REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
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vendredi 29 mars 2019

Cinq châteaux des Vosges gréseuses (34) : LICHTENBERG

La lente déchéance du château au milieu du 19è siècle.

Après la conquête de Lichtenberg par les français, le château fut livré au Génie qui recomposa les bâtiments existants pour les adapter à son nouveau rôle de place de garnison. Le  rapport du capitaine Anselmier  rédigé en 1834,  précise que «  le génie militaire, après avoir fait raser les anciens bâtiments, en construisit de nouveaux .. et ne laissa subsister que le donjon qui s'élève au centre de la plate-forme. »

On dispose, à ce propos, d’un intéressant plan montrant la forteresse à l’époque de Louis Philippe :

Ce plan montre d’abord que les deux  logis seigneuriaux (1)  dominant le rempart sud, ont été démolis. Du logis construit par l’évêque Conrad de Lichtenberg, il ne resta que les caves qui furent reconverties en casemates. Le  plan ne le mentionne pas, mais on laissa subsister aussi la tour de l’horloge convertie en tour de guet.

Le troisième logis (2), celui construit à  l’époque de Philippe de Hanau-Lichtenberg en style renaissance, fut utilisé comme caserne de temps de paix.

Un autre ensemble de bâtiments (3), sans doute anciens, fut reconstruit et servit également de caserne ainsi que de prison. Ces deux casernes pouvaient accueillir une garnison de 60 à 100 hommes.

Il ne subsiste de la chapelle  que le chœur (4), la nef disparut et fut remplacée par un réfectoire (5) assorti de cuisines.

Les autres bâtiments devinrent des magasins :
   . La tour ouest du haut-château (6) fut reconvertie en poudrière contenant, selon le capitaine de Guise, 5 tonnes de poudre.
   . Les anciens communs (7)  furent transformés en magasin du génie.
   . Un autre bâtiment devint le logement de l’artillerie. (8)
   . On peut penser que l’arsenal (9), construit à l’époque de Daniel Specklin, était toujours utilisé en tant que tel.

Je mentionne, sur le plan, pour mémoire, la demi-lune (10) reconstruite par Vauban.

Il  existait aussi d’importantes réserves de nourriture pouvant « contenir, en temps de guerre, 200 hommes avec une manutention pour 200 rations et 200 sacs; caves pour 400 hectolitres. »

En temps de guerre, le capitaine Guise indique que les équipements seraient à compléter : ils ne consistent que dans le couloir d’entrée au château, dans les casemates aménagées le long du rempart sud et dans les caves de l’ancien logis seigneurial, il manque « pour le temps de siège, qu'un abri voûté à l'épreuve pour y mettre à couvert la garnison »

Le livre de M Camille Lévy énumère les compagnies qui composèrent la garnison pendant la monarchie de juillet, elles ne stationnent, en moyenne, que pendant deux années et comportent, selon les cas, de 35 à 73 hommes. Il y a des même des moments où le château est inoccupé au grand dam des aubergistes du village.

Dans de telles conditions, on peut comprendre que le matériel militaire laisse à désirer Ainsi, quand la guerre fut déclarée le 19 juillet 1870, le château était quasiment à l’abandon. Voici ce qu’écrivit le sous-lieutenant Archer affecté au poste de commandant du fort et chargé d’en remettre en état les défenses. «  Je trouvai au fort un petit détachement de 5 hommes du 5e d'artillerie, commandé par le maréchal des logis Fonvielle; ce dernier était arrivé de Strasbourg le 22 juillet avec mission d'y faire les travaux nécessaires afin de pouvoir utiliser, aussi efficacement que possible, les sept vieilles pièces de canon dont le fort était armé.

Dès mon arrivée dans la place, j'en passai une inspection minutieuse pour m'assurer des moyens de défense qu'elle contenait et des travaux qu'il y aurait à exécuter pour la rendre à même d'opposer une résistance des plus sérieuses à l'ennemi dans le cas d'une mauvaise fortune de nos armes, ce que nous ne présumions guère à ce moment-là.

Comme munitions de guerre, je pus m'assurer qu'elles étaient à peu près nulles, si ce n'est 4 tonneaux de poudre à canon, 8 caisses de cartouches chassepot et quelques boulets creux non chargés dont je fus obligé de faire fermer l'orifice au moyen d'un bouchon en bois; une centaine d'obus complétait : encore ces derniers ; sans fusées, (ils) ne pouvaient être utilisés qu'avec des pièces rayées, et celles dont le fort était armé n'étaient que de vieilles pièces à âme lisse, de différents calibres, qui ne pouvaient produire qu'un médiocre effet en présence de la longue portée de l'artillerie ennemie.

Quant aux vivres, le fort ne possédait qu'une trentaine de caisses de biscuits qui étaient arrivées dans la place en même temps que moi. »

Au moment de l’attaque de l’armée wurtembergeoise, la garnison s’élevait seulement à 34 hommes dont six canonniers qui durent affronter l’ennemi avec des pièces ne fonctionnant pas, le 9 août le bombardement commença. Le 10, quand la garnison capitula, le château n’était plus que ruines.

prochain article : que reste t'il de médiéval dans le château de Lichtenberg ?

mercredi 27 mars 2019

Cinq châteaux des Vosges gréseuses (33) : LICHTENBERG

Le devenir de Lichtenberg après 1678.

