REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

vendredi 13 juin 2014

LE RÈGNE DE LA MORT aux  XIVe et XVe SIÈCLES (12) : L'enfer selon Jérôme Bosch

La mort a donc fait son œuvre, elle a entraîné vers les tombeaux les puissants et a pu agir contre l'humanité en faisant mourir un grand nombre de gens. Cette description, que nos excès et notre imprécision de langage qualifierait au moins d'apocalyptique, se référait, on l'a indiqué, à ces épidémies de peste aussi soudaines que violentes qui ponctuèrent l'époque. 

Dans ce monde où l'on pensait  que Dieu semblait avoir abandonné les hommes à cause de leurs péchés, où la terre paraissait  livrée au Diable, où Jésus semblait absent et était représenté comme un cadavre, où cette absence induisait l'impossibilité du salut, il paraissait aux hommes des XIVe et XVe siècle que la seule issue pour les morts ne pouvait être que l'enfer.

C'est au vu de cette analyse que j'ai reproduit côte à côte deux extraits de peintures :
   . L'un est l'entrée dans l'au-delà selon Pieter Brueghel
   . L'autre est un extrait du triptyque de Jérôme Bosch représentant les damnés conduits en fanfare vers les supplices de l'enfer.

On a reproché à Pieter Brueghel, dans le triomphe de la Mort,  de n'avoir jamais évoqué la rédemption et on pourrait me reprocher la même chose lorsque j'accole les deux extraits ci-dessus. Ce reproche est infondé car il correspond à une approche chrétienne du salut qui, pour les hommes de l'époque,  avait été compromis  à cause de leurs  péchés : à l'inéluctabilité de la mort semble correspondre, dans les mentalités d'alors, l'inéluctabilité de la damnation.

Cette continuité entre les deux tableaux n'existe pas seulement au niveau du thème, elle se remarque aussi dans l'ambiance et les caractéristiques stylistiques qui y apparaissent : les deux extraits ci-dessous sont placés dans l'ordre chronologique : un demi siècle les sépare, pourtant on aperçoit de frappantes similitudes :

   . En premier lieu au niveau du ciel : les deux tableaux donnent une impression sinistre :
          - un ciel rendu crépusculaire par la fumée qui s'échappe des incendies pour Pieter Brueghel,
          - une nuit noire éclairée par les flammes qui s'échappent des incendies pour Jérôme Bosch.
Certes, les deux peintres utilisent des procédés inversés (les incendies obscurcissent pour l'un et éclairent pour l'autre) mais l'ambiance de fin du monde est manifeste dans les deux tableaux.

   . Tous les bâtiments construits par les hommes et fruits de leur ingéniosité sont détruits ; chez Jérôme Bosch, ils prennent même des aspects inquiétants de monstres crachant le feu.

   . Une étendue glauque d'eau existe dans les deux tableaux ainsi qu'un pont,

   . Une porte constitue un élément essentiel dans les deux tableaux :
          - porte du sas chez Brueghel conduisant vers l'au-delà,
          - porte de l'enfer chez Bosch qui débouche sur l'enfer, cette porte est éclairée de l'extérieur par les incendies qui détruisent le monde des vivants.

    . Une autre caractéristique s'observera aussi : le tableau de Jérôme Bosch comporte une profusion extraordinaire de scènes et un grand nombre de personnages s'agitant et créant une foule d'anecdotes accolées les unes au autres, c'est aussi le cas dans les tableaux de Pieter Brueghel.

Toutes ces similitudes permettent de penser :
   . Que Jérôme Bosch a pu influencer l'oeuvre de Pieter Brueghel, ce qui est possible mais improbable.
   . Surtout, que les deux peintres ont été profondément influencés par l'ambiance de "règne de la mort" qui était encore présente dans les mentalités et dont ils ont interprété, chacun à leur manière, les caractéristiques.

Avant de décrire en détail les scènes infernales du tableau de Jérôme Bosch, il me faut présenter l'œuvre dans son ensemble car l'Enfer fait partie d'un triptyque curieusement appelé " LE JARDIN DES DÉLICES" !

jeudi 12 juin 2014

LE RÈGNE DE LA MORT aux  XIVe et XVe SIÈCLES (11) : Le triomphe de la mort de PIETER BRUGHEL

Ce deuxième article consacré au triomphe de la mort de Pieter Brughel l'Ancien se décomposera cinq ensembles regroupés en deux parties  selon le découpage effectué ci-dessous :

LES RAVAGES DE LA MORT

Ce qui se dégage en premier lieu dans la partie supérieure du tableau, c'est l'ambiance exprimée en grande partie par le choix des couleurs effectué :
   . Le sol est de couleur uniformément ocre, ce qui dénote une terre devenue aride où plus rien ne pousse, seuls se trouvent éparpillés des croix, des morts, des ossements d'animaux...
   . Les arbres morts sont de couleur brune, leurs branches desséchées se dressent vers le ciel.
   . Le ciel  est représenté également en brun à gauche de la scène,  obscurci par les fumées des incendies qui se produisent partout ; c'est seulement à droite qu'il s'éclaircit devenant bleu-verdâtre mais c'est pour mieux mettre en valeur les scènes de tortures qui se trouvent en avant,
   . La mer est peinte avec une couleur ocre-verdâtre qui se détache à peine de la couleur du sol, il en est de même pour la rivière qui se trouve à gauche de l'extrait présenté.

