REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

lundi 11 mai 2015

Mentalités et comportements au temps de la croisade (65) : LES FORTERESSES DES TEMPLIERS et le système de défense des états francs


LES FORTERESSES DU COMTÉ DE TRIPOLI

Au niveau de son littoral, le Comté de Tripoli commence au sud de MARGAT et se termine un peu au nord de Beyrouth ; quant à son arrière-pays,  comme pour la principauté d'Antioche, il est fluctuant : il ne comporte que des points isolés sur le littoral à l'époque de Raymond de Saint-Gilles, puis forme une ligne littorale continue avant de se développer jusqu'à la plaine de la Beqa, ensuite il régresse pour se cantonner aux rebords orientaux du Djebel Ansarieh et du mont Liban ; ces deux limites naturelles sont assez sûres d'autant qu'elles sont surveillées par un réseau efficace de forteresses.

Le comté est essentiellement centré sur la plaine d'Akkar qui s'épanouit sur le littoral entre Tortose et Tripoli, puis se développe en un sillon parallèle à la Beqa appelé la Boquée, et ensuite se rétrécit vers Homs en triangle ; c'est la trouée la plus méridionale de la partie nord du littoral. Appelée actuellement la trouée d'Homs, elle ouvre le passage vers la riche et fertile plaine de la Beqa. Celle-ci étant, bien entendu  l'objet de la convoitise des croisés qui tentèrent de la conquérir.

Comme dans la principauté d'Antioche, on peut classer les forteresses en quatre grandes catégories :
     . Les forteresses littorales,
     . Les forteresses établies à mi-hauteur des versants surveillant et contrôlant  la trouée d'Homs,
     . Les forteresses adossées aux pentes dominant la Beqa et contrôlant un col,
     . Les forteresses de colonisation établies dans la plaine de la Beqa et perdues en 1187

Les templiers possèdent trois de ces forteresses : TORTOSE, ARIMA et CHASTEL BLANC,

Comme pour la principauté d'Antioche, mon but n'est pas d'effectuer une description exhaustive des forteresses franques maïs beaucoup plus de déterminer la signification d'ensemble de leur localisation.

Les forteresses littorales 
Du nord au sud, on trouve successivement :
   - TORTOSE, la ville avait été prise par un détachement envoyé par Raymond de Toulouse lors du siège d'Archas. Sitôt le siège d'Archas levé, l'émir de Tripoli avait repris la cité ; après la conquête de Jerusalem, le comte de Toulouse, désireux de se créer une principauté autour de Tripoli dont il avait constaté la richesse, revint dans la région et réussit à s'emparer de Tortose dont il fit le point de départ de ses expéditions ultérieures. La place fut ensuite remise aux templiers, peu après une attaque de Nur-Al-Din survenue en 1152 qui s'employèrent à la renforcer pour la rendre inexpugnable. Face à Tortose se trouve un îlot, Rouad, qui fut également fortifié.
   - entre Tortose et Tripoli, sur le rivage de la plaine d'Akkar, on ne trouve pas de forteresses car il n'y a pas de promontoires littoraux pour en construire.
   - vers le sud, on trouve Tripoli que Raymond de saint Gilles s'était résigné à ne pas conquérir lors de la première croisade. Apres la prise de Tortose, il jeta son dévolu sur Tripoli et, pour s'en emparer, il construisit un château à quelques distances de la cité alors centrée autour de son port, CHÂTEAU PÈLERIN, à partir duquel il lança les attaques sur Tripoli. C'est dans de château qu'il mourut en 1105. La place de Tripoli ne sera conquise qu'en 1109.
   - au sud de Tripoli, la côte redevient rocheuse ce qui permit la construction de forteresses  surveillant la route littorale :   CALAMON (1) puis NEPHRIN (2) établi sur un cap rocheux de 400 mètres  de long, puis LE PUY DU CONNÉTABLE (3) qui surveille un étroit défilé entre versant et rivage, ne laissant place qu'à la route, BOUTRON, enfin GIBELET, l'antique Byblos au débouché d'un route difficile qui mène à Baalbeck.

dimanche 10 mai 2015

Mentalités et comportements au temps de la croisade (64) : LES FORTERESSES DES TEMPLIERS et le système de défense des états francs

Suite de l'article précédent

LES AUTRES FORTERESSES FRANQUES DE LA PRINCIPAUTÉ D'ANTIOCHE

Il est hors de mon propos de donner ici une description détaillée des forteresses franques, mais beaucoup plus de déterminer les conceptions qui présidèrent à leur localisation. A cet égard, les quatre types de forteresses définies précédemment permettent une classification assez simple :

En premier lieu se trouvent les forteresses littorales, la plus imposante est celle de MARGAT qui domine le port de Banias, et contrôle la route littorale.  GIBEL possède aussi une forteresse établie dans un théâtre antique

