REMARQUE
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mercredi 25 février 2015

Mentalités et comportements au temps de la croisade (23) LE SIÈGE ET LA PRISE DE JERUSALEM.

JERUSALEM A L'APPROCHE DU SIÈGE SELON GUILLAUME DE TYR

" Cependant les habitants de Jérusalem,  instruits... de la marche de nos troupes, et sachant bien que cette immense multitude de Chrétiens qui s'avançait vers eux avait principalement pour objet de s'emparer de leur ville, s'occupaient ...  du soin de la fortifier.. [de] rassembler de toutes parts et faire ensuite transporter dans la ville de nombreux approvisionnements en denrées, en armes de toutes sortes, et des divers objets qui peuvent être de quelque utilité dans une place assiégée.

Le prince égyptien, qui, dans le cours de cette même année (en fait l'année précédente), était parvenu.... , à expulser les Turcs ( de l’Émirat seldjoukide de Damas) de Jérusalem et à s'en rendre maître, ordonna de réparer les tours et les murailles , il fit entrer à Jérusalem un grand nombre d'hommes forts et adroits, parfaitement bien armés.

Puis ils se rassemblèrent tous dans le vestibule de la mosquée (Al-Aqsa)  qui était extrêmement vaste, et résolurent, pour mieux s'opposer à l'arrivée des armées chrétiennes, de mettre à mort tous les [chrétiens ]  qui habitaient dans la ville, de renverser de fond en comble l'église de la Sainte-Résurrection et le sépulcre du Seigneur, afin que les Croisés renonçassent à leur projet de s'approcher de la ville, ou même d'y entrer...

Cependant, comme ils apprirent qu'une telle conduite exciterait contre eux les haines les plus violentes, et irriterait les peuples Croisés [ au point qu'ils décideraient] l'entière destruction des habitants, ils changèrent d'avis et enlevèrent de vive force aux [chrétiens]  tout leur argent et tout ce qu'ils pouvaient posséder ;  en outre,  ils exigèrent une somme de quatorze mille pièces d'or, tant du patriarche que des habitants de la cité et des monastères."

Ce premier extrait de Guillaume de Tyr témoigne de la profonde différence des mentalités entre les musulmans de Jérusalem et les croisés : certes, dans un premier temps, les musulmans de Jérusalem assemblés décidèrent de tuer tous les chrétiens et de détruite le Saint-Sépulcre. Pourtant ils ne le firent pas, ne tuèrent personne,  ne détruisirent aucun édifice chrétien et ne les profanèrent pas, ils n'imposeront qu'une rançon à la communauté chrétienne qui est d'ailleurs moindre que celle que l'émir de Tripoli versa aux croisés.

 A cet égard, le contraste de ces musulmans avec le comportement qu'auront les croisés après la prise de Jérusalem sera total. Il convient cependant de ne pas verser dans l'angélisme : on se rappelle la destruction et lé saccage du saint sépulcre par le calife fatimide Al-Hakkim et les pillages lors de la prise de Jérusalem par les turcs Seldjoukides...


lundi 23 février 2015

Mentalités et comportements au temps de la croisade (21) LE SIÈGE D'ARCHIS

LE SIÈGE D'ARCHIS (14 février-13 mai 1099) : L'AFFAIRE DE LA SAINTE LANCE

La sainte Lance avait été découverte par un provençal dans le sol de la basilique d'Antioche. Remise au comte de Toulouse et à l'évêque du Puy, elle avait redonné confiance aux croisés assiégés par l'armée de l'atabeg de Mossoul,  ce qui leur avait permis la victoire. Depuis, elle était conservée par le comte de Toulouse. Jusqu'au siège d'Archis, il s'était certes posé des questions sur son authenticité mais sans qu'elle soit vraiment  remise en cause.

Pendant le siège d'Archis, la question fut relancée d'une manière insistante tant par le peuple que par le conseil des princes et en particulier par un clerc dépendant du duc de Normandie. Cela conduisit celui qui avait découvert la lance, un certain Pierre Barthélémy, à  demander à être livré à une ordalie, le jugement de Dieu, : "  Je veux et je supplie qu’on fasse un très grand feu ; je passerai au travers avec la lance du Seigneur. Si c’est la lance du Seigneur, je passerai sain et sauf ; si c’est une fausseté, je serai brûlé par le  feu.... On fit en branches sèches d’olivier, un bûcher qui avait quatorze pieds en longueur: il y avait deux monceaux de bois, entre lesquels on avait laissé un vide d’un pied de largeur environ [ pour permettre à Pierre Barthélémy de passer], et chacun des deux monceaux de bois avait quatre pieds de hauteur." (4)

Sur les résultats de l'ordalie, on dispose de trois textes qui donnent des résultats assez différents :

D'abord le récit de RAYMOND D'AGUILLIERS qui était le chapelain du comte de Toulouse
Lorsque le feu fut violemment allumé; moi, Raymond, je dis,  en présence de toute la multitude : « Si Dieu tout-puissant a parlé à cet homme face à face, et si le bienheureux André lui a montré la lance du Seigneur, tandis qu’il veillait lui-même, qu’il passe à travers ce feu sans être blessé: mais s’il en est autrement, et si ce n’est qu’un mensonge, qu’il soit brûlé avec la lance qu’il portera dans ses mains. » Et tous fléchissant les genoux, répondirent: « Amen ! »