Ce choix des tonalités ocre tirant sur le brun ou sur le vert selon les endroits crée une ambiance sinistre, donne une grande unité à l'ensemble et fait en sorte que les multiples actions effectuées par la mort semblent se dissoudre dans l'environnement.

Pourtant chaque détail compte comme on peut le constater à la liste qui suit :
   . En premier lieu, on trouve un peu partout des cadavres tués par la Mort au moyen des supplices inventés par les hommes : pendaison (1), roue (2), décapitation (3) ..
   . De même, les œuvres humaines sont détruites : les villages sont incendiés et en ruines (3), les bateaux sont également incendiés et coulent (4). Une tour de guet ou un phare (5) vient d'être conquis par l'armée des morts qui crient victoire,
   . Une nouvelle offensive contre les vivants se prépare : les morts amassés dans le cimetière (6) entourant une chapelle s'organisent en une armée qui descend le chemin. Face à eux se trouvent des vivants (9) masqués par la fumée se dégageant d'un incendie, ils vont être pris en tenaille entre l'armée de fantassins descendus du cimetière et une armée de cavaliers (8) rassemblés au pied d'une falaise et partant à l'assaut.

Sous cette armée de cavaliers se trouvent deux autres scènes particulières
   . 10 une horde de morts en linceul sur une sorte de barge à demi-échouée joue de la trompette
   . 11 les vivants sont jetés dans la rivière, un peu plus loin ils sont ramassés dans un filet (12) et mis dans les tas avec les autres cadavres ...

LES COMPORTEMENTS

Voici enfin trois scènes assez particulières qui décrivent quelques attitudes tant de la mort que des vivants :
   . Un mort, vêtu d'une armure volée à un cadavre, s'empare avec délectation de l'or contenu dans un tonneau. À côté de lui, un autre mort portant le chapeau d'un cardinal soutient le cadavre d'un ecclésiastique : ainsi, même après la mort, les passions humaines ne disparaissent pas !
   . Un bouffon tente d'échapper à la mort en se cachant sous une table préparée pour un festin tandis qu'un mort déverse  sur le sol les outres de vin.
   . Deux amants se regardent, oubliant tout ce qui se passe autour d'eux, sans s'apercevoir que c'est un mort qui joue du violon derrière eux .

Le triomphe de la mort est donc total, il reste à se poser la question de savoir où vont tous ces morts que l'on précipite dans le sas ? Ce sera l'objet des prochains articles..

mercredi 11 juin 2014

LE RÈGNE DE LA MORT aux  XIVe et XVe SIÈCLES (10) : Le triomphe de la mort de PIETER BRUEGHEL

Le tableau appelé le TRIOMPHE DE LA MORT, conservé au musée du Prado à Madrid à été peint en 1562 par le peintre flamand PIETER BRUEGHEL (vers 1525-1569), soit largement après les XIVe et XVe siècles qui font l'objet de cette série d'articles. 

On se trouve, selon les historiens de l'art, dans la période où, en Italie,  la Renaissance est à son apogée  ( La Joconde de Léonard de Vinci a été peinte entre 1503 et 1506, le plafond de la Chapelle Sixtine de Michel-Ange en  1508-12, le jugement dernier de cette même chapelle en 1536-41.. ) et pendant laquelle les influences italiennes gagnent ce qui étaient à l'époque les Pays-Bas espagnols.

Cette impression d'anachronisme que l'on pourrait ressentir à la vue de ce tableau n'est cependant qu'un leurre : certes, le XVIe siècle est celui de la renaissance voulue comme un retour à l'antiquité greco-romaine, cependant il subsiste de fortes influences de l'art et des mentalités des périodes précédentes : à cet égard, la filiation entre ce tableau de Pieter Brueghel et ceux Jérôme Bosch est évidente (le triptyque du JARDIN DES DÉLICES date de 1504, la NEF DES FOUS de 1500) : le TRIOMPHE DE LA MORT de Pieter Brueghel témoigne donc de la persistance des mentalités anciennes du 15e siècle en plein cœur de ce que schématiquement on appelle Renaissance.

Voici tout d'abord, dans son entier, ce tableau avec, encadrés, les trois  extraits que je me propose de décrire dans cet article, d'autres scènes le seront dans l'article qui suivra.

