REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

lundi 14 janvier 2019

Cinq châteaux des Vosges gréseuses (12) FLECKENSTEIN

Promenade descriptive dans le CHÂTEAU DE FLECKENSTEIN (suite)

La tour du puits (E) est plaquée sur la paroi rocheuse ; comme son nom l’indique, elle sert de conduit permettant de monter l’eau jusqu’au haut-château. Ce puits est creusé si profondément dans la roche  qu’il fait l’objet d’une curieuse légende.

Comme dans tous les châteaux, l’alimentation en eau  était une nécessité absolue, surtout en cas de siège. Le seigneur du lieu fit donc  creuser un puits profond sans trouver l’eau. C’est alors que se présenta un curieux personnage qui se fit fort d’atteindre la nappe phréatique, on le fit descendre au moyen d’un panier et, après quelques jours de travail, le personnage remonta à la surface, annonça avoir trouvé l’eau et invita le seigneur à descendre avec lui pour le constater. Arrivé au fond du trou, le seigneur aperçut, non de l’eau, mais les flammes de l’enfer, le personnage qui avait creusé le puits était le diable. Le seigneur s’en débarrassa avec une prière, il réussit à se faire remonter et un prêtre jeta de l’eau bénite dans le trou, c’est alors que se produisit une intervention divine grâce à laquelle le puits se remplit d’eau.

Deux photos prises de la tour du puits (D)
   . A gauche, le conduit intérieur, il comporte deux strates, la partie basse correspond au creusement du puits dans la roche, au-dessus, se devinent les strates rocheuses de la paroi
   . Pour élever l’eau, on utilisait une roue à écureuil en tant que monte-charge. Il en reste la forme creusée dans le rocher.

Une fois passée la troisième porte, en laissant sur sa droite la tour du puits, on se trouve sur un niveau intermédiaire entre la basse-cour et le haut-château; il est marqué par deux lignes incisant la paroi, dont  la quasi-horizontalité révèle un retaillage effectué par les hommes :
      . Le niveau (F)  doit correspondre à un mur  permettant de servir de  soutènement au remplissage de pierres  qu’il fallut effectuer pour rendre constructible la  terrasse intermédiaire. Ce mur devait aussi être surélevé par rapport à cette terrasse afin de créer un rempart protégeant les bâtiments  qui s’y trouvaient, ce mur se raccroche à la falaise rocheuse à l’Est et à la troisième porte.
      . Le niveau (G) est, selon moi, celui du sol de la terrasse intermédiaire, on peut alors mesurer la quantité de matériaux qu’il a fallu utiliser pour remblayer l’espace entre le mur de soutènement et la paroi afin de la rendre apte à recevoir des constructions.

Une photo plus détaillée de cette partie de la paroi permet de déterminer la fonction de la terrasse intermédiaire :
1 paroi retaillée portant, à mi-hauteur, un alignement de trous creusés dans la roche qui permettaient de tenir les  poutres et la charpente d’un bâtiment construit sur la terrasse.
2 emplacement de la partie supérieure de la rampe correspondant à l’entrée primitive du château.
3 allée  creusée dans la roche, seul élément subsistant du sol ancien de la terrasse.
4 grande salle troglodyte.
5 escalier de montée vers la partie sommitale par une galerie troglodyte.

La gravure de 1532 montre que l'existence d'une terrasse intermédiaire est avérée et que le bâtiment dont les poutres de charpente étaient insérées dans la paroi, correspond à la chapelle







La galerie de montée troglodyte qui conduit à la partie sommitale est bordée de salles également troglodytes qui devaient servir de caves.

