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vendredi 8 octobre 2021

LA PENSEE POLITIQUE DE MACHIAVEL (15) le Prince

 LE PRINCE (7)

ADAPTER SON COMPORTEMENT AUX CIRCONSTANCES.  

LES QUALITÉS DONT DOIT FAIRE PREUVE LE PRINCE 

TENIR COMPTE DES CONSEILS DES GENS AVISÉS QUI L’ENTOURE.

La deuxième qualité que le Prince doit développer est de tenir compte des conseils qu’on lui donne  et, par antiphrase d’éliminer la camarilla des flatteurs qui se pressent autour de lui.

De multiples exemples historiques montrent bien la nocivité extrême des courtisans : 

     . D’abord, ils abondent toujours dans le sens des propos du Prince même s’ils savent que ce sont des contre-vérités afin de se faire bien voir de lui et d’obtenir indûment de nouvelles faveurs de sa part.

     . Ensuite et surtout, ils s’érigent en écran entre le Prince et la réalité en se chargeant de lui épargner toutes les mauvaises nouvelles qui lui déplairont et de, ce fait, le trompent en lui faisant croire à des informations qu’ils savent fausses.

Pour bien gouverner, le Prince doit, selon Machiavel, user d’une méthodologie selon quatre caractéristiques : 

     . Il doit d’abord  « faire choix dans ses États de quelques hommes sages, et leur donner, mais à eux seuls, liberté entière de lui dire la vérité » ,  (le Prince chapitre 23) le Prince, en conséquence, doit accepter que ses conseillers ne soient pas d’accord avec lui, seule devra compter pour lui, la franchise de leurs propos, il doit aussi écouter « patiemment la vérité » (ibid). 

    . Le Prince doit aussi choisir plusieurs conseillers afin d’obtenir une pluralité d’avis, rien ne serait plus dommageable pour lui de s’en remettre à un seul conseiller en  confiant le pouvoir « entièrement entre les mains de quelque homme très habile, qui seul le maîtrise et le gouverne ; auquel cas, du reste, il peut, à la vérité, être bien conduit, mais pour peu de temps, car le conducteur ne tardera pas à s’emparer du pouvoir ».

     . Le Prince doit être aussi maître de l’ordre du jour des réunions pour éviter toute cacophonie dans les discussions. C’est lui qui pose les questions et les conseillers doivent se borner de répondre « aux choses sur lesquelles il les interrogera » (ibid). Les conseillers n’auront pas à faire des suggestions sur un autre sujet que celui sur lequel il leur demande leur avis. 

« Un prince doit donc toujours prendre conseil, mais il doit le faire quand il veut, et non quand d’autres le veulent ; il faut même qu’il ne laisse à personne la hardiesse de lui donner son avis sur quoi que ce soit, à moins qu’il ne le demande » (ibid) 

     . Une fois les conseillers écoutés, le Prince doit prendre sa décision seul : « Il doit, du reste, les consulter sur tout, écouter leurs avis, résoudre ensuite par lui-même… il doit enfin ne vouloir entendre aucune autre personne » (Ibid), ensuite, il doit « agir selon la détermination prise, et s’y tenir avec fermeté » (ibid) 

« Le prince qui en use autrement est ruiné par les flatteurs, ou il est sujet à varier sans cesse, entraîné par la diversité des conseils ; ce qui diminue beaucoup sa considération. » (ibid) 

Cette méthode de gouvernement peut paraître assez paradoxale au vu de ce que Machiavel pense de la nature perverse et foncièrement mauvaise de l’homme. Il écrit, en effet, que non seulement les conseillers doivent manifester une grande sagesse mais aussi que le Prince doit être également sage puisqu’il doit choisir avec discernement les conseillers qui l’entoureront. 

« Ceux qui prétendent que tel ou tel prince qui paraît sage ne l’est point effectivement, parce que la sagesse qu’il montre ne vient pas de lui-même, mais des bons conseils qu’il reçoit, avancent une grande erreur ; car c’est une règle générale, et qui ne trompe jamais, qu’un prince qui n’est point sage par lui-même ne peut pas être bien conseillé ».. « « En un mot, les bons conseils, de quelque part qu’ils viennent, sont le fruit de la sagesse du prince, et cette sagesse n’est point le fruit des bons conseils. » (ibid)

Peut-on supposer que, grâce à la dissimulation de sa vraie nature, le Prince puisse acquérir la sagesse ? , ce serait étonnant. Dans ces conditions, faut-il penser que l’éducation donnée au Prince puisse corriger ou plutôt masquer sa perversité de base ? C’est plutôt la seconde alternative qui doit être privilégiée. 

TÉMOIGNER DE L’EMPATHIE ENVERS SES SUJETS

La troisième qualité que le Prince doit acquérir est de paraître humain envers le peuple qu’il gouverne : une citation tirée du livre 21 du Prince montre tout ce qu’il doit accomplir pour faire croire qu’il est bienveillant peuvent lui apporter 

« Un prince doit encore se montrer amateur des talents, et honorer ceux qui se distinguent dans leur profession. Il doit encourager ses sujets, et les mettre à portée d’exercer tranquillement leur industrie, soit dans le commerce, soit dans l’agriculture, soit dans tous les autres genres de travaux auxquels les hommes se livrent ; en sorte qu’il n’y en ait aucun qui s’abstienne ou d’améliorer ses possessions, dans la crainte qu’elles ne lui soient enlevées, ou d’entreprendre quelque négoce de peur d’avoir à souffrir des exactions. 


Il doit faire espérer des récompenses à ceux qui forment de telles entreprises, ainsi qu’à tous ceux qui songent à accroître la richesse et la grandeur de l’État. Il doit de plus, à certaines époques convenables de l’année, amuser le peuple par des fêtes, des spectacles ; et, comme tous les citoyens d’un État sont partagés en communautés d’arts ou en tribus, il ne saurait avoir trop d’égards pour ces corporations ; il paraîtra quelquefois dans leurs assemblées, et montrera toujours de l’humanité et de la magnificence, sans jamais compromettre néanmoins la majesté de son rang, majesté qui ne doit l’abandonner dans aucune circonstance » (le Prince Livre 21) 

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