REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

jeudi 31 décembre 2015

Regard sur... FORT DE FRANCE (2)

Suite de l'article précédent 

C'est Jacques DU PARQUET qui va se charger de la colonisation de la Martinique :
     - dans un premier temps, les colons et les engagés s'installent sur le littoral ouest du Prêcheur à Case Pilote, ils sont environ un millier défrichant les terres concédées par la compagnie, cultivant du petun (tabac) et égrenant leurs cases le long du littoral.
   - les indiens Caraïbes qui peuplaient l'île jusqu'alors se révoltent mais un accord survient en 1639 avec le chef caraïbe appelé "le Pilote" qui laisse à la compagnie la côte ouest et s'installe à Rivière Pilote au sud-est de l'Ile. La Martinique est partagée en deux parties : L'ouest, de Macouba à la baie du Marin, est laissé à la compagnie, l'est reste le domaine des indiens Caraïbes.
  - cet accord permet à la compagnie de progresser vers le sud et d'atteindre la vaste baie actuellement appelée de Fort de France qui forme un site idéal à la fois pour la défense de la partie sud des possessions de la compagnie et en tant que mouillage pour les bateaux, ce mouillage étant bien supérieur à celui de saint Pierre. Il est possible qu'un fortin ait été déjà aménagé à cet endroit.

Parallèlement, la Compagnie des Îles d'Amérique développe ses possessions :
     - á la mort d'Esnambuc en 1637, c'est Philippe LONGVILLIERS DE POINCY, commandeur de l'ordre de Malte,  qui devient lieutenant général des îles d'Amérique ; en poste dans la partie de saint Christophe occupée par les français , il prend possession de l'île de la Tortue ( Nord de l'actuel Haïti), signe un traité avec les hollandais pour le partage de saint Martin, fait occuper saint Barthélemy.
    - Jacques DU PARQUET occupe Grenade et Sainte-Lucie.

La compagnie avait reçu le droit d'exclusif sur ses terres, elle détient le monopole du commerce, les colons sont obligés de lui vendre leurs productions et de lui acheter tout ce qui leur était nécessaire. Malgré cela, la compagnie des Îles d'Amérique fit faillite et les îles furent vendues à des particuliers.

Débute alors l'ère des SEIGNEURS PROPRIÉTAIRES qui durera jusque 1664. En ce qui concerne la Martinique, elle fut achetée par Jacques DU PARQUET ainsi que Sainte-Lucie.  Le roi nomme alors DU PARQUET gouverneur et lieutenant général des îles qui sont en sa possession.

Cette période,  très importante pour l'avenir de la Martinique est marquée par l'introduction de la culture de la canne à sucre, par son corollaire, l'introduction du système esclavagiste et, afin d'acquérir des terres, l'extermination en 1657-8 des derniers indiens Caraïbes au mépris de la parole donnée.

Après l'intermède d'une nouvelle compagnie LA COMPAGNIE DES INDES OCCIDENTALES (1664-1674), qui fit faillite à son tour, la Martinique passa directement sous le contrôle du pouvoir royal en 1774.

mercredi 30 décembre 2015

Regard sur... FORT DE FRANCE (1)

1635-1672 LES PREMICES DE LA FONDATION DE FORT DE FRANCE

Cette fondation entre dans le cadre d'un vaste plan d'ensemble mis en place par Richelieu afin de permettre l'enrichissement du royaume de France, appauvri par les guerres de religion, grâce au commerce colonial. Cela impliquait la possession par la France de quelques îles des Antilles susceptibles de produire des produits exotiques que l'on pourrait ramener en France et exporter dans toute l'Europe.

Cette entreprise n'était pas évidente à réaliser, il fallait en effet conquérir ces îles sur des terres qui théoriquement étaient sous la domination des espagnols, lutter contre leurs occupants réels, les indiens Caraïbes, attirer de la main-d'œuvre européenne pour venir créer et travailler dans les plantations, subir la chaleur et le climat ainsi que la concurrence des autres pays européens (anglais et hollandais) qui s'étaient également  lançés dans la course...

Le cardinal-ministre de Louis XIII ne fut cependant pas l'initiateur de ce projet, deux circonstances s'étaient produites auparavant :
     - en 1625, les français, sous la conduite de BELIN D'ESNAMBUC, avaient débarqué à saint Christophe, une ile déjà occupée par les anglais et qui fut partagée entre les deux nations. Ils y développent la culture du tabac.
     - en 1621, les Pays-Bas avaient créé la " compagnie des Indes occidentales" á qui ils avaient donné le monopole du commerce en Amérique et en Afrique de l'Ouest.

BELIN d'ESNAMBUC se rendit à Paris et démontra au roi tout l'intérêt qu'il y aurait á créer une compagnie semblable à celle des Indes occidentales : les colons de saint Christophe produiraient le tabac et autres plantes exotiques, ils vendraient leur production à la compagnie qui se chargerai du transport et de la revente en Europe.

La première compagnie, créée en 1626, fut appelée COMPAGNIE DE SAINT CHRISTOPHE ; elle était seulement basée sur les productions de  l'île de saint Christophe et ce fut un échec. BELIN d'ESNAMBUC en tira la conclusion qu'il fallait élargir l'aire de la colonisation pour qu'une compagnie de ce type soit rentable.

En février 1635, il obtient de  Richelieu la création d'une nouvelle compagnie, la COMPAGNIE DES ÎLES D'AMÉRIQUE.

Pour étendre la colonisation, deux expéditions sont menées la même année :
     - Charles LIENARD DE L'OLIVE et Jean DU PLESSIS, partent de Dieppe avec des engagés volontaires et des dominicains. Ils arrivent aux Antilles en juin 1635 et tentent de s'emparer de la Martinique ; ils  abandonnent cette ile et s'emparent de la Guadeloupe
     - BELIN D'ESNAMBUC, á partir de Saint Christophe, débarque au Carbet, fait construire un premier fort á saint Pierre puis, après deux mois passés sur l'île, rentre à saint Christophe, laissant son neveu Jacques DU PARQUET en charge de la Martinique.

A suivre...

mercredi 23 décembre 2015

Un regard sur.. L'ÎLE GRECQUE DE SIMY (36)

Le monastère de PANORMITIS (suite)

Lorsque l'on passe la tour-porche, on se trouve dans un vaste cloître à deux niveaux d'arcades au centre duquel se trouve l'église. Au dessus de ces niveaux, se trouve un étage supplémentaire manifestement ajouté.

Les balustrades ouvragées, les arcades finalement soulignées d'un léger trait brun, la profusion de fleurs en pots, les fanions de la Grèce et de l'église orthodoxe ( Aigle bicéphale noir sur fond jaune), les mosaïques au sol de cailloux blanc et noir... donnent à ce monde clos qu'est un cloître un air de gaité, de sérénité et de paix. Les arcades donnent sur des galeries qui s'ouvrent sur les cellules des moines ainsi que sur les salles nécessaires à la vie monastique (réfectoire)

Ce cloître, comme le reste du monastère est enchâssé dans la roche, ce qui fait que pour gagner la rue arrière, il faut monter à l'étage de la galerie

Au centre du cloître se trouve l'église. Cette particularité se retrouve habituellement dans les monastères orthodoxes, ce qui les différencie des monastères occidentaux dans lesquels l'église est construites sur le côté nord du cloître, laissant ce dernier vide de tout édifice.

Le plan est également conforme aux canons orthodoxes : elle est en forme de croix  grecque, le bras occidental est prolongé par le narthex, le bras oriental par l'abside où se trouve l'autel.

Enfin, si on se retourne vers la tour-porche, on peut admirer la profusion décorative de sa façade interne ; on y trouve une foule de sculptures de terre cuite dont des aigles, des vases, des fleurs et des coquilles...



mardi 22 décembre 2015

Un regard sur.. L'ÎLE GRECQUE DE SIMY (35)

LE MONASTERE DE PANORMITIS

Sur la face sud de l'île de Symi, à l'opposé de la ville se déploie une large baie protégée au fond de laquelle se trouve un splendide monastère, celui de PANORMITIS. Une route relie la cité de Symi à Panormitis mais elle est, paraît-il,  si incommode qu'il est préférable de se rendre de la ville au monastère par le ferry reliant l'île à Rhodes via Panormitis, D'ailleurs, la vue dont on dispose depuis le bateau est magnifique.

On se trouve dans une vaste baie fermée par un amphithéâtre de montagnes qui crée un panorama de grande ampleur. Entre la mer et la montagne, la mince frange littorale est occupée par la façade du monastère. Au dessus des bâtiments monastiques poussent quelques conifères qui forment une transition vert-sombre entre la mer et les montagnes dénudées. Enfin, vu de la mer, le monastère semble se dédoubler par son reflet dans l'eau.

En avant du monastère,se trouve le quai d'accostage des bateaux utilisés par les touristes et les pèlerins venus rendre un culte à l'archange Michel.

La façade sur la mer est toute en harmonie et en symétrie :
   . Au centre, se trouve le clocher de style baroque servant de porche d'entrée. Il comporte quatre étages dénivelés,
   . De part et d'autre du clocher-porche, sont accolés les bâtiments proprement monastiques étincelants de blancheur. Ils comportent une simple architrave jaune qui souligne, s'il en était besoin, l'harmonie de l'ensemble ;  derrière ces murs se dissimule un vaste cloître comportant en son centre l'église abbatiale.
    . De part et d'autre encore, sont construits des bâtiments qui abritaient les moines à l'époque de la prospérité du monastère. Ils sont de style éclectique  tout en respectant les canons de l'art néo-baroque,
         - les uns comportent deux étages d'arcades surmontées d'un étage en retrait ,
         -les autres se contentent de rythmer leur façade par l'association de moulures et de pilastres blancs
Ces bâtiments annexes ont été construits pour abriter les 300 moines que comportait le monastère autrefois ; comme il ne reste actuellement que trois moines, ils ont été reconvertis en hostellerie et  maison d'accueil pour les personnes âgés, seules et indigentes.

Tous ces bâtiments sont adossés et enchâssés dans le versant si bien qu'ils ne comportent qu'un étage à l'arrière ; l'escalier que l'on voit entre les deux édifices relie le quai à la rue qui se trouve à l'arrière.

