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samedi 6 février 2016

Les WAYANAS (20), amérindiens de Guyane.

L'ÉVOLUTION DU MODE DE VIE DES WAYANAS. (Suite de l'article précédent) 

La destructuration sociale fait que les petits groupes sont désormais beaucoup plus isolés et donc beaucoup plus facilement vulnérables et influençables ; ils subissent alors de plein fouet les influences destructrices de notre civilisation.

Paradoxalement, selon M Hurault, la pratique du salariat au moyen de contrats temporaires de travail est beaucoup moins dangereuse pour la survie de la civilisation indienne que les méfaits des trafiquants pour deux raisons :
     . Ils permettent aux indiens de continuer à exploiter leurs terres et donc de leur permettre de pouvoir encore vivre en autarcie alimentaire.
     . Du fait de leur impulsivité du moment qui induit à des désirs irrépressibles, ils utilisent leur salaire pour acheter le premier objet qui leur fait envie sans avoir pour autant le culte de la possession.

En ce qui concerne l'introduction des modes de vie occidentales que l'on plaque artificiellement sur leur culture, elle est, d'une manière générale, un échec :
     . Les missions implantées en milieu indien ont tenté d'évangéliser leurs populations en essayant de les influencer et de les impressionner mais ils ne réussirent pas à convaincre ; tant qu'elles sont présentes, les indiens acceptent passivement leur enseignement mais sans y croire, ils restent fidèles aux chamans qu'ils redoutent beaucoup plus que les missionnaires.
     . Quant aux tentatives pour faire appliquer les principes républicains aux indiens, il suffit pour y échapper de quitter la rive guyanaise pour gagner le Surinam, ce fut le cas pour le village que j'ai visité qui avait quitté la Guyane française pour se soustraire à la communalisation.

Le danger le plus grave pour la survie des indiens Wayanas est celui de l'orpaillage. En 1990, j'avais pu apercevoir quelques unes des barges qui servaient aux orpailleurs. Il m'avait été expliqué le fonctionnement de la collecte de l'or, un homme équipé d'un scaphandre manie un tuyau relié à un compresseur qui racle le sol au fond de la rivière afin de recueillir le sable et de le remonter sur la barge, . Le sable recueilli est trié, mélangé avec du mercure, l'or se dissout dans le mercure et s'amalgame. Le mélange obtenu est ensuite chauffé, le mercure s'évapore et on peut recueillir l'or pur.

Les deux photos ci-dessus montrent à quel point les orpailleurs vivent dans des conditions très difficiles ; il fallait qu'ils soient bien pauvres chez eux pour accepter de tels conditions de survie !

De plus en plus, les orpailleurs clandestins mais aussi les chantiers d'orpaillage autorisés (qui n'ont cependant plus le droit d'utiliser le mercure depuis 2006) descendent vers le sud en envahissent le territoire Wayana, Ils installent des chantiers sur les rivières et à leurs abords en abattant les arbres pour créer des clairières  et en détournant l'eau des rivières pour exploiter leur lit.

L'écosystème subit une double pollution :
   - dans les boues rejetées lors du triage, et par le fait de la déforestation due aux chantiers établis sur les berges érodant les sols, le mercure naturellement présent dans ces sols est rejeté dans la rivière avec une plus grande concentration (eaux troubles)
   - les vapeurs de mercure polluent l'air et, par le biais des pluies, l'eau et la faune : en effet, le mercure volatile s'oxyde au contact de l'air et devient soluble dans l'eau. Par un système de bio amplification, la teneur en mercure s'accroît tout au long de la chaine alimentaire ( poissons herbivores mangés par les carnassiers)

Les conséquences en sont dramatiques : " une étude menée par l’INVS et l’INSERM3 présente les résultats de l’imprégnation mercurielle chez une population amérindienne. Dans plus de 50 % des cas, les indiens présentent une concentration en mercure supérieure à la valeur recommandée par l’Organisation Mondiale de la Santé, qui est de 10 µg/g dans les cheveux ; leur concentration moyenne de mercure étant égale à 11,4 µg/g (InVS, 1994). Cette imprégnation mercurielle semble résulter de la contamination de la chaîne alimentaire. Les indiens consommant de grandes quantités de poissons et le mercure étant souvent rejeté dans les rivières lors des opérations de pressage,  tout porte à croire que cette pratique est à l’origine de la contamination directe des poissons (bioaccumulation) et indirecte des populations" (source études caribéenne) 

" Le mercure élémentaire et le méthyle mercure sont toxiques pour les systèmes nerveux central et périphérique. L’inhalation de vapeurs de mercure peut avoir des effets nocifs sur les systèmes nerveux, digestif et immunitaire, et sur les poumons et les reins, et peut être fatale. Les sels de mercure inorganique sont corrosifs pour la peau, les yeux et le tractus gastro-intestinal, et peuvent être toxiques pour les reins en cas d’ingestion.

Des troubles neurologiques et comportementaux peuvent être observés après exposition aux différents composés de mercure par inhalation, ingestion ou contact dermique. Les symptômes sont notamment les suivants: tremblements, insomnies, pertes de mémoire, effets neuromusculaires, maux de tête et dysfonctionnements moteurs et cognitifs. On a signalé des répercussions sur les reins, allant de l’augmentation du taux de protéines dans l’urine jusqu’à l’insuffisance rénale. (source OMS)

Ainsi, de ce qui précède, découlent des conséquences dramatiques : les indiens sont menacés non seulement au niveau de leur civilisation mais aussi à celui de leur survie en tant qu'être biologique.

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