Prochain article : la galerie sommitale

vendredi 11 janvier 2019

Cinq châteaux des Vosges gréseuses (11) FLECKENSTEIN

Promenade descriptive dans le CHÂTEAU DE FLECKENSTEIN (suite)

Passée la deuxième porte, on se trouve dans la basse-cour ; constituée lors du taillage de la falaise  naturelle pour augmenter la verticalité  de la paroi portant le haut château, elle est  composée  en grande partie d’un sol de grès rose. Sur celui-ci, se remarquent les rainures occasionnées par les roues des chariots. A gauche, ont été creusés des trous de poteaux devant servir à porter une construction. Un peu plus loin, dans  le renfoncement de la roche, se trouve un bassin que l’on pense être un abreuvoir à chevaux.

Entre le chemin et le rempart s’alignent des bâtiments,  servant de communs.

C’est de la basse-cour que l’on dispose de la plus intéressante vue sur le château et sur le chemin qui conduit le visiteur jusqu’à la partie sommitale où se trouvent les logis seigneuriaux (A). Seule la photo aérienne permet de décrire les diverses parties qui composent ce chemin.


La partie basse de la paroi faisant face à la porte d’entrée comporte une paroi rocheuse retaillée comportant deux ouvertures qui correspondent, selon ce que j’ai pu en lire, à l’entrée primitive troglodyte du haut château (B). Elles éclairent une rampe qui mène à un étage intermédiaire que je décrirai plus loin.

Cette rampe n’est plus utilisée, car une autre entrée plus imposante et mieux défendue a été construite dans la partie centrale du flanc de l’éperon (C).  C’est la troisième actuellement visible sur le site

La reconstitution effectuée sur le panneau de présentation du site permet de bien distinguer la succession des  éléments défensifs :
     . Il faut d’abord passer le fossé en eau (1) qui barre l’entrée, on le fait par une passerelle terminée par un pont-levis (2),
     . On  se trouve alors dans une barbacane (3)  comportant une tour demi-circulaire et un mur en demi ovale se raccordant à la paroi rocheuse.
     . Cette barbacane donne sur un second pont-levis (4)  qui permet l’accès à la porterie principale (5). Celle-ci possède une forme demi-ovale qui se raccordait , à gauche du dessin, à une grosse tour (E)  carrée plaquée sur la paroi rocheuse.

La troisième porte est dominée par deux hautes tours construites en pierre de grès et plaquées sur la falaise : ce sont :
     . La tour du puits (E),
     . Une grosse tour carrée qui sert actuellement d’escalier de descente pour les visiteurs ayant achevé leur visite (D)

A suivre 

mercredi 9 janvier 2019

Cinq châteaux des Vosges gréseuses (10) FLECKENSTEIN

Promenade descriptive dans le CHÂTEAU DE FLECKENSTEIN

Le château de FLECKENSTEIN est construit dans un site habituel aux Vosges gréseuses, un éperon rocheux d’orientation Est-Ouest  dominant le moutonnement de ballons forestiers qui compose le paysage de la région.

On accède au château par son côté nord ; comme au château de Falkenstein, la paroi fut retaillée pour en augmenter la verticalité, cela permit de créer une basse-cour. C’est à ce niveau que se trouve la première série de structures défensives du château, comme le montre une  gravure ancienne le représentant  en 1532.


La basse-cour est entourée d’un puissant rempart (1) il débute  à l’Est et s’accroche à la paroi du promontoire. Vers l’ouest, il se rattache à  un piton rocheux isolé (2) qui pouvait porter une tour de guet ; le rempart se poursuit ensuite jusqu’à la face Ouest de l'éperon rocheux. Enfin, en avant de la paroi rocheuse,  fut construite une banquette (3) actuellement arasée qui devait porter un bas rempart.
Le dessin montre aussi deux portes (4 et 5) ainsi qu'un sas (6) séparant les deux portes.

Ces deux photos montrent l’aspect de la forteresse vu de son chemin d’accès : en partant du bas et en élevant son regard, on rencontre successivement :


    . La banquette portant le bas rempart (3).
     . Le haut rempart ceignant la basse-cour (1).
     . Un mur subsistant de la tour qui comportait la deuxième porte d’entrée (4) (voir ci-dessous)
     . Le promontoire strié des strates gréseuses le composant sur lequel sont adossées quatre  tours (indiquées au moyen de la lettre T) que je décrirai ultérieurement.
     . Un mur subsistant, sur la crête, du logis seigneurial. (L).