Après que Pierre Barthélemy fut sorti du feu,  bien que sa tunique ne fut point brûlée, et qu’on ne put non plus découvrir aucun indice de la moindre atteinte sur la pièce d’étoffe très fine avec laquelle on avait enveloppé la lance du Seigneur, le peuple se jeta sur lui, lorsqu’il eut fait sur tout le monde le signe de la croix, avec la lance du Seigneur, et crié à haut voix: « Dieu nous aide; » (4)

FOUCHER DE CHARTRES
L'auteur précise d'abord que quand la lance avait été présentée  " à l'évêque du Puy et au comte Raymond, l'évêque croyait toute cette histoire fausse,  le comte Raymond, au contraire, se flattait qu'elle était vraie.  Cependant tout le peuple, plein de joie, glorifiait le Seigneur...  tous la tenaient en grande vénération, le comte Raymond lui prodiguait les plus signalés honneurs, et s'en était  rendu lui-même le gardien,"

Toutefois [beaucoup] doutaient que cette lance fût celle du Seigneur, et pensaient que c'en était une autre que cet homme grossier disait faussement avoir trouvée. On tint donc une grande assemblée; puis, après trois jours de prières et de jeune, le huitième mois depuis la prise d'Antioche, on mit le feu à un tas de bois au milieu même du camp... les évêques donnèrent leur bénédiction à ce feu, dont l'épreuve devait servir de jugement; et l'homme qui avait trouvé la lance passa vite et résolument au milieu du brasier enflammé. On reconnut aussitôt qu'en le traversant, cet homme, comme il arrivait à tout vrai coupable, avait eu la peau brûlée par la flamme, et l'on présuma promptement que quelque partie intérieure de son corps devait être mortellement endommagée,  cela fut bientôt clairement confirmé par la fin de ce criminel imposteur, qui mourut le douzième jour des douleurs de sa brûlure. Cédant à la force de cette preuve, tous les nôtres qui avaient vénéré cette lance, cessèrent de croire à sa sainteté, mais furent attristés  Quant au comte Raymond,  il conserva très-longtemps cette lance, et la perdit par je ne sais quel accident. (2)

GUILLAUME DE TYR
Parmi les princes,  les uns disaient que c'était bien la même lance qui avait été trempée dans le sang du Seigneur, au moment où on lui ouvrit le flanc, et qu'une inspiration divine l'avait révélée à l'armée des Croisés, pour les consoler dans leur affliction ; d'autres affirmaient que c'était une invention...  uniquement par un motif d'avidité, et qui ne faisait que mettre au jour la fourberie du comte de Toulouse.

Tandis que le peuple s'entretenait diversement sur ce sujet, l'homme qui affirmait avoir eu cette révélation, voulant ... dissiper tous les doutes, ordonna d'allumer un grand bûcher, promettant qu'avec l'aide de Dieu et en se soumettant à l'épreuve du feu, il prouverait à tous les incrédules qu'il n'y avait eu dans son récit aucune tromperie, ni aucune fausse interprétation, et tout ce qu'il avait rapporté était bien le fait d'une révélation divine.  On disposa donc un grand bûcher, et l'on y mit le feu.

l'homme qui devait subir de son plein gré une si périlleuse épreuve se nommait Pierre Barthelemi, c'était un clerc peu lettré,(precedemment, Guillaume de Tyr avait parlé d' un paysan)   et qui paraissait très simple... il prit en main la lance et traversa le feu, sans en être blessé, du moins à ce que le peuple crut voir. Cependant, loin de décider la question, cette action ne fit qu'en susciter une autre encore plus difficile. Barthelemi mourut peu de jours après, et quelques-uns affirmèrent que une mort si prompte ne pouvait provenir que de l'épreuve qu'il avait voulu tenter, et qu'il avait trouvé une occasion de mort dans le feu pour s'être porté le défenseur d'une fraude. D'autres disaient au contraire qu'il était sorti sain et sauf du bûcher, et qu'après qu'il avait échappé à l'action du feu, la foule, se précipitant sur lui dans son transport de dévotion, l'avait tellement serré et écrasé de tous côtés que c'était là la véritable et unique cause de sa mort. Ainsi cette question demeura encore complètement indécise, et fut même enveloppée d'une plus grande obscurité." (1)

Ainsi apparait trois versions différentes des résultats de l'ordalie :
     . Pour Foucher de Chartres, la lance était fausse puisque celui qui l'avait découverte a été brûlé lors de l'ordalie,
     . Pour Raymond d'Aguilliers, la lance est authentique puisque Pierre Barthélémy est sorti indemne du feu, cependant, ce témoignage est suspect puisque Raymond d'Aguillers est un partisan et un proche du comte de Toulouse.
     . Enfin Guillaume de Tyr indique que l'ordalie n'a rien révélé : Pierre Barthélémy  est-il mort des suites de ses brûlures ou de la foule qui l'a oppressé ?

Ce qui est le plus intéressant dans le texte de Guillaume de Tyr, fut l'accusation lancée en conseil des princes à l'encontre du  comte de Toulouse, qui aurait inventé la lance par avidité et  fourberie : manifestement, cette opération était destinée à déconsidérer le comte de Toulouse.

Un dernier point est à noter à propos de cette lance, la mention faite par Foucher de Chartres que le comte de Toulouse conserva la lance longtemps et la perdit en sorte que jamais on ne l'a retrouva : perdre une relique de cette importance serait assez assez surprenant si la lance avait été authentique !

Ainsi déconsidéré, ayant perdu toute influence, et abandonné des princes qui l'avaient accompagné jusque là, le comte de Toulouse fut obligé de lever le siège d'Archis et de partir avec le reste de l'armée vers Jérusalem.

Rappel des sources
   . 2- Foulcher de Chartres (vers 1055- vers 1127) : " Historia hierosalmitana "
   . 1 Guillaume de Tyr ( né en 1130 en terre sainte,  archevêque de Tyr de 1175 à 1184):   "Historia rerum in partibus transmarinis gestarum "
   . 3 auteur Anonyme : " Gesta Francorum et Aliorum Hierosolymitanorum", récit d'un contemporain de la croisade écrit probablement entre 1099 et 1101
   . 4- Raymond d'Aguilliers, chapelain de Raymond de saint Gilles dans "Historia Francorum qui ceperunt Jerusalem"

dimanche 22 février 2015

Mentalités et comportements au temps de la croisade (20) LE SIÈGE D'ARCHIS


LE SIÈGE D'ARCHIS (14 février-13 mai 1099) : LES ÉVÉNEMENTS DIPLOMATIQUES

Pendant que semblait s'éterniser le siège d'Archis, se produisirent deux événements diplomatiques dont l'un compliqua encore  les relations entre les chefs croisés.

Les princes virent d'abord venir une nouvelle ambassade venue d'Égypte. Le Vizir Al-Afdal leur offrait son alliance militaire ; elle était assortie de l'engagement d'autoriser  la liberté des pèlerinages aux lieux saints et en particulier au Saint-Sépulcre. De même, les croisés aurait l'autorisation d'entrer dans Jérusalem par groupes de 200 à 300.

Cet engagement était-il une ruse du Vizir ? Probablement pas, en fait il proposait un retour au statut-quo du traité de 1027 qui avait autorisé les pèlerinages et concédé aux chrétiens un quart de la ville de Jérusalem.

Les chefs croisés refusèrent ces propositions, leur but n'était plus seulement la liberté des pèlerinages mais aussi la délivrance de Jérusalem et sa conquête.

Le deuxième  événement diplomatique fut la venue d'une ambassade de l'empereur Alexis 1er. : " Les princes avaient reçu aussi des députés de l'empereur de Constantinople, chargés de leur porter plainte contre le seigneur Bohémond qui, disaient-ils, osait retenir (pour lui) la ville d'Antioche malgré le texte des traités et le serment de fidélité qu'il avait prononcé. Ils dirent, en outre, en présence des princes, que tous ceux qui avaient passé à Constantinople s'étaient engagés ...par serment, la main sur les Saints Évangiles, à ne...retenir pour eux... aucune des villes qui auraient fait auparavant partie de l'Empire, et à les restituer au contraire à l'empereur, s'ils parvenaient à s'en rendre maîtres.. " (1)

Les chefs croisés usèrent vis à vis des députés impériaux des récriminations habituelles : ils rappelèrent que l'empereur s'était engagé " à suivre lui-même l'expédition des Chrétiens, à la tête de nombreuses troupes" et fourni l'assurance " qu'il prêterait secours aux princes dans toutes les choses dont ils auraient besoin.. il avait en outre promis d'entretenir de continuelles relations avec eux par mer et par ses vaisseaux, et de leur faire fournir en abondance, sur toute la route, toutes les denrées dont ils pourraient avoir besoin  ; cependant il avait négligé frauduleusement d'accomplir ses promesses quand il lui eût été extrêmement, facile de les faire exécuter. En conséquence..  à Antioche... (Les princes)  étaient complètement dans leur droit, .. et que celui (Bohémond)  auquel ils avaient, librement et d'un commun accord, fait la concession de cette ville, en demeurât en  possession, pour en jouir lui et ses héritiers à perpétuité. (1)

" Les députés de l'Empereur insistèrent cependant pour engager les princes à attendre avec leur armée l'arrivée de leur maître, faisant tous ses efforts pour leur persuader qu'il ne manquerait pas d'arriver au commencement de juillet, (1)

Cette dernière proposition fut suivie d'une réunion houleuse du conseil des chefs croisés : en effet,  le comte de Toulouse fut d'avis d'attendre les troupes envoyées par l'empereur., contrairement à tous les autres qui voulaient partir immédiatement pour Jérusalem,

Les raisons du comte de Toulouse étaient évidentes :
     . Le siège d'Archis s'éternisait,  les assauts des croisés n'arrivaient pas à s'en emparer de la ville ; le comte espère donc que la venue de renforts permettra enfin de la conquérir.
    . Cet avis d'attendre les armées impériales n'était pas dépourvu d'arrière-pensées :  pour le comte de Toulouse, la conquête  d'Archis était, selon moi,  le prélude à un projet personnel de conquête plus vaste, celle du petit état de Tripoli dont la richesse était grande. C'est d'ailleurs dans cette perspective qu'il avait incité à l'abandon du siège de Gibel : manifestement, à Archis, Raymond combattait pour lui et non pour la croisade.
     . A cela s'ajoutait une autre considération : les députés de l'empereur ne se plaignaient que de l'attitude de Bohemond, Alexis 1er avait pour but de récupérer les terres qui appartenaient à l'empire byzantin antérieurement à la bataille de Manzikert de 1071 ; dans cette perspective, Raymond de Toulouse estimait que Tripoli n'était pas concerné par le traité juré entre les croisés et le Basileus. En outre, il va de soi que Raymond ne serait sans doute pas mécontent de se débarrasser d'un rival assez redoutable.

Ainsi le comte de Toulouse avait tout avantage à attendre les armées byzantines et l'empereur : il pourrait s'emparer d'Archis, se constituer une principauté autour de Tripoli, devenir un allié d'Alexis contre Bohemond.