A suivre...

lundi 21 décembre 2015

Un regard sur.. L'ÎLE GRECQUE DE SIMY (34)

Suite de l'article précédent 

 La grande majorité des maisons de Symi ressortent d'un même type architectural et comportent deux niveaux d'habitation et trois parties :
   . En haut, un fronton masquant le toit avec un oculus qui évoque un œil protecteur,
   . En dessous, trois fenêtres, dont la fenêtre centrale avec balcon, derrière lesquelles se trouve le logis d'habitation,
   . En dessous encore,  le rez-de-chaussée avec porte centrale encadrée de deux fenêtres, ce niveau sert de communs.

Les plus belles maisons sont colorées et la façade est encadrée par des pilastres blancs.

La photo montre aussi des maisons dont la façade est coupée en deux avec un décor différent de part et d'autre de cette ligne verticale : cette particularité s'explique par une partition effectuée lors d'un héritage.

Symi possède aussi deux autres caractéristiques qui rendent particulièrement intéressantes la visite de la cité  :
     . En premier lieu, les maisons contournent ou s'insèrent dans les blocs rocheux  qui parsèment le versant,
     . Ensuite, l'étagement des maisons nécessita la création de ruelles-escaliers étroites et tortueuses qui semblent se faufiler entre les blocs rocheux.

Monter ces escaliers, c'est s'insérer dans la vie quotidienne de la ville, admirer les perspectives sur la baie et trouver au détour d'une ruelle une multitude de détails pittoresques.

Il va de soi que les touristes ne parcourent pas ces ruelles,  ils préfèrent se cantonner au front de mer où se trouvent les boutiques et les quais bordés de bateaux de pêche. La pêche à l'éponge (1) est de moins en moins pratiquée vu l'épuisement des fonds marins. On pratique plutôt désormais la pêche à la crevette. Ce front de mer est moderne, les quais ont remplacé les anciennes grèves, néanmoins, ils ne déparent pas dans les paysages et participent à l'étonnante harmonie de cette magnifique ville.

1-La pêche aux éponges
Autrefois on s'attachait une pierre au cou pour plonger le plus profondément. Puis on a utilisé des scaphandres. Il existe plusieurs sortes d'éponges :
   . Les éponges trouvées à 10m se trouvent dans les zones à plancton, elles grossissent rapidement en sorte que l'éponge est fragile.
   . Par contre les éponges trouvées à 60/70 m sont dans une zone où il y a moins de plancton, elle grossissent moins rapidement, ce qui augmente leur solidité
Pour pêcher, on ne coupe pas la partie attachée au rocher pour laisser l'éponge repousser.


dimanche 20 décembre 2015

Un regard sur.. L'ÎLE GRECQUE DE SIMY (33)

LA VILLE DE SYMI

A l'arrivée par bateau dans la baie de Symi, on est véritablement saisi par la beauté et l'harmonie du lieu : sur les versants escarpés d'un amphithéâtre de montagnes ocres piquetées d'arbustes verts, s'accroche une ville dont les maisons, presque toutes semblables, s'étagent, constituant un magnifique panorama.

Comment une telle ville peut-elle exister dans un environnement aussi hostile ?

Des l'antiquité, le site est occupé par les grecs qui y trouvèrent deux conditions favorables à l'implantation d'une cité  : une baie profonde et bien abritée permettant un mouillage sûr des navires et une colline escarpée pouvant devenir une acropole. C'est ainsi que naquit la ville dont l'activité principale fut le commerce de transit entre la Grèce péninsulaire, la côte ionienne et l'Egypte.

L'acropole sera utilisée ensuite par les byzantins puis par les chevaliers de Rhodes puis par les turcs ottomans. Ces derniers ne virent pas l'intérêt d'occuper l'île car elle était trop sèche et infertile, ils se contentèrent d'exiger la capitation et l'impôt foncier et laissèrent toute liberté aux habitants de l'île.

Ceux-ci développèrent alors trois types d'activités : le commerce et les constructions navales, la pêche et la commercialisation des éponges que l'on trouvait en abondance dans la mer environnante et la piraterie.

Les symiotes devinrent très riches et construisirent les belles maisons de style classique que l'on voit maintenant.
A suivre...

samedi 19 décembre 2015

Un regard sur.. L'ÎLE GRECQUE DE SIMY (32)

L'île de Symi est une petite île du Dodécanèse située entre l'île de Rhodes au sud  et la côte turque au nord.

La carte montre que Symi possède un relief essentiellement montagneux aux contours tourmentés avec une succession de caps rocheux et de baies profondément échancrées dans la montagne. Les plaines littorales sont quasiment inexistantes, les versants tombent généralement directement sur la mer ne laissant qu'une minuscule frange où peuvent s'installer quelques rares maisons de pêcheurs.

A ce relief peu propice aux implantations humaines, s'ajoute une autre caractéristique, l'aridité d'ensemble de l'île ; vue de la mer, le sol est à nu et ne comporte au mieux que des buissons bas et des herbes rases. L'île ne possède pas de rivières pérennes et les habitants doivent se contenter de l'eau des citernes.

Ce qui est surprenant dans cette île défavorable aux hommes tant par son relief montagneux que par son aridité, c'est la présence de deux sites exceptionnels, la ville de Symi et le monastère de Panormitis.

mardi 10 novembre 2015

Le déclin de la culture française ? (16) la frange de la population éprise de culture.

Ainsi, pour résumer ce qui précède, la marge de population éprise de culture souffre principalement de trois maux culturels :
     . Ses productions littéraires ou artistiques sont méprisées par cette intelligentsia culturelle qui ne représente qu'elle-même et qui, hélas, dispose de puissants moyens pour s'auto-satisfaire
    . Son avidité de culture authentique la porte à rejeter les formes abstraites à force d'être intellectualisées des modes culturels qu'impose cette même intelligentsia dans la quasi-totalité des spectacles proposés en France.
    . Pour connaître la culture française, il est presque toujours nécessaire de consulter des sites étrangers.

En conséquence, il faut à cette population rechercher à l'étranger tout ce que la France ne semble plus capable de produire ; nous sommes tous dépendants de cette situation et c'est en cela que M Morrison a raison quand il écrit son article sur la mort de la culture française.

Pourtant, c'est, selon moi, dans cette frange de la population éprise de culture que se produira le renouveau.

Certes, comme l'écrivit le directeur de France Culture " nous avons manqué le train de la modernité», en ne saisissant par immédiatement l'importance de la révolution numérique qui fut essentiellement américaine. Pourtant, cette révolution est un formidable outil  pour tous ceux qui ont quelque chose à exprimer tant en littérature qu'en art et qui ne sont pas écoutés ni par les cercles intellectualistes ni par leurs servants des galeries d'art et des maisons d'édition.

 Autrefois, pour publier un de ses écrits, il fallait envoyer son manuscrit à un éditeur qui, quelques mois plus tard, le retournait à son auteur avec une lettre d'accompagnement qui spécifiait  par exemple que " ce type de littérature n'est pas publié dans notre maison d'édition" , il y avait aussi la possibilité de se faire publier à compte d'auteur mais le coût en est rédhibitoire pour la plupart des gens. Actuellement, ce " parcours du débutant " est devenu inutile : il suffit de créer un blog ou un site Internet, cette création ne prend qu'un instant et peut même être totalement gratuit. Ensuite, on peut diffuser ce que l'on veut exprimer. Il y a certes des risques de plagiat ou de d'écrits diffamatoires ou même racistes mais, selon moi, ces inconvénients sont moindres que les avantages à tirer de cette liberté retrouvée car elle ne peut que conduire au renouveau.

Ce qui est vrai dans le domaine littéraire l'est aussi dans l'art : avec les appareils numériques, on peut réaliser de magnifiques photos que l'on peut retoucher grâce à des logiciels appropriés afin de produire un livre virtuel, aussi beau que les livres d'art publiés et que l'on peut inclure dans son site internet.

Cette efflorescence se produira directement de l'auteur au lecteur ou à l'amateur d'art sans intermédiaire et sans ces filtres des structures anciennes de diffusion de la culture qui brident la production culturelle selon les préceptes de l'intellectualisme sclérosé. On pourra alors constater que la frange de la population éprise de culture possède la capacité non seulement d'assumer leur culture mais aussi et surtout de la développer.

Ces formes nouvelles de diffusion mettront certes en péril les structures anciennes de diffusion de la culture qui ne semblent pas encore avoir compris le danger émanant de la révolution numérique pour leurs intérêts sectoriaux ; c'est pour moi sans importance : toutes les structures qui ne sont pas capables de se remettre en cause et de s'adapter à leur temps sont inéluctablement condamnées à disparaître et c'est très bien ainsi.  les hebdomadaires qui associent un journal papier et un site internet l'ont d'ailleurs  parfaitement compris.  

lundi 9 novembre 2015

Le déclin de la culture française ? (15) la frange de la population éprise de culture.

 Suite de l'article précédent

La deuxième difficulté des amateurs de culture concerne les moyens de recherches lorsque l'on veut se documenter ou lire en utilisant ce formidable outil de culture qu'est Internet : il est très rare de trouver sur les sites français des textes intégraux d'œuvres littéraires ou philosophiques, seul moyen d'étude pour qui veut effectuer une recherche objective sur une oeuvre ; en général, on tombe sur des sites payants ou protégés par des droits d'auteurs en particulier quand l'œuvre originale a été commentée par un auteur récent. Par contre, en spécifiant le libellé de la recherche en anglais, on obtient généralement sans difficultés le document souhaité.

