REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

mercredi 10 novembre 2021

La politique coloniale de la MONARCHIE DE JUILLET en ALGÉRIE (3)

 LES PREMIERES ANNEES DE 1830 À 1834

La capitulation et la Prise d'Alger surviennent le 5 juillet 1830 et sont connues à Paris le 9 juillet. Fort de ce succès militaire, le roi Charles X, à une époque de crise entre les ultras-royalistes et les libéraux, décide de reprendre la main en publiant six  ordonnances dont quatre évoquent un coup d'Etat. (dissolution de la chambre à majorité libérale qui vient d'être élue et modification du suffrage censitaire, musèlement de la presse). Cette publication met le feu aux poudres, le peuple se soulève (les trois Glorieuses des 26-27 et 28 juillet) mais, il se voit imposer par la bourgeoisie un nouveau régime, celui dit de la monarchie de Juillet du roi Louis-Philippe.

 A cette époque, le gouvernement de Louis Philippe est pris au dépourvu par cette occupation militaire  d’Alger et de son immédiate banlieue. Il constate, dès son arrivée aux affaires, que la prise d’Alger était seulement le fruit d’une improvisation destinée à redorer le blason de la monarchie de Charles X : elle n’avait été ni planifiée, ni pensée en tant que projet d’avenir. Dans ces conditions, il lui fallut improviser à la fois en tenant compte de l’opinion publique, du vote des chambres et de l’action de l’armée bien décidée à étendre la conquête.

L’ÉTAT DE L’OPINION PUBLIQUE CONCERNANT LA PART CONQUISE DE L’ALGERIE

 L’opinion publique est partagée en trois camps antagonistes :  

   . Certains prônent non seulement le maintien sous l’obédience française de la région d’Alger et des zones conquises mais aussi l’extension de la conquête vers le sud. Dans un livre pamphlet paru en 1835, un auditeur au conseil d’état, Agenor de Gasparin,  indique, pour les rétorquer, leurs arguments :

         . En colonisant Alger, nous ouvrirons un large débouché à nos produits, échangés avec ceux d'un pays fertile, et transportés par notre marine marchande, qui recevra de ce commerce une nouvelle activité.

         . Nous ouvrirons un lieu de déportation à nos condamnés, et un débouché à la lie de notre population surabondante. 

         . Nous aurons une école pratique où notre armée viendra s'instruire (à une époque où l’Europe est globalement en paix), Nous fortifierons notre puissance militaire, et acquerrons sur la Méditerranée la prépondérance.

        . Par Alger, nous nous assurons des communications importantes et un vaste commerce d'entrepôt. 

        . Nous obéirons à des motifs plus élevés encore, en accomplissant sur le continent africain une grande mission civilisatrice. 

        . Il ne faut pas nous  laisser décourager par la stérilité des premiers efforts, car elle résulte essentiellement des fautes commises par les administrateurs de la colonie. 

        . L'Angleterre nous conteste le droit de garder Alger, dit-on. Notre retraite serait donc une lâcheté, car elle aurait l'air d'être le résultat de ses menaces.

   .  D’autres  voudraient abandonner les terres conquises en Algérie. Comme je l’ai mentionné en prologue, la conquête coloniale est mal vue à l'époque, on se souvient certes encore du cuisant souvenir de la perte de la plupart de nos colonies après le traité de Paris de 1763 consécutivement à la guerre de sept ans, mais la majeure partie des arguments contre la conquête sont plus prosaïques et pratiques : en voici quelques-uns signalés par Agenor de Gasparin :

          . La colonisation coûte cher et nécessite la présence d'importantes troupes de pacification. Les populations autochtones, en effet, sont hostiles et prêtes à bouter l’ennemi hors de leurs frontières : cela ne mérite pas les sacrifices d’hommes et d’argent nécessaires pour maintenir la présence français.

         . La colonie ne rapporte rien, comment des colons pourraient cultiver dans l’état de guérilla perpétuelle ? En outre, les terres fertiles sont peu nombreuses, le sol étant occupé par de nombreux marécages infestés de moustiques qu’il convient de drainer au prix d’efforts financiers considérables.

         . La terre algérienne ne permet pas de cultiver des produits complémentaires à ceux de la métropole comme la canne à sucre et le tabac.

         . Il est illusoire d’imaginer qu’à partir des zones conquises, on puisse développer le commerce d’entrepôts et de transit avec l’Afrique : les plaines littorales sont, en effet, bordées de barres montagneuses et de hauts plateaux peu commodes à franchir. En outre, les sites des ports sont médiocres (à l’exception toutefois de celui d’Oran conquis en 1832)

      . Quelques-uns veulent maintenir la présence française à la zone déjà conquise ; pour  le reste, il suffirait de s’entendre avec les chefs locaux à qui on confierait le pouvoir sous la suzeraineté de la France. L’avenir montrera que cette position  est  intenable du fait du caractère belliqueux des tribus de l’arrière-pays, qui veulent chasser les français de leurs positions et de la configuration géographique du pays. 

  Cette division de l’opinion publique rejaillit bien évidemment lors des débats, généralement houleux à la chambre, en particulier lors du vote du budget du ministère de la défense et du coût prévisionnels du maintien d'une armée importante.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire