L'ÉVOLUTION DU MODE DE VIE DES WAYANAS. (Suite et fin)
Dans les conditions que j'ai décrites dans les articles précédents sur les menaces qui pèsent sur les Wayanas, qu'est-il possible de faire ?
Permettre aux indiens de se défendre par la scolarisation ? Cela a déjà été accompli mais, selon M Hurault, le remède est aussi grave que le mal :
. D'abord, se pose la question de savoir en quelle langue il faut enseigner, les Wayanas utilisent principalement deux langues uniquement orales, une qui leur est propre, une autre qui est un jargon de diverses origines utilisé dans leur contact avec les Noirs Réfugiés et les créoles. Or l'enseignement est effectué en français, langue qui est basée sur la causalité ; en conséquence, les Wayanas peuvent apprendre du vocabulaire mais ils seront en grande partie incapables de l'utiliser dans une construction mentale de phrases.
. Il y a si peu d'écoles que la scolarisation implique l'internat, or être interne, c'est se couper de son village et surtout de l'enseignement pratique que les parents dispensent à leurs enfants : á leur retour, les jeunes Wayanas seront coupés de leurs racines, inadaptés à la vie de la forêt, sans rien avoir appris d'utile pour la défense de leur civilisation.
Une autre solution serait de créer une zone protégée à la manière de ce qui s'est produit en Australie qui effectua la rétrocession aux Aborigènes d'une importante partie de leurs terres ancestrales. Pour cela, il faudrait :
- interdire toute remontée des canots apportant les influences occidentales en particulier de celle des trafiquants, missionnaires et touristes et en ne l'autoriser que pour les équipes médicales itinérantes et la gendarmerie. Il suffirait pour cela d'établir des postes militaires le long des fleuves puisque les fleuves sont le seul moyen de pénétrer dans la région et de surveiller le trafic aérien. Par une telle mesure, on pourrait permettre aux indiens de retrouver leurs racines et d'oublier l'imprégnation restée superficielle des idées occidentales
- interdire tout exploitation légale et clandestine d'orpaillage afin de permettre à l'écosystème de se régénérer.
Cette politique est cependant plus facile à écrire qu'à accomplir pour au moins trois raisons :
. D'abord parce que le Litani et le Maroni formant frontière entre la Guyane française et le Surinam, il suffit de passer d'une rive á l'autre pour échapper à tout contrôle que voudrait imposer l'un ou l'autre des deux pays.
. Ensuite, la forêt est très difficile à surveiller : la lutte contre les orpailleurs clandestins nécessite une surveillance constante et des moyens tels que ce n'est pas envisageable actuellement sauf si les deux pays s'accordent pour mutualiser leurs équipements, ce qui n'est pas le cas.
. Enfin, il ne faut pas oublier l'impact économique de l'exploitation de l'or aux mains des sociétés multinationales : de 2001 à 2010, 14,2 tonnes d'or ont été extraites en Guyanes ; à cela s'ajoutent les produits de l'orpaillage sauvage.
Dans de telles conditions, il est probable que l'on abandonnera les Wayanas à leur triste sort !
En conclusion, je terminerai par deux citations concernant les blancs et émanant du livre de M Kopenawa
A propos de la pensée des blancs : "leur mémoire est ingénieuse, mais entremêlée de paroles fumeuses et obscures, le chemin de leur pensee est souvent tordu et plein d'épines. Il contemplent longuement des peaux de papier où ils ont dessiné leurs propres paroles, sans suivre leur tracé , leur pensée s'égare, elle demeure pleine d'oubli et ils deviennent alors très ignorants" .
L'image d'OMANA a dit à nos anciens chamans, " vous vivrez dans cette forêt que j'ai créée, mangez les fruits de ses arbres et chassez son gibier, ouvrez vos jardins pour planter des bananiers, de la canne à sucre et du manioc..." Il ne leur a pas dit "abandonnez la forêt et donnez-là aux blancs pour qu'ils le défriche, creusent son sol et salissent les rivières"
REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet
Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com
dimanche 7 février 2016
samedi 6 février 2016
Les WAYANAS (20), amérindiens de Guyane.
L'ÉVOLUTION DU MODE DE VIE DES WAYANAS. (Suite de l'article précédent)
La destructuration sociale fait que les petits groupes sont désormais beaucoup plus isolés et donc beaucoup plus facilement vulnérables et influençables ; ils subissent alors de plein fouet les influences destructrices de notre civilisation.
Paradoxalement, selon M Hurault, la pratique du salariat au moyen de contrats temporaires de travail est beaucoup moins dangereuse pour la survie de la civilisation indienne que les méfaits des trafiquants pour deux raisons :
. Ils permettent aux indiens de continuer à exploiter leurs terres et donc de leur permettre de pouvoir encore vivre en autarcie alimentaire.
. Du fait de leur impulsivité du moment qui induit à des désirs irrépressibles, ils utilisent leur salaire pour acheter le premier objet qui leur fait envie sans avoir pour autant le culte de la possession.
En ce qui concerne l'introduction des modes de vie occidentales que l'on plaque artificiellement sur leur culture, elle est, d'une manière générale, un échec :
. Les missions implantées en milieu indien ont tenté d'évangéliser leurs populations en essayant de les influencer et de les impressionner mais ils ne réussirent pas à convaincre ; tant qu'elles sont présentes, les indiens acceptent passivement leur enseignement mais sans y croire, ils restent fidèles aux chamans qu'ils redoutent beaucoup plus que les missionnaires.
. Quant aux tentatives pour faire appliquer les principes républicains aux indiens, il suffit pour y échapper de quitter la rive guyanaise pour gagner le Surinam, ce fut le cas pour le village que j'ai visité qui avait quitté la Guyane française pour se soustraire à la communalisation.
