REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

samedi 29 avril 2017

LES CANARIES : impression de voyage (12) L’ILE DE GRAND CANARIA

LES TROIS FACES DE GRAN CANARIA.

Ce qui m’a frappé le plus lors de ma visite de la Grande Canarie, c’est la présence de deux dissymétries : d’abord entre l’ouest et l’est, ensuite entre le nord et le sud, ce qui détermine une double dissymétrie Ouest-Est et Nord-Sud.

Pour s’en rendre compte, il suffit de parcourir l’île de La Palma jusque Marsopaloma puis de remonter vers le Nord jusqu’au niveau du Roque Nubio et de redescendre ensuite des sommets jusqu’à La Palma.

La DISSYMÉTRIE OUEST-EST est essentiellement due aux interventions humaines et à la politique économique de l’île : alors que la partie occidentale de l’île a  gardé quasiment intacts, les paysages naturels et traditionnels, la côte orientale a été complètement dénaturée par une succession quasiment  ininterrompue d’implantations humaines. On le remarque dès l'arrivée à Las Palmas, la ville semble s’être donnée en effet des airs de ville américaine avec son front de mer composé de buildings qui évoquent, toute proportion gardée, les « central business district » des villes des États Unis.

Cette impression d’un dynamisme pliant la nature à ses ambitions, se renforce lorsque l’on se rend de La Palmas à San Augustin par la rutilante autoroute littorale ; ce n’est qu’une succession de zones industrielles ( usine de désalinisation, centrale thermique, entreprises...) et de zones commerciales ; la plupart prennent la forme de hideux blocs parallélépipédiques de tôles surmontés des enseignes aguicheuses d’une grande partie des sociétés européennes et mondiales. L’aéroport se trouve aussi à cet endroit. Quand un semblant de secteur naturel apparaît, il est déparé par les champs d’éoliennes et par de nombreuses serres. On est d’autant plus frustré que, derrière cet écran de pseudo modernisme, on aperçoit les montagnes qui ferment l’horizon.

C’est au Sud-Est que la dénaturation du paysage atteint son paroxysme avec une ligne continue de stations balnéaires ; dans ce secteur en effet, les pluies sont peu abondantes et  le soleil est garanti toute l’année ; de l’autoroute, on aperçoit le front de résidences qui ont escaladé les collines littorales pour envahir la plaine.

A suivre...

jeudi 27 avril 2017

LES CANARIES : impression de voyage (11) L’ILE DE GRAND CANARIA

LA CONSTITUTION DE GRAN CANARIA

L’île de Gran CANARIA possède une forme massive et quasi circulaire, typique des volcans-boucliers; On peut discerner quatre stades d’éruptions :
 
Apparaissent, en ROUGE, les parties visibles du bouclier primitif ; une grande partie de celles-ci se trouve au Sud-Ouest mais d’autres traces éparses apparaissent dans toute l’île, ce bouclier fut constitué entre 14.5 et 14 millions d’années.

En ORANGE sont représentées les différentes phases qui ont conduit au paysage actuel de caldeira sommitale d’un stratovolcan :
          . Lors de la diminution de la phase active qui a constitué le bouclier, la partie sommitale de ce volcan primitif s’effondra ce qui créa une vaste caldeira. La limite de cette caldeira originelle, bien visible au sud-Ouest, est matérialisée sur la carte par un trait en pointillé noir.
          . Dans cette caldeira apparaît,  il y a 13 millions d'années, un nouveau  stratovolcan qui a recouvert une grande partie  du bouclier et associe phonolite et trachyte (1) avec insertion de syénite (2) les restes de ce stratovolcan sont mentionnés en ORANGE CLAIR sur le plan : les couches volcaniques de ce stratovolcan sont continues dans la moitié Sud-Est et apparaissent à l’état de bribes sur l’autre moitié,

Apres une longue période d’inactivité volcanique, se produisit au pliocène (entre 5 et 3 millions d’années) de nouvelles éruptions appelées du nom de leur principal stratovolcan, le complexe du Roque Nublo (ORANGE FONCÉ). L’épicentre se situa aussi sur le rebord de la caldeira et les coulées se développèrent radialement  dans toute l’île. Ce nouvel épisode volcanique créa les deux sommets de l’île, le Roque Nubio (il atteignait 2500/2600 m s’est lentement érodé et culmine à 1813 m) et  le Pico De Las Nieves (1949 m).  On retrouve les traces de ce complexe à la fois au sommet de la caldeira et sous forme de coulées tout autour de l’île. (3)

En VERT,  sont figurés les paysages constitués par les coulées récentes le long d’un Rift d’orientation NO-SE ; elles se trouvent essentiellement dans la moitié Nord-Est de l’île et correspondent aux deux dernières éruptions volcaniques survenues à, Gran Canaria à l’époque plio-quaternaire. Ces éruptions sont classées selon les géologues dans la phase de régénérescence.

