REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

mercredi 6 décembre 2017

..C’est la Saint Nicolas !

Comme tous les ans, j'interromprai le cours de mes articles pour rendre hommage au grand saint que l’ensemble des mondes catholiques et orthodoxes vénèrent de l’Est de la France jusqu’à la Russie, saint Nicolas.

Pour cet hommage, j’ai choisi de montrer une icône russe qui représente Saint Nicolas entouré de vignettes de quelque-uns de ses miracles...

dimanche 12 novembre 2017

ESTONIE-LETTONIE (15) : l’émergence d’un art national Letton

Suite de l’article précédent

Jusqu’aux dernières décennies du 19e siècle, l’aspiration à une spécificité proprement lettonne s’était plutôt affirmée dans le domaine de la langue et de la littérature. Le tout début du 20e voit émerger une nouvelle dimension à cette spécificité en englobant désormais une architecture appelée du «romantisme national ».

A l’aube du 20e siècle, la Lettonie vivait sous une double domination : économique et social du fait des germanophones, politique de celui des russes.

Dans ces conditions, le pays letton suivit jusqu'alors toutes les modes architecturales importées du reste de l’Europe sans qu’apparaisse une spécificité propre à leur culture.

D’abord, se développa le style revivalisme avec toutes ses variantes, néo-gothique, néo-romano-byzantin, néo-classique...


Au tout début du 20e siècle fut introduit l’art nouveau en Lettonie (via le Jugendstil) ; cet art n’eut, au début, rien de spécifique à la Lettonie, il correspondait à des caractéristiques architecturales et décoratives que l’on retrouve, à quelques nuances près, dans toute l’Europe.

À Riga, sont présents les deux versions de l’art nouveau :
   - vertical (dominé par la verticalité et l’intégration dans cette verticalité des motifs décoratifs typiques de l’art nouveau, végétaux et animaux,, visages mythiques.. )
    - éclectique (un mélange parfois surprenant de tous les styles architecturaux dans lesquels s’insèrent les motifs décoratifs de l’art nouveau).


A une exception près, celle de Konstantin Peksen, les architectes qui introduisirent l’art nouveau en pays letton n'étaient pas autochtones mais Russes  ou allemands,

Comme au niveau de la culture littéraire, l’apparition d’une architecture proprement lettone fut la conséquence de la redécouverte du folklore et des traditions artistiques des campagnes.

A suivre...

vendredi 10 novembre 2017

ESTONIE-LETTONIE (14) : l’émergence d’une culture nationale,

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LA NAISSANCE D'UNE CULTURE

Le problème était sur quoi baser la spécificité nationale que la classe nouvelle des Estes et des Lettons instruits recherchaient ? A l’inverse des germanophones qui considéraient qu’avant leur colonisation, les pays baltes n’étaient peuplés que de tribus sauvages, les Estes et les Lettons cultivés  développèrent l’idée qu’à l’époque de leur liberté, les tribus possédaient une civilisation d’une grande valeur que la colonisation avait dégradée. Ils voulurent reconstituer le passé.

En pays Lettons, Ils se mirent à collecter les dainas pour les étudier, j’ai cité l’importance de K.Barons dans cette démarche, elle fuit suivie en 1873, à l’époque de l’occupation russe, par le premier festival de chants de Riga  qui permit à ce peuple de prendre conscience de l’existence de leur culture  nationale.

Dans les pays Estes qui n’avait pas une culture des chants aussi ancienne que celle des Lettons, la renaissance de leur civilisation fut effectuée à partir des écrits finnois, langue apparentée à l’estonien et ayant une origine finno-ougrienne. (1) C’est ainsi qu’au milieu du 19e siècle fut écrite par R. Kreuzwald l’histoire de Kalevipoeg, un géant redresseur de torts, librement inspirée de l’épopée finnoise du Kalevala. Peu importe pour les nationalistes Estes que cet héros ne soit pas authentique, il devint un des symboles de la nation qu’ils espéraient voir se créer. A la même époque que l’on qualifie «  d’ère du réveil », la poétesse Lydia Koidula exprime son amour pour sa patrie estonienne et sa douleur de la voir asservie.

Voici, pour illustrer ce qui précède, quelques vers d’un poème de cette poétesse tirés de son recueil «le rossignol de l’Emajögi »

Jusqu’à mon dernier souffle,
Je désire t’aimer
Sentiers bordés de fleurs
Ma patrie embaumée

Tes garçons sont si sages
Si braves et si forts
Et tes filles fleurissent
Comme de jolies plantes
Ton vent et ton soleil
Te maintiennent en fleurs

Portant à mes paupières
Souvent percent des larmes
O mon pays espère
Car les temps changeront.

C’est ainsi que, dans ces deux pays occupés et opprimés, se développa la renaissance culturelle qui conduisit à redonner une identité aux deux peuples asservis  et aboutit à la création d’une nation. Elle eut pour origine la nostalgie d’un âge d’or qui fut en grande partie réinventé mais au lieu de se complaire dans cette nostalgie, elle déboucha sur l’espérance d’un avenir de liberté.

Cette démarche, accomplie en pleine occupation russe, tient quasiment du miracle !

   .1 Le précurseur de cette idée fut le poète KJ Peterson (1801-1822) qui traduisit en allemand la « mythologia fennica » eut  l’intuition que la mythologie finnoise pourrait permettre de reconstituer les mythes estoniens

prochain article : la naissance d'une architecture lettone









mercredi 8 novembre 2017

ESTONIE-LETTONIE (13) : l’émergence d’une culture nationale,

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LA NAISSANCE DES ECOLES
La traduction des textes religieux n’était qu’une première tâche que les  pasteurs protestants devaient accomplir ; en effet, Luther avait spécifié qu’il était nécessaire que chacun puisse lire les textes saints en famille, il fallut donc créer des écoles.

Dans ce processus, il convient de citer l’action des Frères Moraves, un mouvement piétiste issu du protestantisme qui prônaient l’approfondissement de la spiritualité personnelle,  ils prirent le contrôle de seize paroisses dans le Nord de la Lettonie et y développèrent les écoles entre 1710 et 1740.

Certes, ces  écoles se contentaient  au début d’un savoir rudimentaire mais peu à peu, au 19e siècle, certains pasteurs vont orienter les écoles populaires vers des connaissances plus diversifiées. Le nombre de personnes éduquées augmenta lentement ; certes, elles doivent fréquenter les écoles germanophones pour des études plus poussées mais elles continuèrent néanmoins à s'exprimer dans la langue de leur origine. Ainsi, il se constitua peu à peu une classe nouvelle de pasteurs, d’avocats, de médecins, de maître d’école... qui se mirent à écrire dans leur langue vernaculaire.

C’est parmi cette classe nouvelle que naquit au 19e siècle  l’idée d’une spécificité nationale et d’une identité collective.

À suivre…

lundi 6 novembre 2017

ESTONIE-LETTONIE (11) : l’émergence d’une culture nationale

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LA NAISSANCE DES LANGUES ÉCRITES

La langue écrite est apparue principalement du fait de la conversion des peuples Lettons et Estes au protestantisme au 16e siècle (1) ;   en effet, le luthéranisme impliquait que les sermons soient effectués dans la langue du pays et que les textes religieux soient mis à la portée de tous et compréhensibles par tous. Or, à cette époque, les pasteurs étaient désignés par les possesseurs des domaines et ils ne s’exprimaient qu’en allemand, ils durent s’adapter à la langue du pays et faire en sorte qu’elle leur soit abordable.

C'est de cette contingence que sont nées véritablement  les langues écrites estonienne et lettone, ce fut essentiellement l’oeuvre des pasteurs protestants germanophones. Pour créer une langue écrite, il fallut d’abord inventer un alphabet en décomposant les mots parlés en sons qui pouvaient correspondre aux sons de l’alphabet allemand auquel on ajouta des accentuations afin de le calquer le plus exactement possible au langage parlé letton et este. Puis, au moyen de cet alphabet,  on se mît à transcrire à l'écrit les mots de la langue orale, de chercher la correspondance de ces mots en allemand afin de rédiger un dictionnaire. Ensuite, il fallut rédiger une grammaire afin de permettre d’articuler  à l'écrit les mots ainsi définis selon la langue parlée ; pour cela, on s’inspira de la grammaire latine. (2)

À ce stade qui se déroula aux 16e et 17e siècles, la langue écrite n’était pas encore un outil de culture pour trois raisons :
    . D’abord en raison des variantes régionales ; dans un premier temps, les pasteurs allemands prenait pour base de l’élaboration de l’écrit le langage parlé dans la région de leurs ministères et créaient leur propre système d’écriture, il fallut unifier ensuite ces systèmes.
   . Ensuite, la langue écrite présente  surtout le mode de pensée d’un lecteur d’expression germanique et n’est qu’un outil manié par celui-ci.
   . Enfin, les textes écrits en langue vernaculaire ne sont que des documents à vocation religieuse : catéchisme de Luther, épîtres et Evangiles, prières, cantiques  et psaumes, bible..

. 1 : la transcription phonétique apparaît cependant plus tôt en particulier pour les rôles d’impôts avec mention du nom des personnes Estes et Lettones mais elle en était restée au stade élémentaire sans impact réel sur leur culture.

. 2 : notes complémentaires
       . l’origine germanique du letton écrit se marque en particulier par l’utilisation jusque 1908 des lettres gothiques.
       . La première grammaire en estonien est le fruit du travail de  H Stahl en 1637, un pasteur protestant qui voulut aider les prêtres de sa région, il compose un manuel germano-estonien avec des textes religieux.
       . Le premier dictionnaire germano-letton date de 1638, le premier livre de grammaire en 1644, en 1685, Glück traduit la bible en letton.
.      . L’essai de création d’une langue écrite n’est pas l’apanage des seuls protestants, ainsi, apparaît un catéchisme en letton écrit par le jésuite Garlib Merkel

À suivre ... la création des écoles

samedi 4 novembre 2017

ESTONIE-LETTONIE (10) : l’émergence d’une culture nationale

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En ce qui me concerne, il me semble que les prémices d’une culture spécifique à un peuple pouvant déboucher sur l’apparition d’une idée nationale, passe d'abord par la fixation de la langue au moyen de l’écrit puis par l’élaboration d’outils culturels communs à ce peuple.

