REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

mardi 29 novembre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (78) YASHODARAPURA 4, ANGKOR THOM

LES TERRASSES PRÉCÉDANT L’ESPLANADE DU PALAIS ROYAL (suite et fin)

LA TERRASSE DU ROI LÉPREUX jouxte le perron nord de la terrasse des éléphants et constitue un ensemble séparé de cette dernière. Comme elle, elle est construite en avancée sur l’esplanade des parades. Comme le perron nord, elle comporte deux murs emboîtés, le  premier n’ayant pas été jugé assez solide pour contenir le remblai qui se trouve derrière. De même aussi que  le perron Nord, la partie enterrée avait été sculptée, ce qui a permis de retrouver ces reliefs en bon état.

Les décors des faces extérieures et intérieures sont quasiment identiques avec des registres superposés qui doivent représenter les sept mondes de l’hindouisme. Comme on le voit sur la photo ci-dessous, il ne subsiste plus que six frises sur le mur extérieur, la septième ayant pratiquement disparue.


Sur la terrasse elle-même, a été découverte une statue in-situ Cette sculpture a donné son nom à la terrasse car on y a cru voir  la représentation d’un roi atteint de cette maladie du fait de traces verdâtres de lichen sur son corps. En réalité, il doit s’agir  Çiva ou plus sûrement de YAMA, le dieu du monde des morts ; cette hypothèse a fait imaginer que la terrasse pouvait servir de lieu de crémation pour la dépouille royale.


Les motifs sculptés qui apparaissent sur les frises subsistantes présentent une grande homogénéité avec diverses représentations du panthéon hindouiste ; on y trouve en effet  principalement :
     . Des représentations de serpents nagas à sept ou neuf têtes  sur le registre inférieur, elles sont sculptées soit au centre de ce registre,  soit dans les angles externes des redents, formant transition entre les deux faces.(photo de gauche)
     . Des dieux assis, porteurs de glaives ou de bâton, ayant une figure menaçante, ils sont entourés de deux personnages féminins portant des éventails,(photo du centre)
    . Des alignements de déesses assises,
    . Des apsaras.(photo de droite)

Cette terrasse daterait du règne de Javavarman VII, on peut s’en étonner puisqu’elle ne comporte aucune mention du bouddhisme dont le roi était un fervent dévot.

dimanche 27 novembre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (77) YASHODARAPURA 4, ANGKOR THOM

LES TERRASSES PRÉCÉDANT L’ESPLANADE DU PALAIS ROYAL (suite et fin)

Le perron terminal nord est le plus complexe du fait que les archéologues ont retrouvé trois états successifs de construction : les murs de la terrasse des éléphants représentent en effet les parements du soubassement de terre qui porte le palais. Un premier mur fut construit (en rouge sur le plan) ) mais il menaça de s'écrouler sous la poussée du remblai, alors fut construit un second mur (en bleu sur le plan) puis un troisième (en vert sur le plan) qui comporte les deux escaliers frontaux. Une fois ce dernier mur construit, les intervalles entre les anciens murs furent comblés afin de consolider l’ensemble.

Cette situation est d’un grand intérêt archéologique car les anciens murs commençaient à être recouverts de parements sculptés ; ceux-ci ont été abandonnés lors de l’érection des nouveaux murs  en sorte que les archéologues ont pu les découvrir dans un bon état de conservation lorsqu’ils dégagèrent la gangue de remblai qui les recouvrait.

La décoration de ce perron nord ne possède pas la rigueur symétrique des reliefs du reste de la terrasse ; sur le plan ci-dessus, sont indiqués les diverses types de sculptures qui le décorent.  Elles semblent vouloir représenter une sorte de synthèse maladroite des éléments décoratifs du reste de la terrasse .
     . On y trouve d’abord des éléphants en relief dans les deux formes définies à propos du perron sud et des perrons latéraux : une tête d’éléphants semblant émerger du podium au niveau de chaque angle et trois têtes d’éléphants au centre et en avant de la façade principale du perron,
     . Entre ces têtes, on ne trouve pas une frise d’éléphants comme sur le perron sud mais des atlantes aux bras levés ; en outre, au-dessus de ces atlantes se trouve une frise d’apsaras, personnifiant le monde céleste ; de telles représentations ont été trouvées parmi les reliefs du Baphuon.
    . Enfin, sur une partie du mur de chaque côté du perron sont sculptées des frises représentant, semble-t-il, des scènes de combats.

Ce mélange des motifs sculptés fait penser à une reconstruction postérieure à l’élaboration du reste de la terrasse, à une période où l’on semble avoir perdu le sens de l’harmonie qui caractérisait les édifices de l’époque de Jayavarman VII.


La partie la plus intéressante  du perron nord est, selon moi, celle qui a été cachée lors de la double  réfection des murs de soutènement. On y trouve en particulier un cheval à cinq têtes mitrées entouré  de deux rangées de personnages.  Ceux de la partie haute semblent danser sur des fleurs de lotus. Ceux de la partie basse figurent des guerriers en position de combat. Ils sont également debout sur des fleurs de lotus et arborent un casque à cimier dont on ne trouve pas d’autres traces dans les reliefs d’Angkor.

Parmi les hypothèses qui pourrait permettre d’authentifier ce cheval à cinq têtes, on peut penser à Bahala, cheval volant du bouddhisme, au char de Surya, le dieu hindouiste du soleil,  tiré par sept chevaux ou par un cheval à sept têtes ou à celui d'Arjuna, le héros du Mahabarata, tiré par cinq chevaux ou par un cheval à cinq têtes. La présence de guerriers de part et d’autre du cheval semble étayer cette dernière  hypothèse et pourrait permettre de penser que la scène représenterait la bataille de Kurukshetra.

Je n’ai trouvé aucune indication dans les ouvrages que j’ai consultés sur la datation de ce relief dont l'iconographie suggère une époque antérieure à celle de Jayavarman VII.

vendredi 25 novembre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (76) YASHODARAPURA 4, ANGKOR THOM

LES TERRASSES PRÉCÉDANT L’ESPLANADE DU PALAIS ROYAL (suite)

Le deuxième type de sculptures décorant le podium est celui représentant les atlantes ayant l’aspect d’humains ; leurs corps sont tous semblables : les jambes sont écartées et arc-boutées sur la corniche inférieure, les bras levés semblent supporter la corniche supérieure.


On peut discerner deux types d’atlantes (photo de gauche) :
   . Les uns sont des oiseaux reconnaissables à leur bec crochu et leurs ailes, dissimulées sous les bras, on retrouve ce même type d’atlantes sur le mur d’enceinte du Ta Prohm. Il doit s’agir de Garuda, la monture de Vichnou.
   . Les autres représentent un animal pourvu d’une large gueule qui doit être celle d’un lion. On peut penser qu’il s’agit de Narasimba, un des avatars de Vichnou mais aussi du lion qui est la monture une des shakti de Civa personnifiée sous le nom de Durga..  Si cette dernière hypothèse est la bonne, on se trouverait face à une remarquable cohérence idéologique puisque le podium représenterait la monture d’Indra, celle de Vichnou et celle de Durga, trois dieux hindouistes qui évoquent à la fois la guerre du bien contre le mal mais aussi la préservation du monde. Encore une fois, il convient de noter à propos de  cette terrasse,  le syncrétisme qui rassemblait bouddhisme et brahmanisme.

Il n'existe pas de reliefs spécifiques au niveau des coins en saillie comme il en apparaissait  sur la partie du podium ayant les éléphants pour thème, les atlantes occupent les angles (photo de droite) ;  la moitié de leur corps se trouve d’un côté et l’autre moitié sur le côté qui lui est perpendiculaire.


Au niveau des balustrades, les sculptures sont beaucoup moins originales que sur le podium puisqu’on en trouve de semblables dans tous les temples d’Angkor depuis la fondation de la ville d’Hariharalaya : les lions établis de part et d’autre des escaliers et les balustrades composées de Nagas aux sept têtes relevées en éventail.

Le perron central et sa frise d'atlantes.
A l’arrière, on aperçoit le gopura d’entrée du palais proprement dit. .

mardi 22 novembre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (75) YASHODARAPURA 4, ANGKOR THOM

LES TERRASSES PRÉCÉDANT L’ESPLANADE DU PALAIS ROYAL (suite)

A l’exception du perron nord, la terrasse des éléphants présente une grande cohérence décorative avec deux formes principales au niveau du podium et deux autres sur le bord de la terrasse.


Les deux formes principales associent des éléphants et des atlantes selon une répartition symétrique qui l’on peut suivre du perron sud jusqu’au perron nord non inclus. Ce dernier, en effet, n’obéit  pas au plan d’ensemble du fait qu’il a subi  plusieurs reconstructions successives.

Les sculptures représentant des éléphants comportent à leur tour deux formes dérivées selon que les animaux sont figurés en frise ou en relief.


La photo de gauche montre un détail d'une longue frise d’éléphants vus de profil. Ils ne sont pas représentés en cortège faisant pendant aux défilés qui devaient se produire sur l’esplanade ; on y trouve  plutôt des scènes de combats ressemblant beaucoup à ceux qui sont figurés sur les reliefs d’Angkor Vat et du Bayon. Les éléphants s’avancent pour prendre part à la bataille, les uns sont déjà au contact de l’ennemi ; ils portent sur leur dos, outre leur cornac, des archers, lançant des flèches sur l’ennemi. Dans cette perspective, la frise des éléphants est une manifestation  de la puissance du roi et aussi de l’invincibilité dont il témoigne lors des combats contre les ennemis du royaume assimilés au mal.

Les deux photos de droite, montrent des éléphants en relief. Ils sont tous représentés de la même manière : on en voit la tête, les défenses et la trompe, les oreilles sont à peine esquissées comme si on voulait figurer un éléphant émergeant du mur du podium. L’extrémité de leurs trompes n’est pas apparente car elle est enfouie dans les herbes qu’elles saisissent. Leurs  têtes sont surmontées généralement d'une tiare.

On trouve deux types de représentations de ces éléphants en relief :
     . Des têtes isolées sont sculptées en avant des angles saillants des redents qui organisent le perron,
     . Des groupes de trois têtes encadrent les escaliers d’accès à la terrasse. De telles représentations se trouvent aussi au niveau des portes de l’enceinte d’Angkor Thom ainsi qu’aux portes du Ta Prohm.

Ces  éléphants en relief peuvent avoir une double signification : On peut penser d’abord qu’il s’agit simplement de renforcer encore l’impression de puissance de l’armée khmère mais il se peut aussi qu’ils possèdent une signification religieuse par référence à Aivarata, la monture d’Indra, roi védique des Dieux, Dieu du ciel et de la guerre dont les armes sont la foudre et l’arc ( figuré par l’arc en ciel). Dans cette deuxième hypothèse, La présence d’Aivarata sur le podium du palais où se trouve le roi établirait une étroite corrélation entre les combats du roi et ceux d’Indra.

Un dessin de Louis Delaporte du perron sud montre la manière dont sont repartis les éléphants sculptés  sur le podium.


dimanche 20 novembre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (74) YASHODARAPURA 4, ANGKOR THOM

LES TERRASSES PRÉCÉDANT L’ESPLANADE DU PALAIS ROYAL

LA TERRASSE DES ÉLÉPHANTS a été élevée à l’époque de Jayavarman VII en avant de celle du Palais Royal existant  afin de créer une ample perspective sur le palais vue de l’esplanade située en contrebas.

Cette terrasse  constituait le soubassement d’un palais officiel servant au roi à assister aux parades qui se tenaient sur la place et à recevoir ses hôtes de marque. Ce palais a été décrit en particulier le chinois Chou Ja Kan lorsqu’il visite Angkor en 1296

«  les tuiles qui recouvrent la façade du palais sont en plomb ; celles des autres parties de l’édifice sont en terre cuite de couleur jaune ; les colonnes et les poutres de traverse sont très-grandes, et toutes couvertes de peintures qui représentent Bouddha ; le sommet se termine par un magnifique donjon ; sur les ailes, on a ménagé de doubles galeries avec une esplanade qui se termine par une rotonde en talus. Dans le lieu où se tient le conseil, il y a une fenêtre à treillis d’or ; à gauche et à droite sont deux piliers carrés, au haut desquels on a placé quarante ou cinquante miroirs, qui font que les objets sont représentés aux côtés de la fenêtre, de manière à être aperçus par ceux qui sont en bas.

