REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
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Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

mercredi 4 octobre 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : la vie quotidienne (11)

L’absence d’automobile était une autre composante de ma jeunesse. Certes, il nous arrivait de ressentir un manque, surtout quand nous voyions la voiture rutilante de mon oncle, mais on s’adaptait par la force des choses.

On palliait assez facilement à cet état de fait ; d’abord, parce que tout ce dont on avait besoin se trouvait dans le quartier ou dans sa proximité immédiate, ensuite, parce que nous avions à notre disposition un grand nombre de moyens de se déplacer.  Selon les endroits où nous voulions aller, on pouvait s’y rendre à pieds, à vélo ou en transport en commun. Nous avions, en bas de la rue, un tramway qui nous menait un peu partout dans la ville jouxtant notre village ; pour les trajets plus lointains, on utilisait le train ou le bus.

Certes, notre aire de déplacement était assez restreinte mais cela suffisait pour les besoins de notre vie sociale et culturelle.

A cette époque, faute d'automobile,  la plupart des gens des classes populaires ne partaient pas en vacances ; les parents restaient à la maison tandis que les enfants étaient envoyés en colonies de vacances, si toutefois la famille avait de quoi payer les trois semaines de séjour. Pour les parents, les trois semaines de congés payés étaient utilisés à faire tout ce qu’il n’était pas possible d’effectuer le reste du temps et en particulier d’améliorer le confort de la maison. Je me souviens qu’à chaque fois que nous rentrions de colonie, il y avait quelque chose de changé à la maison, c’est ainsi qu’au terme d’une session au bord de la mer, nous découvrîmes avec émerveillement que nos parents avaient remplacé les meubles en bois de la cuisine par un équipement flambant neuf en formica, ce qui était de la dernière mode.

Quand j’eus douze ans, mes parents achetèrent une petite voiture d’occasion. Ce fut pour la famille une transformation complète puisque notre horizon s’élargit, on se mît à partir en vacances au bord de la mer en faisant du camping, on se rendit aussi les dimanches des jours d’été  au bord de la rivière pour de joyeuses baignades. Il va de soi que la présence d’une automobile à la maison changea considérablement notre vie quotidienne.

À suivre...

lundi 2 octobre 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : la vie quotidienne (10)

Suite de l’article précédent à propos de l’absence de télévision

Les dimanches étaient également bien occupés avec la messe le matin, la sortie en famille l’après-midi ou la venue d’invités à la maison  avec qui, souvent, s’organisaient  de passionnantes parties de cartes. On allait aussi les dimanches après-midi en famille au cinéma de la paroisse.

De même, on n’avait pas le temps de s’ennuyer le jeudi : catéchisme le matin et patronage l’après-midi.

Avec le temps, nos loisirs évoluèrent, on se retrouvait entre copains et copines de la rue pour de longues balades en forêt, à pieds puis à vélo ; je me souviens en particulier, de jeux dans un saule près de notre maison où chacun se construisait une cabane. Lorsqu’il pleuvait, on jouait à des jeux de société, Les parents n’avaient aucune crainte de nous laisser sortir car dans, notre quartier, il n’y avait pas d’insécurité.

Pendant les vacances scolaires, tout, pour les enfants, n’était pas que jeux ; il fallait participer aux diverses tâches inhérents à la vie quotidienne de la maison ; comme pendant les jours de classe, on mettait la table et on aidait à la vaisselle, on faisait son lit, on balayait la cuisine… ; en outre, presque tous les jours, notre mère nous faisait faire une dictée afin d’améliorer notre niveau d'orthographe.

On allait chercher de l’herbe pour les lapins, on aidait aussi au jardin afin de soulager les parents, on allait ramasser les fruits et les légumes, en particulier lorsqu’on faisait des conserves ; je me souviens parfaitement de longs après-midi où il fallait couper les haricots verts en petits morceaux et ôter les fils, puis écosser les haricots secs.. La fin des vacances d’été était marquée par le bêchage du jardin. Lorsque je devins plus grand, je dus participer aux travaux de la maison : je me mis à peindre, à monter des murs en agglomérés sous la conduite de mon père, j’appris à bricoler, ce qui me fut bien utile plus tard.

