REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

samedi 30 juillet 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (26) YASHODARAPURA 2 et le BAPHUON

LE SITE DU BAPHUON


Le plan ci-dessus à droite montre le BAPHUON dans son environnement tel que l’on peut le visiter aujourd’hui ; il  résulte des aménagements postérieurs au 11e siècle effectués à l’époque de JAYAVARMAN VII dans le cadre de la création de la nouvelle capitale d’Angkor Thom, il se trouve actuellement au sud de l'enceinte du Palais Royal et est inséré entre cette enceinte et une levée de terre bordant un canal d'irrigation.

Vers l'ouest, comme le montre la photo de gauche, s'élève  une colline surmontée de murs qui devaient porter une grande tour et devant laquelle se trouve le temple. A l'est enfin, se déploie une vaste place, aménagée postérieurement à l'époque d'Angkor Thom,  et une route reliant le Palais Royal au Baray occidental et à l'alignement du Mebong oriental.

Le BAPHUON se différencie des autres temples construits antérieurement par son enceinte extérieure rectangulaire de 125m sur 425. Cette particularité s’explique sans doute par des aménagements postérieurs effectués à l’époque de JAYAVARMAN VII afin d’aligner la nouvelle entrée du temple sur celle du Palais Royal et sur la terrasse des éléphants.


Photos montrant les probables aménagements de l’époque d’Angkor Thom

Le temple subit ensuite de nombreuses dégradations, la plus importante fut la décision de détruire l’ensemble de la façade ouest et la tour centrale pour construire sur cette façade un Bouddha couché de 9m de haut et 70m de long. Cette statue ne fut jamais terminée en sorte que seul un amas de pierre signale le visage et le torse du Bouddha. En conséquence, seules les façades Est, Nord et Sud ont retrouvé leur lustre d’antan grâce à la reconstruction archéologique effectuée. C’est ce que montre les photos ci-dessous de la pyramide proprement dite

À suivre... Description du BAPHUON.

jeudi 28 juillet 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (25) YASHODARAPURA 2 et le BAPHUON.

En 1001, à la mort de JAYAVARMAN V, se produit une courte guerre civile qui porte sur le trône un usurpateur SURYAVARMAN 1er (1002-1050), celui-ci rétablit la paix et la prospérité dans tout le royaume et créa la nouvelle ville Yashodharapura 2.



Comme les autres cités  d’Angkor, cette nouvelle ville est établie entre un temple-montagne et l’eau.

A cette époque,  la population avait tellement augmenté à Angkor que la superficie de terres irriguées créée par les deux premiers Baray ne suffisait plus. Cela explique que Suryavarman 1er puis son fils et successeur UDAYADITYVARMAN Il  (1050-1066) aient entrepris l'aménagement d’un nouveau Baray.

Ce nouveau bassin ne pouvait être alimenté par les eaux des Strung Roulos et Strung Siem déjà sollicitées pour les précédents BARAY ; il fut décidé de le créer plus à l'ouest en utilisant le cours d'une troisième rivière, le Strung Puok.

Le bassin, appelé BARAY occidental, était encore plus important que son homologue oriental. Il mesure 8km sur 2,1km, le périmètre irrigué atteint désormais 100 km2. Au centre du bassin fut construit un temple qui fait pendant au Mebong oriental et qui porte le même nom que lui.

Parallèlement, fut décidée la construction d'un nouveau temple-montagne servant de temple d’Etat,  le BAPHUON. Il fut accolé au sud du Palais Royal pour lequel  SURYAVARMAN 1er puis  UDAYADITYVARMAN Il  effectuèrent  d'importants aménagements ; à l'intérieur de son enceinte fut terminé le temple de PHIMEANAKAS sans doute commencé par Rajendravarman ll.(1)

Les constructions de l'évoque de Yasodharapura ll sont particulièrement intéressantes car elles vont à la fois :
     . Tenir compte des acquis architecturaux des époques précédentes,
     . Utiliser les  nouveautés architecturales de l’époque de JAYAVARMAN V, en particulier les  galeries pourtournantes et les prasat cruciformes,
     . Parfaire ces dernières techniques avec la généralisation de la pseudo-voûte en berceau brisé,
     . Développer le programme iconographique jusque-là surtout limité aux montants des portes, au linteau, aux tympans et aux niches pourvues de gardiens ( DVARAPALA et DEVADA).

Ces nouveaux aménagements vont créer un style que l’on retrouvera désormais dans tous les temples de la période angkorienne, y compris à Angkor-Thom. Pour le montrer, on peut prendre l'exemple du BAPHUON qui est, à mon avis, le temple le plus représentatif de cette  évolution stylistique.

(1) J’ai lu certaines allégations indiquant que Suryavarman 1er aurait entrepris de terminer la construction du  temple du TA-KEO. Selon d’autres informations se basant sur une inscription, le roi aurait remis le temple à un prêtre devenu un de ses ministres, Yogishvara Pandita dans ce but, l’inscription révèle que la foudre frappa le bâtiment et, qu’en conséquence, les travaux s’arrêtèrent du fait de ce mauvais présage.

dimanche 24 juillet 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (25) Le temple de BANTHEA SREI



Suite de l'article précédent

La quatrième  photo représente Naramsiba, un des Avatars de Vichnou étripant l’asura HIRANYASHIPU. Grâce  à de grandes ascèses, cet Asura avait obtenu de Brahma de ne pouvoir être tué ni pas un homme, ni par un animal, ni un Dieu, ni à l’intérieur, ni a l’extérieur, ni au sol, ni dans les airs, ni le jour, ni la nuit.

 Vichnou prit alors la forme de Naramsiba, mi-homme, mi-lion, il tua HIRANYASHIPU au crépuscule (ni jour, ni nuit), sur le pas d’une porte (ni à l’intérieur, ni à l’extérieur) et sur ses genoux (ni au sol, ni dans les airs). Ce récit est tiré du Bhagavata Purana. Un tel exploit permet de comprendre pourquoi cette scène avait été choisie sur le tympan de la cella de Vichnou.

DEUX DERNIÈRES SCULPTURES DU TEMPLE DE BANTHEAY SREI

Pour terminer cette description du temple de BANTHEAY SREI, je voudrais mentionner ici deux reliefs sculptés qui me semblent particulièrement intéressants par leur esthétique.