En BLANC  sur la carte, sont représentées les divers formes dus à l’érosion :
.             . Zones d’effondrement,
              . Vallées creusées par les rivières,
              . Plaines littorales résultant à la fois des apports des rivières et à leur façonnage par  la mer,
 
.1 trachytes et rhyolites sont des roches de type effusif, ils ont subi une cristallisation fractionnée de basalte alcalin mais qui n’a pas directement migré de leur zone de formation à 30 km de profondeur vers la surface ; ils sont restés stockés dans une chambre magmatique  située à 10 km de profondeur et ont évolué en s’enrichissant en silice par fusion de la croûte terrestre environnante.

.2 la syénite est une roche plutonique qui s’est cristallisée en profondeur en se refroidissant lentement

.3 Selon les géologues, ce dernier massif volcanique est classé dans la phase de régénérescence,

mardi 25 avril 2017

LES CANARIES : impression de voyage (10) LANZAROT

LES PAYSAGES DU MASSIF DE LA CORONA.

La région entourant le cône volcanique de la Corona a été constituée il y a environ  7000 ans, elle présente les mêmes caractéristiques morphologiques que la région de Timanfaya : un cône volcanique et de vastes zones d'épandage  de lave. Pourtant, il apparait dans cette région une évolution importante par rapport à celle de Timanfaya : la végétation a repris ses droits, les lichens ont cédé la place à des euphorbes qui forment un moutonnement d’arbustes verts à petites fleurs jaunes ressortant bien sur le sol noir de lave basaltique. On se demande comment un arbuste peut pousser dans de tels endroits ! J’ai peine à imaginer les racines de l’arbre plongeant dans les interstices rocheux pour trouver un semblant de sol arable.


Cet aspect de la Corona me fit une nouvelle fois ressentir la brièveté de notre vie humaine : l’immuabilité que j’avais ressentie au parc de Timanfaya n’est que la conséquence de ce court laps de temps qui nous est accordé ; dans des milliers d’années, Timanfaya ressemblera à l’actuel aspect de la Corona et la Corona  portera un sol fertile qu’il sera enfin possible de cultiver. nous ne serons évidemment pas là pour le voir !

Ainsi, ma visite de Lanzarote m’a plutôt conduit à des réflexions esthétiques et philosophiques sans que je cherche spécialement à comprendre scientifiquement les paysages de l’île. Ce n’est qu’à mon retour de voyage que je me suis intéressé à ce dernier aspect que, pour la clarté de cet article, j’ai placé ici dans ma première partie.

Prochain article : GRAND CANARIA

dimanche 23 avril 2017

LES CANARIES : impression de voyage (9) LANZAROTE

LA GERIA

La Geria se trouve aux pourtours  immédiats des formes volcaniques de l’éruption de Timanfaya. Autant on peut être impressionné par le spectacle minéral qu’offre les paysages de Timanfaya, autant on peut admirer, en parcourant la Geria, la surprenante capacité de l'être humain à trouver les moyens de s’adapter aux conditions naturelles si difficiles qu’elles soient.

L’homme chassé de la zone de l’éruption par des forces plus puissantes que lui, ne s’avoua pas vaincu, Il s’installa à la périphérie du massif et y fit renaître sa civilisation. Dans cette zone de la Geria se trouvent de nombreux villages composés de petites maisons cubiques étincelantes de blancheur

Les paysages ne semblent pourtant guère propices à la présence de l’homme, le sol se compose d’une couche de cendres volcaniques disposée par le vent au-dessus du sol primitif.  Bien entendu, Il n’est pas question de planter des céréales comme autrefois mais de cultiver une plante qui pouvait s’adapter à ces nouvelles conditions : ce fut la vigne.

La photo ci-contre montre les techniques employées : on creuse un entonnoir dans la cendre pour retrouver le sol primitif, on plante la vigne au fond de cet entonnoir et on le protège des nouveaux apports éoliens en créant de petits murets de pierres.



Au fil du temps, les habitants constatèrent que ce système cultural au fond d’un entonnoir de cendres avait beaucoup d’avantages ;  la cendre en effet possède deux qualités précieuses :
   . Elle peut servir de régulateur thermique en cas de froidure,
   . Surtout, elle conserve l’humidité de l’air et de la rosée ce qui permet de suppléer à l’aridité du climat.

La production de vin est certes peu importante mais le vin était apprécié en particulier par les anglais ; les habitants de l’île aiment à rappeler que le vin de Malvoisie était, selon Shakespeare, la boisson préféré de Falstaff.

