REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

jeudi 12 octobre 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : la vie quotidienne (15)

Suite de l’article précédent 

La dernière caractéristique contribuant à notre bonheur était que nous disposions d’un cadre de vie stable et rassurant.

Il était très rare, au moins dans les milieux populaires, que l’on divorce, surtout quand il y avait des enfants ; les parents étaient mariés pour la vie entière, même s’il y avait des querelles dans le couple ou si la femme était malheureuse du fait de l’alcoolisme de son mari.

Dans la famille, chacun avait sa place, le père de famille travaillait pour subvenir aux besoins du ménage. La mère de famille, même si elle travaillait, était la maîtresse absolue dans la maison. Outre les tâches ménagères, c’est elle qui s’occupait de la tenue de son foyer ; elle considérait que, quand son mari rentrait harassé de sa journée de travail, il ne devait pas avoir à accomplir de tâches domestiques,

C’etait aussi à sa femme que généralement,  le mari remettait l’argent de la paie qu’il recevait en argent liquide ; de même, c’était elle qui gérait les comptes de la famille.

Enfin, c’est la mère de famille qui s’occupait prioritairement de l’éducation des enfants. Le seul moment où le père intervenait effectivement, survenait quand ceux-ci avaient commis une faute grave (bêtise, réprimande du maître, bagarre, impolitesse…) ; ces fautes graves étaient souvent assorties de menaces du type : «  quand ton père saura cela ! » Le père de famille devenait alors le recours qui jugeait sans appel, il était, pour un instant, le détenteur de l’autorité et personne ne contredisait ses décisions. À ce moment, les enfants craignaient l’autorité de leur père même si, au fond de lui-même, celui-ci savait qu’il jouait un rôle déplaisant qui lui répugnait. .

Il convient cependant de tempérer ce qui précède, car les moments de complicité étaient nombreux entre le père et ses enfants lors des activités de la famille, c’est lui qui présidait aux jeux de ballon, de cartes, aux baignades, aux sorties en vélo. C’est aussi avec leur père,  que les enfants participaient au bricolage, avaient un petit bout de jardin à entretenir...  Se voir déléguer un petit travail était à la fois un gage de l’estime que le père portait à son enfant et surtout un moyen pour lui de transmettre toutes les techniques et savoir-faire que l'expérience lui avait permis d’acquérir.

Ainsi, on peut résumer les trois critères qui rendirent ma jeunesse heureuse et que j’exprimerai par trois aphorismes :
   . Se contenter de ce qu’on avait mérité grâce à  son travail,
   . Communiquer pour aplanir les différends,
   . Vivre dans une cellule familiale stable où chacun à  sa place.

À suivre

mardi 10 octobre 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : la vie quotidienne (14)

suite de l'article précédent

La deuxième source du bonheur provenait du fait que l’on prenait le temps de se parler et de communiquer tant à l’intérieur de la famille qu’avec les autres. Le moment principal de la convivialité familiale était le repas du soir, chacun racontait sa journée, on commentait l’actualité, on faisait des projets. Certes, il arrivait que les discussions deviennent houleuses, en particulier quand les parents refusaient d’acquiescer à une demande de leurs enfants ; cependant, ces querelles avaient le mérite de la franchise et laissaient moins de rancœur que si elles n’avaient pas éclatées et si les différents avaient été dissimulés. D’ailleurs, sauf quand il s’agissait de la part des enfants de demandes d’argent, on arrivait assez vite à un modus vivendi entre eux et leurs parents.

Ainsi, pouvoir se parler avec franchise aplanissait beaucoup de difficultés et de différents en leur permettant de ne pas dégénérer.

Le fait de communiquer entre membres de la famille comportait un autre avantage : celui de permettre la mise en pratique des enseignements moraux appris à l’école et au catéchisme. Lorsque les enfants avaient eu des comportements s’éloignant de ces critères moraux, les parents leur expliquaient leur erreur, les sermonnaient ou même les punissaient. De même, il y avait la vertu de l’exemple, les parents mettaient en pratique devant leurs enfants les grands principes régissant leur vie, ce qui créait une harmonie des comportements autour de ces critères : tolérance, compassion, sens du devoir et du travail bien fait, tels étaient généralement les valeurs que les parents transmettaient à leurs enfants dans la plupart des familles.

