LE MACHIAVÉLISME CHEZ LES CHEFS D’ÉTAT ACTUELS
Tout comme les princes de l’époque de Machiavel, les gouvernants des états actuels ont besoin de SAVOIR DISSIMULER LEURS PROPRES SENTIMENTS, certains d’entre eux ont appris à leurs dépens que toute vérité n’est pas bonne à dire, mieux vaut parfois se taire que de s’attirer des inimités durables, le gouvernant aura très vite oublié une phrase prononcée à la légère, mais l’offensé ne l’oubliera pas surtout que cette maladresse sera immédiatement colportée par les médias afin que tous les citoyens en aient connaissance.
De même, il est, pour lui, nécessaire d’exhiber sa capacité à exprimer des qualités humaines indéniables, humanité, compassion, compréhension des problèmes de chacun, sens aigu de la justice.. même si au fond de lui-même, il sait qu’il ne possède pas ces qualités.
Il doit aussi montrer son aptitude à arbitrer heureusement les conflits et savoir rester au-dessus de la mêlée, cette nécessité est d’autant plus impérieuse, qu’à la différence d’un Prince, il est soumis au choix périodique des citoyens lors des élections.
Le gouvernant de notre époque doit comme les princes du 16e siècle donc dissimuler sa vraie nature et paraître en public ce qu’il n’est pas réellement.
Machiavel montre aussi que le MENSONGE est nécessaire pour gouverner, cette allégation est encore plus évidente à notre époque qu’à celle de Machiavel, du fait de la périodicité des élections : lors des campagnes électorales, le candidat promet tout pour se faire élire tout en sachant que, s’il est élu, il ne sera pas capable d’honorer toutes ses promesses : combien de fois entend-on annoncer que tel ou tel organisme sera subventionné sans que cette annonce soit suivie d’effet ! Comme l’écrit Machiavel, il est heureux que les peuples aient la mémoire courte !
Au niveau des SANCTIONS À APPLIQUER à ceux qui ne respectent pas la loi ou qui ont accompli un geste délictueux, le gouvernant doit, comme l’écrit Machiavel, prendre la décision d'une sanction mais en la faisant accomplir par d’autres, il est, en effet, plus facile de renvoyer un ministre que risquer de s’exposer à l’impopularité.
De même, un chef d’Etat doit faire en sorte de moduler les sanctions selon les coupables : punir sévèrement un petit délit commis par un humble n’est guère dangereux ; par contre, condamner un puissant n’est pas toujours envisageable car cela pourrait avoir des répercussions dangereuses pour la conduite de l’Etat où le fonctionnement de l’économie.
A l'inverse de l'époque de Machiavel, la pratique de la CRUAUTÉ a disparu dans nos démocraties occidentales, elle ne subsiste dans les régimes dictatoriaux mais aussi, en aspiration, chez nombre d’individus qui demandent par exemple, sans l’exprimer ouvertement, le rétablissement de la peine de mort.
La CONNAISSANCE DE L’ÉTAT D’ESPRIT de la population est, à première vue, plus facile aujourd’hui qu’à l’époque de Machiavel grâce aux sondages qui mesurent régulièrement la satisfaction des gens vis-à-vis de la politique choisie. La plupart des gouvernants proclament haut et clair qu’ils ne tiennent pas compte des sondages car, pour eux, disent-ils, seul compte l’intérêt supérieur de l’Etat.
Pourtant, cette indifférence n’est qu’apparente, quand les sondages sont défavorables, les gouvernants multiplient les largesses pour s’efforcer de rallier les mécontents. Le but n’est certes pas pour eux de contenter tous les électeurs, il leur suffit de d’en convaincre au moins la majorité. On peut rappeler les conseils que donne Machiavel aux princes de son époque pour obtenir les faveurs du peuple : ne pas être oppressé, ne pas être amputé de son patrimoine et avoir la mémoire courte. Ces conseils sont toujours d’actualité même si les méthodes ont évolué.
Enfin, en ce qui concerne LA CAPACITÉ À RÉAGIR IMMÉDIATEMENT EN CAS DE PROBLÈME et d’infléchir si nécessaire sa politique, les gouvernants des pays de démocratie représentative sont beaucoup moins performants que les Princes du temps de Machiavel et les autocrates de notre époque.
Ils sont en effet tiraillés entre les multiples sollicitations émanant de l’état de l’opinion, des répercussions économiques ou sociales éventuelles, de la cour des flatteurs qui les entoure, des prises de position des opposants dans les parlements critiquant à tout propos et semant le doute quant à la justesse des propositions faites par l’exécutif, … En conséquence, les décisions sont prises bien trop tard et on a beau jeu de douter de la capacité du chef de l’Etat à régler les problèmes quand ils se présentent.
Ainsi, même s’il existe des différences entre les conditions politiques et sociales de notre époque et celles du 16e siècle, il me semble que les conseils de Machiavel donnés aux Princes, peuvent être transposables à notre époque ; certes, les gouvernants n’ont pas toute latitude pour agir comme les Princes mais, s’il veulent réussir à se maintenir, ils peuvent se référer à Machiavel et utiliser ses conseils tout en les adaptant aux vicissitudes de leur temps.
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