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vendredi 6 juin 2014

LE RÈGNE DE LA MORT XIVe et XVe SIÈCLES (5) : la mise au tombeau de Bulgnéville

Les Mises au Tombeau datant du 15e siècle sont nombreuses dans nos églises ; comme les Pietàs, elles caractérisent tout particulièrement l'art de cette époque marquée par la représentation du Christ mort. Celle que je décrirai se trouve dans  l'église vosgienne de BULGNEVILLE.

Les personnages représentés :

1- Le Christ mort, posé sur le linceul, est figuré en tant que cadavre : côtes devenant saillantes, visage creusé par la souffrance, corps efflanqué, sang ayant coulé de ses blessures. L'artiste montre avec réalisme l'aspect d'un mort, comme s'il voulait préparer les passants à l'inéluctable proximité de leur propre fin.

2-la Vierge Marie, les mains jointes, penche son visage vers le cadavre de son fils comme pour un adieu avant la descente du corps dans le tombeau. elle est vêtue d'une robe rouge, d'un manteau bleu et d'un voile gris lui couvrant la tête, elle tomberait si l'apôtre Jean ne la retenait pas ; son visage, couvert de larmes, montre douleur et résignation. Cette attitude pourrait sembler étonnante puisque la Vierge Marie savait que son fils allait ressusciter, elle ne s'explique que la volonté de l'artiste de ne représenter que la mort de Jésus.

3- l'apôtre Jean

4-les saintes femmes se trouvent derrière le tombeau, elles sont au nombre de trois et portent des pots à onguents. L'Evangile selon saint Mathieu mentionne effectivement la présence de trois femmes : " Il y avait là plusieurs femmes qui regardaient de loin ; qui avaient accompagné Jésus depuis la Galilée, pour le servir. Parmi elles étaient Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques et de Joseph, et la mère des fils de Zébédée " (MATTHIEU 25.55-56)
     . Marie de Magdala est facilement reconnaissable : c'est à la fois la femme que Jésus a délivré de sept démons et la pécheresse repentie qui couvrit les pieds de Jésus de ses larmes, les essuya avec ses cheveux et les oignît de parfum. Elle est tête nue, porte de longs cheveux blonds et est vêtue d'une robe sur laquelle elle porte un manteau. (4a)
     . Les deux autres femmes seraient donc Marie, mère de Jacques et de Joseph et la mère des fils de Zébédée.(note 1) Elles sont reconnaissables au voile qui leur couvre la tête. (4b)

5- joseph d'Arimathée dont le rôle est décrit comme suit dans les Évangiles : "Le soir étant venu, arriva un homme riche d'Arimathée, nommé Joseph, lequel était aussi disciple de Jésus. Il se rendit vers Pilate, et demanda le corps de Jésus. Et Pilate ordonna de le remettre. Joseph prit le corps, l'enveloppa d'un linceul blanc, et le déposa dans un sépulcre neuf, qu'il s'était fait tailler dans le roc. Puis il roula une grande pierre à l'entrée du sépulcre, et il s'en alla. " (MATTHIEU 27.57-60). Cette scène est exactement représentée dans la mise au tombeau de Bulgneville. Joseph d'Arimathie est un noble vieillard qui tient le linceul. Il est vêtu d'un long manteau et porte une ceinture sur laquelle est fixé sa besace. Son couvre-chef est celui que l'on trouve habituellement à cette époque

6- le dernier personnage est évoqué dans l'Evangile de saint Jean :" Nicodème, qui auparavant était allé de nuit vers Jésus, vint aussi, apportant un mélange d'environ cent livres de myrrhe et d'aloès. (JEAN 19.39), il tient l'autre bout du linceul.

Cette mise au tombeau de BULGNEVILLE ressemble à toutes les mises au tombeau que j'ai pu voir : voici  par comparaison une mise au tombeau provenant de l'abbaye de Solesmes ( musée de l'architecture et du patrimoine) qui reprend dans sa structure la mise au tombeau de BULGNEVILLE.

Pourtant, comme pour les Pietàs, ces mises au tombeau sont toutes différentes, en particulier au niveau des détails. J'ai pris l'exemple des représentations d'une des deux Marie, de saint Jean avec la Vierge Marie et de Joseph d'Arimathée dans les Mises au Tombeau de BULGNÉVILLE (en bas) et de BAYON (au dessus) (Meurthe et Moselle)

Ce qui est le plus frappant, ce sont les visages, aucun n'est pas représenté selon un modèle unique qui dénoterait la mise en application de canons imposés, on a l'impression d'apercevoir des gens réels, tels qu'ils étaient à l'époque. De même chaque costume est différent avec peut-être même des nuances régionales.

Comme pour les Pietàs, cette diversité des Mises au Tombeau est un témoignage d'une obsession commune envers la mort  que chacun interprétait comme il la ressentait en représentant ceux qui vivaient autour de lui.

Le Christ était donc provisoirement absent du monde des hommes, comme mort ; cependant, la Mort devait encore, avant d'agir sur le plus grand nombre, s'emparer de tous les puissants qui défendaient les humains : de multiples représentations en sont effectuées, ce sont les DANSES MACABRES.

NOTES
1-La tradition fit de ces deux femmes, les demi-sœurs de la Vierge Marie :
     . Anne après la mort de Joachim, épousa Cléophée dont elle eut une fille Marie dite Cléophée puis Salomé dont elle eut une autre fille Marie dite Salomé.
     .  Marie Cléophée épousa Alphee dont elle eut quatre fils, Jacques dit le Mineur, Joseph, Jude et Simon.
     . Marie Salomé aurait épousé  Zébédé dont elle aurait eut deux fils, Jacques le Majeur et Jean.


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