A la différence des autres châteaux alsaciens, le château de Lichtenberg ne fut pas détruit: les français décidèrent de l’incorporer dans une ligne de défense frontalière allant de Bitche à Phalsbourg en passant par La Petite Pierre et Lichtenberg. Afin de moderniser ses défenses, on fit appel à Vauban qui visita le château et estima que c’était « un trou bon à raser » il se contenta de reconstruire la tour-porte d’entrée endommagée lors du siège en la remplaçant par une demi-lune possédant le saillant triangulaire conventionnel.

Le nouveau rôle assigné au château
Pendant tout le 19è siècle, les différents rapports rédigés par les officiers du génie en tournée d’inspection à Lichtenberg, montrent le très faible intérêt de la forteresse ; voici, ci-dessous, quelques extraits d’un rapport rédigé par le capitaine Guise en 1827 :

Il fait d’abord état d’un projet de route militaire entre Phalsbourg et Bitche, or Lichtenberg « ne se trouve ni sur ces communications  ni sur un débouché des Vosges. Cet éloignement de ces routes et de ces débouchés fait que l'on regarde ce fort comme ne pouvant servir à (la) défense directe (de la frontière) »

Pourtant, écrit le capitaine Guise, le château de Lichtenberg peut être doublement utile :
     . Il peut servir de « poste d’observation » du fait qu’il se trouve à 8 km en avant de la route militaire projetée.
     . Il peut servir de base de repli si la frontière était enfoncée : une armée  ennemie en pleine marche vers le centre du pays, ne pourrait, en ce cas, laisser un fort à son arrière dont la garnison pourrait harceler ses convois et son arrière-garde, celle-ci devraient stopper son offensive, le temps de prendre Lichtenberg, ce qui permettait aux armées françaises de se réorganiser.

Voici ce qu’écrit le capitaine Guise à ce propos «  Si l'on organise un corps de partisans destiné à couper les  communications que l'ennemi tenterait d'établir dans ce voisinage,…alors ce fort devient un intéressant poste d'observation pour ces partisans embusqués sous son canon pour se porter à l'improviste sur les convois de l'ennemi; il leur sert en même temps d'excellent appui si, dans leurs excursions, ils viennent à être poursuivis, en courant chercher leur salut sous les murs de ce château, dans le chemin couvert duquel ils trouveront un asile à l'abri…  par la protection des feux d'artillerie du fort, et où ils trouveront à renouveler leurs munitions, du secours pour leurs blessés et un lieu de dépôt pour leur butin.

« C'est sur ce rôle que doit jouer ce poste, qu'on basera la mise en état de ses fortifications et les améliorations à proposer, en ne (le considérant)  que comme un accessoire utile au système de défense de la crête des Vosges » la conséquence est sans appel, il ne faut pas «  se jeter dans des dépenses considérables, et de les borner à celles strictement nécessaires pour le mettre en état de rendre les services que l'on en attend ».

A suivre.

dimanche 24 mars 2019

Cinq châteaux des Vosges gréseuses (32) : LICHTENBERG

Le siège de 1678.

Afin de se trouver en position de force lors des négociations préliminaires à la paix de Nimègue, (voir article précédent), Louis 14 envoya une armée commandée par le maréchal de Créqui, ayant pour mission de lancer une offensive vers le Rhin. Cette offensive se porta sur Strasbourg, elle échoua, à la fois devant  la forte résistance des Impériaux et aussi à cause des difficultés d’approvisionnement de l'armée dues aux attaques et au pillage des convois qui y pourvoyaient.

Le maréchal de Créqui décida alors de faire retraite et établit son campement à Wœrth. C’est de Wœrth qu’il ordonna à un fort détachement de son armée de se porter sur  Lichtenberg, pour s’en emparer.

Cette décision du Maréchal peut s’expliquer de deux manières :
   . D’abord, il avait appris que les hommes des Hanau-Lichtenberg s’étaient joints aux Impériaux pour piller un convoi.
    . Pourtant, sa motivation principale était de faire en sorte qu’il n’existe plus en Alsace de places fortes pouvant servir de point d’appui à d’éventuelles résistances contre l’autorité royale. C’est dans cette perspective que la plupart des châteaux féodaux étaient presque systématiquement détruits.

A Lichtenberg, stationnaient une garnison de 300 à 400 Impériaux sous le commandement d’un officier appelé Dolne. Apprenant l’avancée de l’armée royale, il  décida d’incendier la ville située en contrebas du château, afin d'y empêcher l’installation des français, de les priver d’approvisionnement et de détruire les fourrages. En ce qui concerne la défense du château, Dolne estima que la raideur des pentes donnant  accès à la forteresse était telle qu’il suffirait de mitrailler les assaillants lorsqu'ils tenteraient  de donner l’assaut (1).

