . Un haut podium lui-même se décomposant en deux terrasses (A et B) sert de base à la pyramide. En avant du gopura axial d’accès, le podium se décompose en plusieurs décrochements qui encadrent l’escalier (C) et forment des indentations qui, sur le plan, créent deux formes grossièrement concaves de part et d’autre de cet escalier.

   . L’escalier (C) conduit au gopura d’entrée (D). Celui-ci comporte deux ailes (E) servant, au niveau de leur élévation, d' intermédiaire entre le gopura et la galerie ; par contre, il ne comporte qu’un seul porche (F) donnant vers l’Est, l’étroitesse de la terrasse établie entre les deux niveaux de la pyramide n’ayant pas permis d’en créer un autre orienté vers l´Ouest. Le gopura axial associe à la fois les caractéristiques des prasat avec sa forme composée d’étages dénivelés construits autour d’une cheminée centrale et celles des pseudo-voûtes à encorbellement pour ses deux ailes et son porche.

   . Aux quatre coins devaient s’élever  des tours d’angles (G) ; bien que réduites à l’état de soubassement, ces tours devaient ressembler aux prasat des époques antérieures, c’est d’ailleurs ce qu’indiquent les reconstitutions en 3D du BAPHUON. Il est probable que ces  tours ne possédaient  pas de vraies portes donnant sur l’extérieur, elles devaient seulement servir à passer l’angle formé par les deux galeries orthogonales.

   . Entre les tours d’angle et le gopura axial se trouvaient les galeries (H), elles sont bien conservées et comportent, comme je l’ai dessiné dans un article précédent, leur couvrement en voûtes à encorbellement. Elles comprennent de gros piliers entre lesquels se trouvent des fenêtres ; actuellement, ces fenêtres sont ouvertes tant sur l’extérieur que sur la terrasse intermédiaire entre les deux niveaux de la pyramide, il se pourrait qu’autrefois, une rangée de ces fenêtres ait été aveugle comme on le voit dans les temples des époques postérieures.

Cette organisation de l’espace se trouve à une exception près dans l’élévation du deuxième niveau de la pyramide.

A suivre...

mercredi 3 août 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (29) YASHODARAPURA 2 et le BAPHUON

L’ARCHITECTURE DU BAPHUON (suite)


L’INTERVALLE ENTRE L’ENCEINTE EXTÉRIEURE ET LA PYRAMIDE PROPREMENT DITE (2) comporte des allées surélevées actuellement signalées par trois rangées de colonnes basses. Ces allées se décomposent comme suit :
     . Une allée mène du gopura d’entrée à l’escalier permettant d'accéder aux étages de la pyramide,
     . Une autre allée, perpendiculaire à la précédente, relie deux bâtiments cruciformes que l’on qualifie usuellement de bibliothèque,
     . Deux allées conduisent des deux portes latérales à l’allée menant aux bibliothèques.

Un système semblable apparaît également à l’ouest mais pas au nord ni au sud.

Les quatre bibliothèques possèdent un plan  quadriforme ; bien que les couvrements aient disparu, il paraît évident que ces bibliothèques utilisaient le système des pseudo-voûtes à encorbellement. J’ai tenté  de dessiner ci-dessous un croquis simplifié de la reconstitution possible d'une bibliothèque sans les formes contournées des murs de faîtes et des tympans des porches dont j'ai reproduit, pour mémoire, un exemple générique à droite de mon croquis.

   . Le bâtiment central comporte quatre galeries perpendiculaires l'une à l'autre dont les encorbellements se rejoignent au centre de l'entrecroisement pour former une pseudo-voûte d'arêtes (E),
   . Les quatre bras du bâtiment central sont chacun prolongés par un bâtiment plus bas (F), ces bâtiments servent d'entrée à la bibliothèque
   . En-dessous, se trouve un haut podium mouluré (G) avec les escaliers d'accès.