Ainsi, malgré sa petitesse et sa faiblesse face à la puissance des forces naturelles, l'homme fut capable, par son ingéniosité et son opiniâtreté, de les adapter à son avantage.

Cette forme d’agriculture était très contraignante et nécessitait beaucoup de travaux, elle déclina dès qu’il fut possible d’irriguer grâce à la construction des usines de déstalinisation ; de nombreux entonnoirs sont délaissés, en particulier ceux qui se trouvent sur les flancs des cônes volcaniques.

Pourtant, l’expérience du passé ne fut pas oubliée : en remontant vers le nord, se trouve une région infertile couverte de sable éolien,  appelée le RABLE. A l’état naturel,  le sol n’est couvert que d’une maigre steppe. Pour créer des parcelles de cultures, les Lanzaroti vont les recouvrir de cendres volcaniques qu’ils vont chercher sur le flanc des montagnes, ces parcelles sont entourées de murets protecteurs. Il est alors possible de cultiver en irriguant.

Dans cette zone, le contraste est frappant entre le sol ocre des steppes et les parcelles de couleur noire sur lesquelles apparaissent les taches vertes des alignements de cultures.


Une nouvelle fois, on ne peut qu’admirer l’extraordinaire capacité de l’homme à s’adapter à son cadre naturel, même dans les situations les plus difficiles.

vendredi 21 avril 2017

LES CANARIES : impression de voyage (8) LANZAROTE

LE PARC NATUREL DE TIMANFAYA (suite)

Le deuxième sentiment qui m’anima face à ce grandiose paysage est une  l'impression surprenante d'antagonisme entre cet homoncule que je suis en réalité et ce que je peux apercevoir du haut de la colline où je me trouvais : je sais que je ne suis qu’un être minuscule voué à une vie d’un instant qui ne laissera aucune trace de son existence ; pourtant j'étais capable à cet instant de percevoir dans sa globalité un immense panorama sans commune mesure avec ma petitesse. Je ressentais en moi cette étrange impression de ne plus être sur une élévation du relief mais de me trouver sur un sol plat de faible altitude et de m’élever, tel un géant, vers le ciel éthéré pour embrasser d’un seul coup d’œil toute la Création,


Mon regard s’accrochait aux cônes volcaniques qui me paraissaient minuscules, passant sans effort de l’un à l'autre ; je suivais des yeux les coulées de lave sans même imaginer qu’elles avaient été autrefois un torrent de lave rougeoyant, je ressentais à mon échelle l'immuabilité du lieu.

Plus rien ne semblait exister, il y avait certes des gens autour de moi qui discutaient joyeusement, je ne les entendais pas, rien ne semblait troubler ma sérénité et ma profonde quiétude ; j’étais baigné par un vent puissant que je ressentais comme le dispensateur  d'un bien-être supplémentaire. Le temps semblait s’être arrêté afin de me permettre de jouir de cet instant d’éternité, j’avais cessé de penser, tout mon être visait à rester en communion avec l'immensité ; il me semblait que je ne faisais plus qu’un avec l’univers. Plus rien d'autre ne comptait pour moi à cet instant.

Il me fallut hélas retomber sur terre, retrouver les futilités de l'instantanéité ;  je redevenais cet homoncule qu’un instant j’avais oublié ; je me mis à penser alors combien Nietzche avait raison quand il aspirait à l’éternel retour de ces instants d’éternité et de totale communion avec le réel.  Ce n’était certes pas la première fois que je ressentais cette impression . un tableau de Rembrandt, une fleur givrée, l’église de Wies en Bavière, une éruption du Stromboli m’avaient déjà prodigué ce type de sensations, à chaque fois qu'une je redescendais sur terre, j’avais songé à « l’éternel retour » du philosophe.

Ce n’est que bien plus tard que je me suis intéressé à l’histoire géologique mentionnée précédemment ; pendant mon voyage, je préférai rester sur les sensations que je viens de décrire plutôt que de les dénaturer par une explication scientifique.

mercredi 19 avril 2017

LES CANARIES : impression de voyage (7) LANZAROTE

LE PARC NATUREL DE TIMANFAYA (suite)

Face à ces paysages, deux impressions contradictoires apparurent en moi.

