REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

lundi 19 septembre 2022

Les intellectuels face à la conquête de l'Algérie de la monarchie de juillet (5) : ALPHONSE DE LAMARTINE

L’ANALYSE DE LA SITUATION DE L’ALGERIE A LA FIN DE LA MONARCHIE DE JUILLET VUE PAR TROIS INTELLECTUELS

ALPHONSE DE LAMARTINE

Alphonse de Lamartine, surtout connu actuellement pour son œuvre littéraire, fut aussi un homme politique engagé, il fut élu député  sans discontinuer de 1833 à 1848, puis participera à la mise en œuvre de la seconde république en tant que membre du gouvernement provisoire. 
 
Dans les archives de la chambre des députés de la monarchie de juillet se trouvent deux de ses discours à propos de l’Algérie.
 
J’ai donné quelques extraits de son discours de 1834 lorsque j’ai évoqué la levée des incertitudes pour cette même année : il s’y proclame un fervent partisan du maintien de la France sur la côte Nord-Africaine : abandonner la conquête, ce serait « renier notre mission et notre gloire, ce serait renier la Providence qui nous a fait ses instruments de la conquête, la plus juste peut-être qu’une nation ait jamais accomplie » : on retrouve, dans ce discours, la pensée dominante de l’époque, déjà exprimée par Tocqueville en 1841 : la civilisation européenne a pour mission, au nom de sa supériorité, de faire évoluer vers le progrès les autres peuples ressentis comme arriérés.
 
Dans son second discours, celui du 10 juin 1846, Lamartine témoigne d’une évolution considérable de ses conceptions politiques et philosophiques à propos de l’Algérie. Il y apporte une vision que ne renieraient pas les intellectuels de notre époque, teintée d’humanisme tolérant à tonalité universaliste. On retrouve, dans ce discours de 1846, les fruits de l’expérience acquise en voyageant, qu’il a relatée dans son recueil appelé « Voyage d’Orient ».
 
Dans ce discours de deux heures et demi, foisonnant et parfois décousu du fait de nombreuses interruptions qui obligent l’orateur à effectuer des digressions de mise au point, on a parfois quelques difficultés à suivre la démarche  de l’orateur. Pourtant, un thème sert de fil conducteur à l’ensemble de son propos, la condamnation de la guerre en général et, en particulier, de celle qui est menée par l’armée française en Algérie. Il le rappelle par deux fois au début et à la fin de son discours :
 
Dans le  premier extrait, il montre que, depuis l’époque des lumières du 18e siècle, et, encore plus, depuis que les acquis de cette période ont été mis en pratique lors de la Révolution à la fois en France, en Europe et aux États-Unis, la France ne doit plus agir que par la puissance de ses idées : elles sont capables, seules, d’emporter l’adhésion des peuples sans qu’il soit nécessaire de faire des guerres :
 
« Je ne suis pas partisan de la guerre ; je n’ai, à aucune époque, aimé la guerre pour la guerre. J’ai considéré toujours, politiquement autant que philosophiquement, que la France entrait dans une ère nouvelle, et que la paix serait mille fois plus profitable pour elle ; qu’elle serait plus missionnaire de liberté, dans le monde, par les vertus de ses idées et de son influence nationale qu’elle ne le serait par les armes. »
 
Dans le second extrait, Lamartine se défend des accusations que certains opposants ont pu lui  objecter de ne pas agir en patriote ; il répond qu’il existe deux sortes de patriotisme, tout aussi honorables l’un que l’autre, celui qui fait la guerre et celui qui veut la paix et l’harmonie entre les peuples. Ces deux sortes de patriotisme peuvent s’appliquer partout, y compris en Algérie ; pour l’orateur, le seul patriotisme guerrier ne peut convenir que si la nation est menacée.
 
« Je n’ai jamais été un partisan de la guerre, je n’ai jamais agité à cette tribune les plis du drapeau français, jamais je n’ai allumé .. ce feu sacré du patriotisme, qu’il faut réserver pour les périls extrêmes d’une nationalité menacée ! Mais, croyez-vous que sous ces pensées de paix, de conciliation européenne, d’harmonie continentale, si favorables au bonheur et à l’avancement du genre humain, il n’y ait pas place pour un grand sentiment patriotique dans un cœur français ? Croyez-vous que quelqu’un ici, homme ou parti, puisse réclamer le monopole du patriotisme ? Non, tous n’ont pas les mêmes opinions sur le mode de nous implanter en Afrique et d’y enraciner la puissance française ; les moyens sont différents, le patriotisme est le même, le mien comme le vôtre.
 
A partir de ce préalable contre la guerre et pour la paix et le bonheur, Lamartine va développer trois thèmes qui tous vont dans le même sens :
     . Poursuivre la guerre en Algérie risque d’obérer  gravement  l’avenir de la France,
     . La guerre menée en Algérie est vaine, historiquement parlant,
     , la guerre en Algérie, en instaurant un système de violence barbare en Algérie, exacerbe les instincts pervers dans l’armée.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire