L’ANALYSE DE LA SITUATION DE L’ALGERIE A LA FIN DE LA MONARCHIE DE JUILLET VUE PAR TROIS INTELLECTUELS
ALPHONSE DE LAMARTINE
Alphonse
de Lamartine, surtout connu actuellement pour son œuvre littéraire, fut aussi
un homme politique engagé, il fut élu député
sans discontinuer de 1833 à 1848, puis participera à la mise en œuvre de
la seconde république en tant que membre du gouvernement provisoire.
Dans
les archives de la chambre des députés de la monarchie de juillet se trouvent
deux de ses discours à propos de l’Algérie.
J’ai
donné quelques extraits de son discours de 1834 lorsque j’ai évoqué la levée
des incertitudes pour cette même année : il s’y proclame un fervent
partisan du maintien de la France sur la côte Nord-Africaine : abandonner
la conquête, ce serait « renier
notre mission et notre gloire, ce serait renier la Providence qui nous a fait
ses instruments de la conquête, la plus juste peut-être qu’une nation ait
jamais accomplie » : on retrouve, dans ce discours, la pensée dominante de
l’époque, déjà exprimée par Tocqueville en 1841 : la civilisation
européenne a pour mission, au nom de sa supériorité, de faire évoluer vers le
progrès les autres peuples ressentis comme arriérés.
Dans
son second discours, celui du 10 juin 1846, Lamartine témoigne d’une évolution
considérable de ses conceptions politiques et philosophiques à propos de
l’Algérie. Il y apporte une vision que ne renieraient pas les intellectuels de
notre époque, teintée d’humanisme tolérant à tonalité universaliste. On
retrouve, dans ce discours de 1846, les fruits de l’expérience acquise en
voyageant, qu’il a relatée dans son recueil appelé « Voyage d’Orient ».
Dans
ce discours de deux heures et demi, foisonnant et parfois décousu du fait de
nombreuses interruptions qui obligent l’orateur à effectuer des digressions de
mise au point, on a parfois quelques difficultés à suivre la démarche de l’orateur. Pourtant, un thème sert de fil
conducteur à l’ensemble de son propos, la condamnation de la guerre en général
et, en particulier, de celle qui est menée par l’armée française en Algérie. Il
le rappelle par deux fois au début et à la fin de son discours :
Dans
le premier extrait, il montre que,
depuis l’époque des lumières du 18e siècle, et, encore plus, depuis
que les acquis de cette période ont été mis en pratique lors de la Révolution à
la fois en France, en Europe et aux États-Unis, la France ne doit plus agir que
par la puissance de ses idées : elles sont capables, seules, d’emporter
l’adhésion des peuples sans qu’il soit nécessaire de faire des guerres :
« Je
ne suis pas partisan de la guerre ; je n’ai, à aucune époque, aimé la guerre
pour la guerre. J’ai considéré toujours, politiquement autant que
philosophiquement, que la France entrait dans une ère nouvelle, et que la paix
serait mille fois plus profitable pour elle ; qu’elle serait plus missionnaire
de liberté, dans le monde, par les vertus de ses idées et de son influence
nationale qu’elle ne le serait par les armes. »
Dans
le second extrait, Lamartine se défend des accusations que certains opposants ont
pu lui objecter de ne pas agir en
patriote ; il répond qu’il existe deux sortes de patriotisme, tout aussi
honorables l’un que l’autre, celui qui fait la guerre et celui qui veut la paix
et l’harmonie entre les peuples. Ces deux sortes de patriotisme peuvent
s’appliquer partout, y compris en Algérie ; pour l’orateur, le seul
patriotisme guerrier ne peut convenir que si la nation est menacée.
« Je
n’ai jamais été un partisan de la guerre, je n’ai jamais agité à cette tribune
les plis du drapeau français, jamais je n’ai allumé .. ce feu sacré du
patriotisme, qu’il faut réserver pour les périls extrêmes d’une nationalité
menacée ! Mais, croyez-vous que sous ces pensées de paix, de conciliation
européenne, d’harmonie continentale, si favorables au bonheur et à l’avancement
du genre humain, il n’y ait pas place pour un grand sentiment patriotique dans
un cœur français ? Croyez-vous que quelqu’un ici, homme ou parti, puisse
réclamer le monopole du patriotisme ? Non, tous n’ont pas les mêmes opinions
sur le mode de nous implanter en Afrique et d’y enraciner la puissance
française ; les moyens sont différents, le patriotisme est le même, le mien
comme le vôtre.
A
partir de ce préalable contre la guerre et pour la paix et le bonheur,
Lamartine va développer trois thèmes qui tous vont dans le même sens :
. Poursuivre la guerre en Algérie risque d’obérer gravement l’avenir de la France,
. La guerre menée en Algérie est vaine, historiquement parlant,
, la guerre en Algérie, en instaurant un système de violence barbare en Algérie, exacerbe les instincts pervers dans l’armée.
. Poursuivre la guerre en Algérie risque d’obérer gravement l’avenir de la France,
. La guerre menée en Algérie est vaine, historiquement parlant,
, la guerre en Algérie, en instaurant un système de violence barbare en Algérie, exacerbe les instincts pervers dans l’armée.
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