Le flanc Sud de l’éperon ne devait pas comporter de bas-rempart du fait de la verticalité de la paroi.

Au niveau de la basse-cour,  se trouvent deux portes successives.  La deuxième porte, datée par une inscription de 1428 ou 1429, formait une haute tour  comportant  le porche d’entrée (4) ;  il n’en reste que la partie basse du porche proprement dit.  En avant de la deuxième porte s'élevait la première porte d’entrée de la forteresse (5). Cette porte fut adaptée à l’artillerie au 16e siècle, le dessin montre qu’elle comportait deux tours rondes pourvue de bouches à canon, elle témoigne d’une timide adaptation de la forteresse à l’artillerie.

Si un assaillant réussit à s’emparer de la première porte, il se trouvait dans un étroit sas (6) entre les deux remparts et la deuxième porte, il était alors pris au piège sous la menace des tirs émanant du mâchicoulis qui surmontait le rempart principal.

Cette photo et ce dessin de reconstitution (sur un des intéressants panneaux explicatifs qui suivent le parcours du visiteur) montrent :

   . La deuxième porte (4) dont on aperçoit le porche et le mur de la tour qui le jouxtait. Sur ce mur a été creusée une bouche de tir adaptée aux armes à feu.
   . Le rempart principal (1)
   . Les murs arasés de la première porte (5)
   . Le chemin d’accès entre les deux portes (6)

Prochain article : la basse cour et la troisième porte

lundi 7 janvier 2019

Cinq châteaux des Vosges gréseuses (9) FLECKENSTEIN

FLECKENSTEIN DANS L’HISTOIRE DU SAINT EMPIRE (suite)

En 1137, l’empereur Lothaire (voir article précédent) mourut ; pour lui succéder, fut élu le frère de Frédéric le Borgne, Conrad, jusqu’alors duc de Franconie. Ainsi, en  un peu plus de 50 ans, les Hohenstaufen  réussirent à se hisser aux plus hauts postes de la Germanie. Conrad prit le titre de roi des Romains, manifestant ainsi son souhait de régner sur l’Italie et d’être couronné empereur.

En 1147, Frédéric le Borgne mourut, il fut remplacé par son fils Frédéric dit Barberousse. L’ascension de celui-ci fut ensuite rapide : à la mort de son oncle, la diète de Francfort  le choisit comme roi des Romains, puis il fut couronné  empereur du Saint Empire Romain Germanique en 1155 par le pape Adrien 4.

Bien qu’il ait abandonné son duché de Souabe à son neveu, Frédéric Barberousse continua à s’intéresser à l’Alsace, il transforma en particulier le château d'Haguenau  où il était né,  en une somptueuse résidence impériale où il fit de fréquents séjours.

Sous la domination des Hohenstaufen, l’Alsace fut prospère. Cependant, à la mort de l’empereur Frédéric 2 en 1250 et surtout de son petit-fils Conradin en 1268, l’empire entra dans une période difficile appelée « le grand interrègne » ;  les souverains furent incapables de rétablir l’ordre et subirent la décomposition du saint Empire selon les trois tendances que l’on retrouve systématiquement en période de troubles :
   . L’aspiration croissante à l’autonomie des titulaires de fief.
   . Le morcellement  et même la disparition des états territoriaux  ; c’est en particulier le cas pour le duché de Souabe après la mort de Conradin.
   . La recomposition politique avec émergence progressive de nouvelles dominations ;  ainsi, la disparition du duché de Souabe permit la montée en puissance du comté de Wurtemberg et du margraviat de Bade.