Le premier est situé sur le linteau qui supporte le tympan représentant l’incendie de la forêt de Khandava, Il représente INDRA chevauchant l'éléphant Aivarata et tenant à la main son attribut principal, la foudre. Indra est entouré d’une guirlande végétale, parfaitement symétrique de part et d’autre du Dieu  ressemblant à une mandorle. Il est positionné sur une console évoquant la fleur de lotus telle qu’on la trouve au sommet des prasat. Cette console est portée par les pattes antérieures de deux lions sculptés symétriquement de part et d’autre d’un motif central en forme de fleur. De leur gueule ouverte surgit une guirlande végétale. Les corps des lions sont représentés cambrés et  donnent l’impression d’une continuité de forme entre le dos des lions et la guirlande.

La guirlande se décompose en segments limités par des bagues de fleurs ; au niveau de ces segments se trouvent des cavaliers qui éperonnent leurs chevaux. De part et d’autre des deux lions sont sculptées  des volutes végétales symétriques dont les motifs masquent partiellement le corps des lions comme si ceux-ci étaient enserrés par les feuillages.

Outre la symétrie du décor qui met parfaitement en valeur la figuration centrale, on ne peut qu’admirer la richesse et la profusion des motifs qui révèlent un sens accompli  du détail et une parfaite maîtrise des techniques de ciselure de la pierre ; cela conduit  à la création d’une oeuvre d’art pleine de grâce et d’harmonie.


La deuxieme représentation se trouve dans le gopura de l’enceinte intermédiaire du temple. Au centre de ce tympan est représentée Lakshmi, la parèdre de Vichnou, elle est assise sur un socle en forme de console et est entourée de deux éléphants qui versent sur elle de l’eau lustrale. Lakshmi est surmontée d’un décor de volutes qui semblent créer autour d’elle une auréole végétale.

En dessous de la console est sculpté l’oiseau Garuda, la monture de Vichnou. Garuda semble enserrer de ses deux pattes la guirlande derrière laquelle il se trouve comme s’il émergeait du décor végétal..

Comme pour le linteau représentant Indra, on retrouve dans ce tympan une grande profusion du décor associée à une parfaite symétrie  qui met en valeur la parèdre de Vichnou ; la maîtrise de la technique permet de donner grâce et harmonie à un art sculpté qui est alors, selon moi, à son apogée.

Prochaine serie d'articles : YASHODHARAPURA 2

samedi 23 juillet 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (24) Le temple de BANTHEA SREI



 Suite de l'article précédent

Le deuxième tympan représente Durga Mahishasuramardini. L’histoire de Durga tuant le démon Mahishasura est racontée dans les Purana, compilation de textes datant d’une période antérieure au 10e siècle.

 Durga possède deux caractéristiques :
   . C’est un Shakti de Civa en tant que déesse guerrière, invincible et inaccessible
   . C’est une déesse à part entière à laquelle sont dédiés de nombreux temples aux Indes.

Apres de longues ascèses, l’Asura Mahishasura, un démon-buffle, avait obtenu de grandes faveurs d’Indra dont celui de ne pas être vaincu ni tué par un homme ni par un dieu. Grace à ses pouvoirs et avec l’aide des asuras, il parvint à vaincre les dieux et s’installe à leur place à la gouvernance de l’univers. Les dieux en sont réduits à errer sur terre comme de simples mortels. En désespoir de cause, ils s’adressent à Çiva et Vichnou, qualifiés de « souverains » ; de leurs visages en colère puis du visage de tous les dieux  naquirent de grands rayons lumineux qui se fondirent en un corps de femme, Durga appelée aussi Chandika, la terrible et Ambika ; chaque dieu lui donna son arme : le trident de Çiva, la foudre d’Indra, la conque de Varuna, la lance d’Agni, le disque solaire de Vichnou, l’épée et le bouclier de Kama, la massue de Kubera...Elle reçoit aussi un lion comme monture.

La première phase du combat entre Durga et les démons dura neuf jours et neuf nuits, elle vit la mort de tous les asuras qui formaient  l’armée de Mahisasura. Le dixième jour, eut lieu le combat final avec le démon-buffle. Après maintes péripéties, Durga-Chandika sauta sur le buffle et le transperça avec le trident de Civa ; de la gueule du buffle tenta alors de sortir le démon mais Durga lui trancha la tête. Pour la remercier, les dieux lui composèrent des chants de louanges ; flattée, Durga promit qu’elle serait toujours à leur service quand ce serait nécessaire.

C’est sans doute pour cette raison que la déesse est représentée sur le tympan interne du gopura d'entrée. Elle y est figurée alors qu’elle pose le pied sur le démon-buffle et brandit le trident pour le tuer (Il n’en reste que la hampe) ; le démon émerge du corps du  buffle  tandis que Durga lève un des huit bras représentés ici, portant le couteau qui tranchera la gorge de Mahisasura.

La troisième reproduction est celle de Çiva Nataraja (dansant) cette scène est ici figurée de manière schématique. La danse représente le cycle éternel de destruction suivie de reconstruction. La représentation habituelle que l’on trouve aux Indes à partir du 10e siècle,  montre Çiva entouré d’un cercle de feu symbolisant le cycle du temps ; dans une de ses mains il tient le feu, symbole de destruction, dans l'autre, le tambour qu’il agite pour émette le premier son de la nouvelle création et le premier battement de cœur du cosmos  ; les deux autres mains effectuent les gestes d’abhaya mudra (geste de bénédiction) et de Gaja hasta ( symbole de salut et de libération). A BANTHEAY SREI, les mains de Civa ne portent rien, seul un tambour figuré dans un coin du tympan évoque la danse cosmique.

A suivre...

vendredi 22 juillet 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (23) Le temple de BANTHEA SREI

LES TYMPANS REPRÉSENTANT DES DIEUX EN ACTION

En voici d’abord ci-dessous quatre exemples significatifs et évocateurs de la religiosité des constructeurs du temple, le premier exemple provient du tympan d’une des galeries bordant l’esplanade mais une scène semblable était représentée sur le tympan du prasat de Vichnou, les trois autres proviennent de la partie centrale du temple :

Ces quatre représentations ne sont pas disposées selon l’ordre de la visite mais en fonction de la compréhension que l’on peut avoir de leur signification.

La photo de gauche représente Çiva et sa parèdre sur le taureau Nandi. Ce relief sculpté (7)  qui surmonte l’entrée du prasat de Çiva témoigne d’un symbolisme qui exprime une des grandes idées de l’hindouisme, celle de la non-différenciation entre le transcendantal  et la nature. Ce concept  est matérialisée par le concept de shakti. Ainsi, Parvati n’est pas l’épouse de Çiva au sens occidental du terme mais une de ses shakti.