A l'inverse,  La majorité des chefs croisés déclarèrent vouloir " poursuivre leur route et marcher sans retard à l'accomplissement des vœux pour lesquels ils avaient déjà supporté tant de fatigues. Il leur paraissait surtout convenable d'éviter... les artifices de l'Empereur, dont ils avaient eu si souvent à se plaindre, (de se laisser) envelopper ... dans le labyrinthe de sa politique tortueuse, et d'avoir ensuite grand-peine à s'en débarrasser." (1)

Les querelles s'enveniment à tel point que l'émir de Tripoli qui avait offert beaucoup d'argent pour que les croisés lèvent le siège d'Archis crut qu'il lui serait possible de les vaincre militairement : il tenta d'attaquer mais fut facilement vaincu.

Pendant cette période, l'aura du comte de Toulouse avait singulièrement pâli :
     . D'abord à cause de ce trop long siège et des assauts contre Archis  qui  tous échouaient ; "les Chrétiens se consumaient en vains efforts ; toutes leurs fatigues, toutes leurs attaques demeuraient sans résultat-, en sorte qu'il devint évident que la faveur divine s'était retirée, en cette circonstance, de l'armée des assiégeants" (1).  beaucoup se demandaient pour quelle raison, il fallait effectuer ce siège.
    . Ensuite, il y eut la trahison supposée de Raymond qui avait amené à  l'abandon du siège de Gibel.
    . Enfin, s'ajouta le problème de la sainte Lance que Raymond possédait et dont ils se servait  pour se prétendre l'inspirateur de la croisade et son guide...

(1) Guillaume de Tyr

samedi 18 octobre 2014

LA BASILIQUE SAINT PIERRE à l'époque de la création du BALDAQUIN par LE BERNIN (fin)

Apres, l'érection de la grande coupole, il restait certes quelques travaux à effectuer (en particulier au niveau des coupoles de coin comme en témoigne la gravure représentant la basilique en 1593) cependant on pouvait penser que l'édifice, dans son essence,  était terminé. 

Pourtant,  il se produisit encore une nouvelle phase  de construction entre 1605 et 1617 sous la direction de Carlo Maderno.

 Elle se manifeste par deux aménagements principaux :
     . Le prolongement de la pseudo-nef de Michel-Ange en une véritable nef comportant trois travées.
     . La création de la façade monumentale donnant sur la place saint Pierre.

Les deux gravures ci-dessous d'Antonio Tempesta  montrent l'évolution de la basilique avant et après les travaux entrepris par Maderno

LA PROLONGATION DE LA NEF DE MICHEL-ANGE.
La décision de prolonger la basilique jusqu'à la place saint Pierre est due à deux motifs principaux :
   . En premier lieu, il convenait, pour terminer la nouvelle basilique, de détruire l'antique basilique du 4ème siècle. Or ce lieu avait été depuis longtemps consacré et il recelait de nombreux tombeaux en particulier dans les grottes qui se trouvaient en dessous : cet état de fait conduisit à la décision d'inclure cette partie de l'ancienne basilique dans la nouvelle en prolongeant cette dernière par une nef.
   . En ce début du 17eme siècle, les mentalités avaient changé : la contre-réforme catholique avait mis en œuvre un nouvel état d'esprit qui voulait d'une part témoigner de la puissance de Dieu et de celle de l'église et d'autre part, ébahir le fidèle par la somptuosité et le grandeur des églises. Or la croix grecque, construction trop raisonnable, était inappropriée à ce dessein, il fallait au contraire que le fidèle, dès l'entrée dans la basilique, soit impressionné par ce qu'il voyait et qu'il accomplisse un long cheminement, tant physique que mental, pour arriver à l'autel.  Seule la croix latine pouvait permettre ce cheminement.

Pour réaliser cette nef, Maderna utilisa, en une sorte de synthèse cohérente, toutes les structures existant à l'époque :
   . En premier lieu, il lui fallut coordonner la nouvelle construction avec celle de Michel-Ange de manière à constituer un ensemble cohérent : pilastres monumentaux terminés par des chapiteaux corinthiens portant la corniche, voûte en berceau à caissons : cette adéquation explique la grande harmonie de style de la basilique déjà mentionnée.
   . L'architecture d'ensemble s'inspire des églises du type de celle d'Alberti à Mantoue :
        - nef unique (1) tenue par des contreforts intérieurs (2).
        - pilastres doubles séparés par des niches (3)
        - arcades reliant ces pilastres. (4)
   . Pourtant Maderna va s'écarter de ce modèle Albertien d'abord en introduisant diverses modifications  :
        - présence de fenêtres hautes dans la voûte.
        - les contreforts intérieurs ont été percés d'arcades (6) formant un déambulatoire qui reconstitue une sorte de bas-côté.
        - le couvrement des espaces entre les contreforts intérieurs, comporte des coupoles (7) qui les éclairent de manière diffuse.
  . Enfin, la nef, étant de moindre largeur que l'édifice construit par Michel-Ange, Maderno décida de construire deux chapelles latérales de raccordement. (8)

LA FAÇADE MONUMENTALE
Beaucoup ont écrit que la façade de Maderno était une monstruosité, en particulier parce que, de la place, elle masquait le reste de la basilique et la coupole. Pour moi, c'est au contraire une grande réussite en ce sens qu'elle témoigne des mentalités qui présidèrent à sa construction.