La première concerne la nature. Certes, je sais que la nature n’est qu’un ensemble de forces antagonistes, sans âme ni dessein particulier répétant  sans cesse les mêmes cycles en trois phases : construction, destruction, reconstruction.. : la surrection des montagnes est suivie de l'érosion des glaciers et des rivières qui recherchent leurs profils d’équilibre, les vents déplacent les sols les plus fins, la mer crée les plages et les falaises qui régularisent les côtes... Ces différents épisodes relèvent certes d’une logique mais sans que l’on en discerne une quelconque finalité

Je sais aussi que notre vision des choses est due aux qualités physiques de l’oeil et du cerveau humain, capables de percevoir une infinité de nuances de couleur mais agissant dans un registre d’ondes lumineuses nettement limité. Il en résulte que ce que je vois est totalement subjectif et ne représente pas la « chose en soi »


 Pourtant, devant le spectacle des formes volcaniques de TIMANFAYA, on ne peut que ressentir la beauté et la magnificence de la nature qui s’offre au  regard. L’harmonie des formes est étonnante : le relief déchiqueté des coulées de laves volcaniques se juxtapose aux formes coniques des volcans dont la perfection géométrique est renforcée par les épaisses couches de cendres qui les recouvrent.

La palette des couleurs accessibles à l’oeil humain  est ici particulièrement somptueuse : le noir de la lave basaltique se conjugue avec l’ocre et le rouge des cendres volcaniques en formant un contraste frappant avec le bleu du ciel sans nuages et le bleu de la mer qui s’ourle du blanc de l’écume des vagues se brisant sur les basses falaises  formant le littoral.

Je me dis alors que tant de beauté et d’harmonie ne peuvent pas être que le fruit d’un hasard aveugle et qu’il doit exister quelque part un principe directeur qui organise tout cela sans que nous puissions en percevoir la finalité, un grand horloger comme le disait Voltaire, un Dieu comme celui qui, le sixième  jour, « vit tout ce qu'il avait fait et ...cela était très bon. » (Genèse 1-31). J’aime à un complaire dans cette idée, même si je sais qu’il s’agit d’une impression métaphysique sans fondement avéré.


dimanche 16 avril 2017

LES CANARIES : impression de voyage (6) LANZAROTE

LE PARC NATUREL DE TIMANFAYA (suite)

Lorsqu’on visite le parc de TIMANFAYA, on oublie très vite toute rationalité scientifique et toute explication géologique pour ne contempler que l’extraordinaire spectacle qui se déploie devant nos yeux.


En premier lieu, où que l’on tourne le regard, on ne trouve pratiquement pas d’implantations humaines, les seules qui existent, outre la route des volcans, sont des constructions basses habilement dissimulées car construites en parement de lave. C’est près d’une de ces implantations que l’on peut apercevoir quelques expériences qui montrent que la chaleur apparaît presque sous nos pieds. Il suffit de creuser de quelques centimètres le sol pour trouver du sable brûlant !

Hormis ces constructions, il n’y a aucune trace de villages ou de cultures ; pourtant, trois cents ans se sont écoulés après l’éruption ! Il ne reste rien qu’un paysage minéral, sans vie ; rien ne semble avoir changé depuis le 18ème siècle à l’exception seulement d’une timide colonisation par les lichens et par quelques buissons épars.

À suivre...

vendredi 14 avril 2017

LES CANARIES : impression de voyage (5) LANZAROTE

LE PARC NATUREL DE TIMANFAYA

Le parc naturel de TIMANFAYA correspond aux dernières éruptions volcaniques survenues dans l’île entre 1730-36 pour la principale et ensuite en 1824. Cette éruption est bien connue grâce au témoignage d’un prêtre, don Andres Lorenzo Curbelo, curé de Yaiza. En voici quelques extraits relatant les premiers jours de l'éruption :

Le 1° septembre 1730, entre neuf heures et dix heures du soir, la terre s’entrouvrit tout à coup auprès de Timanfaya, à deux lieues de Yaiza.

Dès la première nuit, une énorme montagne s’était élevée du sein de la terre et de son sommet s’échappait des flammes qui continuèrent à brûler pendant dix-neuf jours... un torrent de lave se précipita sur Timanfaya, sur Rodeo et sur une partie de Mancha Blanca. La lave s’écoula sur les villages vers le nord, d’abord avec autant de rapidité que l’eau, mais bientôt sa vitesse se ralentit et elle ne coula plus que comme le miel ...

Le 11 septembre, l’éruption se renouvela avec force et la lave recommença à couler. De Santa Catalina, elle se précipita sur Maso, incendia et recouvrit tout ce village et poursuivit son chemin jusqu’à la mer ; elle coula pendant six jours de suite avec un bruit effroyable et en formant de véritables cataractes. Une grande quantité de poissons morts surnageaient à la surface des eaux de la mer...

 Bientôt tout se calma. Mais le 18 octobre, trois nouvelles ouvertures se formèrent au-dessus de Santa Catalina qui brûlait encore et de ses orifices s’échappèrent des masses d’une fumée épaisse qui s’étendit sur toute l’île... Les coups de tonnerre et les explosions qui accompagnèrent ces phénomènes, l’obscurité produite par la masse de cendres et de fumées qui recouvrait l’île, forcèrent plus d’une fois les habitants de Yaiza et des lieux voisins, à prendre la fuite...