Le danger le plus grave pour la survie des indiens Wayanas est celui de l'orpaillage. En 1990, j'avais pu apercevoir quelques unes des barges qui servaient aux orpailleurs. Il m'avait été expliqué le fonctionnement de la collecte de l'or, un homme équipé d'un scaphandre manie un tuyau relié à un compresseur qui racle le sol au fond de la rivière afin de recueillir le sable et de le remonter sur la barge, . Le sable recueilli est trié, mélangé avec du mercure, l'or se dissout dans le mercure et s'amalgame. Le mélange obtenu est ensuite chauffé, le mercure s'évapore et on peut recueillir l'or pur.
Les deux photos ci-dessus montrent à quel point les orpailleurs vivent dans des conditions très difficiles ; il fallait qu'ils soient bien pauvres chez eux pour accepter de tels conditions de survie !
De plus en plus, les orpailleurs clandestins mais aussi les chantiers d'orpaillage autorisés (qui n'ont cependant plus le droit d'utiliser le mercure depuis 2006) descendent vers le sud en envahissent le territoire Wayana, Ils installent des chantiers sur les rivières et à leurs abords en abattant les arbres pour créer des clairières et en détournant l'eau des rivières pour exploiter leur lit.
L'écosystème subit une double pollution :
- dans les boues rejetées lors du triage, et par le fait de la déforestation due aux chantiers établis sur les berges érodant les sols, le mercure naturellement présent dans ces sols est rejeté dans la rivière avec une plus grande concentration (eaux troubles)
- les vapeurs de mercure polluent l'air et, par le biais des pluies, l'eau et la faune : en effet, le mercure volatile s'oxyde au contact de l'air et devient soluble dans l'eau. Par un système de bio amplification, la teneur en mercure s'accroît tout au long de la chaine alimentaire ( poissons herbivores mangés par les carnassiers)
Les conséquences en sont dramatiques : " une étude menée par l’INVS et l’INSERM3 présente les résultats de l’imprégnation mercurielle chez une population amérindienne. Dans plus de 50 % des cas, les indiens présentent une concentration en mercure supérieure à la valeur recommandée par l’Organisation Mondiale de la Santé, qui est de 10 µg/g dans les cheveux ; leur concentration moyenne de mercure étant égale à 11,4 µg/g (InVS, 1994). Cette imprégnation mercurielle semble résulter de la contamination de la chaîne alimentaire. Les indiens consommant de grandes quantités de poissons et le mercure étant souvent rejeté dans les rivières lors des opérations de pressage, tout porte à croire que cette pratique est à l’origine de la contamination directe des poissons (bioaccumulation) et indirecte des populations" (source études caribéenne)
" Le mercure élémentaire et le méthyle mercure sont toxiques pour les systèmes nerveux central et périphérique. L’inhalation de vapeurs de mercure peut avoir des effets nocifs sur les systèmes nerveux, digestif et immunitaire, et sur les poumons et les reins, et peut être fatale. Les sels de mercure inorganique sont corrosifs pour la peau, les yeux et le tractus gastro-intestinal, et peuvent être toxiques pour les reins en cas d’ingestion.
Des troubles neurologiques et comportementaux peuvent être observés après exposition aux différents composés de mercure par inhalation, ingestion ou contact dermique. Les symptômes sont notamment les suivants: tremblements, insomnies, pertes de mémoire, effets neuromusculaires, maux de tête et dysfonctionnements moteurs et cognitifs. On a signalé des répercussions sur les reins, allant de l’augmentation du taux de protéines dans l’urine jusqu’à l’insuffisance rénale. (source OMS)
Ainsi, de ce qui précède, découlent des conséquences dramatiques : les indiens sont menacés non seulement au niveau de leur civilisation mais aussi à celui de leur survie en tant qu'être biologique.
La destructuration sociale fait que les petits groupes sont désormais beaucoup plus isolés et donc beaucoup plus facilement vulnérables et influençables ; ils subissent alors de plein fouet les influences destructrices de notre civilisation.
Paradoxalement, selon M Hurault, la pratique du salariat au moyen de contrats temporaires de travail est beaucoup moins dangereuse pour la survie de la civilisation indienne que les méfaits des trafiquants pour deux raisons :
. Ils permettent aux indiens de continuer à exploiter leurs terres et donc de leur permettre de pouvoir encore vivre en autarcie alimentaire.
. Du fait de leur impulsivité du moment qui induit à des désirs irrépressibles, ils utilisent leur salaire pour acheter le premier objet qui leur fait envie sans avoir pour autant le culte de la possession.
En ce qui concerne l'introduction des modes de vie occidentales que l'on plaque artificiellement sur leur culture, elle est, d'une manière générale, un échec :
. Les missions implantées en milieu indien ont tenté d'évangéliser leurs populations en essayant de les influencer et de les impressionner mais ils ne réussirent pas à convaincre ; tant qu'elles sont présentes, les indiens acceptent passivement leur enseignement mais sans y croire, ils restent fidèles aux chamans qu'ils redoutent beaucoup plus que les missionnaires.
. Quant aux tentatives pour faire appliquer les principes républicains aux indiens, il suffit pour y échapper de quitter la rive guyanaise pour gagner le Surinam, ce fut le cas pour le village que j'ai visité qui avait quitté la Guyane française pour se soustraire à la communalisation.
Le danger le plus grave pour la survie des indiens Wayanas est celui de l'orpaillage. En 1990, j'avais pu apercevoir quelques unes des barges qui servaient aux orpailleurs. Il m'avait été expliqué le fonctionnement de la collecte de l'or, un homme équipé d'un scaphandre manie un tuyau relié à un compresseur qui racle le sol au fond de la rivière afin de recueillir le sable et de le remonter sur la barge, . Le sable recueilli est trié, mélangé avec du mercure, l'or se dissout dans le mercure et s'amalgame. Le mélange obtenu est ensuite chauffé, le mercure s'évapore et on peut recueillir l'or pur.