Afin de vérifier la véracité de ce que j'affirme, je me suis livré à une enquête à propos de trois œuvres de la littérature française dans le but de vérifier sur quel site je pouvais en avoir le texte intégral :
     - l'ESPRIT DES LOIS de Montesquieu se trouve en intégralité dans un site américain, un site canadien, un site officiel français et un site personnel d'un français
     - RENÉ de chateaubriand est en libre accès sur deux sites américains, un site italien et un site officiel français
     - LES RÊVERIES DU PROMENEUR SOLITAIRE de Rousseau : deux sites américains et un site canadien
Ainsi, sur ces trois exemples. 72% des textes intégraux proviennent des pays étrangers

Voici un autre exemple de cette situation : il y a quelques temps, je recherchais le texte d'une bulle pontificale médiévale : aucun des sites français ne la mettait gratuitement à la disposition du lecteur, je fis alors une recherche sur des sites en anglais et trouvai sans problème ce que je recherchais. Cependant, le texte en était traduit du latin en anglais et j'ai dû le retraduire en français pour pouvoir l'utiliser !

De même, lorsque l'on recherche des registres de naissances antérieurs à la révolution, on le fait d'abord en consultant les sites des archives départementales ou nationales. La plupart du temps, on tombe soit sur des informations indiquant que ces documents ne sont pas numérisés, soit qu'il faut payer pour avoir la possibilité de les consulter ; par contre, il suffit d'aller sur le site des Mormons pour obtenir un accès gratuit et libre à un grand nombre de ces registres !

Cette caractéristique est encore amplifiée lorsqu'on se livre à une recherche d'articles ou de livres documentaires : les sites français se bornent en général à fournir en libre accès un court résumé afin d'"appâter le client" puis á proposer l'achat de l'article ou du livre ; par contre, les sites étrangers (Anglais, Allemands, Italiens, États-Uniens, Canadien... ) publient en libre accès un grand nombre de publications que, malheureusement pour un français, il faut traduire avant toute exploitation culturelle.
Ce phénomène est encore amplifié pour les publications techniques ou scientifiques qui sont essentiellement en anglais.

Il convient néanmoins  de remarquer qu'il existe en France des sites émanant du ministère de la culture qui constituent des bases de données dans tous les domaines de la culture, certains sont accessibles en libre-service (tel Mérimée pour l'art,  Gallica, le site de la BNF ou encore le site Persée qui fournit un large éventail d'articles de fond devenus introuvables par ailleurs.) Cependant, force est de constater que la plupart des œuvres émanant de la culture française, au moins dans le domaine de l'écrit, ne sont exploitables sur des sites étrangers.

De cet état de fait, il résulte un paradoxe : alors que le pays revendique avec âpreté  l'exception culturelle française, force est de constater que les amateurs de culture de ce pays doivent se connecter à des sites étrangers pour la trouver, ce qui impose  une connaissance correcte de l'anglais !

A suivre...

dimanche 8 novembre 2015

Le déclin de la culture française ? (14) la frange de la population éprise de culture

Suite de l'article précédent...

La frange de la population éprise de culture se trouve, en tant que consommatrice, face à deux difficultés majeures :
     . Il est rare que les spectacles présentés en France correspondent aux attentes des spectateurs,
     . Il est difficile de se documenter et de se cultiver si on ne consulte sur Internet que des sites français, Internet étant, selon moi, la plus importance source de culture actuelle.

La première difficulté est parfaitement illustrée, entre autre, dans la conception française des opéras. Les metteurs en scène et les concepteurs de ces spectacles s'ingénient à vouloir toujours du nouveau ; en effet ils émanent de ces cercles intellectualistes qui renient, tant qu'ils le peuvent, les valeurs historiques des œuvres pour utiliser des mentalités et comportements de notre époque : cela conduit à des aberrations qui laissent pantois le spectateur : en voici quelques exemples parmi les opéras que j’ai pu voir :
     . Dans le "Jules César " de Haendel, Jules César arrive dans une grosse voiture décapotable, presque incognito, sans aucun attribut qui permet de le reconnaître.
     . Dans "Don Giovanni" de Mozart, au premier acte, alors que son père vient d'être tué, donna Anna exprime sa douleur à son fiancé don Ottavio. Dans un grand festival français, donna Anna arrive en mini-jupe moulante, telle une catin, elle se couche sur la scène tandis que don Ottavio, s'allonge sur elle en un pseudo-accouplement. Cela étant effectué tout en chantant !
     . Dans "l'or du Rhin" de Wagner donné à Paris, le Walhalla est présenté sous la forme d'un immense escalier, cet escalier enlève toute poésie á l'opéra alors qu'il aurait été tellement plus intelligent de s'inspirer des légendes germaniques ou du château de Neuschwanstein pour représenter l'esprit wagnérien.
    . Enfin, l'exemple, pour moi, le plus révélateur de ces travestissements des œuvres lyriques est la représentation de " Nabucco" de Verdi dans un opéra français : les soldats du roi de Babylone ont été joués par des enfants s'amusant avec des arcs ! Où se trouve l'esprit même de cet opéra qui décrivait un peuple soumis à l'oppression d'un envahisseur ? Cette mise en scène peut être comparée au "Nabucco " de la Scala de Milan retransmis à la télévision en direct à la même époque où l'on retrouvait parfaitement illustré le sens que Verdi donna à cet l'opéra.

Cette volonté d'innover pour innover en travestissant les opéras tient en une cause simple : lorsqu'on demande à un metteur en scène ce qu'il voulût représenter, il répond invariablement : " j'ai mis en scène mon interprétation personnelle de l'opéra". La plupart des amateurs lyriques auraient pu lui répondre " on se moque totalement de la manière dont vous concevez cet opéra ! Ce qui importe seulement c'est que vous mettiez en scène ce que le compositeur a voulu représenter et signifier" avec ce corollaire : " comment vous, metteur en scène obscur, pouvez-vous prétendre rivaliser avec ces grands génies que sont Mozart, Wagner ou Verdi ! ". Il convient cependant de ne pas généraliser, certains metteurs en scène français sont parfaitement compétents et montre, s'il en est besoin, que l'on pourrait très bien faire si l'on n'était pas engoncé dans cet esprit intellectualiste imposé qui saborde le meilleur de notre civilisation ; dommage que, pour la plupart, ils soient obligés de s'expatrier pour réaliser ce à quoi ils croient ( l'exemple de la mise en scène du comte Ory de Rossini par Jérôme Savary au festival de Glyndebourne est à cet égard significatif.)

Dans de telles conditions, l'amateur d'opéra, sortant souvent déçu des représentations que donnent les opéras en France, n'a d'autre recours que de se rendre à l'étranger et en particulier en Italie et en Allemagne, d'acheter des DVD provenant de ces pays où de regarder les opéras retransmis de l'étranger par la télévision.

A suivre...

samedi 7 novembre 2015

Le déclin de la culture française ? (13) la frange de la population éprise de culture

LA FRANGE DE LA POPULATION ÉPRISE DE CULTURE

C'est la troisième  catégorie dans la répartition de la culture dans la société française telle que je l'ai définie dans les articles précédents. Cette catégorie comprend des gens qui s'intéressent au phénomène culturel et aux événements qu'il induit ; ils possèdent de solides connaissances dans leurs domaines de prédilection et manifestent une grande ouverture d'esprit sur tout ce qu'ils maitrisent superficiellement; ce sont eux que l'on rencontre lors des expositions d'art, dans les musées et dans les bibliothèques, ils assistent aux concerts, aux opéras, aux représentations théâtrales ; on les retrouve aussi lors des Journées  du Patrimoine et Découverte de la Nature. La plupart sont éclectiques, curieux de tout et avides de tout ce qu'ils peuvent apprendre. Ils fréquentent souvent les associations proposant des activités culturelles, club de peinture, de lecture,  de théâtre, de musique, chorale… et constituent des microcosmes dans et autour des villes où l'offre culturelle est présente et active.

A force de se retrouver aux mêmes endroits, ils finissent par se connaître et à dialoguer, échangeant leurs impressions dans des conversations souvent constructives, ainsi, il se forme une micro-société spontanée centrée autour du fait culturel.

Cette société, unie autour de ce qui est instructif et beau à lire, à voir, à écouter, à méditer et réfléchir ne correspond ni à une classe d'âge, ni au niveau d'études effectuées, ni à fortiori de la classe sociale d'appartenance, il n'existe aucun cloisonnement pré-établi, il suffit d'aller au théâtre pour s'en rendre compte, au moins au niveau des classes d'âge.

Il convient cependant de ne pas idéaliser ; certains participent au fait culturel seulement par snobisme ou par souci du paraître mais il s'agit d'une minorité.

Quels sont les effectifs de cette frange éprise de culture ? Elle est, selon moi,  beaucoup plus importante qu'on peut le penser ; ainsi, si l'on veut obtenir une place à l'opéra ou aux divers festivals musicaux que l'on trouve partout, il faut réserver très tôt á l'avance car ces manifestations s'effectuent souvent à guichet fermé. De même, si on veut visiter une exposition, il y a souvent plus de temps d'attente que de visite !

Il existe cependant une difficulté concernant cette frange de population éprise de culture : les gens qui en font partie sont beaucoup plus des consommateurs que des producteurs ; s'ils tentent de le devenir en peignant ou en sculptant, ils ont toutes les chances de ne jamais voir leurs réalisations présentées hors du cercle étroit de leur microcosme. S'ils écrivent des romans et des essais, ils n'ont pratiquement aucune chance de se faire éditer sauf à compte d'auteur, non pas parce qu'ils sont mauvais mais beaucoup plus parce qu'ils ne rapporteront pas assez d'argent. Dans cette perspective, les éditeurs préfèrent publier les œuvres de la camarilla intellectualiste dont ils font partie en les complétant selon les nécessités financières par des autobiographies et confessions sans intérêt, fades, douteuses et insipides de personnalités éphémèrement  connues. Ce phénomène est  actuellement heureusement inversé grâce á Internet qui permet à chacune de publier en ligne ce qu'il produit.

A suivre...



jeudi 5 novembre 2015

Le déclin de la culture française ? (12) l'américanisme dénaturé

suite de l'article précédent....

Les deux exemples utilisés, la musique dispensée par les médias et les choix de programmation effectués par les chaînes généralistes et publicitaires de la télévision, sont révélateurs des comportements d'une grande partie de la société française dans son attirance outrancière vers ce que j'ai appelé l'AMERICANISME DÉNATURÉ .