Ainsi, nous étions suffisamment occupés pour ne jamais ressentir des manques ou de l’ennui. Nous eûmes la télévision très tard seulement  quand nos études furent terminées,  car nos parents disaient, à juste titre, qu’on ne pouvait pas, en même temps, être studieux et regarder la télévision.

A suivre...

samedi 30 septembre 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : la vie quotidienne (9)

Suite de l'article précédent

L’absence de télévision ne nous posait pas de problèmes ; d’abord, parce que la possession d’une télévision était rarissime dans les classes populaires et n’était réservé qu’aux personnes qui avaient les moyens de s’en acheter une ; ensuite, parce que, à cette époque, on n’avait pas le temps de s’ennuyer.

Dans la journée de semaine,  tous étaient affairés à leur tâche, école pour les enfants, travail et soin du ménage pour les parents ; ce n’est que pendant et après le repas du soir que la famille pouvait se retrouver ; le repas était, en effet, l’occasion pour chacun de raconter les événements marquants de la journée et de parler de tout ce qui semblait important.

Le moment des informations écoutées à la radio était très important pour tous ; en effet, des événements dramatiques se déroulèrent pendant mon enfance et, en  particulier, en Algérie. Les familles n’avaient qu’une crainte, c’était que la guerre s’éternise et que leurs garçons y soient envoyés. Je me souviens parfaitement, par exemple, des barricades de 1958 et fut soulagé de l’arrivée au pouvoir du Général de Gaulle que beaucoup ressentaient comme un sauveur. Je me souviens aussi la menace de voir les parachutistes venus d'Algérie déferler sur la France lors du « pronunciamiento de généraux en retraite »

Après les informations, une fois la cuisine balayée et la vaisselle lavée par la mère de famille puis essuyée et rangée par les enfants, chacun, à la cuisine, se livrait à ses activités personnelles. Les parents lisaient le journal qu’on nous livrait chaque jour et dont ils n’avaient eu le temps le matin que de lire les gros titres, faisaient les mots croisés ; la famille  écoutait aussi la radio et en particulier les feuilletons, les enfants sortaient leurs jeux ou finissaient d’apprendre leurs leçons et les faisaient réciter, on pouvait aussi jouer à des jeux de société. Cette période de détente en famille durait assez peu, puisque que les enfants devaient encore se laver pour aller se coucher vers 20 heures.

À suivre..

jeudi 28 septembre 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : la vie quotidienne (8)

Suite de l’article précédent à propos de l’absence de réfrigérateurs

Un laitier passait tous les matins avec, dans son camion, de gros bidons de lait et de la crème fraîche ; quand on entendait son klaxon, on sortait avec son pot à lait, le laitier le remplissait de une à deux mesures au moyen d’une louche. Ce lait était évidemment du lait entier, on le consommait en y ajoutant du café  ou du chocolat le matin au petit-déjeuner et au goûter.

Il y avait aussi des épiciers, des bouchers et des boulangers ambulants pour ceux qui ne pouvaient aller en courses. L'un de ces marchands ambulants,  était le « marchand de charbon », on allait dans son atelier commander le charbon et il venait nous le livrer, le charbon en boulets était vendu en sacs de 50 kg, ils étaient amenés sur une benne de camion à ciel ouvert, le livreur prenait ces sacs sur la benne, les transportait sur le dos jusqu’au bac à charbon et il se penchait afin de verser le charbon dans ce bac par-dessus sa tête.

Le fait que la plupart des gens élevaient des poules et des lapins permettait de disposer de viande fraîche, palliant aussi à l’absence de réfrigérateur. On donnait à ces lapins toutes les épluchures et les restes de nourriture qui n’avaient pas été mangé dont le pain rassis. Il fallait aussi aller chercher de l’herbe dans les champs surtout au printemps, c’était souvent le rôle des enfants, il fallait faire attention à l’herbe que l’on ramassait car certaines étaient des poisons, faisant gonfler le ventre des lapins et les faisant mourir.

