REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
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vendredi 27 octobre 2017

ESTONIE-LETTONIE (6 ) : vicissitudes de l’histoire et émergence d’une culture nationale

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L’APOGÉE DE L’ORDRE TEUTONIQUE ET LA SITUATION EN 1466 APRÈS LA DÉFAITE DE TANNENBERG

Désormais, l’histoire des pays Este et Letton se confond avec celle de l’ordre Teutonique qui entamera une politique d’expansion comme le montre la carte de gauche ci-dessous,  présentant la situation au tout début du 15e siècle : l’ordre s’est étendu non seulement à l’ouest, mais aussi il a réussi à faire sa  jonction avec l’ordre Livonien après que Vytautas, grand duc de Lituanie, lui ait concédé la Samogitie.


Les velléités nouvelles  d’expansion des Teutoniques conduisent à l’intervention conjointe de Ladislas Jagellon, roi de Pologne et de son neveu Vytautas grand-duc de Lituanie et à la défaite de l’ordre Teutonique à la bataille de Grünwald- Tannenberg (24 juin 1410).

Cette bataille sonne le glas des visées hégémoniques de l’ordre Teutonique ; de nouvelles défaites l’obligent à accepter le traité de Thorn dont la carte de droite fait état :
   . La Samogitie revient à la Lituanie,
   . La Prusse dite royale revient à la Pologne,
   . Ce qui reste des territoires de l’ordre doit se placer sous la suzeraineté de la Pologne.

L’ordre de Livonie, ancien ordre des porte-glaives devenu branche autonome de l’ordre Teutonique, également affaibli, se voit imposer par le prince-évêque de Riga et les autres évêques du pays,  la création de la Diète de Livonie qui aura pour but de régler les différents entre les états composant la confédération dominant alors les pays Estes et Lettons : désormais, l'ordre de Livonie n'est plus le puissant pouvoir en pays Este et Letton, il doit composer avec les autres membres de la confédération,

À suivre

mardi 24 octobre 2017

ESTONIE-LETTONIE (5) : vicissitudes de l’histoire et émergence d’une culture nationale

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LA SITUATION DES PAYS ESTES ET LETTONS AU TEMPS DE LA COLONISATION ALLEMANDE

Les colons allemands se sont imposés et  superposés aux peuples Letton et  Este sans qu’apparaisse un quelconque amalgame des populations : ces deux mondes se côtoient et forment quasiment des entités sociales séparées.

D’un côté,  se trouvent ceux qui ressortent du monde germanique, ils se constituent en classe dominante et prospère  qui habite les villes enrichies par le commerce hanséatique ;  Riga et Tallinn servent de débouché aux produits russes (miel, cire, peaux et fourrures ) et approvisionnent la Rus par l’intermédiaire du comptoir de Novgorod ; les deux villes s’affilieront d’ailleurs à la Hanse au cours du 13e siècle.

Elles présentent encore aujourd’hui un aspect typiquement germanique associant :
   - des hautes maisons étroites à pignons donnant sur la rue,
   - une place principale où trône un Rathaus (maison du conseil)  pourvu d’un beffroi, manifestation que les villes sont devenues des petites républiques autonomes,
   - de très hauts clochers d’églises, de puissants remparts.

Commerçants et artisans s’unissent en guildes qui se réservent le monopole de l’activité économique et dans laquelle la spécificité germanique est maintenue intacte.

La campagne constitue un monde complètement séparé et dominé. Les vassaux nommés par les évêques et les chevaliers de l’ordre se sont taillés de vastes domaines qu’ils font cultiver par les paysans Estes et  Lettons sous forme de corvées selon un système typiquement féodal ; ils lèvent les impôts, dont la dîme, effectuent la justice et en perçoivent les revenus. Peu à peu, la situation des paysans jusqu’alors libres se dégrade, ils se voient imposer des mesures qui vont peu à peu faire apparaître un véritable servage, ils seront attachés à la terre sans pouvoir vendre leurs petites exploitations et ils subiront des corvées de plus en plus lourdes.  Des actes de vente de paysans apparaissent mêmes.

Les paysans se voient aussi dirigés spirituellement par des prêtres germaniques qui imposent l'évangélisation et répriment toute référence aux cultes païens traditionnels autochtones.