Le TRIOMPHE DE LA MORT au cours du combat livré contre les vivants. 

On assiste à une véritable bataille avec une stratégie imparable de la part de la Mort dont les forces sont ici divisées en cinq groupes de combat :

1- au centre se tient la Mort sur son cheval de bataille, elle ressemble, à peu de choses près, à la Mort du palais Scanfani de Palerme : le cheval efflanqué bondit au dessus des cadavres que la Mort vient de tuer, la Mort est représentée en squelette, elle combat non avec son arc et des flèches mais avec une faux qu'elle fait tournoyer tout autour d'elle.

2- à l'aile droite se trouvent quelques Morts qui combattent des vivants essayant désespérément de résister, certains brandissent des épées mais cela semble peine perdue : les cadavres s'accumulent formant un tas impressionnant (3)

4- à l'aile gauche, se produit une offensive latérale de grande importance, une armée considérable de Morts, étendards au vent, sortent d'une grotte (5), livrent un combat à l'épée contre les vivants qui tenteraient d'échapper à l'offensive centrale.

6- deux armées de réserve se trouvent de part et d'autre du sas central muni d'une porte ; pour l'instant, elles sont contenues par des couvercles de cercueils qui constituent une barrière mais elles sont prêtes, si besoin est, à intervenir.

Cernés aux deux ailes, attaqués frontalement, les survivants n'ont d'autre choix que de rentrer dans une sorte de sas (7) qui doit surement les conduire sur le lieu de leur extermination ! Ce sas comporte une porte qui se soulève au moyen d'un système à balancier. Au dessus, un mort frappe sur deux tambours afin de rythmer le combat. Sur la porte se trouve une croix : comme sur les couvercles de cercueil, elle évoque plus la mort que la rédemption.

Comme on le voit. Il n'y a aucune échappatoire !

LE CHAR DE LA MORT

Ce dessin du char de la mort ressemble à peu de choses près à celui présenté dans l'article précédent : on en trouve les mêmes caractéristiques : un char empli de crânes et d'ossements (8) est conduit par un mort jouant de la vielle (9). Le char est tiré par un cheval efflanqué qui porte un mort (10) tenant une lanterne et une clochette qu'il agite pour que l'on s'écarte ! Les vivants sont écrasés par le char (10) tandis qu'une femme tombée à terre, regarde avec effroi le cheval qui va la piétiner. (11)

D'où viennent ces ossements dispersés ? : pour moi,  la réponse se trouve dans le troisième extrait ci-dessous qui montre deux morts déterrant un cercueil pour récupérer les ossements qu'il contient : un tas de crânes se trouve d'ailleurs près d'eux.

mardi 10 juin 2014

LE RÈGNE DE LA MORT aux  XIVe et XVe SIÈCLES (9) : Le triomphe de la mort et le char de la mort

Il n'y a désormais plus d'entrave à l'action de la mort : les puissants ont été entraînés dans les danses macabres vers les tombeaux, le Christ ne peut plus accomplir son oeuvre de salut envers l'humanité : la Mort, en fidèle acolyte du Diable, a maintenant le champ libre. Ce triomphe de la mort prend diverses formes artistiques : deux seront décrites ci-dessous en prologue à l'étude de l'oeuvre  magistrale de Pieter Brueghel l'Ancien appelée, elle-aussi, le triomphe de la mort

Le TRIOMPHE DE LA MORT

La première œuvre présentée ornait le palais Scalfani de Palerme, ce palais du 14e siècle devint en 1446 un hôpital, la fresque fut sans doute  peinte  à cette occasion sur un mur de la cour au dessus de l'entrée ; elle se trouve maintenant au palais Abatellis de cette même ville devenu musée régional de Sicile,

Cette fresque, d'un auteur inconnu,  se décompose en trois parties : autour du motif central  apparait une sorte de double mouvement circulaire que l'on peut suivre facilement par les numéros indiqués  :

En haut et sur le côté droit, la fête se déroule comme si de rien n'était : elle se produit dans un jardin ombragé,
     . on aperçoit un jeune seigneur promenant ses lévriers (1), deux autres seigneurs devisent autour d'une fontaine (2), des musiciens créent l'ambiance, un joueur de harpe (3) et un joueur de luth (4), des dames discutent (5)
     - soudain, un homme s'écroule percé d'une flèche (6), il est soutenu par son voisin (7) étonné par la soudaineté de sa mort,  puis une femme tombe à son tour (8), de même entourée par trois autres dames (9) qui se demandent ce qui se passe.