Les deux photos ci-dessus montrent à quel point les orpailleurs vivent dans des conditions très difficiles ; il fallait qu'ils soient bien pauvres chez eux pour accepter de tels conditions de survie !
De plus en plus, les orpailleurs clandestins mais aussi les chantiers d'orpaillage autorisés (qui n'ont cependant plus le droit d'utiliser le mercure depuis 2006) descendent vers le sud en envahissent le territoire Wayana, Ils installent des chantiers sur les rivières et à leurs abords en abattant les arbres pour créer des clairières et en détournant l'eau des rivières pour exploiter leur lit.
L'écosystème subit une double pollution :
- dans les boues rejetées lors du triage, et par le fait de la déforestation due aux chantiers établis sur les berges érodant les sols, le mercure naturellement présent dans ces sols est rejeté dans la rivière avec une plus grande concentration (eaux troubles)
- les vapeurs de mercure polluent l'air et, par le biais des pluies, l'eau et la faune : en effet, le mercure volatile s'oxyde au contact de l'air et devient soluble dans l'eau. Par un système de bio amplification, la teneur en mercure s'accroît tout au long de la chaine alimentaire ( poissons herbivores mangés par les carnassiers)
Les conséquences en sont dramatiques : " une étude menée par l’INVS et l’INSERM3 présente les résultats de l’imprégnation mercurielle chez une population amérindienne. Dans plus de 50 % des cas, les indiens présentent une concentration en mercure supérieure à la valeur recommandée par l’Organisation Mondiale de la Santé, qui est de 10 µg/g dans les cheveux ; leur concentration moyenne de mercure étant égale à 11,4 µg/g (InVS, 1994). Cette imprégnation mercurielle semble résulter de la contamination de la chaîne alimentaire. Les indiens consommant de grandes quantités de poissons et le mercure étant souvent rejeté dans les rivières lors des opérations de pressage, tout porte à croire que cette pratique est à l’origine de la contamination directe des poissons (bioaccumulation) et indirecte des populations" (source études caribéenne)
" Le mercure élémentaire et le méthyle mercure sont toxiques pour les systèmes nerveux central et périphérique. L’inhalation de vapeurs de mercure peut avoir des effets nocifs sur les systèmes nerveux, digestif et immunitaire, et sur les poumons et les reins, et peut être fatale. Les sels de mercure inorganique sont corrosifs pour la peau, les yeux et le tractus gastro-intestinal, et peuvent être toxiques pour les reins en cas d’ingestion.
Des troubles neurologiques et comportementaux peuvent être observés après exposition aux différents composés de mercure par inhalation, ingestion ou contact dermique. Les symptômes sont notamment les suivants: tremblements, insomnies, pertes de mémoire, effets neuromusculaires, maux de tête et dysfonctionnements moteurs et cognitifs. On a signalé des répercussions sur les reins, allant de l’augmentation du taux de protéines dans l’urine jusqu’à l’insuffisance rénale. (source OMS)
Ainsi, de ce qui précède, découlent des conséquences dramatiques : les indiens sont menacés non seulement au niveau de leur civilisation mais aussi à celui de leur survie en tant qu'être biologique.
vendredi 5 février 2016
Les WAYANAS (19), amérindiens de Guyane.
L'ÉVOLUTION DU MODE DE VIE DES WAYANAS. Suite
Face à la situation décrite dans l'article précédent , deux éléments de leur mentalité vont desservir les indiens : l'impulsivité du moment qui les conduit à vouloir assouvir immédiatement leurs désirs ressentis comme irrépressibles et l'absence dans leur esprit du phénomène de causalité.
Ces caractéristiques vont produire des conséquences catastrophiques lorsque les indiens découvrirent les pratiques occidentales sous la double forme des touristes et des trafiquants :
. les premiers portent souvent un regard de commisération sur les indiens, achetant à bas prix leurs productions artisanales, leur donnant divers objets qui ont pour conséquence de les habituer à quémander et à dépendre des autres.
. Les trafiquants sont beaucoup plus dangereux, ils se livrent à un troc éhonté échangeant des produits d'artisanat qu'ils iront vendre ensuite à Cayenne contre de la pacotille et en particulier contre des perles qui, pour les indiens, sont aussi précieuses que l'or chez nous mais surtout contre de l'alcool.
Cette situation devint dramatique pour les indiens qui décidèrent de rapprocher leurs villages de la manne occidentale. Ils tombèrent rapidement à la merci de l'exploitation des trafiquants ; le troc, alcool contre objets artisanaux, fit que les indiens sombrèrent peu à peu dans la dépendance du tafiat, ils perdirent toute dignité, se mirent à mendier pour assouvir leur addiction à l'alcool, devinrent apathiques, incapables de réagir du fait de l'absence chez eux de principes de causalité.
Les indiens Wayanas restés dans les villages éloignés ont mieux préservé leur authenticité. Pourtant, ils subissent également l'influence des touristes quand les agences de voyages incluent la visite de leur village dans leurs périples et des trafiquants (même si ceux-ci n'ont jamais jamais obtenu que les indiens fabriquent des objets en série qui seraient pour eux plus rentables.)
Il s'en suit dans ces villages des influences pernicieuses et néfastes qui aboutissent à la destructuration de ce qui constituait l'ossature de la société wayana, l'organisation du principe de parenté :
. Il se produit d'abord une plus grande mobilité des groupes, le moindre différent dans le village aboutit au départ d'une partie de celui-ci pour aller s'installer ailleurs. Désormais, les villages ne comportent plus, selon M Hurault, qu'une vingtaine de personnes autour de deux générations au mieux.