Il va de soi que ce qui précède n’existait pas dans toutes les familles, c’était en particulier le cas quand le père et plus rarement la mère  buvaient et rentraient ivres à la maison, en ce cas, aucune communication n’était possible et les actes de violence dominaient. Selon ce dont je me souviens, ces situations étaient plutôt minoritaires.

A suivre...

dimanche 8 octobre 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : la vie quotidienne (13)

suite de l'article précédent

Il me reste à évoquer, en conclusion de ce chapitre, une question fondamentale : était-on heureux à cette époque ? La réponse à cette question ne peut être que subjective, car propre à chacun ; en ce qui me concerne, la réponse est, sans conteste, oui. Ce n’est pas parce que j’ai  la nostalgie de ma jeunesse ou parce que j’ai gommé de ma mémoire tous les événements négatifs que j’affirme cela ; je me base plutôt sur des critères objectifs d’explication.

D’abord, les classes populaires ne vivaient pas,  pour la plupart, dans une société de consommation alors en gestation, pour deux raisons au moins :
   . Nous n’avions pas d’argent pour le faire, ce qui était un facteur rédhibitoire pour freiner les dépenses.
   . Surtout, les équipements que nous achetions étaient simples et robustes, ils duraient très longtemps, le plus souvent une vie entière, c’était le cas du linge de maison, du matériel électrique et, bien entendu, des outils manuels. S’il y avait une panne, on pouvait trouver sans difficulté un réparateur.

Dans notre famille, on partait d’un principe simple : on achetait que ce qu’on pouvait se payer en faisant des économies. Certes, il fallait attendre parfois longtemps, mais, quelle joie c’était, quand un nouvel équipement arrivait dans la maison ! On en profitait d’autant plus que le temps permettant de l’acquérir avait été plus long ! On ne cherchait pas à s’endetter pour avoir tout, tout de suite, on préférait attendre et ressentir la satisfaction d’avoir gagné, par son travail, un nouvel équipement.

Certes, certains recouraient à l’emprunt, soit auprès des banques,  soit auprès d’usuriers. On ressentait cela comme  un mauvais calcul car il fallait rembourser et payer de lourds intérêts qui nécessitaient de nouveaux emprunts et faisaient entrer les gens dans un engrenage infernal. Dans notre famille élargie, on avait plutôt recours à des prêts internes :  celui qui avait un peu d’argent « de côté » se voyait sollicité par ceux ayant un besoin ponctuel d’argent pour des prêts de courte durée qui étaient au plus vite remboursés.

Ainsi, notre vie quotidienne n’était pas troublée par les désirs insatiables du « toujours plus », ni angoissée par la perspective de rembourser ses prêts. On se contentait de ce qu’on avait, ce qui était le plus sûr moyen d’être heureux.

Certes, ce que j’ai écrit est un peu idéalisé, car beaucoup de gens se laissait déjà séduire par la société de consommation, mais, c’était plus vis-à-vis des autres que cela se produisait : ainsi, avoir une voiture, puis posséder une voiture plus grosse que celle de son voisin était une préoccupation que l’on trouvait partout.

De même, un certain nombre de familles géraient leurs ressources dans l’immédiateté ;  le jour de la paie, elles achetaient ce qu’elles avaient envie et se serraient la ceinture le reste du temps.