La shakti est la force agissante du Dieu, la personnalisation de l’énergie qui mettra en oeuvre la création du Dieu, le principe actif et extériorisé du Dieu.

Ces deux états sont complémentaires comme l’indique cette  citation du Devi Upanishad : «  C'est seulement lorsque Shiva s'unit à toi, O Shakti, qu'Il devient le Seigneur Tout-Puissant. Laissé à lui-même, Il n'a même pas la force de lever le petit doigt".

Cette complémentarité est exprimée dans un des plus anciens textes de compréhension globale de l’univers, le Samkhya  ( 7e siecle av JC) qui théorise le monde selon deux termes :
     . PURUSHA : principe et conscience statique assimilés à la masculinité,
     . PRAKRITI : nature assimilée à la féminité qui donne matière et forme à la création ; son dynamisme est activé par le contact du principe mâle statique, c’est le rôle de la shakti qui établit le pont entre le transcendantal et l’humanité.

La  mise en application de ces concepts dans l’acte de procréation  est évidente : l’homme apporte sa semence et reste passif ensuite, la femme reçoit la semence et la fait fructifier, l’énergie créatrice de la shakti permet à l’esprit de se matérialiser. Ce dualisme est symboliquement illustré  dans les cella des  temples par  l’association du Linga ( principe masculin) et du Yoni ( principe féminin)

De ces considérations émanant des concepts philosophiques des Vedas découle une double adaptation cultuelle :
    . D’abord, le nécessaire passage du concept à la matérialité fait que la faculté créatrice de la shakti peut prendre diverses formes selon les nécessités du moment : ainsi sont mentionnées de nombreuses parèdres de Çiva : Uma, Parvati, Kali, Durga...
   . Les textes theoriques qui créèrent la complémentarité Dieu-Shakti furent relayés par les grandes épopées qui modifièrent quelque peu ces concepts en personnifiant certaines de ces shakti, en leur donnant corps et en les dotant d’une existence propre et d’une histoire. Les diverses formes de la shakti devinrent des déesses à part entière, recevant un culte en tant que telles.

Ainsi, ce tympan exprime en ces trois personnages la  double conception de  l’ hindouisme :
     . L’union du principe créatif du dieu et de l'énergie agissante de sa shakti, qui symbolise les deux aspects complémentaires de la puissance divine.
     . La personnification de chacune des deux composantes en deux dieux distincts agissant de concert.
On ne pouvait pas trouver mieux pour protéger l’acces au prasat de Çiva !

jeudi 21 juillet 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (22) Le temple de BANTHEA SREI

LES TYMPANS REPRÉSENTANT LES LOPAKALA

Ces tympans ont un rôle essentiellement protecteur des cella afin de les protéger des influences maléfiques. Quatre de ces Lopakala sont représentés sur les huit que comporte la tradition religieuse hindouiste.

Trois de ces gardiens surmontent les trois fausses portes des cella :
   . Au Nord (4),  est représenté KUBERA dieu des richesses souterraines, gardien des neuf trésors,  régent des océans et des rivières et gardien du nord. Il est représenté sur le char Pushpaka. Ce char aérien est à la fois un palais merveilleux qui charge de forme à la volonté de ses occupants et pourvoit à tous les désirs.
   . A l’Ouest (5), se trouve VARUNA, dieu des eaux célestes et souterraines et gardien de l’ordre céleste et de l’ouest, sa monture normale est le makara mais il est représenté ici sur un char tiré par des oies.
   . Au Sud (6), figure YAMA, qui garde le ciel des morts, juge ceux-ci et inflige des tourments à ceux qu’il a damné, il est le gardien du Sud et est représenté sur sa monture habituelle, le buffle, celui-ci est porté par trois atlantes mi-hommes, mi-lions.

A l’Est (3),  un seul gardien est  représenté sur le tympan du porche menant au Mandapa, INDRA, seigneur du ciel, roi des dieux avant qu’il ne soit supplanté par Çiva et Vischnou, ses armes sont la foudre (VAJRA ) et son arc figuré par l’arc en ciel. Il est gardien de la direction de l’Est. On ne le trouve pas sur les tympans des vraies portes des deux prasat latéraux ;  en effet ceux-ci sont gardés par les dieux auxquels ils sont dédiés, Civa et Vichnou.

Indra est aussi représenté sur le premier gopura, celui qui ouvre sur l’esplanade et sur la cité, en signe évident de protection, c’est cette sculpture qui est figurée ci-dessous, Indra est juché sur sa monture habituelle, Aivarata, un éléphant à trois têtes.

mercredi 20 juillet 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (21) Le temple de BANTHEA SREI

LES TYMPANS DES BIBLIOTHÈQUES (suite)

Le tympan ouest de la bibliothèque nord présente également un épisode de la vie de Khrisna. A cette époque régnait à Mathura un roi méchant et sans scrupules appelé Kamsa. Kamsa avait une soeur nommée Devaki qui devait se marier au prince Vasudera.

Lorsqu’il conduisait Devaki au mariage, Kamsa entendit une voix venue du ciel qui le prévint que le huitième enfant de sa soeur le tuerait. Le prince Vasudera accepta de lui remettre tous les enfants à naitre pour qu’il les tue. Vasudera pût néanmoins sauver son  7e puis son  8e enfant (Krishna qui en réalité est une incarnation de Vichnou ). Ce récit ressemble fort à celui de la naissance de Zeus.

Plus tard, Krishna  revint au palais et tua Kamsa. C’est la scène du meurtre qui est figurée sur le tympan.

Le décor représente un riche palais (1) comportant deux étages et constitué de colonnes ciselées surmontées de chapiteaux. Entre les colonnes sont représentés des rideaux relevés. Les toits sont construits en terrasses sur lesquelles sont construits de petits pavillons.

Au premier étage, se trouve un pavillon surélevé. C’est là que Krishna (2) tue Kamsa (3) Il le tient par les cheveux et s’apprête à lui trancher la gorge. Dans les autres pièces du palais, se trouvent de nombreux personnages, les uns regardent vers l’extérieur  (4), les autres au rez-de-chaussée sont entrelacés (5). De part et d’autre du palais se trouvent deux guerriers sur leurs chars, sans doute Krishna et Arjuna (6) selon ce que j’ai pu en lire.