Les pays Este et Letton présentent cette étonnante spécificité qu’ils ont réussi à effectuer cette mutation sous les diverses occupations étrangères et en particulier sous le joug russe alors qu’ils étaient dominés par les germanophones qui détenaient richesse et pouvoir.

Comme je l’ai déjà mentionné, il existe, à l’origine, deux langues chez ces deux peuples :
   . Les Estes parlent une langue finno-ougrienne provenant de leur lointain passé ouralien,
   . Les Lettons utilisent une langue indo-européenne mais ils côtoient dès leur arrivée des peuples de langue finno-ougrienne comme les Lives, ce qui aboutit à un premier amalgame des deux langues en pays letton.

Ces deux langues étaient  uniquement parlées, elles ne possédaient ni écriture ni à fortiori de grammaire. Pour les colonisateurs germanophones, elles furent considérées comme des dialectes utilisés seulement par les paysans. Pour eux, la culture et le savoir n’étaient que leur apanage, toute élévation sociale ne pouvait passer que par la germanisation.

Avec le temps, les langues autochtones, du fait qu’elles n’étaient pas fixées, ont évoluées selon deux modalités :
   . Elles se sont diversifiées selon les régions, avec apparition de variantes entre, par exemple,  le parler des Estes du Nord et de ceux du Sud.
   . Elles ont emprunté des locutions germaniques pour désigner des notions que leurs langues d’origine n’exprimaient pas avec cependant, pour beaucoup de mots, utilisation de racines locales. Pourtant, le mépris des germanophones pour ces langues et le cloisonnement linguistique qui en résultait ont permis d’en conserver l’essentiel.

Bien que décriées par la classe dirigeante, les langues lettones n’étaient cependant pas seulement des outils de communication, elles véhiculaient aussi un fonds culturel important ; c’est le cas par exemple des Dainas pour le peuple letton.

Les Dainas sont des quatrains chantés qui expriment à la fois l’âme de ce peuple et sa vie quotidienne, ils font référence aux anciennes croyances et à une mythologie étroitement liée  à la nature qui survivait de manière sous-jacente après la christianisation. Les plus anciens de ces Daina letton datent des 10e et 11e siècles mais la majorité d’entre eux a été composée aux 13e et 14e siècles. Ces Dainas sont très nombreux : la première collecte effectuée à la fin du 19e siècle par K Barons en comporte 217.996 mais actuellement, on en compte plus de trois millions.

Ainsi, les langues Lettones et Estes véhiculaient un savoir et une culture beaucoup plus conséquents que ce que les germanophones pouvaient imaginer. Cette culture ne sera cependant pas mise en valeur avant le 19e siècle alors que depuis longtemps était née une langue écrite.

À suivre..

jeudi 2 novembre 2017

ESTONIE-LETTONIE (9) : vicissitudes de l’histoire et émergence d’une culture nationale

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L’avant dernier épisode de l’histoire des pays Estes et Lettons  se produisit en 1795 quand la Courlande, jusque-là vassale de la Pologne-Lituanie, fut rattachée à la Russie lors du TROISIÈME PARTAGE DE LA POLOGNE




La domination russe dura jusque 1990, à l’exception de la brève période pendant laquelle la Lettonie et l’Estonie seront indépendants entre 1920 et 1940.

Ainsi, depuis le début du 13e siècle, jusqu’à la fin du 20e siècle, les pays Este et Letton ont été constamment envahis et dominés par des puissances étrangères.

Pourtant, les changements successifs de dominations n’ont pas changé la situation sociale apparue à l'époque de la prépondérance germanique avec une société en trois strates :
     . Les commerçants et artisans des villes de culture germanique,
     . Les barons germano-baltes, descendants des vassaux des évêques et des chevaliers de l’ordre Livonien sécularisé, possesseurs d’immenses domaines (1% de la population contrôle 81% des terres au 18e siècle) qui ont systématiquement collaboré avec les envahisseurs afin de préserver leurs privilèges.
   . Les paysans estes et Lettons devenus des serfs (96% au 18ème siècle), astreints à la terre et obligés à effectuer de lourdes corvées.

C’est pourtant au cours de ces périodes de domination d’oppression que les peuples Este et Letton ont développé une culture spécifique qui les a constitués en Nations, c’est ce que je me propose de montrer dans les articles qui suivent.

mardi 31 octobre 2017

ESTONIE-LETTONIE (8) : vicissitudes de l’histoire et émergence d’une culture nationale

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La  SITUATION EN 1660 APRÈS LA PAIX D’OLIVA consacre la prépondérance de la Suède sur les pays Estes et Lettons. Celle-ci fait suite à plusieurs guerres entre la république des deux Nations (royaume de Pologne et grand-duché de Lituanie unis par le compromis de Lublin depuis 1569)  la Russie et la Suède. La dernière de ces guerres, appelée le déluge, vit la Pologne-Lituanie complètement envahie par les armées russes et suédoises.

A l’issue de cette guerre, la Suède va s’emparer non seulement de la Livonie mais aussi de l’Ingrie : ainsi, la Baltique est devenue « un lac suédois ». Seule la Courlande échappe à cette conquête, restant sous la suzeraineté de la Pologne-Lituanie. La Suède organise ses conquêtes en quatre entités : l’Estland (capitale Tallinn), l’Ingrie (capitale Narva), la Livland (capitale Tartus puis Riga) et les Îles.

La SITUATION EN 1721  témoigne de l’avant-dernière modification du statut politique des pays Este et Letton. La Russie du Tzar Pierre 1er, toujours en quête d’un accès à la Baltique et à la possession d’un port en eau libre sur cette mer déclare la guerre à la Suède. Cette guerre est marquée en particulier  par  l’invasion de la Russie par les armées du roi de Suède Charles XII et par sa défaite à Poltava (1710)

A la PAIX DE NYSTAD, LA Russie s’empare de l’Estland, de la Livland et de l’Ingrie. Seul le duché de Courlande échappe à la conquête russe.

dimanche 29 octobre 2017

ESTONIE-LETTONIE (7 ) : vicissitudes de l’histoire et émergence d’une culture nationale


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RUSSIE, POLOGNE-LITUANIE ET SUÈDE ENTRENT EN JEU

La carte ci-dessus présente la SITUATION EN 1561 après la signature du traité de Vilnius qui crée de nouveaux partages des pays Este et Letton sans évidemment que les peuples autochtones aient eu leur mot à dire.

 L'époque qui suit le traité de Thorn de 1466 (voir article précédent) est marquée par l’entrée en scène progressive de deux nouveaux assaillants :
   . La Suède qui aspire à faire de la Baltique un lac suédois,
.  . La Russie menée par le tsar Ivan IV qui veut s’emparer de la Livonie afin d’obtenir aussi un accès à la mer et ainsi, contrôler la route commerciale menant de la Russie à la Baltique. Les hostilités entre les villes de la Hanse et la Russie  se sont déjà traduites par l’expulsion des marchands germaniques de Novgorod et la fermeture du comptoir de la Hanse,  cela a conduit les marchands Livoniens à expulser les marchands russes de Livonie en guise de représailles.

L’armée russe  envahit la Livonie en 1558, l’ordre de Livonie est vaincu, il fait appel à Sigismond II Auguste souverain de la  Pologne-Lituanie qui ne demande pas mieux d’intervenir afin de s’emparer de la Livonie tandis que  les villes Estes font appel à la Suède. Les russes sont obligés de se retirer.

Parallèlement à cette guerre, le grand-maître de l’ordre Livonien, Gotthard Kettler  devenu protestant, décide de séculariser son ordre comme l’avait fait en 1525 Albert de Brandebourg pour l’ordre Teutonique.

La fin de la guerre est concrétisée par le traité de Vilnius et par le partage des dépouilles entre les vainqueurs ;
     . L’Estonie du Nord devient suédoise,
     . Les îles sont attribuées aux danois,
     . La Livonie est partagée en deux parties :
          . Le Nord est constitué en duché et rattaché directement à la Lituanie, unie à l'époque à la Pologne  sous l’autorité du même souverain.
          . Le Sud devient le duché de Courlande qui est attribué à Gotthard Kettler, le dernier maître de l’ordre de Livonie sécularisé. Ce duché est placé sous la suzeraineté du roi de  Pologne.

Ainsi, après ce traité, la situation des deux pays Estes et Letton voit se différencier trois niveaux :
   . Tout en bas, une paysannerie asservie et attachée à la terre qui reste complètement à l’écart de ce qui se passe dans son pays.
   . Au-dessus, les bourgeois des villes commerçantes et les grands propriétaires d’origine germanique ; ces derniers maintiennent d’une main de fer leur domination sur le pays.
   . Au-dessus encore, le pouvoir politique émanant des conquérants ; ils obtiennent la coopération des barons baltes qui peuvent ainsi conserver leurs privilèges sociaux.

A suivre

vendredi 27 octobre 2017

ESTONIE-LETTONIE (6 ) : vicissitudes de l’histoire et émergence d’une culture nationale

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L’APOGÉE DE L’ORDRE TEUTONIQUE ET LA SITUATION EN 1466 APRÈS LA DÉFAITE DE TANNENBERG

Désormais, l’histoire des pays Este et Letton se confond avec celle de l’ordre Teutonique qui entamera une politique d’expansion comme le montre la carte de gauche ci-dessous,  présentant la situation au tout début du 15e siècle : l’ordre s’est étendu non seulement à l’ouest, mais aussi il a réussi à faire sa  jonction avec l’ordre Livonien après que Vytautas, grand duc de Lituanie, lui ait concédé la Samogitie.


Les velléités nouvelles  d’expansion des Teutoniques conduisent à l’intervention conjointe de Ladislas Jagellon, roi de Pologne et de son neveu Vytautas grand-duc de Lituanie et à la défaite de l’ordre Teutonique à la bataille de Grünwald- Tannenberg (24 juin 1410).

Cette bataille sonne le glas des visées hégémoniques de l’ordre Teutonique ; de nouvelles défaites l’obligent à accepter le traité de Thorn dont la carte de droite fait état :
   . La Samogitie revient à la Lituanie,
   . La Prusse dite royale revient à la Pologne,
   . Ce qui reste des territoires de l’ordre doit se placer sous la suzeraineté de la Pologne.