A suivre

vendredi 6 octobre 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : la vie quotidienne (12)

Suite de l’article précédent

Nous n'avions pas non plus de téléphone. Les seuls moyens de communication à notre disposition étaient l’échange de lettres ou de cartes postales ; pour les nouvelles les plus urgentes, on pouvait aussi envoyer un télégramme, c’était angoissant d’en recevoir car, en général, il annonçait de mauvaises nouvelles. Dans le quartier, le bouche à oreilles fonctionnait parfaitement, tout le monde se connaissait et les nouvelles se transmettaient très vite dans tout le village ; cette transmission s'effectuait de toute sorte de manières : lorsque les femmes allaient laver leur linge au lavoir, lorsque les hommes se rassemblaient au bistrot, lors des files d'attente dans les boutiques, à la sortie de la messe... les nouvelles étaient ensuite colportées de voisins en voisins, avec, bien entendu, de nombreuses déformations.

A cette époque, il était impossible de vivre dans l’immédiateté, si on envoyait une lettre, on ne  pouvait espérer une réponse que plusieurs jours après. Il fallait se résoudre à attendre ! C’était surtout gênant quand quelqu’un partait en voyage, on ne pouvait pas savoir tout de suite si le voyage s’était bien passé. L’adage en mode était : « pas de nouvelles, bonnes nouvelles ».

L’absence de téléphone avait néanmoins un avantage : on envoyait beaucoup plus de lettres qu’actuellement, ce qui permettait aux adultes d’utiliser les acquis orthographiques appris à l’école et donc de ne pas les oublier ;  la plupart d’entre eux écrivaient sans pratiquement de fautes d’orthographe, l’écriture, comme d’ailleurs la lecture, était donc alors l’outil essentiel de communication, ce qui n’est plus le cas actuellement.

À suivre...

mercredi 4 octobre 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : la vie quotidienne (11)

L’absence d’automobile était une autre composante de ma jeunesse. Certes, il nous arrivait de ressentir un manque, surtout quand nous voyions la voiture rutilante de mon oncle, mais on s’adaptait par la force des choses.

On palliait assez facilement à cet état de fait ; d’abord, parce que tout ce dont on avait besoin se trouvait dans le quartier ou dans sa proximité immédiate, ensuite, parce que nous avions à notre disposition un grand nombre de moyens de se déplacer.  Selon les endroits où nous voulions aller, on pouvait s’y rendre à pieds, à vélo ou en transport en commun. Nous avions, en bas de la rue, un tramway qui nous menait un peu partout dans la ville jouxtant notre village ; pour les trajets plus lointains, on utilisait le train ou le bus.

Certes, notre aire de déplacement était assez restreinte mais cela suffisait pour les besoins de notre vie sociale et culturelle.

A cette époque, faute d'automobile,  la plupart des gens des classes populaires ne partaient pas en vacances ; les parents restaient à la maison tandis que les enfants étaient envoyés en colonies de vacances, si toutefois la famille avait de quoi payer les trois semaines de séjour. Pour les parents, les trois semaines de congés payés étaient utilisés à faire tout ce qu’il n’était pas possible d’effectuer le reste du temps et en particulier d’améliorer le confort de la maison. Je me souviens qu’à chaque fois que nous rentrions de colonie, il y avait quelque chose de changé à la maison, c’est ainsi qu’au terme d’une session au bord de la mer, nous découvrîmes avec émerveillement que nos parents avaient remplacé les meubles en bois de la cuisine par un équipement flambant neuf en formica, ce qui était de la dernière mode.

Quand j’eus douze ans, mes parents achetèrent une petite voiture d’occasion. Ce fut pour la famille une transformation complète puisque notre horizon s’élargit, on se mît à partir en vacances au bord de la mer en faisant du camping, on se rendit aussi les dimanches des jours d’été  au bord de la rivière pour de joyeuses baignades. Il va de soi que la présence d’une automobile à la maison changea considérablement notre vie quotidienne.

À suivre...

lundi 2 octobre 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : la vie quotidienne (10)

Suite de l’article précédent à propos de l’absence de télévision

Les dimanches étaient également bien occupés avec la messe le matin, la sortie en famille l’après-midi ou la venue d’invités à la maison  avec qui, souvent, s’organisaient  de passionnantes parties de cartes. On allait aussi les dimanches après-midi en famille au cinéma de la paroisse.

