Les forteresses protégeant les lieux stratégiques et les zones frontalières (suite)
La partie centrale du royaume de Jérusalem
En arrière du littoral à l'ouest et de la route Jérusalem-Nazareth se trouve une ligne intermédiaire de châteaux comportant deux tronçons :
. Dans sa partie sud, ont été construites des forteresses au niveau du piémont montagneux ; elles peuvent constituer une seconde ligne de défense du littoral, cependant leur rôle primordial semble être plutôt de former le centre des seigneuries que les francs se sont constitués et qui dominent la plaine où sont établis les villages et terres assujetties. C'est le cas pour le château de MIREBEL (37), de CACHON (38) ou de CALENSUE (38) qui fut cédé ensuite aux Hospitaliers. Gardant la route de Naplouse à Cesarée se trouvait le CASTELLUM AERAE (39) appartenant aux templiers.
. Le deuxième tronçon correspond à la vallée de l'Esdrelon qui est située entre les monts Carmel au sud et les derniers contreforts du mont Liban au nord. Cette plaine se termine par une large baie entre Haiffa et Acre. Ont déjà été cités les deux forteresses templières de SAFRAN (21) et de SAPHORIE (20) au nord de la plaine, protégeant la route des pèlerins de TIBERIAS (17) à ACRE. Au sud de la plaine se trouve, entre autre, le château de LA FEVE (40)
Ainsi, dans cette partie centrale apparaissent nettement cinq bandes longitudinales :
. La bande littorale associant ports fortifiés et forteresses qui gardent la route longeant le rivage.
. Une bande établie au niveau du piémont des monts de Judée comportant des châteaux qui forment le cœur des seigneuries se développant en contrebas.
. La voie des pèlerins de Jérusalem à Nazareth protégée par quelques fortins.
. La ligne de forteresses au niveau des voies de passage possible à travers les monts de Judée.
. La ligne naturelle des crêtes des mont de Judée et du Jourdain.
REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet
Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com
dimanche 24 mai 2015
samedi 23 mai 2015
Mentalités et comportements au temps de la croisade (74) : LES FORTERESSES DES TEMPLIERS et le système de défense des états francs
Les forteresses protégeant les lieux stratégiques et les zones frontalières
La protection de la Galilée et du nord de la Judée
Cette zone qui jouxte l'état de Damas est une des plus sensibles du royaume par le fait qu'on y trouve les seules voies de communication entre le royaume franc et l'émirat voisin, ces voies de communication devenant épisodiquement des routes d'invasion et d'incursions dans un sens ou dans l'autre. Hormis dans cette région, la protection du Nord du royaume de Jérusalem est assurée par les reliefs naturels, mont Liban au nord et monts de Judée au sud.
Une première voie de passage est constituée par une dépression qui sépare la Haute-Galilée de la Basse. Elle est parcourue par une voie importante partant d'Acre et conduisant à Damas en passant par un gué sur le Jourdain appelé le GUÉ DE JACOB. Ce chemin qui servait aussi aux pèlerins était gardé par la puissante forteresse de SAFED (19) construite dans les années 1100 et cédée aux templiers en 1168.
Pour les templiers, cette forteresse ne suffisait pas, c'est pourquoi l'Ordre décida en 1178 d'en construire une nouvelle plus l'est, au niveau même du fleuve et du GUÉ DE JACOB, LE CHASTELET. (25) La construction de ce château posa problème au roi de Jerusalem Baudouin V (roi de 1183 à 1186) qui avait, à l'époque, signé une trêve avec Saladin. Ce dernier était en pleine constitution de son état, il s'était rendu maître de l'Egypte en mettant fin au califat fatimide en 1171, il s'était emparé de l'émirat de Damas en 1174 puis avait entamé la conquête de l'émirat d'Alep en s'emparant de Homs et de Hama ; la construction du CHASTELET risquant de faire rompre la trêve, le roi de Jérusalem était venu avec l'ost royal protéger la construction.
Au sud du lac de Tibériade, le long du Jourdain se trouvent deux forteresses :
. LE BESSAN, (26) la première de Galilée, construite par Tancrède à qui Godefroy de Bouillon a concédé le titre de prince de Galilée et qui devait conquérir son fief. Ce château servait à la fois de refuge et de base de départ pour des razzias à l'Est du Jourdain.
. Beaucoup plus importante pour la défense du royaume était la forteresse de BELVOIR (27) tenue par les Hospitaliers et située au débouché d'un pont sur le Jourdain, appelé pont de la Judaire. Outre ce passage sur le Jourdain, le château, situé sur un promontoire, surveille la route qui part de Tibériade et permet de gagner le BESSAN et Naplouse(13)
En haute Galilée, on trouve d'abord en remontant vers le Nord, les trois forteresses qui ont servi à la prise de Tyr en effectuant un blocus terrestre autour de la cité et en contrôlant les voies de communication qui aboutissaient la ville : CHASTEL IMBERT (28), SANDELION (29), LE TORON (30).
A ce niveau, le prince de Galilée voulut étendre sa domination vers l'est, il s'empare en 1129 de BELINAS (31), l'ancienne Cesarée de Philippe, il construisit pour contrôler la région et barrer la route à une invasion venue de Damas la forteresse de SUBEIBE (32) sur les dernières pentes du mont Hermon. Cette conquête fut cependant éphémère : dès 1140, la zone est perdue pour le prince de Galilée ; ces événements sont exactement semblables à ceux qui eurent lieu dans le comté de Tripoli avec la prise de Rafanée, la construction de Montferrand et la perte de ces deux sites.
Il fallut reporter la défense le la région plus à l'ouest avec la construction de CHATEAUNEUF (33) par le sire de Toron.
Plus au nord, se trouve la vallée du Litani, ce fleuve coule du Nord au Sud empruntant la vallée de la Beqa puis il oblique à angle droit et se jette dans la mer au nord de Tyr. Cette voie possible d'attaque est gardée par la puissante forteresse de BEAUFORT (34) , elle est établie sur un promontoire suffisamment élevé pour que du haut, on aperçoive la mer. Le château appartenait à l'origine à l'émirat de Damas, il fut abandonné au roi Foulques de Jérusalem par l'atabeg de Damas puis concédé au sire de Sagette qui le fit reconstruire.