L’ordre de Livonie, ancien ordre des porte-glaives devenu branche autonome de l’ordre Teutonique, également affaibli, se voit imposer par le prince-évêque de Riga et les autres évêques du pays,  la création de la Diète de Livonie qui aura pour but de régler les différents entre les états composant la confédération dominant alors les pays Estes et Lettons : désormais, l'ordre de Livonie n'est plus le puissant pouvoir en pays Este et Letton, il doit composer avec les autres membres de la confédération,

À suivre

mardi 24 octobre 2017

ESTONIE-LETTONIE (5) : vicissitudes de l’histoire et émergence d’une culture nationale

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LA SITUATION DES PAYS ESTES ET LETTONS AU TEMPS DE LA COLONISATION ALLEMANDE

Les colons allemands se sont imposés et  superposés aux peuples Letton et  Este sans qu’apparaisse un quelconque amalgame des populations : ces deux mondes se côtoient et forment quasiment des entités sociales séparées.

D’un côté,  se trouvent ceux qui ressortent du monde germanique, ils se constituent en classe dominante et prospère  qui habite les villes enrichies par le commerce hanséatique ;  Riga et Tallinn servent de débouché aux produits russes (miel, cire, peaux et fourrures ) et approvisionnent la Rus par l’intermédiaire du comptoir de Novgorod ; les deux villes s’affilieront d’ailleurs à la Hanse au cours du 13e siècle.

Elles présentent encore aujourd’hui un aspect typiquement germanique associant :
   - des hautes maisons étroites à pignons donnant sur la rue,
   - une place principale où trône un Rathaus (maison du conseil)  pourvu d’un beffroi, manifestation que les villes sont devenues des petites républiques autonomes,
   - de très hauts clochers d’églises, de puissants remparts.

Commerçants et artisans s’unissent en guildes qui se réservent le monopole de l’activité économique et dans laquelle la spécificité germanique est maintenue intacte.

La campagne constitue un monde complètement séparé et dominé. Les vassaux nommés par les évêques et les chevaliers de l’ordre se sont taillés de vastes domaines qu’ils font cultiver par les paysans Estes et  Lettons sous forme de corvées selon un système typiquement féodal ; ils lèvent les impôts, dont la dîme, effectuent la justice et en perçoivent les revenus. Peu à peu, la situation des paysans jusqu’alors libres se dégrade, ils se voient imposer des mesures qui vont peu à peu faire apparaître un véritable servage, ils seront attachés à la terre sans pouvoir vendre leurs petites exploitations et ils subiront des corvées de plus en plus lourdes.  Des actes de vente de paysans apparaissent mêmes.

Les paysans se voient aussi dirigés spirituellement par des prêtres germaniques qui imposent l'évangélisation et répriment toute référence aux cultes païens traditionnels autochtones.

Un tel dualisme social et politique sera maintenu inchangé jusqu’au milieu du 19e siècle, les « barons baltes » s’adapteront aux envahisseurs successifs et en deviendront même des serviteurs zélés afin de garder leur influence sur la campagne.

dimanche 22 octobre 2017

ESTONIE-LETTONIE (4) : vicissitudes de l’histoire et émergence d’une culture nationale

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LA CONQUÊTE ET LA COLONISATION ALLEMANDE

Alors que les pays Estes et Lettons sont vaincus,  conquis et convertis sans doute superficiellement, il s’élève de nombreuses querelles entre l’ordre des Porte-Glaives et l’évêque de Riga ; ce dernier a reçu de l’empereur du Saint-Empire le titre de Prince-Évêque qui lui donne, outre son pouvoir spirituel, un pouvoir temporel avec suzeraineté sur les terres de son évêché. Au nom de ce pouvoir, il exige que lui soient remises les 2/3 des conquêtes, ce que l'ordre militaro-monastique, principal acteur de la conquête, n'est évidemment pas disposer à accepter.

La  carte ci-dessous présente LA SITUATION EN  1237 avec division des pays Estes et Lettons en six entités : quatre évêchés, l’ordre des Porte-Glaives, le Danemark.

Cette évolution s’est accomplie en deux temps :
     . En premier lieu, l’ordre des Porte-Glaives, décide d’envahir la Lituanie restée païenne, il est vaincu à la bataille de Saule (1236).
     . Affaibli, l'ordre doit se résoudre accepter trois dispositions nouvelles :
          . D’abord, par le compromis de Stenby, il doit admettre un partage du pays entre ses possessions et celles des évêques : ainsi se forme la confédération livonienne,
          . Il doit rendre au Danemark le pays des Estes dont il s'était emparé en 1227 sous prétexte de mater une révolte,
          . Il doit surtout consentir à être incorporé à l'ordre Teutonique qui a été créé en 1220,  dont il devient une branche autonome sous le nom d’ordre de Livonie.

A suivre

vendredi 20 octobre 2017

ESTONIE-LETTONIE (3) : vicissitudes de l’histoire et émergence d’une culture nationale

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LA CONQUÊTE ET LA COLONISATION ALLEMANDE
La conquête allemande résulte de deux motifs très différents l’un de l’autre :
   . Pour l’église, il convient de christianiser les derniers peuples païens d’Europe ;  les premiers missionnaires chrétiens sont bientôt relayés par les croisades autorisées par les papes Célestin III et Innocent III (1198-1200).
   . Les  allemands effectuent à cette époque une vigoureuse expansion commerciale vers la Baltique qui se marque en particulier par la fondation de Lübeck en 1143 puis par la création de la Hanse en 1181. Les marchands hanséatiques ont alors pour ambition de se substituer aux scandinaves sur la route menant à Novgorod.

Ces deux motifs se conjuguèrent pour mettre en oeuvre la soumission des peuples Este et Letton.

La carte ci-contre montre LA SITUATION EN 1225, vingt-cinq  ans seulement après l’appel à la croisade d’Innocent III.

la conquête  fut l’oeuvre de trois protagonistes :
     . Le chef de la croisade l’évêque Albert de Buxhövden qui, dès 1200, fonda Riga à l’embouchure de la Daugava ; désormais, grâce à cette fondation, la voie de Novgorod s’ouvrit au commerce hanséatique,
     . La croisade d’Albert, composée de chevaliers allemands venus temporairement dans les pays baltes, fut relayée par la fondation d’un ordre de moines-chevaliers (les Fratres militiae Christi ou chevaliers Porte-Glaives) qui prirent la tête des expéditions contre les Lettons puis les Estes. Après de durs combats, les chrétiens furent vainqueurs. .
     . Le roi du Danemark qui fut appelé à la rescousse pour prendre à revers les Estes. Il reçut pour prix de son aide le Nord de la région. (1) et ville de Reval. Tallinn fut fondée par les danois en 1219.

1 :  Les danois perdront le pays Este dès 1226 du fait d’une rébellion des Estes qui amène les Porte-Glaives à s’emparer du pays mais ils le récupéreront en 1237.

A suivre






mercredi 18 octobre 2017

ESTONIE-LETTONIE (2) : vicissitudes de l’histoire et émergence d’une culture nationale

LES VICISSITUDES DE L’HISTOIRE.

A l’origine, les peuples Estes et Lettons n’étaient pas destinés à subir une histoire commune tant ils étaient différents par leur provenance :
     . Selon les sources archéologiques, les Estes sont arrivés au bord de la Baltique au 4ème millénaire, ils utilisent une langue dite finno-ougrienne que pratiquent aussi les finnois, les peuples du Nord de la Russie et les hongrois, ils viennent peut-être de la région ouralienne.
     . Les Lettons seraient arrivés plus tard, au 3ème millénaire ; tout comme les Lituaniens, ils utilisent une langue indo-européenne.

Ils ont laissé de leur lointain passé, des traces archéologiques comme de la céramique cordée et des haches de pierre polie.

Les deux peuples Este et Letton ont en commun de ne jamais avoir dépassé à cette époque le stade des petites tribus dispersées,  ce qui les rendait très vulnérables face à leurs puissants voisins.

Les premiers visiteurs étrangers furent des navires grecs et romains venus acheter de l’ambre. Des peuples appelés Estes  sont nommément cités par Tacite :

"Au-delà des Suiones est une autre mer, dormante et presque immobile. On croit que c'est la ceinture et la borne du monde, parce que les dernières clartés du soleil couchant y durent jusqu'au lever de cet astre, et jettent assez de lumière pour effacer les étoiles. La vérité est que la nature finit en ces lieux.

En revenant donc à la mer suévique, on trouve sur le rivage à droite les tribus des Estyens. Ils ont les usages et l'habillement des Suèves ; leur langue ressemble davantage à celle des Bretons. Ils adorent la Mère des dieux. Pour symbole de ce culte, on porte l'image d'un sanglier : elle tient lieu d'armes et de sauvegarde ; elle donne à l'adorateur de la déesse, fût-il entouré d'ennemis, une pleine sécurité.

 Les Estyens combattent peu avec le fer, souvent avec des bâtons. Ils cultivent le blé et les autres fruits de la terre avec plus de patience que n'en promet la paresse habituelle des Germains. Ils fouillent même la mer, et seuls de tous les peuples ils recueillent le succin, (l’ambre) qu'ils appellent gless : ils le trouvent entre les rochers et quelque fois sur le rivage." Tacite, Germanie, XLV


Dès l’époque des grandes invasions ayant mis fin à l'empire romain d'occident, les pays Letton et Este sont l’objet de double convoitises :
     . D’un côté, les Varèges venus de Scandinavie utilisent la rivière Daugava et les fleuves russes pour effectuer un fructueux commerce avec l’empire  byzantin, ils fondent les cités-états de Novgorod et de Kiev en tant qu'étape vers Constantinople.
     . Vers l’est, s’installent des slaves qui envahissent périodiquement les pays baltes pour leur extorquer des rançons.



L’occupation du pays ne fut cependant pas leur fait ; au 13ème siècle se développèrent  de nouvelles menaces émanant du saint Empire Romain Germanique alors que les tribus Estes et Lettones, à la  différence des Lituaniens,  ne formaient toujours pas d’entités politiques structurées.

A suivre

lundi 16 octobre 2017

ESTONIE-LETTONIE (1) : les vicissitudes de l’histoire et émergence d’une culture nationale


L’Estonie et la Lettonie possèdent une histoire particulièrement douloureuse marquée par les invasions successives de leurs puissants voisins scandinaves, allemands et russes et par l’asservissement de leurs populations aux envahisseurs.

À l'exception d’une brève période entre les deux guerres mondiales, ces deux pays furent sous le joug de puissances étrangères pratiquement   dès leur origine et jusque 1990.

