Dans sa
"critique de la raison pure", Kant associe aux mots croyance celui de
foi. Cela pose une question d'importance : la foi est-elle compatible avec la
liberté ontologique que j'ai estimée totale au niveau de ces croyances. Encore
faut-il s'entendre sur le sens que l'on peut donner au mot "foi"
Au sens strict
du terme, la foi ne s'applique qu'au domaine religieux et en particulier aux
religions révélées, il ne s'emploie pas au niveau des croyances forgées par la
raison comme l'athéisme, le déisme, le panthéisme..., la foi échappe par sa définition même à toute
rationalité. Dans ces conditions, il peut exister quatre possibilités :
-" je mets ma vie en accord avec mes
convictions religieuses et j'obéis fidèlement à ses préceptes, cela me
permettra le salut, la notion de foi m'est étrangère.
- ma croyance est une conséquence de
l'étude rationnelle que j'ai effectuée à partir des acquis avec un raisonnement
du type " cette croyance est en accord total avec mon être, je crois en
tout ce qu'elle enseigne, j'ai foi en elle et j'organiserai ma vie en fonction
de ses commandements"
- elle peut être aussi une révélation avec
un événement fortuit par lequel l'être se sent brusquement irradié par l'amour
de Dieu et y trouve la réponse à ses interrogations concernant ses croyances.
Cet événement peut prendre de nombreuses formes, apparitions, intense émotion,
conséquence d'un vœu... Parmi tous les exemples, on peut citer la phrase que
l'empereur Constantin aurait dit avant la bataille du pont Milvius : « Dieu
des chrétiens, si tu me donnes la victoire, je croirai en toi. »
- enfin elle peut être une valeur
préexistante à l'homme comme l'enseigne le calvinisme avec la prédestination :
Dieu a décidé de toute éternité qui serait sauvé et qui ne le serait pas. Selon
cette conception, la foi est immanente en ceux qui serons sauvés et dont Dieu
favorisera toutes les entreprises ; par contre, les autres, pourront mener une
vie vertueuse, ils seront néanmoins damnés.
Dans les deux
premiers cas, la liberté de l'homme face à la foi est
totale ; dans le troisième, elle est partielle, enfin, dans le
quatrième cas, elle n'existe théoriquement pas, pourtant il est
permis de penser que, même dans ces religions à prédestination,, les croyants
peuvent retourner l'argumentation : " tout me réussis dans la vie, c'est
que Dieu m'a prédestiné au salut "
Ainsi, de ce qui précède, on peut constater que la méthode d’introspection et la liberté qui en est la conséquence, non seulement peut s'appliquer à tous les domaines mais aussi de la croyance et même de la foi
Dans cette
perspective, il se pose une question fondamentale que j'ai plusieurs fois
évoquée : comment s'opère le tri des valeurs et quelle méthode de classement
va-t-on utiliser dans le «tiroir de l’être » ; pourquoi les uns sont des saints tandis que
d'autres deviendront des assassins ? Au-delà en effet de l'idée de liberté, il
se pose la question du bien et du mal, Il ne s'agit pas ici de considérer le
bien et le mal dans la société mais de le faire au niveau de l'être
ontologique. ce sera le troisième volet de cette série d'articles sur la liberté.
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