Les ministériaux de FLECKENSTEIN n’échappèrent pas à ces tendances. Ils restèrent d’abord fidèles aux Hohenstaufen ;  mais, peu à peu, ils en vinrent à considérer  le château et les terres qui en dépendaient comme leur bien propre. C’est, sans  doute, après l’extinction de la dynastie des Hohenstaufen, qu’ils s’estimèrent déliés de tout lien de sujétion féodale. Ils voulurent aussi  agrandir leurs domaines : Ainsi, Gottfried 2,  revendiqua les fiefs qui se trouvaient au nord de ses possessions et faisaient partie de l’évêché de Spire ; il parvint même à faire prisonnier l'évêque et à l'enfermer à Fleckenstein.

C’était sans compter la présence du nouveau roi des Romains élu en 1273, Rodolphe de Habsbourg, un descendant d’Adalbert de Habsbourg, qui avait reçu le landgraviat de Basse-Alsace de l’empereur Lothaire en 1186.
 (voir article précédent)

 Rodolphe était décidé à rétablir l’autorité royale en Germanie comme en Alsace dont il revendiquait la possession en tant que successeur des Hohenstaufen. Il décida d’intervenir, assiégea le château de Fleckenstein et obligea à Gottfried à lui rendre hommage, à délivrer l’évêque  et à lui restituer les terres qu’il avait indûment usurpé.

Selon moi, l’histoire du château est ensuite plus banale : le château passera successivement à différentes branches de la famille originelle, il sera restauré à plusieurs reprises, comme je le montrerai dans les articles qui vont suivre à propos de  la description architecturale du château, puis il sera  partiellement  adapté à l’artillerie au 16 e siècle. Enfin, comme la plupart des châteaux alsaciens, il sera pris par les français en 1674 et ruiné à coups d’explosifs six ans plus tard.

NOTE COMPLÉMENTAIRE
Pendant son règne,  Rodolphe de Habsbourg (1273-1291) réussit à imposer son autorité tant dans le saint Empire qu’en Alsace.
     .  Il augmenta d’abord sa puissance territoriale en s’emparant des possessions de la famille des Babenberg tombé en déshérence (Autriche,  Styrie,  Carniole)
     . Il réussit également à mieux contrôler ses possessions alsaciennes en nommant un Landvogt qui siégea a Haguenau.

Prochains articles : la description du château de Fleckenstein.

samedi 5 janvier 2019

Cinq châteaux des Vosges gréseuses (8) FLECKENSTEIN

FLECKENSTEIN DANS L’HISTOIRE DU SAINT EMPIRE

L’histoire médiévale de l’Alsace et  du château de FLECKENSTEIN est, dans un premier temps, liée à celle de la dynastie de Hohenstaufen et du duché de Souabe. Il convient. en premier lieu, de déterminer les circonstances qui ont amené à cette convergence.

L’Alsace, à l’époque mérovingienne, était rattachée à l’Austrasie. Elle  formait alors un duché et comportait deux comtés, le Nordgau et le Sundgau (correspondant aux diocèses de Bâle et de Strasbourg mais aussi aux deux provinces romaines du bas-Empire). La fonction de Duc fut supprimée par Pépin le Bref mais l’Alsace resta nominalement un duché. Devenu, après la partage de Verdun de 843, une possession de Lothaire, le duché fut rattaché en  870 (traité de Meersen) au royaume de Germanie.

Le duché de Souabe se constitua à une époque plus récente, au tout début du 10e siècle. C’est un des quatre duchés formant, à cette époque, l’ossature du royaume de Germanie  avec la Saxe, la Franconie et la Bavière. Le roi de Germanie, Henri l’Oiseleur (Duc de saxe en 912 et roi de Germanie  de 919 à sa mort en 936), incorpora le duché d’Alsace au duché de Souabe, créant ainsi un vaste «État » de part et d’autre du Rhin.