. Dans de telles conditions, les mariages endogames deviennent impossibles, on voit se développer les mariages exogames qui alimentent encore plus la disparition de la cohésion des liens de parenté.
A suivre...
Face à la situation décrite dans l'article précédent , deux éléments de leur mentalité vont desservir les indiens : l'impulsivité du moment qui les conduit à vouloir assouvir immédiatement leurs désirs ressentis comme irrépressibles et l'absence dans leur esprit du phénomène de causalité.
Ces caractéristiques vont produire des conséquences catastrophiques lorsque les indiens découvrirent les pratiques occidentales sous la double forme des touristes et des trafiquants :
. les premiers portent souvent un regard de commisération sur les indiens, achetant à bas prix leurs productions artisanales, leur donnant divers objets qui ont pour conséquence de les habituer à quémander et à dépendre des autres.
. Les trafiquants sont beaucoup plus dangereux, ils se livrent à un troc éhonté échangeant des produits d'artisanat qu'ils iront vendre ensuite à Cayenne contre de la pacotille et en particulier contre des perles qui, pour les indiens, sont aussi précieuses que l'or chez nous mais surtout contre de l'alcool.
Cette situation devint dramatique pour les indiens qui décidèrent de rapprocher leurs villages de la manne occidentale. Ils tombèrent rapidement à la merci de l'exploitation des trafiquants ; le troc, alcool contre objets artisanaux, fit que les indiens sombrèrent peu à peu dans la dépendance du tafiat, ils perdirent toute dignité, se mirent à mendier pour assouvir leur addiction à l'alcool, devinrent apathiques, incapables de réagir du fait de l'absence chez eux de principes de causalité.
Les indiens Wayanas restés dans les villages éloignés ont mieux préservé leur authenticité. Pourtant, ils subissent également l'influence des touristes quand les agences de voyages incluent la visite de leur village dans leurs périples et des trafiquants (même si ceux-ci n'ont jamais jamais obtenu que les indiens fabriquent des objets en série qui seraient pour eux plus rentables.)
Il s'en suit dans ces villages des influences pernicieuses et néfastes qui aboutissent à la destructuration de ce qui constituait l'ossature de la société wayana, l'organisation du principe de parenté :
. Il se produit d'abord une plus grande mobilité des groupes, le moindre différent dans le village aboutit au départ d'une partie de celui-ci pour aller s'installer ailleurs. Désormais, les villages ne comportent plus, selon M Hurault, qu'une vingtaine de personnes autour de deux générations au mieux.
. Dans de telles conditions, les mariages endogames deviennent impossibles, on voit se développer les mariages exogames qui alimentent encore plus la disparition de la cohésion des liens de parenté.
A suivre...
mercredi 3 février 2016
Les WAYANAS (18), amérindiens de Guyane.
L'ÉVOLUTION DU MODE DE VIE DES INDIENS WAYANA.
Depuis la seconde moitié du 20e siècle, on remarque un déclin progressif des modes de pensée des indiens Wayanas. Comme je l'ai écrit dans un article précédent, entre les territoires Wayana et la civilisation des créoles et occidentaux, il existait un écran, celui des Noirs réfugiés, eux-mêmes fermés du fait de leur origine, à toutes les influences occidentales. Cet écran se manifestait de deux manières :
. Les Noirs Réfugiés se réservaient le canotage sur le Maroni, ce qui fait que c'était par leur intermédiaire qu'étaient assurés les échanges entre les indiens du Litani et les occidentaux.
. En conséquence, les Noirs Réfugiés et les indiens Wayana avaient établi un système commercial basé sur le troc : les indiens échangeaient leurs productions (flèches, vannerie, hamac, chiens dressés pour la chasse...) contre des produits d'importation que les Noirs réfugiés allaient chercher chez les occidentaux (outils en fer, cuvette et vaisselle en fer blanc, canots et perles). Le système fonctionnait par le biais d'associations formées entre un indien et un Noir réfugié, généralement Boni, entre qui s'effectuait le troc. Il n'y avait aucune tentative de subordination d'un associé sur l'autre, les échanges se produisant dans un respect mutuel des deux partenaires.
Dans de telles conditions, les Wayanas avaient pu conserver intactes leurs coutumes et leurs modes de vie tout en possédant des objets provenant de nos civilisations.
Cette économie de troc existe toujours mais elle s'est beaucoup étiolée du fait de cinq circonstances :
. La présence d'or dans le haut bassin du Maroni (en particulier à Benzdorp au Surinam) qui a attiré un grand nombre d'orpailleurs venus tenter leur chance dans cette région.
. La création de MARIPASOULA ; conçue comme un élément d'occidentalisation des populations locales, elle amena ces deux plaies que constituent les touristes et les trafiquants,
. Le développement des hors-bords qui ont amené les indiens à se déplacer sur le Maroni et de commercer directement avec les marchands créoles en se faisant exploiter par eux avec, en conséquence, disparition progressive du troc avec les Noirs Réfugiés.
. L'apparition des contrats de travail temporaires contre salaire qui introduit le circuit de l'argent dans cette civilisation qui en était dépourvu avec le risque de voir se développer l'inégalité sociale.
. Les tentatives pour plaquer artificiellement sur le pays indien les éléments de notre civilisation : évangélisation par des missions implantées sur place et mise en place de la communalisation par les autorités françaises au nom de l'unicité de la république.
A suivre...
Depuis la seconde moitié du 20e siècle, on remarque un déclin progressif des modes de pensée des indiens Wayanas. Comme je l'ai écrit dans un article précédent, entre les territoires Wayana et la civilisation des créoles et occidentaux, il existait un écran, celui des Noirs réfugiés, eux-mêmes fermés du fait de leur origine, à toutes les influences occidentales. Cet écran se manifestait de deux manières :
. Les Noirs Réfugiés se réservaient le canotage sur le Maroni, ce qui fait que c'était par leur intermédiaire qu'étaient assurés les échanges entre les indiens du Litani et les occidentaux.