L’armée royale arriva dans la nuit du 7 au 8 octobre et réussit à s’installer dans la ville imparfaitement incendiée.

L’angle d’attaque fut choisi à l’endroit où s’effectuait la jonction des remparts de la ville et du château, là se trouvait, en effet, des chemins qui pouvaient permettre un assaut. En outre, il est probable que la pente était moins raide qu’ailleurs.

Une attaque fut lancée mais elle échoua. Cela conduisit les français à recourir à une autre solution : celle du sapement de la muraille par les mines. On dispose à ce propos d'un plan précis de la stratégie adoptée.

Trois batteries d’artillerie (A) sont mentionnées sur le plan, elles sont installées en triangle autour des remparts sud de la ville, Ces batteries comportent  chacune quatre canons. Le but des tirs était à la fois de couvrir  les assaillants lors de leur progression vers la paroi rocheuse et aussi d’endommager la muraille en créant des brèches propices à l'assaut.

Une tranchée de circulation (B) est dessinée sur le plan, elle est destinée à relier la batterie nord à un fortin entouré d’une palissade de rondins (C) où devait  se trouver le poste de commandement.

A partir de ce fortin, est représentée à l'ouest une nouvelle tranchée (D)  formant une ligne parallèle au rocher.

Elle s'ouvre sur des traverses (E)  permettant d’accéder au niveau de la paroi. Le plan montre que les traverses se prolongent par des galeries (F) souterraines creusées dans la roche et destinée à la pose de mines sous le rempart principal (signalées par un cercle bleu). L'explosion de ces mines ferait  écrouler le rempart ou au moins en détruire une partie.

Deux galeries (G)  furent également creusées en direction de la tour-porte.

En ce qui me concerne, je considère que ce plan était un projet d'attaque et qu'il ne reçut qu'un commencement de réalisation ; en effet, mener le projet à son terme nécessitait un long siège, or,
dès le 15 octobre, le commandant Dolne, comprenant ce qui se tramait, se rendit vite compte que sa défaite serait inéluctable, il décida alors de capituler et obtint que la garnison entière puisse être conduite  avec armes et bagages jusqu’à Strasbourg.

Comme ceux de Bitche et de  La Petite Pierre, le château de Lichtenberg ne fut pas démoli, il fut décidé d’y établir une garnison française et de l’intégrer dans la ligne arrière de défense du royaume.

Prochain article : Le devenir de Lichtenberg après 1678.

(1) les renseignements donnés proviennent du livre de M Camille Lévi : le bomardemment de Lichtenberg (1870) paru en 1913 ( source : Gallica)

mercredi 20 mars 2019

Cinq châteaux des Vosges gréseuses (31) : LICHTENBERG

Le château de Lichtenberg au 17è siècle.

Bien que la description du château de Lichtenberg au 17 è siècle dépasse le cadre chronologique médiéval  que je me suis fixé dans ce chapitre, je me propose néanmoins de continuer à évoquer les aléas de la forteresse à cette époque, à la fois parce qu’il  s’y produit des événements suffisamment spectaculaires pour que je les raconte et aussi parce que  ces événements vont expliquer la physionomie actuelle du château.

Le 17è siècle fut, pour le château et la seigneurie de Lichtenberg, une époque sombre comportant  deux périodes distinctes :

Pendant la guerre de Trente Ans (1618-1648), bien que le comte ait décidé d’observer une stricte neutralité, Lichtenberg  subit les attaques de l’armée protestante de Mansfeld en 1621. Le comte était pourtant  protestant mais ses possessions n’échappèrent pas aux outrages de Mansfeld : la ville ainsi que le château furent assiégés et pillés. Bien que l’histoire n’en dise mot, il est probable que la seigneurie dût aussi subir les ravages des armées suédoises.

Pendant la guerre de Hollande (1672-1678), Lichtenberg se trouva à nouveau confronté à des affrontements militaires. La guerre de Hollande opposa le royaume de France à une coalition comportant les Provinces-Unies, le Saint Empire, l’Espagne et le Brandebourg. Cela obligeait les armées royales à combattre sur trois fronts,  à la frontière espagnole, en Flandre et vers l’Empire. Pour mener à bien l’offensive vers l'Empire il fallait passer le Rhin et pour cela, les troupes françaises  devaient traverser  la Lorraine puis l’Alsace. Une première tentative se produisit en 1674 mais elle échoua face aux impériaux qui occupèrent alors Lichtenberg. En 1678, alors  que les pourparlers de paix s’engageaient, les armées françaises, voulant obtenir une victoire décisive, envahirent à nouveau l’Alsace pour y chasser les armées impériales et tentèrent une offensive à partir du Rhin vers le cœur du  Saint Empire. À ce moment, Lichtenberg était occupé par de garnison impériale de 400 hommes, disent les récits de cette histoire, sous le commandement d’un officier appelé Dolne.

L’armée royale, commandée par le maréchal de Créqui, investit la place le 8 octobre 1678. Celle-ci capitulera le 15 octobre après un siège de 8 jours.