Les plus importantes forteresses surveillent les passages entre le littoral et le fossé d'effondrement qui porte au sud du pont de fer le nom de GHAB.
     . Le pont de fer (DJISR EL HADID) (5) était lui-même fortifié par deux tours qui furent prises par les francs vers 1161. Il etait contrôlé par le château d'HARRENC qui l'objet de luttes entre francs et turcs : il fut pris par les francs en 1098, repris par les armées de Nur EL Din de 1149 à 1158, récupéré par les francs puis reconquis par Nur  en 1164, au moment de Hattin, la forteresse est aux mains des turcs.
     . La route qui relie Lattaquie au pont du moyen Oronte (le DJISR EL SHROG) (7)  était surveillé  par un ensemble cohérent de grandes forteresses : EL-AIDO établi sur une croupe escarpée dominant le confluent de deux cours d'eau qui constituent le Nahr Khebir. SAONE établi sur un promontoire et surveillant a la fois la route de Lattaquié à l'Oronte mais aussi un col du littoral à l'Oronte situé plus au sud.

Une troisième catégorie comporte quelques forteresses qui sont établies sur les dernières pentes de la montagne à la fois pour surveiller le fossé d'effondrement et pour contrôler les cols traversant la chaîne du Djebel Ansarieh, c'est le cas par exemple du château de BOURZEY qui domine le Gharb.

Enfin, quelques forteresses ont été construites après la première croisade pour créer des centres de fiefs de colonisation : ces forteresses, au moment de la bataille de Hattin, ont  été reprises par les turcs, ce fut le cas de MAARAT (9) qui subit un siège de cinq semaines au moment de la première croisade et où fut construit le château franc  de La Marre et qui fut ensuite repris par les turcs et d'APAMEE.(8)

Enfin, se trouvent deux particularités qu'il convient de signaler :
     - les deux châteaux de LAYCAS et de MALAVANS (11 de la carte) qui furent conquis par les ismaéliens, connus sous le nom de secte des Assassins. Cette conquête fit que la frontière entre la principauté et le comté se réduisit à une étroite frange de terrain.
      - le château de CURSAT appartenant au patriarche d'Antioche qui en fit son refuge.




samedi 9 mai 2015

Mentalités et comportements au temps de la croisade (63) : LES FORTERESSES DES TEMPLIERS et le système de défense des états francs

LES FORTERESSES DE LA PRINCIPAUTÉ D'ANTIOCHE.

La principauté d'Antioche s'étend au niveau de son littoral du golfe d'Alexandrette (2) à Banyas  (VALENIE pour les francs) avec un arrière-pays qui se limite un peu avant 1187 au niveau des crêtes dominant l'Oronte et le fossé d'effondrement. Les conquêtes effectuées au delà ayant été perdues.

Elles comporte deux trouées importantes, celle d'Antioche (4) entre DJEBEL AMANUS ET DJEBEL AKRA et celle de Lattaquié entre le DJEBEL AKRA et le DJEBEL ANSARIEH.

ces deux trouées débouchent chacune sur un pont établi sur l'Oronte dont le contrôle ouvre les accès vers l'Est  :
     .  le pont de fer (DJISR EL HADID) (5)  au niveau de la trouée d'Antioche qui contrôle la route menant à Alep.
     .  le pont établi sur le moyen Oronte (DJISR EL SHOGHR) (7), que l'on rejoint à partir de Lattaquié en remontant le cours du NHAL KHEBIR et qui mène également à Alep mais aussi à Apamée et au moyen-Euphrate.

La principauté comporte une plaine littorale étroite mais pourvue de nombreux ports : Arzouz (3) (PORT BONNEL), PORT SAINT SIMÉON (6) , exutoire d'Antioche, Lattaquié (ancienne LAODICÉE), GIBEL et VALENIE ( Banyas)

La localisation des forteresses franques dépend de ces contingences géographiques :
   - surveillance des trouées et des cols au moyen de forteresses établies sur les pentes montagneuses qui bordent ces trouées et sur les pentes dominant le fossé d'effondrement.
   - protection et garde des ports et du littoral.

LES FORTERESSES DES TEMPLIERS DANS LA PRINCIPAUTÉ D'ANTIOCHE

Les spécialistes en mentionnent quatre, citées par divers textes mais dont la localisation reste incertaine pour deux au moins.

La première, ROCHE DE ROISSEL, localisée par la toponymie locale, est une forteresse littorale gardant l'étroite bande côtière entre le rivage et les pentes du Djebel Amanus. Là passe une route qui, dans cette région disputée entre francs, arméniens et byzantins, fut fréquemment une voie d'invasion. A l'endroit le plus étroit, se trouve un site appelé la Portelle, (1) ce qui témoigne de l'exiguïté du passage. Le château de ROCHE DE ROISSEL est destiné d'abord à cette défense de cette route stratégique.