. En conséquence, les Noirs Réfugiés et les indiens Wayana avaient établi un système commercial basé sur le troc : les indiens échangeaient leurs productions (flèches, vannerie, hamac, chiens dressés pour la chasse...) contre des produits d'importation que les Noirs réfugiés allaient chercher chez les occidentaux (outils en fer, cuvette et vaisselle en fer blanc, canots et perles). Le système fonctionnait par le biais d'associations formées entre un indien et un Noir réfugié, généralement Boni, entre qui s'effectuait le troc. Il n'y avait aucune tentative de subordination d'un associé sur l'autre, les échanges se produisant dans un respect mutuel des deux partenaires.
Dans de telles conditions, les Wayanas avaient pu conserver intactes leurs coutumes et leurs modes de vie tout en possédant des objets provenant de nos civilisations.
Cette économie de troc existe toujours mais elle s'est beaucoup étiolée du fait de cinq circonstances :
. La présence d'or dans le haut bassin du Maroni (en particulier à Benzdorp au Surinam) qui a attiré un grand nombre d'orpailleurs venus tenter leur chance dans cette région.
. La création de MARIPASOULA ; conçue comme un élément d'occidentalisation des populations locales, elle amena ces deux plaies que constituent les touristes et les trafiquants,
. Le développement des hors-bords qui ont amené les indiens à se déplacer sur le Maroni et de commercer directement avec les marchands créoles en se faisant exploiter par eux avec, en conséquence, disparition progressive du troc avec les Noirs Réfugiés.
. L'apparition des contrats de travail temporaires contre salaire qui introduit le circuit de l'argent dans cette civilisation qui en était dépourvu avec le risque de voir se développer l'inégalité sociale.
. Les tentatives pour plaquer artificiellement sur le pays indien les éléments de notre civilisation : évangélisation par des missions implantées sur place et mise en place de la communalisation par les autorités françaises au nom de l'unicité de la république.
A suivre...
lundi 1 février 2016
Les WAYANAS (17), amérindiens de Guyane.
Le CHAMAN possède par rapport aux indiens ordinaires deux particularités :
. le chaman possède le pouvoir de voir les YOLOK, d'accéder à leur monde et pour cela de faire sortir son Akwali de son corps et surtout de faire en sorte que les YOLOK deviennent ses auxiliaires. Cette caractéristique est le fruit de l'enseignement qu'il reçoit du chaman qui lui servit de maître : celui-ci lui retire sur les yeux l'opercule spirituel qui empêche à l'homme ordinaire de voir les esprits, et fixe à son nombril un fil spirituel qui lui permet de rejoindre le premier ciel et de se constituer une " cour" de YOLOK qu'il pourra invoquer quand ce sera nécessaire.
- l'Akwalinpe du chaman, á la différence de celui des indiens ordinaires, conserve sa conscience, il rejoint le monde des YOLOK est est capable comme eux de nuire aux vivants, c'est ce qui le rend si redoutable. Lorsque le chaman vivant invoque les esprits, il peut s'adresser indifféremment aux YOLOK et á l'AKWALINPE des chamans défunts.
Le rôle du chaman comporte au moins trois facettes principales :
. Il est capable d'envoyer des maléfices à distance que lui commande un indien voulant se venger d'un autre ; selon les indiens, les meilleurs chamans sont capables de tuer à distance. Pour cela, ils utilisent deux procédés :
- envoyer un de leurs esprits associés s'installer dans le corps de leur victime,
- attirer l'akwali de leur victime pour le transpercer de flèches.
Dans les deux cas, l'ennemi est censé mourir subitement. Dans cette perspective, la plupart des décès sont attribués à l'action d'un chaman.
. Il peut aussi envoyer des contre-maléfices afin de rendre le mal par le mal.
. Il peut également utiliser les YOLOK qui lui sont associés pour guérir un malade : par des incantations et des gestes sur le corps du malade il tente d'extirper l'esprit qui a causé le mal.
Le chaman effectue ses rites au cours de séances publiques de nuit dans une case spéciale qui est construite pour cela. Il commence par fumer un mélange de tabac et de feuilles qui correspond aux esprits dont il veut la collaboration ; il chante des invocations à ces esprits mais n'utilise pas de poudre hallucinatoire pour entrer en transe ; des bruits de coups de plus en plus faibles signalent que l'akwali du chaman vient de quitter son corps, les spectateurs lancent de petits cris pour garder le contact avec l'akwali du chaman et éviter que, lors de sa descente, il ne trouve plus son corps. Les yoloks arrivent un à un dans la case, parfois une lutte terrible s'engage avec le yolok responsable du maléfice, parfois aussi, les yoloks associés déclarent ne pas voir quel esprit est entré dans le corps du malade ou refusent le combat.
Tout cela fait que le chaman est un être un peu à part que l'on craint.
. le chaman possède le pouvoir de voir les YOLOK, d'accéder à leur monde et pour cela de faire sortir son Akwali de son corps et surtout de faire en sorte que les YOLOK deviennent ses auxiliaires. Cette caractéristique est le fruit de l'enseignement qu'il reçoit du chaman qui lui servit de maître : celui-ci lui retire sur les yeux l'opercule spirituel qui empêche à l'homme ordinaire de voir les esprits, et fixe à son nombril un fil spirituel qui lui permet de rejoindre le premier ciel et de se constituer une " cour" de YOLOK qu'il pourra invoquer quand ce sera nécessaire.
- l'Akwalinpe du chaman, á la différence de celui des indiens ordinaires, conserve sa conscience, il rejoint le monde des YOLOK est est capable comme eux de nuire aux vivants, c'est ce qui le rend si redoutable. Lorsque le chaman vivant invoque les esprits, il peut s'adresser indifféremment aux YOLOK et á l'AKWALINPE des chamans défunts.