À suivre...

mardi 19 juillet 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (20) Le temple de BANTHEA SREI

LES TYMPANS DES BIBLIOTHÈQUES (suite)

La bibliothèque nord fait face au temple de Vichnou et présente à l’Est un épisode tiré du Mahabharta appelé l’incendie de la forêt de Khandava. Arjuna et Krishna (un Avatar de Vichnou) se sont rendus dans un endroit retiré et calme, ils voient arriver un brahmane souffrant qui leur demande de la nourriture.

Alors, le brahmane révèle qu’il est Agni, le dieu du feu ; il leur dit : «  ce n’est pas de nourriture dont j’ai faim, sachez tous deux que je suis le feu, donnez moi la nourriture qui me convienne. Sans cesse, Indra protège cette  forêt  de Khandava de l’incendie, je ne puis pas la brûler car elle est protégée par Indra car c’est là que réside le serpent Taksaka, c’est pour lui qu’avec ses troupes, le porteur de foudre protège la forêt de l’incendie » (Mahabharata 1.215.5-7)


Arjuna et Krishna (1 et 2) décident d’aider Agni à incendier la forêt de Khandava (3). Le roi serpent Taksaka (4) implore Indra d’arrêter le feu destructeur. Indra (5) monté sur sa monture habituelle Airavata ( éléphant à trois têtes) envoie la pluie (6). Alors Arjuna et Krishna bandent leur arc et envoient des bordées de flèches si serrées qu’elles forment un écran (7) empêchant la pluie d’éteindre l’incendie. Dans la forêt, les animaux fuient le feu (8) qui ravage tout.

dimanche 17 juillet 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (19) Le temple de BANTHEAY SREI

LES TYMPANS DES BIBLIOTHÈQUES (suite)

Le tympan ouest du prasat sud évoque un autre épisode du Ramayana : le dieu de l’amour Kama (1), obéissant à l’ordre des dieux qui ont été chassés du ciel par les démons, lance une flèche sur Civa (2) alors en méditation après le suicide de sa parèdre Sati, afin d’éveiller en Civa des sentiments d’amour pour Parvati (3) (qui est d’ailleurs une réincarnation de Sati). Seul, en effet, l’enfant de Çiva et de Parvati pourrait rétablir la puissance des dieux en vainquant les démons.

Le mont Kailasha est figuré comme une pyramide, En dessous de Çiva se trouve des ascètes (4) en  prières, en dessous encore des orants (5) ayant des têtes d’animaux. Le dernier registre est occupé par des gens du peuple accompagnés de leurs animaux (6). Enfin au dessus de ce registre est représenté Nandi (7), le taureau , monture de Çiva.

Il n’est  représenté sur ce tympan  que la première partie de l’histoire ; Çiva, mécontent d’être dérangé dans sa méditation, ouvre son troisième œil et foudroie Kama. Il faudra d'autres interventions divines pour vaincre les démons, ce sera l'histoire de Durga que j'évoquerai postérieurement.

Ce  tympan est, comme le précédent, ceint  par une guirlande de rinceaux floraux  terminée par un makara recrachant un démon. (8)

À suivre...

vendredi 15 juillet 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (18) Le temple de BANTHEAY SREI

LES TYMPANS

Selon ce que j’ai pu observer, lors de ma visite du temple de BANTHEAY SREI, il m’a semblé que les tympans des édifices de ce temple pouvaient se classer en trois types :
     . Les tympans narratifs, on les trouve au niveau des bibliothèques, ils racontent  une histoire ayant trait au dieu à qui était dédié le prasat qui lui fait face : épisodes concernant Çiva au sud et Krishna (avatar de Vichnou) au nord.
     . Les tympans ne comportant qu’une simple représentation de Dieu au centre de la composition, elle est entourée sur le reste du tympan de rinceaux végétaux en volutes sur lesquels de petits personnages semblent s’accrocher. Chacun de ces Dieux est accompagné d’un signe distinctif qui permet de le reconnaître et en particulier de sa monture. Cette représentation concerne en particulier les Lopakala (divinités gardiennes des directions)
     . Les tympans comportant un motif central représentant un dieu en action dans une de ses manifestations mentionnées dans les textes sacrés de l’hindouisme.
 
LES QUATRE TYMPANS DES BIBLIOTHÈQUES


Le tympan Est de la bibliothèque Sud face au prasat de Çiva représente un épisode du Ramayana. Le démon  RAVANA (1) reconnaissable à ses multiples bras et ses multiples têtes tente de secouer le mont Kailasha, résidence de Çiva (3) et de Umma (4), représenté sous la forme d’une pyramide (2).

Çiva pose simplement son pied sur le sol pour stabiliser la montagne.

Les étages inférieurs de la pyramide comportent des ascètes et des orants en position yogique  ayant les mains jointes  (5) et des hommes à têtes d’animaux également en prières (6) ; de part et d’autre de Ravana, les habitants de la forêt (7) fuient.

La forme ondoyante qui limite le fronton en formant des guirlandes de rinceaux se termine par la tête d’un makara. Le makara est un animal mythique de l’Inde à trompe d’éléphant, à dents de crocodile et à queue de poisson, représentée dans ce tympan par les volutes florales. Dans cette scène, le makara recrache un démon.

À suivre

jeudi 14 juillet 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (17) Le temple de BANTHEAY SREI

Le fait que la construction ait été effectuée dans une pierre de grès solide permet de se faire une idée de la splendeur des temples khmers de l’époque de Rajendravarman II à deux points de vue :
     . Les structures architecturales sont parfaitement conservées,
     . Les reliefs et en particulier les tympans sont dans un état d’excellente conservation.

Les photos ci-dessous présentent trois aspects de l’ARCHITECTURE  du temple de BANTHEAY SREI :

La photo de gauche montre l’aspect du prasat sud vu du côté Est. La forme  de la pyramide qui surmonte la cella comporte une réduction à chaque étage de la base avec un tympan central cantonné de deux  montants encadrant une fausse porte. Entre chacun de ces étages,  une forte moulure structure l’élévation. Enfin, au sommet, se trouve un dôme semi-spherique surmonté d’un petit stupa

La photo du centre représente la façade latérale  du Mandapa du prasat central dont on aperçoit, à gauche, une partie de la pyramide. Le  Mandapa est encadré du porche d’entrée et de la galerie reliant le Mandapa à la cella. Sa façade  comporte une porte surmontée d'un tympan dont les ondulations figurent une guirlande évoquant le corps d’un Makara. De part et d’autre de cette porte, se trouvent deux fausses fenêtres aux barreaux de pierre moulurés. Le mur du Mandapa est entièrement ciselé de carreaux qui ressemble à de la  faïence. Les toitures sont composées de rangées de briques posées en encorbellement les unes au dessus des autres selon le système employé dans les pyramides des prasat.