Au nord de la vallée du Litani, se déploie la partie du mont Liban formant une barrière massive et peu franchissable, avec de courtes vallées comme celle du Nahr Aouli ; deux forteresses ont été construites pour surveiller cette vallée : BELHACEM (35) établie sur le versant escarpé d'un coude de la rivière et le château troglodyte de CAVE DE TYRON (36).
La protection de la Galilée et du nord de la Judée
Cette zone qui jouxte l'état de Damas est une des plus sensibles du royaume par le fait qu'on y trouve les seules voies de communication entre le royaume franc et l'émirat voisin, ces voies de communication devenant épisodiquement des routes d'invasion et d'incursions dans un sens ou dans l'autre. Hormis dans cette région, la protection du Nord du royaume de Jérusalem est assurée par les reliefs naturels, mont Liban au nord et monts de Judée au sud.
Une première voie de passage est constituée par une dépression qui sépare la Haute-Galilée de la Basse. Elle est parcourue par une voie importante partant d'Acre et conduisant à Damas en passant par un gué sur le Jourdain appelé le GUÉ DE JACOB. Ce chemin qui servait aussi aux pèlerins était gardé par la puissante forteresse de SAFED (19) construite dans les années 1100 et cédée aux templiers en 1168.
Pour les templiers, cette forteresse ne suffisait pas, c'est pourquoi l'Ordre décida en 1178 d'en construire une nouvelle plus l'est, au niveau même du fleuve et du GUÉ DE JACOB, LE CHASTELET. (25) La construction de ce château posa problème au roi de Jerusalem Baudouin V (roi de 1183 à 1186) qui avait, à l'époque, signé une trêve avec Saladin. Ce dernier était en pleine constitution de son état, il s'était rendu maître de l'Egypte en mettant fin au califat fatimide en 1171, il s'était emparé de l'émirat de Damas en 1174 puis avait entamé la conquête de l'émirat d'Alep en s'emparant de Homs et de Hama ; la construction du CHASTELET risquant de faire rompre la trêve, le roi de Jérusalem était venu avec l'ost royal protéger la construction.
Au sud du lac de Tibériade, le long du Jourdain se trouvent deux forteresses :
. LE BESSAN, (26) la première de Galilée, construite par Tancrède à qui Godefroy de Bouillon a concédé le titre de prince de Galilée et qui devait conquérir son fief. Ce château servait à la fois de refuge et de base de départ pour des razzias à l'Est du Jourdain.
. Beaucoup plus importante pour la défense du royaume était la forteresse de BELVOIR (27) tenue par les Hospitaliers et située au débouché d'un pont sur le Jourdain, appelé pont de la Judaire. Outre ce passage sur le Jourdain, le château, situé sur un promontoire, surveille la route qui part de Tibériade et permet de gagner le BESSAN et Naplouse(13)
En haute Galilée, on trouve d'abord en remontant vers le Nord, les trois forteresses qui ont servi à la prise de Tyr en effectuant un blocus terrestre autour de la cité et en contrôlant les voies de communication qui aboutissaient la ville : CHASTEL IMBERT (28), SANDELION (29), LE TORON (30).
A ce niveau, le prince de Galilée voulut étendre sa domination vers l'est, il s'empare en 1129 de BELINAS (31), l'ancienne Cesarée de Philippe, il construisit pour contrôler la région et barrer la route à une invasion venue de Damas la forteresse de SUBEIBE (32) sur les dernières pentes du mont Hermon. Cette conquête fut cependant éphémère : dès 1140, la zone est perdue pour le prince de Galilée ; ces événements sont exactement semblables à ceux qui eurent lieu dans le comté de Tripoli avec la prise de Rafanée, la construction de Montferrand et la perte de ces deux sites.
Il fallut reporter la défense le la région plus à l'ouest avec la construction de CHATEAUNEUF (33) par le sire de Toron.
Plus au nord, se trouve la vallée du Litani, ce fleuve coule du Nord au Sud empruntant la vallée de la Beqa puis il oblique à angle droit et se jette dans la mer au nord de Tyr. Cette voie possible d'attaque est gardée par la puissante forteresse de BEAUFORT (34) , elle est établie sur un promontoire suffisamment élevé pour que du haut, on aperçoive la mer. Le château appartenait à l'origine à l'émirat de Damas, il fut abandonné au roi Foulques de Jérusalem par l'atabeg de Damas puis concédé au sire de Sagette qui le fit reconstruire.
Au nord de la vallée du Litani, se déploie la partie du mont Liban formant une barrière massive et peu franchissable, avec de courtes vallées comme celle du Nahr Aouli ; deux forteresses ont été construites pour surveiller cette vallée : BELHACEM (35) établie sur le versant escarpé d'un coude de la rivière et le château troglodyte de CAVE DE TYRON (36).
vendredi 22 mai 2015
Mentalités et comportements au temps de la croisade (73) : LES FORTERESSES DES TEMPLIERS et le système de défense des états francs
Les forteresses bordant les chemins de pèlerinage (suite)
De Jérusalem, les pèlerins se rendaient aussi vers la Galilée pour y prier aux endroits les plus importants de la vie et de la prédication de Jésus . Le chemin passe d'abord près du MONT DE LA TENTATION (12) gardé par une tour appartenant aux templiers, puis les pèlerins prennent la route de NAPLES (Naplouse) (13) A quelques distances de cette ville, ils peuvent se rendre au PUITS DE JACOB où Jésus rencontra la samaritaine. Ensuite, le chemin passe par la ville de SÉBASTE (14), l'ancienne Samarie dans laquelle ils prient sur la tombe de saint Jean le Baptiste ; c'est ensuite NAZARETH (15) avec la possibilité pour les plus valides de monter en haut du MONT THABOR, là où eut lieu la transfiguration (selon certains la transfiguration aurait eu lieu au mont Hermon, dans cette hypothèse, le mont Thabor aurait été le lieu du sermon sur la montagne : il convient de ne pas en tenir compte, ce qui est important, c'est ce que les pèlerins pensaient)
Cette partie de la route n'est gardée par quelques fortins et casaux ( villages fortifiés), cela s'explique par le fait qu'elle est relativement sûre :
. elle longe en effet sur le haut versant des monts de Judée, montagne massive et retombant en un versant abrupt sur la vallée du Jourdain, ce qui exclut toute attaque de ce côté,
. elle est protégée à l'est par de grandes forteresses établies aux lieux stratégiques où se trouvent les rares lieux de passages possibles et à l'ouest par une ligne de fortins situés au pied des monts de Judée et que j'évoquerai dans le cadre des forteresses gardant les frontières et les points stratégiques.
