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samedi 2 novembre 2019

LA TAPISSERIE DE BAYEUX, témoignage de la vie et des mentalités au 11e siècle (24)

HISTOIRE CHRONOLOGIQUE DES ÉVÉNEMENTS DÉCRITS DANS LA TAPISSERIE DE BAYEUX 

LES PRÉPARATIFS POLITIQUES DE L’INVASION.

Pendant que la flotte se constitue, Guillaume prend diverses dispositions afin de réussir dans son entreprise, c’est ce que mentionne Guillaume de Poitiers :

. D’abord, il reçoit la caution du pape Alexandre 2 : « Dans le même temps, siégeait sur la chaire de saint Pierre de Rome, le pape Alexandre, le plus digne d'être obéi et consulté par l'Eglise universelle; car il donnait des réponses justes et utiles… Le duc ayant sollicité sa protection, et lui ayant fait part de l'expédition dont il faisait les apprêts, il reçut de sa bonté la bannière et l'approbation de saint Pierre, afin d'attaquer son ennemi avec plus de confiance et d'assurance. »

L’expédition s’effectuera donc sous la bannière du Saint-Siège et avec la garantie papale qui assurait au duc de la justesse de son combat aux yeux de Dieu contre l'impie  : c’est ce que Guillaume de Poitiers, un peu plus avant dans le récit, avait écrit : le duc « était assuré que la toute-puissance de Dieu, qui ne veut rien d'injuste, ne permettrait pas la ruine de la cause légitime, surtout lorsqu'il considérait qu'il ne s'était pas tant appliqué à étendre sa puissance et sa gloire qu'à purifier la foi chrétienne en ce pays. » une mission de rechristianisation en quelque sorte ! 

. Il signe aussi avec l’empereur du Saint Empire une alliance d’assistance militaire en cas d’attaque du duché pendant l’expédition : « récemment uni d'amitié avec Henri, (Henri 4 élu empereur en 1057 alors âgé de 7ans), empereur des Romains, fils de l'empereur Henri (Henri 3), et neveu de l'empereur Conrad (Conrad 2, en réalité grand père de Henri) et par un édit duquel l’Allemagne devait, à sa demande, marcher à son secours contre quelque ennemi que ce fût » (et en particulier le roi de France) . Henri 4 n’avait, en 1066, que 16 ans mais il assumait la réalité du pouvoir.

Enfin, toujours selon Guillaume de Poitiers, le duc organisa l’approvisionnement  de son armée afin que les paysans normands n’aient pas à souffrir de l’habituelle pratique qui consistait à laisser les combattants vivre sur le pays pendant les préparatifs de l’expédition en s’emparant des réserves en nourriture des villageois, en tuant leurs animaux et en coupant le foin dans les prés

« Ayant interdit toute espèce de pillage, il nourrit à ses propres frais cinquante mille chevaliers pendant un mois, que des vents contraires les retinrent à l'embouchure de la Dive, tant fut grande sa modération et sa prudence. Il fournissait abondamment aux dépenses des chevaliers et des étrangers, mais ne permettait pas de rien enlever à qui que ce fût. Le bétail ou les troupeaux des habitants du pays paissaient dans les champs avec autant de sûreté que si c'eût été dans des lieux sacrés. Les moissons attendaient intactes la faux du laboureur, sans avoir été ni foulées par la superbe insouciance des chevaliers, ni ravagées par le fourrageur. »

Cette partie du texte de Guillaume de Poitiers mentionne la présence de 50.000 combattants, c’est manifestement exagéré (l’armée de Guillaume est estimée à 400 bateaux et à 8000 hommes),  même si le chroniqueur mentionne la présence de nombreux chevaliers étrangers : « Il vint à son secours un nombre considérable de chevaliers étrangers, attirés en partie par la générosité très connue du duc, et surtout par l'assurance qu'ils avaient de la justice de sa cause. ».

La dernière allégation du chroniqueur est évidemment exagérée en ce qui concerne les motivations des étrangers venus participer à l’expédition, la plupart devaient être, en effet, plus attiré par la perspective de se partager l’Angleterre en obtenant du duc de riches fiefs, que de combattre pour une juste cause.

Prochain article : LA TRAVERSÉE DE LA MANCHE

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