 Il convient cependant de relativiser l'impact de cette forme dégradée de culture sur la société ; ce n'est pas l'américanisation qui conduit au déclin de notre civilisation ; c'est l'inverse qui se produit : l'émergence de l'individualisme forcené, de la liberté à tout prix, de la volonté de puissance et de possession dans les mentalités et comportements actuels amènent les individus à se tourner vers les films et les séries américaines où ils retrouvent exactement ce qu'ils sont devenus. Le monde d'agressivité, de violence et de compétitivité à tout crin va de pair avec l'égocentrisme égoïste qui domine notre société. Dans cette perspective, les individus ne retiennent de la civilisation anglo-saxonne que ce qui leur correspond, sans véritablement s'apercevoir que cette civilisation maintient aussi les grands principes et les grandes valeurs morales du passé.

L'attrait pour cette forme basique de culture, possède des conséquences graves tant au niveau de la vie quotidienne qu'à celui de la culture héritée de notre civilisation passée. Aimer les séries et films américains n'est en soi pas condamnable, aimer un film d'action et lire Victor Hugo ne sont pas non plus incompatibles, il est de même si on apprécie à la même valeur le Rapp et l'opéra. Par contre, ne regarder que les séries et films américains est beaucoup plus préoccupant pour la survie de notre culture !

Si encore la déculturation de la majorité de la population ayant choisi l'américanisme dénaturé se cantonnait à ces secteurs des médias, ce ne serait que demi mal, ce n'est hélas pas le cas ; en effet, les choix télévisuels ou musicaux s'accompagnent d'autres maux en particulier au niveau de la littérature.

Les lectures de la majorité des français sont orientées vers les biographies indiscrètes et souvent indécentes d'éphémères célébrités, vers aussi une presse à scandales avide, pour vendre, de sensationnel et de ragots ainsi que vers des romans à l'eau de rose, d'espionnage ou policiers... De même, la disparition de l'art d'écrire est patente : l'orthographe, l'expression écrite, la pauvreté du vocabulaire en sont les manifestations les plus tangibles. Tout cela fait que le niveau culturel de la population est en chute libre.

Certes, l'école tend à remédier à cet état de fait en faisant découvrir aux élèves les fondements de notre civilisation tant dans les domaines de la littérature, de la musique classique et de l'art. C'est souvent peine perdue : comment un élève peut-il apprécier les grands noms de notre littérature ? Non seulement, il ne comprend ni une grande partie du vocabulaire ni la richesse des nuances de l'expression écrite ni même le sens du scénario et des modes de pensées de l'auteur, ni bien entendu leur démarche introspective mais en plus, il n'aime pas lire, préférant aux œuvres du passé, la violence sans cesse renouvelée des jeux vidéo où tout est simple.

Ainsi, dans de telles conditions, on peut penser, comme le dit M Morrison, que la culture française est en grand péril, aucun des deux courants que j'ai décrits précédemment ne semble capable de stopper le déclin :
     . Les intellectuels vivent en vase-clos hors de la société réelle et s'en désintéressent,
     . La majorité de la population se complaît dans un américanisme simpliste et rejette, faute de les comprendre, les fondements de la civilisation et de la culture française.

Pourtant il existe un espoir de régénération : en effet, entre ces deux courants, il en existe un troisième que j'ai appelé la "frange de la population éprise de culture".

mercredi 4 novembre 2015

Le déclin de la culture française ? (11) l'américanisme dénaturé

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La télévision, telle qu'est est conçue actuellement sur les chaînes vivant de la publicité. présente, par ses programmes,  une grande dangerosité à la fois pour la culture française mais pour les mentalités quotidiennes.

Je me suis livré à une enquête concernant, pendant une semaine,  les deux tranches d'émission du soir qui sont généralement celles de plus grande écoute sur les chaînes de la TNT :

     . Films et séries américaines: 43,4%
     . Films et séries françaises : 10,0%
     . Reportages : 35,3%
     . Variétés : 3,9%
     . Télé-réalités : 3,5% ( il y a avait peu par rapport à l'habitude)
     . Sports : 3,5% ( il n'y avait pas de grands championnats á ce moment)
     . Spectacle culturel : 0,3%

Ainsi, on peut considérer à la simple lecture de ces chiffres que, cette semaine-là, presque la moitié de la programmation des chaînes généralistes de la TNT provenait des pays anglo-saxons.

En fait, cette proportion est en réalité plus importante si on considère que les émissions de variétés comprennent une large part de chansons en anglais et que la quasi-totalité des télé-réalités ne sont que des transpositions d'émissions importées de l'étranger et principalement des Etats-Unis. En outre, si on accomplit une enquête sur les programmes de la fin d'après-midi, on peut constater qu'une grande majorité  des jeux présentés sont aussi des transpositions importées de l'étranger.

Les chiffres cités ci-dessous ne rendent cependant imparfaitement compte de la situation ; en effet  l'américanisme primaire de la télévision possède des conséquences particulièrement pernicieuses pour la société tout entière.

D'abord, en ce qui concerne les séries provenant des pays anglo-saxons, on constate qu'elles ont toutes en commun des scènes d'une grande violence : meurtres, agressions, fusillades, vols, course-poursuite sont présentes dans chacune même si le " bon" l'emporte toujours à la fin. On habitue les spectateurs à cette violence en la banalisant, ce qui ne peut que donner des idées aux gens déséquilibrés souffrant d'un mal-être, d'un manque de reconnaissance de leur valeur par la société, d'une envie de faire du mal ou de s'enrichir rapidement aux dépens d'autrui. Dans ces conditions, il n'est pas étonnant que la délinquance soit devenue un fléau social.

Les télé-réalités sont encore plus dangereuses car elles confinent à la manipulation des êtres humains :
     . D'abord, par le fait qu'elles sont toutes présentées comme des compétitions : on met en pleine lumière des individus qui ne sont absolument préparés à cela et qui, à l'inverse des sportifs, n'envisagent pas qu'ils pourraient perdre ;  quand ils sont éliminés, on peut imaginer les dégâts que cette élimination occasionne ! Ils doivent ressentir cela comme une humiliation surtout qu'elle est accomplie devant des milliers de spectateurs ; comment dans ces conditions pourraient-ils garder un peu de confiance en eux ? Comment supporter le regard des autres?  Certes, ces candidats sont tous volontaires mais il est probable qu'ils ne pensent pas à ce qui leur arrivera, d'autant que la télévision ne s'en occupera plus ensuite.
     . Ensuite par le choix des séquences qui sont diffusées : le but des responsables de ces émissions n'est pas de faire un portrait le plus exact possible des candidats ; au contraire, au moyen de séquences judicieusement choisies, on fait ressortir tout ce qu'il y a de mauvais en eux, on les classifie en un certain nombre d'archétypes sociaux qu'on livre en pâture au public. Les candidats à ces émissions disent souvent qu'ils ne se reconnaissent pas dans les portraits que l'on fait d'eux. Cette simplification à l'extrême des personnalités est caractéristique du cinéma américain tel qu'on nous le montre généralement..
     . Enfin, parce que ce sont les spectateurs qui choisissent les candidats à éliminer. Ce choix est complètement faussé par le fait que les candidats ne sont pas représentés tels qu'ils sont mais tels que la production de l'émission a choisi d'en faire : en conséquence,  le choix des téléspectateurs est téléguidé par cette même production : un candidat gentil et bon mais insipide n'a aucune chance de se maintenir, il faut plutôt faire en sorte que l'on conserve dans l'émission des gens manifestant des comportements déviants, voire amoraux et égocentriques qui permettront au suspense de se perpétuer. Cette manipulation atteint en conséquence tous les téléspectateurs qui vont s'habituer peu á peu à un mode de pensée perverti dans lequel on se lasse de la vertu et on se repaît du vice.

Ces télé-réalités m'évoquent les combats de gladiateurs de la Rome antique á la fin desquels il suffisait d'un geste du pouce pour décider de la vie ou de la mort de quelqu'un ; actuellement, il suffit de dire un numéro au téléphone pour décider du sort d'un candidat.

La troisième série d'observations découlant de cette enquête sur les programmations télévisuelles concerne les reportages et magazines d'information.

Á l'exception des reportages d'Arte et de France 5,  la plupart des émissions de ce type manifestent une pauvreté culturelle affligeante qui comporte trois volets :
     - l'évocation de catastrophes ou de scandales dans tous les domaines, politique, financier, agro-alimentaires...
     - des enquêtes policières sur des crimes et autres déviances élucidées ou non,
     - des investigations dans les quartiers sensibles, dans les urgences, les postes de police, les pompiers ..
Dans ces trois cas, on retrouve ce point commun avec les séries américaines de la présentation outrancière de la violence.

Dans l'enquête effectuée ci-dessus, sont mentionnés 10,3% de séries et de  films français, ils occupent une part faible dans les choix des téléspectateurs du fait que les films présentés sont généralement anciens et déjà diffusés à maintes reprises ; quant aux séries, outre le fait qu'elles ont été également déjà largement diffusées, elles manquent de rapidité dans l'action ce qui leur ôte beaucoup d'intérêt pour les téléspectateurs actuels.

Enfin, la retransmission des matchs sportifs tout comme les jeux généralement programmés en fin d'après-midi, évoquent pour moi plus les jeux du cirque qu'autre chose.

mardi 3 novembre 2015

Le déclin de la culture française ? (10) l'américanisme dénaturé

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La deuxième invasion de la culture française par l'américanisme concerne non seulement la forme linguistique mais aussi le contenu, elle se produit en particulier au niveau des choix des programmes diffusés par les médias. Pour le montrer, je me cantonnerai à ceux présentés par les radios et par la télévision.

Pour s'en rendre compte immédiatement, il suffit d'allumer son poste de radio et d'écouter les stations de radio á vocation généraliste et vivant de la publicité ; entre deux péroraisons aussi indigestes, qu'inutiles et interminables, on est quasiment sûr d'entendre soit des chansons en anglais provenant de Grande Bretagne ou des Etats-Unis, soit des chansons en français traduites de l'anglais. Certes, il existe encore des chanteurs français qui s'expriment dans notre langue mais ils bénéficient d'une audience si confidentielle qu'ils ne sont guère diffusés à la radio.