Le site Gallica conserve, sur Internet, deux plans montrant la manière fut mené le siège de Lichtenberg. Le premier de ces plans, présenté ci-dessous, possède un double avantage : il permet à la fois de montrer l’organisation de la place en cette fin du 17è siècle et de visualiser la manière dont furent menées les opérations de siège.

Sur ce premier dessin, j’ai surligné en noir les différentes parties du château afin qu’elles soient plus visibles :
   A le haut château avec ses deux tours à terrasse d’artillerie.
   B la chapelle.
   C les logis seigneuriaux et les communs.
   D l’arsenal.
   E le rempart ceignant la basse-cour.
   F le fossé.
G le chemin couvert.
H le système de la porte d’entrée avec la demi-lune.
J le rempart de la ville fortifiée de Lichtenberg situé au pied du château.
K fausse braie établie à l’endroit de raccordement du chemin couvert et du rempart de la ville. De l’autre côté, le rempart se raccroche à un des bastions de la demi-lune.

Ce plan permet d’une part de compléter la description du château que j’ai effectuée grâce à l’aquarelle de Daniel Specklin et d’autre part de constater que depuis la fin du 16 è siècle, rien ne semble avoir été  modifié.

Prochain article : le déroulement des opérations de siège.

dimanche 17 mars 2019

Cinq châteaux des Vosges gréseuses (30) : LICHTENBERG

Le château à l’époque des HANAU-LICHTENBERG (suite)

L’aquarelle de Daniel Specklin (voir article précedent) permet aussi de se faire une idée assez précise de la défense de la porte d’entrée de l’époque médiévale. Pour accéder au le château, il fallait passer une première porte (N). On se trouvait alors  dans un corridor (O). Là, l’assaillant était à découvert et subissait les traits des défenseurs se trouvant sur le rempart de la basse-cour. La deuxième porte (Q) était établie dans une tour crénelée précédée d’un pont-levis. (P).

Suit alors un tunnel légèrement coudé datant du 15è siècle et débouchant sur la basse-cour (son emplacement est figuré par la lettre R).  Cette forme coudée empêchait les assaillants, une fois passée la deuxième porte, de tirer directement sur les défenseurs postés dans la basse-cour. Ce tunnel était pourvu d’un assommoir et d’un puits  pouvant servir tout aussi bien à l’aération que pour l’attaque. Enfin, au débouché de ce tunnel, était construit un corps de garde qui fut équipé de canonnières par Daniel Specklin. Le tunnel existe encore actuellement.

Cette structure, déjà complexe, a été complétée par l’architecte :
   . Il fit creuser un fossé (H), créant escarpe et contre-escarpe et permettant ainsi de dégager la paroi rocheuse portant le château afin de la rendre plus abrupte. Le fossé fut approfondi à plusieurs reprises. Pour moi, il ne devait pas exister préalablement.  Sur l’aquarelle, la peinture bleue de ces douves, semble faire  penser qu’elles était en eau, cela n’a jamais été possible, vue la porosité de la roche gréseuse
   . Il créa un chemin couvert (T)  pourvu de bastions au rebord de la falaise, la pente de cette falaise servait de glacis naturel.
   . Enfin, il renforça le système d’entrée en établissant, de part et d’autre du corridor d’accès à la tour-porte, une demi-lune pourvue de deux bastions latéraux (U)

La seconde représentation du château de Lichtenberg pose un problème d’identification avec deux attributions possibles : les uns pensent qu’elle est de Daniel Specklin (1536-1589), les autres l’attribuent à Matthaus Merian (1593-1650). La première est une aquarelle, la seconde est une gravure sur cuivre. Au niveau de la datation de ces deux œuvres, l’aquarelle a été peinte avant 1589, la gravure a été réalisée vers 1640. Étonnamment, les deux représentations sont exactement semblables.

J’utiliserai pour ce qui va suivre l’aquarelle attribuée à Daniel Specklin.

Sur cette peinture, apparaît une transformation notoire touchant  le Haut-château : les tours (V) de l’ancien château ont été considérablement renforcées et se terminent désormais par deux terrasses de tir. De même, pour donner plus d’espace à la haute cour, le donjon a été démoli. Enfin, cette aquarelle montre que la partie rocheuse a été recouverte de maçonnerie. .

Les deux tours de la partie gauche ont été préservées.

Un second aménagement est à noter sur cette peinture ; il concerne les défenses de la porte d’entrée : le mur extérieur du corridor d’accès a été rabaissé pour constituer une terrasse d’artillerie basse (X).  De même, la terrasse haute (Y), établie entre le corridor et la paroi de la basse-cour, a été adaptée au tir d’artillerie. Ces deux terrasses dénivelées créèrent  deux niveaux de tir et permirent de donner à la demi-lune son véritable rôle de défense.

prochain article : le château de Lichtenberg à l'époque de Vauban.

vendredi 15 mars 2019

Cinq châteaux des Vosges gréseuses (29) : LICHTENBERG

Le château à l’époque des HANAU-LICHTENBERG

Jusque 1570, le château resta en indivis entre les deux familles de Hanau et de Zweibrücken-Bitche.
La réunification survint à l’extinction de la famille des Zweibrücken-Bitche. (voir article précédent)

Le comte Philippe 5 de Hanau-Lichtenberg, désormais seul possesseur de la seigneurie de Lichtenberg, décida de transformer son château. Il est probable que ce dernier n’avait guère subi de modifications notoires depuis les travaux de l’évêque Conrad de Lichtenberg.