La troisième photo représente une bibliothèque : elle comporte une nef centrale encadrée de deux bas-côtés. La façade de la nef centrale possède un magnifique portail composé de trois formes ondoyantes superposées, celle du bas formant  le tympan proprement dit. Les deux bas-côtés sont surmontés en façade  de demi-tympans qui masquent la demi-voûte de brique de leur toiture. Une petite fenêtre  à barreaux de pierres ciselés est percée sur le mur latéral séparant la voûte de la nef de celle du bas-côté.

Ces trois photos montrent, selon moi, les formes architecturales et décoratives des temples khmer de l’époque et révèlent leur somptuosité originelle.

À suivre...

mercredi 13 juillet 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (16) Le temple de BANTHEAY SREI

Le BANTHEAY SREI

Avant de décrire  les constructions de Yashodharapura 2, je voudrais évoquer ici le temple de BANTHEAY SREI. Ce temple, situé à une trentaine de kilomètres d’Angkor, fut consacré en 967 pendant la dernière année du règne de Rajendravarman II.

Dans un état de conservation exceptionnelle, Il représente pour moi la quintessence de la sculpture khmère,  témoigne de l’imprégnation des Khmers aux grandes épopées et concepts religieux de l’Inde hindouiste et permet d’imaginer la somptuosité des autres temples d’ Angkor.

Cet état de conservation est dû à l’utilisation pour la construction  d’une pierre de grès de couleur rouge,  facilement ciselable, qui durcit très vite et permet une grande solidité de l’ensemble ; en conséquence, les reliefs sculptés sont bien conservés en particulier au niveau des tympans, des linteaux et des montants de porte.

Le temple de BANTHEAY SREI n’est pas une fondation royale, il fut fondé par Yahnavaraha, maître à penser de Rajendravarman II et précepteur de son fils ; à ce titre, ce dignitaire détenait une influence considérable sur le roi et était membre de son entourage immédiat. Il est probable que c’est cette position élevée qui fit que le temple eut droit à un linga comme ceux des temples royaux, sans toutefois que soit accolé le nom du fondateur à celui de Çiva. Ce linga était en effet dédié à TRIBHUVAMAHRESHVARA, ce qui signifie Çiva maître des trois mondes ( TRIBHUVANA =trois mondes, MAHRESHVARA= une des apparences de Civa).

Architecturalement,  le BANTHEAY SREI correspond au style du Pre-rup comme le montre le plan ci-dessous :

   . Une première porte orientée vers l’est  (A) ouvre à la fois sur une esplanade menant au temple (B) mais mène aussi à, la petite agglomération qui se trouvait à son pourtour. Actuellement, on ne retrouve trace ni d’une palissade en bois, ni d’un fossé en eau qui devait ceindre la cité.
   . L’allée (B) qui conduit au temple est bordée de bâtiments longs et étroits de même aspect que les galeries du Pre-Rup.
   . Au bout de  cette esplanade s’élève  l’enceinte extérieure (C), de forme quasiment carrée, elle comporte un simple muret qui s’ouvre par deux portes situées à l’Est et à l’Ouest.
   . Passée la porte Est, on accède à une nouvelle allée bordée de deux vastes plan d’eau (D) qui entouraient  la partie centrale du temple en sorte que celui-ci semble être construit sur une île. Ces bassins sont actuellement comblés.
   . La partie centrale comporte deux enceintes (E et F) . entre ces deux enceintes sont construites, comme au Pre-Rup, de longues galeries sur tout le pourtour (G)

Passée l’enceinte intérieure, on se trouve au cœur du temple. Il est constituée de deux ensembles :
     . Deux «  bibliothèques » au nord et au sud (H)
     . Trois tours-sanctuaires dédiées respectivement à Civa (J)) au sud, au linga TRIBHUVAMAHRESHVARA, (K) au centre et à Vichnou (L) au nord. Ce type de sanctuaire à trois cella était habituellement dédié à la Trimurti, Brahma, Vishnu et Civa ; ici, comme au Pre-Rup, la présence du linga central fit que l’on ne construisit pas de temple à Brahma. Ces trois tours-sanctuaires sont érigées sur un plateforme accessible par un podium. De part et d’autre des escaliers, se trouvent des statues représentées un genou en terre et ayant diverses têtes, oiseau, singe, lion et homme.
     . La cella centrale est précédée d’Est en Ouest d’un porche, puis d’une salle appelée aux Indes Mandapa (M) et enfin par un couloir donnant sur le saint des saints ;  ce type d’adjonction n’est pas original à l’architecture khmer, il était employé aux Indes, c'est le cas, entre autre, au Kailasanathar de Kanchipuram construit durant le règne du roi Rajasimha  (685-705).


À suivre...

lundi 11 juillet 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (16) YASHODHARAPURA 1

LE TA-KEO, nouveau temple d’Etat de JAYAVARMAN V (968-1001)

Sitôt qu’il atteignit sa majorité, le nouveau roi entreprit d’édifier à la fois une nouvelle capitale et un nouveau temple d’Etat.
     . Sa capitale appelée JAYENDRANAGARI fut établie à l’ouest du Baray oriental, elle se reliait à l’ancienne par bateau en passant par le MEBON oriental puis en accostant sur la voie qui menait au Palais Royal et à Yashodharapura
     . Son temple-montagne, le TA-KEO dédié à Çiva sous la forme habituelle du linga royal, se trouvait le long de  cet axe. Son entrée principale à l’est était relié au Baray par une route.
Encore une fois se trouvaient appliquées les règles géomanciques présidant aux constructions khmères avec alignement du temple-montagne, de l’eau et de la nouvelle ville.

Le temple, commencé en 975, probablement consacré vers 1000  et jamais terminé, représente une importante évolution de l’art khmer tout en respectant les caractéristiques générales des temples de cette époque ; c’est ce que montre le plan et la photo de la partie centrale du temple ci-dessous :

   . Une double enceinte (1) ouverte par des portes soit cruciformes et à gopura à l’ouest et à l’est, soit par des portes simples dans les autres directions (2).
   . Une pyramide centrale (3) sur trois niveaux accessible par des escaliers axiaux,
   . Cinq prasat établis en quinconce sur la plateforme sommitale (4),
   . De longs bâtiments étroits construits parallèlement aux enceintes orientales (5),
   . Deux bibliothèques (6).