Pour en mesurer le sens, il ne faut pas considérer cette façade simplement comme celle de la basilique, il s'agit beaucoup plus d'un somptueux décor qui évoque un palais ayant pour rôle premier de mettre en scène la puissance papale en magnifiant le souverain pontife en tant que successeur de Pierre. C'est dans cette perspective qu'il faut considérer la façade :

     (1)  au centre, la fenêtre où le pape apparaît pour la bénédiction "urbi et orbi", à la ville et au monde, cette fenêtre est établie à l'intersection des diagonales du rectangle formé par la façade.
     (2) autour de la fenêtre, quatre colonnes surmontées d'un fronton  évoquent un temple, ce qui renforce l'idée de la sacralisation du rôle du pape.
     (3) de part et d'autre, se trouvent les corps latéraux à colonnes qui se terminent sur deux tours  (4) encadrées de pilastres et surmontées, au dessus de l'attique, de frontons portant les horloges.(5)
     (6) enfin, au niveau de la balustrade se trouvent les statues du Christ, de saint Jean Baptiste et de onze apôtres. La statue du Christ se trouve au centre, juste en dessous de la fenêtre où paraît le pape : si on considère que la foule qui reçoit la bénédiction se trouve sur la place en contrebas, on voit apparaître nettement le rôle d'intercesseur du pape entre Jésus et le monde céleste d'une part et la foule personnifiant le monde terrestre d'autre part.

Toute cette façade est organisée pour sacraliser le pouvoir du pape, en ce sens c'est évidemment une réussite.

Certains ont regretté qu'il n'y ait eu jamais de clochers ; il y eut certes des projets émis mais ils ne furent jamais suivis d'effets. Pour moi, c'est heureux car la création de clochers aurait fait perdre totalement sa signification à cette façade devenue l'expression même du pouvoir papal.

La basilique est consacrée en 1626 par le pape Urbain VIII ; en 1620, le même pape a commandé à GIAN LORENZO BERNINI le baldaquin qui devait surmonter l'autel...

vendredi 17 octobre 2014

LA BASILIQUE SAINT PIERRE à l'époque de la création du BALDAQUIN par LE BERNIN (suite)

Le dessin ci-dessous, tiré du plan de Rome d'Etienne du Perac et daté de 1577, montre l'aspect que devait avoir la basilique saint Pierre au moment de la mort de Michel-Ange :
   . À l'arrière-plan, la nouvelle basilique, dont on aperçoit le tambour (1) devant porter la coupole.
   . En avant, l'ancienne basilique constantinienne qu'il est prévu de démolir une fois la nouvelle construction terminée, entre autre, par l'érection du dôme. (2)
   . En avant du portique de la basilique constantinienne, l'atrium de celle-ci.(3)
   . Enfin devant la façade de l'atrium, la place saint Pierre. (4)

LA CONSTRUCTION DU DÔME
la construction du dôme de saint Pierre et en particulier l'influence respective de Michel-Ange et de Giacomo Della Porta, chargé en 1685 par le pape Sixte V de mener à son terme l'édification de la basilique, est assez hypothétique.

Pour la construction de la coupole, Michel-Ange avait le choix entre deux types de formes :

La première était celle prévue par Bramante : c'est une coupole hémisphérique, imitée de celle du Panthéon de Rome, érigée sur un tambour à colonnes, devant être construite en tuf pour éviter le double inconvénient de cette forme de dôme : les risques d'affaissement de la partie centrale (d'autant qu'une lanterne terminale avait été prévue) et d'écartement des parois latérales qui en résulterait, ce qui nécessitait de très importantes structures de soutènement.

La deuxième était celle construite par Filippo Brunelleschi (1377-1446) pour le dôme de la cathédrale sainte Marie des Fleurs de Florence : il se caractérise par deux éléments novateurs :
     . Une forme de type hyperbolique dite de "chaînette" présentant cette étonnante particularité de sa structure autoportante : la stabilité de la coupole est assurée par son propre poids, ce qui fait qu'il n'existe aucun risque d'écartement des murs ; seul le poids de l'ensemble sur les piliers et arcades porteurs pourrait risquer de le faire écrouler. (1)
     . Une double calotte séparée par un vide, ce qui permet d'alléger le poids de l'ensemble.

Entre ces deux modèles quel était le choix de Michel-Ange ? On dispose, pour répondre à cette question qui divise encore les spécialistes, de deux documents :

Le premier est un dessin de Michel-Ange lui-même montrant une esquisse de ce que devait être le dôme par lui conçu : une coupole hémisphérique sur tambour comme dans le projet de Bramante. Les traits dessinés par l'artiste au niveau de la coupole semblent faire apparaître deux calottes quasiment concentriques.

Le second représente la maquette en bois réalisée à l'époque de Michel-Ange vers 1560 et sous sa direction pour la construction du dôme : cette maquette comporte deux coupoles séparées par un vide : une coupole interne hémisphérique et une coupole externe en chaînette. C'est cette dernière qui devait porter la lourde lanterne, agissant ainsi comme clé de voûte.

Cette maquette a suscité de nombreuses interrogations :
   . Michel-Ange, avait-il changé son projet juste avant sa mort en substituant à la coupole externe hémisphérique une coupole en chaînette ?
   . La maquette aurait-elle refaite par ses successeurs ? Dans cette hypothèse, ils auraient simplement surélevé la coupole extérieure de quelques mètres afin de lui donner sa forme ovoïde actuelle.

Quoiqu'il en soit, la coupole est terminée en 1590 sous la direction de Giacomo Della Porta et de Domenico Fontana qui éleva ensuite la lanterne.

Il va de soi que le dôme de saint-Pierre ne respectait pas la structure en "chaînette renversée" puisque la formule mathématique n'avait pas encore été inventée, ni celle de l'arc ogival utilisé par Brunelleschi : en conséquence, des fissures apparurent : le pape Benoît XIV (élu en 1740- mort en 1758) fit vérifier les coupoles par un physicien, ce dernier constata que l'architecture n'était pas en "chaînette renversée" et préconisa de poser de grands anneaux métalliques pour empêcher des dégradations ultérieures, ce qui fut fait.