Après Nazareth, les pèlerins se rendent à au lieu présumé des noces de CANA (16) (où Jésus transforma l'eau en vin) puis ils arrivent sur la voie menant vers TIBERIAS (17) et suivront les rives du lac jusque MAGADA ( Jésus y remis ses péchés à Marie Madeleine), TAGBHA ( mont des béatitudes où Jésus fit son sermon sur la montagne et enfin CAPHARNAÜM. (18) au cours de ce périple, ils pourront prier sur les lieux où Jésus fit de nombreux miracles et où se trouvaient les maisons de la plupart des apôtres dont saint Pierre.
Comme pour l'étape précédente, on ne trouve pas de grandes forteresses sur cette partie de l'itinéraire, le lac de Tibériade est en effet une zone bien protégée par les francs :
. A l'est, se trouvent la TERRE de SUETE qui constitue un glacis de protection,
. Au nord comme au sud du lac de Tibériade se trouvent de puissantes forteresses qui gardent les gués sur le Jourdain et la frontière.
Les pèlerins prennent ensuite le chemin du retour, plusieurs chemins sont possibles : de TIBERIAS, on peut remonter vers le Nord pour rejoindre la route d'Acre mais on peut aussi prendre une route plus au sud qui aboutit au littoral. Sur ces deux routes se trouvent des forteresses :
. Sur la route du Nord se trouve SAFED (19), forteresse des templiers dont le rôle premier est de surveiller la route de Damas,
. Sur la route plus au sud se trouvent deux châteaux : SAPHORIE (20) (non loin de là se rassemble l'ost royal pour des opérations en Galilée) et LE SAFRAN (21) tous deux possessions de l'ordre du Temple.
Une fois sur le littoral, les pèlerins peuvent emprunter la route côtière, ce qui permet de passer par le MONT CARMEL (22). Sur cette route côtière, un seul point est dangereux : un étroit défilé au sud de Caiffa à l'endroit où les derniers contreforts du mont Carmel bordent le littoral qui fut longtemps un repaire de brigands détroussant les voyageurs. Pour la protection de ceux-ci, les templiers construisirent la TOUR DU DÉTROIT (23), plus au sud se trouve un autre château appelé LE MERLE (24) avec le même rôle de protection.
Ces itinéraires que je viens de citer sont effectués par la plupart des pèlerins mais avec des variantes :
. On peut choisir tout ou partie de ces chemins de pèlerinage selon ce que l'on ressent,
. Il est aussi possible de faire l'itinéraire à l'envers, en partant d'Acre puis en se rendant en Galilée puis en descendant jusqu'au Saint-Sépulcre et à Bethleem. Ce type de circuit sera de plus en plus utilisé au 13e siècle quand, après Hattin, Jérusalem sera perdu.
. Enfin, les guerres et incursions venues de l'Est empêchent de se rendre dans certains endroits trop dangereux au niveau de la sécurité.
De Jérusalem, les pèlerins se rendaient aussi vers la Galilée pour y prier aux endroits les plus importants de la vie et de la prédication de Jésus . Le chemin passe d'abord près du MONT DE LA TENTATION (12) gardé par une tour appartenant aux templiers, puis les pèlerins prennent la route de NAPLES (Naplouse) (13) A quelques distances de cette ville, ils peuvent se rendre au PUITS DE JACOB où Jésus rencontra la samaritaine. Ensuite, le chemin passe par la ville de SÉBASTE (14), l'ancienne Samarie dans laquelle ils prient sur la tombe de saint Jean le Baptiste ; c'est ensuite NAZARETH (15) avec la possibilité pour les plus valides de monter en haut du MONT THABOR, là où eut lieu la transfiguration (selon certains la transfiguration aurait eu lieu au mont Hermon, dans cette hypothèse, le mont Thabor aurait été le lieu du sermon sur la montagne : il convient de ne pas en tenir compte, ce qui est important, c'est ce que les pèlerins pensaient)
Cette partie de la route n'est gardée par quelques fortins et casaux ( villages fortifiés), cela s'explique par le fait qu'elle est relativement sûre :
. elle longe en effet sur le haut versant des monts de Judée, montagne massive et retombant en un versant abrupt sur la vallée du Jourdain, ce qui exclut toute attaque de ce côté,
. elle est protégée à l'est par de grandes forteresses établies aux lieux stratégiques où se trouvent les rares lieux de passages possibles et à l'ouest par une ligne de fortins situés au pied des monts de Judée et que j'évoquerai dans le cadre des forteresses gardant les frontières et les points stratégiques.
Après Nazareth, les pèlerins se rendent à au lieu présumé des noces de CANA (16) (où Jésus transforma l'eau en vin) puis ils arrivent sur la voie menant vers TIBERIAS (17) et suivront les rives du lac jusque MAGADA ( Jésus y remis ses péchés à Marie Madeleine), TAGBHA ( mont des béatitudes où Jésus fit son sermon sur la montagne et enfin CAPHARNAÜM. (18) au cours de ce périple, ils pourront prier sur les lieux où Jésus fit de nombreux miracles et où se trouvaient les maisons de la plupart des apôtres dont saint Pierre.
Comme pour l'étape précédente, on ne trouve pas de grandes forteresses sur cette partie de l'itinéraire, le lac de Tibériade est en effet une zone bien protégée par les francs :
. A l'est, se trouvent la TERRE de SUETE qui constitue un glacis de protection,
. Au nord comme au sud du lac de Tibériade se trouvent de puissantes forteresses qui gardent les gués sur le Jourdain et la frontière.
Les pèlerins prennent ensuite le chemin du retour, plusieurs chemins sont possibles : de TIBERIAS, on peut remonter vers le Nord pour rejoindre la route d'Acre mais on peut aussi prendre une route plus au sud qui aboutit au littoral. Sur ces deux routes se trouvent des forteresses :
. Sur la route du Nord se trouve SAFED (19), forteresse des templiers dont le rôle premier est de surveiller la route de Damas,
. Sur la route plus au sud se trouvent deux châteaux : SAPHORIE (20) (non loin de là se rassemble l'ost royal pour des opérations en Galilée) et LE SAFRAN (21) tous deux possessions de l'ordre du Temple.