Dans ces conditions, on peut considérer comme un miracle que les peuples Estes et Lettons aient pu préserver l’essentiel de leur spécificité culturelle ce qui leur a permis de se constituer, malgré toutes les vicissitudes de l’histoire, en tant que  nations unies et souveraines.

C’est ce paradoxe que je voudrais tenter de montrer en décrivant d’abord les grandes phases d’asservissement de ces peuples puis en montrant comment s’est constituée leur culture.

samedi 14 octobre 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : la vie quotidienne (16)

Suite de l’article précédent

Peut-on dire que l’on était plus heureux autrefois que maintenant ? Cette question n’a aucun sens ; nous sommes actuellement dans une société différente qui a rendu certaines valeurs obsolètes et en a développé d’autres. Certains peuvent  certes regretter  le déclin des valeurs d’autrefois, pourtant, réduire l’évolution survenue à ce simple déclin serait une simplification abusive.

Selon moi, la principale nouveauté de la société actuelle par rapport à l’ancienne, réside dans les progrès techniques qui ont considérablement transformé le cadre de vie : le téléphone portable, l’électronique et l’informatique ont permis, entre autre, cette mutation. Il suffit par exemple de brancher son ordinateur pour disposer d’une vision immédiate et planétaire de tout ce qui se passe, pour accomplir,  sans partir de chez soi, la plupart des tâches quotidiennes qui nécessitaient autrefois de longues files d’attente à la gare, à la poste, dans les services publics, dans les magasins… le téléphone portable permet de joindre tout de suite  un interlocuteur dans la plus grande partie du monde. Désormais, on peut vivre dans l’immédiateté, une question posée à un interlocuteur est généralement traitée dans la journée ; cela permet de disposer de plus de temps que l’on peut consacrer aux loisirs, à la vie familiale et à la culture.

Cette mutation nécessite une adaptation que la plupart des personnes âgées n’ont pas assumée. Elles  se trouvent, de ce fait, marginalisé et à l'écart d’un environnement qu’elles  ne comprennent plus.

A cela s’ajoute disent-elles, le fait que notre monde actuel a subi de plein fouet la déliquescence des valeurs morales traditionnelles qui n’ont pas été remplacées, sécrétant une société  où l’individualisme et la quête du plaisir par l’assouvissement immédiat de ses désirs sont érigés en valeurs suprêmes. Elles n’ont pas tout à fait tort.

Dans de telles conditions, on peut comprendre que beaucoup de personnes âgées se réfugient dans leur passé en idéalisant un mode de vie qui ne méritait probablement pas de l’être.

Fin

jeudi 12 octobre 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : la vie quotidienne (15)

Suite de l’article précédent 

La dernière caractéristique contribuant à notre bonheur était que nous disposions d’un cadre de vie stable et rassurant.

Il était très rare, au moins dans les milieux populaires, que l’on divorce, surtout quand il y avait des enfants ; les parents étaient mariés pour la vie entière, même s’il y avait des querelles dans le couple ou si la femme était malheureuse du fait de l’alcoolisme de son mari.

Dans la famille, chacun avait sa place, le père de famille travaillait pour subvenir aux besoins du ménage. La mère de famille, même si elle travaillait, était la maîtresse absolue dans la maison. Outre les tâches ménagères, c’est elle qui s’occupait de la tenue de son foyer ; elle considérait que, quand son mari rentrait harassé de sa journée de travail, il ne devait pas avoir à accomplir de tâches domestiques,

C’etait aussi à sa femme que généralement,  le mari remettait l’argent de la paie qu’il recevait en argent liquide ; de même, c’était elle qui gérait les comptes de la famille.

Enfin, c’est la mère de famille qui s’occupait prioritairement de l’éducation des enfants. Le seul moment où le père intervenait effectivement, survenait quand ceux-ci avaient commis une faute grave (bêtise, réprimande du maître, bagarre, impolitesse…) ; ces fautes graves étaient souvent assorties de menaces du type : «  quand ton père saura cela ! » Le père de famille devenait alors le recours qui jugeait sans appel, il était, pour un instant, le détenteur de l’autorité et personne ne contredisait ses décisions. À ce moment, les enfants craignaient l’autorité de leur père même si, au fond de lui-même, celui-ci savait qu’il jouait un rôle déplaisant qui lui répugnait. .

Il convient cependant de tempérer ce qui précède, car les moments de complicité étaient nombreux entre le père et ses enfants lors des activités de la famille, c’est lui qui présidait aux jeux de ballon, de cartes, aux baignades, aux sorties en vélo. C’est aussi avec leur père,  que les enfants participaient au bricolage, avaient un petit bout de jardin à entretenir...  Se voir déléguer un petit travail était à la fois un gage de l’estime que le père portait à son enfant et surtout un moyen pour lui de transmettre toutes les techniques et savoir-faire que l'expérience lui avait permis d’acquérir.

Ainsi, on peut résumer les trois critères qui rendirent ma jeunesse heureuse et que j’exprimerai par trois aphorismes :
   . Se contenter de ce qu’on avait mérité grâce à  son travail,
   . Communiquer pour aplanir les différends,
   . Vivre dans une cellule familiale stable où chacun à  sa place.

À suivre

mardi 10 octobre 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : la vie quotidienne (14)

suite de l'article précédent

La deuxième source du bonheur provenait du fait que l’on prenait le temps de se parler et de communiquer tant à l’intérieur de la famille qu’avec les autres. Le moment principal de la convivialité familiale était le repas du soir, chacun racontait sa journée, on commentait l’actualité, on faisait des projets. Certes, il arrivait que les discussions deviennent houleuses, en particulier quand les parents refusaient d’acquiescer à une demande de leurs enfants ; cependant, ces querelles avaient le mérite de la franchise et laissaient moins de rancœur que si elles n’avaient pas éclatées et si les différents avaient été dissimulés. D’ailleurs, sauf quand il s’agissait de la part des enfants de demandes d’argent, on arrivait assez vite à un modus vivendi entre eux et leurs parents.

Ainsi, pouvoir se parler avec franchise aplanissait beaucoup de difficultés et de différents en leur permettant de ne pas dégénérer.

Le fait de communiquer entre membres de la famille comportait un autre avantage : celui de permettre la mise en pratique des enseignements moraux appris à l’école et au catéchisme. Lorsque les enfants avaient eu des comportements s’éloignant de ces critères moraux, les parents leur expliquaient leur erreur, les sermonnaient ou même les punissaient. De même, il y avait la vertu de l’exemple, les parents mettaient en pratique devant leurs enfants les grands principes régissant leur vie, ce qui créait une harmonie des comportements autour de ces critères : tolérance, compassion, sens du devoir et du travail bien fait, tels étaient généralement les valeurs que les parents transmettaient à leurs enfants dans la plupart des familles.

Il va de soi que ce qui précède n’existait pas dans toutes les familles, c’était en particulier le cas quand le père et plus rarement la mère  buvaient et rentraient ivres à la maison, en ce cas, aucune communication n’était possible et les actes de violence dominaient. Selon ce dont je me souviens, ces situations étaient plutôt minoritaires.

A suivre...

dimanche 8 octobre 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : la vie quotidienne (13)

suite de l'article précédent

Il me reste à évoquer, en conclusion de ce chapitre, une question fondamentale : était-on heureux à cette époque ? La réponse à cette question ne peut être que subjective, car propre à chacun ; en ce qui me concerne, la réponse est, sans conteste, oui. Ce n’est pas parce que j’ai  la nostalgie de ma jeunesse ou parce que j’ai gommé de ma mémoire tous les événements négatifs que j’affirme cela ; je me base plutôt sur des critères objectifs d’explication.

D’abord, les classes populaires ne vivaient pas,  pour la plupart, dans une société de consommation alors en gestation, pour deux raisons au moins :
   . Nous n’avions pas d’argent pour le faire, ce qui était un facteur rédhibitoire pour freiner les dépenses.
   . Surtout, les équipements que nous achetions étaient simples et robustes, ils duraient très longtemps, le plus souvent une vie entière, c’était le cas du linge de maison, du matériel électrique et, bien entendu, des outils manuels. S’il y avait une panne, on pouvait trouver sans difficulté un réparateur.

Dans notre famille, on partait d’un principe simple : on achetait que ce qu’on pouvait se payer en faisant des économies. Certes, il fallait attendre parfois longtemps, mais, quelle joie c’était, quand un nouvel équipement arrivait dans la maison ! On en profitait d’autant plus que le temps permettant de l’acquérir avait été plus long ! On ne cherchait pas à s’endetter pour avoir tout, tout de suite, on préférait attendre et ressentir la satisfaction d’avoir gagné, par son travail, un nouvel équipement.

Certes, certains recouraient à l’emprunt, soit auprès des banques,  soit auprès d’usuriers. On ressentait cela comme  un mauvais calcul car il fallait rembourser et payer de lourds intérêts qui nécessitaient de nouveaux emprunts et faisaient entrer les gens dans un engrenage infernal. Dans notre famille élargie, on avait plutôt recours à des prêts internes :  celui qui avait un peu d’argent « de côté » se voyait sollicité par ceux ayant un besoin ponctuel d’argent pour des prêts de courte durée qui étaient au plus vite remboursés.

Ainsi, notre vie quotidienne n’était pas troublée par les désirs insatiables du « toujours plus », ni angoissée par la perspective de rembourser ses prêts. On se contentait de ce qu’on avait, ce qui était le plus sûr moyen d’être heureux.

Certes, ce que j’ai écrit est un peu idéalisé, car beaucoup de gens se laissait déjà séduire par la société de consommation, mais, c’était plus vis-à-vis des autres que cela se produisait : ainsi, avoir une voiture, puis posséder une voiture plus grosse que celle de son voisin était une préoccupation que l’on trouvait partout.

De même, un certain nombre de familles géraient leurs ressources dans l’immédiateté ;  le jour de la paie, elles achetaient ce qu’elles avaient envie et se serraient la ceinture le reste du temps.