Le fils d’Henri l’Oiseleur, Otton (Roi de Germanie en 936 est couronné empereur en 962 jusqu’à sa mort survenue en 973), créa une nouvelle entité politique en donnant à l’évêque de Strasbourg le pouvoir temporel de comte sur les domaines qu’il dominait ; ce nouveau comté s’ajouta aux deux pouvoirs comtaux du Nordgau et du Sundgau.

L’accession de la famille des Hohenstaufen au titre de duc de Souabe date du milieu du 11è siècle : On était, à cette époque, en pleine querelle des investitures qui mettait aux prises le pape et l’empereur à propos de la nomination des évêques. Le duc de Souabe,  Rodolphe de Rheinfelden,  avait pris le parti de la papauté contre celui de l’empereur Henri 4 (Roi de Germanie en 1054,  empereur de 1084 à 1105). L’empereur décida alors de le destituer et de le remplacer par un seigneur souabe, Frédéric.

A Frédéric 1er,  duc de 1079-1105, succéda à la tête du duché de Souabe, son fils  Frédéric 2 dit le Borgne, il prit le nom de Hohenstaufen du nom du château qu’il s’était fait construire. Il fut duc de Souabe jusqu’à sa mort survenue en 1147

 C’est à l’époque de Frédéric Le Borgne que se constitua la mainmise des Hohenstaufen sur  l’Alsace avec, entre autre, la construction  des châteaux de HAGUENAU où il établit une de ses résidences et de FLECKENSTEIN. (1)

La construction du château de FLECKENSTEIN sur un promontoire gréseux à la limite nord de domination des possessions du duc, fut consécutive aux événements qui survinrent à la mort d’Henri 5, fils d’Henri 4 et empereur de 1111 à 1125. Frédéric Le Borgne fut un ardent défenseur de l’empereur  tandis que se constituait une alliance entre les partisans de la papauté. Cette alliance, menée par le prince-archevêque Adalbert de Mayence, comprenait, entre autre, Lothaire de Supplinbourg, duc de Saxe. A la mort de Henri 5, il y eut deux candidats à sa succession : Frédéric le Borgne et Lothaire de Supplinburg, c’est ce dernier qui fut élu roi des romains en 1125 et devint empereur en 1133.

Entre les deux candidats, la lutte était inévitable : sous la menace d’une invasion de ses états par les coalisés, Frédéric décida de protéger ses possessions alsaciennes par la construction de châteaux à leurs confins, le château de FLECKENSTEIN fut l’un d’entre eux.

Frédéric, ayant fait la paix avec Lothaire en 1135, on peut dater la construction du FLECKENSTEIN au cours du premier tiers du 12è siècle. On ne connaît pas la manière dont fut gérée la nouvelle construction, sans doute, le duc y nomma un de ses chevaliers en tant que ministériel. Aucun nom n’est cependant attesté avant la deuxième moitié du 12è siècle quand un certain Gottfried, en garde du château de Fleckenstein, vint faire son temps de service à Haguenau.

NOTE COMPLÉMENTAIRE
Je rappelle, pour mémoire,  que pendant son règne, Lothaire essaya de contrôler l’Alsace ; une de ses réformes consista à supprimer les comtés de Nordgau et Sundgau et à créer en 1186 deux Landgrave dans les mêmes circonscriptions que  précédemment.

Le landgraviat est un poste de prestige qui n’était pas assorti d’une inféodation de seigneurie. Dans la circonscription qu’il administrait au nom du souverain, le Landgraf avait le droit de convoquer le ban, de conduire les vassaux de l’empereur à la guerre, de battre monnaie, de lever de nouvelles charges, il exerçait seul la haute justice, alors que les seigneurs fieffés ne possédaient que le droit de basse-justice.

Le premier landgraf du Sundgau fut un seigneur possessionné en Argovie, Adalbert de Habsbourg, qui reçut aussi l'avouerie de l'abbaye de Murbach. 