Une fois sur le littoral, les pèlerins peuvent emprunter la route côtière, ce qui permet de passer par le MONT CARMEL (22). Sur cette route côtière, un seul point est dangereux : un étroit défilé au sud de Caiffa à l'endroit où les derniers contreforts du mont Carmel bordent le littoral qui fut longtemps un repaire de brigands détroussant les voyageurs. Pour la protection de ceux-ci, les templiers construisirent la TOUR DU DÉTROIT (23), plus au sud se trouve un autre château appelé LE MERLE (24) avec le même rôle de protection.
Ces itinéraires que je viens de citer sont effectués par la plupart des pèlerins mais avec des variantes :
. On peut choisir tout ou partie de ces chemins de pèlerinage selon ce que l'on ressent,
. Il est aussi possible de faire l'itinéraire à l'envers, en partant d'Acre puis en se rendant en Galilée puis en descendant jusqu'au Saint-Sépulcre et à Bethleem. Ce type de circuit sera de plus en plus utilisé au 13e siècle quand, après Hattin, Jérusalem sera perdu.
. Enfin, les guerres et incursions venues de l'Est empêchent de se rendre dans certains endroits trop dangereux au niveau de la sécurité.
mercredi 20 mai 2015
Mentalités et comportements au temps de la croisade (72) : LES FORTERESSES DES TEMPLIERS et le système de défense des états francs
Les forteresses qui se trouvent dans le royaume même peuvent être classées en deux grandes catégories :
. Les forteresses qui jalonnent, contrôlent et surveillent les itinéraires de pèlerinage,
. Les forteresses qui protègent les frontières,
Les forteresses gardant les chemins de pèlerinage
Une grande majorité des pèlerins arrive en terre sainte au moyen des bateaux italiens de Venise et de Gènes. Il existait deux ports principaux de débarquement, JAFFA et ACRE ; le premier fut surtout utilisé dans les premières années du royaume, le second sera le lieu d'arrivée de la très grande majorité des pèlerins au 13e siècle. En conséquence, l'itinéraire du pèlerinage peut se faire dans les deux sens selon le lieu de débarquement.
Je prendrai ici l'exemple d'un pèlerin qui débarque à Jaffa.
il est très rare que des pèlerins accomplissent leur périple seul, ils cheminent par petits groupes et prennent souvent un guide, ce qui conduit à ce que les itinéraires tendent à se figer avec un cheminement qui est quasiment le même pour tous.
A partir de Jaffa, les pèlerins se dirigent vers LYDDA (1) (où ils vénèrent saint Georges) puis vers RAMLEH (2). Ensuite, la route se scinde en deux tronçons chacun défendu par une puissante forteresse établie au niveau des défilés qui permettent la traversée des monts de Judée.
. Sur la route du Nord se trouve CHASTEL HERNAUT. (3) Cette forteresse de l'époque de Baudouin 1er fut détruite avant d'être terminée par une attaque conjointe des garnisons Fatimides d'Ascalon, de Tyr, Sidon et Beyrouth. Elle fut reconstruite par les habitants de Jérusalem et fut confiée aux templiers par le roi de Jérusalem en 1179
Sur la route du Sud se trouve le TORON DES CHEVALIERS (4) qui sera donné aux templiers en 1229, postérieurement à la bataille de Hattin. Cette forteresse est établie à un croisement entre la route qui mène à Jerusalem et celle d'Ascalon, c'est sur cette derrière route que se trouve BLANCHE GARDE et BETHGEBELIN. Un plus loin sur la route de Jérusalem, se trouve BELMONT confié aux Hospitaliers.
Apres avoir accompli leur pèlerinage à JERUSALEM , les pèlerins peuvent se rendre vers le sud ou remonter vers la Galilée.
Au sud se trouvent Bethanie, BETHLEEM, (5) puis HEBRON (avec la tombe des patriarches et de leurs femmes : Adam Abraham, Isaac, Jacob, et l'endroit où aurait été façonnés Adam et Ève) ; certains peuvent ensuite gagner LE MONT SINAÏ et le monastère sainte Catherine. Sur ce parcours, on ne trouve que de petits fortins, en effet, cette route ne nécessite pas de protection importante , elle est bordée par la mer Morte et se dirige vers le désert, hors des voies habituelles d'invasion.
Un autre itinéraire se dirigeait vers le Nord-Est en passant par JERICHO (6). Le but est d'arriver au Jourdain sur le lieu où Jésus aurait été baptisé par Jean le Baptiste. Les pèlerins se baignent dans l'eau du fleuve (7), comme s'ils voulaient renouveler leur propre baptême.
Cet itinéraire était protégé par la forteresse de MALDOUIN (8) ainsi que par la TOUR DU BAPTÊME sur le Jourdain. Ces deux lieux fortifiés étaient aux mains des templiers.
. Les forteresses qui jalonnent, contrôlent et surveillent les itinéraires de pèlerinage,
. Les forteresses qui protègent les frontières,
Les forteresses gardant les chemins de pèlerinage
Une grande majorité des pèlerins arrive en terre sainte au moyen des bateaux italiens de Venise et de Gènes. Il existait deux ports principaux de débarquement, JAFFA et ACRE ; le premier fut surtout utilisé dans les premières années du royaume, le second sera le lieu d'arrivée de la très grande majorité des pèlerins au 13e siècle. En conséquence, l'itinéraire du pèlerinage peut se faire dans les deux sens selon le lieu de débarquement.
Je prendrai ici l'exemple d'un pèlerin qui débarque à Jaffa.
il est très rare que des pèlerins accomplissent leur périple seul, ils cheminent par petits groupes et prennent souvent un guide, ce qui conduit à ce que les itinéraires tendent à se figer avec un cheminement qui est quasiment le même pour tous.
A partir de Jaffa, les pèlerins se dirigent vers LYDDA (1) (où ils vénèrent saint Georges) puis vers RAMLEH (2). Ensuite, la route se scinde en deux tronçons chacun défendu par une puissante forteresse établie au niveau des défilés qui permettent la traversée des monts de Judée.