Les invités à la fête n'ont pas vu l'arrivée de la Mort (10) sur son cheval efflanqué (11), la mort est représentée sous sa forme habituelle d'un cadavre quasiment décomposé , elle tient un arc à la main (12), et porte un carquois  (13) attaché à ses côtés par un linge qui doit être son linceuil enroulé, ce sont ces flèches qui tuent les invités de la fête. Il convient de remarquer ici, que les bubons de la peste sont souvent associés à des blessures occasionnées par des pointes de flèches.

L'autre partie de la figuration commence en bas et à gauche :
     . Un groupe de gens éplorés formant bloc (13) regarde tristement un amoncellement de cadavres qui se trouve sous les pattes du cheval bondissant.
     . Ces morts percés de flèches, constituent un groupe confus dont émergent quelques têtes : on  y aperçoit un Pape (14), un évêque (15) un prince turc (16) un juif (?. 17), un empereur, un moine, un lettré... Ils sont tous  percés de flèches. La mort a dû les atteindre depuis longtemps puisque les visages de couleur verdâtre possèdent déjà  les marques de la décomposition.
     . Vers la droite, cet amoncellement de cadavres se relie aux deux premiers morts de la fête (6 et 8)

L'action triomphante de la mort est donc rapide avec ce cheval galopant et cette Mort qui perce de ses flèches tous ceux qu'ils rencontrent : après avoir sévi à un endroit, la Mort part ailleurs et fait irruption partout. À cet égard, l'assimilation avec la peste est d'autant plus frappante que cette fresque était peinte sur le mur d'un hôpital.

Le CHAR DE LA MORT

Il va de soi que notre esprit cartésien, à ce stade de cette description, pourrait se poser la question de savoir ce que la mort fait de tous ces cadavres ? Les hommes du 15e siècle, pour y répondre,  avaient imaginé qu'ils étaient ramassés par le char de la mort, tel qu'il est présenté ci-dessus :

Le décor de fond représente un paysage paisible avec une ville entourée de remparts (1) dont émergent quelques tours d'églises ; au pied de la montagne qui ferme l'horizon se trouve un petit oratoire (2), plus loin un paysage de montagnes aux formes arrondies couvertes de forêts (3) : rien ne semble faire imaginer la scène qui se déroule au premier plan.

Le sol est jonché de cadavres, ce sont ceux de combattants puisqu'ils sont revêtus de leurs armures et de cottes de maille (4) : à cet endroit s'est déroulée une bataille ; un seul personnage n'est pas un combattant (5), il est vêtu comme un Pape.

Le char de la mort ne prend pas la peine d'éviter les cadavres, il passe sur eux et les écrase sans aucun respect pour leurs dépouilles. Ce char est tiré par quatre bœufs noirs (6) qui piétinent aussi les morts. Au dessus du char trône la Mort entourée d'un linceul et tenant la faux qui est, avec l'arc, son arme favorite (7). Le char comporte des niches dans lesquelles se trouvent des crânes (8) : décoration ou indice que le char est plein ?

L'interprétation de cette scène est simple : la Mort  a fait son œuvre, au milieu d'une bataille, elle a fauché tant et plus, maintenant, il lui reste à charger les morts et à les conduire vers l'enfer....

Les deux scènes du TRIOMPHE DE LA MORT et du CHAR DE LA MORT ont été aussi décrites dans un surprenant tableau de PIETER BRUEGHEL ..

lundi 9 juin 2014

LE RÈGNE DE LA MORT aux  XIVe et XVe SIÈCLES (8) : les DANSES MACABRES

La DANSE MACABRE  de HRASTOVLJE en Slovénie est l'œuvre de Jean de Kasrva et a été peinte en 1490. 

Comme les autres danses macabres, elle représente, en début de la farandole, les puissants qui étaient censés diriger la chrétienté vers le salut.

Ensuite, sont dessinés d'autres personnages que la Mort peut à son tour entraîner puisque les chefs de la chrétienté ont disparu, le nombre de ces personnes varie selon les danses macabres,  (29 en tout selon le manuscrit transcrivant la danse macabre du cimetière des Innocents si on compte le pauvre qui accompagne l'usurier, 24 à Lubeck, 24 à la Chaise-Dieu. )

À Hrastovlje, on compte en tout 11 vivants . À l'exception de l'épouse du souverain, on n'y trouve pas de femme.

1- la MORT qui accueille la farandole ou plutôt le défilé. Elle est assise sur un trône à accoudoir évoquant une cathedre (trône épiscopal).  D'une main, elle tient le couvercle d'un tombeau ouvert (2), à ses pieds se trouve une houe et une pelle.

3- la PREMIÈRE MORT du cortège montre au Pape l'endroit où elle le conduit : le tombeau ouvert.
Les Morts représentés dans cette danse macabre possèdent des caractéristiques particulières :
   . Ils sont tous semblables tant au niveau de la tête qu'à celui du corps et des jambes, ce qui donne à la danse un aspect de défilé plus que de danse, loin des gesticulations des Morts de BERNT NOTKE.
   . Chaque mort accompagne un vivant  en le tenant par la main gauche, seul le bras droit est représenté différemment, les uns montrent le chemin, les autres pendent le long du corps.