A suivre

vendredi 6 octobre 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : la vie quotidienne (12)

Suite de l’article précédent

Nous n'avions pas non plus de téléphone. Les seuls moyens de communication à notre disposition étaient l’échange de lettres ou de cartes postales ; pour les nouvelles les plus urgentes, on pouvait aussi envoyer un télégramme, c’était angoissant d’en recevoir car, en général, il annonçait de mauvaises nouvelles. Dans le quartier, le bouche à oreilles fonctionnait parfaitement, tout le monde se connaissait et les nouvelles se transmettaient très vite dans tout le village ; cette transmission s'effectuait de toute sorte de manières : lorsque les femmes allaient laver leur linge au lavoir, lorsque les hommes se rassemblaient au bistrot, lors des files d'attente dans les boutiques, à la sortie de la messe... les nouvelles étaient ensuite colportées de voisins en voisins, avec, bien entendu, de nombreuses déformations.

A cette époque, il était impossible de vivre dans l’immédiateté, si on envoyait une lettre, on ne  pouvait espérer une réponse que plusieurs jours après. Il fallait se résoudre à attendre ! C’était surtout gênant quand quelqu’un partait en voyage, on ne pouvait pas savoir tout de suite si le voyage s’était bien passé. L’adage en mode était : « pas de nouvelles, bonnes nouvelles ».

L’absence de téléphone avait néanmoins un avantage : on envoyait beaucoup plus de lettres qu’actuellement, ce qui permettait aux adultes d’utiliser les acquis orthographiques appris à l’école et donc de ne pas les oublier ;  la plupart d’entre eux écrivaient sans pratiquement de fautes d’orthographe, l’écriture, comme d’ailleurs la lecture, était donc alors l’outil essentiel de communication, ce qui n’est plus le cas actuellement.

À suivre...

mercredi 4 octobre 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : la vie quotidienne (11)

L’absence d’automobile était une autre composante de ma jeunesse. Certes, il nous arrivait de ressentir un manque, surtout quand nous voyions la voiture rutilante de mon oncle, mais on s’adaptait par la force des choses.

On palliait assez facilement à cet état de fait ; d’abord, parce que tout ce dont on avait besoin se trouvait dans le quartier ou dans sa proximité immédiate, ensuite, parce que nous avions à notre disposition un grand nombre de moyens de se déplacer.  Selon les endroits où nous voulions aller, on pouvait s’y rendre à pieds, à vélo ou en transport en commun. Nous avions, en bas de la rue, un tramway qui nous menait un peu partout dans la ville jouxtant notre village ; pour les trajets plus lointains, on utilisait le train ou le bus.

Certes, notre aire de déplacement était assez restreinte mais cela suffisait pour les besoins de notre vie sociale et culturelle.

A cette époque, faute d'automobile,  la plupart des gens des classes populaires ne partaient pas en vacances ; les parents restaient à la maison tandis que les enfants étaient envoyés en colonies de vacances, si toutefois la famille avait de quoi payer les trois semaines de séjour. Pour les parents, les trois semaines de congés payés étaient utilisés à faire tout ce qu’il n’était pas possible d’effectuer le reste du temps et en particulier d’améliorer le confort de la maison. Je me souviens qu’à chaque fois que nous rentrions de colonie, il y avait quelque chose de changé à la maison, c’est ainsi qu’au terme d’une session au bord de la mer, nous découvrîmes avec émerveillement que nos parents avaient remplacé les meubles en bois de la cuisine par un équipement flambant neuf en formica, ce qui était de la dernière mode.

Quand j’eus douze ans, mes parents achetèrent une petite voiture d’occasion. Ce fut pour la famille une transformation complète puisque notre horizon s’élargit, on se mît à partir en vacances au bord de la mer en faisant du camping, on se rendit aussi les dimanches des jours d’été  au bord de la rivière pour de joyeuses baignades. Il va de soi que la présence d’une automobile à la maison changea considérablement notre vie quotidienne.

À suivre...

lundi 2 octobre 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : la vie quotidienne (10)

Suite de l’article précédent à propos de l’absence de télévision

Les dimanches étaient également bien occupés avec la messe le matin, la sortie en famille l’après-midi ou la venue d’invités à la maison  avec qui, souvent, s’organisaient  de passionnantes parties de cartes. On allait aussi les dimanches après-midi en famille au cinéma de la paroisse.

De même, on n’avait pas le temps de s’ennuyer le jeudi : catéchisme le matin et patronage l’après-midi.

Avec le temps, nos loisirs évoluèrent, on se retrouvait entre copains et copines de la rue pour de longues balades en forêt, à pieds puis à vélo ; je me souviens en particulier, de jeux dans un saule près de notre maison où chacun se construisait une cabane. Lorsqu’il pleuvait, on jouait à des jeux de société, Les parents n’avaient aucune crainte de nous laisser sortir car dans, notre quartier, il n’y avait pas d’insécurité.

Pendant les vacances scolaires, tout, pour les enfants, n’était pas que jeux ; il fallait participer aux diverses tâches inhérents à la vie quotidienne de la maison ; comme pendant les jours de classe, on mettait la table et on aidait à la vaisselle, on faisait son lit, on balayait la cuisine… ; en outre, presque tous les jours, notre mère nous faisait faire une dictée afin d’améliorer notre niveau d'orthographe.

On allait chercher de l’herbe pour les lapins, on aidait aussi au jardin afin de soulager les parents, on allait ramasser les fruits et les légumes, en particulier lorsqu’on faisait des conserves ; je me souviens parfaitement de longs après-midi où il fallait couper les haricots verts en petits morceaux et ôter les fils, puis écosser les haricots secs.. La fin des vacances d’été était marquée par le bêchage du jardin. Lorsque je devins plus grand, je dus participer aux travaux de la maison : je me mis à peindre, à monter des murs en agglomérés sous la conduite de mon père, j’appris à bricoler, ce qui me fut bien utile plus tard.

Ainsi, nous étions suffisamment occupés pour ne jamais ressentir des manques ou de l’ennui. Nous eûmes la télévision très tard seulement  quand nos études furent terminées,  car nos parents disaient, à juste titre, qu’on ne pouvait pas, en même temps, être studieux et regarder la télévision.

A suivre...

samedi 30 septembre 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : la vie quotidienne (9)

Suite de l'article précédent

L’absence de télévision ne nous posait pas de problèmes ; d’abord, parce que la possession d’une télévision était rarissime dans les classes populaires et n’était réservé qu’aux personnes qui avaient les moyens de s’en acheter une ; ensuite, parce que, à cette époque, on n’avait pas le temps de s’ennuyer.

Dans la journée de semaine,  tous étaient affairés à leur tâche, école pour les enfants, travail et soin du ménage pour les parents ; ce n’est que pendant et après le repas du soir que la famille pouvait se retrouver ; le repas était, en effet, l’occasion pour chacun de raconter les événements marquants de la journée et de parler de tout ce qui semblait important.

Le moment des informations écoutées à la radio était très important pour tous ; en effet, des événements dramatiques se déroulèrent pendant mon enfance et, en  particulier, en Algérie. Les familles n’avaient qu’une crainte, c’était que la guerre s’éternise et que leurs garçons y soient envoyés. Je me souviens parfaitement, par exemple, des barricades de 1958 et fut soulagé de l’arrivée au pouvoir du Général de Gaulle que beaucoup ressentaient comme un sauveur. Je me souviens aussi la menace de voir les parachutistes venus d'Algérie déferler sur la France lors du « pronunciamiento de généraux en retraite »

Après les informations, une fois la cuisine balayée et la vaisselle lavée par la mère de famille puis essuyée et rangée par les enfants, chacun, à la cuisine, se livrait à ses activités personnelles. Les parents lisaient le journal qu’on nous livrait chaque jour et dont ils n’avaient eu le temps le matin que de lire les gros titres, faisaient les mots croisés ; la famille  écoutait aussi la radio et en particulier les feuilletons, les enfants sortaient leurs jeux ou finissaient d’apprendre leurs leçons et les faisaient réciter, on pouvait aussi jouer à des jeux de société. Cette période de détente en famille durait assez peu, puisque que les enfants devaient encore se laver pour aller se coucher vers 20 heures.

À suivre..

jeudi 28 septembre 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : la vie quotidienne (8)

Suite de l’article précédent à propos de l’absence de réfrigérateurs

Un laitier passait tous les matins avec, dans son camion, de gros bidons de lait et de la crème fraîche ; quand on entendait son klaxon, on sortait avec son pot à lait, le laitier le remplissait de une à deux mesures au moyen d’une louche. Ce lait était évidemment du lait entier, on le consommait en y ajoutant du café  ou du chocolat le matin au petit-déjeuner et au goûter.

Il y avait aussi des épiciers, des bouchers et des boulangers ambulants pour ceux qui ne pouvaient aller en courses. L'un de ces marchands ambulants,  était le « marchand de charbon », on allait dans son atelier commander le charbon et il venait nous le livrer, le charbon en boulets était vendu en sacs de 50 kg, ils étaient amenés sur une benne de camion à ciel ouvert, le livreur prenait ces sacs sur la benne, les transportait sur le dos jusqu’au bac à charbon et il se penchait afin de verser le charbon dans ce bac par-dessus sa tête.

Le fait que la plupart des gens élevaient des poules et des lapins permettait de disposer de viande fraîche, palliant aussi à l’absence de réfrigérateur. On donnait à ces lapins toutes les épluchures et les restes de nourriture qui n’avaient pas été mangé dont le pain rassis. Il fallait aussi aller chercher de l’herbe dans les champs surtout au printemps, c’était souvent le rôle des enfants, il fallait faire attention à l’herbe que l’on ramassait car certaines étaient des poisons, faisant gonfler le ventre des lapins et les faisant mourir.

On tuait les lapins généralement pour les repas du dimanche ou quand il y avait des invités. C’était pour moi un crève-cœur de voir tuer des bêtes aussi gentilles à qui on parlait quand on avait un gros chagrin et qui semblaient nous écouter, mais le lendemain, on mangeait sa viande de bon appétit. Une partie du lapin était rôtie pour le midi et le reste était cuit en sauce pour le soir où le lendemain.

On gardait les peaux encore sanguinolentes suspendues jusqu’au passage du «  marchand de peaux de lapins » à qui on les vendait. Ces peaux permettaient, entre autre,  de fabriquer de chauds manteaux.

L’absence de réfrigérateur n’était finalement gênante que lors des grands repas, mariage ou communion, en ce cas, la seule solution était d’acheter ou se faire livrer des pains de glace que l’on mettait dans l’auge à eau de pluie.