. Sur la route du Nord se trouve CHASTEL HERNAUT. (3) Cette forteresse de l'époque de Baudouin 1er fut détruite avant d'être terminée par une attaque conjointe des garnisons Fatimides d'Ascalon, de Tyr, Sidon et Beyrouth. Elle fut reconstruite par les habitants de Jérusalem et fut confiée aux templiers par le roi de Jérusalem en 1179
Sur la route du Sud se trouve le TORON DES CHEVALIERS (4) qui sera donné aux templiers en 1229, postérieurement à la bataille de Hattin. Cette forteresse est établie à un croisement entre la route qui mène à Jerusalem et celle d'Ascalon, c'est sur cette derrière route que se trouve BLANCHE GARDE et BETHGEBELIN. Un plus loin sur la route de Jérusalem, se trouve BELMONT confié aux Hospitaliers.
Apres avoir accompli leur pèlerinage à JERUSALEM , les pèlerins peuvent se rendre vers le sud ou remonter vers la Galilée.
Au sud se trouvent Bethanie, BETHLEEM, (5) puis HEBRON (avec la tombe des patriarches et de leurs femmes : Adam Abraham, Isaac, Jacob, et l'endroit où aurait été façonnés Adam et Ève) ; certains peuvent ensuite gagner LE MONT SINAÏ et le monastère sainte Catherine. Sur ce parcours, on ne trouve que de petits fortins, en effet, cette route ne nécessite pas de protection importante , elle est bordée par la mer Morte et se dirige vers le désert, hors des voies habituelles d'invasion.
Un autre itinéraire se dirigeait vers le Nord-Est en passant par JERICHO (6). Le but est d'arriver au Jourdain sur le lieu où Jésus aurait été baptisé par Jean le Baptiste. Les pèlerins se baignent dans l'eau du fleuve (7), comme s'ils voulaient renouveler leur propre baptême.
Cet itinéraire était protégé par la forteresse de MALDOUIN (8) ainsi que par la TOUR DU BAPTÊME sur le Jourdain. Ces deux lieux fortifiés étaient aux mains des templiers.
mardi 19 mai 2015
Mentalités et comportements au temps de la croisade (71) : LES FORTERESSES DES TEMPLIERS et le système de défense des états francs.
Suite de l'article précédent
En 1124, seule la cité d'ASCALON etait encore aux mains des Fatimides d'Egypte. De ce poste avancé de leurs positions, les Fatimides lançèrent de vastes opérations militaires sur le royaume de Jérusalem en 1101 et 1102 vers Jaffa, 1105 vers Ramla, 1106 vers Jaffa de concert avec les garnisons de Tyr, Sidon et Beyrouth, 1107 vers Hébron, 1124 lors du siège de Tyr pour faire diversion. En 1115 et 1125, les Fatimides lançèrent une expédition combinée associant armée et flotte de guerre vers Jaffa. Ces expéditions échouèrent et en 1123, la flotte égyptienne fut détruite par celle de Venise...
A ces incursions s'ajoutaient les raids menés par la garnison d'Ascalon : relevée tous les trois mois, elle avait pris l'habitude dès son arrivée de lancer un raid sur la partie méridionale du royaume, ce qui rendait peu sûre la région et créait un climat périodique d'insécurité.
Les rois de Jerusalem décidèrent la construction de forteresses autour des voies d'accès menant à Ascalon dans le but de :
- contrer toutes les incursions de la garnison de la cité et les expéditions militaires égyptiennes,
- sécuriser la campagne au sud du royaume,
- couper Ascalon de ses bases d'approvisionnement égyptiennes et empêcher toute venue de renforts terrestres en l'encerclant par la terre.
Les rois de Jerusalem firent d'abord ériger trois forteresses, toutes semblables comportant un donjon et une courtine carrée pourvue de quatre tours d'angle.
- BETHGEBELIN sur la route menant à Hebron, (saint Abraham)
- BLANCHE GARDE sur la route menant à Jérusalem,
- IBELIN sur la route menant à Jaffa.
Il ne restait plus qu'à barrer la route menant d'Ascalon à l'Egypte qui pouvait permettre l'arrivée de renforts par voie de terre, ce fut réalisé par la prise de GAZA en 1150 sous le règne de Baudouin III. La ville était alors en pleine décadence et désertée par ses habitants, elle fut facilement conquise et fut laissée aux templiers, à charge pour l'ordre de créer une forteresse.
Enfin, en janvier 1153 le roi investit ASCALON en effectuant un siège terrestre et maritime. Du côté de la terre, fut construite une grande tour de siège. L'arrivée d'une flotte égyptienne de 70 navires permit la levée du blocus maritime des francs. Les défenseurs de la cité, encouragés par cette bonne nouvelle, amassèrent entre la tour et la muraille des sarments recouverts d'huile et de poix, afin d'incendier la tour franque ; mais le vent dévia les flammes sur les remparts de la ville et une partie de la muraille s'écroula. Les templiers décidèrent seuls de s'élancer par la brèche apparue, ils furent vaincus et leurs quarante têtes dont celle du maître de l'ordre Bernard de Tremelay furent exposées en haut des remparts !
Enhardis par ce succès, les assiégés tentèrent une sortie mais ils furent battus, ce qui amena la cité à capituler le 19 août 1153 contre la promesse d'avoir la vie sauve, ce que les francs acceptèrent.
Vers le sud, une dernière forteresse fut construite en 1170 à l'extrême limite des possessions territoriales du royaume de Jerusalem, DARUM. Cette forteresse servait à empêcher les éventuelles incursions de l'armée fatimide mais surtout, elle avait pour but de préparer l'invasion de l'Egypte que réalisa le roi Amaury. (1)
(1) j'ai classé les forteresses construites pour la conquête des ports dans la catégorie des forteresses littorales mais elles auraient pu être mises dans la catégorie des moyens défensifs de l'arrière pays. Ce choix s'explique par le fait qu'elles furent construites pour la conquête du littoral et non pour la garde des routes du royaume. Il va de soi que ce dernier rôle existait aussi.