4-le PAPE, reconnaissable à la tiare.

5-un ROI ou l'EMPEREUR. Ce personnage ne porte pas d'attribut, ce qui rend difficile son identification.

6-l'EPOUSE DU SOUVERAIN.

7-LE CARDINAL.

Derrière le cardinal, apparaissent ceux qui dirigent la chrétienté au niveau local de leurs diocèse et de leurs monastères :
8- L'EVÊQUE.

9- LE MOINE, sans doute un ABBÉ.

Ensuite se trouvent les représentant de la société laïque  :
10- le MARCHAND ou le BOURGEOIS que l'on reconnaît au sac qu'il porte sur son épaule et à sa besace, la Mort le prend par sa main gauche ; le bourgeois porte la main droite vers le sac qu'il tient en bandoulière, peut-être pour donner de l'argent à la Mort et ainsi gagner un peu de temps.

11- l'USURIER, son geste est encore plus explicite que celui du marchand : il enfonce la main dans sa besace et tient un sac à l'autre main qu'il présente à la Mort qui l'entraîne comme pour la corrompre.

12- le JEUNE HOMME. En le faisant mourir, c'est l'avenir de l'humanité qui est compromis. Cet aspect sera d'ailleurs repris avec le dernier personnage de la danse macabre (14), l'enfant qui vient de naître.

13- l'ESTROPIE, sans doute un MENDIANT : il possède une jambe de bois, marche avec une béquille et tient à la main un chapelet, Il personnifie les pauvres que la Mort entraîne comme tous les autres hommes, sans faire de distinctions entre les riches et les plus démunis, les puissants et ceux qui ne sont rien.

14 l'enfant qui est encore au berceau et qui ne sort du berceau que pour aller vers la mort. Il témoigne d'une autre égalité devant la mort qui atteint les jeunes aussi bien que les vieux.  Le poème de la danse macabre du cimetière des Innocents prête à cet enfant et à la Mort le dialogue qui suit :

La Mort 
Petit enfant, à peine né, 
Tu auras peu de plaisir en ce monde. 
Tu seras mené à la danse 
Comme les autres, car la Mort a pouvoir 
Sur tous. Depuis le jour de la naissance, 
Chacun est voué à la Mort: 
Fou est celui qui n'en a pas conscience...

L'enfant 
A, a ,a, je ne sais pas parler; 
Je suis un enfant et ma langue est muette. 
Je suis né hier et dois m'en aller aujourd'hui: 
Je n'ai fait qu'entrer et sortir. 
Je n'ai commis aucun méfait, mais je sue de peur...
Le jeune meurt aussi vite que le vieux.

Ces DANSES MACABRES constituent le troisième volet de mon évocation du RÈGNE DE LA MORT aux XIVe et XVe siècle, les articles qui suivent décriront l'étape suivante du processus, LE TRIOMPHE DE LA MORT...

dimanche 8 juin 2014

LE RÈGNE DE LA MORT aux XIVe et XVe SIÈCLES (7) : les DANSES MACABRES

Description des deuxième et troisième panneaux de la danse macabre de BERNT NOTKE

5/ le MORT QUI POUSSE LE PAPE ET ENTRAÎNE L'EMPEREUR.
Il tire l'empereur en le tenant par son bras.

6/ l'EMPEREUR.
Il tient à la main les deux symboles de sa charge :  l'épée et le globe surmonté d'une croix. Ils témoignent de son pouvoir temporel : l'épée permet à la fois de combattre les ennemis du Christ  et de protéger la chrétienté. La boule surmontée d'une croix représente le monde chrétien ;  bien entendu,  il ne s'agit pas du globe terrestre mais d'une représentation symbolique prenant la forme d'une motte de terre.

L'empereur porte une couronne entourant un bonnet de couleur rouge comme c'était de coutume pour les souverains de cette époque.

Ainsi sont entraînés en premier  le Pape et l'Empereur, c'est à dire le double pouvoir théorique régnant symboliquement sur le Chrétienté. À cet égard, il convient de rappeler que cette situation correspond à l'ambiance effective de l'epoque : l'empereur n'a plus de pouvoir réel, il n'est plus qu'un prince sans autorité parmi ceux du saint Empire, quant à la Papauté, elle se remet difficilement de la déconsidération de l'époque du grand schisme. Il n'y a donc plus que des pouvoirs en déclin au sommet de la Chrétienté, la danse macabre représente donc presque un état de fait.