Cette orientation délibérée des stations de radio procède d'une vaste évolution d'une grande partie de la société vers la musique anglo-saxonne qui envahit notre quotidien : la sonorisation des hypermarchés, des cafétérias ou des fêtes locales est en grande partie effectuée à partir de musique en langue anglaise ; de même, la plupart des jeunes n'achètent ou ne téléchargent que des titres en anglais. Á cet égard, je suis toujours surpris quand je vois un collégien sortant de l'école, les écouteurs rivés aux oreilles chantant dans la rue la chanson qu'il écoute : cela donne un charabia informe dans lequel on a peine à reconnaître un quelconque sens. Cet état de fait est dû à deux causes, d'abord, il ne comprend pas ce qu'il chante, ensuite parce qu'il n'a qu'une idée vague de la prononciation de l'anglais.

Cette attirance pour la musique anglaise  est paradoxale chez ces jeunes quand on connaît le niveau souvent lamentable de la plupart des collégiens en anglais, cela n'est pas dû au fait que les professeurs ou les méthodes d'enseignement soient mauvais,  mais c'est beaucoup dû à la nécessité, pour pratiquer une langue, d'effectuer un apprentissage par cœur et donc de fournir des efforts que peu d'élèves ont envie de faire.

Á suivre...

lundi 2 novembre 2015

Le déclin de la culture française ? (9) l'américanisme dénaturé

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Quelles explications peut-on donner de cette déperdition progressive du français ? Elles sont différentes selon que l'on considère les médias et les individus.

En ce qui concerne les médias de tous acabits, l'explication est claire : il s'agit d'appâter le spectateur ou le lecteur par des libellés-choc qui devrait compenser la médiocrité du contenu, cela augmente l'audience et donc les recettes publicitaires. Les concepteurs de ces émissions doivent trouver des mots anglais court, percutants et facilement reconnaissables : le titre du jeu  MONEY DROP est un exemple significatif de cette idée, la consonance des mots assez hachée recèle un certain mystère voire une menace, cela donne envie de regarder l'émission alors que personne ne regarderait une émission qui s'appellerait " PERTE D'ARGENT" !

Pour les individus qui emploient ce langage anglo-français, les motivations sont beaucoup plus diffuses. J'en ai trouvé au moins deux :

En premier lieu, il y a la difficulté de la langue française toute en nuances et en subtilités avec, pour chaque idée, un grand nombre de mots,  apparemment tous synonymes sans cependant posséder exactement le même sens ; avec aussi des règles grammaticales compliquées comme celle de la conjonction des temps  qui permet pourtant de définir chaque situation par rapport à son contexte. Ce sont toutes ces difficultés qui posent problème à la majorité des gens du fait de la pauvreté de leur  vocabulaire ; sur les 60.000 mots que comporte la langue française selon le Petit Robert , la majorité des gens n'en utilise au mieux qu'un millier ;  en conséquence, quand on ne dispose pas d'un mot pour exprimer une idée et par paresse intellectuelle, plutôt que de rechercher dans un dictionnaire, il est bien plus simple d'utiliser les pseudo-anglicismes  colportés par les médias et qui ne correspond que vaguement à l'anglais véritable. De la même manière, il s'est produit une déperdition au niveau de la concordance des temps avec utilisation seulement de trois temps : présent, futur et passé composé, l'imparfait tend à disparaître de même que le passé simple, le subjonctif et même le conditionnel.

En deuxième lieu, il apparait un phénomène de mode et de snobisme, cela fait bien d'employer les mots anglais que diffusent les médias même si on ne sait pas ce que ces mots veulent dire ; on passe pratiquement pour un demeuré ou pour un intellectuel ringard quand on s'exprime dans un français pur de toute influence !

Jusqu'où cette évolution peut-elle aller ? Selon moi, la généralisation du sabir anglo-français ravalera le français á une place marginale.
     . Pour les uns, cela sera grave puisque le langage étant le support et le véhicule de toute une pensée et d'une culture, la marginalité atteindra aussi tout ce qui fit la fierté de notre civilisation pendant des siècles.
     . Pour d'autres, la création d'un jargon universel à partir de l'anglais abâtardi permettra une meilleure compréhension entre les hommes faisant disparaître le mythe de la tour de Babel.

A suivre...

dimanche 1 novembre 2015

Le déclin de la culture française ? (8) l'américanisme dénaturé

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L'invasion de locutions anglaises dans le contexte linguistique de la France se produit selon un rythme qu'il est aisé de décrire. Elle ne provient généralement pas des français eux-mêmes et commence habituellement  par l'utilisation de locutions anglaises dans les médias. Á ce niveau, la palme d'or revient aux chaînes de télévision et en particulier à celles vivant de la publicité ; en voici quelques exemples :

     - emploi de mots anglais pour donner un titre ronflant à des émissions souvent sans valeur : " STAR ACADEMY", " SECRET STORY", " THE VOICE KID", " TOP CHEF", " THE ISLAND seul au monde"," MONEY DROP " "la reine du SHOPPING" .... Traduits en français, ces titres seraient moins accrocheurs : académie des étoiles (un site pour astronomes ?),  histoire de secret (de l'espionnage ?), la voix des enfants, le chef au sommet, perte d'argent, la reine des courses ...

     - emploi, dans le cadre de ces émissions, de locution empruntées à l'anglais comme
" PRIME TIME" "  (premier  temps en traduction littérale et heure de grande écoute en traduction approximative   Heureusement, on sauve la situation avec l'emploi de prime, un mot latin.... ), LE BEST OF de.. ( le meilleur de..., ce qui signifie que le reste est médiocre).

Les annonceurs publicitaires ne sont pas en reste ; voici quelques locutions trouvées en feuilletant les pages d'un catalogue émanant d'une grande surface, elles proviennent tant des producteurs  qui ne peuvent s'empêcher de mettre des mots anglais dans leurs produits que des diffuseurs  :

     . Mascara existant en WATERPROOF,
     . Ombre à paupières SMOKY STORIES,
     . Mascara SCANDALEYES,
     . Gel ... ROSE VISIBLY CLEAN,
     . distributeur de savon KIT CLASSIC NO TOUCH,
     . CLIC'N GO VANILLA FUN,
     . WONDER CORE SMAR ABDOS,

Que penser du titre d'une page publicitaire libellée ainsi :
Que penser d'une phrase apposée en bas d'une page sur internet : "cette NEWSLETTER contient des COOKIES" ? le mot cookies est admissible puisqu'il n'existe pas, à ma connaissance, de correspondance en français mais pourquoi le mot newsletter ?

Ces pratiques éminemment dommageables vont très vite se propager dans toute la population créant un sabir anglo-français que l'on utilise á tout propos afin d'être au goût du jour en parlant comme à la télévision. Si encore les individus qui s'expriment ainsi savaient le sens des mots qu'ils emploient, ce ne serait que demi-mal mais ce n'est pas le cas ; cela aboutit à des absurdités dont n'ont conscience que ceux qui connaissent un peu l'anglais ; en voici trois exemples :
   . "Soit COOL" , or cool signifie frais : que veut dire " soit frais !" ?
   . la "presse PEOPLE" : le mot PEOPLE signifiant peuple on pourrait s'attendre que cette presse soit revendicatrice des droits du peuple, ce n'est évidemment pas le cas !
    . Un grand jeu organisé par certaines boulangeries franchisées s'appelle "SHOWLESPAINS" soit "montrer les pains" (comment ? du doigt ?)

De tout ce qui précède, on peut en tirer la conclusion que le français, perdant toute substance, se sclérose et décline peu à peu. Quelles explications peut-on donner de cette déperdition progressive du français ?

A suivre...

samedi 31 octobre 2015

Le déclin de la culture française ? (7) l'américanisme dénaturé

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LA MAJORITÉ DE POPULATION ASSERVIE A L'AMÉRICANISME DENATURE

Il n'est pas question pour moi de critiquer la civilisation américaine qui conserve encore un grand nombre de valeurs morales traditionnelles, applique des règles de vie que nous avons largement oubliées comme la discipline, le respect de la liberté d'autrui, le sens de l'intérêt commun, croit en son avenir. et dispose d'une admirable faculté de renouvellement et de novation.

Ce ne sont pas ces qualités qu'empruntent les français aux Etats-Unis mais beaucoup plus  tous les aspects négatifs qui résultent de ces qualités, la mutation des habitudes alimentaires conduisant, entre autre l'obésité, en est une preuve frappante ; l'envahissement se marque dans tous les domaines de la vie quotidienne et en particulier dans celui de la culture, je voudrais dans ce qui suit le montrer par deux exemples significatifs, celui de l'évolution du langage et celui des pratiques de diffusion des médias. Les deux domaines étant d'ailleurs intimement liés dans cette marche vers l'asservissement des esprits à l'américanisme mal compris que j'ai qualifié d'AMERICANISME DENATURE

L'INVASION LINGUISTIQUE
En ce qui concerne l'invasion des mots et locutions anglo-saxonne dans le domaine du langage, l'évolution est patente ; on a l'impression que la langue française, trop complexe, trop subtile et toute en nuances, ne suffit plus aux gens frustes pour rendre compte de la réalité actuelle.

Il convient néanmoins de nuancer ce qui précède, il est normal que l'on intègre dans la langue française des mots étrangers quand il n'existe pas de mots correspondants en français, la supériorité des Etats-Unis dans les domaines techniques et scientifiques a conduit les américains à inventer les mots nécessaires pour exprimer ces découvertes. Certains de ces mots ont été traduits en français mais la plupart du temps, on se borne à utiliser ces mots tels quels, c'est le cas en particulier dans le domaine informatique et numérique.

Cette utilisation de locutions étrangères est constante car les langues ne sont pas des outils figés de communication, il existe entre elles de nombreuses interconnexions qui les font évoluer sans cesse ; de la même manière que l'anglais emprunta de nombreuses tournures au français après la conquête de l' Angleterre de 1066, le français s'est beaucoup enrichi de mots provenant de divers horizons : grec ancien ( mots en "... logue"), arabe ( divan, alcôve, arsenal, hasard, épinard, abricot....), italien (banque, bambin, opéra, soprano, macaron, incognito...) allemand ( boulevard, calèche, cavalerie, trinquer... ) espagnol...  et, bien entendu anglais (parking...). D'une manière générale, les langues évoluent au rythme des civilisations dominantes ; certes, en ce qui concerne le français, il est apparu au fil des temps des codifications qui fixèrent la langue comme celles de la Renaissance, puis de l'époque des lumières avec l'Encyclopédie et au 19e siècle avec la parution des grands dictionnaires, cependant cette fixation des règles grammaticales et linguistiques n'empêcha par la langue d'évoluer et de s'adapter à son époque.