En 1124, seule la cité d'ASCALON etait encore aux mains des Fatimides d'Egypte. De ce poste avancé de leurs positions, les Fatimides lançèrent de vastes opérations militaires sur le royaume de Jérusalem en 1101 et 1102 vers Jaffa, 1105 vers Ramla, 1106 vers Jaffa de concert avec les garnisons de Tyr, Sidon et Beyrouth, 1107 vers Hébron, 1124 lors du siège de Tyr pour faire diversion. En 1115 et 1125, les Fatimides lançèrent une expédition combinée associant armée et flotte de guerre vers Jaffa. Ces expéditions échouèrent et en 1123, la flotte égyptienne fut détruite par celle de Venise...
A ces incursions s'ajoutaient les raids menés par la garnison d'Ascalon : relevée tous les trois mois, elle avait pris l'habitude dès son arrivée de lancer un raid sur la partie méridionale du royaume, ce qui rendait peu sûre la région et créait un climat périodique d'insécurité.
Les rois de Jerusalem décidèrent la construction de forteresses autour des voies d'accès menant à Ascalon dans le but de :
- contrer toutes les incursions de la garnison de la cité et les expéditions militaires égyptiennes,
- sécuriser la campagne au sud du royaume,
- couper Ascalon de ses bases d'approvisionnement égyptiennes et empêcher toute venue de renforts terrestres en l'encerclant par la terre.
Les rois de Jerusalem firent d'abord ériger trois forteresses, toutes semblables comportant un donjon et une courtine carrée pourvue de quatre tours d'angle.
- BETHGEBELIN sur la route menant à Hebron, (saint Abraham)
- BLANCHE GARDE sur la route menant à Jérusalem,
- IBELIN sur la route menant à Jaffa.
Il ne restait plus qu'à barrer la route menant d'Ascalon à l'Egypte qui pouvait permettre l'arrivée de renforts par voie de terre, ce fut réalisé par la prise de GAZA en 1150 sous le règne de Baudouin III. La ville était alors en pleine décadence et désertée par ses habitants, elle fut facilement conquise et fut laissée aux templiers, à charge pour l'ordre de créer une forteresse.
Enfin, en janvier 1153 le roi investit ASCALON en effectuant un siège terrestre et maritime. Du côté de la terre, fut construite une grande tour de siège. L'arrivée d'une flotte égyptienne de 70 navires permit la levée du blocus maritime des francs. Les défenseurs de la cité, encouragés par cette bonne nouvelle, amassèrent entre la tour et la muraille des sarments recouverts d'huile et de poix, afin d'incendier la tour franque ; mais le vent dévia les flammes sur les remparts de la ville et une partie de la muraille s'écroula. Les templiers décidèrent seuls de s'élancer par la brèche apparue, ils furent vaincus et leurs quarante têtes dont celle du maître de l'ordre Bernard de Tremelay furent exposées en haut des remparts !
Enhardis par ce succès, les assiégés tentèrent une sortie mais ils furent battus, ce qui amena la cité à capituler le 19 août 1153 contre la promesse d'avoir la vie sauve, ce que les francs acceptèrent.
Vers le sud, une dernière forteresse fut construite en 1170 à l'extrême limite des possessions territoriales du royaume de Jerusalem, DARUM. Cette forteresse servait à empêcher les éventuelles incursions de l'armée fatimide mais surtout, elle avait pour but de préparer l'invasion de l'Egypte que réalisa le roi Amaury. (1)
(1) j'ai classé les forteresses construites pour la conquête des ports dans la catégorie des forteresses littorales mais elles auraient pu être mises dans la catégorie des moyens défensifs de l'arrière pays. Ce choix s'explique par le fait qu'elles furent construites pour la conquête du littoral et non pour la garde des routes du royaume. Il va de soi que ce dernier rôle existait aussi.
lundi 18 mai 2015
Mentalités et comportements au temps de la croisade (70) : LES FORTERESSES DES TEMPLIERS et le système de défense des états francs.
Les forteresses littorales (suite)
TYR est construit sur un îlot relié à la terre par un long cordon sableux. Elle est puissamment fortifiée et semble imprenable d'autant qu'il est impossible d'installer des machines de guerre sur le sable.
Possession des Fatimides et voyant que ceux-ci ne la secourait pas, la cité se donna à l'atabeg de Damas, Tughtekin qui envoya des renforts. La garnison de Tyr multiplia les raids dans la campagne de Galilée qui fut ravagée.
Les francs répliquèrent par la construction des forteresses de SCANDELION, CASAL-IMBERT et LE TORON. Elles avaient trois buts :
. sécuriser la campagne en la protégeant des raids venus de Tyr,
. servir de base de départ pour la conquête de la cité,
. couper la ville de ses communications avec l'extérieur en contrôlant les routes d'accès qui pourraient amener des renforts : la route du sud et surtout la route Tyr-Damas par laquelle Tyr pourrait recevoir des troupes envoyées par l'atabeg de Damas.
Un premier siège fut tenté en 1111-12 mais l'arrivée de l'armée de Tughtekin obligea le roi Baudouin 1er à le lever. Le second siège débuta en février 1124. Il fut mené conjointement par l'ost royal et par une flotte vénitienne. Pour tenter de le faire lever, la cité d'Ascalon organisa une manœuvre de diversion en lançant une offensive sur Jérusalem . Parallèlement, l'atabeg de Damas vint avec son armée aux portes de Tyr, cependant le blocus tint bon et Tughtekin accepta la reddition de la ville en juillet 1124.
TYR est construit sur un îlot relié à la terre par un long cordon sableux. Elle est puissamment fortifiée et semble imprenable d'autant qu'il est impossible d'installer des machines de guerre sur le sable.
Possession des Fatimides et voyant que ceux-ci ne la secourait pas, la cité se donna à l'atabeg de Damas, Tughtekin qui envoya des renforts. La garnison de Tyr multiplia les raids dans la campagne de Galilée qui fut ravagée.
Les francs répliquèrent par la construction des forteresses de SCANDELION, CASAL-IMBERT et LE TORON. Elles avaient trois buts :
. sécuriser la campagne en la protégeant des raids venus de Tyr,
. servir de base de départ pour la conquête de la cité,
. couper la ville de ses communications avec l'extérieur en contrôlant les routes d'accès qui pourraient amener des renforts : la route du sud et surtout la route Tyr-Damas par laquelle Tyr pourrait recevoir des troupes envoyées par l'atabeg de Damas.