La découverte par les archéologues de tuiles de plomb aux abords de la terrasse peut confirmer ce récit. Cependant, à l’exception de ces tuiles, il ne reste rien de ce palais probablement construit en matériaux périssables.

Actuellement, ce que l’on peut visiter se compose de deux ensembles comme le montre le plan ci-contre  :
     . Un podium de trois mètres de haut  courant de l’entrée de l’enceinte du Baphuon jusqu’à l’extrémité nord du Palais Royal
     . Cinq perrons s’avançant sur l’esplanade :
          . (1) Le perron central se trouve situé au centre du petit côté du palais face à la route de la victoire, il permettait au roi d’assister à l’arrivée de son armée venue de la porte de la victoire. A l’arrière de la terrasse devait se trouver  la salle de réception du roi décrite par Chou Ja Kan puis le  pavillon qui menait à l'intérieur du palais dont l'entrée était interdite à tous ceux qui n'y résidaient pas selon le récit du même voyageur chinois.
          . (2) De part et d’autre de ce perron principal sont construits deux perrons latéraux qui le cantonne.
          . (3)  Aux extrémités nord et sud, deux perrons terminaux ferment  la terrasse. Leur disposition suggère qu’ils devaient servir à porter les pavillons latéraux du palais afin d'équilibrer  les formes architecturales de la terrasse et du palais qui la surmontait.

À suivre...

samedi 19 novembre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (73) YASHODARAPURA 4, ANGKOR THOM

En complément de ma description des reliefs du Bayon, , je voudrais citer  ci-dessous deux extraits du récit effectué en 1295 par un voyageur chinois. Chou Ja Kan qui relate la vie quotidienne dans le royaume Khmer.

Le premier extrait décrit la promenade du roi, on y retrouve une grande correspondance avec le défilé de l’armée à la guerre représenté à Angkor-vat comme au Bayon :

« Dans l’espace d’une année que j’ai été retenu dans ce pays, j’ai vu le roi sortir quatre ou cinq fois : la cavalerie marchait en avant, avec les drapeaux, les bannières, les tambours, la musique ; derrière étaient les femmes du palais au nombre de trois à cinq cents, vêtues de toile peinte, avec des fleurs dans leurs cheveux, tenant à la main de grands cierges.... Quoique ce fût en plein jour, les cierges étaient allumés ; il y avait aussi des femmes qui portaient des vases d’or et d’argent du palais, divers ornements, et d’autres choses dont l’usage ne m’était pas connu. Il y avait aussi des femmes armées de lances et de boucliers, et qui forment la garde intérieure du palais, aussi rangées en bataillon. Il y avait ensuite des chars traînés par des chèvres ; d’autres traînés par des chevaux, les uns et les autres enrichis d’ornements d’or.

Les grands officiers, les magistrats, les princes, tous montés sur des éléphants avec des parasols rouges qu’on apercevait de loin, et dont on n’eût pu compter le nombre, précédaient la reine et les femmes du roi, avec leurs suivantes, les unes dans des palanquins, les autres sur des chars, ou sur des chevaux, ou sur des éléphants, ayant des parasols dorés, au nombre de plus de cent ; après elles venait le roi lui-même, debout sur un éléphant, tenant à la main une épée précieuse ; les défenses de l’éléphant étaient dorées ; et l’on tenait autour de lui vingt parasols blancs enrichis de dorures, dont les manches étaient d’or ; tout autour étaient des troupes nombreuses d’éléphants, et de la cavalerie pour servir de gardes. ... Ceux  qui voient passer son cortège doivent se mettre à genoux et frapper la terre du front ...

Le deuxième extrait décrit l’aspect du marché :

" Dans ce pays ce sont les femmes qui ont le plus d’habileté pour le commerce ; c’est pourquoi ceux des Chinois qui y viennent, et qui commencent par prendre à leur service une femme, y trouvent de l’avantage, à raison de leur habileté dans le négoce.

Il y a marché tous les jours, depuis cinq ou six heures du matin jusqu’à midi, heure où le marché se ferme ; au lieu de boutique on couvre seulement avec des nattes un espace de terre ; chacun a sa place que l’officier public lui loue. Dans les petits marchés on fait des échanges de riz ou d’autres grains, ou de marchandises chinoises. Dans les marchés plus considérables, on vend des toiles, et, dans les grandes affaires, on traite des matières d’or et d’argent. Les gens de ce pays sont extrêmement simples ; quand ils voient un Chinois, ils lui témoignent un grand respect, ils l’honorent comme un Dieu, et se prosternent devant lui. Cependant il s’y trouve aussi bon nombre de fripons, qui profitent de la multitude de ceux qui viennent commercer, pour exercer leur métier."

jeudi 17 novembre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (71) YASHODARAPURA 4, ANGKOR THOM

LES BAS-RELIEFS  DU BAYON

Ils se trouvent, comme à Angkor-Vat, sous le portique précédant la première galerie du Bayon de manière à ce que tous les Khmers venus à Angkor Thom puisse y admirer, entre autre,  la relation des exploits de leur roi :


On trouve en effet de nombreuses scènes de bataille où l’on voit les deux armées khmère et Cham s’avancer puis se combattre. Ces scènes sont semblables à celles que présente  le temple d' Angkor-Vat avec une armée composée de la même manière :
     . Des fantassins combattant avec une pique qu’ils tiennent des deux mains, certains possèdent des boucliers attachés au bras ;  les premiers, à l’avant-garde, portent une sorte de justaucorps qui doit les protéger des lances ennemies,
     . Des cavaliers qui les commandent,
     . Des éléphants de guerre conduits par un cornac et portant des archers qui protègent l’avance des fantassins au moyen de bordées de flèches
   . Les oriflammes et les parasols

La scène de la bataille navale du Tonle Sap entre la flotte cham et celle improvisée par Jayavarman VII et est aussi largement représentée. (Cf article "Angkor 46" à propos de Jayavarman VII)


C’est sous cette scène de combat naval que l’on trouve les reliefs les plus intéressants car ils figurent des scènes de la vie quotidienne et en particulier de marché. On y aperçoit de nombreux khmers faire leurs emplettes, des grands restaurants qui travaillent à la chaîne pour préparer les brochettes de viande avec leur accompagnement cuit sur une pierre chaude ; il y a aussi des services à la personne une manucure, un dentiste, un forgeron... ; des porteurs viennent approvisionner les étals ; enfin, dans un coin, des jongleurs sont entourés de nombreux spectateurs.