les porches d'entrée sont tous composés selon les mêmes formes que ceux des tours-sanctuaires plus anciennes : deux gros piliers (I) supportant un fronton (J) qui sert d'éléments décoratifs mais aussi permet de masquer la voûte ; ce fronton est limité par la forme contournée d'un corps de Naga ou de makara, Enfin, de part et d'autre de la porte, deux fines colonnes portent le linteau sculpté (K)

À suivre...

mardi 2 août 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (28) YASHODARAPURA 2 et le BAPHUON

L’ARCHITECTURE DU BAPHUON :


L’ENCEINTE EXTÉRIEURE (1)

L’allée surélevée mène à l’enceinte du temple : celle-ci comporte quatre éléments principaux comme le montre  la reconstitution établie selon mes croquis personnels :


    . A : un haut podium mouluré séparé en deux niveaux par une forte corniche,
    . B : un escalier principal en avancée,
    . C : deux escaliers latéraux,
    . D : un gopura central cruciforme comportant deux porches d’entrée et deux ailes,
    . E : deux portes latérales dont le toit est en légère dénivellation par rapport aux deux ailes du gopura,
    . F : une galerie faisant le tour de l’enceinte, reliant entre eux les quatre gopura et pourvue de tours d’angle. Cette galerie a été démolie et il n’en reste que les piliers entre lesquels se trouvaient des fenêtres en sorte qu’on ne peut pas connaître la manière dont fut construit son couvrement.

Si on considère la structure de l’enceinte extérieure du BAPHUON selon une coupe est-ouest, on retrouve la dénivellation qui permet de constituer le premier étage de la pyramide du temple-montagne :

   . G : l’allée  surélevée qui mène à l’enceinte extérieure appartenant aux réaménagements postérieurs au règne de Udayaditvarman Il
 . H : le haut podium de liaison entre l’esplanade d’entrée et la première terrasse avec, en pointillé, l’escalier d’accès à cette terrasse.
  . I : le gopura axial
  . J : les deux porches d’entrée à la première terrasse et l’amorce d’une des deux ailes du gopura créant son aspect cruciforme.

Cette organisation de l’espace est semblable à celle que l’on avait pu observer dans le temple du TA-KEO qui fit, comme je l’ai écrit précédemment fit, selon moi, office de précurseur.

À suivre...

lundi 1 août 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (27) YASHODARAPURA 2 et le BAPHUON

LA DESCRIPTION ARCHITECTURALE DU BAPHUON

Architecturalement parlant, la nouveauté de ce temple est la généralisation de la voûte en pseudo-berceau qui va permettre de parfaire la construction des galeries en réglant le problème de leur couverture.

Au BAPHUON, la structure des galeries s’organise comme suit :
     . De lourds piliers carrés encadrent de grandes fenêtres formant une sorte de double portique à l’image des galeries du TA-KEO,
     . Au-dessus des piliers et de l'encadrement supérieur des fenêtres se trouvent de grands blocs de pierres d’un seul tenant,  de forme trapézoïdale, ornés de moulures qui assure de la solidité des façades et sert d’assise au couvrement,
    . La couverture des galeries se compose de pierres plates posées de champ en encorbellement les unes sur les autres en forme de berceau brisé il ne s’agit cependant pas de voûte au sens occidental du terme puisqu’il n’y a pas de clés de voûte. Une pierre de faite est posée sur les deux murs en encorbellement à la fois pour couvrir complètement l’ensemble mais aussi pour assurer par son poids la solidité de la pseudo-voûte. Ce système d’encorbellement est, selon moi, une adaptation des cheminées surmontant la cella des tours-sanctuaires des temples précédents.
   . Les parois extérieures de cette pseudo-voûte sont  sculptées et comportent des rainures verticales décoratives. Par contre, les parois intérieures sont laissées brutes, ce qui permet d’en voir bien la structure ;   il est probable qu’un plafond devait se trouver supporté par la corniche trapézoïdale de manière que les pierres brutes soient dissimulées au regard.
   . Enfin, les galeries se terminent par des murs transversaux comportant des portes de liaison. Ainsi, les galeries  s’articulent au moyen de la juxtaposition de caissons quasiment autonomes l’un par rapport à l’autre.

À suivre...