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lundi 20 septembre 2021

LA PENSEE POLITIQUE DE MACHIAVEL (13) le Prince

 LE PRINCE (5)

ADAPTER SON COMPORTEMENT AUX CIRCONSTANCES. 

LES DÉFAUTS UTILES À METTRE EN ŒUVRE POUR BIEN GOUVERNER

SAVOIR MENTIR QUAND IL LE FAUT

Le mensonge et la tromperie, défauts à priori condamnables lorsqu’ils se produisent dans les rapports humains de la vie quotidienne, sont un atout précieux pour le Prince à condition toutefois qu’ils soient assez hypocrites pour n’en rien laisser paraître. 

À cet égard, Machiavel cite l’exemple du pape Alexandre 6 Borgia : 

« Alexandre VI ne fit jamais que tromper ; il ne pensait pas à autre chose, et il en eut toujours l’occasion et le moyen. Il n’y eut jamais d’homme qui affirmât une chose avec plus d’assurance, qui appuyât sa parole sur plus de serments, et qui les tînt avec moins de scrupule : ses tromperies cependant lui réussirent toujours, parce qu’il en connaissait parfaitement l’art."

Comment Machiavel justifie-t’il le fait que le mensonge devienne un moyen normal de gouvernement : il développe son argumentation en deux points : 

   . Si une promesse occasionne plus d’inconvénients que d’avantages, il vaut mieux l’abandonner dans l’intérêt de tous. 

   . Si les circonstances qui ont amené cette promesse ont changé.

« Un prince bien avisé ne doit point accomplir sa promesse lorsque cet accomplissement lui serait nuisible, et que les raisons qui l’ont déterminé à promettre n’existent plus : tel est le précepte à donner ». (Le Prince chapitre 18)

Cette manière d’être, bien que peu morale, est, selon Machiavel, admissible du fait de la perversité humaine : la plupart des gens mentent pour couvrir leurs méfaits, pour échapper à la punition que leur vaudrait leur comportement : « ce n’est pas moi, je n’ai rien fait » est une phrase que l’on entend souvent. 

Dans ces conditions, pourquoi le Prince devrait-il se priver de cette arme utile pour gouverner d’autant qu’il lui convient d’agir en conformité avec la duplicité et la ruse que l’on suppose inhérentes au renard, cela lui permettra, à coup d’arguments fallacieux, de masquer son revirement par de fausses raisons. 

« Il ne serait pas bon sans doute, si les hommes étaient tous gens de bien ; mais comme ils sont méchants, et qu’assurément ils ne vous tiendraient point leur parole, pourquoi devriez-vous leur tenir la vôtre ? Et d’ailleurs, un prince peut-il manquer de raisons légitimes pour colorer l’inexécution de ce qu’il a promis » ? (Le Prince chapitre 18)

ÊTRE AVARE 

Autre défaut, l’avarice doit être privilégiée par rapport à la générosité  et la prodigalité. 

Le raisonnement de Machiavel est simple : si un Prince commence à distribuer ses revenus ou les revenus de son état, sans discernement, il ne pourra bientôt plus faire face aux dépenses qui lui incombent, ni se prémunir des attaques extérieures en développant ses moyens de défense, ni faire œuvre utile pour le bien de ses sujets. Il sera alors obligé d’augmenter les impôts et taxes qui pèsent sur eux, ce qui sera le plus sûr moyen de les mécontenter. 

« Un prince qui veut n’avoir pas à dépouiller ses sujets pour pouvoir se défendre, et ne pas se rendre pauvre et méprisé, de peur de devenir rapace, doit craindre peu qu’on le taxe d’avarice, puisque c’est là une de ces mauvaises qualités qui le font régner. » (Le Prince chapitre 16) 

« La libéralité, plus que toute autre chose, se dévore elle-même ; car, à mesure qu’on l’exerce, on perd la faculté de l’exercer encore : on devient pauvre, méprisé, ou bien rapace et odieux. Le mépris et la haine sont sans doute les écueils dont il importe le plus aux princes de se préserver. Or la libéralité conduit infailliblement à l’un et à l’autre. Il est donc plus sage de se résoudre à être appelé avare, qualité qui n’attire que du mépris sans haine, que de se mettre, pour éviter ce nom, dans la nécessité d’encourir la qualification de rapace, qui engendre le mépris et la haine tout ensemble ». (Le Prince chapitre 16)

Machiavel va cependant mentionner deux cas particuliers où la prodigalité est de mise : 

     . Si quelqu’un a l’ambition de prendre le pouvoir dans un État, il doit être prêt à distribuer des faveurs afin de se créer des partisans qui appuieront son élévation en espérant en obtenir encore d’autres plus tard. 

« Ou vous êtes déjà effectivement prince, ou vous êtes en voie de le devenir. Dans le premier cas, la libéralité vous est dommageable ; dans le second, il faut nécessairement que vous en ayez la réputation » (ibid) 

     . Si un Prince distribue non les richesses de son État, mais de celles  qu’il aura subjuguées après la conquête d’un autre état qu'il maintient maintenu sous son joug par la force.

« Le prince dépense ou de son propre bien et de celui de ses sujets, ou du bien d’autrui : dans le premier cas il doit être économe ; dans le second il ne saurait être trop libéral » (ibid) 

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