Un autre rôle de la forteresse est de protéger les rares ports qui se trouvent sur le littoral : Arsouz ( PONT BONNEL) (3) qui serait aussi le siège d'une commanderie et un port appelé actuellement Minat El Fridji, port des francs. L'autre port situé plus au Nord, Alexandrette, (2) trop proche de la Portelle et sur la voie des invasions, était trop peu sûr pour être utilisé efficacement par les francs.

Les trois autres forteresses templières se trouvaient sur les hauteurs du versant oriental du Djebel Amanus ; elles faisaient office de marches-frontières depuis la chute d'Edesse,  contrôlaient les passes et cols qui reliaient le littoral à l'intérieur mais aussi surveillaient les mouvements ennemis du fossé d'effondrement :
     . ROCHE GUILLAUME au nord contrôlait la passe qui partait de la Portelle et traversait l'Amanus
     . TRAPEZAC au nord-est et GASTON ( Baghras) au sud-est surveillaient la route qui menait de la région d'Alexandrette, au  col de Beylan puis débouchait sur le fossé d'effondrement.

Elles furent remises à l'ordre du Temple à une date imprécise, sans doute vers 1154 ;  en 1168,  TRAPEZAC et GASTON étaient possession des templiers quand un renégat de l'ordre s'en empara et fit allégeance à Nur Al Din ; à la mort de ce renégat, l'ordre reprit possession des deux châteaux qu'ils conservaient encore en 1187.

A suivre...

vendredi 8 mai 2015

Mentalités et comportements au temps de la croisade (62) : LES FORTERESSES DES TEMPLIERS et le système de défense des états francs

LES CARACTÉRISTIQUES GÉNÉRALES (suite de l'article précédent)

La localisation des forteresses franques était étroitement dépendante des contingences géographiques.

En premier lieu, il convenait de protéger le littoral et les ports permettant de relier les états de Terre Sainte à l'Occident et en particulier de recevoir les croisés venus en pèlerinage. Les ports furent dotés, pour la plupart, de forteresses établies dans la ville elle-même ou sur les hauteurs la dominant.

Ensuite, il convenait de protéger les trouées principales mais aussi les cols qui permettaient de traverser la montagne. Ces forteresses se trouvaient sur des éminences ou des éperons situées au niveau des premières pentes des montagnes avec un double objectif :
     . Empêcher la réussite des invasions venues de l'est : il suffisait aux garnisons qui s' y trouvaient de descendre de leurs citadelles pour prendre l'ennemi latéralement ou à revers.
     . Servir de poste avancé pour une éventuelle attaque vers le fossé d'effondrement aux fins de conquête.

Un troisième type de forteresse était construit en vue de la colonisation des espaces orientaux lorsque, lors dans premiers temps de la conquête,  les armées franques s'avancèrent vers l'est au delà même du  fossé d'effondrement. Cette conquête s'accompagnait  de la création de fiefs centrés autour de châteaux fortifiés. A l'époque  juste antérieure à Hattin, ces fiefs et ces châteaux n'étaient plus du domaine des francs et avaient été reconquis par les turcs.

Il convient aussi d'ajouter que des grandes forteresses dépendaient des forts plus petits  et des fortins de surveillance, ils prenaient souvent la forme de tours carrées évoquant un donjon.

Une quatrième caractéristique générale concerne plus spécifiquement les templiers : il avait été clairement spécifié dans l'acte initial de création de la Milice des pauvres chevaliers du Christ que le rôle des chevaliers de l'ordre était de protéger les pèlerins et de sécuriser les routes de pèlerinage vers les lieux saints. Ils construisirent le long de ces routes des structures  défensives qui se muèrent vite en puissances forteresses.

A cela s'ajoutèrent des forteresses installées à des endroits dépourvus de sites de pèlerinage dans un but purement militaire, en particulier dans la principauté d'Antioche et dans le comté de Tripoli ; l'explication en est simple : au début de la création des états francs, ils n'intervenaient pas dans leur défense ; les forteresses furent construites par les croisés qui avaient constitué des fiefs dans les pays conquis ; peu à peu, ces derniers devinrent incapables de les gérer de les entretenir ; beaucoup les remirent aux ordres militaires et en particulier aux templiers qui constituaient les seules forces franques  structurées en Terre sainte.  C'est dans cette perspective qu'il faut comprendre la présence de châteaux templiers dans les deux états francs septentrionaux.

Les templiers associent donc deux types de forteresses :
   . Les unes sont établies sur les routes de pèlerinage, elles se trouvent essentiellement dans le royaume de Jerusalem,
   . Les autres n'ont qu'un rôle militaire et s'établissent aux marches frontières des états francs.

jeudi 7 mai 2015

Mentalités et comportements au temps de la croisade (61) : LES FORTERESSES DES TEMPLIERS et le système de défense des états francs.

LES CARACTÉRISTIQUES GÉNÉRALES

La description que je me propose d'entreprendre des forteresses templières et plus généralement des forteresses franques correspondra à la période comprise entre 1144, date de la prise d'Edesse et 1087, date de la désastreuse bataille de Hattin qui fit disparaître une grande partie des États Francs de Terre Sainte surtout au niveau du royaume de Jérusalem.