On tuait les lapins généralement pour les repas du dimanche ou quand il y avait des invités. C’était pour moi un crève-cœur de voir tuer des bêtes aussi gentilles à qui on parlait quand on avait un gros chagrin et qui semblaient nous écouter, mais le lendemain, on mangeait sa viande de bon appétit. Une partie du lapin était rôtie pour le midi et le reste était cuit en sauce pour le soir où le lendemain.

On gardait les peaux encore sanguinolentes suspendues jusqu’au passage du «  marchand de peaux de lapins » à qui on les vendait. Ces peaux permettaient, entre autre,  de fabriquer de chauds manteaux.

L’absence de réfrigérateur n’était finalement gênante que lors des grands repas, mariage ou communion, en ce cas, la seule solution était d’acheter ou se faire livrer des pains de glace que l’on mettait dans l’auge à eau de pluie.

Pour le reste, il fallait faire avec ! Cela induisait un mode de vie particulier ; ce qui était cuisiné devait être mangé le jour même où le lendemain surtout qu’à cette époque, on ne jetait rien, tout était utilisé, comme je l'ai écrit plus haut,  y compris les épluchures données aux lapins et les os au chien, les légumes restant étaient gardés pour faire la soupe du soir, les fruits devenaient de bons clafoutis, le pain rassis pouvait être transformé en un délicieux « pain perdu »,

Jeter du pain était alors considéré comme inacceptable aux yeux de tous ceux qui avaient souffert des restrictions de la guerre.

Cette nécessité de consommer rapidement tout ce que la mère de famille cuisinait n’impliquait cependant pas de vivre au jour le jour, outre les bocaux, les fruits et les pommes de terre que l’on gardait à la cave, beaucoup de gens disposaient de réserves de nourriture, des boîtes de conserves, du sucre, du café de l’huile… ils se souvenaient des privations de la guerre et tenaient à avoir chez eux de quoi tenir le coup quelques semaines. On était à l’époque de la guerre froide et, pour  beaucoup de gens, la perspective de voir éclater une troisième guerre mondiale était plausible.

Mes lecteurs pourraient penser que j’effectue beaucoup de digressions : je m’en rends bien compte, cela est dû à la manière dont j’écris, une idée me fait souvenir d’une autre et ainsi de suite. Afin de recadrer un peu mon propos, je vais maintenant décrire notre vie sans télévision.

À suivre…

mardi 26 septembre 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : la vie quotidienne (7)

Suite de l’article précédent

L’absence de réfrigérateur n’était pas non plus un problème dans les années 1950-60, nous y pallions par diverses dispositions :

D’abord, il y avait les légumes et fruits du jardin que l’on mangeait au fur et à mesure de la récolte ;  quand les productions du jardin excédaient les besoins, on faisait des conserves en bocaux pour l’hiver. Les pommes de terre et les légumes qui se conservaient étaient entreposés à  la cave, à l’abri de la lumière et du gel. Il était cependant rare que l’on puisse faire la soudure d’une année sur l’autre. Au printemps, on allait chercher des pissenlits pour faire la salade.

Ensuite et surtout, on allait tous les jours en course pour s’approvisionner , il y avait partout de petits magasins, épicerie, boucherie, boulangerie, mercerie, quincaillerie…Dans certains magasins coopératifs, on recevait, à chaque achat, des timbres correspondant à la valeur de cet achat, on les collait sur de grandes feuilles de papier et on les rendait au magasin en échange de cadeaux.

Chez l’épicier, à part les conserves en boites et quelques denrées préemballées en paquet, tout était vendu à la pièce, mis dans un sac en papier, puis pesé ; de même, on amenait son litre de vin vide et l'épicier le remplissait à même le tonneau qu’il gardait dans son arrière-boutique.

Dans les boucheries, il n'y avait aucune viande ni charcuterie pré-emballées, le boucher découpait la viande devant le client sur un billot de bois au moyen d'un tranchoir.

 Aller faire ses courses, était  un moyen de rencontrer les gens du quartier et de discuter, ce qui permettait de développer la convivialité entre voisins. Quand ils n’avaient pas école, les enfants étaient souvent envoyés faire des courses, les plus jeunes avaient une liste de commissions qu’ils donnaient à l’épicier afin qu’il les serve. On payait en fin de quinzaine ou en fin de mois, quand le père de famille ramenait la paie, versée alors directement en argent liquide.