Ci-dessous se trouvent quelques unes de ces scènes.


mardi 15 novembre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (71) YASHODARAPURA 4, ANGKOR THOM

LE BAYON (suite)
L'ÉNIGME DES TOURS A VISAGES

La plupart des spécialistes de l’art khmer et d’Angkor se posent à juste titre la question de savoir qui est représenté sur les tours à visages.


Avant de tenter de répondre à cette question, il convient de remarquer que toutes ces tours ne sont pas semblables, il existe en effet de nombreuses variantes :
     . D’abord au niveau de la base de ces tours, les unes (les pavillons axiaux et d’angle..) possèdent des structures quadriformes tandis que d’autres (les tours du palier supérieur du deuxième étage)  ne comportent que de simples salles carrées précédées d’un porche à peine saillant.
     . Ensuite au niveau des visages :  certes, ces visages comportent le même aspect d’ensemble : yeux en amandes, sourire énigmatique, diadème avec sculptures de pierres précieuses, boucles d’oreilles... Pourtant des différences apparaissent : certains portent des moustaches, d’autres possèdent un troisième œil au centre du front.
    . Enfin, le nombre de faux étages qui constituent la coiffe commune unifiant les quatre visages est différent selon les tours avec quatre, trois ou même deux étages.

Les photos ci-dessous montrent quelques exemples de tours :

Il existe de nombreuses hypothèses concernant les personnages représentés sur les tours.

Une première hypothèse pose d’abord  la question de savoir si les quatre visages des tours représentent les mêmes personnages : : si ce n’est pas le cas, on pourrait alors penser à des associations de quatre Dieux et en particulier ceux des points cardinaux avec par exemple représentations d’Indra, de Yama, de Varuna et de Kubera, ce pourrait-elle être aussi les déités bouddhistes gardiennes des quatre directions : Aksobhya, Ratvasambhava, Amithabha et Amoghasiddhi ou aussi les quatre rois célestes du bouddhisme : Virudhaka, Dhrtarastra, Virupaksa, Vaisravana.

Si les quatre visages des tours représentent les mêmes déités, il existe plusieurs possibilités ; en voici quelques-unes que j’ai pu trouver lors de mes recherches :

    . Certains pensent reconnaître des dieux tantriques du bouddhisme Vajrayana comme Heyjvara.

    . On peut penser aussi à Lokesvara, un Bodhisatva assimilé à Avalokistevara mais possédant une individualité propre, il est qualifié du terme de Samtamukha quand il est représenté avec quatre têtes, ce qui pourrait correspondre aux quatre visages des tours. Cependant,  Lokesvara porte normalement dans son chignon une statue d’Amintabha, ce qui rend son identification peu crédible.  Dans le même ordre d’idée, on pourrait penser que les quatre visages pourraient ceux de Brahma.

   . Les visages pourraient être aussi ceux du Bodhisadva Avalokistevara qui selon le LOTUS DE LA BONNE FOI est capable de prendre toutes les formes pour enseigner et ainsi pratiquer la compassion ce qui pourrait expliquer les différences entre les diverses représentations des visages représentés : « Il y a, ô fils de famille, des univers dans lesquels le Bôdhisattva Mahâsattva Avalôkitêçvara enseigne la loi aux créatures sous la figure d’un Buddha, Il y a des univers où le Bôdhisattva Mahâsattva Avalôkitêçvara enseigne la loi aux créatures sous la figure d’un Bôdhisattva. A quelques-uns, c’est sous la figure d’un Pratyêkabuddha que le Bôdhisattva Mahâsattva Avalôkitêçvara enseigne la loi ; à d’autres, c’est sous celle d’un Çrâvaka, ou sous celle de Brahmâ, ou de Çakra, (Indra) ou d’un Gandharva. Aux êtres faits pour être convertis par un Yakcha, c’est sous la figure d’un Yakcha qu’il enseigne la loi, et c’est ainsi qu’il prend les figures d’Içvara (Civa), de Mahêçvara (Vichnou) , d’un Râdja Tchakravartin ( un souverain) d’un Piçâtcha, de Vâiçravana,( un des quatre rois célestes)  de Sênâpati, d’un Brahmane, de Vadjrapâni ( un autre Bodisatva) pour enseigner la loi aux créatures faites pour être converties par ces divers personnages. Telles sont, ô fils de famille, les qualités inconcevables à cause desquelles le Bôdhisattva Mahâsattva Avalôkitêçvara est appelé de ce nom. »

Une dernière possibilité peut être évoquée celle de la représentation du roi dans son assimilation à Lokesvara-Avalokiteshvara, cette idée peut s’appuyer sur deux stances de la stèle du Preah-khan :
  . 34 : Le roi Cri JAYAVARMAN VII a consacré un Lokeca (ouvert les yeux du seigneur du monde selon une autre traduction) ) appelé Cri Jayavarmeçvara à l’image de son père
  . 35 : autour du saint Avalokistevara qui est au milieu, le roi a placé 283 dieux

Ces deux stances montrent que Jayameçvara est le Bodhisatva Avalokistevara,  représenté avec le visage du roi, Dharanindravarman. II ; si on transpose cette conception au roi Jayavarman VII , on peut penser que les tour à visages figurent le Bodhisatva représenté  avec le visage du roi.