De même, on n’avait pas le temps de s’ennuyer le jeudi : catéchisme le matin et patronage l’après-midi.

Avec le temps, nos loisirs évoluèrent, on se retrouvait entre copains et copines de la rue pour de longues balades en forêt, à pieds puis à vélo ; je me souviens en particulier, de jeux dans un saule près de notre maison où chacun se construisait une cabane. Lorsqu’il pleuvait, on jouait à des jeux de société, Les parents n’avaient aucune crainte de nous laisser sortir car dans, notre quartier, il n’y avait pas d’insécurité.

Pendant les vacances scolaires, tout, pour les enfants, n’était pas que jeux ; il fallait participer aux diverses tâches inhérents à la vie quotidienne de la maison ; comme pendant les jours de classe, on mettait la table et on aidait à la vaisselle, on faisait son lit, on balayait la cuisine… ; en outre, presque tous les jours, notre mère nous faisait faire une dictée afin d’améliorer notre niveau d'orthographe.

On allait chercher de l’herbe pour les lapins, on aidait aussi au jardin afin de soulager les parents, on allait ramasser les fruits et les légumes, en particulier lorsqu’on faisait des conserves ; je me souviens parfaitement de longs après-midi où il fallait couper les haricots verts en petits morceaux et ôter les fils, puis écosser les haricots secs.. La fin des vacances d’été était marquée par le bêchage du jardin. Lorsque je devins plus grand, je dus participer aux travaux de la maison : je me mis à peindre, à monter des murs en agglomérés sous la conduite de mon père, j’appris à bricoler, ce qui me fut bien utile plus tard.

Ainsi, nous étions suffisamment occupés pour ne jamais ressentir des manques ou de l’ennui. Nous eûmes la télévision très tard seulement  quand nos études furent terminées,  car nos parents disaient, à juste titre, qu’on ne pouvait pas, en même temps, être studieux et regarder la télévision.

A suivre...

samedi 30 septembre 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : la vie quotidienne (9)

Suite de l'article précédent

L’absence de télévision ne nous posait pas de problèmes ; d’abord, parce que la possession d’une télévision était rarissime dans les classes populaires et n’était réservé qu’aux personnes qui avaient les moyens de s’en acheter une ; ensuite, parce que, à cette époque, on n’avait pas le temps de s’ennuyer.

Dans la journée de semaine,  tous étaient affairés à leur tâche, école pour les enfants, travail et soin du ménage pour les parents ; ce n’est que pendant et après le repas du soir que la famille pouvait se retrouver ; le repas était, en effet, l’occasion pour chacun de raconter les événements marquants de la journée et de parler de tout ce qui semblait important.

Le moment des informations écoutées à la radio était très important pour tous ; en effet, des événements dramatiques se déroulèrent pendant mon enfance et, en  particulier, en Algérie. Les familles n’avaient qu’une crainte, c’était que la guerre s’éternise et que leurs garçons y soient envoyés. Je me souviens parfaitement, par exemple, des barricades de 1958 et fut soulagé de l’arrivée au pouvoir du Général de Gaulle que beaucoup ressentaient comme un sauveur. Je me souviens aussi la menace de voir les parachutistes venus d'Algérie déferler sur la France lors du « pronunciamiento de généraux en retraite »

Après les informations, une fois la cuisine balayée et la vaisselle lavée par la mère de famille puis essuyée et rangée par les enfants, chacun, à la cuisine, se livrait à ses activités personnelles. Les parents lisaient le journal qu’on nous livrait chaque jour et dont ils n’avaient eu le temps le matin que de lire les gros titres, faisaient les mots croisés ; la famille  écoutait aussi la radio et en particulier les feuilletons, les enfants sortaient leurs jeux ou finissaient d’apprendre leurs leçons et les faisaient réciter, on pouvait aussi jouer à des jeux de société. Cette période de détente en famille durait assez peu, puisque que les enfants devaient encore se laver pour aller se coucher vers 20 heures.