Cette bataille et la reconquête effectuée ensuite par Saladin conduisirent à un changement de cap des comportements :
     . avant 1187, les princes francs pouvaient encore mener des offensives victorieuses vers l'est dans la perspective de conquête, c'était en particulier le cas quand l'ost franc était renforcé par la venue de croisés occidentaux.
     . après Hattin, ce ne sera plus le cas,  les états francs seront obligés de se cantonner à une politique presque uniquement défensive.

La période 1144-1187 est pour moi celle de l'épanouissement des états francs en ce qui concerne la politique de fortification après la phase de conquête et d'installation. C'est à ce moment que l'on discerne le mieux les objectifs qui conduisent à la localisation des forteresses.  Cette organisation stratégique sera laminée et disparaîtra après la bataille de Hattin.


La construction de ces forteresses témoigne d'un art très élaboré tant au niveau de leur réalisation que de leur localisation. Cet art était bien plus perfectionné que celui que l'on trouvait à la même époque en Occident, il ne fut cependant pas inventé de toutes pièces par les francs :
   - d'abord, parce qu'ils imitèrent ce qu'ils vont trouver sur place et qui témoignait d'une architecture plus avancée que la leur,
   - ensuite par le fait qu'ils réoccupèrent de nombreux points stratégiques déjà fortifiés par les byzantins ou par les princes musulmans.
Il n'eurent donc qu'à imiter et à perfectionner ce qu'ils voyaient. Cet art sera ensuite exporté par les croisés en Occident et conduira à un renouvellement conséquent des anciens châteaux-forts.

Si on considère la localisation de ces forteresses, on constate qu'elle est étroitement dépendante de la topographie des états francs. Celle ci se caractérise par deux éléments d'ensemble que j'ai reproduit ci-contre sur la carte correspondant à  la géographie de la principauté d'Antioche et du comté de Tripoli :


La structure générale du relief s'organise en bandes parallèles de direction Nord-Sud. Ainsi, de l'ouest à l'est apparaissent cinq ensembles :

     . Une succession d'étroites plaines littorales aux sols fertiles et comportant des abris littoraux favorables à l'installation des ports.

     . Puis se développent un ensemble montagneux découpé en massifs par des trouées transversales : DJEBEL AMANUS (1), DJEBEL EL AKRA (2), DJEBEL ANSARIEH (3), MONT LIBAN (4). Ces montagnes créent une barrière entre le littoral et l'arrière-pays. Parmi ces massifs, le moins pénétrable est le Djebel Ansarieh qui se compose d'un ensemble de croupes calcaires séparées par d'étroites vallées. Ce djebel a toujours été une zone de refuge mais elle a servi aussi de base d'attaque ; à l'époque des croisades, sa partie sud était occupé par la secte dit des Assassins, des musulmans ismaéliens, qui menèrent une politique d'attentats contre les princes francs. Cette zone formait alors un dangereux tampon entre le principauté d'Antioche et le comté de Tripoli.

    . A l'est de cette ligne, se trouve un ensemble de fossé d'effondrement (10) correspondant à cette profonde cassure qui se poursuit vers le sud par la vallée du Jourdain, la mer Morte, la mer Rouge puis par le Rift africain. Cette zone longue et étroite est favorable à l'homme tant au niveau agricole qu'à celui des routes commerciales et des voies musulmanes de pèlerinage vers les lieux saints de l'Islam.

    . A l'est encore apparaissent des reliefs moins élevés que les montagnes (5) au sud bordant le littoral ; ces reliefs forment transition avec les plaines et plateau du Moyen-Orient et en particulier avec la Mésopotamie.

A ces structures longitudinales s'ajoutent des éléments transversaux, les trouées parcourues par les rivières  :
     . Au nord, se trouve la trouée d'Antioche (6) parcourue par l'Oronte (9) (qui jusqu'alors coulait selon la direction Sud-Nord dans le fossé d'effondrement et bifurque par cette trouée vers l'ouest )  Au débouché de cette trouée, il était possible de gagner Alep mais aussi d'emprunter les voies Nord-Sud du fossé d'effondrement.
     . La deuxième trouée est celle qui part du port de Lattaquié (5) et remonte vers le nord-est par la vallée du Djisr El Shoghr, rejoint l'Oronte puis la vallée du moyen Euphrate.
     . La troisième trouée (8)  se développe en en triangle entre Tartous (Tortose) et Tripoli et permet de gagner Homs. Cette trouée est l'axe central ouest-est du comté de Tripoli, encadré de part et d'autre part le Djebel Ansarieh et la montagne du Liban.

