On palliait assez facilement à cet état de fait ; d’abord, parce que tout ce dont on avait besoin se trouvait dans le quartier ou dans sa proximité immédiate, ensuite, parce que nous avions à notre disposition un grand nombre de moyens de se déplacer. Selon les endroits où nous voulions aller, on pouvait s’y rendre à pieds, à vélo ou en transport en commun. Nous avions, en bas de la rue, un tramway qui nous menait un peu partout dans la ville jouxtant notre village ; pour les trajets plus lointains, on utilisait le train ou le bus.
Certes, notre aire de déplacement était assez restreinte mais cela suffisait pour les besoins de notre vie sociale et culturelle.
A cette époque, faute d'automobile, la plupart des gens des classes populaires ne partaient pas en vacances ; les parents restaient à la maison tandis que les enfants étaient envoyés en colonies de vacances, si toutefois la famille avait de quoi payer les trois semaines de séjour. Pour les parents, les trois semaines de congés payés étaient utilisés à faire tout ce qu’il n’était pas possible d’effectuer le reste du temps et en particulier d’améliorer le confort de la maison. Je me souviens qu’à chaque fois que nous rentrions de colonie, il y avait quelque chose de changé à la maison, c’est ainsi qu’au terme d’une session au bord de la mer, nous découvrîmes avec émerveillement que nos parents avaient remplacé les meubles en bois de la cuisine par un équipement flambant neuf en formica, ce qui était de la dernière mode.
Quand j’eus douze ans, mes parents achetèrent une petite voiture d’occasion. Ce fut pour la famille une transformation complète puisque notre horizon s’élargit, on se mît à partir en vacances au bord de la mer en faisant du camping, on se rendit aussi les dimanches des jours d’été au bord de la rivière pour de joyeuses baignades. Il va de soi que la présence d’une automobile à la maison changea considérablement notre vie quotidienne.
À suivre...