À ce propos, le plus souvent, le père donnait  directement la paie à sa femme qui se chargeait des comptes ; à cette époque, la plupart des femmes ne travaillaient pas ou se contentaient de petits métiers du type " femme de ménage".

Chez nous,  l’argent était mis dans une boite gardée dans un casier du buffet de cuisine. On ne disposait évidemment pas de carnet de chèques ni de compte bancaire. On dit parfois que, le jour de la paie, le père dépensait une partie de celle-ci au bistrot ; ce n’était évidemment pas le cas pour la majorité des gens, car la mère de famille était la maîtresse de maison et gérait seule son ménage ainsi que l’argent de celui-ci.

À suivre…

dimanche 24 septembre 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : la vie quotidienne (6)


Suite de l’article précédent

C’était aussi sur l’évier de la cuisine que l’on  effectuait sa toilette. Une cuvette spécifique était utilisée pour cela, chacun se lavait à tour de rôle le soir avant d’aller se coucher de manière à ne pas trop salir les draps ;  les enfants se lavaient en premier, les parents faisaient leur toilette quand les enfants étaient couchés. Quand nous primes de l’âge, on mît une sorte de paravent pour préserver notre intimité. On se lavait par « petits bouts » en axant tout particulièrement sur ce qui s’était sali dans la journée. Quand on se lavait les pieds, on déplaçait la cuvette sur une chaise pour plus de commodité.  Pour se laver, on utilisait, bien entendu, l’eau chaude contenue dans la bouilloire. Le matin, on se débarbouillait rapidement les mains et le visage et on se nettoyait les dents. En outre, il fallait se laver les mains très souvent et en particulier avant et après les repas.

Une fois par semaine, généralement le samedi, on se lavait entièrement, toujours sur l’évier de la cuisine ; c’était le moment où on changeait de linge, il est évident cependant que les filles se changeaient plus souvent que les garçons.

Était-on propre ? Je pense que oui, on faisait avec les moyens dont on disposait. Il y avait des bains douches municipaux mais je n’y ai jamais été. À partir du moment où nous eûmes une salle de bains, nous changeâmes bien évidemment nos habitudes d’hygiène,

Une particularité de cette époque concernait les WC. Il n’y avait pas de papier toilette spécifique comme actuellement et nous n’avions pas de chasse d’eau. En guise de papier toilette, nous utilisions des vieux journaux que nous découpions en petites feuilles rectangulaires ; quant à l’eau de nettoyage de la cuvette, elle provenait de l'eau de l’auge que l’on allait chercher au moyen d’un seau.

À suivre

vendredi 22 septembre 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : la vie quotidienne (5)

Suite de l'article précédent 

C’est dans le  cadre que j’ai décrit précédemment,que se déroulait notre vie quotidienne. Celle-ci était, bien évidemment, très différente de celle de l’époque actuelle et je me propose d’en montrer quelques particularités  à commencer par ce que je me souviens de la manière dont on lavait le linge.

Tout dépendait du type de linge à laver. Le petit linge était lavé sur l’évier de la cuisine. En dessous de ce dernier se trouvaient les cuvettes de la maison, l’une servait au lavage du linge, deux autres étaient utilisées pour le lavage et le rinçage de la vaisselle, une autre servait à la toilette des membres de la famille.

Le linge était lavé à l’eau chaude de la bouilloire. Il était ensuite mis à sécher sur les fils  de la cour ou sur ceux de l’appentis qui jouxtait les pièces d’habitations. On avait aussi un fil à linge dans la cuisine, au-dessus de la cuisinière. En ce cas, l’odeur de la lessive embaumait toute la cuisine, ce qui était très agréable, on disait que ça sentait le propre.