Un premier siège fut tenté en 1111-12 mais l'arrivée de l'armée de Tughtekin obligea le roi Baudouin 1er à le lever. Le second siège débuta en février 1124. Il fut mené conjointement par l'ost royal et par une flotte vénitienne. Pour tenter de le faire lever, la cité d'Ascalon organisa une manœuvre de diversion en lançant une offensive sur Jérusalem . Parallèlement, l'atabeg de Damas vint avec son armée aux portes de Tyr, cependant le blocus tint bon et Tughtekin accepta la reddition de la ville en juillet 1124.
dimanche 17 mai 2015
Mentalités et comportements au temps de la croisade (69) : LES FORTERESSES DES TEMPLIERS et le système de défense des états francs
Les forteresses littorales du royaume de Jérusalem
La première croisade, rappelons-le avait suivi la route littorale au printemps 1099, mais pressée d'en finir et de délivrer au plus tôt le Saint-Sepulcre, elle s'était contentée de passer sans se préoccuper de soumettre les nombreux ports qui s'égrènent le long de sa route. Seul JAFFA, exutoire portuaire de Jérusalem , avait été conquis et permettait de relier les croisés à l'Occident.
Certaines de ces cités portuaires s'étaient alors calfeutrées derrière leurs remparts, espérant que les croisés ne feraient que passer tandis que d'autres avaient offert de leur faire allégeance si toutefois la croisade s'emparait de Jérusalem , ce fut par exemple le cas de Barut ( Beyrouth), de Sidon, d'Acre et de Cesarée.
La création d'un système défensif littoral fut étroitement dépendante de la conquête pendant laquelle s'établit une distinction entre les ports anciennement fortifiés où les francs se contentèrent de renforcer les murailles et les forteresses construites de toute pièce.
Dès les premières années qui suivirent la création du royaume de Jérusalem sont effectuées la plus grande partie des conquêtes : Haiffa en 1100, Arsur et Cesarée en1101, Acre en 1104, Barut (Beyrouth) et Sagette (Sidon ) en1110.
Pour les croisés, la tâche fut relativement aisée : ces cités étaient alors sous l'obédience théorique des Fatimides d'Egypte, trop lointain pour intervenir, elles connaissaient la cruauté des croisés et firent obédience. La conquête fut facilitée aussi par la présence des flottes italiennes de Gènes et de Venise ; l'ost royal ne pouvait en effet investir la cité portuaire à conquérir que par la terre, ce qui laissait libre la possibilité aux assiégés de s'approvisionner par voie maritime. La présence des flottes italiennes permettait d'effectuer un blocus complet. Il va de soi que cette participation eut sa contrepartie, les villes italiennes reçurent de nombreux privilèges dans les villes conquises.
Cette conquête fut réalisée au détriment des accords passés antérieurement, l'exemple de Cesarée est à cet égard significatif : les croisés avaient signé une trêve lors de leur passage en 1099, elle était assortie des conditions habituelles : allégeance, lourd tribut en argent ou en approvisionnement. En 1101, le roi Baudouin 1er reçut de la cité une demande de renouvellement de la trêve, il la refusa, préférant la conquérir. L'aide d'une flotte génoise permit à ce dessein d'aboutir. Gènes pour prix de cette aide, reçut 1/3 de la ville. Plus tard, fut construire près du port une petite forteresse, le Merle, destinée à la fois à surveiller le port mais aussi à contrôler le comté de Cesarée qui s'était constitué.
Cesarée est typique de la double évolution qui se produisit un peu partout :
. on passa rapidement de la situation de trêve qui maintenait les anciens dirigeants à celle de conquête préludant à la constitution d'un fief.
. Il se créa une association port et ville fortifiée-forteresse-seigneurie.
Apres 1100, l'ensemble du littoral est aux mains des francs à l'exception toutefois de deux ports importants, Tyr et Ascalon.
À suivre...
La première croisade, rappelons-le avait suivi la route littorale au printemps 1099, mais pressée d'en finir et de délivrer au plus tôt le Saint-Sepulcre, elle s'était contentée de passer sans se préoccuper de soumettre les nombreux ports qui s'égrènent le long de sa route. Seul JAFFA, exutoire portuaire de Jérusalem , avait été conquis et permettait de relier les croisés à l'Occident.
Certaines de ces cités portuaires s'étaient alors calfeutrées derrière leurs remparts, espérant que les croisés ne feraient que passer tandis que d'autres avaient offert de leur faire allégeance si toutefois la croisade s'emparait de Jérusalem , ce fut par exemple le cas de Barut ( Beyrouth), de Sidon, d'Acre et de Cesarée.
La création d'un système défensif littoral fut étroitement dépendante de la conquête pendant laquelle s'établit une distinction entre les ports anciennement fortifiés où les francs se contentèrent de renforcer les murailles et les forteresses construites de toute pièce.
Dès les premières années qui suivirent la création du royaume de Jérusalem sont effectuées la plus grande partie des conquêtes : Haiffa en 1100, Arsur et Cesarée en1101, Acre en 1104, Barut (Beyrouth) et Sagette (Sidon ) en1110.
Pour les croisés, la tâche fut relativement aisée : ces cités étaient alors sous l'obédience théorique des Fatimides d'Egypte, trop lointain pour intervenir, elles connaissaient la cruauté des croisés et firent obédience. La conquête fut facilitée aussi par la présence des flottes italiennes de Gènes et de Venise ; l'ost royal ne pouvait en effet investir la cité portuaire à conquérir que par la terre, ce qui laissait libre la possibilité aux assiégés de s'approvisionner par voie maritime. La présence des flottes italiennes permettait d'effectuer un blocus complet. Il va de soi que cette participation eut sa contrepartie, les villes italiennes reçurent de nombreux privilèges dans les villes conquises.
Cette conquête fut réalisée au détriment des accords passés antérieurement, l'exemple de Cesarée est à cet égard significatif : les croisés avaient signé une trêve lors de leur passage en 1099, elle était assortie des conditions habituelles : allégeance, lourd tribut en argent ou en approvisionnement. En 1101, le roi Baudouin 1er reçut de la cité une demande de renouvellement de la trêve, il la refusa, préférant la conquérir. L'aide d'une flotte génoise permit à ce dessein d'aboutir. Gènes pour prix de cette aide, reçut 1/3 de la ville. Plus tard, fut construire près du port une petite forteresse, le Merle, destinée à la fois à surveiller le port mais aussi à contrôler le comté de Cesarée qui s'était constitué.