Ces trouées qui compartimentent le relief possèdent un triple rôle à l'époque médiévale  :
    . Elles peuvent servir de voies d'invasion pour les princes turcs.
    . Elles peuvent aussi servir de base aux ambitions de conquête des francs.
    . Elles constituent des voies de communications et commerciales importantes et permettent de gagner la grande voie Nord-Sud qui mène vers l'Arabie.

C'est en fonction de ces caractéristiques topographiques que seront établies le réseau de forteresses franques.

à suivre

mardi 5 mai 2015

La GNOSE (2) : les exemples de BASILIDES et MARCION

Suite de l'article précédent

LE SALUT
Il apparait une double caractéristique explicitement mentionnée par MARCION selon les écrits de saint Irenée, mais que  BASILIDE indique aussi :
    . Le salut ne concerne que l'âme.
    . Le salut ne peut être obtenu par la mise en application dans sa vie de l'enseignement des prophètes hébreux ni par le respect de la Loi car l'un et l'autre proviennent des anges pervertis et malfaisants qui ont créé le monde et dont le chef est le démiurge, le Dieu des juifs.

MARCION va même jusqu'à effectuer une inversion de ceux qui seront sauvés : pour lui, le salut s'appliquera à tous les peuples païens car ils ont reconnu le Christ lors de sa descente aux Enfers, par contre ce ne sera pas le cas des prophètes et des hébreux qui l'ont rejeté.

" il n'y aura de salut que pour les âmes seulement, pour celles du moins qui auront appris son enseignement  ( du Christ) ; quant au corps, du fait qu'il a été tiré de la terre, il ne peut avoir part au salut. 

Caïn et ses pareils, les gens de Sodome, les Égyptiens et ceux qui leur ressemblent, les peuples païens qui se sont vautrés dans toute espèce de mal, tous ceux-là ont été sauvés par le Seigneur lors de sa descente aux enfers, car ils sont accourus vers lui et il les a pris dans son royaume ; au contraire, Abel, Hénoch, Noé et les autres «justes», Abraham et les patriarches issus de lui, ainsi que tous les prophètes et tous ceux qui ont plu à Dieu, tous ceux-là n'ont point eu part au salut"
 ( IRENÉE DE LYON A PROPOS DE MARCION)

Il n'y a de salut que pour l'âme seule, car le corps est corruptible par nature. Les prophéties proviennent elles aussi des Archontes auteurs du monde, mais la Loi provient à titre propre de leur chef, c'est-à-dire de celui qui a fait sortir le peuple de la terre d'Egypte. ( IRENÉE DE LYON A PROPOS DE BASILIDE)

à suivre..

lundi 4 mai 2015

La GNOSE : les exemples de BASILIDES et MARCION

les deux articles qui vont suivre constituent une parenthèse dans l'étude des mentalités de la croisade, ils visent à aller plus loin dans la pensée gnostique évoquée lors de la description du sceau à l'abraxas 

On ne connaît pas directement la pensée de ces deux philosophes gnostiques, mais on connaît leur doctrine par la réfutation qu'en a fait saint Irénée de Lyon évêque de Lyon (177-205) auteur de la "Réfutation de la prétendue gnose au nom menteur". Irénée, dans cet ouvrage, commence à décrire les différentes théories gnostiques puis, dans une seconde partie, il rédige la réfutation de celles-ci. Afin de ne pas travestir la pensée de Basilide et de Marcion, je citerai ici les extraits significatifs du texte de saint Irénée en le faisant précéder de mon commentaire.

Dans un premier temps Saint Irénée décrit la conception de Basilide concernant la HIÉRARCHISATION DU COSMOS  avec :
     . Le père inengendré,
     . De ce Dieu suprême naît l'intellect qui sera le Christ,
     . De l'intellect naît le Logos, la connaissance,
     . Du logos naît la prudence,
     . De la prudence naît la sagesse et la puissance,
     . De la sagesse et de la puissance naissent les vertus, les anges et les archontes qui créent le premier ciel,
     . Par réplique des précédents naissent d'autres anges, qui créent un deuxième ciel,
     . Puis apparaissent ainsi un troisième puis un quatrième ciel et ainsi de suite jusqu'à que se créent 365 ciels. Au fur et à mesure que se sécrètent les ciels, ils se dégradent, passant du bien au mal.

" du Père inengendré est né d'abord l'Intellect, puis de l'Intellect le Logos ; puis du Logos la Prudence ; puis de la Prudence la Sagesse et la Puissance ; puis de la Puissance et de la Sagesse, les Vertus, les Archontes et les Anges qu'il appelle premiers et par qui a été fait le premier ciel. Puis, par émanation à partir de ceux-ci, d'autres Anges sont venus à l'existence et ont fait un second ciel semblable au premier. De la même manière, d'autres Anges encore sont venus à l'existence par émanation à partir des précédents, comme réplique de ceux qui sont au-dessus d'eux, et ont fabriqué un troisième ciel. Puis, de cette troisième série d'Anges, une quatrième est sortie par dégradation, et ainsi de suite. De cette manière, assurent-ils, sont venues à l'existence des séries successives d'Archontes et d'Anges, et jusqu'à 365 cieux. Et c'est pour cette raison qu'il y a ce même nombre de jours dans l'année, conformément au nombre des cieux. (IRÉNÉE DE LYON A PROPOS DE BASILIDE)