Ainsi, de ces deux dernières caractéristiques, on peut formuler l’hypothèse suivante :
     . Les visages représentent le roi dans son assimilation au Bodhisatva,
     . Le Bodhisatva prend les diverses formes indiquées dans le Lotus de la bonne loi, ce qui explique les différences remarquées dans les visages
     . Il peut aussi prendre les quatre visages de Lokesvara Samtamukha ce qui permet au roi divinisé de porter son regard dans toutes les directions de son royaume.

Dans le cadre de cette hypothèse de la représentation du roi assimilé au Bodhisatva, les auteurs qui l’ont établi ont constaté que les pied-droits des tours à visages comportent des inscriptions dédiées aux divers dieux vénérés dans les provinces du royaume ; les tours à visages qui surmontent ces cellas sembleraient alors installer la puissance rayonnante du roi au-dessus des cultes locaux et témoignerait de la protection que le roi divinisé apporte aux provinces.

Si cette hypothèse est la bonne, (celle à laquelle j'adhère parce qu’elle est la plus vraisemblable) on pourrait considérer que le Bayon serait une sorte de Panthéon National où les dieux des  diverses provinces seraient représentées sous l’autorité unique et bienfaisante du roi.

A suivre...


dimanche 13 novembre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (70) YASHODARAPURA 4, ANGKOR THOM

LE BAYON (suite de l'article précédent)

LE PREMIER NIVEAU
Plan du premier niveau coloré en orange :



Coupe effectuée au niveau des galeries du coin Nord-Ouest  montrant l’étagement des niveaux successifs du Bayon

La structure de ce premier niveau est bien visible sur la photo  de la partie extérieure  de la maquette du temple.vu du côté Est ( maquette du musée Guimet)


L’espace entre le premier étage et le second fut, selon ce que j’ai pu en lire, aménagé postérieurement à l’époque de Jayavarman VII avec d’abord création de salles-passages voûtées pour relier  les tours et les portes de la galerie inférieure à celles de la galerie qui lui est  immédiatement supérieure. Ces galeries furent ensuite démolies pour créer des bibliothèques (deux subsistent mais on peut penser qu’il y en avait quatre à chaque coin.)

À suivre...

samedi 12 novembre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (69) YASHODARAPURA 4, ANGKOR THOM

LE BAYON (suite)

LE DEUXIEME ETAGE

La structure du deuxième étage est assez complexe car il  comporte trois  paliers dénivelés successifs. Pour rendre compte de la structure de ce niveau, j’ai effectué, lors de ma visite, une coupe simplifiée de direction Est-Ouest ; cette coupe est reportée par un trait orange sur le plan ci-dessus.

Les documents que j’ai pu consulter établissent la chronologie suivante :

     . Les constructions des paliers supérieurs (en bleu foncé sur le plan et la coupe) et intermédiaires (en bleu moyen) de  ce deuxième étage sont pratiquement contemporaines de l’aménagement  de la terrasse portant le sanctuaire.
     .  par contre celles du palier inférieur (en bleu clair) sont probablement postérieures et ont été érigées lorsque le plan cruciforme du temple est devenu carré.


La coupe
  .1- le haut podium mouluré du troisième étage, il est relié aux paliers du deuxième étage  par les escaliers mentionnés plus haut. (couleur beige du plan)

  . Les édifices du palier supérieur du deuxième étage
          . une galerie (2)  couverte d’une voûte à double encorbellements comportant un mur plein (3) vers l’extérieur du temple et une galerie à piliers vers l’intérieur (4)  face au haut podium portant le troisième étage. Il est probable que ce mur plein correspondait, au moment de sa construction, au mur de clôture du temple séparant le sacré du profane.
          . Un portique (5) établi en avant de la galerie à piliers donne sur une étroite allée (6) dominée par le podium du troisième étage.

   . Le palier intermédiaire,bleu moyen)
Il ne comporte qu’un portique à colonnes (7) adossé au mur plein (3) de la galerie et couvert d’une voûte à simple encorbellement. Des ouvertures percées dans le mur plein permettent de relier le palier supérieur à ce palier intermédiaire.

  . Le palier inférieur,bleu clair)
          . Il s’y trouve d’abord une cour (8) entourée d’une alternance de galeries et de tours à visages comme le montre le plan (les tours à visages sont indiquées par un rond violet)  
          . Puis se trouve une nouvelle galerie (9) comportant un mur plein (10) vers l’extérieur et un mur à fenêtres (11)  vers la cour. Ce mur plein établit la séparation entre le monde sacré et le monde profane, tout comme le mur 3 avant que cette galerie fut construite.
          . La galerie est cantonnée de deux portiques : l’un (12) est orienté vers la cour, l’autre (13) est adossé au mur plein (9). Sur ce mur, ouvert aux profanes, se trouvaient de magnifiques fresques racontant les exploits militaires du roi ainsi que de nombreuses scènes de la vie quotidienne.
          . Un escalier (13) permet ensuite de gagner le premier niveau.


Deux photos du second étage vues du premier niveau

A suivre...

jeudi 10 novembre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (68) YASHODARAPURA 4, ANGKOR THOM

LE BAYON (suite de l'article précédent)

LE TROISIÈME NIVEAU

Le troisième étage est construit sur un soubassement dallé en latérite dominant de 5,48 m l’étage qui lui est immédiatement  inférieur et forme une terrasse quadriforme avec redents aux angles intérieurs de la croix. Ce niveau n’est pas entouré d’une galerie mais seulement d’une simple balustrade de Nagas. (ligne vert clair du plan)

Le plan ci-dessous représente de manière simplifiée les édifices élevés sur la troisième terrasse. Une chronologie de leur construction parait possible au vu des dernières recherches effectuées :
Dans un premier temps, selon ce que j’ai pu en lire,  se produisit la consécration de la statue, ; celle-ci fut retrouvée dans le puits laissé par les constructeurs lors de l’élaboration du soubassement. Elle représente un Bouddha assis en position de méditation (dhyani mudra) sur les enroulements d’un Naga dont les sept têtes dressées forment un dais autour de la tête du Bouddha. Cette statue pourrait représenter Avalokistevara dont le roi Jayavarman VII était un des dévots.

