REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

samedi 1 janvier 2022

LA politique coloniale de la MONARCHIE DE JUILLET en ALGÉRIE (13)

 L’ALGÉRIE FRANCAISE DE 1834 à 1841 (NOMINATION DU GÉNÉRAL BUGEAUD EN TANT QUE GOUVERNEUR GÉNÉRAL

Cette époque se caractérise principalement par trois spécificités : 
     . La poursuite des opérations militaires, à la fois pour étendre la colonisation et pour tenter de limiter le pouvoir d’Abd-El-Khader.
     . La situation intérieure des terres conquises.
     . Les tentatives d’extension de la colonisation.

 LES OPÉRATIONS MILITAIRES ET LA LUTTE CONTRE ABD-El-KHADER JUSQU’AU TRAITÉ DE TAFNA (mai 1837)

Le premier gouverneur général des possessions françaises d’Afrique du Nord, fut le général Drouet d’Erlon ( du 28 juillet 1834-au 8 juillet 1835). Tout en désirant préserver la paix obtenue entre le Général Desmichels et Abd-El-Khader, il craignait, comme d’ailleurs la majorité des commandants militaires, que l’émir étende sa domination au-delà du fleuve  Chelif (voir carte ci-dessous) que le traité avait fixé comme limite de ses possessions et qu’il envisage de se créer un royaume allant du Maroc à la Tunisie, ce qui pourrait être le prélude à une attaque généralisée des territoires français et à la défaite finale de la France.

Prenant le prétexte d’un voyage au-delà du Chelif d’Abd-El-Khader dans le Titteri au sud d’Alger, à l’appel de tribus qui lui était favorables, les français reprirent les hostilités.

La période 1835-1837 fut placée sous le signe du nouveau gouverneur, le maréchal Clauzel, il avait déjà été en poste en Algérie en 1831 en tant que commandant de l’armée d’Afrique et était, comme je l’ai déjà indiqué, un ardent partisan de la colonisation et propagandiste de celle-ci lorsqu’il avait été élu député.

Son second séjour en Algérie fut placé sous un triple échec :

     . Il voulut, dès son arrivée, organiser la colonisation de la Mitidja sans qu’elle soit ni sécurisée ni viabilisée comme l’avait demandé la chambre des députés, ce fut un échec.

    . Ses opérations militaires contre l’Emir furent très coûteuses en hommes sans succès autres qu’éphémères.

   . Il échoua à convaincre le gouvernement et les chambres de sa proposition d’étendre la conquête : « il faut, disait-il, occuper toutes les villes importantes du pays, y placer des garnisons, établir des camps et postes retranchés au centre de chaque province ainsi qu'aux divers points militaires qui doivent être occupés d'une manière permanente; masser sur un point central dans chaque province des troupes destinées à former une colonne mobile qui pourra toujours et instantanément se porter d'un point à un autre, en deux ou trois marches au plus, sans bagages considérables et par conséquent avec une grande célérité. » 

L’échec des opérations militaires entreprises par Clauzel est dû essentiellement à  persistance de l’inadaptation de l’armée française aux conditions topographiques du secteur d’intervention.

En effet, le théâtre des opérations, surtout montagneux, n’est accessible, rappelons-le,  que par les vallées des fleuves dont le cours comporte de nombreuses gorges taillées dans la montagne. Or, les corps expéditionnaires français se déplacent en territoire inconnu, même s’ils comprennent des éclaireurs autochtones pour les guider ; ils sont accompagnés de lourdes pièces d’artillerie et, de ce fait, ne peuvent qu’avancer à vitesse réduite, ce qui laissait tout le temps à l’armée d’Abd-El-Khader d’organiser des embuscades aux endroits où les français seront vulnérables. À cet égard, l’armée de l’émir dispose de deux avantages essentiels : sa parfaite connaissance de la topographie de la région et le fait qu’elle soit composée d’unités légères et très mobiles. Les mouvements des français sont donc émaillés de ces embuscades surprises qui leur occasionnent de lourdes pertes.

Par contre, en terrain plus favorable et, en particulier, là où sont construites les villes, l’armée française, grâce à sa puissance de feu, peut retrouver sa supériorité. Abd-El-Khader en est conscient si bien qu’il ne livre pas le combat et fait évacuer la ville menacée avec tous ses habitants. Par contre, dès que le corps expéditionnaire français quitte la ville pratiquement conquise sans combat et n’y laisse qu’une petite garnison, les troupes de l’émir en profitent pour revenir l’encercler. Elles empêchent les convois d’approvisionnement d’arriver afin d’affamer la garnison française prise au piège et de l’amener à capituler.


En décembre 1835, Clauzel réussit à s’emparer de Mascara, la capitale de l’émir mais il juge préférable de l’évacuer. Puis, en janvier 1836,  il prend Tlemcen, y laisse une garnison et crée, dans la vallée de  l’oued Tafna, un camp retranché pour protéger la ville.

En novembre 1836, en application de sa volonté de conquête de l’arrière-pays, Clauzel improvisa une expédition militaire comportant 7000 hommes  contre le bey de Constantine jusqu’alors indépendant. Cette ville est stratégiquement importante : elle est située sur la route directe ouest-est Alger-Setif-Bone par les GORGES DE FER et sur la route nord-sud reliant le littoral (site de la future Philippeville, actuelle Skidda) et les hauts plateaux jusqu’à Biskra. La prise de Constantine permettrait donc d’ouvrir une voie de pénétration directe allant de la Méditerranée jusqu’au Sahara. 

Cette attaque fut un échec, ce qui conduisit le gouvernement à désavouer le maréchal Clauzel qui fut révoqué le 12 février 1837.

De nouvelles techniques de combat apparurent cependant en 1836 du fait de l’arrivée du général Bugeaud en Algérie pour commander le camp de l’oued Tafna. Il comprit tout de suite que, si elle voulait vaincre, l’armée devait être organisée de la même manière que les troupes d’Abd-El-Khader. Dans cette perspective, Bugeaud créa des corps mobiles et abandonna l’idée de les renforcer par de l’artillerie. Cette innovation lui permit de remporter une victoire dans la vallée de l’oued Sisak, un affluent de l’oued Tafna.

 Après le départ de Clauzel, la politique gouvernementale fut uniquement   de consolider les seules  possessions du littoral, de faire la paix avec l’Emir et  de venger l’affront fait à la France par le bey de Constantine

Le premier objectif, faire la paix avec l’Emir, fut atteint le 10 mai 1837 par le traité de la Tafna entre le général Bugeaud, commandant du camp du même nom et Abd-El-Khader. Cette paix permit le réussite du second objectif, prendre Constantine. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire