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mardi 28 décembre 2021

LA politique coloniale de la MONARCHIE DE JUILLET en ALGÉRIE (12)

 L’ANNÉE 1834 : LA LEVÉE DES INCERTITUDES (3) 

LA POSSIBLE COEXISTENCE : LA SIGNATURE D’UN TRAITÉ DE PAIX ENTRE LE GÉNÉRAL DESMICHELS ET L’ÉMIR ABD-El-KHADER Février 1834 

C’est, selon moi, le mérite du général Desmichels, nommé  commandant de l’armée d’Oran en 1833, d’avoir compris que la violence ne menait à rien, sauf à la dévastation et à la mort, et d’avoir pris l’initiative de négocier avec les arabes.

 

Dans la région d’Oran, se produisit, en 1832, une aspiration de quelques tribus à s’unir pour combattre et, pour cela, à se donner un chef unique. Ils choisirent, pour les diriger, un homme de grand aura, SIDI EL HADJ MAHI ED DIN,  descendant du prophète par sa fille Fatima, il est désormais qualifié, dans les textes, de khalife. Celui-ci appela immédiatement les tribus à fournir des contingents pour effectuer une offensive sur Oran qui échoua ; cela n’empêcha le khalife  de voir grandir son prestige et d’obtenir le ralliement d’autres tribus. En novembre 1832, MAHI ED DIN déclara, lors d’une réunion des chefs de  tribus, qu’il était trop âgé et qu’il ne se sentait plus apte à assumer ses fonctions, il proposa alors de céder la place à son fils, ABD EL KHADER. Celui-ci fut élu Émir des arabes

 


Au moment de sa prise de fonctions à Oran, le général Desmichels se trouve immédiatement confronté aux desseins de l’émir et, en particulier, à son ambition de s’emparer de la région d’ARZEW- MOSTAGANEM afin de se ménager un accès à la mer et, ainsi, d’encercler  Oran et sa région. A cette époque, MOSTAGANEM était aux mains d’une garnison turque du Dey ayant fait allégeance à la France, Desmichels, n’ayant aucune confiance envers ces turcs, s’empara d’Arzew puis de Mostaganem, ce qui occasionna des raids des « arabes » qui voulaient reprendre la région et amena à la tenue d’expéditions punitives de l’armée française : un nouveau cycle de la terreur se mettait ainsi en place.

 

Le général Desmichels, comprenant que la violence ne mènerait à rien, décida alors de tenter d’user de la négociation pour résoudre le conflit : il écrivit une lettre à Abd-El-Khader allant dans ce sens :

 

« S'il vous convenait que nous eussions ensemble une entrevue, je suis prêt à y consentir, dans l'espérance que nous pourrions, par des traités solennels et sacrés, arrêter l'effusion du sang entre deux peuples qui sont destinés par la Providence à vivre ensemble sous la même domination. »

La dernière partie de ce texte est claire : la paix ne pourrait résulter que par la soumission de l’émir à la domination française. 

Le 4 février 1834, le traité est signé : il comporte deux volets qui furent signés par les deux protagonistes : en voici les dispositions principales :

LES CONDITIONS DES FRANCAIS

     . ART. 1er. — A dater de ce jour, les hostilités entre les Arabes et les Français cesseront. Le général commandant les troupes françaises et l'émir ne négligeront rien pour faire régner l'union et l'amitié qui doivent exister entre les deux peuples que Dieu a destiné à vivre sous la même domination (sous-entendu, celle de la France) ; à cet effet, des représentants de l'émir résideront à Oran, Mostaganem et Arzew ; de même que pour prévenir toute collision entre les Français et les Arabes, des officiers français résideront à Mascara. (Capitale de l’époque d’Abd-El-Khader la capitale sera ensuite transférée à Tlemcen)
     . ART. 2. — La religion et les usages musulmans seront respectés et protégés. 
     . ART. 3. — Les prisonniers seront immédiatement rendus de part et d'autre. 
     . ART. 4. —La liberté du commerce sera pleine et entière. 

En-dessous, se trouve le sceau de l’émir.

 LES CONDITIONS DES ARABES

     . ART. 1er. — Les Arabes auront la liberté de vendre et d'acheter de la poudre, des armes, du soufre, enfin tout ce qui concerne la guerre. 
     . ART. 2. — Le commerce de la Merza (Arzew) sera sous le gouvernement du prince des croyants, comme par le passé et pour toutes les affaires. Les cargaisons ne se feront pas autre part que dans ce port. Quant à Mostaganem et Oran, ils ne recevront que les marchandises nécessaires aux besoins de leurs habitants et personne ne pourra s'y opposer. Ceux qui désirent charger des marchandises devront se rendre à la Merza. 

En dessous se trouve la signature du commandant de l’armée d’Oran.

Seule la première partie du traité, bilingue, fut transmise au ministre de la guerre qui la cautionna  par une lettre au général Desmichels datée du 14 février 1834. Par contre la deuxième partie, rédigée en arabe, ne fut pas transmise au gouvernement, or c’était cette partie qui était la plus contestable à ses yeux : le ministre de la guerre n’avait donné l’autorisation au général de négocier  qu’à la condition que  l’émir reconnaissent explicitement qu'il acceptait la souveraineté de la France, prêterait hommage au roi, payerait un tribut annuel et n'achèterait qu'en France les armes et les munitions dont il aurait besoin. Le général Desmichels fut désavoué et relevé de son commandement en février 1835. Tant qu’il fut présent à Oran, la paix fut préservée.

Le général Desmichels prouva que négocier avec les tribus arabes était certes ardu et aléatoire mais possible, encore fallait-on que les deux parties fassent des propositions qui puissent être concrétisables.

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