Un tel dualisme social et politique sera maintenu inchangé jusqu’au milieu du 19e siècle, les « barons baltes » s’adapteront aux envahisseurs successifs et en deviendront même des serviteurs zélés afin de garder leur influence sur la campagne.

dimanche 22 octobre 2017

ESTONIE-LETTONIE (4) : vicissitudes de l’histoire et émergence d’une culture nationale

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LA CONQUÊTE ET LA COLONISATION ALLEMANDE

Alors que les pays Estes et Lettons sont vaincus,  conquis et convertis sans doute superficiellement, il s’élève de nombreuses querelles entre l’ordre des Porte-Glaives et l’évêque de Riga ; ce dernier a reçu de l’empereur du Saint-Empire le titre de Prince-Évêque qui lui donne, outre son pouvoir spirituel, un pouvoir temporel avec suzeraineté sur les terres de son évêché. Au nom de ce pouvoir, il exige que lui soient remises les 2/3 des conquêtes, ce que l'ordre militaro-monastique, principal acteur de la conquête, n'est évidemment pas disposer à accepter.

La  carte ci-dessous présente LA SITUATION EN  1237 avec division des pays Estes et Lettons en six entités : quatre évêchés, l’ordre des Porte-Glaives, le Danemark.

Cette évolution s’est accomplie en deux temps :
     . En premier lieu, l’ordre des Porte-Glaives, décide d’envahir la Lituanie restée païenne, il est vaincu à la bataille de Saule (1236).
     . Affaibli, l'ordre doit se résoudre accepter trois dispositions nouvelles :
          . D’abord, par le compromis de Stenby, il doit admettre un partage du pays entre ses possessions et celles des évêques : ainsi se forme la confédération livonienne,
          . Il doit rendre au Danemark le pays des Estes dont il s'était emparé en 1227 sous prétexte de mater une révolte,
          . Il doit surtout consentir à être incorporé à l'ordre Teutonique qui a été créé en 1220,  dont il devient une branche autonome sous le nom d’ordre de Livonie.

A suivre

vendredi 20 octobre 2017

ESTONIE-LETTONIE (3) : vicissitudes de l’histoire et émergence d’une culture nationale

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LA CONQUÊTE ET LA COLONISATION ALLEMANDE
La conquête allemande résulte de deux motifs très différents l’un de l’autre :
   . Pour l’église, il convient de christianiser les derniers peuples païens d’Europe ;  les premiers missionnaires chrétiens sont bientôt relayés par les croisades autorisées par les papes Célestin III et Innocent III (1198-1200).
   . Les  allemands effectuent à cette époque une vigoureuse expansion commerciale vers la Baltique qui se marque en particulier par la fondation de Lübeck en 1143 puis par la création de la Hanse en 1181. Les marchands hanséatiques ont alors pour ambition de se substituer aux scandinaves sur la route menant à Novgorod.

Ces deux motifs se conjuguèrent pour mettre en oeuvre la soumission des peuples Este et Letton.

La carte ci-contre montre LA SITUATION EN 1225, vingt-cinq  ans seulement après l’appel à la croisade d’Innocent III.

la conquête  fut l’oeuvre de trois protagonistes :
     . Le chef de la croisade l’évêque Albert de Buxhövden qui, dès 1200, fonda Riga à l’embouchure de la Daugava ; désormais, grâce à cette fondation, la voie de Novgorod s’ouvrit au commerce hanséatique,
     . La croisade d’Albert, composée de chevaliers allemands venus temporairement dans les pays baltes, fut relayée par la fondation d’un ordre de moines-chevaliers (les Fratres militiae Christi ou chevaliers Porte-Glaives) qui prirent la tête des expéditions contre les Lettons puis les Estes. Après de durs combats, les chrétiens furent vainqueurs. .
     . Le roi du Danemark qui fut appelé à la rescousse pour prendre à revers les Estes. Il reçut pour prix de son aide le Nord de la région. (1) et ville de Reval. Tallinn fut fondée par les danois en 1219.

1 :  Les danois perdront le pays Este dès 1226 du fait d’une rébellion des Estes qui amène les Porte-Glaives à s’emparer du pays mais ils le récupéreront en 1237.

A suivre






mercredi 18 octobre 2017

ESTONIE-LETTONIE (2) : vicissitudes de l’histoire et émergence d’une culture nationale

LES VICISSITUDES DE L’HISTOIRE.