Pour cela, il fallait en grande partie recomposer sa structure  en l’adaptant au style et aux conceptions architecturales de l’époque de la Renaissance :
   . Il fallait d’abord, transformer le logis d’habitation de manière à en faire une résidence palatiale, comme on en trouvait en Italie, avec de larges fenêtres permettant à la lumière d’entrer partout.
   . Surtout, il était nécessaire de modifier les moyens de défense, afin de les adapter à l’utilisation des canons et des armes à feu. Pour cela, on devait utiliser les techniques récemment inventées par les architectes italiens.

Ces nouveaux moyens de défense sont au nombre de quatre :
   . il fallait créer de nouveaux remparts appelés « chemin couvert » (1) en avant des anciens. Ils sont plus larges qu’épais et comportent  une base de terre surmonté d’une terrasse. Le chemin couvert  est précédé d’un glacis (2) en pente, destiné à amortir le choc des boulets de canon. Le terme de chemin couvert s’explique sans peine : il était possible à des soldats de tirer sur les assaillants proches, tout en étant couverts par les tirs de canon que l’on effectuait du haut du rempart principal.
   . En arrière de ce rempart, était creusé un fossé sec ou en eau, il était bordé de deux murs à pans inclinés appelés escarpe (3) et contrescarpe (4).
   . Des bastions (5) s’inséraient aux angles du chemin couvert ; ils étaient construits de manière à ce qu’il n’existe aucun angle de tir mort. Ils comportaient des terrasses où étaient disposés les canons. Les bastions pouvaient aussi comporter des casemates de tir.
   . Des demi-lunes (6) remplaçaient les barbacanes médiévales. C’étaient des fortifications pourvues de bastions qui étaient en particulier situées en avant de la porte d’entrée et lui servait d’accès.

Philippe de Hanau-Lichtenberg, pour mener à bien ses projets,  fit appel à l’architecte de la ville de Strasbourg, Daniel Specklin, qui  avait adapté, précédemment, une partie du rempart de Strasbourg aux nouvelles formes de fortifications. Un de ses dessins théoriques est présenté ci-dessus.

On possède de lui deux aquarelles représentant le château de Lichtenberg.

La première dût servir à mettre en œuvre la première partie des travaux de reconversion des défenses de la forteresse. Cette aquarelle est  précieuse car elle montre bien l’aspect  du château médiéval ainsi que le début des travaux de rénovation.

Au centre de la forteresse se trouve un rocher (A) aux parois probablement recreusées par les hommes pour rendre l’escalade impossible. Il porte le Haut-Château, celui-ci est entouré d’une courtine (B) qui fut arasée par Daniel Specklin pour créer une terrasse d’artillerie. Le haut-château comporte deux tours rondes sur la gauche du dessin (C)  et une autre tour sur la  droite (D) qu’on dit être le logis seigneurial primitif. Au centre de la cour, s’élève le donjon (E). Cette partie de la forteresse devait représenter  la construction originelle. Pour y accéder, il fallait utiliser un chemin escarpé (F).

En contrebas, se trouve la basse-cour, elle est entourée d’une courtine de forme irrégulière comportant des esquisses de tours. Au niveau de cette muraille, apparaissent quelques transformations de l’époque de Daniel Specklin :
     . La courtine (G) a été presque arasée de manière à installer une terrasse adaptée à l’usage des armes à feu et pourvue de fenêtres de tir.
     . Une tour, sans doute préexistante (H), construite en avant du rempart, a été écrêtée pour créer un bastion d’artillerie permettant de protéger l’entrée du château située en contrebas.
     . Certains pans de la muraille (I) comportent des bouches à canon donnant peut-être sur une casemate,

La basse-cour comporte plusieurs logis dont celui construit par l’évêque Conrad de Lichtenberg (J).
Il est desservi par une tour enserrant un escalier à vis et surmontée d’une horloge. Un autre bâtiment (K), également desservi par une tour escalier, se trouvait dans l’alignement du précédent. La présence de plusieurs logis s’imposait puisque le château était possédé en indivision par plusieurs branches de la famille. Parmi ces logis, l’un d’entre eux (L)  comporte  des éléments architecturaux de style renaissance qui font penser à une construction neuve

 Sur cette basse-cour se trouvait la chapelle (M) dont il subsiste actuellement le chœur. Les autres bâtiments étaient sans doute des communs ou d'autres logis de moindre importance.  On ne trouve pas, dans ce château, de tour du puits, il comportait, en effet, une source dont la présence avait été un des arguments décisifs lors du choix d'implantation de la forteresse à créer. . Il existait aussi une citerne servant à recueillir l’eau de pluie sous le sol du haut château ; un puits surmontait cette citerne.