Le 28 octobre, l’action volcanique s’était exercée de cette manière pendant 10 jours entiers, lorsque tout à coup le bétail tomba mort, asphyxié dans toute la contrée, par un dégagement de vapeurs pestilentielles, qui se condensèrent et tombèrent sous forme de gouttelettes. Le 30 octobre tout redevint tranquille.

Chaque fois que les hommes croyaient que leur malheur s’achevait, de nouvelles fissures s’ouvraient, de nouveaux cônes s’érigeaient. Il y eu même des éruptions sous-marines...

Ce texte permet de montrer les trois phases de l'éruption :
    . La « terre s’entrouvre »
    . Apparition d’une montagne au sommet incandescent
    . Un torrent de lave s’écoule d’abord rapidement puis plus lentement, ce qui permit aux habitants d’évacuer leurs villages

Ensuite, le même cycle recommence,  de nouvelles fissures se produisent qui créent de nouveaux cônes et de nouvelles coulées de lave et conduisent à l’évacuation des villages puis à leur destruction et à leur ensevelissement sous la lave.

mercredi 12 avril 2017

LES CANARIES : impression de voyage (4) ; LANZAROTE

L'ÎLE DE LANZAROTE (suite)

La carte ci-contre montre de façon simplifiée les différentes phases de la construction de Lanzarote et la constitution de deux paysages dominants :

En ROUGE, les massifs volcaniques  anciens du stade du bouclier, ils correspondent à deux périodes d'éruptions successives :
   .   Le premier massif émergé au miocène moyen (entre 14,5 et 13,5 MA) est celui d’AJACHE,  il prend la forme d’un puissant massif volcanique s’élevant au-dessus d’un substrat sédimentaire sous-marin.
   .  Après 3 millions d’années d’inactivité volcanique, alors que le massif d’Ajache s’est lentement érodé, naît au nord de l’île actuelle un autre massif volcanique, celui de FAMARA, (miocène-pliocène entre 10,2 et 3,8 MA) ; à ce moment, il existe deux îles séparées par un bras de mer ainsi qu’un massif appelé Tlas (miocène supérieur 6,5-5,7 Ma)

Ces massifs sont si érodés que la partie visible actuellement ne se présente que comme de lourdes crêtes entaillées par les vallées.

 En VERT, les paysages constitués le long du Rift correspondent  en géologie à la phase  de régénérescence ; ils vont relier les deux boucliers  primitifs et se présentent sous deux aspects :
     . Des formes anciennes (VERT CLAIR) du pléistocène constituant la majeure partie de la structure de la partie centrale de l’île.
     . Des formes récentes (VERT FONCÉ) nées des deux dernières éruptions qui se produisirent pour l’une, à l’aube de l’humanité, (massif de la CORONA), et pour l’autre entre 1730-36 puis en 1824 (massif de TIMANFAYA)

Ces éruptions, même les plus récentes,  n’ont pas créées de montagnes. L’explication réside dans leurs  modes de constructions  qui prirent  deux formes particulièrement bien visibles sur les deux photos ci-dessous du parc de Timanfaya :

    . De grands épanchements de laves basaltiques très fluides de type hawaïen qui, de ce fait,  s’étalèrent sur de longues distances en agrandissant la superficie de l´île sans en augmenter l’altitude,
   . A ces épanchements de lave s’ajouta simultanément  la création de cônes volcaniques sur la ligne de Rift témoignant d’une activité volcanique de type strombolien avec projection de scories et de cendres. Ces cônes volcaniques évoluèrent ensuite en petites caldeira qui agrandirent le cratère primitif.

Ce sont ces deux dernières éruptions qui créent, selon moi, les plus beaux paysages et qui, à eux seuls méritent une visite de Lanzarote.

lundi 10 avril 2017

LES CANARIES : impression de voyage (3) LANZAROTE

L'ÎLE DE LANZAROTE

L’ile canarienne de Lanzarote est une des plus surprenantes des Canaries en ce sens qu’elle est aux antipodes des clichés auxquels on relie habituellement l’archipel : lieu de vacances idylliques, association de plages et de hautes montagnes verdoyantes, luxuriance de la végétation...Aucun de ces clichés ne s’applique à Lanzarote.

Ce qui frappe de prime abord, c’est l’aridité qui règne dans l’île. Il pleut 200 mm d’eau par an alors que la moyenne des précipitations à Tenerife est  de 992 mm. Cette aridité se remarque partout, une maigre steppe jaune pousse dans les endroits qui ont assez de terre pour permettre sa présence. Autrefois, les habitants devaient se contenter de ces maigres ressources en eau prenant la forme de pluies d’hiver grâce à des citernes mais aussi grâce à  l’apport d’eau transportée par bateaux-citernes venus des autres îles macaronésiennes.