Dans ces conditions, ce qui me parait un grave péril pour la survie de la langue française est l'utilisation de mots anglais quand il existe un équivalent en français ( DRESS CODE pour code vestimentaire par exemple).

Á suivre...

vendredi 30 octobre 2015

Le déclin de la culture française ? (6) la pseudo élite intellectuelle

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Le THÉÂTRE DE L'ABSURDE possède des caractéristiques semblables à celles du nouveau roman, elles sont simplement transposées et adaptées aux contraintes techniques des représentations théâtrales. Les personnages ne possèdent plus aucune individualité particulière ; ils  portent certes un nom et ont même une situation dans la société, mais ils évoluent de manière indépendante les uns des autres, uniquement centrés sur les bouffées de conscience qui les conduit à s'exprimer.

Ce qui est frappant chez eux, c'est la quasi-impossibilité de communiquer avec les autres même sur des conversations de la vie courante, les dialogues se bornent à des répliques souvent sans aucun sens les unes avec les autres qui peuvent se terminer, comme dans la "Cantatrice Chauve", par la succession d'onomatopées ; pour le spectateur, ils ressemblent à ces poupées qu'il suffit de remonter pour les faire prononcer quelques phrases simples .

Les dialogues du théâtre de l'absurde, révélateurs de l'incommunicabilité entre les êtres humains, ôtent toute logique aux propos tenus ; comme dans le nouveau roman, il s'ébauche entre les personnages une conversation décousue  qui est abandonnée dès qu'elle semble se construire . Ils ôtent aussi toute consistance á l'intrigue même si la pièce possède un fil conducteur qui en fait son unité ( dans "Le Roi se Meurt" la marche vers la mort correspond au rétrécissement du royaume) et deviennent burlesques  á force d'être absurdes.

LES CONSEQUENCES
Toutes ces caractéristiques rendent difficilement abordables ces formes nouvelles de littérature hors des cercles où elles se sont élaborées ; le lecteur, comme le spectateur, est déconcerté par l'absence de fil conducteur et d'intrigue, il ne comprend pas où l'auteur veut en venir et même pourquoi ces œuvres ont été écrites. La forme même de ce qui est devenu " aventure de l'écriture" pour M Ricardou se caractérise par un langage souvent limpide derrière lequel se cache la complexité des flux de conscience non clairement exprimés.

Avec le temps, les formes les plus marquantes de cette littérature se sont édulcorées, un certain fil conducteur s'est reconstitué, cependant, les principes élaborés dans la deuxième moitié du 20ème siècle sont encore présents quoique sclérosés. Ainsi, dans la littérature actuelle, on suggère plus qu'on ne construit, on esquisse plus qu'on ne décrit et on reste fidèle à cette conception que j'ai mentionnée des effluves émanant des marges de l'inconscient et submergeant la conscience du réel.

Á cela s'ajoute toujours  un déconcertant hermétisme de langage ainsi qu'une tendance vers l'intellectualisme abstrait qui rebutent toujours autant le lecteur.

Ce renouvellement à peine marqué s'explique par le fait que cette forme de littérature reste l'attribut de ces cercles intellectuels (ou se prétendant tels) qui restent fidèles aux concepts hérités de la deuxième moitié du 20ème siècle. Cette soi-disant élite, convaincue de sa supériorité intellectuelle, s'est enfermée dans un cercle de valeurs et de modes d'expressions qui se sclérosent  en refusant de s'ouvrir aux mutations de notre époque et à  la société réelle.

On peut discerner au moins trois conséquences de cet état de fait :
     . La littérature émanant de ces cercles n'a plus guère d'impact avec la France réelle qui en est réduite à une lecture d'épanchement sentimentaux, de confession des personnalités, de témoignages, de romans policiers ou d'espionnage..
     . Cette littérature trop intellectualiste, trop étrange et trop abstraite est devenue intraduisible dès que l'on dépasse une  traduction littérale pour tenter de rendre compte de la quintessence de l'œuvre.
     . Enfin et surtout, elle a complètement nié l'extraordinaire mutation du numérique émanant des Etats-Unis qui imprègne de plus en plus la vie culturelle en France tant par ses techniques que par le renouveau culturel qu'elle induit.

" Lorsque la concurrence culturelle est trop rude, que l’on se sent inapte à la compétition, grandit la tentation de se réfugier dans l’affirmation d’une différence ombrageuse, d’une supériorité purement spirituelle, d’une profondeur et d’une authenticité imaginaires. Et de tenter d’édifier des barrages, que bien sur, le courant est destiné à emporter : une culture qui tente de protéger son glorieux patrimoine plutôt que de se développer dans l’échange avec les autres, avoue qu’elle est déjà en voie de disparition." ( émission collective de France culture co-animée par Renaud Donnedieu de Vabre, Olivier Poivre d'Arvor, Alain Seban)

PS : ce constat est clairement démontré par le choix que vient d'effectuer l'Académie Française  pour l'attribution de son  grand prix

jeudi 29 octobre 2015

Le déclin de la culture française ? (5) la pseudo élite intellectuelle

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Des concepts mentionnés  dans le précédent article à propos du NOUVEAU ROMAN découle une conséquence qui en est la deuxième caractéristique, le refus de la construction d'une intrigue. Dans le nouveau roman, on ne trouve aucun récit narratif, il n'y a ni enchaînement de cause à effet, ni chronologie. Il n'y a pas non plus de sens humaniste, rien n'évoque l'engagement politique ou social, le nouveau roman n'a pas non plus de démarche pédagogique, L'homme lucide et conscient n'est plus au centre du roman.

Avec de telles ambitions, comment peut-on écrire un roman ? Plusieurs méthodes sont employées selon la sensibilité des auteurs : d'une manière générale, l'exploration tourbillonnante de la conscience conduit à une technique d'expression : une succession désordonnée de descriptions ou de situations qui s'enlisent peu à peu vers l'abstraction et qu'on abandonne dès que semble apparaître un récit pouvant prendre une quelconque consistance ou cohérence. Il se produit alors un chevauchement progressif dépourvu de logique qui passe d'une ébauche de récit à une autre et que l'on abandonnera de la même manière. C'est au moyen de ce labyrinthe de successions informelles que l'on peut rendre compte des mouvements désordonnés des flux de consciences.

Autre caractéristique, la notion d'espace-temps est abolie puisqu'il n'existe ni chronologie, ni repères spatio-temporels. On pourrait en guise de métaphore comparer cette succession désordonnée de situations á l'action d'une personne qui découvre une boîte emplie de photos non classées et qui regarde une á une ces photos, chacune réveillant en elle un souvenir, une émotion,  mais aussi un état de conscience. La comparaison n'est cependant qu'approximative puisque la succession désordonnée s'effectue non au vue de photos mais plutôt d'actes ou de situations qui débouchent vite sur une exploration abstraite.

Le roman conserve cependant une certaine unité puisque les états de conscience émergent généralement d'une même source primitive se dispersant vers ces variations qui constituent les différents épisodes du roman.

Á suivre...

mercredi 28 octobre 2015

Le déclin de la culture française ? (4) la pseudo élite intellectuelle

LA PREMIERE CATEGORIE DES FRANCAIS FACE À LA CULTURE, LES CÉNACLES INTELLECTUALISÉS

Selon moi, en littérature, ils émanent en grande partie du milieu du 20ème siècle, date où le nouveau roman et le théâtre de l'absurde se sont imposés chez les intellectuels de l'époque. C'est à partir de ce moment  que s'est produite une évolution de la pensée qui va conduire à la scission entre ces intellectuels et le reste du pays. Jusqu'alors en effet, l'émergence d'un art nouveau se produisait en réaction contre l'art dominant puis devenait un art reconnu de tous : le romantisme avait vu se créer le réalisme, l'académisme avait, par réaction contre lui, conduit à l'impressionnisme, de l'impressionnisme émana le cubisme...

Ce qui différencie les mouvements nés au milieu du 20ème siècle des mouvements littéraires ou artistiques antérieurs, c'est qu'ils ne constituèrent pas un art qui pouvait  conduire à un acquiescement unanime. En conséquence, cet art nouveau trop complexe et trop abstrait resta le domaine de quelques intellectuels qui formèrent un microcosme culturel s'autosatisfaisant de ses créations.

Pour le montrer, je prendrais d'abord l'exemple du "NOUVEAU ROMAN"

Le nouveau roman s'établit en réaction contre le roman réaliste de type balzacien. La contestation porte á la fois sur le " héros"  du roman et sur le déroulement du récit.

Chez Balzac comme chez d'autres auteurs réalistes, les personnages deviennent souvent caricaturaux à force de vouloir en faire des stéréotypes applicables à l'humanité toute entière dans laquelle on peut se reconnaître et à qui on peut s'assimiler ou assimiler les individus de son entourage. Il en résulte selon les théoriciens du nouveau roman, des caricatures qui ne rendent pas compte de la complexité de l'âme humaine. En ce sens, le nouveau roman s'inspire beaucoup du freudisme.

Voici par exemple ce qu'écrit Alain Robbe-Grillet dans " pour un nouveau roman" de 1963 :
"  Nous en a-t-on assez parlé du « personnage » ! Et ça ne semble, hélas, pas près de finir..... C'est même là qu'elle reconnaît le « vrai » romancier : « il crée des personnages »...