À l'aube du 17eme siècle, on pouvait imaginer que la basilique, dans sa structure globale, était terminée, il y eut cependant une dernière phase de construction à partir de 1605 sous la direction de Carlo Maderno.

(1) De nombreuses suppositions ont été émises à propos de la coupole ovoïde de Brunelleschi qui aurait utilisé une structure mathématique dite de la "chaînette renversée". Cette forme est celle de la courbure formée par une corde (chaînette) que l'on tend entre deux bâtons sous l'effet de la pesanteur , il suffit d'observer la courbure d'un fil électrique dans la rue entre deux poteaux pour la remarquer. Si on retourne cette forme, on crée une "chaînette renversée" qui est, architecturalement parlant, une structure stable ne se déformant pas.

Brunelleschi aurait-il connu la formule mathématique de la "chaînette renversée" ? Évidemment non : cette formule mathématique n'a été trouvée qu'en 1691 conjointement par Leibniz, Bernouilli et Huygens. Dans ces conditions, comment Brunelleschi eut-il l'idée de construire ainsi ? En fait, Il ne s'est pas inspiré de spéculations mathématiques mais de ce qui existait à son époque, les arcs ogivaux des cathédrales ; la preuve en est que la coupole est composée de grands arcs de pierres qui évoquent justement les ogives.

Dans cette perspective, les avancées indéniables constatées lors de la création de la coupole se situent essentiellement au niveau des techniques : utilisation de rangées de briques en spirales inclinées vers l'axe central, utilisation de simple échafaudages au lieu de cintres de bois... 

jeudi 16 octobre 2014

LA BASILIQUE SAINT PIERRE à l'époque de la création du BALDAQUIN par LE BERNIN (suite)

La basilique Saint Pierre de Rome possède donc une structure d'ensemble inspirée par les conceptions stylistiques du Quattrocento. : coupole sur piliers massifs, voûtes en berceau à caissons, contreforts intérieurs soutenant la voûte, nef unique. 

À partir de cet héritage, va s'établir une construction en trois phases principales.

LES PERIODES DE BRAMANTE ET DE MICHEL-ANGE
La première phase est celle de BRAMANTE sous le pontificat de JULES II. Elle dure de 1506 à 1514, date de la mort de Bramante. Celui-ci emporta le concours organisé pour le choix de l'architecte en présentant le plan de base représenté ci-dessous :
     . Au centre la coupole (1) construite sur tambour et portée par quatre piliers massifs (2)
     . Autour de la coupole, quatre bras (3) de même taille forment un plan en forme de croix grecque.
     . Chaque bras se termine par une abside (4) qui fait saillie sur la forme carrée de la basilique.
     . Entre les bras de la croix, l'espace est rempli par quatre coupoles secondaires (5) plus basses puis par quatre clochers (6) afin de constituer la forme carrée.
Ce plan carré à cinq coupoles évoque à la fois l'art byzantin et aussi la basilique saint-Marc de Venise.

La construction fut entreprise avec, en premier lieu, érection des piliers destinés à porter la coupole.

De 1514 à 1547, le chantier subit une période de latence : tandis que les piliers s'élèvent et que se succèdent les architectes (dont Raphaël), se pose la question de la modification du plan primitif et de la forme de croix grecque : celle-ci semblant trop liée aux conceptions antiques, il conviendrait de revenir à la croix latine, plus conforme aux traditions chrétiennes, c'est dans cette perspective qu'est établi un plan par Raphaël avec seulement trois absides, la quatrième étant remplacée par la nef.

En 1547. À la prière du pape PAUL III, MICHEL-ANGE accepte d'assurer la direction des travaux. Il les conduira jusqu'à sa mort (1564). Michel-Ange reprend le plan de BRAMANTE mais y ajoute divers correctifs :
   . En premier lieu, il simplifie l'ensemble, épure la forme et supprime les clochers de coins.
   . Les murs extérieurs sont renforcés avec utilisation de pilastres séparant les hauteurs de fenêtres.
   . les quatre bras de la croix sont conservés mais réduits d'une travée,
   . De part et d'autre des piliers portant la coupole, de grandes arcades (7) sont construits afin de soutenir les piliers pour les empêcher de s'écarter sous le poids de la voûte.
   . Surtout, est créée une pseudo-nef (8) qui constitue un semblant de croix latine en noyant l'abside occidentale dans un mur rectiligne de façade. En avant de la façade est prévue un double portique à colonnade (8)

À la mort de Michel-Ange, les murs de l'église sont terminés ainsi que le tambour de la coupole ; il restait à construire cette dernière.

A quoi pouvait ressembler la basilique conçue par Michel-Ange ? On dispose de deux dessins réalisés par Étienne Du Peron datant de 1569  et représentant saint Pierre de Rome telle que Michel-Ange l'aurait conçue. Ces deux dessins n'ont pas été réalisés uniquement sur l'existant  puisque le Dôme n'avait pas été construit, ils ont dû être complétés grâce à la maquette que Michel-Ange avait réalisée pour ce dôme. Selon Du Perac, ils représentent le dernier état des plans de l'architecte.

Ces deux dessins représentent la façade latérale :
1- les absides terminant les bras de la croix
2- piliers soutenant la coupole
3- coupoles de coin
4- coupole centrale
5- tambour
6- double portique en avant de la façade ouest.