LA CRÉATION DE L'UNIVERS SENSIBLE a été le fait des anges du dernier monde créé, le plus dégradé ; une fois la création effectuée, ils se sont partagés les nations en devenant leurs dieux. L'un d'entre eux, leur chef, le Dieu des juifs, a voulu faire en sorte que son peuple puisse l'emporter sur toutes les autres, ce qui occasionna les guerres et la désolation. Selon MARCION, ce Dieu est un être malfaisant, aimant les guerres, inconstant dans ses résolutions et se contredisant lui-même. Un autre gnostique CERDON, en tire, selon Irenée de Lyon, une autre conséquence et enseigne "que le Dieu annoncé par la Loi et les prophètes n'est pas le Père de notre Seigneur Jésus-Christ : car le premier a été connu et le second est inconnaissable, l'un est juste et l'autre est bon."

" Les Anges qui occupent le ciel inférieur, celui que nous voyons, ont fait tout ce que renferme le monde et se sont partagé entre eux la terre et les nations qui s'y trouvent. Leur chef est celui qui passe pour être le Dieu des Juifs. Celui-ci ayant voulu soumettre les autres nations à ses hommes à lui, c'est-à-dire aux Juifs, les autres Archontes se dressèrent contre lui et le combattirent. Pour ce motif aussi les autres nations se dressèrent contre la sienne."  . (IRÉNÉE DE LYON A PROPOS DE BASILIDE)

LA PLACE DE JÉSUS DANS LES SYSTÈMES GNOSTIQUES
Dans la pensée gnostique, le Christ est le propre fils du dieu suprême," l'intellect du père inengendré"   qui prit la forme de Jésus. Il ne fut pas crucifié, car il y eut substitution  de personne : Simon de Cyrène prenant la place de Jésus et inversement, le Christ remonta auprès de celui qui l'avait envoyé. La conséquence de cette substitution est qu'il  n'y a aucune raison de prétendre que la crucifixion fut le sacrifice par lequel le Christ apporta la rédemption au monde

" Alors le Père inengendré et innommable, voyant la perversité des Archontes, envoya l'Intellect, son Fils premier-né — c'est lui qu'on appelle le Christ — pour libérer de la domination des Auteurs du monde ceux qui croiraient en lui. Celui-ci apparut aux nations de ces Archontes, sur terre, sous la forme d'un homme, et il accomplit des prodiges. Par conséquent, il ne souffrit pas lui-même la Passion, mais un certain Simon de Cyrène fut réquisitionné et porta sa croix à sa place. Et c'est ce Simon qui, par ignorance et erreur, fut crucifié, après avoir été métamorphosé par lui pour qu'on le prît pour Jésus ; quant à Jésus lui-même, il prit les traits de Simon et, se tenant là, se moqua des Archontes. Etant en effet une Puissance incorporelle et l'Intellect du Père inengendré, il se métamorphosa comme il voulut, et c'est ainsi qu'il remonta vers Celui qui l'avait envoyé, en se moquant d'eux, parce qu'il ne pouvait être retenu et qu'il était invisible à tous.

Ceux donc qui « savent » cela ont été délivrés des Archontes auteurs du monde. Et l'on ne doit pas confesser celui qui a été crucifié, mais celui qui est venu sous une forme humaine, a paru crucifié, a été appelé Jésus et a été envoyé par le Père pour détruire, par cette « économie », les œuvres des Auteurs du monde. Si quelqu'un confesse le crucifié, dit Basilide, il est encore esclave et sous la domination de ceux qui ont fait les corps ; mais celui qui le renie est libéré de leur emprise et connaît l'« économie» du Père inengendré. (IRÉNÉE DE LYON A PROPOS DE BASILIDE)

MARCION reprend les mêmes idées en effectuant une lecture critique de l'Ancien Testament en condamnant trois types d'assertions :
     . L'enseignement des prophètes et la Loi car ils ne sont, selon lui, que l'émanation du Dieu des Juifs.
     . L'idée que la venue de Jésus  ait été annoncée par les prophètes. .
     . Les parties relatant les éléments historiques de la vie de Jésus ainsi que celles où celui-ci fait état de sa filiation avec le créateur de ce monde.