8/ l'EPOUSE DE L'EMPEREUR
Elle n'est toujours représentée dans les danse macabres ;  elle porte une couronne semblable à celle de son mari. Le fait qu'elle ne porte aucun attribut permet de mieux comprendre l'aspect statique des vivants que l'on a indiqué précédemment : tirée par le coude gauche et poussée au niveau de l'épaule droite, elle tente de résister afin de ne pas avancer, ce qui se manifeste par le mouvement de ses bras qui semblent implorer la mort pour qu'elle ne l'entraîne pas : les vivants semblent faire corps avec le sol pour résister mais la Mort est la plus forte !

9/ LA MORT QUI POUSSE L'EPOUSE DE L'EMPEREUR ET TIRE PAR LE POIGNET LE CARDINAL

10/ le CARDINAL
Conduire le Pape à la mort ne suffit pas pour priver la Chrétienté de son guide spirituel : en effet, la mort du pape est suivie du conclave qui élit son successeur, il faut donc entraîner dans la mort les cardinaux pour qu'il n'y ait plus ni conclave ni pape. Le cardinal est reconnaissable à son grand manteau et à son chapeau tous deux de couleur rouge.

Le poème du cimetière des innocents de Paris révéle le dialogue entre la mort et le cardinal :

La Mort 
Vous faites l'étonné, semble-t-il, 
Cardinal; mais en avant, 
Suivons les autres ! .. 
Vous avez vécu magnifiquement 
Et dans l'honneur, à votre grand plaisir. 
À vivre en grand honneur, on en oublie la fin. 

Le cardinal 
... La Mort m'assaille. 
Je ne me vêtirai jamais plus ni de vert, ni de gris; 
Chapeau rouge, chape de prix, 
Je dois les laisser, à mon grand désespoir. 
Je n'avais pas appris cela: 
Toute joie finit en tristesse. 


11/ LE MORT DANSANT ENTRE LE CARDINAL ET LE ROI

12/ LE ROI
Pour la Mort, il n'est pas suffisant d'entraîner dans la danse l'empereur, il faut aussi faire mourir les rois qui ont relayé l'autorité impériale au niveau de leur royaume. Le roi représenté l'est de manière symbolique, il porte un sceptre, bâton de commandement et la couronne.

Entre la mort et le roi  se produit, dans le poème du cimetière des Innocents, le dialogue suivant dont voici des extraits :

La Mort 
Venez, noble roi, tête couronnée, 
... vous devez à présent abandonner vos airs de grandeur: 
Votre richesse ne vous servira guère; 
Le plus riche n'a qu'un linceul. 

Le roi 
... On peut constater et méditer 
Ce que vaut l'orgueil, la force, le lignage; 
La Mort a coutume de tout détruire
Moins on s'estime, plus on est sage; 
À la fin, il nous faut redevenir cendres.


13/ MORT qui tient la main du roi et d'un autre personnage qui devait continuer la danse macabre de BERNT NOTKE.

Toutes les danses macabres commencent par entraîner dans la mort les quatre personnages qui dominent la chrétienté à l'époque : le Pape. L'Empereur, le Cardinal, le Roi. Ensuite, la mort pourra sans entraves s'attaquer aux puissants de moindre importance comme le montrera la danse macabre de HRASTOVLJE en Slovénie.

samedi 7 juin 2014

LE RÈGNE DE LA MORT XIVe et XVe SIÈCLES (6) : les DANSES MACABRES

Les deux premiers types d'oeuvres d'art du 15e siècle décrits précédemment évoquent le Christ mort sous la double forme des Pietàs et des Mises au Tombeau. Pourtant, le Diable n'a pas encore le champ libre : avant de pouvoir agir sans entraves, la Mort doit le débarrasser de tous les puissants qui pourraient protéger, défendre l'humanité et intercéder auprès de Dieu : c'est le thème des DANSES MACABRES. 

La danse macabre la plus ancienne, datant du premier quart du 15e siècle, se trouvait au CIMETIÈRE DES INNOCENTS À PARIS  sous le cloître qui en occupait la partie sud ;  elle fut détruite au 17e siècle lors du percement d'une rue mais on en conserve les poèmes qui l'illustraient sous forme de deux manuscrits intitulés : " les vers de la danse macabre de Paris tels qu'ils sont présentés au cimetière des innocents". On conserve aussi un autre manuscrit du 15e siècle comportant ces vers accompagnés de dessins retranscrits, peut-être des copies de la fresque originelle. Les vers accompagnant la danse macabre de Paris sont très intéressants sur les mentalités qu'ils révèlent.