Dans ce temple apparaissent trois innovations qui seront désormais appliquées dans la plupart des temples d’Angkor :

La première concerne le matériel employé pour la construction : le Ta-Keo est le premier temple construit entièrement en grès extrait dans les carrières du Phnom Kulen. La brique y est absente. Cette pierre est solide mais se sculpte difficilement.

La deuxieme innovation, indiquée en rouge sur le plan, concerne la galerie établie directement au dessus du podium de l’enceinte intérieure et faisant le tour de la terrasse en reliant les portes. Aux angles sont construites des tours en forme de gopura de construction similaire à celle des prasat. La galerie, comme les bâtiments notés (5) sur le plan, comporte des fenêtres  aveugles du côté extérieur et ouvertes sur l’intérieur.

Cette galerie est étroite (1m40) et elle ne comporte pas de portes, ce qui fait penser qu’elle était surtout décorative. Le problème se pose aussi de sa toiture, il ne semble pas que le bel ordonnancement des pierres surmontant les piliers ait été couvert de pseudo-voûtes en  encorbellement que l’on trouvera ultérieurement. On peut penser qu’il existait une charpente couverte de tuiles.

La troisième évolution concerne les cinq prasats de la plateforme supérieure : on ne trouve pas les tours simples d’autrefois avec trois fausses portes  et une seule porte d’accès à la cella située à l’est ; désormais, les tours-sanctuaires présentent quatre portes dans les quatre directions cardinales, chaque porte étant précédée d’un petit vestibule de plan carré. Cela donne un aspect quadriforme aux prasat. Cette innovation se généralisera ensuite.

L’architecture du Ta-Keo préfigure donc l’architecture des temples ultérieurs avec ses deux innovations majeures : les galeries surmontant le podium et les prasat cruciformes. Celles-ci seront reprises ensuite, améliorées et totalement maîtrisées au BAPHUON et surtout à ANGKOR-VAT et au BAYON.

jeudi 7 juillet 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (15) YASHODHARAPURA 1

Suite de l’article précédent :  les temples construits par RAJENDRAVARMAN II

La deuxième caractéristique des temples du MEBON ORIENTAL et du PRE-RUP est qu’ils semblent échapper aux règles de la géomancie traditionnelle ayant présidé à la structuration  des deux villes de Hariharapura et de Yashodharapura. En fait, il n’en est probablement rien, Après l’intermède de Koh-Ker, Rajendravarman II est qualifié sur des stèles de restaurateur de la ville, et il semble normal qu’il ait voulu le manifester par la création d’un nouveau temple d’Etat. Il est probable aussi que la ville s’était considérablement agrandie vers l'est et que le roi y établit l’épicentre de sa ville. Ainsi, la construction du Mebon oriental et du Pre-Rup entrait dans une politique d’extension de la ville semblable à celle qui avait amené YASHODVARMAN 1er à quitter Hariharapura pour fonder une nouvelle ville.

Dans cette perspective, le plan d’ensemble des constructions principales de Yashodharapura obéit bien à la géomancie traditionnelle avec toutefois une modification de son sens :
     . L’ossature de la ville de Yashovarman 1er était organisée selon deux lignes perpendiculaires reliant le Baray oriental, le palais royal et le Phnom-Bakheng
     . Celle de la ville de Rajendravarman Il est aussi organisée selon deux lignes perpendiculaires principale reliant le palais royal  au Baray oriental et au Mebon puis au Pre-Rup.

La troisième caractéristique révélée par l’étude du Mebon oriental et du Pre-Rup, fait, selon moi, apparaître une nouvelle définition du concept de temple d’Etat. Ces temples sont dédiés à Çiva représenté par le lingam mais ils témoignent aussi de l’ « assimilation » du roi au dieu par le fait que le lingam de la cella centrale associe le nom du roi à celui de Çiva sous le vocable de Içvara. Cette assimilation conduit à penser que le temple d’Etat était dédié à l’essence divine que le roi possède en lui  qui justifie son pouvoir, lui permet de protéger le royaume et de vaincre les ennemis.

Le MEBON ORIENTAL est qualifié de temple des ancêtres divinisés ; en fait, il n’est pas que cela ; certes, deux des quatre  tours extérieures sont dédiés au père et à la mère du roi divinisés sous la forme de Çiva et de sa parèdre Uma (appelée aussi Parvati Durga et Kali), mais le Prasat principal Est comporte le Lingam royal appelé RAJENDREÇVARA, symbole de la religion officielle ; cela indique que le MEBON ORIENTAL était un temple d’Etat associant l’adoration de Çiva comme protecteur tout puissant du roi et la vénération du roi comme de ses  ancêtres divinisés. Afin de parfaire l’image du temple d’Etat, les deux autres cella étaient dédiées à Vichnou et Brahma, ce qui renforce encore la signification symbolique du temple et place l’Etat khmer sous la triple protection des parents du roi, du Panthéon hindouiste et de l’essence divine émanant du roi.

Si on analysait le comportement du roi selon nos mentalités occidentales, on aurait l’impression que Rajendravarman Il se serait  empressé de justifier son pouvoir en le rattachant à ses ancêtres divinisés et à sa propre divinisation. Cette analyse pourrait être corroborée par le fait que le Phnom Bakheng perdit son statut de temple d’Etat pendant le règne de ce roi.

Dans de telles circonstances, on peut se demander pourquoi RAJENDRAVARMAN II décida de construire un nouveau temple d’Etat, le Pre-Rup ? Sans doute parce que le roi, par souci de sa propre grandeur, voulut que ce temple surpasse tout ce qui avait été construit avant lui.

Lorsque le Pre-Rup fut consacré, il devint temple d’Etat avec vénération d’un linga appelé RAJENDRABHADRESHAVA qui associait le nom du roi RAJENDRA et le nom d’une déesse locale considérée comme une manifestation de Çiva, BHADRESHVARA. Ce nouveau linga ne remplaça sans doute pas l’ancien mais dût le compléter. Le linga royal fut placé dans la tour centrale du Pre-Rup, les quatre autres prasat étant dédiés à Çiva, à sa parèdre Uma, à Vichnou, et à sa parèdre Lakshmi. Ainsi comme dans le temple du Mebon oriental, les deux dieux principaux de la triade hindouiste était réunis autour du linga royal, personnification de l’essence divine du roi.