Le rôle du chaman comporte au moins trois facettes principales :
. Il est capable d'envoyer des maléfices à distance que lui commande un indien voulant se venger d'un autre ; selon les indiens, les meilleurs chamans sont capables de tuer à distance. Pour cela, ils utilisent deux procédés :
- envoyer un de leurs esprits associés s'installer dans le corps de leur victime,
- attirer l'akwali de leur victime pour le transpercer de flèches.
Dans les deux cas, l'ennemi est censé mourir subitement. Dans cette perspective, la plupart des décès sont attribués à l'action d'un chaman.
. Il peut aussi envoyer des contre-maléfices afin de rendre le mal par le mal.
. Il peut également utiliser les YOLOK qui lui sont associés pour guérir un malade : par des incantations et des gestes sur le corps du malade il tente d'extirper l'esprit qui a causé le mal.
Le chaman effectue ses rites au cours de séances publiques de nuit dans une case spéciale qui est construite pour cela. Il commence par fumer un mélange de tabac et de feuilles qui correspond aux esprits dont il veut la collaboration ; il chante des invocations à ces esprits mais n'utilise pas de poudre hallucinatoire pour entrer en transe ; des bruits de coups de plus en plus faibles signalent que l'akwali du chaman vient de quitter son corps, les spectateurs lancent de petits cris pour garder le contact avec l'akwali du chaman et éviter que, lors de sa descente, il ne trouve plus son corps. Les yoloks arrivent un à un dans la case, parfois une lutte terrible s'engage avec le yolok responsable du maléfice, parfois aussi, les yoloks associés déclarent ne pas voir quel esprit est entré dans le corps du malade ou refusent le combat.
Tout cela fait que le chaman est un être un peu à part que l'on craint.
dimanche 31 janvier 2016
Les WAYANAS (16), amérindiens de Guyane.
L'AKWALI ET L'AKWALINPE.
L'action du chaman s'effectue selon un système de pensée complexe qui a trait aux conceptions des Wayana sur les principes spirituels qui régissent les hommes appelés AKWALI et AKWALINPE.
Les indiens Wayana pensent que l'homme vivant possède en lui un principe spirituel, l'AKWALI, qui est le siège de sa conscience et de son savoir. Si l'AKWALI quitte le corps, l'homme meurt ou devient fou et privé de tous les concepts qui caractérisent les hommes.
Les indiens pensent aussi que l'AKWALI se forme dès la conception d'un enfant ; cependant, jusque l'âge de 4 ou 5 ans, il n'est pas encore bien fixé à son corps, ce qui oblige les parents à prendre de grandes précautions, en particulier de ne pas manger un certain nombre d'animaux de peur que l'esprit qui est en ceux-ci se substitue à l'Akwali de l'enfant.
Lors de la mort, l'akwali quitte le corps, remonte vers le ciel, rejoint le monde d'où il est venu et perd toute relation avec l'univers des hommes, cette montée est périlleuse surtout quand l'akwali du mort accède au monde des YOLOK car ceux-ci se délectent de l'Akwali des humains.
On pourrait penser que l'akwali est l'équivalent de l'âme chrétienne ou du culte des ancêtres, ce n'est pas tout à fait le cas, pour deux raisons :
. d'abord, on ne rend aucun culte à l'akwali des défunts ou des ancêtres puisque celui-ci ne fournit aucune protection à ses descendants.
. Ensuite, à la différence de l'âme chrétienne, il n'existe pas d'idée de récompense ou de châtiment selon la vie menée.
Le deuxième principe spirituel est celui de l'AKWALIMPE, c'est ce qui reste de l'homme après que l'Akwali a rejoint le ciel.
L'Akwalinpe de l'indien ordinaire est totalement dépourvu de conscience, généralement, il ne nuit pas aux hommes tant que le village est habité et s'il ne fait, c'est de façon arbitraire sans égard ni pour ses parents ni pour ses amis. Il mène une vie élémentaire autour de sa tombe et on ne lui fait aucune offrande ; quand le village est abandonné, l'Akwalinpe devient beaucoup plus dangereux et on ne se rend dans ces anciens villages qu'en prenant de grandes précautions.
Prochain article : le CHAMAN.
L'action du chaman s'effectue selon un système de pensée complexe qui a trait aux conceptions des Wayana sur les principes spirituels qui régissent les hommes appelés AKWALI et AKWALINPE.
Les indiens Wayana pensent que l'homme vivant possède en lui un principe spirituel, l'AKWALI, qui est le siège de sa conscience et de son savoir. Si l'AKWALI quitte le corps, l'homme meurt ou devient fou et privé de tous les concepts qui caractérisent les hommes.
Les indiens pensent aussi que l'AKWALI se forme dès la conception d'un enfant ; cependant, jusque l'âge de 4 ou 5 ans, il n'est pas encore bien fixé à son corps, ce qui oblige les parents à prendre de grandes précautions, en particulier de ne pas manger un certain nombre d'animaux de peur que l'esprit qui est en ceux-ci se substitue à l'Akwali de l'enfant.
Lors de la mort, l'akwali quitte le corps, remonte vers le ciel, rejoint le monde d'où il est venu et perd toute relation avec l'univers des hommes, cette montée est périlleuse surtout quand l'akwali du mort accède au monde des YOLOK car ceux-ci se délectent de l'Akwali des humains.
On pourrait penser que l'akwali est l'équivalent de l'âme chrétienne ou du culte des ancêtres, ce n'est pas tout à fait le cas, pour deux raisons :
. d'abord, on ne rend aucun culte à l'akwali des défunts ou des ancêtres puisque celui-ci ne fournit aucune protection à ses descendants.