Ce faible apport d’eau fut compensé par la construction d’usines de désalinisation consécutives aux projets de développement du tourisme et des stations balnéaires, il fallait en effet beaucoup d’eau pour emplir les piscines, entretenir les  pelouses et pour répondre aux exigences des vacanciers !

Désormais, Lanzarote peut pratiquer une agriculture irriguée qui met d’ailleurs en péril les anciennes pratiques culturales traditionnelles comme on le verra plus loin.

Cette aridité est due au fait du faible relief, Le point culminant de l’île est à 670 m alors que le Teide de Tenerife culmine à 3718 m. Dans tout l’archipel des Canaries, les pluies sont apportées par les alizés, des vents constants soufflant du Nord-Est au Sud-Ouest et traversant l’Atlantique pour gagner les îles antillaises et la côte américaine. Ces vents se chargent d’eau sur l’océan ; lorsqu’ils doivent s'élever du fait du relief, ils « s’allègent » déversant leurs pluies sur les versants qu’ils rencontrent. A Lanzarote, la faible altitude du relief n’accroche pas les alizés qui se contentent de passer sur l’île sans guère y prodiguer  leurs pluies.

La faible altitude générale peut paraître surprenante pour une île volcanique. On pourrait certes  penser que l’île est si ancienne que les volcans ont été tant érodés et qu’il n’en reste que des reliefs résiduels ; ce n’est pas le cas puisque la dernière éruption volcanique a eu lieu au début du 18ème siècle !  Pour expliquer ce paradoxe, il convient de s’intéresser à l’histoire géologique de l’île.

À suivre...

samedi 8 avril 2017

LES CANARIES : impression de voyage (2) L’HISTOIRE GÉOLOGIQUE DES CANARIES

Suite de l'article précédent

Aux Canaries, le phénomène du volcanisme de point chaud  est plus complexe que celui décrit pour l’île de La Réunion  du fait du déplacement lent de la lithosphère (entre Hierro et Lanzarote, 1,8cm par an contre 10cm par an dans le nord-ouest du Pacifique).

Les deux premières phases sont semblables à ce qui est indiqué dans l’article précédent à ce propos  :
     .1- création d’un volcan immergé puis émergé à l’aplomb du panache mantellique ; la montée  du matériel mantellique peut se produire selon deux modalités :
          . S’il rencontre une faille préexistante, il se fraie un chemin par cette faille (Rift longitudinal), c’est le cas à Lanzarote,
          . S'il ne se trouve pas de failles préexistantes, il se produit un bombement qui crée un Rift à trois branches comme à Tenerife et la Palma.

Le déplacement lent de la lithosphère fait qu’il se forme plusieurs volcans proches l’un de l’autre. Ceux-ci forment la structure de base de l’ile que l’on appelle BOUCLIER : ainsi, Lanzarote comporte deux de ces volcans-boucliers, Tenerife,  trois.

     . 2- le déplacement de la lithosphère éloigne lentement l’île de l’aplomb du point chaud, l'alimentation moindre de la chambre magmatique fait que la partie sommitale s’effondre créant une vaste caldeira quasiment circulaire.

   . 3 - La phase suivante est particulière  aux Îles Canaries due à nouveau au fait de la lente progression de la lithosphère : il se produit encore des remontées périodiques  de magma qui continuent à s’élever par les anciens conduits jusqu’à la faille et constituent de nouveaux complexes volcaniques alignés selon cette faille.

Cette phase est appelée «phase de régénérescence » par les géologues. Cette caractéristique explique par exemple que Lanzarote, bien qu’éloigné du point chaud, a subi sa dernière éruption importante au 18ème siècle. (1)

La carte ci-dessous comporte les trois types de paysages existants  émanant de cette construction géologique :
 
  . En ROUGE, les massifs, appelés boucliers,  créés à l’aplomb du panache mantellique lors de l’émergence des îles, ils forment le socle de l’île mais il n’en apparaît au niveau du sol actuel qu’une faible partie, le reste avant été recouvert par des éruptions ultérieures. Ces massifs ont subi une forte érosion en sorte qu’ils se présentent comme de lourdes crêtes entrecoupées de vallées. Parfois, comme à Lanzarote, une partie de ces massifs se sont effondrés dans l’océan.

   . En ORANGE, les formes ultérieures de création de  stratovolcan à caldeira qui peuvent correspondre à plusieurs phases volcaniques successives avec toujours le même scénario d’évolution : création d’un stratovolcan, effondrement de la partie sommitale avec formation de caldeira, nouvelle éruption volcanique qui recouvre la caldeira primitive et, à son tour, crée une caldeira.