" Quant à Jésus, envoyé par le Père qui est au-dessus du Dieu Auteur du monde, il est venu en Judée au temps du gouverneur Ponce Pilate, procurateur de Tibère César ; il s'est manifesté sous la forme d'un homme aux habitants de la Judée, abolissant les prophètes, la Loi et toutes les œuvres du Dieu qui a fait le monde et que Marcion appelle aussi le Cosmocrator. En plus de cela, Marcion mutile l'Évangile selon Luc, éliminant de celui-ci tout ce qui est relatif à la naissance du Seigneur, retranchant aussi nombre de passages des enseignements du Seigneur, ceux précisément où celui-ci confesse de la façon la plus claire que le Créateur de ce monde est son Père. Par là, Marcion a fait croire à ses disciples qu'il est plus véridique que les apôtres qui ont transmis l'Évangile, alors qu'il met entre leurs mains, non pas l'Évangile, mais une simple parcelle de cet Évangile. Il mutile de même les épîtres de l'apôtre Paul, supprimant tous les textes où l'Apôtre affirme de façon manifeste que le Dieu qui a fait le monde est le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, ainsi que tous les passages où l'Apôtre fait mention de prophéties annonçant par avance la venue du Seigneur."
(IRÉNÉE DE LYON A PROPOS DE MARCION)

vendredi 13 mars 2015

Mentalités et comportements au temps de la croisade (38) : MUSULMANS ET CROISÉS

LE JUGEMENT DES MUSULMANS SUR LES "FRANCS"
Je me baserai pour cette partie sur les informations contenues dans les mémoires d'Osama Ibn Munqidh (1095-1188) qui eut l'occasion de côtoyer les francs dans sa jeunesse.
 
Les commentaires d'Osama Ibn Munqidh (1) sont évidemment très peu flatteurs envers les francs : en voici d'abord quelques citations générales  :
" Quiconque est au courant des qualités des francs est porté à glorifier et à sanctifier Allah le tout puissant [de ne pas leur ressembler ] car il a vu en eux des bêtes qui ont la supériorité du courage et de l'ardeur au combat mais aucune autre [qualité], de même que les animaux ont la supériorité de la force et de l'agression" .

"Les francs ne possèdent aucune des hautes qualités qui font la supériorité des autres hommes à l'exception de la bravoure" .

Ravaler  les croisés au niveau des animaux féroces en leur déniant presque le statut d'être humain est d'une grande sévérité. Pourtant, Osama Ibn Munqidh va légèrement tempérer son propos en faisant la distinction entre :
   . les croisés de la première heure possédant des fiefs et d'importants revenus et aspirant plutôt au calme et à la tranquillité.
   . les nouveaux arrivants attirés par l'appât du gain, désireux de faire fortune rapidement, impatients d'agir,  en quête de combats et d'aventure,  plein d'ambition ; ils critiquent les premiers croisés devenus des nantis, leurs aspirations à la paix sont assimilées à de la lâcheté et à la pactisation avec l'ennemi.

Une seconde série d'observations a trait au caractère guerrier de la société :" il n'y a chez eux de prééminence et de préséance que pour les cavaliers ; les cavaliers sont vraiment les seuls hommes, aussi leur demande-t'on de donner des conseils, de rendre la justice et de porter des jugements" ; cette caractéristique est évidemment étonnante pour un musulman à la fois parce que, dans la culture islamique, le prince est conseillé par les docteurs de la loi et non par des guerriers et aussi par le fait que la justice est rendue par des chevaliers au moyen de décisions orales et non par des juges rendant leurs arrêts au moyen de code.

Ainsi apparait dans les écrits d'Osama Ibn Munqidh une société organisée autour des chevaliers formant une caste militaire,  les uns à peu près policés au contact des orientaux, les autres, récemment arrivés ne manifestant aucune qualité humaine et ressemblant plus à des bêtes féroces qu'à des hommes.

Cette impression d'ensemble est renforcé par quelques anecdotes :

La première a trait à ce dualisme des croisés exprimée ci dessus : elle concerne un ami d'Osama Ibn Munqidh qui témoigne à la fois de l'attirance de quelques-uns pour l'orient et de la haine que suscite un musulman chez la plupart des francs ; cet ami est reçu d'abord par un croisé de la première génération :

« Il y a des Francs qui se sont établis dans le pays et se sont mis à vivre dans la familiarité des musulmans ; ils sont bien meilleurs que ceux qui viennent d’arriver fraîchement de leur pays d’origine, mais ils ne sont qu’une exception qui ne constitue pas la règle. A ce propos, j’envoyai un jour un ami régler une affaire à Antioche, dont le chef était Tudrus ibn as-Sâfi. Ce dépositaire de l’autorité, qui était mon ami, dit à celui que j’envoyais : « J’ai été invité par un Franc, viens avec moi pour voir comment ils vivent. »

Je l’accompagnai, raconte mon ami, et nous arrivâmes à la maison d’un chevalier, un de ceux, installés depuis longtemps.il avait été rayé des rôles... et dispensé de toute service militaire, de plus, avait été doté à Antioche d'un fief d'où il tirait sa subsistance.. Il vivait du revenu d’une propriété qu’il possédait à Antioche. Il fit installer une belle table avec des mets forts propres et très appetissants . En voyant que je m’abstenais de manger, il me dit : « Tu peux manger de bon appétit, car je ne mange pas la nourriture des Francs ; j’ai des cuisinières égyptiennes et je mange seulement ce qu’elles préparent ; du porc, il n’en entre pas chez moi. » 