A l’origine, les peuples Estes et Lettons n’étaient pas destinés à subir une histoire commune tant ils étaient différents par leur provenance :
     . Selon les sources archéologiques, les Estes sont arrivés au bord de la Baltique au 4ème millénaire, ils utilisent une langue dite finno-ougrienne que pratiquent aussi les finnois, les peuples du Nord de la Russie et les hongrois, ils viennent peut-être de la région ouralienne.
     . Les Lettons seraient arrivés plus tard, au 3ème millénaire ; tout comme les Lituaniens, ils utilisent une langue indo-européenne.

Ils ont laissé de leur lointain passé, des traces archéologiques comme de la céramique cordée et des haches de pierre polie.

Les deux peuples Este et Letton ont en commun de ne jamais avoir dépassé à cette époque le stade des petites tribus dispersées,  ce qui les rendait très vulnérables face à leurs puissants voisins.

Les premiers visiteurs étrangers furent des navires grecs et romains venus acheter de l’ambre. Des peuples appelés Estes  sont nommément cités par Tacite :

"Au-delà des Suiones est une autre mer, dormante et presque immobile. On croit que c'est la ceinture et la borne du monde, parce que les dernières clartés du soleil couchant y durent jusqu'au lever de cet astre, et jettent assez de lumière pour effacer les étoiles. La vérité est que la nature finit en ces lieux.

En revenant donc à la mer suévique, on trouve sur le rivage à droite les tribus des Estyens. Ils ont les usages et l'habillement des Suèves ; leur langue ressemble davantage à celle des Bretons. Ils adorent la Mère des dieux. Pour symbole de ce culte, on porte l'image d'un sanglier : elle tient lieu d'armes et de sauvegarde ; elle donne à l'adorateur de la déesse, fût-il entouré d'ennemis, une pleine sécurité.

 Les Estyens combattent peu avec le fer, souvent avec des bâtons. Ils cultivent le blé et les autres fruits de la terre avec plus de patience que n'en promet la paresse habituelle des Germains. Ils fouillent même la mer, et seuls de tous les peuples ils recueillent le succin, (l’ambre) qu'ils appellent gless : ils le trouvent entre les rochers et quelque fois sur le rivage." Tacite, Germanie, XLV


Dès l’époque des grandes invasions ayant mis fin à l'empire romain d'occident, les pays Letton et Este sont l’objet de double convoitises :
     . D’un côté, les Varèges venus de Scandinavie utilisent la rivière Daugava et les fleuves russes pour effectuer un fructueux commerce avec l’empire  byzantin, ils fondent les cités-états de Novgorod et de Kiev en tant qu'étape vers Constantinople.
     . Vers l’est, s’installent des slaves qui envahissent périodiquement les pays baltes pour leur extorquer des rançons.



L’occupation du pays ne fut cependant pas leur fait ; au 13ème siècle se développèrent  de nouvelles menaces émanant du saint Empire Romain Germanique alors que les tribus Estes et Lettones, à la  différence des Lituaniens,  ne formaient toujours pas d’entités politiques structurées.

A suivre

lundi 16 octobre 2017

ESTONIE-LETTONIE (1) : les vicissitudes de l’histoire et émergence d’une culture nationale


L’Estonie et la Lettonie possèdent une histoire particulièrement douloureuse marquée par les invasions successives de leurs puissants voisins scandinaves, allemands et russes et par l’asservissement de leurs populations aux envahisseurs.

À l'exception d’une brève période entre les deux guerres mondiales, ces deux pays furent sous le joug de puissances étrangères pratiquement   dès leur origine et jusque 1990.

Dans ces conditions, on peut considérer comme un miracle que les peuples Estes et Lettons aient pu préserver l’essentiel de leur spécificité culturelle ce qui leur a permis de se constituer, malgré toutes les vicissitudes de l’histoire, en tant que  nations unies et souveraines.

C’est ce paradoxe que je voudrais tenter de montrer en décrivant d’abord les grandes phases d’asservissement de ces peuples puis en montrant comment s’est constituée leur culture.

samedi 14 octobre 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : la vie quotidienne (16)

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Peut-on dire que l’on était plus heureux autrefois que maintenant ? Cette question n’a aucun sens ; nous sommes actuellement dans une société différente qui a rendu certaines valeurs obsolètes et en a développé d’autres. Certains peuvent  certes regretter  le déclin des valeurs d’autrefois, pourtant, réduire l’évolution survenue à ce simple déclin serait une simplification abusive.