   . En VERT, les reliefs formés à partir des rifts, ils prennent la forme de petits cônes volcaniques alignés sur la faille avec, de part et d’autre, de longues coulées de lave basaltique. Ces reliefs correspondent en géologie à la période dite de régénérescence.

Cette carte des paysages dominants permet aussi de mesurer les degrés d’évolution du volcanisme des Canaries avec les îles anciennes comme Lanzarote et Fuerteventura qui en sont à la phase de régénérescence et les îles les plus récentes comme La Palma et Hierro qui en sont seulement à la phase de constitution des boucliers ( phase de bouclier actif)

Cette classification schématisée que j’ai établie suite à la lecture de nombreux ouvrages scientifiques, me servira à la description des trois îles de Lanzarote, Gran Canaria et Tenerife.

Note 1
Les géologues utilisent une classification plus complexe avec cinq phases :
     . Phase de création du bouclier sous-marin avec principalement des basaltes,
     . Phase du bouclier actif
          . Stade du bouclier immergé qui diffère du précédent par une augmentation du débit des éruptions
          . Stade d’émersion
          . Stade du bouclier émergé
     . Stade final d’activité
     . Stade de régénérescence.

jeudi 6 avril 2017

LES CANARIES : impression de voyage (1) L’HISTOIRE GÉOLOGIQUE DES CANARIES



L’histoire géologique des îles Canaries est encore l’objet de nombreuses supputations de la part des géologues qui émettent ou ont émis  de diverses hypothèses à son propos.

Les dernières synthèses établies font état de l’interaction d’un point chaud et du déplacement lent de la plaque lithosphérique  africaine. Elles se basent sur une analyse de l’âge des roches volcaniques qui composent essentiellement ces îles et fait état d’une construction étalée dans le temps : les îles orientales sont  les plus anciennes (Lanzarote et Fuerteventura,),   les îles les plus récentes étant les îles de La Palma et El Hierro. Cette évolution est synthétisée par les croquis ci-dessous.


Avant de décrire  la manière dont se produit cette conjonction entre point chaud et déplacement de la plaque africaine, il convient de définir par des mots simples ce que sont les deux alternatives de la conjonction la lithosphère et le point chaud.

   . La lithosphère est la partie supérieure du manteau, elle comporte deux niveaux : la croûte terrestre solide et la lithosphère mantellique  (couche supérieure externe du manteau) qui se comporte comme un solide élastique (type bonbon mou)
    . Entre la croûte terrestre et la partie mantellique de la lithosphère se trouve la  discontinuité de Moho qui réside en une différenciation des roches et fut détectée par une irrégularité des ondes sismiques.
   . La croûte terrestre est composée de granite et roches sédimentaires (croûte continentale) et de basalte (croûte océanique) alors que la partie mantellique se comporte essentiellement de péridotite (olivine). Il existe aussi une différence de pression entre la croûte  terrestre et la lithosphère mantellique ( 2,8 t/m3 pour la première et 3,3 t/m3 pour la seconde)
     . La croûte terrestre se décompose entre croûte océanique peu épaisse (~7km) alors que la croûte continentale l’est beaucoup plus. La croûte continentale se comporte à la manière d’un iceberg : à la partie  émergée correspond une partie immergée selon le principe d’Archimède
     . Sous la lithosphère, se trouve une nouvelle couche du manteau appelée asthénosphère (jusque 670 km). Elle est également composée d’olivine mais du fait de la pression et de l’élévation de la température, elle réagit comme un solide déformable. Le passage  entre lithosphère et asthénosphère a été déterminé à l’isotherme 1350°. Une autre différence entre la lithosphère et l’asthénosphère est celle de leur densité : 3,3 t/m3 pour la lithosphère et 3,2 pour l’asthénosphère.
   
UN POINT CHAUD
.    . Il naît de la présence inhabituelle de matériel mantellique profond à la base de la lithosphère. Cette remontée s’effectue sous la forme d’un panache mantellique (en rouge), la densité de ce panache étant, en effet, inférieure à celle des terrains traversés. Sa chaleur provoque une fusion partielle à la base de la lithosphère, le matériel mantellique s’étend en superficie mais aussi, du fait de sa chaleur,  progresse vers la surface ; les  flux de chaleur  rendent  la lithosphère moins élastique, ce qui provoque une cassure qui crée un volcan.
.    . Un panache mantellique reste fixe alors que la lithosphère  qui se trouve au-dessus se déplace ( dérive des continents).
     . Cette caractéristique fait que le déplacement de la lithosphère va créer une chaîne de volcans alignés comme le montre le dessin ci-dessus qui reprend schématiquement la situation de La Réunion :
          . 1- phase de création du volcan lorsqu’il se trouve à l’aplomb du point chaud          
          . 2- le déplacement du point chaud crée un nouveau volcan, l'ancien volcan subit l’érosion avec effondrement sommital (caldeira) et latérale ( création de vallées torrentielles qui découpent les flancs du volcan et constituent des planèzes)