(1) Frédéric le  Borgne fit aussi construire le château du Haut-Koenigsbourg.

mercredi 2 janvier 2019

Cinq châteaux des Vosges gréseuses (7) FALKENSTEIN

La partie sommitale du château

En continuant son chemin sur la rampe, on accède à la partie sommitale. Celle-ci ne comporte que des restes de murs quasiment arasés qui permettent, néanmoins, de différencier trois logis différents sur un étroit espace.

Pour comprendre cette particularité, il convient de rappeler que le château et la seigneurie de Falkenstein furent donnés, en tant que fief impérial,  à la famille comtale de Saarwerden, qui y nomma un ministériel chargé administrer, au nom du comte, le fief et ses dépendances. Peu à peu, les héritiers de ce ministériel prirent le nom du château et s’émancipèrent de  l’obéissance due au comte. Celui-ci, afin de reprendre la main, décida de nommer un second ministériel, de la famille des BRONN et de lui concéder 1/3 de la seigneurie ;  puis, il abandonna la partie qui lui restait, à la famille des WINDSTEIN. Ce partage explique la présence de trois logis au château de Falkenstein.

1 partie du château tenu par les FALKENSTEIN.
2 failles recreusées en fossé.
3 terrasse  inférieure de la partie du château occupée par les WINDSTEIN.
4 tour du puits.
5 mur de refend avec cheminée.
6 terrasse supérieure du château des WINDSTEIN emplacement probable du logis.
7 mur de refend  terminant le château des WINDSTEIN.
8 salle troglodyte.
9 partie du château allouée aux BRONN.

Il pourrait  paraître difficile de retrouver les limites des trois logis vu l’état d’arasement des murs, ce n’est cependant pas le cas car il subsiste des fossés  et des restes de murs de refend barrant le promontoire, ce sont eux qui limitent  les trois logis.

L’emplacement de la partie du château tenue par les BRONN, (9 du plan),  on en aperçoit respectivement la faille servant de fossé (2 du plan), un chemin ayant peut-être servi de cour et une partie surélevée terminant le promontoire et pouvant correspondre au logis









Le logis central est le seul où sont conservés quelques restes médiévaux, on y reconnaît, en effet, une  citerne à filtration, l’emplacement d’une cage à écureuil permettant de monter tout ce qui était nécessaire à la vie du château et une salle troglodyte à la voûte percée. Ce niveau représente le soubassement du logis et les communs, il devait être surmonté d’un ou deux étages  où se trouvaient la grande salle du logis et peut-être des chambres ou des greniers.

A GAUCHE : Le mur extérieur de refend du logis central (7) vu du logis des BRONN, en dessous se trouve la salle troglodyte (8 du plan).

A DROITE : La partie intérieure du mur de refend avec, au premier plan, le sol servant de soubassement au logis

L’intérieur du soubassement du logis central : la citerne à filtration (A GAUCHE)  et l’emplacement de la roue à écureuil (A DROITE)







La tour du puits (4), la partie basse du château des WINDSTEIN (3) et le mur de refend (5), à extrémité du promontoire se trouve la partie du château tenue par les FALKENSTEIN.





La visite du château de Falkenstein est, selon moi, triplement intéressante :
   . Elle permet d’abord de rêver en ressentant l’étrange atmosphère qui se dégage de la ruine et du silence qui n’est interrompu que par le bruissement des cimes des arbres sous l’emprise du vent. Elle permet aussi d’imaginer la rude vie quotidienne des seigneurs, leur montée par la rampe étroite, le vent et le froid qui devaient être le lot habituel de leur existence.
   . Elle représente une belle illustration de l’histoire géologique des Vosges gréseuses.
   . Enfin, elle donne à ceux qui aiment l’histoire, l'occasion de s’interroger à tous les moments de la promenade : à quoi correspondait  ce mur ? Jusqu’où montait-il ? Peu à peu, grâce à ces questions et aux hypothèses qu’elles suscitent, on réussit à reconstituer en pensée tant l’architecture du château que la vie quotidienne qui s’y déroulait.

Prochain article FLECKENSTEIN