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dimanche 20 février 2022

LA politique coloniale de la MONARCHIE DE JUILLET en ALGÉRIE (19)

LE SYSTÈME BUGEAUD, GOUVERNEUR GÉNÉRAL DE L’ALGÉRIE DE 1841 À 1847

L’EMMURADE DE SAINT-ARNAUD (août 1845)

L’emmurade commandée par Saint-Arnaud se produisit un peu plus d’un an après l’enfumade de Pélissier, ce qui montre à l’évidence  que, malgré les critiques ayant émané de cette dernière, la  politique commandée par Bugeaud fut de nouveau pratiquée. Cependant, à la différence de l’enfumade de Pélissier, le secret en fut bien gardé jusqu’au moment où, après la mort de Saint-Arnaud, la famille décida de publier les lettres qu’il avait écrites à son frère. 

 

L’emmurade eut lieu dans le cadre d’une opération militaire dans le Dahra contre la tribu des Shebas (la même que celle qui avait subi l’enfumade de Cavaignac), un des soutiens de Bou-Maza, lors de la poursuite de celui-ci  par la colonne de Saint-Arnaud.  

 

Cette poursuite prit d’abord la forme classique d’une razzia ; devant la menace, la tribu avait gagné les grottes qui lui servait de refuge. Faute d’obtenir sa reddition. Saint-Arnaud pensa utiliser  d’abord le même procédé que Pélissier : 

 

«  Le  huit (août 1645), je poussais une reconnaissance sur les grottes ou plutôt cavernes, 200 mètres de développement, 5 entrées. Nous sommes reçus à  coups de fusil... Le soir même, l’investissement par le 53e sous le feu ennemi, un seul homme blessé, mesure bien prise. Le 9 commencement des travaux de siège, blocus, mines, pétards, sommations, instances, prière de sortir et de se rendre. Réponse : injure, blasphème, coup de fusil… Feux allumés. 10,11 mêmes répétitions. Un arabe sort le 11, engage ses compatriotes à sortir ; ils refusent. Le 12, onze arabes sortent, les autres tirent des coups de fusil. 

 

Pressé d’en finir, Saint-Arnaud utilisa une technique beaucoup plus radicale, l’emmurement : 

 

«  Alors je fais hermétiquement boucher toutes les issues et je fais un vaste cimetière. La terre couvrira à jamais les cadavres de ces fanatiques. Personne n’est descendu dans les cavernes ; personne… que moi ne sait qu’il il y a là-dessous cinq cents brigands qui n’égorgeront plus les  Français. Un rapport confidentiel a tout dit au maréchal simplement, sans poésie terrible ni image. 


Frère, personne n’est bon par nature comme moi. Du  8 au 12 , j’ai été malade, mais ma  conscience ne me reproche rien. J’ai fait mon devoir de chef, et demain je recommencerai, mais j’ai pris l’Afrique en dégoût. »

 

La conclusion de cette lettre témoigne l’état d’esprit de Saint-Arnaud face à ce qu’il a commandé : 

     . Il s’en rend malade et éprouve du dégoût face à cette sale guerre ; lui, qui se prétend bon par nature, dût ressentir que, lors de cette action, la distinction entre le bien et le mal disparaissait, 

     . Il n’éprouve cependant aucun remords : les Shebas n’étaient que des brigands qui ne songeaient qu’à massacrer les français ;  grâce à son acte, des soldats français ne seront plus massacrés. 

     . C’était de son devoir de le faire, il avait la caution de ses chefs pour qui la fin justifie les moyens, adage qui a servi de justification à tous les massacres de masse perpétré dans l’histoire. 


Ce comportement correspond exactement à ceux de Pélissier et de Montaugnac : 

     . Face à la résistance de l’ennemi, ils perdent tous les repères moraux dont ils disposaient dans leur vie courante et qui, normalement, bridaient leur violence naturelle. Ils semblent avoir court-circuité toutes leurs valeurs, comme s'ils agissaient en état second, leur  comportement devient quasiment instinctif, ils retrouvent la sauvagerie inhérente à l’homme primitif face à un péril.

     . Lorsque s’effectue en eux le retour à la réalité, ils se rendent compte de ce qu’ils ont fait et des horreurs qu’ils ont ordonnées.

     . Il est probable que cette prise de conscience leur est d’abord moralement insoutenable : « comment ai-je pu commander de telles horreurs ! », ils s’inventent alors la seule justification qui leur est possible : celle du devoir accompli conformément aux ordres reçus. 

     . Après quelques temps, il est probable aussi qu’ils vont s’ériger en héros avec des propos du type : « la guerre menée en Algérie fut très difficile, il fallait des nerfs d’acier pour persévérer, peu d’hommes auraient été capables de combattre comme je l’ai fait ! « 

    

L’ÉTAT DE LA CONQUÊTE EN SEPTEMBRE 1847, DATE DU DÉPART D’ALGÉRIE DE BUGEAUD

 

Lorsque le général Bugeaud était arrivé en Algérie au début de l’année 1841, la situation militaire était préoccupante du fait de la reprise des hostilités avec Abd-El-Kader. 

 

Militairement, ses méthodes, radicales dans leur férocité, portèrent leur fruit comme le montre la chronologie des événements principaux : 

     . En 1843, la prise de sa smala  (ville itinérante de 30.000 personnes) amène Abd-El-Kader a s’enfuir au Maroc et de solliciter l’aide du sultan.

     . En 1844, l’armée constituée par l’Emir et le sultan est vaincue à la bataille d’Issy en territoire marocain, le Maroc doit accepter qu’Abd-El-Kader soit mis hors la loi tant au Maroc qu’en Algérie 

     . Le flambeau de la révolte est repris par Mohammed Ben Ouadah surnommé Bou-Maza.. En 1845, Il réunit d'une armée dans le Dhara, Pendant ce temps, Abd-El-Kader parcourt le pays cherchant des appuis, il remporte une dernière victoire en 1845 à la bataille de Sidi Brahim au cours de laquelle la colonne française menée par Montaugnac est massacrée.

     . Les deux chefs tentent de continuer la lutte mais, ils sont de plus en plus isolés, perdant peu à peu tous leurs partisans du fait du ralliement des tribus qui leur étaient fidèles, obtenu par la pratique des razzias et des massacres perpétrés par les armées françaises.  Harcelés  par les troupes françaises, ils finirent de se rendre en 1847. 

 

Désormais, la France tenait sous sa férule tout l’arrière-pays comme le montre la carte ci-dessous avec installation de forts quadrillant le pays. Seule la Kabylie résistait  encore.













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