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vendredi 13 juin 2014

LE RÈGNE DE LA MORT aux  XIVe et XVe SIÈCLES (12) : L'enfer selon Jérôme Bosch

La mort a donc fait son œuvre, elle a entraîné vers les tombeaux les puissants et a pu agir contre l'humanité en faisant mourir un grand nombre de gens. Cette description, que nos excès et notre imprécision de langage qualifierait au moins d'apocalyptique, se référait, on l'a indiqué, à ces épidémies de peste aussi soudaines que violentes qui ponctuèrent l'époque. 

Dans ce monde où l'on pensait  que Dieu semblait avoir abandonné les hommes à cause de leurs péchés, où la terre paraissait  livrée au Diable, où Jésus semblait absent et était représenté comme un cadavre, où cette absence induisait l'impossibilité du salut, il paraissait aux hommes des XIVe et XVe siècle que la seule issue pour les morts ne pouvait être que l'enfer.

C'est au vu de cette analyse que j'ai reproduit côte à côte deux extraits de peintures :
   . L'un est l'entrée dans l'au-delà selon Pieter Brueghel
   . L'autre est un extrait du triptyque de Jérôme Bosch représentant les damnés conduits en fanfare vers les supplices de l'enfer.

On a reproché à Pieter Brueghel, dans le triomphe de la Mort,  de n'avoir jamais évoqué la rédemption et on pourrait me reprocher la même chose lorsque j'accole les deux extraits ci-dessus. Ce reproche est infondé car il correspond à une approche chrétienne du salut qui, pour les hommes de l'époque,  avait été compromis  à cause de leurs  péchés : à l'inéluctabilité de la mort semble correspondre, dans les mentalités d'alors, l'inéluctabilité de la damnation.

Cette continuité entre les deux tableaux n'existe pas seulement au niveau du thème, elle se remarque aussi dans l'ambiance et les caractéristiques stylistiques qui y apparaissent : les deux extraits ci-dessous sont placés dans l'ordre chronologique : un demi siècle les sépare, pourtant on aperçoit de frappantes similitudes :

   . En premier lieu au niveau du ciel : les deux tableaux donnent une impression sinistre :
          - un ciel rendu crépusculaire par la fumée qui s'échappe des incendies pour Pieter Brueghel,
          - une nuit noire éclairée par les flammes qui s'échappent des incendies pour Jérôme Bosch.
Certes, les deux peintres utilisent des procédés inversés (les incendies obscurcissent pour l'un et éclairent pour l'autre) mais l'ambiance de fin du monde est manifeste dans les deux tableaux.

   . Tous les bâtiments construits par les hommes et fruits de leur ingéniosité sont détruits ; chez Jérôme Bosch, ils prennent même des aspects inquiétants de monstres crachant le feu.

   . Une étendue glauque d'eau existe dans les deux tableaux ainsi qu'un pont,

   . Une porte constitue un élément essentiel dans les deux tableaux :
          - porte du sas chez Brueghel conduisant vers l'au-delà,
          - porte de l'enfer chez Bosch qui débouche sur l'enfer, cette porte est éclairée de l'extérieur par les incendies qui détruisent le monde des vivants.

    . Une autre caractéristique s'observera aussi : le tableau de Jérôme Bosch comporte une profusion extraordinaire de scènes et un grand nombre de personnages s'agitant et créant une foule d'anecdotes accolées les unes au autres, c'est aussi le cas dans les tableaux de Pieter Brueghel.

Toutes ces similitudes permettent de penser :
   . Que Jérôme Bosch a pu influencer l'oeuvre de Pieter Brueghel, ce qui est possible mais improbable.
   . Surtout, que les deux peintres ont été profondément influencés par l'ambiance de "règne de la mort" qui était encore présente dans les mentalités et dont ils ont interprété, chacun à leur manière, les caractéristiques.

Avant de décrire en détail les scènes infernales du tableau de Jérôme Bosch, il me faut présenter l'œuvre dans son ensemble car l'Enfer fait partie d'un triptyque curieusement appelé " LE JARDIN DES DÉLICES" !

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