Suite de l'article précédent
Aux Canaries, le phénomène du volcanisme de point chaud est plus complexe que celui décrit pour l’île de La Réunion du fait du déplacement lent de la lithosphère (entre Hierro et Lanzarote, 1,8cm par an contre 10cm par an dans le nord-ouest du Pacifique).
Les deux premières phases sont semblables à ce qui est indiqué dans l’article précédent à ce propos :
.1- création d’un volcan immergé puis émergé à l’aplomb du panache mantellique ; la montée du matériel mantellique peut se produire selon deux modalités :
. S’il rencontre une faille préexistante, il se fraie un chemin par cette faille (Rift longitudinal), c’est le cas à Lanzarote,
. S'il ne se trouve pas de failles préexistantes, il se produit un bombement qui crée un Rift à trois branches comme à Tenerife et la Palma.
Le déplacement lent de la lithosphère fait qu’il se forme plusieurs volcans proches l’un de l’autre. Ceux-ci forment la structure de base de l’ile que l’on appelle BOUCLIER : ainsi, Lanzarote comporte deux de ces volcans-boucliers, Tenerife, trois.
. 2- le déplacement de la lithosphère éloigne lentement l’île de l’aplomb du point chaud, l'alimentation moindre de la chambre magmatique fait que la partie sommitale s’effondre créant une vaste caldeira quasiment circulaire.
. 3 - La phase suivante est particulière aux Îles Canaries due à nouveau au fait de la lente progression de la lithosphère : il se produit encore des remontées périodiques de magma qui continuent à s’élever par les anciens conduits jusqu’à la faille et constituent de nouveaux complexes volcaniques alignés selon cette faille.
Cette phase est appelée «phase de régénérescence » par les géologues. Cette caractéristique explique par exemple que Lanzarote, bien qu’éloigné du point chaud, a subi sa dernière éruption importante au 18ème siècle. (1)
La carte ci-dessous comporte les trois types de paysages existants émanant de cette construction géologique :
. En ROUGE, les massifs, appelés
boucliers, créés à l’aplomb du panache mantellique lors de l’émergence des îles, ils forment le socle de l’île mais il n’en apparaît au niveau du sol actuel qu’une faible partie, le reste avant été recouvert par des éruptions ultérieures. Ces massifs ont subi une forte érosion en sorte qu’ils se présentent comme de lourdes crêtes entrecoupées de vallées. Parfois, comme à Lanzarote, une partie de ces massifs se sont effondrés dans l’océan.
. En ORANGE, les formes ultérieures de création de
stratovolcan à caldeira qui peuvent correspondre à plusieurs phases volcaniques successives avec toujours le même scénario d’évolution : création d’un stratovolcan, effondrement de la partie sommitale avec formation de caldeira, nouvelle éruption volcanique qui recouvre la caldeira primitive et, à son tour, crée une caldeira.
. En VERT, les
reliefs formés à partir des rifts, ils prennent la forme de petits cônes volcaniques alignés sur la faille avec, de part et d’autre, de longues coulées de lave basaltique. Ces reliefs correspondent en géologie à la période dite de régénérescence.
Cette carte des paysages dominants permet aussi de mesurer les degrés d’évolution du volcanisme des Canaries avec les îles anciennes comme Lanzarote et Fuerteventura qui en sont à la phase de régénérescence et les îles les plus récentes comme La Palma et Hierro qui en sont seulement à la phase de constitution des boucliers ( phase de bouclier actif)
Cette classification schématisée que j’ai établie suite à la lecture de nombreux ouvrages scientifiques, me servira à la description des trois îles de Lanzarote, Gran Canaria et Tenerife.
Note 1
Les géologues utilisent une classification plus complexe avec cinq phases :
. Phase de création du bouclier sous-marin avec principalement des basaltes,
. Phase du bouclier actif
. Stade du bouclier immergé qui diffère du précédent par une augmentation du débit des éruptions
. Stade d’émersion
. Stade du bouclier émergé
. Stade final d’activité
. Stade de régénérescence.