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mardi 10 juin 2014

LE RÈGNE DE LA MORT aux  XIVe et XVe SIÈCLES (9) : Le triomphe de la mort et le char de la mort

Il n'y a désormais plus d'entrave à l'action de la mort : les puissants ont été entraînés dans les danses macabres vers les tombeaux, le Christ ne peut plus accomplir son oeuvre de salut envers l'humanité : la Mort, en fidèle acolyte du Diable, a maintenant le champ libre. Ce triomphe de la mort prend diverses formes artistiques : deux seront décrites ci-dessous en prologue à l'étude de l'oeuvre  magistrale de Pieter Brueghel l'Ancien appelée, elle-aussi, le triomphe de la mort

Le TRIOMPHE DE LA MORT

La première œuvre présentée ornait le palais Scalfani de Palerme, ce palais du 14e siècle devint en 1446 un hôpital, la fresque fut sans doute  peinte  à cette occasion sur un mur de la cour au dessus de l'entrée ; elle se trouve maintenant au palais Abatellis de cette même ville devenu musée régional de Sicile,

Cette fresque, d'un auteur inconnu,  se décompose en trois parties : autour du motif central  apparait une sorte de double mouvement circulaire que l'on peut suivre facilement par les numéros indiqués  :

En haut et sur le côté droit, la fête se déroule comme si de rien n'était : elle se produit dans un jardin ombragé,
     . on aperçoit un jeune seigneur promenant ses lévriers (1), deux autres seigneurs devisent autour d'une fontaine (2), des musiciens créent l'ambiance, un joueur de harpe (3) et un joueur de luth (4), des dames discutent (5)
     - soudain, un homme s'écroule percé d'une flèche (6), il est soutenu par son voisin (7) étonné par la soudaineté de sa mort,  puis une femme tombe à son tour (8), de même entourée par trois autres dames (9) qui se demandent ce qui se passe.

Les invités à la fête n'ont pas vu l'arrivée de la Mort (10) sur son cheval efflanqué (11), la mort est représentée sous sa forme habituelle d'un cadavre quasiment décomposé , elle tient un arc à la main (12), et porte un carquois  (13) attaché à ses côtés par un linge qui doit être son linceuil enroulé, ce sont ces flèches qui tuent les invités de la fête. Il convient de remarquer ici, que les bubons de la peste sont souvent associés à des blessures occasionnées par des pointes de flèches.

L'autre partie de la figuration commence en bas et à gauche :
     . Un groupe de gens éplorés formant bloc (13) regarde tristement un amoncellement de cadavres qui se trouve sous les pattes du cheval bondissant.
     . Ces morts percés de flèches, constituent un groupe confus dont émergent quelques têtes : on  y aperçoit un Pape (14), un évêque (15) un prince turc (16) un juif (?. 17), un empereur, un moine, un lettré... Ils sont tous  percés de flèches. La mort a dû les atteindre depuis longtemps puisque les visages de couleur verdâtre possèdent déjà  les marques de la décomposition.
     . Vers la droite, cet amoncellement de cadavres se relie aux deux premiers morts de la fête (6 et 8)

L'action triomphante de la mort est donc rapide avec ce cheval galopant et cette Mort qui perce de ses flèches tous ceux qu'ils rencontrent : après avoir sévi à un endroit, la Mort part ailleurs et fait irruption partout. À cet égard, l'assimilation avec la peste est d'autant plus frappante que cette fresque était peinte sur le mur d'un hôpital.

Le CHAR DE LA MORT

Il va de soi que notre esprit cartésien, à ce stade de cette description, pourrait se poser la question de savoir ce que la mort fait de tous ces cadavres ? Les hommes du 15e siècle, pour y répondre,  avaient imaginé qu'ils étaient ramassés par le char de la mort, tel qu'il est présenté ci-dessus :

Le décor de fond représente un paysage paisible avec une ville entourée de remparts (1) dont émergent quelques tours d'églises ; au pied de la montagne qui ferme l'horizon se trouve un petit oratoire (2), plus loin un paysage de montagnes aux formes arrondies couvertes de forêts (3) : rien ne semble faire imaginer la scène qui se déroule au premier plan.

Le sol est jonché de cadavres, ce sont ceux de combattants puisqu'ils sont revêtus de leurs armures et de cottes de maille (4) : à cet endroit s'est déroulée une bataille ; un seul personnage n'est pas un combattant (5), il est vêtu comme un Pape.

Le char de la mort ne prend pas la peine d'éviter les cadavres, il passe sur eux et les écrase sans aucun respect pour leurs dépouilles. Ce char est tiré par quatre bœufs noirs (6) qui piétinent aussi les morts. Au dessus du char trône la Mort entourée d'un linceul et tenant la faux qui est, avec l'arc, son arme favorite (7). Le char comporte des niches dans lesquelles se trouvent des crânes (8) : décoration ou indice que le char est plein ?

L'interprétation de cette scène est simple : la Mort  a fait son œuvre, au milieu d'une bataille, elle a fauché tant et plus, maintenant, il lui reste à charger les morts et à les conduire vers l'enfer....

Les deux scènes du TRIOMPHE DE LA MORT et du CHAR DE LA MORT ont été aussi décrites dans un surprenant tableau de PIETER BRUEGHEL ..

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