En ce qui me concerne, la plus élaborée des danses macabres que je connaisse est celle peinte par BERNT NOTKE (v1435- mort à Lubeck en 1517) et conservée à l'EGLISE SAINT NICOLAS DE TALLINN  (Estonie). On connaît  ce grand peintre, entre autre, par deux représentations de la danse macabre :
   . La première est à Tallinn, c'est une magnifique œuvre d'art mais on n'en conserve que la première partie qui ne comporte que cinq vivants entrainés par la mort, le reste étant perdu.
   . La deuxième danse macabre fut commandée à l'artiste après une peste qui frappa la ville, elle se trouvait à l'église sainte Marie, elle fut remplacée au 18e siècle par une copie qui  fut détruite en 1942, il n'en reste que des photographies. Elle comportait vingt quatre personnages. (1)

Une belle danse macabre existe aussi en Slovénie, elle pourra compléter utilement la danse macabre de BERNT NOTKE.

À l'aide de toutes ces sources, il sera possible de montrer comment la Mort s'organise pour détruire le monde en entraînant les puissants dans une ronde infernale.

LA DANSE MACABRE DE BERNT NOTKE
Elle sera décrite ici en trois scènes successives :

1- le RÉCITANT.
Il est installé sur une haute chaire et présente en prologue ce qui va suivre. Voici quelques extraits de ce que le  poème de la danse macabre de Paris lui fait dire :
La Mort n'épargne ni petit, ni grand.
En ce miroir chacun peut lire
Qu'il devra un jour danser ainsi.
Sage est celui qui s'y contemple bien!
La Mort mène les vivants;
Tu vois les puissants partir en premier,
Car il n'est personne que la Mort ne vainque.

2- un MORT MUSICIEN JOUANT DE LA CORNEMUSE.
Sur cette peinture, tous les morts sont semblables :
     . Ce sont moins des squelettes que des cadavres en voie de décomposition : membres décharnés, côtes saillantes, trou béant à la place du bas-ventre, mâchoire apparente, orifices oculaires et nasal creux.
     . Ils sont vêtus de leur linceul dont ils se sont faits une sorte de manteau.
     . Ils gesticulent ce qui fait virevolter les linceuls, leurs mouvements désordonnés s'opposent étrangement aux poses statiques des vivants,
     . Dans la plupart de ces danses macabres, les morts portent quelques attributs : un cercueil, une faux, une bêche ou une pioche.

Dans la danse macabre de Paris, les musiciens sont au nombre de quatre, ils jouent de la cornemuse, de la harpe, du tambourin et de l'orgue portatif. Voilà un extrait de ce qu'ils disent :

Vous danserez tous cette danse 
Un jour, les bons comme les méchants. 
Vos corps seront mangés par les vers. 
Hélas! Regardez-nous: 
Morts, pourris, puants, squelettiques; 
Comme nous sommes, tels vous serez.

3- LE MORT CONDUISANT LA DANSE.
d'une main, il tient sur son épaule un cercueil, de l'autre, il agrippe le Pape par son manteau rouge.
Comme on le verra dans la suite de cette danse macabre de BERNT NOTKE, à aucun moment, les vivants n'entrent dans la danse, C'est même l'inverse, ils résistent tant qu'ils peuvent : le Pape, par exemple, est tiré par son manteau et poussé par le mort qui le suit, il en sera de même pour les autres vivants.

4- le PAPE, il est reconnaissable à sa tiare, la triple couronne qui témoigne de sa suprématie tant temporelle que spirituelle sur l'empereur (parfois représenté avec deux couronnes superposées) et les rois (qui ne portent qu'une couronne), il tient un bâton surmonté de la croix patriarcale.

5- un MORT qui pousse le Pape et tire l'empereur.

6- derrière se trouve un décor étrangement apaisé : on aperçoit un bord de mer, une tour de ville, une ville, et une campagne verdoyante, un curieux contraste avec la danse macabre du premier plan !

NOTE
1- ces personnages sont dans l'ordre : le pape, l'empereur, l'impératrice, le cardinal, le roi, l'évêque, le duc (détruit en 1799), l'abbé, le chevalier, le chartreux, le maire, le chanoine, le noble, le médecin, l'usurier, le chapelain, le fonctionnaire, le sacristain, le marchand, l'ermite, le paysan, le jeune homme, la jeune fille et l'enfant dans son berceau.

vendredi 6 juin 2014

LE RÈGNE DE LA MORT XIVe et XVe SIÈCLES (5) : la mise au tombeau de Bulgnéville

Les Mises au Tombeau datant du 15e siècle sont nombreuses dans nos églises ; comme les Pietàs, elles caractérisent tout particulièrement l'art de cette époque marquée par la représentation du Christ mort. Celle que je décrirai se trouve dans  l'église vosgienne de BULGNEVILLE.

Les personnages représentés :

1- Le Christ mort, posé sur le linceul, est figuré en tant que cadavre : côtes devenant saillantes, visage creusé par la souffrance, corps efflanqué, sang ayant coulé de ses blessures. L'artiste montre avec réalisme l'aspect d'un mort, comme s'il voulait préparer les passants à l'inéluctable proximité de leur propre fin.

