L’ALGÉRIE FRANCAISE DE 1834 à 1841 (NOMINATION DU GÉNÉRAL BUGEAUD EN TANT QUE GOUVERNEUR GÉNÉRAL
. La poursuite des opérations militaires, à la fois pour étendre la colonisation et pour tenter de limiter le pouvoir d’Abd-El-Khader.
. La situation intérieure des terres conquises.
. Les tentatives d’extension de la colonisation.
Le premier gouverneur général des
possessions françaises d’Afrique du Nord, fut le général Drouet d’Erlon ( du 28
juillet 1834-au 8 juillet 1835). Tout en désirant préserver la paix obtenue
entre le Général Desmichels et Abd-El-Khader, il craignait, comme d’ailleurs la majorité des commandants militaires, que l’émir étende sa domination au-delà
du fleuve Chelif (voir carte ci-dessous) que le traité avait
fixé comme limite de ses possessions et qu’il envisage de se créer un royaume
allant du Maroc à la Tunisie, ce qui pourrait être le prélude à une attaque
généralisée des territoires français et à la défaite finale de la France.
Prenant le prétexte d’un voyage
au-delà du Chelif d’Abd-El-Khader dans le Titteri au sud d’Alger, à l’appel de
tribus qui lui était favorables, les français reprirent les hostilités.
La période 1835-1837 fut placée
sous le signe du nouveau gouverneur, le maréchal Clauzel, il avait déjà été en
poste en Algérie en 1831 en tant que commandant de l’armée d’Afrique et était,
comme je l’ai déjà indiqué, un ardent partisan de la colonisation et
propagandiste de celle-ci lorsqu’il avait été élu député.
Son second séjour en Algérie fut
placé sous un triple échec :
. Il voulut, dès son arrivée, organiser la colonisation de la Mitidja
sans qu’elle soit ni sécurisée ni viabilisée comme l’avait demandé la chambre
des députés, ce fut un échec.
. Ses opérations militaires contre l’Emir furent très coûteuses en
hommes sans succès autres qu’éphémères.
. Il échoua à convaincre le gouvernement et les chambres de sa
proposition d’étendre la conquête : « il faut, disait-il,
occuper toutes les villes importantes du pays, y placer des garnisons, établir des camps et postes retranchés au centre
de chaque province ainsi qu'aux divers points militaires qui doivent être
occupés d'une manière permanente; masser sur un point central dans chaque province
des troupes destinées à former une colonne mobile qui pourra toujours et
instantanément se porter d'un point à un autre, en deux ou trois marches
au plus, sans bagages considérables et par conséquent avec une grande
célérité. »
L’échec des opérations militaires entreprises par Clauzel est
dû essentiellement à persistance de l’inadaptation
de l’armée française aux conditions topographiques du secteur d’intervention.
En effet, le théâtre des opérations, surtout montagneux,
n’est accessible, rappelons-le, que par les vallées des fleuves dont le cours comporte de nombreuses
gorges taillées dans la montagne. Or, les corps expéditionnaires français se
déplacent en territoire inconnu, même s’ils comprennent des éclaireurs
autochtones pour les guider ; ils sont accompagnés de lourdes pièces d’artillerie et, de ce fait, ne peuvent qu’avancer à vitesse réduite, ce qui laissait tout le
temps à l’armée d’Abd-El-Khader d’organiser des embuscades aux endroits où les
français seront vulnérables. À cet égard, l’armée de l’émir dispose de deux
avantages essentiels : sa parfaite connaissance de la topographie de la
région et le fait qu’elle soit composée d’unités légères et très mobiles. Les
mouvements des français sont donc émaillés de ces embuscades surprises qui leur
occasionnent de lourdes pertes.
Par contre, en terrain plus favorable et, en particulier, là où sont construites les villes, l’armée française, grâce à sa puissance de feu, peut retrouver sa supériorité. Abd-El-Khader en est conscient si bien qu’il ne livre pas le combat et fait évacuer la ville menacée avec tous ses habitants. Par contre, dès que le corps expéditionnaire français quitte la ville pratiquement conquise sans combat et n’y laisse qu’une petite garnison, les troupes de l’émir en profitent pour revenir l’encercler. Elles empêchent les convois d’approvisionnement d’arriver afin d’affamer la garnison française prise au piège et de l’amener à capituler.
En décembre 1835, Clauzel réussit à s’emparer de
Mascara, la capitale de l’émir mais il juge préférable de l’évacuer. Puis, en
janvier 1836, il prend Tlemcen, y
laisse une garnison et crée, dans la vallée de
l’oued Tafna, un camp retranché pour protéger la ville.
En novembre 1836, en application de sa volonté de conquête de l’arrière-pays, Clauzel improvisa une expédition militaire comportant 7000 hommes contre le bey de Constantine jusqu’alors indépendant. Cette ville est stratégiquement importante : elle est située sur la route directe ouest-est Alger-Setif-Bone par les GORGES DE FER et sur la route nord-sud reliant le littoral (site de la future Philippeville, actuelle Skidda) et les hauts plateaux jusqu’à Biskra. La prise de Constantine permettrait donc d’ouvrir une voie de pénétration directe allant de la Méditerranée jusqu’au Sahara.
Cette attaque fut un échec, ce qui conduisit le gouvernement à désavouer le maréchal Clauzel qui fut révoqué le 12 février 1837.
De nouvelles techniques de combat apparurent cependant en
1836 du fait de l’arrivée du général Bugeaud en Algérie pour commander le camp
de l’oued Tafna. Il comprit tout de suite que, si elle voulait vaincre, l’armée
devait être organisée de la même manière que les troupes d’Abd-El-Khader. Dans
cette perspective, Bugeaud créa des corps mobiles et abandonna l’idée de les
renforcer par de l’artillerie. Cette innovation lui permit de remporter une
victoire dans la vallée de l’oued Sisak, un affluent de l’oued Tafna.
Le premier objectif, faire la paix avec l’Emir, fut atteint
le 10 mai 1837 par le traité de la Tafna entre le général Bugeaud, commandant
du camp du même nom et Abd-El-Khader. Cette paix permit le réussite du second objectif, prendre Constantine.
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