On peut penser qu’à cette époque, la cella centrale de la tour-sanctuaire ( en vert foncé sur le plan) était en seulement en construction puisque la largeur de  sa porte ne permettait pas le passage de la statue et que celle-ci fut donc protégée par une couverture provisoire.

La cella est circulaire et comporte 8 pilastres et  trois portes mais primitivement elle n’en comportait  qu’une orientée vers  l’Est. Elle fut dès l’origine entourée d’un couloir également circulaire. Ce couloir pouvait avoir deux buts :
     . Soit servir à la circumnambulation autour de la cella comme on peut la faire autour des stupas,
     . Soit être un artifice d’architecture : il était prévu d’élever au-dessus du sanctuaire une tour si haute qu’il était nécessaire de donner une assise plus large que celle de la cella proprement dit.

Autour de la cella dont on commença l’édification de la cheminée,  furent accomplis de spectaculaires travaux qui donnèrent la forme au sanctuaire actuel :
     . Construction de trois  chapelles  orientées vers les axes cardinaux et de quatre chapelles supplémentaires  dans les angles droits des axes cardinaux. Ces sept  chapelles ne communiquaient  pas à l’origine avec le couloir et n'étaient accessibles que par la terrasse au moyen d’un porche. Chacune est surmontée d’une cheminée servant à contrebuter la tour principale en la rendant plus haute et plus imposante. Le parement extérieur  de ces  cheminées forme une demi-tour comportant trois visages surmontés de faux étages figurant une coiffe.
   . Dans l’intervalle de ces chapelles, est construit un portique à piliers qui alterne avec les porches d’entrée des chapelles et  donne une forme arrondie à la base du sanctuaire.
   . Ces aménagements permettent d’élever la tour centrale à quatre visages surmontés de faux étages puis d’une double fleur de lotus figurant une coiffe unique pour les quatre visages.

La photo ci-dessous montre l’état actuel du sanctuaire central, on a peine à reconnaître les structures décrites plus haut.


Autour du sanctuaire, les constructions principales sont orientées vers les points cardinaux :
     .  Sur le côté Est (vert moyen du plan) se trouve un ensemble de bâtiments reliant la tour-sanctuaire aux trois escaliers d’accès Est  de la terrasse avec successivement d'ouest en est :
          . Un hall d’entrée inclus dans le sanctuaire et surmonté lui aussi d’une tour à trois visages  peut-être cantonnée de deux petites tours latérales.
          . Trois bâtiments successifs cruciformes surmontés de tours à quatre visages,
          . Un kiosque cruciforme avec tour à visages dominant les trois  escaliers  (en orange clair sur le plan)  permettant d’accéder au niveau inférieur.
   
     . Sur les trois autres côtés (vert clair du plan) sont construits trois bâtiments semblables cruciformes à tours à quatre visages reliant la cella aux escaliers permettant de passer du troisième étage aux étages inférieurs.( en orange clair sur le plan)

Il convient de mentionner aussi la présence d’autres bâtiments sur cette terrasse : trois portent des tours à visages, deux sont couverts d’une voûte à double encorbellement et ressemblent aux bibliothèques que l'on trouve ailleurs.

A suivre...

mardi 8 novembre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (68) YASHODARAPURA 4, ANGKOR THOM

LE BAYON

On a utilisé de nombreux termes pour qualifier le Bayon : impressionnant, surprenant, mystérieux, onirique... Tous ces termes sont exacts : sitôt que l’on entre dans le temple, on se sent pris dans une atmosphère étrange où de curieux visages au sourire énigmatique surplombent le visiteur circulant dans des allées et des galeries qui semblent labyrinthiques. A cela s’ajoute l’ambiance générale  du monument ;  les visages, miraculeusement épargnés pour la plupart,  semblent émerger, de l’amoncellement ruiniforme des tours qui les portent. Pourtant, ce temple qui parait d’une grande complexité est d’une structure plus simple que l’on pourrait le croire comme en témoigne la photo aérienne ci-dessous :

.1- cella centrale,
.2- ensemble de bâtiments orientés vers l’est et constituant l’entrée du temple,
.3- terrasse de forme de croix latine avec redents constituant le troisième étage,
.4- ensemble de tours et de galeries épousant la forme de la terrasse supérieure, construit en deux paliers successifs sur la dénivellation séparant  les niveaux  supérieurs et inférieurs,
.5- extension des galeries ayant permis de passer du plan quadriforme au plan carré,
.6- enceinte inférieure.

Selon ce que j’ai pu en lire, les structures 1, 2 et 3 datent des premières phases de construction puis se produit une deuxième phase avec la construction des structures 5 transformant la forme de croix en forme carrée. La dernière phase voit l'élaboration de l’enceinte extérieure ( n°6 du plan)

La description que je ferai du Bayon correspondra, non à cette chronologie car elle est incertaine et diverge selon les auteurs,  mais par niveaux d’étagement en commençant par la troisième terrasse.

A suivre...

lundi 7 novembre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (67) YASHODARAPURA 4, ANGKOR THOM

LA CITÉ D’ANGKOR THOM

Les quatre portes orientées vers les points cardinaux sont prolongées par quatre rues principales  qui constituent l’ossature de la cité et la divise  en quatre carrés égaux. A l’intersection des axes nord-sud et ouest-est est érigé le BAYON, temple d’Etat de  Jayavarman VII.