 Un personnage doit avoir un nom propre, double si possible : nom de famille et prénom. Il doit avoir des parents, une hérédité. Il doit avoir une profession. S'il a des biens, cela n'en vaudra que mieux. Enfin il doit posséder un « caractère », un visage qui le reflète, un passé qui a modelé celui-ci et celui-là. Son caractère dicte ses actions, le fait réagir de façon déterminée à chaque événement. Son caractère permet au lecteur de le juger, de l'aimer, de le haïr. C'est grâce à ce caractère qu'il léguera un jour son nom à un type humain, qui attendait, dirait-on, la consécration de ce baptême. Car il faut à la fois que le personnage soit unique et qu'il se hausse à la hauteur d'une catégorie... Le roman de personnages appartient.. au passé, il caractérise une époque : celle qui marqua l'apogée de l'individu."

Notre monde, aujourd'hui, est moins sûr de lui-même, plus modeste peut-être puisqu'il a renoncé à la toute-puissance de la personne, mais plus ambitieux aussi puisqu'il regarde au-delà. Le culte exclusif de « l'humain » a fait place à une prise de conscience plus vaste, moins anthropocentriste. Le roman paraît chanceler, ayant perdu son meilleur soutien d'autrefois, le héros." 

Dans cette citation, l'auteur mentionne tout ce qui ne doit plus exister dans le nouveau roman : la vie familiale, la psychologie du caractère, la place des personnages dans la société, le nombrilisme, le règne de l'individualité ; dans le même esprit, Nathalie Sarraute indique que le nouveau roman ne doit comporter " ni caractère des personnages, ni intrigue romanesque à la faveur de laquelle, d'ordinaire, ces caractères se développent, ni sentiments connus et nommés." Il n'y a plus non plus de sens moral, ni de confession intime,

Dans de telles conditions il convient de remplacer le héros ancré  dans la réalité par une évocation des  "mouvements indéfinissables qui glissent très rapidement aux limites de la conscience; ils sont à l'origine de nos gestes, de nos paroles, des sentiments que nous manifestons, que nous croyons éprouver et qu'il est possible de définir. " 

Ce sont ces mouvements qui formeront le sujet du livre et comme ils se développent chez tout le monde, ils peuvent être portés par n'importe qui, ce qui explique que l'on décrira  " des personnages anonymes, à peine visibles, [ qui] devaient servir de simple support. » (Le langage dans l'art du roman, 1970).

Ces conceptions de ce que l'on pourrait appeler l'anti-héros prennent leur source dans les théories freudiennes et l'influence de Marcel Proust ; dans le nouveau roman, on se trouve en effet  aux frontières du conscient et de l'inconscient et ce sont les impressions émanant de cette zone trouble qui vont servir de support au roman.

Nathalie Sarraute le précise encore dans l"ère du soupçon" de 1956 : Le lecteur "a connu Joyce, Proust et Freud; le ruissellement ... du monologue intérieur, le foisonnement infini de la vie psychologique et les vastes régions encore à peine défrichées de l'inconscient. ... II a vu le temps cesser d'être ce courant rapide qui poussait en avant l'intrigue pour devenir une eau dormante au fond de laquelle s'élaborent de lentes et subtiles décompositions; il a vu nos actes perdre leurs mobiles courants et leurs significations admises, des sentiments inconnus apparaître et les mieux connus changer d'aspect et de nom." 

Ainsi, le nouveau roman peut se définir, selon moi,  comme une vision intériorisée émanant d'un quelconque individu sans consistance, presque incorporel et par l'exploration des méandres tourbillonnants  qui se produisent à la limite de la conscience et forment des effluves semblant  jaillir des marges de l'inconscient.

Á suivre...

lundi 26 octobre 2015

Le déclin de la culture française ? (3) l'analyse de M Morisson

Comment vue de France, peut-on interpréter cette analyse  de M Morisson ?  :

Il y a d'abord, selon moi, un argument qui est contestable : celui qui rend l'art dépendant de la société capitaliste : la valeur intrinsèque d'une oeuvre d'art ne se définit pas par les sommes atteintes lors des ventes aux enchères :  la créativité artistique s'est toujours effectuée dans notre pays en réaction contre l'art académique ambiant : au 19ème siècle, alors que Bougereau était un artiste reconnu par tous, naquit le réalisme et l'impressionnisme qui furent tant décriés qu'ils n'avaient alors sur le marché aucune valeur. Il en fut de même pour le cubisme, le nouveau roman, le nouveau théâtre...

Tout aussi contestable est l'affirmation que l'art français est devenu médiocre á force d'être subventionné : en fait obtenir une subvention de l'Etat est sans doute aussi difficile que recevoir la caution des sociétés capitalistes.

Pourtant, Donald Morrison analyse parfaitement la situation de la culture française lorsqu'il dit que son déclin provient des mentalités françaises elles- mêmes :

Autrefois, explique t'il, la renommée de la littérature française tenait au fait que les auteurs développaient des valeurs universalistes qui transcendaient le tempérament français pour modeler l'ensemble de l'humanité á ces valeurs : " Les précédentes générations d'écrivains français - de Molière, Hugo, Balzac et Flaubert à Proust, Sartre, Camus et Malraux – ne manquaient effectivement pas d'une audience internationale." 

Cette assertion est parfaitement justifiée : Harpagon, Argan ou Diafoirus de Molière, constituent des archétypes dans lesquels.tout le monde pouvait se retrouver, il en est de même de personnages comme le père Goriot, Eugènie Grandet de Balzac, et de la société constituée par les Rougon-Macquart de Zola ou de la fresque décrite dans les Misérables de Victor Hugo. En outre, ces archétypes étaient mis en scène de telle manière qu'apparaisse une perspective moralisatrice valable pour tous : " voilà ce qu'il advient quand on est avare ou cacochyme" aurait pu dire Molière.  Dans la même perspective, la théorisation des droits de l'homme par le siècle des lumières fut  universellement reconnue et appliquée en devenant les fondements de notre civilisation actuelle.

Pour M Morrison, cette vision universaliste n'existe plus : il utilise des qualificatifs assez durs pour témoigner de l'évolution survenue : intellectualisme, abstraction, introspection, autofiction, art de la palabre... Ces termes définissent une culture aux antipodes de l'universalisme prôné autrefois  par la culture française il en résulte une culture intellectualisée á l'extrême se caractérisant soit par l'abstraction soit par l'intimisme cérébral et introspectif, on a l'impression que cet art s'enferme dans une spirale qui se coupe de plus en plus du réel. Dans cette perspective, la culture française n'est plus que le fait d'une infime minorité  exprimant ses états d'âme, sombrant dans un verbiage ennuyeux et souvent inaccessible á la traduction, ce que M Morrison appelle le fardeau de la palabre. Selon lui, cette évolution s'est produit en littérature avec, entre autre, l'apparition du nouveau roman.

Une dernière  observation peut être enfin formulée : dans son analyse, M Morrison fournit une vision globale du déclin français, il témoigne de ce qu'observe de l'extérieur un journaliste étranger. En fait, si cette analyse correspond bien dans son ensemble à la réalité française, elle doit être cependant nuancée en particulier si on se place dans une perspective sociologique.

En effet se dégagent trois strates sociales pour lesquelles on peut noter de profondes différences en ce qui concerne leurs perceptions de la culture :
     . Il y a d'abord une étroite coterie de gens cultivés (ou se prétendant tels) qui orientent l'art et la culture vers toujours plus d'abstraction, d'hermétisme et d'ésotérisme et qui, de ce fait, se coupent non seulement des autres français mais aussi du reste du monde, ce sont eux dont parle M Morrison dans son article.
     . De l'autre côté se trouve une majorité de gens qui se détourne de toutes les traditions culturelles françaises pour se complaire dans un américanisme partiel, superficiel et mal compris en n'en percevant que ce qui en est le plus discutable.
     . Entre les deux existe une frange plus ou moins importante de gens qui se passionne pour toutes les formes d'art et de culture, critiquant l'intellectualisme des premiers et la médiocrité des autres.

Ces trois catégories méritent qu'on s'y intéresse afin de mieux mesurer le degré de déclin de la culture française.

dimanche 25 octobre 2015

Le déclin de la culture française ? (2) l'analyse de M Morisson

Quelles sont les explications données par M Morrison á ce déclin de l'influence culturelle française ?

Il cite d'abord le fait que "beaucoup de Français croient que leur pays et sa culture sont sur le déclin.  Les librairies sont remplies de jérémiades telles que « La France qui tombe », « Le grand gaspillage », « La guerre des deux France » ou « Les classes moyennes à la dérive ». Les invités des émissions de débat et les chroniqueurs d'opinion décrient la fortune faiblissante de la France." 

Deuxième cause, le déclin de la pratique de la langue française dans le monde qui, selon cet auteur, n'est plus parlé que par 12% de la population mondiale.

Donald Morrison donne aussi comme autre cause du déclin, l'omniprésence des subventions : " Les producteurs de n'importe quel film non pornographique peuvent obtenir une avance gouvernementale contre les recettes du "box-office" (la majorité des prêts ne sont jamais entièrement remboursés). En fait, les recettes qui proviennent de la taxe de 11% sur les tickets de cinéma sont réinvestis sous forme de subvention. Avec tous ces avantages, pourquoi l'offre culturelle française ne se débrouille-t-elle pas mieux à l'étranger ? ... Avec un marché domestique à l'abri grâce à des quotas et la barrière de la langue, les producteurs français peuvent prospérer sans des ventes à l'étranger. Seulement 1 film français sur 5 est exporté vers les États-Unis, 1 sur 3 en Allemagne" en outre, les subventions  "assureraient la médiocrité"  des films français. Pour preuve de ce qu'il avance, l'auteur indique qu'aux États-Unis, l'art n'est pratiquement pas subventionné, ce qui oblige les artistes á se surpasser pour intéresser les investisseurs privés.

Enfin, Donald Morrison indique comme cause du déclin que "certains aspects du caractère national peut aussi jouer un rôle... Les écrivains Français pensent qu'ils doivent être des intellectuels" ... " L'abstraction et la théorie ont longtemps été prisées dans la vie intellectuelle française et mises en exergue dans les écoles.... part cette tendance est plus apparente que dans la fiction qui souffre encore du mouvement introspectif du nouveau roman.  Beaucoup des romanciers français les plus révérés aujourd'hui par la critique écrivent une fiction avec un style dépouillé et élégant qui voyage mal. D'autres pratiquent ce que les Français appellent l'autofiction - des mémoires à peine voilées qui dissimulent mal qu'elles ont été conçues par une absorption du moi profond" l'article se termine par cette phrase : " pour beaucoup d’étrangers, le fardeau de la palabre persiste" 

Cet article présente l'analyse de la culture française vue des Etats-Unis. L'étude de la culture française vue de l'intérieur du pays corrobore t-elle la thèse de M Morisson ? ... 

