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vendredi 21 décembre 2018

Cinq châteaux des Vosges gréseuses (2) PRÉSENTATION


Carte  présentant la situation des régions périphériques des Vosges Gréseuses  en l’an 1400 
(Voir «  Heigiles Romisches Reich » disponible sur internet)

Beige : « Etats » dirigé par des seigneurs laïques.
Bleu foncé : « Etats » dirigés par des  ecclésiastiques qui associent à  leurs fonctions religieuses, une domination seigneuriale ; cette situation est habituelle dans le Saint Empire Romain Germanique.
Jaune : villes impériales libres.
Bleu clair : seigneuries établies sur le massif des Vosges gréseuses et sur ses pourtours ;  c’est dans ces seigneuries que trouvent quatre des cinq châteaux que je me propose de décrire, le cinquième ressortant de l’évêché de Strasbourg
   . 1 Falkenstein
   . 2 Lichtenberg-Hanau
   . 3 Lutzelstein (la Petite Pierre)
   . 4 Saarwerden
   . 5 Fénétrange

Il est évident que cette carte représente la situation politique à une époque précise sans rendre compte de l’évolution fluctuante des dominations.

Pendant tout le Moyen-Age, la région des Vosges gréseuses a été l’objet de conflits entre les puissances qui l’entouraient à l’Ouest et à l’Est :
        . Vers l’Ouest, se trouvaient les possessions des ducs de Lorraine et des évêques de Metz.
        . Vers l’Est, se situaient les terres dominées en 1400 par la ville libre impériale de Strasbourg et  l’évêque de Strasbourg. Le pouvoir impérial qui, à l’époque des Hohenstaufen possédait une influence dominante en Alsace, s’est considérablement étiolé à la mort de l’empereur Frédéric 2 (1250) et pendant le grand interrègne qui suivit ; au 14e siècle, les possessions impériales se réduisent au Grand-Baillage de Haguenau, récupéré en 1273 par le nouvel empereur, Rodolphe de Habsbourg.

Les Vosges gréseuses constituent, pour ces dominations, une zone de confins et de frontières qu’il est important de controler à cause des voies de communication les traversant. La configuration topographique fait que cette frontière est à la fois imprécise et fluctuante ce qui conduit à de nombreux conflits : ainsi lorsqu’une seigneurie de la région disparaît faute d’héritier, chacun des quatre protagonistes aspirant à récupérer la suzeraineté sur son domaine.

La situation se complique du fait que, comme ailleurs dans l’Europe féodale,  les « états » ne prennent pas le contrôle direct des seigneuries qu’ils récupèrent : ils y établissent des ministériaux en charge d’administrer et de garder le domaine castral entré en leur possession. C’est alors qu’à nouveau, la configuration topographique de la région joue son rôle ; en effet, souvent, ces ministériaux profitent de leur situation d’isolement  pour acquérir de plus en plus d’indépendance, ils prennent alors le nom du château dont ils ont la garde et ne livrent plus au possesseur primitif de la seigneurie qu’un serment de vassalité sans grande obligation.

Les seigneuries ainsi constituées, comme ailleurs, vont évoluer au fil des temps avec deux mouvements possibles, l’un de démembrement, l’autre de regroupement :

Les mouvements de regroupement des seigneuries se produisent en particulier dans trois cas :
            . Par la violence avec encerclement du château d’un adversaire.
            . Par achat.
            . De manière plus pacifique quand l’unique héritière d’une seigneurie  est une fille, les possesseurs des seigneuries voisines s’empressent autour d’elle pour l’épouser afin de réunir à leurs biens propres, ceux de leur femme.

Le démembrement des seigneuries ainsi constituées est un phénomène beaucoup plus courant, il  se produit selon diverses causes, j’en citerai trois en particulier :  
           . Les nouveaux occupants des châteaux doivent à leur tour protéger les limites de leur domination, ils érigent de nouveaux châteaux et les confient à la garde de nouveaux ministériaux qui peu à peu aspirent aussi à l’autonomie.
           . Lors de la mort du seigneur, en cas d’héritiers multiples, les terres de la  seigneurie sont partagées, chacun des héritiers s’empresse de se construire un nouveau château.
            . Enfin se généralisa peu à peu un système de « gagière » qui fut un des plus importants moyens de décomposition des seigneuries et de partage des  châteaux : en voici l’exemple type : un seigneur ayant besoin immédiatement  d’argent, décide de l’emprunter à un de ses voisins ou à une ville libre ; au titre de garantie, il cède à son créancier une partie  de la jouissance d’un de ses châteaux et des biens qui en dépendent  jusqu’au remboursement de l’emprunt. Si  ce seigneur a encore besoin d’argent, il pourra s’adresser à d’autres créanciers à qui il concédera une autre partie de son château. Ainsi, au fil du temps, se développe un système de seigneurs «comparsonniers » qui n’ont généralement qu’une double ambition, gagner le plus d’argent sur la part de la seigneurie dont ils ont la jouissance et dépenser le mon possible pour l'entretien des châteaux. En outre, ces «comparsonniers » ne s’entendent pas toujours, il faut souvent des « Burgfriede » (paix castrale) pour régler les problèmes.

L’évolution ultime se produit avec l’apparition des « chevaliers brigands », appelés ainsi quand ils ne reconnaissent plus aucun maître et vivent en s’emparant des biens des commerçants de passage et en les rançonnant. Ce sont souvent les troupes de la ville libre de Strasbourg, dont les intérêts commerciaux sont menacés, qui se chargent d'attaquer les châteaux de ces chevaliers brigands, de s’en emparer et souvent de les détruire.

Cette présentation générale sera illustrée lors de la description des cinq châteaux que je me propose d’effectuer ; il va de soi que l'interprétation que je viens de développer, m’est personnelle.

Prochain article :  FALKENSTEIN

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