Le lavage du «blanc» et en particulier des draps  nécessitait un processus plus complet ; dans ma famille, on commençait par laver le linge dans l’auge qui recueillait l’eau de pluie et était pourvue d’un plan de travail.  Pour cela, on utilisait le savon et la brosse. Ce travail était fait à l’eau froide, ce qui n’était guère agréable. Les mères de famille n’ayant pas d’auges à la maison se rendaient aux lavoirs municipaux, c’était pour elles un lieu de travail mais aussi de convivialité, là se rapportaient en effet les derniers potins du quartier ; souvent le travail était ponctué de grands éclats de rires ! On disait que le lavoir était pour les femmes le pendant du bistrot pour les hommes.

Une fois le linge bien décrassé, il fallait le faire bouillir pour terminer le lavage. Pour cela, on utilisait une grosse lessiveuse pourvue d’un champignon central. La lessiveuse pleine de linge, d’eau et de lessive  était placée  sur la cuisinière et l’eau bouillante qui se trouvait dans la partie basse de la lessiveuse remontait par le champignon, ce qui créait un mouvement circulaire aussi efficace que celui de nos machines à laver moderne. La lessiveuse dégageait des effluves qui parfumaient toute la cuisine.  Cette lessiveuse ne servait pas qu’à faire bouillir le linge, on y mettait aussi les bocaux emplis des produits du jardin pour les stériliser, enfin je me souviens qu'elle servait aussi à nous faire prendre un bain quand nous étions petits, toutes ces actions se passaient à la cuisine.

Quand le linge était lavé, il fallait le rincer à l’eau froide dans l’auge, puis on l’étendait sur les fils, soit dehors, soit dans l’appentis. En hiver, il fallait rentrer le gros linge à la cuisine, je me souviens avoir ramassé des draps  complètement solidifiés par le gel pour les rentrer au chaud, c’était pour moi un plaisir de le faire. Nous n’avions pas de table à repasser, elle était remplacée par une couverture surmontée d’un drap étendu sur la table de la cuisine.

A suivre..

mercredi 20 septembre 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : la vie quotidienne (4)

Les quatre pièces d’habitations que j’ai décrites dans les articles précédents  formaient un ensemble de forme rectangulaire qui correspondait à la maison primitive construite par mon grand-père. Au fur et à mesure de ses disponibilités financières, la famille agrandit la maison afin d’inclure, sous le même toit, tout ce dont nous avions besoin ; cela constituait un ensemble de communs que je me propose de décrire ci-dessous.

D’abord, fut construite une entrée carrelée servant de sas entre l’extérieur et la cuisine ; dans cette entrée se trouvaient les toilettes.

Un peu plus loin, s’étendait un vaste espace comportant tout d’abord des auges permettant de recueillir l’eau ; ces auges étaient alimentées principalement par les chêneaux recueillant l’eau de pluie du toit ; elles étaient pourvues également d’un robinet d’eau en cas de sécheresse.

Dans cet espace était installé l’atelier et l’établi de bricolage de mon père, il y avait aussi des  fils à linge pour les cas où on ne pouvait pas étendre le linge dans la cour. Cet atelier n’était évidemment pas chauffé.

Au-delà de l’atelier, se trouvait une longue annexe que nous appelions garage, elle donnait directement sur la rue. Le terme de garage était relativement impropre puisque nous n’avions pas de voiture automobile. Dans ce garage, étaient  construites deux grandes auges, l’une pour le bois et l’autre pour le charbon, elles étaient  facilement accessibles de la rue, ce qui était très utile pour les livraisons de charbon.

Près de ces auges étaient installées les cages à lapins.

Enfin, dans ce garage on rangeait les vélos ainsi que la mobylette que notre père utilisait pour se rendre au travail.

Nous disposions enfin d’une petite cour comportant les fils à linge ainsi que la niche du chien quand nous en eûmes un. Le chien dormait toute l’année dans la cour, c’est seulement quand il gelait en hiver qu’on le rentrait, soit dans l’atelier, soit même à la cuisine.  On ne trouvait alors  pratiquement pas de chiens d’appartement,  au moins dans les classes populaires. Avoir un chien était bien utile à deux points de vue : d’abord, c’était un bon gardien, ensuite et surtout, il mangeait, concurremment avec les lapins, les reliefs du repas qu’on ne pouvait pas garder.

À suivre.