Á suivre... 

samedi 24 octobre 2015

Le déclin de la culture française ? (1) l'analyse de M Morisson

L'ARTICLE "THE DEATH OF THE FRENCH CULTURE"

Un des aspects les plus tristes du déclin français que j'ai évoqué dans une précédente série d'articles est celui qui se produit dans les domaines linguistiques et culturels. Elle a été en particulier explicitée dans un article paru en 2007 dans le Times écrit par un journaliste américain, Donald Morrison dont le titre était the "Death of the French Culture" . Cet article suscita évidemment de vigoureuses protestations et fit polémique en France. Pour le comprendre, il convient d'indiquer qu'il s'agit d'une vision non de la culture française en tant que telle mais beaucoup plus du rayonnement de la culture française dans le monde.

Son propos s'articule en deux grandes parties :
     . Le constat de la situation,
     . Une tentative d'explication de celui-ci,

En ce qui concerne le constat, voici quelques extraits de son article :

" Jadis admirée pour l'excellence dominatrice de ses écrivains, artistes et musiciens, la France est à présent une puissance qui dépérit sur le marché culturel mondial. 

Seule une poignée des nouveaux romans de cette saison trouvera un éditeur hors de France. Moins d'une douzaine le sera aux États-Unis dans une année moyenne, alors que dans le même temps, 30 % de toutes les fictions vendues en France sont traduites de l'anglais.... Les précédentes générations d'écrivains français - de Molière, Hugo, Balzac et Flaubert à Proust, Sartre, Camus et Malraux – ne manquaient effectivement pas d'une audience internationale. 

La France pond encore environ 200 films par an, soit plus que tout autre pays en Europe. Mais la plupart des films français sont aimables, sorte de broutilles à petits budgets pour le marché intérieur. Les films américains représentent quant à eux près de la moitié des tickets vendus dans les cinémas français." 

Suit alors une preuve contestable du déclin français au niveau de la peinture, l'auteur indique que dans les " maisons de vente aux enchères" la cote des productions françaises est  très inférieure à celle des œuvres des autres pays , cette idée est contestable car la valeur intrinsèque d'un tableau ne se mesure pas à l'aune de sa valeur commerciale.

" La France a effectivement des compositeurs et des chefs d'orchestre de réputation internationale, mais aucun équivalent à des géants du XXe siècle tels que Debussy, Satie, Ravel et Milhaud. Dans la musique populaire, les chanteurs et chanteuses(f) tels que Charles Trenet, Charles Aznavour et Édith Piaf furent jadis écoutés du monde entier. Aujourd'hui, les Américains et les Britishs dominent la scène pop. 

La France est un pays où promouvoir l’influence culturelle a été la politique nationale durant des siècles, un pays où les philosophes controversés et les nouveaux musées démonstratifs sont des symboles de fierté et de patriotisme. De plus, la France a endossé la responsabilité de promouvoir le concept d’« exception culturelle » qui autorise les gouvernements à empêcher l’entrée des produits de divertissement étrangers tout en subventionnant les leurs. Les dirigeants français, croient qu’un tel protectionnisme est essentiel pour sauver la diversité culturelle. " 

À suivre...

mardi 13 octobre 2015

Impressions sur .. MONTPELLIER (5)

LA CATHÉDRALE

Les églises de Montpellier ne sont pas anciennes car beaucoup d'entre elles ont été détruites par les protestants. la cathédrale conserve néanmoins une partie de sa structure médiévale  .

A l'origine, avait été établi sur ce site un monastère bénédictin qui fut construit à l'époque du pape Urbain V. Il comprenait une église consacrée en 1373 et des bâtiments monastiques.


Quand le siège épiscopal de Maguelone fut transféré à Montpellier, l'évêque fit de l'ancien monastère son palais épiscopal tandis que l'église abbatiale devenait cathédrale.
La façade occidentale serait assez austère si elle n'était pas  précédée d'un porche-baldaquin de style avignonnais,  comportant deux tourelles circulaires,

A l'intérieur, coexistent deux architectures :
     . La nef correspond à l'ancienne église abbatiale, elle est représentative de l'art gothique méridional
     . Par contre, le transept et le chœur actuel datent du XIXème siècle.

La nef ne comporte pas de bas-côtés, ceux-ci sont remplacés par des chapelles latérales limitées par des murs-contreforts internes qui portent la structure. Au dessus se trouve une rangée de fenêtres hautes. La voûte est ogivale avec d'imposants arcs doubleaux.

Ce type de construction avec contreforts intérieurs séparant les chapelles latérales  permet de faire en sorte qu'il n'y ait pas besoin d'arcs-boutants à l'extérieur, comme le montre la photo ci-contre : les contreforts intérieurs sont surélevés au niveau de l'étage des fenêtres hautes et supportent la voûte

L'ancien palais épiscopal est devenu la faculté de médecine.

mercredi 7 octobre 2015

Impressions sur... Les remparts d'Aigues-Mortes (5)

Le deuxième type de portes est celui des entrées monumentales de la ville,  elles comportent un PORCHE CENTRAL ENCADRÉ DE DEUX TOURS CIRCULAIRES.

La PORTE MARINE s'ouvre sur le port médiéval.
La roue centrale possède  les mêmes éléments de défense que les tours-portes simples avec :
     - un porche sous lequel se trouve la porte et la herse,
     - une chambre surmontant le porche avec le mécanisme de la herse,
     - au dessus, une terrasse de tir avec créneaux et archères.



De chaque côté de ce porche central s'élèvent les deux tours demi-circulaires ; en élévation , elles comportent deux fenêtres surmontant une archère basse, ce qui permet de penser que ces tours ont trois niveaux.

A cette structure qui est commune à toutes les portes de ce type, la PORTE DE LA GARDETTE  possède une spécificité puisqu'elle comporte les rainures verticales typiques d'un pont-levis ;  cette situation s'explique par le fait que c'est à cette porte qu'arrivait la chaussée d'accès que Louis IX a fait aménager. C'était le seul accès direct par voie de terre, il fallait donc une meilleure protection. A l'emplacement du parking se trouvait le fossé.



Ces portes monumentales ne le sont véritablement qu'à l'extérieur car, à l'intérieur, la façade est rectiligne sans qu'apparaissent les deux tours latérales.

Cette caractéristique avait été observée dans les tours d'angle qui possèdent la même structure.

C'est ce que montre bien la photo de la PORTE DE LA GARDETTE  prise depuis la rue Jean Jaurès. En son centre se trouve la porte proprement dite. Au dessus, court le chemin de ronde en encorbellement, il donne accès aux deux salles demi-circulaires des tours et á la salle centrale par trois portes.


Le chemin de ronde est, au niveau des tours, en avancée par rapport à celui du rempart. Cela permet d'y installer des rampes d'escalier sur demi-arcades qui donne directement sur le chemin de ronde.

C'est ce que montre la photo ci-contre avec respectivement de gauche à droite :
   . La courtine derrière laquelle on aperçoit la tour de Constance,
   . l'escalier d'accès au chemin de ronde au niveau de la tour,
   . Le mur rectiligne de la porte.

Sur la miniature du 15eme représentant le départ de Louis IX pour la croisade, on reconnaît parfaitement bien les différentes articulations de la courtine.








Cet ensemble n'a subi pratiquement aucune modification depuis le 15eme siècle, il est un témoignage des techniques de fortifications de l'époque de saint Louis à une époque où on ne disposait pas de canons pour s'emparer d'une ville.

mardi 6 octobre 2015

Impressions sur... Les remparts d'Aigues-Mortes (5)

Le deuxième type de tour est celui des TOURS D'ANGLE.

L'aspect extérieur de la TOUR DE VILLENEUVE

Vue de l'extérieur, il apparaît une paroi circulaire simple couvrant l'angle et comportant une terrasse à créneaux et archères. La tour est flanquée d'une autre tour polygonale qui sert d'escalier extérieur d'accès à la terrasse.

 La façade interne donnant sur la ville est beaucoup plus complexe comme le montre la photo de la TOUR DES BOURGUIGNONS.(1)

D'abord, il apparaît que la tour n'est pas totalement circulaire, elle accole en effet deux formes : une forme demi-circulaire à l'extérieur et une forme rectangulaire à l'intérieur en sorte que dans la ville ne ne voit  qu'une forme plane.

Autre caractéristique, le chemin de ronde ne traverse plus la tour comme c'était le cas dans la porte de l'Organeau, il contourne la tour en avant de celle-ci.

Le chemin de ronde est accessible du boulevard intérieur par deux escaliers, chacun est supporté par une demi-arcade qui encadre la tour.

La tour comporte trois niveaux :
   . Une grande salle accessible directement par le chemin de ronde.
   . Au dessus se trouve la terrasse, on y accède par la tour-escalier extérieure. Cette terrasse est bordée de deux mâchicoulis qui surplombent le chemin de ronde.
   . En dessous, de la salle principale, la présence de deux meurtrières permet de penser que se trouvent des salles inférieures sans accès vers l'extérieur qui évoquent des réserves ou peut-être des culs de basse-fosse.

1- le nom de " tour des bourguignons" fait référence à un épisode de la guerre de cent ans et à la guerre civile dite des Armagnacs et des Bourguignons. La place, livrée aux Bourguignons par son gouverneur, fut assiégée par Charles de Bourbon, au nom du dauphin de France; elle résista, mais ses habitants se soulevèrent et massacrèrent la garnison en 1421; les morts furent si nombreux  que pour éviter les risques de propagation des maladies, on décida de les entasser dans un tour de l'enceinte et de les saler. On en tira une chanson :

Bourguignon salé , 
L'épée au côté, 
La barbe au menton, 
Saute ! Bourguignon !