La présence d’une cinquième appelée  « porte de la victoire » semble constituer une anomalie par rapport par rapport à la rigueur géométrique en cours dans les constructions d’Angkor. Cela s’explique par le fait que la ville n’a pas été construite sur terrain vierge : il subsistait des édifices que le roi se devait de conserver ne serait-ce que par fidélité envers ses ancêtres. En conséquence, Angkor Thom représente l’association de deux structures imbriquées comme le montre la description du centre de la ville  dessinée ci-dessous :

La structure urbaine héritée des époques antérieures :
   .1- le Palais Royal centré autour du temple Phineamakas, dont la construction s’est principalement effectuée sous le règne de Suryavarman 1er (1002-1050),
   . 2- une grande esplanade construite en avant du podium limitant le Palais Royal,
   . 3- une voie dite de la victoire partant du Palais Royal pour se diriger vers le Yashodharatataka (Baray occidental) puis vers le Mebon oriental ; c’est sur cette voie, sans doute processionnelle,  que Jayavarman VII construisit la cinquième porte.
   . 4- le Baphuon, temple d’état de Yashodharapura 2 édifié à l’époque d’Udayadityavarman VII dont l’enceinte extérieure fut prolongée pour se raccorder sur l’esplanade.
   . 5- Il est probable que les deux Kleang nord et sud ont été aussi construits antérieurement au règne de Jayavarman VII

De l’époque d’Angkor Thom datent les autres structures  :
     . 6- le Bayon, dont l’entrée principale s’ouvre vers l’est    
      . 7- Les voies principales provenant des quatre portes :
               . L’axe Ouest-est aboutit aux tours axiales du Bayon.
               . L’axe nord-sud  possède un tracé particulier puisqu’il n’est pas orienté vers l’axe du Bayon mais légèrement décalé vers l’est. L’axe du Bayon est orienté en effet selon une voie qui longe le podium du palais et l’enceinte du Baphuon. Cette différence est due sans doute à la volonté de relier le nouveau temple aux structures antérieures.
      . En avant du podium  du Palais Royal, donnant sur l'esplanade, furent construites deux terrasses monumentales : la terrasse dite des éléphants (9) et la terrasse du roi lépreux (8).
     . 10- enfin, il est possible que les douze tours du Prasat Sour Prat datent de l’époque de  Jayavarman VII.

Prochain article : le Bayon.

samedi 5 novembre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (66) YASHODARAPURA 4, ANGKOR THOM

LES PORTES DE LA VILLE D’ANGKOR THOM

Les chaussées décrites dans l'article précédent donnent accès aux portes de la ville.

Ces portes possèdent un plan d’ensemble conforme à toutes les tours et pavillons d’entrée comme le montre le plan ci-contre de la porte des morts   :
     . Le plan est cruciforme avec salle centrale et  quatre bras latéraux, .
     . Les bras axiaux constituent les porches qui permettent d’accéder à la ville. Ces porches sont surmontés d’une voûte à double encorbellement masquée, autrefois au niveau de l’entrée, par un tympan sculpté. Sur les deux photos ci-dessous, ce tympan a disparu en sorte que l’on aperçoit l’encorbellement
     . Les bras latéraux sont prolongés par une petite salle qui forme transition entre la forme en croix et le mur d’enceinte,
     . Sur la face extérieure des deux salles de liaison sont construits deux bastions de défense de la porte.

Les photos des portes Nord (vue de l'extérieur) et Sud (vue de l'intérieur) montrent que trois éléments principaux viennent différencier ces portes de celles antérieurement construites :

 D’abord, on note la présence  de tours à visages :
          . La salle centrale comporte une cheminée dont le parement est constitué de deux visages regardant pour l’un vers l'extérieur et pour l’autre vers l’intérieur.
          . Les deux salles latérales sont surmontées de tours un peu moins hautes que la tour centrale et comportent des visages tournés vers la gauche et vers la droite. Chaque visage est donc orienté  vers un des  points cardinaux.

Au-dessus du visage, on retrouve les mêmes formes  que dans les tours-sanctuaires traditionnelles avec un empilement de faux étages  de plus en plus étroits afin de figurer une structure conique terminée par une forme de fleur de lotus ;  ce qui fait la différence sur les tours à visages par rapport aux sculptures traditionnelles est que ces étages dénivelés semblent constituer la coiffe ou la tiare surmontant les  visages.

Ensuite, dans les coins situés entre les bras de la croix sont représentées trois têtes  d’éléphants terminées par leur trompe, elles figurent Aivarata, la monture d'Indra. Comme dans les temples du Preah khan et du Ta Prohm, l’enceinte de la ville d’Angkor Vat est placée sous la protection des dieux de l’hindouisme.

Enfin, en élévation, entre la statue d’Aivarata et la base des moulures portant les tours latérales se trouve un mur qui devait être orné de frises  dont une d’orants les mains jointes.


vendredi 4 novembre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (65) YASHODARAPURA 4, ANGKOR THOM

LE REMPART

La grande originalité d’Angkor Thom est la création d’un rempart entouré de douves ; jusqu’alors, les Khmers pensaient que la bienveillance des Dieux suffisait à protéger la ville et donc qu’il était inutile de se prémunir des hommes. L’invasion des Chams avait montré la fausseté de cette allégation, la ville fut donc puissamment fortifiée. La présence du rempart précédé de sa douve est d’un grand secours pour le visiteur qui peut se rendre compte de la topographie de cette ville qui forme un carré dont chaque côté mesure 3km,  ce qui crée une ville de 9km2 de superficie.

Le rempart d’Angkor Thom se décompose en deux parties :
     . Sur l’extérieur, s’élève une muraille en latérite de huit mètres de haut qui domine la douve large de 100m.
     . Vers l’intérieur, se trouve un glacis en terre aménagé en chemin de ronde.
Un petit temple est construit dans chaque angle de la muraille intérieure, les Prasat Chrung dédiés à Avalokistevara.

La muraille comporte cinq portes dont quatre sont axiales sur les quatre côtés et s’ouvrent vers les points cardinaux. La cinquième, appelée porte de la victoire, emprunte un chemin antérieur à l'édification d'Angkor Thom  menant du Palais Royal au Baray oriental en direction du Mebong oriental. Les cinq portes présentent toutes le même aspect et illustrent parfaitement le style du BAYON.

On accède à ces portes et à la ville par une chaussée franchissant les douves. Cette chaussée est bordée de deux balustrades comportant 54 sculptures de chaque côté et illustrant, comme au Preah Khan, le barattage de la mer de lait ; d’un côté se trouve les deva (dieux), de l’autre les Asura (démons) ils tirent tous sur le roi des Nagas, le serpent Vasuki.