2-la Vierge Marie, les mains jointes, penche son visage vers le cadavre de son fils comme pour un adieu avant la descente du corps dans le tombeau. elle est vêtue d'une robe rouge, d'un manteau bleu et d'un voile gris lui couvrant la tête, elle tomberait si l'apôtre Jean ne la retenait pas ; son visage, couvert de larmes, montre douleur et résignation. Cette attitude pourrait sembler étonnante puisque la Vierge Marie savait que son fils allait ressusciter, elle ne s'explique que la volonté de l'artiste de ne représenter que la mort de Jésus.

3- l'apôtre Jean

4-les saintes femmes se trouvent derrière le tombeau, elles sont au nombre de trois et portent des pots à onguents. L'Evangile selon saint Mathieu mentionne effectivement la présence de trois femmes : " Il y avait là plusieurs femmes qui regardaient de loin ; qui avaient accompagné Jésus depuis la Galilée, pour le servir. Parmi elles étaient Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques et de Joseph, et la mère des fils de Zébédée " (MATTHIEU 25.55-56)
     . Marie de Magdala est facilement reconnaissable : c'est à la fois la femme que Jésus a délivré de sept démons et la pécheresse repentie qui couvrit les pieds de Jésus de ses larmes, les essuya avec ses cheveux et les oignît de parfum. Elle est tête nue, porte de longs cheveux blonds et est vêtue d'une robe sur laquelle elle porte un manteau. (4a)
     . Les deux autres femmes seraient donc Marie, mère de Jacques et de Joseph et la mère des fils de Zébédée.(note 1) Elles sont reconnaissables au voile qui leur couvre la tête. (4b)

5- joseph d'Arimathée dont le rôle est décrit comme suit dans les Évangiles : "Le soir étant venu, arriva un homme riche d'Arimathée, nommé Joseph, lequel était aussi disciple de Jésus. Il se rendit vers Pilate, et demanda le corps de Jésus. Et Pilate ordonna de le remettre. Joseph prit le corps, l'enveloppa d'un linceul blanc, et le déposa dans un sépulcre neuf, qu'il s'était fait tailler dans le roc. Puis il roula une grande pierre à l'entrée du sépulcre, et il s'en alla. " (MATTHIEU 27.57-60). Cette scène est exactement représentée dans la mise au tombeau de Bulgneville. Joseph d'Arimathie est un noble vieillard qui tient le linceul. Il est vêtu d'un long manteau et porte une ceinture sur laquelle est fixé sa besace. Son couvre-chef est celui que l'on trouve habituellement à cette époque

6- le dernier personnage est évoqué dans l'Evangile de saint Jean :" Nicodème, qui auparavant était allé de nuit vers Jésus, vint aussi, apportant un mélange d'environ cent livres de myrrhe et d'aloès. (JEAN 19.39), il tient l'autre bout du linceul.

Cette mise au tombeau de BULGNEVILLE ressemble à toutes les mises au tombeau que j'ai pu voir : voici  par comparaison une mise au tombeau provenant de l'abbaye de Solesmes ( musée de l'architecture et du patrimoine) qui reprend dans sa structure la mise au tombeau de BULGNEVILLE.

Pourtant, comme pour les Pietàs, ces mises au tombeau sont toutes différentes, en particulier au niveau des détails. J'ai pris l'exemple des représentations d'une des deux Marie, de saint Jean avec la Vierge Marie et de Joseph d'Arimathée dans les Mises au Tombeau de BULGNÉVILLE (en bas) et de BAYON (au dessus) (Meurthe et Moselle)

Ce qui est le plus frappant, ce sont les visages, aucun n'est pas représenté selon un modèle unique qui dénoterait la mise en application de canons imposés, on a l'impression d'apercevoir des gens réels, tels qu'ils étaient à l'époque. De même chaque costume est différent avec peut-être même des nuances régionales.

Comme pour les Pietàs, cette diversité des Mises au Tombeau est un témoignage d'une obsession commune envers la mort  que chacun interprétait comme il la ressentait en représentant ceux qui vivaient autour de lui.

Le Christ était donc provisoirement absent du monde des hommes, comme mort ; cependant, la Mort devait encore, avant d'agir sur le plus grand nombre, s'emparer de tous les puissants qui défendaient les humains : de multiples représentations en sont effectuées, ce sont les DANSES MACABRES.

NOTES
1-La tradition fit de ces deux femmes, les demi-sœurs de la Vierge Marie :
     . Anne après la mort de Joachim, épousa Cléophée dont elle eut une fille Marie dite Cléophée puis Salomé dont elle eut une autre fille Marie dite Salomé.
     .  Marie Cléophée épousa Alphee dont elle eut quatre fils, Jacques dit le Mineur, Joseph, Jude et Simon.
     . Marie Salomé aurait épousé  Zébédé dont elle aurait eut deux fils, Jacques le Majeur et Jean.