. Ensuite, à la différence de l'âme chrétienne, il n'existe pas d'idée de récompense ou de châtiment selon la vie menée.
Le deuxième principe spirituel est celui de l'AKWALIMPE, c'est ce qui reste de l'homme après que l'Akwali a rejoint le ciel.
L'Akwalinpe de l'indien ordinaire est totalement dépourvu de conscience, généralement, il ne nuit pas aux hommes tant que le village est habité et s'il ne fait, c'est de façon arbitraire sans égard ni pour ses parents ni pour ses amis. Il mène une vie élémentaire autour de sa tombe et on ne lui fait aucune offrande ; quand le village est abandonné, l'Akwalinpe devient beaucoup plus dangereux et on ne se rend dans ces anciens villages qu'en prenant de grandes précautions.
Prochain article : le CHAMAN.
samedi 30 janvier 2016
Les WAYANAS (15), amérindiens de Guyane.
L'ANIMISME (suite)
LA NAISSANCE DES ESPRITS est racontée de manière très précise par M Kopenawa :
"Plus tard, OMANA se mit en colère contre son frère Yoasi car ce dernier avait fait surgir dans la forêt les êtres maléfiques des maladies .. ainsi que ceux de l'épidémie xarawa qui sont également des mangeurs de chair humaine... OMANA voulait que les hommes soient immortels... mais il était trop tard... Yoasi ... avait introduit la mort.. dans notre esprit et notre souffle...
C'est pourquoi OMANA a finalement créé les XAPIRI pour que nous puissions nous venger de la mort dont son mauvais frère nous avait affligés, il a créé les esprits de la forêt, les esprits des eaux et les esprits animaux....les esprits mettront en fuite les êtres maléfiques. Ils leur arracheront l'image des malades et la ramèneront dans leur corps"
OMANA enseigna à son fils la manière d'appeler les Xapiri, il prépara la poudre yakoana, son pouvoir révèlant la voie des xapiri, puis il souffla la yakoana dans ses narines avec un tube de palmier. OMANA appela alors les XAPIRI pour la première fois et dit à son fils : " c'est à toi de les faire descendre... Ils viendront à toi pour faire leur danse de présentation et demeureront à tes côtés. .. Notre nuit est leur jour, ils s'amusent et dansent dans la forêt, ils sont très nombreux car ils ne meurent jamais. Ils ressemblent aux êtres humains, ils sont minuscules comme des poussières lumineuses. Seuls les chamans peuvent vraiment les voir. Si on se comporte mal avec eux, ils peuvent se montrer très agressifs et nous tuer. Ils sont valeureux, ils possèdent de lourds massues et des épées avec lesquels ils combattent les esprits maléfiques"
Ce texte témoigne parfaitement de la création des esprits :
. YOASI crée les esprits maléfiques qui infligent les maladies aux hommes,
. OMANA, pour défendre les hommes, créé les XAPIRI et donne aux chamans la possibilité de les voir et de les appeler.
Chez les Wayanas, existent aussi les mêmes caractéristiques d'ensemble avec :
. Un monde des esprits appelés du nom générique de YOLOK ; il comprend les esprits de la forêt, les esprits vivant dans le ciel et les esprits des eaux (IPO)
. Les chamans sont les seuls à être capable d'entrer en contact avec les esprits.
Pourtant, on peut discerner une notable différence entre le monde des esprits des Yanomani et celui des Wayanas : les YOLOK sont tous hostiles aux hommes. Les Wayanas ressentent sans cesse leur présence autour d'eux et les craignent, ils croient les entendre ou les voir dans la forêt ; ils prennent indifféremment l'apparence humaine ou animale, ils peuvent avoir l'aspect d'indiens vivant dans des villages, d'êtres immatériels et d'animaux ainsi que des monstres comme ceux qui sont représentés au sommet du TUKUSIPAN du village que j'ai décrit précédemment. Nul n'est à l'abri de la méchanceté des YOLOK, leurs actions sont totalement arbitraires sans lien avec le comportement des hommes. Dans cette perspective, le rôle du chaman est fondamental puisqu'il est le seul à pouvoir utiliser les YOLOK á son profit.
LA NAISSANCE DES ESPRITS est racontée de manière très précise par M Kopenawa :
"Plus tard, OMANA se mit en colère contre son frère Yoasi car ce dernier avait fait surgir dans la forêt les êtres maléfiques des maladies .. ainsi que ceux de l'épidémie xarawa qui sont également des mangeurs de chair humaine... OMANA voulait que les hommes soient immortels... mais il était trop tard... Yoasi ... avait introduit la mort.. dans notre esprit et notre souffle...
C'est pourquoi OMANA a finalement créé les XAPIRI pour que nous puissions nous venger de la mort dont son mauvais frère nous avait affligés, il a créé les esprits de la forêt, les esprits des eaux et les esprits animaux....les esprits mettront en fuite les êtres maléfiques. Ils leur arracheront l'image des malades et la ramèneront dans leur corps"
OMANA enseigna à son fils la manière d'appeler les Xapiri, il prépara la poudre yakoana, son pouvoir révèlant la voie des xapiri, puis il souffla la yakoana dans ses narines avec un tube de palmier. OMANA appela alors les XAPIRI pour la première fois et dit à son fils : " c'est à toi de les faire descendre... Ils viendront à toi pour faire leur danse de présentation et demeureront à tes côtés. .. Notre nuit est leur jour, ils s'amusent et dansent dans la forêt, ils sont très nombreux car ils ne meurent jamais. Ils ressemblent aux êtres humains, ils sont minuscules comme des poussières lumineuses. Seuls les chamans peuvent vraiment les voir. Si on se comporte mal avec eux, ils peuvent se montrer très agressifs et nous tuer. Ils sont valeureux, ils possèdent de lourds massues et des épées avec lesquels ils combattent les esprits maléfiques"
Ce texte témoigne parfaitement de la création des esprits :
. YOASI crée les esprits maléfiques qui infligent les maladies aux hommes,
. OMANA, pour défendre les hommes, créé les XAPIRI et donne aux chamans la possibilité de les voir et de les appeler.