Pour le reste, il fallait faire avec ! Cela induisait un mode de vie particulier ; ce qui était cuisiné devait être mangé le jour même où le lendemain surtout qu’à cette époque, on ne jetait rien, tout était utilisé, comme je l'ai écrit plus haut,  y compris les épluchures données aux lapins et les os au chien, les légumes restant étaient gardés pour faire la soupe du soir, les fruits devenaient de bons clafoutis, le pain rassis pouvait être transformé en un délicieux « pain perdu »,

Jeter du pain était alors considéré comme inacceptable aux yeux de tous ceux qui avaient souffert des restrictions de la guerre.

Cette nécessité de consommer rapidement tout ce que la mère de famille cuisinait n’impliquait cependant pas de vivre au jour le jour, outre les bocaux, les fruits et les pommes de terre que l’on gardait à la cave, beaucoup de gens disposaient de réserves de nourriture, des boîtes de conserves, du sucre, du café de l’huile… ils se souvenaient des privations de la guerre et tenaient à avoir chez eux de quoi tenir le coup quelques semaines. On était à l’époque de la guerre froide et, pour  beaucoup de gens, la perspective de voir éclater une troisième guerre mondiale était plausible.

Mes lecteurs pourraient penser que j’effectue beaucoup de digressions : je m’en rends bien compte, cela est dû à la manière dont j’écris, une idée me fait souvenir d’une autre et ainsi de suite. Afin de recadrer un peu mon propos, je vais maintenant décrire notre vie sans télévision.

À suivre…

mardi 26 septembre 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : la vie quotidienne (7)

Suite de l’article précédent

L’absence de réfrigérateur n’était pas non plus un problème dans les années 1950-60, nous y pallions par diverses dispositions :

D’abord, il y avait les légumes et fruits du jardin que l’on mangeait au fur et à mesure de la récolte ;  quand les productions du jardin excédaient les besoins, on faisait des conserves en bocaux pour l’hiver. Les pommes de terre et les légumes qui se conservaient étaient entreposés à  la cave, à l’abri de la lumière et du gel. Il était cependant rare que l’on puisse faire la soudure d’une année sur l’autre. Au printemps, on allait chercher des pissenlits pour faire la salade.

Ensuite et surtout, on allait tous les jours en course pour s’approvisionner , il y avait partout de petits magasins, épicerie, boucherie, boulangerie, mercerie, quincaillerie…Dans certains magasins coopératifs, on recevait, à chaque achat, des timbres correspondant à la valeur de cet achat, on les collait sur de grandes feuilles de papier et on les rendait au magasin en échange de cadeaux.

Chez l’épicier, à part les conserves en boites et quelques denrées préemballées en paquet, tout était vendu à la pièce, mis dans un sac en papier, puis pesé ; de même, on amenait son litre de vin vide et l'épicier le remplissait à même le tonneau qu’il gardait dans son arrière-boutique.

Dans les boucheries, il n'y avait aucune viande ni charcuterie pré-emballées, le boucher découpait la viande devant le client sur un billot de bois au moyen d'un tranchoir.

 Aller faire ses courses, était  un moyen de rencontrer les gens du quartier et de discuter, ce qui permettait de développer la convivialité entre voisins. Quand ils n’avaient pas école, les enfants étaient souvent envoyés faire des courses, les plus jeunes avaient une liste de commissions qu’ils donnaient à l’épicier afin qu’il les serve. On payait en fin de quinzaine ou en fin de mois, quand le père de famille ramenait la paie, versée alors directement en argent liquide.

À ce propos, le plus souvent, le père donnait  directement la paie à sa femme qui se chargeait des comptes ; à cette époque, la plupart des femmes ne travaillaient pas ou se contentaient de petits métiers du type " femme de ménage".

Chez nous,  l’argent était mis dans une boite gardée dans un casier du buffet de cuisine. On ne disposait évidemment pas de carnet de chèques ni de compte bancaire. On dit parfois que, le jour de la paie, le père dépensait une partie de celle-ci au bistrot ; ce n’était évidemment pas le cas pour la majorité des gens, car la mère de famille était la maîtresse de maison et gérait seule son ménage ainsi que l’argent de celui-ci.

À suivre…

dimanche 24 septembre 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : la vie quotidienne (6)


Suite de l’article précédent

C’était aussi sur l’évier de la cuisine que l’on  effectuait sa toilette. Une cuvette spécifique était utilisée pour cela, chacun se lavait à tour de rôle le soir avant d’aller se coucher de manière à ne pas trop salir les draps ;  les enfants se lavaient en premier, les parents faisaient leur toilette quand les enfants étaient couchés. Quand nous primes de l’âge, on mît une sorte de paravent pour préserver notre intimité. On se lavait par « petits bouts » en axant tout particulièrement sur ce qui s’était sali dans la journée. Quand on se lavait les pieds, on déplaçait la cuvette sur une chaise pour plus de commodité.  Pour se laver, on utilisait, bien entendu, l’eau chaude contenue dans la bouilloire. Le matin, on se débarbouillait rapidement les mains et le visage et on se nettoyait les dents. En outre, il fallait se laver les mains très souvent et en particulier avant et après les repas.

Une fois par semaine, généralement le samedi, on se lavait entièrement, toujours sur l’évier de la cuisine ; c’était le moment où on changeait de linge, il est évident cependant que les filles se changeaient plus souvent que les garçons.

Était-on propre ? Je pense que oui, on faisait avec les moyens dont on disposait. Il y avait des bains douches municipaux mais je n’y ai jamais été. À partir du moment où nous eûmes une salle de bains, nous changeâmes bien évidemment nos habitudes d’hygiène,

Une particularité de cette époque concernait les WC. Il n’y avait pas de papier toilette spécifique comme actuellement et nous n’avions pas de chasse d’eau. En guise de papier toilette, nous utilisions des vieux journaux que nous découpions en petites feuilles rectangulaires ; quant à l’eau de nettoyage de la cuvette, elle provenait de l'eau de l’auge que l’on allait chercher au moyen d’un seau.

À suivre

vendredi 22 septembre 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : la vie quotidienne (5)

Suite de l'article précédent 

C’est dans le  cadre que j’ai décrit précédemment,que se déroulait notre vie quotidienne. Celle-ci était, bien évidemment, très différente de celle de l’époque actuelle et je me propose d’en montrer quelques particularités  à commencer par ce que je me souviens de la manière dont on lavait le linge.

Tout dépendait du type de linge à laver. Le petit linge était lavé sur l’évier de la cuisine. En dessous de ce dernier se trouvaient les cuvettes de la maison, l’une servait au lavage du linge, deux autres étaient utilisées pour le lavage et le rinçage de la vaisselle, une autre servait à la toilette des membres de la famille.

Le linge était lavé à l’eau chaude de la bouilloire. Il était ensuite mis à sécher sur les fils  de la cour ou sur ceux de l’appentis qui jouxtait les pièces d’habitations. On avait aussi un fil à linge dans la cuisine, au-dessus de la cuisinière. En ce cas, l’odeur de la lessive embaumait toute la cuisine, ce qui était très agréable, on disait que ça sentait le propre.

Le lavage du «blanc» et en particulier des draps  nécessitait un processus plus complet ; dans ma famille, on commençait par laver le linge dans l’auge qui recueillait l’eau de pluie et était pourvue d’un plan de travail.  Pour cela, on utilisait le savon et la brosse. Ce travail était fait à l’eau froide, ce qui n’était guère agréable. Les mères de famille n’ayant pas d’auges à la maison se rendaient aux lavoirs municipaux, c’était pour elles un lieu de travail mais aussi de convivialité, là se rapportaient en effet les derniers potins du quartier ; souvent le travail était ponctué de grands éclats de rires ! On disait que le lavoir était pour les femmes le pendant du bistrot pour les hommes.

Une fois le linge bien décrassé, il fallait le faire bouillir pour terminer le lavage. Pour cela, on utilisait une grosse lessiveuse pourvue d’un champignon central. La lessiveuse pleine de linge, d’eau et de lessive  était placée  sur la cuisinière et l’eau bouillante qui se trouvait dans la partie basse de la lessiveuse remontait par le champignon, ce qui créait un mouvement circulaire aussi efficace que celui de nos machines à laver moderne. La lessiveuse dégageait des effluves qui parfumaient toute la cuisine.  Cette lessiveuse ne servait pas qu’à faire bouillir le linge, on y mettait aussi les bocaux emplis des produits du jardin pour les stériliser, enfin je me souviens qu'elle servait aussi à nous faire prendre un bain quand nous étions petits, toutes ces actions se passaient à la cuisine.

Quand le linge était lavé, il fallait le rincer à l’eau froide dans l’auge, puis on l’étendait sur les fils, soit dehors, soit dans l’appentis. En hiver, il fallait rentrer le gros linge à la cuisine, je me souviens avoir ramassé des draps  complètement solidifiés par le gel pour les rentrer au chaud, c’était pour moi un plaisir de le faire. Nous n’avions pas de table à repasser, elle était remplacée par une couverture surmontée d’un drap étendu sur la table de la cuisine.

A suivre..

mercredi 20 septembre 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : la vie quotidienne (4)

Les quatre pièces d’habitations que j’ai décrites dans les articles précédents  formaient un ensemble de forme rectangulaire qui correspondait à la maison primitive construite par mon grand-père. Au fur et à mesure de ses disponibilités financières, la famille agrandit la maison afin d’inclure, sous le même toit, tout ce dont nous avions besoin ; cela constituait un ensemble de communs que je me propose de décrire ci-dessous.

D’abord, fut construite une entrée carrelée servant de sas entre l’extérieur et la cuisine ; dans cette entrée se trouvaient les toilettes.

Un peu plus loin, s’étendait un vaste espace comportant tout d’abord des auges permettant de recueillir l’eau ; ces auges étaient alimentées principalement par les chêneaux recueillant l’eau de pluie du toit ; elles étaient pourvues également d’un robinet d’eau en cas de sécheresse.

Dans cet espace était installé l’atelier et l’établi de bricolage de mon père, il y avait aussi des  fils à linge pour les cas où on ne pouvait pas étendre le linge dans la cour. Cet atelier n’était évidemment pas chauffé.

Au-delà de l’atelier, se trouvait une longue annexe que nous appelions garage, elle donnait directement sur la rue. Le terme de garage était relativement impropre puisque nous n’avions pas de voiture automobile. Dans ce garage, étaient  construites deux grandes auges, l’une pour le bois et l’autre pour le charbon, elles étaient  facilement accessibles de la rue, ce qui était très utile pour les livraisons de charbon.