D’autres constructions sur la basse-cour ont été réalisées par Daniel Specklin, mais elles ne sont pas visibles sur l’aquarelle. C’est le cas en particulier de l’arsenal qui jouxte le rocher du haut-château du côté Nord.

A suivre

lundi 11 mars 2019

Cinq châteaux des Vosges gréseuses (28) : LICHTENBERG

L’histoire du château de Lichtenberg

Pour tenter de reconstituer l’histoire du château et de ses seigneurs, j’ai consulté divers documents qui ne donnaient, à ce propos,  que des renseignements partiels et même contradictoires. Le texte ci-dessous est de mon fait, il résulte d’une interprétation de ces sources. Même s’il est sujet à caution dans ses détails, il relate néanmoins les grandes phases de l’histoire de Lichtenberg.

Pour tenter de comprendre cette histoire, il faut d’abord se référer aux événements qui survinrent après la mort de l’empereur Henri 6 Hohenstaufen, fils de Frédéric Barberousse, en 1196. Il existait deux prétendants à la succession du défunt, Philippe de Souabe, frère d'Henri 6 et Otton de Brunswick. Pour punir ceux qui soutenaient Otton en Alsace, les armées des Hohenstaufen envahirent le pays, ils s’emparèrent, entre autre, du château de Hunebourg tenu par une puissante famille comtale richement possessionnée en Alsace du Nord, sous la vassalité de l’évêque de Metz. Ils possédaient en particulier la région où sera construit plus tard le château de Lichtenberg. Au cours de l’assaut, le comte de Hunebourg fut tué ainsi de ses deux frères ; l’héritage des Hunebourg revint donc au quatrième frère de la fratrie, Conrad ; celui-ci était  devenu évêque de Strasbourg, de ce fait, il n’aurait pas d’héritier direct.

Pour cogérer le comté de Hunebourg, Conrad  s’entendit alors avec un autre seigneur du voisinage, Albert (2) de Dabo-Moha qui était aussi comte de Metz, également sous la vassalité de l’évêque de Metz. Ce sont ces deux personnages qui s’entendirent pour créer un nouveau château afin de défendre leurs possessions orientales, le choix fut fait, aux alentours de 1202,  d’un promontoire jusqu’alors dépourvu de défense ; il fut appelé Lichtenberg.

Pour assurer la garde du château, les coseigneurs s’entendirent pour désigner une famille qui devait être apparentée à la fois à l’évêque et au comte. Comme à l’accoutumée, cette famille prit le nom du château et eut très vite l’ambition de s’abstraire des tutelles de leurs suzerains et de proclamer leur seigneurie, franche de toute dépendance.

C’est en 1209 qu’apparaît pour la première fois  dans une charte le nom de Lichtenberg.

Les sires de Lichtenberg profitèrent de la mort de leurs deux coseigneurs pour réussir  dans leurs ambitions :
   . Conrad de Hunebourg mourut en 1202, il est probable qu’il possédait un logis au château, celui-ci fut alors habité par un certain Rodolphe, membre du chapitre de Strasbourg et archidiacre qui mourut à son tour en 1209.
   . Albert de Dabo-Moha décéda en 1212, il n’eut qu’une héritière, Gertrude, qui, mariée à trois reprises, n’eut cependant pas d’héritier. Quand elle mourut en 1225, les terres alsaciennes de Dabo revinrent à l’évêque de Strasbourg.

Il est probable que c’est après la mort de Gertrude, que les terres de Hunebourg, entrées en déshérence, furent inféodées par l’évêque de Metz aux Lichtenberg. En 1241, le sire de Lichtenberg reçut en outre l’avouerie des terres de l’évêché de Strasbourg avec le droit de faire de leurs fils cadets un chanoine prébendier du chapitre épiscopal. Les Lichtenberg héritèrent aussi de la charge de prévôt de l’abbaye de Neuvillers les Saverne fondé par l’évêque de Metz, jusqu'alors tenu par les Hunebourg.  Ainsi, les sires de Lichtenberg dépendaient de deux évêques, ceux de Metz et de Strasbourg.

C’est à cette période qu'ils crûrent pouvoir se débarrasser de la tutelle de l’évêque de Metz en profitant des dissensions survenues, à la mort de l’évêque Jacques de Lorraine (1261). Deux candidats aspiraient  à la succession, Philippe de Florange et Guillaume du Traînel ; le sire de Lichtenberg du moment décida d’intervenir et s’érigea en protecteur de l’évêché. Ce fut pour lui malencontreux car le duc de Lorraine, Ferry 3, prit les armes et le contraignit à se reconnaître à nouveau vassal-lige de l’évêque de Metz.

A la fin du 13 è siècle, La notoriété de la famille vint plutôt du côté de l’évêché de Strasbourg. En effet,  comme convenu par l’accord de 1241, Louis 1er de Lichtenberg fit de  son fils cadet, Conrad, un chanoine de la cathédrale de Strasbourg. En 1273, il fut élu évêque de Strasbourg et le restera jusqu’à sa mort en 1293. Il fit ériger la façade occidentale de la cathédrale de Strasbourg ainsi qu’un logis  seigneurial dans le château de Lichtenberg, resté en indivision dans la famille. On dit que Conrad puisa largement dans les ressources de l’évêché pour se construire une résidence digne de ce nom. A sa mort, son frère  Frédéric fut également élu évêque de Strasbourg (de 1299 à 1305). Un troisième membre de la famille, Jean fut aussi évêque de 1353 à 1365, il reçut le titre de Landvogt de Basse Alsace, titre que conservèrent ensuite les évêques de Strasbourg.

Pendant toute la période les querelles furent très nombreuses entre les différentes branches de la famille qui possédaient en indivis le château et la seigneurie de Lichtenberg. A l’époque de l’évêque Jean, il existait trois branches entre lesquelles la mésentente déboucha même sur des conflits armés.

Pour éviter ces dissensions, un accord fut signé, il stipulait que chaque branche s’engageait, en cas d’absence prévisible  de survivants dans sa famille, à remettre sa part aux survivants, c’est ainsi qu’en 1405, sous Louis 4, la seigneurie fut réunifiée. Cependant à sa mort en 1434, la seigneurie fut à nouveau divisée entre ses deux fils Louis et Jacques qui ne s’entendaient pas. Il fallut attendre 1470 pour que se produise une nouvelle réunification sous Jacques à la mort de son frère.

Jacques de Lichtenberg fut élevé à la dignité comtale par l’empereur Frédéric 3, il sera le seul à porter ce titre car il n’eut pas d’héritier pour lui succéder à cette dignité ; à sa mort, survenue en 1480, ce sont ses deux nièces, les filles de Louis, qui reçurent ses possessions :
     . Anne épousa le comte Philippe de Hanau.
     . Elisabeth épousa le comte de Zweibrücken-Bitche.

C’est donc en 1480 que survint l’extinction de la dynastie apparue au tout début du 13è siècle.

LA SEIGNEURIE DE LICHTENSTEIN DANS SON ENVIRONNEMENT POLITIQUE 
AU 14è SIECLE
   .
Prochain article : le château de Lichtenberg à l'époque des Hanau-Lichtenberg 

vendredi 8 mars 2019

Cinq châteaux des Vosges gréseuses (27) : LICHTENBERG

Au cours de ce chapitre consacré aux châteaux médiévaux de l’Alsace Bossue, l’ordre de mes descriptions n’est pas le fait du hasard : j’ai tenté, en effet, d’établir une hiérarchie dans les impressions que m’ont données  les visites des quatre premiers châteaux décrits :

   . Le château de FALKENSTEIN est une ruine laissée tel quelle, sans intervention contemporaine malencontreuse, c’est dans ce château que l’on ressent le mieux l’ambiance régnant à l’époque médiévale. C’est là aussi que l’on retrouve toute la poésie et la magie d’un lieu chargé d’histoire qui se laisse découvrir en silence au hasard de la promenade.

   . Le château de FLECKENSTEIN a subi une première altération, minime toutefois, quand il fut transformé  en une sorte de parc de loisirs pour les enfants : le parcours ludique organisé rompt le rythme de la visite et enlève tout le charme de la découverte : il faut avoir beaucoup de concentration d'esprit au milieu des familles braillardes côtoyant le visiteur, pour se laisser aller à son imagination.

   . Le château du HAUT BARR serait resté une belle ruine s’il n’avait pas été construit cette auberge d’un pseudo style germanique étalant sa terrasse au milieu des ruines ;  ressentir, par exemple,  la spécificité architecturale d’une tour au milieu des clients venant consommer, n’est pas chose aisée.

   . Le château de LUTZELSTEIN que je viens de décrire, aurait dû être un enchantement vu l’importance historique de la citadelle. Il  ne présente, hélas,  au visiteur que des bâches de plastique incongrues dans le magnifique écrin des collines forestières des Vosges gréseuses.

   . Le dernier château que je me propose de décrire est celui de LICHTENBERG. Pour moi, il est l’archétype de ce qu’il ne faut pas faire : non seulement, il est devenu un lieu de loisirs mais surtout, on a voulu réhabiliter les ruines en « glissant de nouvelles formes architecturales dans les ruines » ; le  résultat est en grande partie désastreux : comment peut-on ressentir le passé quand le regard est agressé par ces aménagements disharmonieux qui rompent toute l’ambiance à laquelle on aspire quand on visite un château médiéval. C’est dommage, car le château, comme les précédents, possède une riche histoire et des ruines particulièrement intéressantes.

Prochain article : l’histoire du château de Lichtenberg

mercredi 6 mars 2019

Cinq châteaux des Vosges gréseuses (26) : LUTZELSTEIN (LA PETITE PIERRE)

Le renforcement de la citadelle de Lutzelstein selon les plans de Vauban

Il ne reste que quelques murs des fortifications aménagées à l’époque de Louis 14 et détruits en 1872 ;  En outre, l’ensemble  des ruines est actuellement  peu visible car la forêt a colonisé la zone.