Sur le dessin de droite, on remarque que le dôme est composé de deux coupoles emboitées l'une dans l'autre, cette particularité sera évoquée dans la troisième et avant-dernière partie concernant la construction de la basilique Saint-Pierre de Rome.

mardi 14 octobre 2014

LA BASILIQUE SAINT PIERRE à l'époque de la création du BALDAQUIN par LE BERNIN. 

Au moment où le pape Urbain VIII commande le baldaquin de Saint Pierre à GIAN LORENZO BERNINI en 1624,  la basilique saint  Pierre de Rome n'est terminée que depuis quelques années seulement et n'est pas encore consacrée (elle le sera seulement en 1626).

En contemplant l'intérieur de l'édifice, on est saisi à la fois par le gigantisme de l'ensemble, par sa somptuosité,  par l'unité de style et  l'harmonie architecturale qui s'en dégage, comme si, à première vue, la basilique avait été construite d'un seul jet et par le même concepteur.

Ce ne fut cependant pas le cas :
   . D'abord, parce que la construction s'étala dans le temps : commencée sous le pontificat de Jules II en 1506, elle se poursuivit jusqu'au premier tiers du 17eme siècle, soit pendant plus de cent ans. Pendant cette longue période, de nombreux événements se produisirent qui firent évoluer le style architectural italien : le triomphe de l'art de la renaissance, puis l'éclosion de l'art nouveau de la contre-réforme catholique après le choc de la réforme luthérienne. Cependant, ces évolutions, si elles influèrent l'architecture de Saint-Pierre en modifiant en particulier le plan de la basilique, n'eurent que peu d'effets sur son organisation d'ensemble.
   . Ensuite, parce qu'alternèrent des périodes d'intenses activités de construction suivies par d'autres pendant laquelle l'érection de la nouvelle basilique fut mise en sommeil, soit parceque les papes eurent d'autres préoccupations, soit à cause du manque de moyens financiers (1)
   . Enfin, par le fait que les papes confièrent la direction des travaux à des artistes renommés qui, chacun, présentèrent des aménagements du plan primitif, voire même des plans nouveaux ; ils ne restèrent cependant qu'à l'état de projets. En fait, trois seulement de ces artistes comptèrent dans la conception de saint Pierre de Rome : Bramante, Michel-Ange et Maderno.

Si ces diverses contingences n'ont guère influées sur l'aspect intérieur de saint Pierre de Rome, c'est que l'unité architecture n'a pas été inventée ex-nihilo pour la basilique : elle est en réalité héritée des concepts mis en œuvre par le Quattrocento (15eme siècle italien).

L'UNITÉ STYLISTIQUE DE SAINT PIERRE DE ROME, UN HÉRITAGE DU QUATTROCENTO.
la théorisation de l'architecture de la Renaissance qui servit de base à la basilique saint Pierre de Rome et à la plupart des églises des 16eme et 17eme siècle a été effectuée par les humanistes du 15eme siècle et en particulier par Léon Baptista Alberti (1404-1472) à partir de deux éléments :
   -  la redécouverte de l'héritage antique et de ce qu'il en subsistait à Rome avec en particulier le Panthéon surmonté de sa coupole à caissons, les voûtes en berceau des ruines romaines dont celles des thermes, les arcs de triomphe...
   - une réflexion quasiment philosophique sur "l'art d'édifier" (De re aedificatoria, livre posthume d'Alberti) avec :
          . recherche théorique au moyen des mathématiques des proportions idéales sur le modèle de l'harmonie des accords musicaux, découverte de la perspective à partir d'un point de fuite...
          . Mise en application de la construction mentale qui résulte de cette recherche aux contingences matérielles du matériel à employer, du site, du sol, de la région... avec donc convergence de la forme (construction abstraite et idéalisée) à la matière selon les préceptes aristotéliciens.

Alberti va mettre en application ces théories dans une de ses œuvres majeures, la co-cathédrale saint André de Mantoue : il concevra cette église mais mourra avant la fin des travaux, la coupole ne sera réalisée qu'en 1490-95. Sur les deux illustrations qui suivent, seront mentionnées les caractéristiques qui inspireront les églises construites postérieurement et en particulier saint Pierre de Rome.

Il s'agit d'une église à nef unique (alors que les églises médiévales possédaient deux bas-côtés)  en forme de croix latine. A la croisée du transept se trouve une coupole (1), elle est portée par quatre piliers de forme carrée (2) qui soutiennent de puissantes arcades (3) sur lesquelles est construite la coupole. Ces arcades constituent la naissance des quatre voûtes en berceau  ornées de caissons qui recouvrent la nef (4), les deux bras du transept (5) et le chœur (6).

Cette structure avec coupole centrale et voûtes en berceau sur les quatre bras de la croix sera une des constantes de l'architecture  baroque.

Le problème qui se pose avec une telle structure est, bien évidemment,  le poids de la voûte et les risques d'écartement de ces voûtes  ; à l'époque médiévale, on aurait construit d'épais contreforts qui aurait porté des arcs-boutants ; ce n'est pas ici le cas. Une autre forme de soutènement est apparue, celle des contreforts intérieurs (7) : ce sont d'épais murs qui vont s'élever de part et d'autre de la nef pour supporter la voûte.

Ces murs seraient disgracieux s'ils n'étaient pas masqués : ils se terminent au niveau de la nef par des pilastres (8) qui supportent une corniche à  entablement (9). En outre, pour renforcer ces piliers en les arrimant l'un à l'autre, ont été créé des voûtes en berceau à axe perpendiculaire au sens de la nef (10)) qui permettent de constituer des chapelles latérales (11) ; enfin, entre chaque contrefort, se trouve un espace fermé  servant, entre autre, de puits de lumière (12).