Près de ces auges étaient installées les cages à lapins.

Enfin, dans ce garage on rangeait les vélos ainsi que la mobylette que notre père utilisait pour se rendre au travail.

Nous disposions enfin d’une petite cour comportant les fils à linge ainsi que la niche du chien quand nous en eûmes un. Le chien dormait toute l’année dans la cour, c’est seulement quand il gelait en hiver qu’on le rentrait, soit dans l’atelier, soit même à la cuisine.  On ne trouvait alors  pratiquement pas de chiens d’appartement,  au moins dans les classes populaires. Avoir un chien était bien utile à deux points de vue : d’abord, c’était un bon gardien, ensuite et surtout, il mangeait, concurremment avec les lapins, les reliefs du repas qu’on ne pouvait pas garder.

À suivre.

lundi 18 septembre 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : la vie quotidienne (3)

Suite de l'article précédent

La salle à manger n’était utilisée que lorsqu’on avait des invités conviés au repas, ce qui, pour notre famille, se produisait souvent  les dimanches à midi ;  si quelqu’un que nous connaissions venait à l’improviste, il était accueilli généralement à la cuisine, on ne recevait  à la salle à manger que les gens qui ne nous étaient pas familiers. Dans les deux cas, on ne manquait jamais d’offrir du café, du vin, de la bière ou de apéritif.

Dans notre maison, la salle à manger était chauffée par une cheminée à l’âtre que l'on remplaca très vite par un poêle à gaz. Cette pièce  était pour nous synonyme de fête, c’est sur le bahut contenant la vaisselle des grandes occasions,  qu’étaient installés le sapin de Noël et les cadeaux, c’est là aussi que le jour de Noël, à notre lever, on trouvait les cadeaux que nous avait apportés le père Noël. De même, les repas de Pâques et du Nouvel An étaient pris à la salle à manger.

La troisième pièce était la chambre où couchaient les enfants, elle comportait un lit cosy et un lit pliant qui pouvait servir de fauteuil, ces deux lits étaient utilisés pour coucher les deux enfants de la famille, on ne se rendait dans notre chambre que pour dormir ; on préférait jouer et faire les devoirs à la cuisine. Une armoire où on rangeait les habits complétait le mobilier. Dans notre maison, cette pièce comportait une cheminée à l’âtre qui fut très vite remplacée par un poêle à gaz, il chauffait la chambre des enfants ainsi que la chambre des parents qui lui était contiguë. Plus tard, cette pièce devint un salon

La dernière chambre constituant le logis était la chambre des parents, elle comportait un mobilier dit de "chambre à coucher" avec des meubles en bois plaqué selon le style à la mode à cette époque : un grand lit, deux tables de nuit et une grande armoire où était rangé le linge de maison. Celui-ci provenait en grande partie du trousseau amené par ma mère  au nomment de son mariage. Ce trousseau était constitué petit à petit dès l’adolescence par la jeune fille et par ses parents, ceux-ci offraient généralement à leur fille une partie de son trousseau en guise de cadeau lors des fêtes, des anniversaires et de Noël. Celle-ci était fière de voir son trousseau s’étoffer peu à peu, il se composait de linge si solide qu’il pouvait durer une vie. Certaines pièces du trousseau étaient brodées aux initiales de la jeune fille. La conception dominante était qu’elle  devait amener tout son ménage lors de son mariage. C’est ce trousseau qui était rangé dans l’armoire de la chambre des parents. Cette chambre était le domaine réservé des parents. On s’y rendait assez peu.

Une telle répartition des pièces d'habitation se retrouve aussi à la campagne. Je me propose de décrire quelques fermes de ma région dans des articles ultérieurs.

A suivre

samedi 16 septembre 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : la vie quotidienne (2)

suite de l'article précédent

Tous les actes de la vie quotidienne se déroulaient dans la cuisine. Bien évidemment, on y préparait le repas et on y mangeait ; c’était là aussi que ma mère repassait le linge, elle utilisait pour cela un fer à repasser électrique mais, dans beaucoup de famille, on se contentait encore  de platines de fonte que l’on chauffait sur le fourneau. C’était sur la table de la cuisine que nous, les enfants, faisions nos devoirs tandis que notre mère préparait le repas. Si on jouait aux cartes en famille, c’est à la cuisine qu’on le faisait ; de même, c’est là aussi qu’on lisait le journal et qu’on écoutait la radio. Enfin, c’était dans la cuisine qu’on se lavait et qu’on lavait le linge usuel. Je reviendrai postérieurement sur ces éléments de la vie quotidienne.

Une grosse cuisinière trônait dans un coin de la pièce ; dans ma famille, il était alimenté par du charbon et fonctionnait  en continu pendant l’hiver. Le matin, le premier levé, en général notre père, s’occupait du fourneau avant de partir pour travailler. Il vidait les cendres, activait les braises qui restaient de la veille ; il suffisait ensuite d’aller emplir le seau à charbon, de rajouter du papier, du bois puis du charbon pour faire repartir le feu pour la journée. On remettait un peu de charbon quand le besoin s’en faisait sentir,

Outre le chauffage de la cuisine et du logis, le fourneau servait à beaucoup d’autres tâches ; d’abord, il permettait de disposer d’eau chaude, la bouilloire était toujours sur le feu ; quand on utilisait de l’eau chaude, on remettait tout de suite de l’eau froide dans la bouilloire  pour le prochain utilisateur ; nous n’avions pas de chauffe-eau dans la maison, l’eau de la bouilloire servait à la fois pour les besoins alimentaires mais aussi pour faire sa toilette, pour la vaisselle, pour laver le linge dans la lessiveuve....

Une grande partie de la cuisson des aliments se faisait sur la cuisinière, je me souviens des bonnes odeurs qu’exhalait la cocotte en fonte dans laquelle la viande mijotait  doucement. C’est aussi sur la cuisinière qu’on laissait la cafetière afin d’avoir toujours du café de prêt au cas où quelqu’un viendrait nous voir. Pour moudre le café, on utilisait un moulin mécanique que l’on mettait entre ses jambes pour qu’il ne tombe pas lorsqu’on tournait la manivelle. On y  faisait aussi chauffer le lait du matin en prenant bien garde qu’il ne déborde pas.

Le fourneau était périodiquement frotté à la toile émeri afin d’éliminer toutes les taches qui pouvaient s’y trouver. Il devait être ramoné une fois l’an. En été, pour cuire les aliments, un utilisait le gaz de ville.

A suivre. 

jeudi 14 septembre 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : la vie quotidienne (1)

La troisième série d’articles qui va suivre (1), évoquera divers aspects de la vie quotidienne des années 1950-1960, vus par un enfant du peuple de l’époque, qui y raconte ses souvenirs. Comme précédemment exprimé il s’agit d’un témoignage et non d’une étude exhaustive de la société de ces années, c’est en lisant ce témoignage que l’on pourra mesurer à quel point les choses ont changées depuis.

Durant mon  enfance, j’ai vécu selon un style de vie beaucoup plus simple que celui des enfants de l’époque actuelle, les familles des classes populaires ne disposaient pas de l’attirail technologique dont on s’entoure maintenant. Ainsi, dans ma famille, lors de mes dix premières années, nous ne possédons ni voiture, ni télévision, ni téléphone , ni réfrigérateur, ni machine à laver le linge, ni  chauffe-eau, ni chauffage central, ni même de salle de bains. C’est au fur et à mesure  de ses disponibilités financières que la famille s’équipa peu à peu.

Avant d'évoquer notre vie quotidienne, il convient de décrire d’abord notre cadre de vie. Nous habitions dans une petite maison individuelle qui comportait quatre pièces composant le logis proprement dit : la cuisine, la salle à manger, la chambre des enfants, la chambre des parents.

La cuisine était la pièce principale de la maison, c’est là où se tenait habituellement la famille, là se trouvaient une grosse cuisinière à charbon, un buffet de cuisine, un évier avec un seul robinet d’eau froide, une table et des chaises ainsi qu’un placard sur lequel se trouvait le poste radio.

Les meubles de bois furent assez vite remplacés par des meubles en Formica.  En ce qui concerne ma famille, nous avions aussi une petite cuisinière à gaz à deux feux posée sur un placard ; en effet, notre maison étant située dans un village d’une  banlieue de  ville, elle était desservie par le gaz de ville.

(1) voit l’imprégnation de la vie religieuse et l’école, deux thèmes de souvenirs déjà traités précédemment

mardi 12 septembre 2017

L'île d'Antigua aux Antilles (8)

LE NELSON DOCKYARD
Les installations du Nelson Dockyard étaient entourées d’un rempart défensif et était pourvues d’une seule porte du côté terrestre. Jouxtant cette porte, se trouve un poste de garde permettant essentiellement de contrôler les entrées et les sorties du chantier naval.

Il subsiste encore la maison et la loge du gardien ainsi que le portail d’entrée du chantier.


A l’intérieur de l’enceinte, le chantier comportait quatre types de bâtiments :
   . Bâtiments réservés aux hommes et à l’approvisionnement des équipages,
   . Ateliers,
   . Magasin de stockage nécessaire au chantier naval,
   . Abris des navires.

Les bâtiments réservés aux hommes et à l'approvisionnement figurent sous forme de rectangles de couleur orange.

Le plus bel édifice est la maison de l’amiral (M) . Cette maison, construite en 1855, est typique du style colonial antillais avec une galerie à deux niveaux entourant trois façades du logis et créant à son pourtour une zone d’ombre et de fraîcheur. Cette maison n’a jamais abrité d’amiral, elle fut construite pour loger les officiers commandant le chantier et les préposés en charge de l’intendance.


Le vaste édifice (J) comporte deux niveaux :
    . A l’étage, se trouvaient les chambres destinées aux officiers de passage,
    . En dessous,  furent aménagées douze citernes capables de contenir jusque 1.200.000 litres d’eau.

 La maison des ingénieurs (A) est actuellement transformée en auberge,

Une  maison sert de bureau (H) au  commissaire trésorier du chantier.

Les marins  dont les navires étaient au carénage,  étaient logés dans un vaste dortoir situé dans la maison du cuivre et du bois (K)

Dans le chantier naval se trouvaient également une boulangerie (O) , une cuisine pour l’équipage  (F) et une infirmerie.