Ainsi, on peut penser que le PRE RUP devint, après sa consécration, le nouveau temple d’Etat sans que pour autant, le culte lié au linga du MEBONG soit abandonné.

Une autre composante du changement de signification du temple d’Etat se manifesta sous le règne du fils de Rajendravarman II,  JAYAVARMAN V ; ce dernier entreprit la construction d’un nouveau temple-montagne d’Etat dédié au linga royal, le TA-KEO. Il en sera de même pour ses successeurs, au moins pour ceux qui eurent un règne assez long pour avoir le temps de mener à bien cette construction, ce sera le cas pour Suryavarman 1er au Baphuon et de Suryavarman II pour Angkor-Vat.

Dans cette perspective, il a été émis l’hypothèse que le PRE-RUP, temple d’Etat du vivant de Rajendravarman II, serait devenu son temple funéraire. Cette idée est basée sur deux considérations :
     . Le terme Pre-Rup signifie « changer de corps » et pourrait évoquer un temple funéraire, cependant ce terme est moderne, sans référence au passé de la civilisation d’Angkor,
     . L’édicule mystérieux (N du plan) pourrait faire penser à une fosse de crémation, pourtant d’autres historiens pensent plutôt à la localisation d’une statue de Nandi, la monture de Civa.
Dans l’état actuel des choses, la mutation du temple d’Etat en temple funéraire, pour intéressante qu’elle soit, n’est pas avérée.

À suivre... Prochain article, le TA-KEO.

mercredi 6 juillet 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (14) YASHODHARAPURA 1

Le MEBON oriental fut le premier construit ; il fut commencé en 947 soit trois ans après le retour de RAJENDRAVARMAN Il à Angkor et consacré, selon la stèle de fondation, le 28 février 953. Il fut érigé au centre du BARAY ORIENTAL sur une île artificielle composée d’une assise de trois mètres de latérite. Il était accessible par quatre débarcadères situés aux quatre points cardinaux.

Actuellement, il se trouve au centre de rizières établies sur l’ancien baray. Le PRE-RUP se trouve situé à 1,3 km du précédent, il fut fondé en 961 par le même roi.

Hormis la différence de localisation, les techniques de constructions ainsi que le plan sont semblables à toutefois une exception près, c’est ce que montrent les photos aériennes :

   . D’abord, la taille des deux temples est quasiment identique : 126m sur 120 pour le Mebon, 127m sur 117 pour le Pre-Rup.

   . Les matériaux employés ainsi que les techniques de construction  sont également identiques : latérite pour les murs d’enceintes et les soubassements des terrasses, briques pour les prasat, grès pour les sculptures des montants de porte, les linteaux et les tympans, les colonnes et les barreaux de fenêtres, bois et tuiles pour les plafonds des portes.

   . Les deux temples sont entourés de deux murs simples d’enceinte (A et B) et s’ouvrent par quatre portes axiales correspondant aux points cardinaux, ces portes sont cruciforme (C) au niveau de l’enceinte extérieure et carrées pour l’enceinte intérieure.(D). Elle prennent la forme de gopura, la partie centrale étant construite selon le système  des prasat avec une forme pyramidale.

   . L’enceinte intérieure (B) est construite sur un soubassement qui la surélève en sorte que les quatre portes de cette enceinte (D) sont accessibles par un escalier cantonné de massifs surmontés de lions-gardiens. Au MEBON, l’enceinte intérieure est précédée d’un niveau intermédiaire qui comporte aux coins les sculptures de quatre éléphants (F)

   . La  terrasse située  entre le mur intérieur et la partie centrale du temple présentent quelques différences de détail selon  les deux temples :
          . Le Pre-Rup comporte neuf  galeries longues (G) et deux prasat (H))
          . Le Mebon possede huit prasat (H) (1) et cinq salles (G) du style des bibliothèques,  quatre se trouve aux coins de la terrasse, une supplémentaire au coin S-E.

   . La plateforme centrale comporte cinq tours (I) construites en quinconce comme au Bakong et au Phnom-Bakheng, le prasat central étant surélevé par une double plateforme accessible par quatre escaliers axiaux.

   . La seule différenciation importante concerne l’aspect de la partie centrale du temple :
        . La plateforme centrale sur laquelle sont érigés les cinq prasat du Mebon, est établie sur une simple podium. (J)
        . Celle du Pre-Rup est construite au dessus d’une forme de pyramide comportant trois terrasses successives, elle est accessible par quatre escaliers monumentaux cantonnés de massifs de pierre portant des sculptures de lions (K) ;  Une des terrasses comporte 12 petits prasats, (L), enfin, du côté de l’est, l’escalier central menant à  la plateforme supérieure est cantonné de deux escaliers latéraux (M)

Enfin, il convient de noter la présence d’un édicule au Pre-Rup (N) comportant une fosse rectangulaire entourée de colonnes de signification mystérieuse.

(1) Ces huit petites tours symbolisent les huit gardiens du monde dans les quatre directions, plus tard, elles comporteront chacune  un linga et symboliseront les huit aspects de Çiva (Murtis) : soleil, lune, terre, eau, vent, feu, éther et Atman ( l’etre en soi, l’ame eternelle)

À suivre...

mardi 5 juillet 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (13) YASHODHARAPURA 1

  L'EPOQUE DE RAJENDRAVARMAN Il

À partir de 944 avec la réunification du royaume et le retour à Angkor du roi Rajendravarman  débute une seconde phase de travaux à Yashodharapura :
     - Rajendravarman érige les deux temples du MEBON ORIENTAL et du PRE-RUP
     - son fils Jayavarman V construit, le  TA KEO

Le MEBON ORIENTAL et le PRE-RUP sont intéressants à trois points de vue :
    . D’abord par leur ressemblance tant au niveau de leur plan que celui de leur élévation.
    . Ensuite ils semblent déparer dans la stricte ordonnance urbanistique et geomancique des précédentes réalisations angkoriennes
     . Enfin,  ils  posent le problème de la signification du temple-montagne d’Etat qui semble évoluer à l'époque de Rajendravarman Il et de son fils.