Cesarée est typique de la double évolution qui se produisit un peu partout :
. on passa rapidement de la situation de trêve qui maintenait les anciens dirigeants à celle de conquête préludant à la constitution d'un fief.
. Il se créa une association port et ville fortifiée-forteresse-seigneurie.
Apres 1100, l'ensemble du littoral est aux mains des francs à l'exception toutefois de deux ports importants, Tyr et Ascalon.
À suivre...
samedi 16 mai 2015
Mentalités et comportements au temps de la croisade (68) : LES FORTERESSES DES TEMPLIERS et le système de défense des Etats francs.
LES FORTERESSES DU ROYAUME DE JERUSALEM
Le royaume de Jérusalem présente la même configuration géographique que les deux états francs septentrionaux avec d'Ouest en Est, une succession semblable de reliefs en bandes longitudinales comme il est noté sur la coupe ci-dessous :
- A : une plaine littorale qui s'élève insensiblement vers l'Est pour atteindre une ligne de crête montagneuse culminant à plus de 1000m. C'est sur les parties hautes de ce versant que se trouvent les principales villes : Jérusalem , Hebron, Naples (Naplouse),
- B : un versant abrupt correspondant à la faille,
- C : un profond fossé d'effondrement ( la fosse syrienne) parcouru par le Jourdain qui forme le lac de Tibériade et se jette dans la mer Morte.
- D : le rebord occidental de la faille, formant une nouvelle crête montagneuse,
- E : à l'Est de la crête se trouvent de vastes plateaux.
Sur la carte ci-contre, ne sont figurées que les lignes principales de relief. Les montagnes sont assez massives et forment une barrière continue, c'est le cas des mont Liban (1) et des monts de Judée (5) et cela explique qu'on ne trouve que deux trouées transversales :
. Au niveau de Tyr avec une trouée (2) entre le mont Liban et les collines de Galilée empruntée par le fleuve Litani et qui conduit à la haute vallée du Jourdain,
. Au niveau d'Acre-Haiffa une trouée (4) limitée au sud par le Mont Carmel puis par les montagnes de Judée. cette trouée permet de rejoindre le lac de Tibériade.
En ce qui concerne le lacis de forteresses, on retrouve la même répartition que dans les forteresses de la principauté d'Antioche et du comté de Tripoli mais avec deux particularités notables :
. Le royaume comprend l'ensemble des lieux saints, cela explique la présence de nombreuses forteresses sécurisant et surveillant les voies de pèlerinage. Elles sont souvent construites par l'ordre du Temple qui avait reçu, lors de sa fondation, ce rôle de protection des pèlerins.
. Le royaume de Jérusalem, à la différence des deux Etats septentrionaux, possède un hinterland étendu sis-Jourdain. Les francs ont conquis de vastes domaines au delà du fossé d'effondrement formant deux ensembles : la Terre de Suete et surtout la Seigneurie d'Outre-Jourdain qui se termine en pointe sur le golfe d'Aqaba et possède un accès à la Mer Rouge.
Comme pour les deux autres états francs de Terre Sainte, je décomposerai ma présentation des forteresses existant antérieurement à 1187, en trois ensembles :
. Les forteresses littorales,
. Les forteresses situées entre le littoral et la fosse syrienne, elles sont toutes établies sur les voies principales de communication tant pour le commerce que pour les pèlerinages mais elles peuvent se muer en voies d'invasion,
. Les fortifications et systèmes défensifs des marges orientales.
À suivre
Le royaume de Jérusalem présente la même configuration géographique que les deux états francs septentrionaux avec d'Ouest en Est, une succession semblable de reliefs en bandes longitudinales comme il est noté sur la coupe ci-dessous :
- A : une plaine littorale qui s'élève insensiblement vers l'Est pour atteindre une ligne de crête montagneuse culminant à plus de 1000m. C'est sur les parties hautes de ce versant que se trouvent les principales villes : Jérusalem , Hebron, Naples (Naplouse),
- B : un versant abrupt correspondant à la faille,
- C : un profond fossé d'effondrement ( la fosse syrienne) parcouru par le Jourdain qui forme le lac de Tibériade et se jette dans la mer Morte.
- D : le rebord occidental de la faille, formant une nouvelle crête montagneuse,
- E : à l'Est de la crête se trouvent de vastes plateaux.
Sur la carte ci-contre, ne sont figurées que les lignes principales de relief. Les montagnes sont assez massives et forment une barrière continue, c'est le cas des mont Liban (1) et des monts de Judée (5) et cela explique qu'on ne trouve que deux trouées transversales :
. Au niveau de Tyr avec une trouée (2) entre le mont Liban et les collines de Galilée empruntée par le fleuve Litani et qui conduit à la haute vallée du Jourdain,
. Au niveau d'Acre-Haiffa une trouée (4) limitée au sud par le Mont Carmel puis par les montagnes de Judée. cette trouée permet de rejoindre le lac de Tibériade.
En ce qui concerne le lacis de forteresses, on retrouve la même répartition que dans les forteresses de la principauté d'Antioche et du comté de Tripoli mais avec deux particularités notables :
. Le royaume comprend l'ensemble des lieux saints, cela explique la présence de nombreuses forteresses sécurisant et surveillant les voies de pèlerinage. Elles sont souvent construites par l'ordre du Temple qui avait reçu, lors de sa fondation, ce rôle de protection des pèlerins.
. Le royaume de Jérusalem, à la différence des deux Etats septentrionaux, possède un hinterland étendu sis-Jourdain. Les francs ont conquis de vastes domaines au delà du fossé d'effondrement formant deux ensembles : la Terre de Suete et surtout la Seigneurie d'Outre-Jourdain qui se termine en pointe sur le golfe d'Aqaba et possède un accès à la Mer Rouge.
Comme pour les deux autres états francs de Terre Sainte, je décomposerai ma présentation des forteresses existant antérieurement à 1187, en trois ensembles :
. Les forteresses littorales,
. Les forteresses situées entre le littoral et la fosse syrienne, elles sont toutes établies sur les voies principales de communication tant pour le commerce que pour les pèlerinages mais elles peuvent se muer en voies d'invasion,
. Les fortifications et systèmes défensifs des marges orientales.
À suivre
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