Chez les Wayanas, existent aussi les mêmes caractéristiques d'ensemble avec :
. Un monde des esprits appelés du nom générique de YOLOK ; il comprend les esprits de la forêt, les esprits vivant dans le ciel et les esprits des eaux (IPO)
. Les chamans sont les seuls à être capable d'entrer en contact avec les esprits.
Pourtant, on peut discerner une notable différence entre le monde des esprits des Yanomani et celui des Wayanas : les YOLOK sont tous hostiles aux hommes. Les Wayanas ressentent sans cesse leur présence autour d'eux et les craignent, ils croient les entendre ou les voir dans la forêt ; ils prennent indifféremment l'apparence humaine ou animale, ils peuvent avoir l'aspect d'indiens vivant dans des villages, d'êtres immatériels et d'animaux ainsi que des monstres comme ceux qui sont représentés au sommet du TUKUSIPAN du village que j'ai décrit précédemment. Nul n'est à l'abri de la méchanceté des YOLOK, leurs actions sont totalement arbitraires sans lien avec le comportement des hommes. Dans cette perspective, le rôle du chaman est fondamental puisqu'il est le seul à pouvoir utiliser les YOLOK á son profit.
vendredi 29 janvier 2016
Les WAYANAS (14), amérindiens de Guyane.
L'animisme (suite)
Le MYTHE DE LA CRÉATION DES HOMMES
Selon le récit de M Kopenawa, les Yanomani furent conçus de la manière suivante : " au début, aucun être humain n'habitait encore (dans la forêt). OMANA et son frère YOASI y vivaient seuls. Ils n'avaient pas encore de femmes", les deux frères n'ont connu la première femme... que bien plus tard lorsque OMANA a pêché la fille de Teperesiki dans une grande rivière. .... c'était un être poisson qui s'est laissé capturer sous l'apparence d'une femme," les Yanomami en descendent.
Pour les wayanas plusieurs mythes apparaissent selon les personnes interrogées par M Hurault :
. Pour les uns, le corps de KOUYOULI se couvrit de plaies en sorte que sa femme le quitta pour rejoindre les hommes, seule sa belle-mère resta auprès de lui, quand le démiurge guérit, il se vengea des hommes et de sa femme et envoya des eaux qui couvrirent la terre, il ne resta qu'un seul survivant qui s'était accroché à un tronc d'arbre, il lui pardonna et créa d'autres hommes (ou ressuscita les noyés), il créa les poissons, les oiseaux, il jeta des plants d'arbres et donna le feu aux hommes,
. Un autre mythe raconte que les wayanas, n'ayant pas de femmes s'accouplèrent avec des femelles d'animaux, on en trouve mention dans une légende qui raconte que, dans un village, un homme partit à la chasse, quand il revint, il trouva le village désert. Il n'y restait qu'une femelle de tapir apprivoisée ; tous les autres habitants avaient été entraînés dans les eaux par les esprits IPO. il prit pour femme la femelle du tapir, la rendit enceinte, eut une fille, tua la femelle tapir pour nourrir cette fille. Quand celle-ci fut pubère, il l'a rendit enceinte... Ainsi sont nés les wayanas
Ces mythes wayanas sont assez différents de ceux des Yanomani, pourtant, on y trouve au moins deux convergences : la création d'un monde antérieur à celui des indiens, la naissance des hommes par le démiurge avec accouplement de ceux-ci et d'animaux.
A suivre...
Le MYTHE DE LA CRÉATION DES HOMMES
Selon le récit de M Kopenawa, les Yanomani furent conçus de la manière suivante : " au début, aucun être humain n'habitait encore (dans la forêt). OMANA et son frère YOASI y vivaient seuls. Ils n'avaient pas encore de femmes", les deux frères n'ont connu la première femme... que bien plus tard lorsque OMANA a pêché la fille de Teperesiki dans une grande rivière. .... c'était un être poisson qui s'est laissé capturer sous l'apparence d'une femme," les Yanomami en descendent.
Pour les wayanas plusieurs mythes apparaissent selon les personnes interrogées par M Hurault :
. Pour les uns, le corps de KOUYOULI se couvrit de plaies en sorte que sa femme le quitta pour rejoindre les hommes, seule sa belle-mère resta auprès de lui, quand le démiurge guérit, il se vengea des hommes et de sa femme et envoya des eaux qui couvrirent la terre, il ne resta qu'un seul survivant qui s'était accroché à un tronc d'arbre, il lui pardonna et créa d'autres hommes (ou ressuscita les noyés), il créa les poissons, les oiseaux, il jeta des plants d'arbres et donna le feu aux hommes,
. Un autre mythe raconte que les wayanas, n'ayant pas de femmes s'accouplèrent avec des femelles d'animaux, on en trouve mention dans une légende qui raconte que, dans un village, un homme partit à la chasse, quand il revint, il trouva le village désert. Il n'y restait qu'une femelle de tapir apprivoisée ; tous les autres habitants avaient été entraînés dans les eaux par les esprits IPO. il prit pour femme la femelle du tapir, la rendit enceinte, eut une fille, tua la femelle tapir pour nourrir cette fille. Quand celle-ci fut pubère, il l'a rendit enceinte... Ainsi sont nés les wayanas
Ces mythes wayanas sont assez différents de ceux des Yanomani, pourtant, on y trouve au moins deux convergences : la création d'un monde antérieur à celui des indiens, la naissance des hommes par le démiurge avec accouplement de ceux-ci et d'animaux.
A suivre...
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