À suivre

dimanche 3 juillet 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (12) YASHODHARAPURA 1

Le PHNOM BAKENG

Suite de l'article précédent

Il est fondé sur une colline naturelle qui fut entourée d'un fossé et d’un mur d’enceinte rectangulaire

Des traces de ce fossé apparaissent encore sur le plan ci-contre. Une partie du fossé nord du Phnom Bakeng a été reprise dans les fossé d'Angkor Thom.

Il devait exister quatre  portes qui permettaient d’entrer dans le temenos.  Elles  s'ouvraient sur des escaliers menant  en haut de la colline. De ces portes partaient quatre voies en direction des points cardinaux qui constituaient l'ossature de la cité.

La vue aérienne témoigne parfaitement de la structure de la partie centrale du site.

     . Le temple proprement dit forme une pyramide à cinq étages et une plateforme supérieure comme le Bakong,

     . la plateforme comporte cinq tours-sanctuaires (1) qui figurent les cinq pics du mont Mérou, toutes étaient dédiées à Civa auquel est assimilé le roi et comportaient une représentation du linga. Ces tours furent en grande partie détruites ultérieurement par les moines bouddhistes pour récupérer les pierres afin de construire une statue de Bouddha qui ne fut jamais érigée. La structure en quinconce des cinq tours se retrouvera au Mebon, au Pre-rup et aussi à Angkor-Vat.

     . Comme au Bakong, quatre escaliers (2) permettent de passer d'un niveau à un autre afin d'accéder à la plateforme centrale. Sur chacun des podiums bordant l'escalier sont érigés des sculptures de lions

     . De part et d'autre de ces escaliers ainsi que sur les angles des cinq niveaux se trouvent soixante-six petites tours-sanctuaires (3) construites en pierre et pourvues de portes toutes orientées vers l'Est. elles n'existaient au niveau du Bakong que sur le dernier niveau encadrant la plateforme centrale.

   . Enfin, au pied du temple-montagne se trouvaient 44 tours (4) construites en briques

Ces deux photos montrent que l'aspect des templions est du même style que celles du Preak-Ho et du Bakong
     . forme de base carrée précédée sur les quatre côtés de porches en avancée qui évoquent les MANDALA des Indes,  trois de ces porches sont aveugles, un seul situé  vers l'est constitue la porte.
     . Étages reproduisant l'aspect du premier niveau en plus étroit et plus bas de manière à constituer une pyramide.
     .  Forte moulure séparant les étages.

Ces tours sont construits en pierre ne comportent pas (ou plus) de décors sculptés en sorte que l'on aperçoit nettement la technique qui présida à leur construction.

La seule tour subsistante de la plateforme est également semblable à celle du Preak-Ho avec :
   . Des colonnes cannelées encadrant la porte et soutenant un linteau sculpté.
   . De part et d'autre du porche en avancée, deux piliers qui soutiennent un tympan sculpté.

Ainsi, le style d'Hariharalaya se perpétue dans les édifices de YASHODVARMAN 1er à  Yasodharapura 1 avec néanmoins deux nouveautés : les plateformes à cinq prasat et une plus grande importance de la pierre au détriment de la brique

Prochain article : l'évoque de Rajendravarman II

samedi 2 juillet 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (11) YASHODHARAPURA 1

La chronologie présentée dans l’article précédent aura sa conséquence sur l'histoire de l'édification de Yashodharapura qui se divise en deux phases :
. Yashodvarman fonde la ville, fait creuser le BARAY et construit son temple-montagne, le PHNOM BAKENG
. Rajendravarman II donne une nouvelle orientation à la ville et fonde, entre autre, le  MEBON ORIENTAL, le PRE-RUP  et commence l'édification du Palais Royal.

Ainsi, un intervalle d'une trentaine d'année sépare la construction du Phnom Bakeng et celles du Pre-Rup et du Mebon  oriental, Il peut être intéressant de comparer ces temples afin de mesurer une éventuelle évolution de leur style.

L’EPOQUE DE YASHODVARMAN 1er


La première phase de constructions se déroule sous le règne de Yasodvarman 1er avec création de la ville conformément aux règles de la géomancie indienne :

le mont Mérou est représenté par le PHNOM BAKENG, A la différence du Bakong qui est construit en plaine et dont l'assise est sans doute composé des déblais occasionné par le creusement du Baray, le Phnom Bakeng est érigé sur une butte volcanique naturelle, ce qui augmente l'impression de hauteur. Le phnom-Bakeng est entouré par des douves qui participent à l'expansion de la zone irriguée. Tout autour se développait la ville

le monde de l'eau correspond à un vaste bassin rectangulaire de 7,1 km sur 1,7 km le Baray oriental appelé à l'époque de ce roi Yasodharatataka. Il est alimenté par la rivière Strung Siem Reap qui fut détournée de son cours primitif pour être déportée vers l'Ouest, ce qui permit d'emplir le bassin. Ensuite, la rivière se dirigeait vers le sud avec un lit rectiligne qui constituait sans doute un canal.

la ville déployée autour du Phnom-Bakeng pose le problème de sa topographie : elle formait, selon les uns, un carré de 4 km de côté, ses limites étant formée par un fossé.

Diverses hypothèses ont été émises à ce propos, elles témoignent de la difficulté à comprendre le site, en effet les structures de Yashodharapura 1 ont été largement modifiées lors de la création d'Angkor-vat puis d'Angkor-Tom. J'ai repris sur le plan une de ces hypothèses (trait en  pointillé noir), elle permettrait d'intégrer à la ville un canal en forme de L du plan (1) ainsi que le fossé du futur Angkor Vat (2) et celui du futur Angkor Thom (3).

La construction d'un PALAIS ROYAL est également commencée. Le site de ce palais sera immuable jusqu'à la fin d'Angkor. Il est situé au croisement de deux voies, une Nord-Sud qui le relie au temple-montagne, une autre qui mène au Baray Yashodharatataka ; si les limites de la ville sont celles que j'ai mentionnées en pointillé noir, serait alors renforcée la situation mythique du palais qui personnifie à lui tout seul la cosmologie indienne entre montagne et eau. A cette époque, on croyait que la personne du roi s’assimilait aux dieux en particulier à Civa sous la forme de son linga, le roi, par cette assimilation, trouvait pleinement sa place dans le monde cosmique.

Est aussi mentionnée sur le plan l'aire d'extension de l'irrigation alimentée à la fois par l'eau du bassin et par les eaux du Strung Siem Reap, les aménagements de Yashodharapura font plus que doubler la superficie irriguée par rapport à celle de Hariharalaya.

À suivre : prochain article de PHNOM BAKENG