À suivre..

jeudi 28 septembre 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : la vie quotidienne (8)

Suite de l’article précédent à propos de l’absence de réfrigérateurs

Un laitier passait tous les matins avec, dans son camion, de gros bidons de lait et de la crème fraîche ; quand on entendait son klaxon, on sortait avec son pot à lait, le laitier le remplissait de une à deux mesures au moyen d’une louche. Ce lait était évidemment du lait entier, on le consommait en y ajoutant du café  ou du chocolat le matin au petit-déjeuner et au goûter.

Il y avait aussi des épiciers, des bouchers et des boulangers ambulants pour ceux qui ne pouvaient aller en courses. L'un de ces marchands ambulants,  était le « marchand de charbon », on allait dans son atelier commander le charbon et il venait nous le livrer, le charbon en boulets était vendu en sacs de 50 kg, ils étaient amenés sur une benne de camion à ciel ouvert, le livreur prenait ces sacs sur la benne, les transportait sur le dos jusqu’au bac à charbon et il se penchait afin de verser le charbon dans ce bac par-dessus sa tête.

Le fait que la plupart des gens élevaient des poules et des lapins permettait de disposer de viande fraîche, palliant aussi à l’absence de réfrigérateur. On donnait à ces lapins toutes les épluchures et les restes de nourriture qui n’avaient pas été mangé dont le pain rassis. Il fallait aussi aller chercher de l’herbe dans les champs surtout au printemps, c’était souvent le rôle des enfants, il fallait faire attention à l’herbe que l’on ramassait car certaines étaient des poisons, faisant gonfler le ventre des lapins et les faisant mourir.

On tuait les lapins généralement pour les repas du dimanche ou quand il y avait des invités. C’était pour moi un crève-cœur de voir tuer des bêtes aussi gentilles à qui on parlait quand on avait un gros chagrin et qui semblaient nous écouter, mais le lendemain, on mangeait sa viande de bon appétit. Une partie du lapin était rôtie pour le midi et le reste était cuit en sauce pour le soir où le lendemain.

On gardait les peaux encore sanguinolentes suspendues jusqu’au passage du «  marchand de peaux de lapins » à qui on les vendait. Ces peaux permettaient, entre autre,  de fabriquer de chauds manteaux.

L’absence de réfrigérateur n’était finalement gênante que lors des grands repas, mariage ou communion, en ce cas, la seule solution était d’acheter ou se faire livrer des pains de glace que l’on mettait dans l’auge à eau de pluie.

Pour le reste, il fallait faire avec ! Cela induisait un mode de vie particulier ; ce qui était cuisiné devait être mangé le jour même où le lendemain surtout qu’à cette époque, on ne jetait rien, tout était utilisé, comme je l'ai écrit plus haut,  y compris les épluchures données aux lapins et les os au chien, les légumes restant étaient gardés pour faire la soupe du soir, les fruits devenaient de bons clafoutis, le pain rassis pouvait être transformé en un délicieux « pain perdu »,

Jeter du pain était alors considéré comme inacceptable aux yeux de tous ceux qui avaient souffert des restrictions de la guerre.

Cette nécessité de consommer rapidement tout ce que la mère de famille cuisinait n’impliquait cependant pas de vivre au jour le jour, outre les bocaux, les fruits et les pommes de terre que l’on gardait à la cave, beaucoup de gens disposaient de réserves de nourriture, des boîtes de conserves, du sucre, du café de l’huile… ils se souvenaient des privations de la guerre et tenaient à avoir chez eux de quoi tenir le coup quelques semaines. On était à l’époque de la guerre froide et, pour  beaucoup de gens, la perspective de voir éclater une troisième guerre mondiale était plausible.

Mes lecteurs pourraient penser que j’effectue beaucoup de digressions : je m’en rends bien compte, cela est dû à la manière dont j’écris, une idée me fait souvenir d’une autre et ainsi de suite. Afin de recadrer un peu mon propos, je vais maintenant décrire notre vie sans télévision.

À suivre…