Selon moi, la principale nouveauté de la société actuelle par rapport à l’ancienne, réside dans les progrès techniques qui ont considérablement transformé le cadre de vie : le téléphone portable, l’électronique et l’informatique ont permis, entre autre, cette mutation. Il suffit par exemple de brancher son ordinateur pour disposer d’une vision immédiate et planétaire de tout ce qui se passe, pour accomplir,  sans partir de chez soi, la plupart des tâches quotidiennes qui nécessitaient autrefois de longues files d’attente à la gare, à la poste, dans les services publics, dans les magasins… le téléphone portable permet de joindre tout de suite  un interlocuteur dans la plus grande partie du monde. Désormais, on peut vivre dans l’immédiateté, une question posée à un interlocuteur est généralement traitée dans la journée ; cela permet de disposer de plus de temps que l’on peut consacrer aux loisirs, à la vie familiale et à la culture.

Cette mutation nécessite une adaptation que la plupart des personnes âgées n’ont pas assumée. Elles  se trouvent, de ce fait, marginalisé et à l'écart d’un environnement qu’elles  ne comprennent plus.

A cela s’ajoute disent-elles, le fait que notre monde actuel a subi de plein fouet la déliquescence des valeurs morales traditionnelles qui n’ont pas été remplacées, sécrétant une société  où l’individualisme et la quête du plaisir par l’assouvissement immédiat de ses désirs sont érigés en valeurs suprêmes. Elles n’ont pas tout à fait tort.

Dans de telles conditions, on peut comprendre que beaucoup de personnes âgées se réfugient dans leur passé en idéalisant un mode de vie qui ne méritait probablement pas de l’être.

Fin

jeudi 12 octobre 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : la vie quotidienne (15)

Suite de l’article précédent 

La dernière caractéristique contribuant à notre bonheur était que nous disposions d’un cadre de vie stable et rassurant.

Il était très rare, au moins dans les milieux populaires, que l’on divorce, surtout quand il y avait des enfants ; les parents étaient mariés pour la vie entière, même s’il y avait des querelles dans le couple ou si la femme était malheureuse du fait de l’alcoolisme de son mari.

Dans la famille, chacun avait sa place, le père de famille travaillait pour subvenir aux besoins du ménage. La mère de famille, même si elle travaillait, était la maîtresse absolue dans la maison. Outre les tâches ménagères, c’est elle qui s’occupait de la tenue de son foyer ; elle considérait que, quand son mari rentrait harassé de sa journée de travail, il ne devait pas avoir à accomplir de tâches domestiques,

C’etait aussi à sa femme que généralement,  le mari remettait l’argent de la paie qu’il recevait en argent liquide ; de même, c’était elle qui gérait les comptes de la famille.

Enfin, c’est la mère de famille qui s’occupait prioritairement de l’éducation des enfants. Le seul moment où le père intervenait effectivement, survenait quand ceux-ci avaient commis une faute grave (bêtise, réprimande du maître, bagarre, impolitesse…) ; ces fautes graves étaient souvent assorties de menaces du type : «  quand ton père saura cela ! » Le père de famille devenait alors le recours qui jugeait sans appel, il était, pour un instant, le détenteur de l’autorité et personne ne contredisait ses décisions. À ce moment, les enfants craignaient l’autorité de leur père même si, au fond de lui-même, celui-ci savait qu’il jouait un rôle déplaisant qui lui répugnait. .

Il convient cependant de tempérer ce qui précède, car les moments de complicité étaient nombreux entre le père et ses enfants lors des activités de la famille, c’est lui qui présidait aux jeux de ballon, de cartes, aux baignades, aux sorties en vélo. C’est aussi avec leur père,  que les enfants participaient au bricolage, avaient un petit bout de jardin à entretenir...  Se voir déléguer un petit travail était à la fois un gage de l’estime que le père portait à son enfant et surtout un moyen pour lui de transmettre toutes les techniques et savoir-faire que l'expérience lui avait permis d’acquérir.

Ainsi, on peut résumer les trois critères qui rendirent ma jeunesse heureuse et que j’exprimerai par trois aphorismes :
   . Se contenter de ce qu’on avait mérité grâce à  son travail,
   . Communiquer pour aplanir les différends,
   . Vivre dans une cellule familiale stable où chacun à  sa place.

À suivre