Nous n'avions pas non plus de téléphone. Les seuls moyens de communication à notre disposition étaient l’échange de lettres ou de cartes postales ; pour les nouvelles les plus urgentes, on pouvait aussi envoyer un télégramme, c’était angoissant d’en recevoir car, en général, il annonçait de mauvaises nouvelles. Dans le quartier, le bouche à oreilles fonctionnait parfaitement, tout le monde se connaissait et les nouvelles se transmettaient très vite dans tout le village ; cette transmission s'effectuait de toute sorte de manières : lorsque les femmes allaient laver leur linge au lavoir, lorsque les hommes se rassemblaient au bistrot, lors des files d'attente dans les boutiques, à la sortie de la messe... les nouvelles étaient ensuite colportées de voisins en voisins, avec, bien entendu, de nombreuses déformations.
A cette époque, il était impossible de vivre dans l’immédiateté, si on envoyait une lettre, on ne pouvait espérer une réponse que plusieurs jours après. Il fallait se résoudre à attendre ! C’était surtout gênant quand quelqu’un partait en voyage, on ne pouvait pas savoir tout de suite si le voyage s’était bien passé. L’adage en mode était : « pas de nouvelles, bonnes nouvelles ».
L’absence de téléphone avait néanmoins un avantage : on envoyait beaucoup plus de lettres qu’actuellement, ce qui permettait aux adultes d’utiliser les acquis orthographiques appris à l’école et donc de ne pas les oublier ; la plupart d’entre eux écrivaient sans pratiquement de fautes d’orthographe, l’écriture, comme d’ailleurs la lecture, était donc alors l’outil essentiel de communication, ce qui n’est plus le cas actuellement.
À suivre...
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