Les quatre photos ci-dessous représentent de gauche à droite :
   . Les dieux tirant le serpent on aperçoit son corps terminé par ses têtes relevées,
   . Les démons tirant le serpent, au premier plan se trouve Vichnou reconnaissable à des têtes empilées les unes sur les autres,
   . Un Deva,
   . Un Asura.

jeudi 3 novembre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (64) YASHODARAPURA 4, ANGKOR THOM

Une fois l’invasion Cham terminée, JAYAVARMAN VII se consacra à la seconde tâche qu’il s’était fixée, la reconstruction du royaume Khmer ruiné après les dévastations et les pillages des Chams.

En même temps qu'il effectua la dédicace  du Ta Prohm et du Preak-khan mentionnée par leurs stèles, le roi s’attela à la reconstruction de sa capitale. Jayavarman VII trouva en effet Yashodharapura en grande partie détruite, il est probable que seules les superstructures des temples-montagnes avaient été préservées ainsi que Angkor-Vat protégé par son enceinte et ses douves. La situation de la capitale était telle que le roi décida de rebâtir une ville neuve sur les ruines de l’ancienne, ce fut Angkor Thom (nom actuel)

Le site d’Angkor Thom se trouve idéalement situé au cœur des travaux antérieurs d’aménagement : il est situé entre les deux Baray occidentaux et orientaux, au centre de la zone irriguée encore augmentée par le creusement du baray  de Jayatataka.

La nouvelle capitale se rattache aussi aux plus anciennes traditions Khmères et aux cités antérieures : au sud se trouve le Phnom Bakeng, temple-montagne de Yashodharapura 1 construit par Yashodvarman 1er plus loin s’élève Angkor-Vat, temple montagne de Suryavarman II. Quant au Baphuon, temple montagne d'Udayadityavarman VII, il est englobé dans la nouvelle ville ainsi que l’ancien Palais Royal et le temple de  Phimeanakas.

À suivre...

mercredi 2 novembre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (63) YASHODARAPURA 4, LE TEMPLE DU PREAH KHAN

LA VUE D’ENSEMBLE DE L’ENVIRONNEMENT RÉGIONAL DU PREAH KHAN

La stèle donne un certain nombre de renseignements topographiques :
   . Stance 158 .... Ce roi a placé (face à Jayacri)  un miroir le Jayatataka plein de beauté.
   . Stance 159 : Cette masse d’eau rougie par la lumière des temples d’or et fardée de la couleur du lotus resplendit prenant l’aspect de sang qui a créé le Bhargava.
   . Stance 170 : A l'intérieur de ce réservoir, il y a un îlot agréable par son bassin (ou ses bassins) qui regroupe en un lieu unique les eaux de tous les tirtha, îlot excellent qui efface la boue et les fautes de ceux qui la touche, qui sert de radeau pour traverser l’existence.

Ces stances donnent l’idée de l’environnement immédiat du temple du Preah-khan à l’époque de JAYAVARMAN VII :

    . En avant de la ville, le roi a fait creuser un BARAY appelé Jayatataka, ce bassin alimentant la ville de Jayacri et plus tard celle d’Angkor Thom.
    . Au centre de ce lac, s’élève un îlot sur lequel le roi a fait construire un temple appelé actuellement le NEAK PÉAN. Le temple actuel est centré autour d’un plan d’eau donnant sur quatre piscines ; leur eau est réputée à la fois pour guérir les malades mais aussi pour les purifier de leurs fautes. Selon certains auteurs, il se peut que le site ait été aménagé antérieurement à l’époque de  JAYAVARMAN 7

L’association de la ville de Jayacri et du Baray de Jayatataka ne représentent que le centre du complexe cultuel : les possessions et les dépendances du temple constituent une vaste conurbation que la stèle décrit en détail sans toutefois que l’on puisse identifier la plupart des localités cités.

Ainsi, sont mentionnés dans la stèle que le roi et les propriétaires des villages ont donné au temple 5324 grama (villages ? ) qui sont chargés de fournir au temple tout ce qui lui est nécessaire selon une liste très précisément établie et que la population totale sous la dépendance du temple est de 97.840 hommes et femmes .

 Du  temple dépendent aussi :
     . Une trentaine de fondations royales dont dix sur les bords du Yashodharatataka «  pour accomplir des actes pieux »,
     . 1512 kuti avec en tout 2989 résidents ou étudiants, ce qui montre que l’université bouddhique de Jayacri comporte de nombreuses annexes, la ville de Jayacri ne comportant que 29% de ces cellules.
     . 121 maisons de feu (gîtes d’étapes), ces édifices ont sans doute une double fonction :
          . Accueillir ceux qui circulent sur la route,
          . Essaimer le bouddhisme dans le pays khmer à dominante hindouiste, chaque sanctuaire des gîtes d’étapes étant dédié au Bouddha.

Les dépendances du Preah Khan ne comportent pas d’hôpitaux à la différence de celles du Ta Prohm qui en gérait 102. Il dût se produire une répartition des tâches, les hôpitaux dépendent du Ta Prohm, les gîtes d’étapes du  Preah Khan : par ces deux types d’établissements, la compassion du roi s’étend sur tout le royaume à l’image de celle du bodhisattva Avalokitesvara.

La stèle cite bien d’autres chiffres mais ils ne sont pas  significatifs de la structure et de la vie de Jayacri et de ses annexes. (1)

Au total, le Preah khan présente de nombreuses similitudes avec le Ta Phrom :
     . Association d’un temple et d’une ville au centre d’un vaste ensemble de biens, de temples et d’édifices à vocation publique,
     . Multiplicité des dieux auquel on rend un culte dans des chapelles séparées,
     . Peu d’innovations architecturales ni dans le plan (succession d’enceintes concentriques) ni dans les formes architecturales (tours cruciformes  à faux étages, galeries à double portique)
La seule évolution notable concerne la coexistence dans les sculptures des deux religions bouddhistes et hindouistes.

-1 : Les autres informations globales mentionnent
. 514 prasata (tour-sanctuaire) et valabbi, (oratoires ?) dont 102 dans le temple lui-même,
. 2066 sections de construction en pierre, dont 485 sections de maisons en pierre dans le temple
. 16490 brasses (1 brasse =environ 1,8m) de murailles en latérite dont 2238 pour le temple en cinq endroits,
. 24628 brasses de périmètres de bassins,