Comme précédemment lors de ma description du château, j’ai redessiné l’aspect que devaient posséder les aménagements construits au 17è siècle à partir d’un plan en 3D présenté sur un terre-plein dominant ces anciennes fortifications
 

 . Venant du chemin (1), il fallait, pour entrer dans le Stadtel, passer un premier fossé (2) par un  pont-levis qui donnait à une demi-lune (3) 

. On accédait alors, par un second pont-levis  construit au-dessus d’un nouveau fossé (4), à un nouvel ouvrage (5) qu’il fallait traverser pour accéder au chemin (6) menant au Stadtel

   . Par un troisième pont-levis au-dessus du troisième fossé (7),  on pouvait alors gagner la porte du Stadtel (8).

   . Enfin, en avant de cet ensemble, était construit un mur d’escarpe à la forme irrégulière  correspondant au rebord du promontoire (9)

Photo de droite, le mur de la demi-lune
Photo de gauche, une poterne faisant sans doute partie des ouvrages avancés de la fortification

L’ensemble construit en avant du Lutzelstein ne ressemble pas aux grandes forteresses aménagées par Vauban (absence en particulier  de bastions), cela s’explique aisément du fait de l’étroitesse du promontoire.

Prochain article : le château de Lichtenberg

lundi 4 mars 2019

Cinq châteaux des Vosges gréseuses (25) : LUTZELSTEIN (LA PETITE PIERRE)

Le château de Lutzelstein

N’ayant pas visité le château proprement dit à cause des travaux qui en interdisent l’entrée, je me contenterai de donner, ci-dessous, les indications que j’ai pu trouver par ailleurs en les reportant à la fois  sur le plan général de la citadelle et sur un dessin représentant la partie centrale du logis que j’ai effectué grâce aux gravures anciennes existantes.

(G) Un fossé sépare la ville haute de la ville ancienne ; au fond de ce fossé se trouve une citerne. Le mur d’enceinte est, ici, bien conservé, il comporte une échauguette ainsi que des meurtrières établies au niveau du sol intérieur du château. Le fossé est fermé latéralement par des murs pourvus de fenêtres de tir.

(M) La porte d’entrée du château de style renaissance.Elle était défendue par un pont-levis dont on aperçoit encore le mécanisme.

(N) un étroit passage mène au logis seigneurial qui s’ouvre par une tour escalier (O).

(P) le logis seigneurial, réaménagé à l’époque de Georges-Jean, servit ensuite de casernement pour la garnison française ; en 1870, il devint le siège de l’administration des Eaux et Forêts du Reichland puis, en 1975, celui du Parc Naturel Régional des Vosges du Nord.

(Q) une poudrière remplaça l’ancien donjon détruit.

(R) jardin ( ?) aménagé en terrasse d’artillerie.

(S) rocher en avancée ayant probablement servi de tour de guet.
A suivre

samedi 2 mars 2019

Cinq châteaux des Vosges gréseuses (24) : LUTZELSTEIN (LA PETITE PIERRE)

LA CHAPELLE SAINT LOUIS

Quand les armées de Louis 14 s’emparèrent  de Lutzelstein,  le roi décida non seulement  de conserver le château et même d’en augmenter les défenses mais aussi d'y maintenir une garnison.

L’église étant alors dévolue au protestantisme, il n’existait pas de lieu de culte pour les soldats français d’obédience catholique. Cela explique que l’on construisît pour eux une chapelle dédiée à saint Louis, l’ancêtre du roi. Cette chapelle fut en service de 1683 année de sa consécration, à 1737, date de la transformation de l’église protestante en église Simultanée (le chœur devenant catholique tandis que la nef conservait le culte protestant). Après différentes affectations, la chapelle est devenue le « musée du sceau alsacien ».



LES FORTIFICATIONS DU STADTEL

Au niveau du promontoire portant la ville, il n’est possible de ne voir qu'une partie de la muraille dans un parc accessible au public : elle comprenait des fenêtres de tir d’artillerie.

Le reste du rempart est  probablement détruit ou masqué  par des constructions postérieurement ajoutées.





Pour mesurer l’importance des fortifications, il faut se rendre en contrebas du promontoire et parcourir le chemin qui court le long de celui-ci. A cet endroit, comme dans les autres châteaux de l'Alsace bossue, on retrouve une  falaise retaillée dans le grès. Il arrive même que la falaise soit en surplomb sur le chemin. Parfois, lorsque les frondaisons des arbres s’écartent un peu, on peut apercevoir les restes du rempart  de la ville, reconnaissables à leurs  murs rectilignes.




C’est seulement dans les endroits où la pente du promontoire s’adoucit que sont construits de hauts murs de grès à bossage.



Dans cet ensemble impressionnant, la principale attraction est la tour du puits non à cause de son originalité, car de telles tours apparaissent dans les autres châteaux, mais par le fait que l’on peut apercevoir un des deux bassins alimentant les puits, ainsi que les galeries d’amenées d’eau creusées dans la roche à l’époque de Georges-Jean.


Prochain article : le château