Ces contreforts intérieurs terminés par des pilastres qui constituent des chapelles latérales seront une autre caractéristique des églises baroques. 

Les théories d'Alberti et ses réalisations vont constituer la référence pour la construction de Saint Pierre de Rome.

(1) c'est, rappelons-le, à cause de ce manque de moyens financiers que le pape Léon X mis en vente des indulgences, ce qui conduisit Luther à afficher ses 96 propositions sur la porte de l'église de Wittenberg, et aboutit à la naissance du protestantisme.

mardi 7 octobre 2014

IMPRESSIONS DE CURES THERMALES (13)

LE COÛT DES CURES

la troisième allégation mentionnée dans l'introduction sur le thermalisme était le fait que les cures thermales coûtent cher à l'assurance maladie. Pour tenter de répondre à cette impression partagée par beaucoup de gens, je prendrai, comme précédemment, l'exemple des pathologies concernant l'arthrose. Pour cela, j'essaierai de comparer le coût des cures thermales par référence aux traitements classiques médicamenteux et à l'acupuncture.

En ce qui concerne l'importance des pathologies concernant l'arthrose, voici deux textes trouvés sur internet :

Texte commentant l'Étude COART France
" Les coûts directs de l'arthrose représentaient en 2002 plus de 1,6 milliard d'euros, soit environ 1,7 % des dépenses de l'assurance maladie. La moitié de ces dépenses était attribuable à la prise en charge hospitalière, avec plus de 800 millions d'euros. 13 millions de consultations ont été effectués annuellement et les coûts des prescriptions médicamenteuses ont représenté 570 millions d'euros. La progression des coûts médicaux directs par rapport à 1993 (+156 %) s'explique essentiellement par la croissance du nombre de patients traités (+54 %), le coût par patient s'étant accru de 2,5 % par an." (les conséquences socio-économiques de l'arthrose en France.)

Texte de "l'Association Française de Lutte Anti-Rhumatismale" 
     . " Une étude, présentée au congrès international de l’arthrose à Barcelone de cette année, montre que le coût annuel de prise en charge d’un patient par médecin généraliste est de 755 euros en 2010. Le coût direct du traitement de l’arthrose par an s’élèverait donc à 3 milliards d’euros.
     . En France, l’arthrose touche de 9 à 10 millions de personnes, soit 17 % de la population. En dix ans, entre 1993 et 2003, l’augmentation des patients atteints a été de 54 %.
     . Très peu savent qu’elle est la seconde cause d’invalidité dans notre pays : pour de nombreux patients, il s’agit d’un véritable handicap. L’arthrose a été responsable de 5 millions d’arrêts de travail en dix ans (1993-2003). Cela a un coût : il s’élevait à 1,6 milliards d’euros en 2002, dernière année pour laquelle nous disposons d’une évaluation précise. Il est estimé aujourd’hui à 3 milliards d’euros par an.
"

Deux chiffres émanant de ces enquêtes devraient permettre d'effectuer les comparaisons souhaitées :
     . 9 à 10 millions de personnes souffrent de l'arthrose
     . La prise en charge annuelle d'un patient par le généraliste est de 755€ en 2010. Cependant, ce dernier chiffre me semble exagéré car le texte reproduit ci-dessus mentionne 9 millions de personnes pour un coût de 1,6 milliards d'Euros, cela ne représente que 177 euros par patient !

En ce qui concerne les cures thermales :
     . Elles concernent 362.000 personnes en 2007 soit un très faible pourcentage des personnes souffrant d'arthrose ( 4%).
     . Le coût d'une cure revient pour la sécurité sociale à 476,56€, comme le montre le tableau reproduit en annexe qui représente un cas réel de 2014 (1) : Ainsi, une cure thermale coûte moins cher que ce qui est mentionné dans le texte de " l'Association Française de Lutte Anti-Rhumatismale" mais beaucoup plus que le chiffre calculé sur la base des coûts rapportés au nombre de malades.

En ce qui concerne l'acupuncture, selon mon expérience, il me faut renouveler les séances d'acupuncture au minimum tous les trois mois à raison de trois séances à chaque fois. La séance d'acupuncture effectuée dans un cabinet médical revenant à 18€, cela représente 140€ avec un remboursement de 89€ par l'assurance maladie.

Au vu de ces chiffres, il apparaît nettement que l'acupuncture est la pratique la moins coûteuse pour le soulagement de l'arthrose, cependant, à mon grand regret, cette médecine reste largement marginale.

Entre cure thermale et soins médicamenteux, quel est celui qui est le moins coûteux ? Les chiffres cités plus haut sur le coût par patient de la prise en charge de l'arthrose par les traitements médicamenteux sont trop disparates pour être fiables. Pourtant, les moyens informatiques auraient dû permettre de réaliser des statistiques précises, mais je n'en ai pas trouvé.

Si, en conclusion, on fait le bilan de ces articles consacrés aux cures thermales, on ne peux que constater notre impuissance à répondre clairement et simplement aux questions posées en introduction : pour le faire, il faudrait deux informations qui, semble-t'il, n'existent pas  :
   . L'étude scientifique comparée des bienfaits thérapeutiques des cures thermales, des traitements médicamenteux et des autres médecines dites douces.
   . Le coût comparé par patient d'un traitement médicamenteux, d'une cure thermale et des soins par les autres médecines.

Sans ces outils de base, on ne pourra émettre que des avis subjectifs sans les assortir d'aucune preuve.

(1) le coût d'une cure thermale RHumatisme en 2014 :