lundi 3 avril 2017

… SOUVENIRS DES ANNEES 1950-60 : l’école publique (16), conclusion

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Au terme de cette évocation de l’école primaire de mon enfance, je voudrais, en conclusion,  rappeler les trois caractéristiques qui m’ont principalement marqué :
   . En premier lieu, je citerai le sérieux de l’enseignement dispensé par les instituteurs, ils croyaient à leur mission et faisaient tout pour la mener à bien, ils mettaient en avant la laïcité tolérante de l’école, croyaient aux valeurs de la République, et avaient le  sens aigu du service  public.
  . En second lieu, je soulignerai à nouveau l’efficacité des méthodes pédagogiques au niveau de l’acquisition des connaissances, comme à celui de l’éducation civique qui donnaient aux jeunes les moyens de s’agréger à la société de leur époque et à ses valeurs démocratiques  ainsi qu' au monde du travail.
   . Enfin, il m’est apparu la profonde inégalité qui existait entre les enfants du peuple et ceux des nantis dont l’éducation suivait des filières parallèles même si, comme je l’ai écrit plus haut, il existait des possibilités pour les enfants du peuple d’accéder à l’université. Cette inégalité a été heureusement supprimée à partir de la loi Haby de 1975 qui a créé le collège pour tous, c’est à partir de ce moment qu’enfin été véritablement démocratisée l’école de la République.

PROCHAINE SÉRIE D'ARTICLES : LES CANARIES, impressions de voyage

samedi 1 avril 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : l’école publique (15)

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LES POSSIBILITÉS DE POURSUIVRE DES ETUDES

Pour terminer cette série d’articles à propos de l’école publique des années 1955-60, je voudrais préciser les possibilités ayant existé à cette époque de pouvoir continuer des études générales après l’école primaire. C’est au niveau du CM2 qu’existait cette possibilité. À mon époque, l’examen d’entrée en 6ème  avait été supprimé et c’était soit l’instituteur qui proposait aux parents de permettre aux enfants de poursuivre leurs études, soit les parents qui demandaient à l’instituteur d’envoyer leurs enfants vers des études secondaires.

A la campagne, il existait des cours complémentaires qui menaient de la 6ème à la 3ème avec passage à l’issue de la 3ème du BEPC (brevet d’études du premier cycle) ; à la ville, deux structures étaient susceptibles d’accueillir les enfants sortant de l’école primaire, les collèges et les lycées. Les collèges, en théorie, comme les cours complémentaires, accueillaient les enfants de la 6ème à la 3ème mais il existait des collèges qui permettaient d’aller jusqu’en terminale. Les lycées menait les jeunes jusqu’au baccalauréat avec possibilité de poursuivre à l’université.

Les enfants provenant des classes populaires et fréquentant l’école primaire n’allaient généralement que très rarement au lycée : il ne fallait pas mélanger les classes sociales, en rassemblant dans une même structure les enfants de bourgeois et de nantis aux enfants du peuple ! D'ailleurs, un enfant du peuple n’avait pas à espérer poursuivre des études longues ; après la 3ème, il pouvait certes poursuivre des études mais c'était le plus souvent dans un collège technique s'il n’était pas directement versé  dans le monde du travail. En conséquence, on ne trouvait que très peu d’enfants des classes populaires à l’université.

A l’issue de la 3ème des collèges, il existait une ultime porte de sortie pour les jeunes désirant poursuivre leurs études hors des lycées en passant le concours d’entrée de l’école normale d’instituteurs. Les élèves-instituteurs passaient quatre ans à l’école normale, trois ans pour passer le baccalauréat puis un an de formation, Ils étaient internes, étaient totalement pris en charge par l’état et recevaient même un salaire ;  une partie était donnée chaque mois en argent de poche, le reste était gardé par l’école pour constituer un pécule qui permettait, à l’issue de l’année de formation de s’établir matériellement là où ils seraient nommés. A l’issue de la classe de terminale, les normaliens étaient orientés  vers une formation soit pour devenir instituteur, soit pour devenir PEGC (professeur d’enseignement général de collège). En échange de ces avantages, les normaliens n’avaient que deux contraintes : réussir le baccalauréat et s’engager à servir pendant cinq ans minimum dans l’éducation nationale.

Ainsi, pour les classes populaires, fonctionnait un circuit complet : école primaire, collège et cours complémentaires, école normale qui formait des enseignants pour les écoles primaires et les collèges.