Quelques jours après, je passais sur la place du marché lorsqu'une femme s'attacha à moi, proférant des cris barbares dans leur langue, je ne comprenais pas un mot de ce qu'elle me disait. Un rassemblement se forma autour de moi et j'eus la conviction que ma mort était proche, mais voici que ce même chevalier s'était avancé, il me vit, s'approcha et dit a la femme : qu'as-tu à faire avec ce musulman ?"," il est, répondit-elle, le meurtrier de mon frère Hurso"' or, Hurso était un chevalier d'Apamée qui avait été tué par un soldat de l'armée de Hama

Il va de soi que le musulman en question n'était pour rien dans la mort du frère de cette femme, mais il était musulman, cela suffisait pour qu'on l'insulte et qu'on le menace de mort !

La deuxième anecdote a trait à la pratique d'un médecin franc :

"  Le maître d’Al-Mounaytira, une forteresse qui relevait de Tripoli.. me demanda un jour, à Chayzar, (1) de lui envoyer un médecin pour quelques-uns de ses malades. Nous lui dépêchâmes le nôtre, Thâbit, un chrétien (de rite oriental) . Il revint si vite que nous lui fîmes compliment pour des soins si rapides, mais lui d’expliquer « On m’a montré un chevalier dont la jambe avait un abcès, ainsi qu’une femme atteinte de consomption (affaiblissement et amaigrissement) . Pour le premier, j’ai préparé un petit emplâtre, l’abcès a crevé et pris bonne tournure. Pour la seconde, j’ai pensé à une diète assortie d’un traitement approprié. 
[Avant même que le traitement prescrit fasse son effet, ]... survient un médecin franc, qui décide que je n’y connais rien. Il s’adresse au chevalier : « Que préfères-tu, vivre avec une jambe ou mourir avec deux ? » L’autre répond qu’il aime mieux vivre. Le médecin dit alors qu’il a besoin d’un chevalier robuste et d’une hache tranchante à souhait. J’assistais à la scène : notre homme installe la jambe de son patient sur un billot et ordonne au chevalier de la trancher, d’un seul coup. Mais au premier, la jambe résiste encore ; au second, la moelle se répand un peu partout et le malade meurt, là, tout de suite. Pas déconfit pour un sou, le médecin se rabat sur la femme, règle son cas : c’est un démon qu’elle a dans la tête. Il lui fait raser les cheveux. La femme ne s’en porte ni mieux ni plus mal, mais se met, contre mes indications, à manger, ainsi qu’on le fait chez les Francs, de l’ail et de la moutarde. Son état empire. L’autre déclare, péremptoire, que le démon ne gîtait pas à la surface de la tête, mais plus profondément qu’il ne l’avait cru d’abord. Il vous prend un rasoir, fait, sur le crâne, une incision en forme de croix, si terrible que l’os apparaît. Puis il frotte le tout avec du sel… et voilà, presque aussitôt, son second mort. »

Osama Ibn Munqidh est cependant objectif dans ses jugements : quand un médecin franc réussit à guérir, il le cite aussi !

La troisième anecdote témoigne de la bonne conscience des chrétiens qui ne se mettent jamais en doute sur leurs pratiques, sont convaincus de la supériorité de leur mode de vie et en témoignent sans retenue face aux musulmans qu'ils ressentent de culture inférieure.

" Ces mêmes Francs, pétris de courage et d’ardeur guerrière, manquent parfois du plus élémentaire jugement. Je m’en réfère à l’attitude d’un très honorable chevalier de chez eux,... qui, venu faire le pèlerinage de Jérusalem, allait s’en retourner chez lui, ...Quelques jours avant son départ, il m’entreprit ainsi, devant l’un de mes fils, âgé de quatorze ans, qui m’accompagnait : « Je m’en vais chez moi, comme tu le sais. Ce fils que tu as là, confie-le moi : dans mon pays, il observera les chevaliers, apprendra leur sagesse et leurs usages, et quand il reviendra chez lui, il sera un homme accompli. » Je fus choqué de pareils propos, qui me paraissaient, pour le coup, sortir d’une tête sans cervelle. ." .

on peut imaginer la stupéfaction d'Osama Ibn Munqidh quand il entendit de tels propos, lui qui possdait une culture de lettré ! "


(1) Ousâma Ibn Munqidh est le fils cadet de la famille qui tient la ville de Shayzar, fief arabe situé sur l’Oronte établi entre les émirats turcs de la région et les possessions chrétiennes.  Il est exilé par son oncle, l’émir de Shayzar  en 1131 et  devient un courtisan au service de Zengi, (atabeg de Mossoul et Alep, +1146 qui reconquiert Edesse) Nur ad-Din  (atabeg d'Alep et Mossoul +1147) et Saladin.