En mauve, sont représentés les ateliers où travaillaient les artisans attachés au chantier : une forge (P) adossée au rempart  et un atelier pour le charpentier (N)

Les entrepôts sont figurés en bleu   :
   . Maison des vêtements et des cordages (E)
   . Maison des cuivres et du bois scié (K) : c’est au-dessus de cette maison qu’étaient logés les hommes d’équipage.

Les abris à bateaux sont au nombre de deux et sont représentés en vert
   . En (B), se trouve un vaste ensemble formé d’un chenal permettant d’abriter un navire de taille importante, il est entouré d’une ligne de gros piliers qui devaient porter un toit.
   . Un abri plus petit (D) donnait lui aussi sur la mer,  ce qui permettait de tirer un bateau à l’abri. Au-dessus, se trouvait un grenier où étaient entreposés les mats. Des lucarnes étaient construites sur le toit couvert de bardeaux

Enfin, est coloré en jaune (G), les cabestans permettant de tirer les navires sur la grève afin de procéder au carénage. Ils étaient surmontés d’un vaste bâtiment actuellement disparu.

dimanche 10 septembre 2017

L'île d'Antigua aux Antilles (7)

Les installations militaires d'English Harbour sont figurées sur la carte ci-dessous   :

 
 . 1 : FORT BERKELEY est établi sur le cap fermant la rade. Ce fort, attesté en 1704, est mentionné parmi les trente forts construits sur le littoral d’Antigua. À cette date, les navires utilisaient la rade comme port de mouillage, mais sans installations portuaires particulières.
   . 2 : FORT CHARLOTTE,  érigé sur le cap faisant face à Fort Berkeley.
   . 3 : entre ces deux forts, une chaîne permettait de fermer la rade.
   . 4 : un premier chantier naval, dit de SAINTE HÉLÈNE, est construit en 1725, il comporte des  hangars permettant à la fois  le carénage des navires et l’entreposage du matériel nécessaire ;  il n’y a pas d’autres structures organisées à ce moment, c’est chaque équipage qui répare et entretien son navire.
  . 5 : les aménagements sommaires du chantier de Saint Hélène ne suffisant pas, il fut décidé en 1845 de construire, en face de celui-ci, un nouveau chantier naval appelé NELSON DOCKYARD en l’honneur de Nelson qui, de 1784 à 1787, mouilla dans la baie alors qu’il était capitaine de frégate.  Les installations du Nelson Dockyard, telles que l’on peut les visiter,  seront décrites dans l’article suivant.
   . 6 : les mornes qui entourent la baie furent pourvus de forts d’artillerie. Le fort de DOW HILL est figuré sur la carte, il est en ruines mais on en  aperçoit encore bien les terrasses établies en surplomb de la pente des mornes où se trouvaient les canons servant à la défense de la côte et de la rade, complétant ainsi le fort Berkeley qui ne pouvait assurer qu’une défense rapprochée.
   . 7 : sur les basses pentes du morne fut construit CLARENCE HOUSE, ancienne résidence du gouverneur d’Antigua.

Une gravure du 18ème siècle montre certains aspects d'ENGLISH HARBOUR au 18ème siècle.


Les travaux d’aménagement du chantier naval de Nelson Dockyard se poursuivirent jusque 1855 ; à cette époque, la situation géopolitique avait évolué, l’apparition des navires à vapeur et la moindre importance des Antilles, tant sur le plan économique que stratégique, conduisirent les anglais à fermer le chantier en 1889.

A suivre,,,

vendredi 8 septembre 2017

L'île d'Antigua aux Antilles (6)

ENGLISH HARBOUR

Le Sud d’Antigua possède une baie particulièrement propice à l’installation d’un vaste complexe militaire ayant permis  aux colonisateurs anglais de se doter d’une base navale de première importance : English Harbour.

Le site, comme le montre la vue aérienne ci-contre, est celui d’une baie relativement étroite et profonde comportant deux caps :
   . Le premier (1) permet de protéger la baie des tempêtes, de créer en amont une zone d’eau calme et donc de constituer un mouillage sûr. On le vit en particulier en 1723, quand un ouragan détruisit 35 navires au mouillage dans les autres baies de l’île alors que les bateaux réfugiés à English Harbour ne subirent aucun dommage.
   . Un second cap (2) se trouve dans la baie proprement dite ; plus large que le précédent, il permet une implantation humaine importante. Ce second cap domine deux bassins abrités des tempêtes marines.

Le vaste complexe naval dont on peut encore visiter une partie, fut élaboré progressivement au cours du 18ème siècle dans un contexte de  luttes entre les puissances européennes pour la suprématie navale sur les mers des Antilles,

Un pays qui disposait de cette suprématie pouvait à la fois :
    .  S’emparer des îles à sucre et à épices dont le commerce en Europe était source d’importants profits, chaque pays disposant, en effet, sur les îles en sa possession, du monopole de son commerce transatlantique.
    . Armer une flotte importante de corsaires qui attaquaient les navires étrangers  transportant le sucre et autres produits provenant des Antilles ou du continent américain.

Pour assurer la maîtrise de la mer, il fallait trouver une base navale pouvait offrir aux navires :
   . Un mouillage sûr, à l’abri à la fois des tempêtes et des ouragans, mais aussi des attaques des  flotte de guerre des autres pays européens.
   . Une base de ravitaillement en armes, en nourriture et en eau.
   . Un chantier servant à la fois pour le carénage et la réparation des navires mais aussi pour la construction navale.

English Harbour fut tout cela à la fois.

A suivre

mercredi 6 septembre 2017

L'île d'Antigua aux Antilles (5)

SAINT JOHN

Enfin, il convient de mentionner, dans cette description de Saint-John, le fait qu’une partie de la ville fut modifiée pour assurer le développement du tourisme de croisière, après que l'on ait créé  de larges jetées permettant d’accueillir les paquebots.

Ces jetées donnent sur un front de mer totalement rénové avec des rues bordées de petites maisons colorées construites selon un style colonial reconstitué et destinées à attirer les touristes. Ceux-ci y découvrent ainsi une ambiance  évoquant  plus  un décor de théâtre que la vie réelle. Ces rues servent de paravent à la vraie ville et permettent  aux touristes de se livrer à leur sport favori, les achats dans les boutiques. Sur ce front de mer, se trouvent aussi de nombreux bars, tous, évidemment, pourvus de terrasses orientées vers la mer.

Cette ambiance pseudo-antillaise se retrouve en particulier dans une rue qui s’ouvre par un portique annonçant que l’on se trouve dans une zone « free tax ». Dans cette rue, sont présentées  toutes les marques de haut luxe que l’on peut trouver aux  États-Unis et en Europe ainsi que quelques boutiques d’objets antillais,  généralement fabriqués en Asie.



Dans ce centre commercial s’agglutinent les touristes ; certains portent  à la main des sacs qui témoignent de leurs nombreux achats.

Passée cette rue, on entre dans la vraie ville. Beaucoup  ne s'y risquent pas, sans doute par peur d’être confronté à la réalité. Ils retournent dans leurs bateaux de luxe,  fiers de pouvoir exhiber à leurs congénères tout ce qu’ils ont acheté à, selon eux, des prix dérisoires.

La visite de cette rue m’a conduit à deux réflexions :
   . Le petit État  que constitue Antigua et Barbuda, est quasiment dépourvu de ressources : développer de telles zones de tourisme de luxe attire les croisiéristes qui y dépensent leur argent. Elles sont une source de revenus appréciable pour le pays.
   . La plupart des croisiéristes sont venu là, non pour découvrir de nouveaux horizons et de nouvelles cultures,  mais beaucoup plus pour se donner du bon temps, profiter du soleil, se baigner dans une mer chaude ou dans les piscines et, bien entendu, de faire des affaires en ayant l’impression d’acheter à bas prix des objets ou des habits dont ils n’avaient pas envie avant de les voir. Cette forme de vacances leur convient parfaitement et je le comprends sans aucune réticence.

Par contre, je suis assez navré d’entendre, au retour sur le bateau,  certaines réflexions de ceux qui ont dépassé la zone détaxée et parlent de la ville en indiquant qu’elle est sale, qu’elle sent mauvais et que ce pays est très pauvre !.

Essayer de monter à ces gens, convaincus inconsciemment de la supériorité de leur civilisation matérialiste, qu’il n’est pas normal de juger un pays à quelques impressions fugitives entrevues en quelques minutes, est un exercice perdu d’avance, mieux vaut alors se taire !

samedi 2 septembre 2017

L'île d'Antigua aux Antilles (4)

SAINT JOHN (suite)

La ville de saint John comporte aussi deux édifices caractéristiques de son passé colonial et de la période de domination britannique sur l'île : une cathédrale et la Court-house . Ces deux bâtiments possèdent une architecture qui tranche singulièrement par rapport au style du reste de la ville, d’abord par l’utilisation de la pierre volcanique grise, ensuite par les styles classiques et baroques qui les caractérisent. Ils datent tous les deux du 18è siècle, mais furent reconstruits  au 19e siècle suite à des tremblements de terre.

LA CATHÉDRALE est de style néo-baroque comme le montrent les deux clochers de la façade occidentale. A l’exception de cette façade occidentale, les murs des autres façades ne sont qu’un parement qui masque une ossature de bois intérieure comportant des piliers de bois qui séparent la nef des bas-côtés et porte le plafond en forme de coque inversée.


La cathédrale est  actuellement encore en réparation. La photo de droite, ci-dessus, montre l’aspect intérieur de l’édifice antérieurement à cette réparation.

L’ancienne COURT HOUSE, devenue musée, était le siège de l’administration britannique

Le bâtiment est de style néo-classique avec :
   . Sur une façade, un corps central en léger retrait encadré par deux corps latéraux en avancée ; le corps central comporte une galerie à trois arcades au rez-de-chaussée et un étage à parement de bois sur lequel s’ouvre trois fenêtres  Les fenêtres cintrées du rez-de-chaussée possèdent un encadrement à bossage.
   . L’autre façade comporte un fronton surmontant la porte principale. cette façade possède également des fenêtres cintrées au rez-de-chaussée pourvues aussi d'un encadrement à bossage.


La présence de ces deux édifices peut paraître incongrue dans le cadre antillais de cette capitale, selon moi, il ne lui donne que plus de charme.

A suivre...