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lundi 4 mai 2015

La GNOSE : les exemples de BASILIDES et MARCION

les deux articles qui vont suivre constituent une parenthèse dans l'étude des mentalités de la croisade, ils visent à aller plus loin dans la pensée gnostique évoquée lors de la description du sceau à l'abraxas 

On ne connaît pas directement la pensée de ces deux philosophes gnostiques, mais on connaît leur doctrine par la réfutation qu'en a fait saint Irénée de Lyon évêque de Lyon (177-205) auteur de la "Réfutation de la prétendue gnose au nom menteur". Irénée, dans cet ouvrage, commence à décrire les différentes théories gnostiques puis, dans une seconde partie, il rédige la réfutation de celles-ci. Afin de ne pas travestir la pensée de Basilide et de Marcion, je citerai ici les extraits significatifs du texte de saint Irénée en le faisant précéder de mon commentaire.

Dans un premier temps Saint Irénée décrit la conception de Basilide concernant la HIÉRARCHISATION DU COSMOS  avec :
     . Le père inengendré,
     . De ce Dieu suprême naît l'intellect qui sera le Christ,
     . De l'intellect naît le Logos, la connaissance,
     . Du logos naît la prudence,
     . De la prudence naît la sagesse et la puissance,
     . De la sagesse et de la puissance naissent les vertus, les anges et les archontes qui créent le premier ciel,
     . Par réplique des précédents naissent d'autres anges, qui créent un deuxième ciel,
     . Puis apparaissent ainsi un troisième puis un quatrième ciel et ainsi de suite jusqu'à que se créent 365 ciels. Au fur et à mesure que se sécrètent les ciels, ils se dégradent, passant du bien au mal.

" du Père inengendré est né d'abord l'Intellect, puis de l'Intellect le Logos ; puis du Logos la Prudence ; puis de la Prudence la Sagesse et la Puissance ; puis de la Puissance et de la Sagesse, les Vertus, les Archontes et les Anges qu'il appelle premiers et par qui a été fait le premier ciel. Puis, par émanation à partir de ceux-ci, d'autres Anges sont venus à l'existence et ont fait un second ciel semblable au premier. De la même manière, d'autres Anges encore sont venus à l'existence par émanation à partir des précédents, comme réplique de ceux qui sont au-dessus d'eux, et ont fabriqué un troisième ciel. Puis, de cette troisième série d'Anges, une quatrième est sortie par dégradation, et ainsi de suite. De cette manière, assurent-ils, sont venues à l'existence des séries successives d'Archontes et d'Anges, et jusqu'à 365 cieux. Et c'est pour cette raison qu'il y a ce même nombre de jours dans l'année, conformément au nombre des cieux. (IRÉNÉE DE LYON A PROPOS DE BASILIDE)

LA CRÉATION DE L'UNIVERS SENSIBLE a été le fait des anges du dernier monde créé, le plus dégradé ; une fois la création effectuée, ils se sont partagés les nations en devenant leurs dieux. L'un d'entre eux, leur chef, le Dieu des juifs, a voulu faire en sorte que son peuple puisse l'emporter sur toutes les autres, ce qui occasionna les guerres et la désolation. Selon MARCION, ce Dieu est un être malfaisant, aimant les guerres, inconstant dans ses résolutions et se contredisant lui-même. Un autre gnostique CERDON, en tire, selon Irenée de Lyon, une autre conséquence et enseigne "que le Dieu annoncé par la Loi et les prophètes n'est pas le Père de notre Seigneur Jésus-Christ : car le premier a été connu et le second est inconnaissable, l'un est juste et l'autre est bon."

" Les Anges qui occupent le ciel inférieur, celui que nous voyons, ont fait tout ce que renferme le monde et se sont partagé entre eux la terre et les nations qui s'y trouvent. Leur chef est celui qui passe pour être le Dieu des Juifs. Celui-ci ayant voulu soumettre les autres nations à ses hommes à lui, c'est-à-dire aux Juifs, les autres Archontes se dressèrent contre lui et le combattirent. Pour ce motif aussi les autres nations se dressèrent contre la sienne."  . (IRÉNÉE DE LYON A PROPOS DE BASILIDE)

LA PLACE DE JÉSUS DANS LES SYSTÈMES GNOSTIQUES
Dans la pensée gnostique, le Christ est le propre fils du dieu suprême," l'intellect du père inengendré"   qui prit la forme de Jésus. Il ne fut pas crucifié, car il y eut substitution  de personne : Simon de Cyrène prenant la place de Jésus et inversement, le Christ remonta auprès de celui qui l'avait envoyé. La conséquence de cette substitution est qu'il  n'y a aucune raison de prétendre que la crucifixion fut le sacrifice par lequel le Christ apporta la rédemption au monde

" Alors le Père inengendré et innommable, voyant la perversité des Archontes, envoya l'Intellect, son Fils premier-né — c'est lui qu'on appelle le Christ — pour libérer de la domination des Auteurs du monde ceux qui croiraient en lui. Celui-ci apparut aux nations de ces Archontes, sur terre, sous la forme d'un homme, et il accomplit des prodiges. Par conséquent, il ne souffrit pas lui-même la Passion, mais un certain Simon de Cyrène fut réquisitionné et porta sa croix à sa place. Et c'est ce Simon qui, par ignorance et erreur, fut crucifié, après avoir été métamorphosé par lui pour qu'on le prît pour Jésus ; quant à Jésus lui-même, il prit les traits de Simon et, se tenant là, se moqua des Archontes. Etant en effet une Puissance incorporelle et l'Intellect du Père inengendré, il se métamorphosa comme il voulut, et c'est ainsi qu'il remonta vers Celui qui l'avait envoyé, en se moquant d'eux, parce qu'il ne pouvait être retenu et qu'il était invisible à tous.

Ceux donc qui « savent » cela ont été délivrés des Archontes auteurs du monde. Et l'on ne doit pas confesser celui qui a été crucifié, mais celui qui est venu sous une forme humaine, a paru crucifié, a été appelé Jésus et a été envoyé par le Père pour détruire, par cette « économie », les œuvres des Auteurs du monde. Si quelqu'un confesse le crucifié, dit Basilide, il est encore esclave et sous la domination de ceux qui ont fait les corps ; mais celui qui le renie est libéré de leur emprise et connaît l'« économie» du Père inengendré. (IRÉNÉE DE LYON A PROPOS DE BASILIDE)

MARCION reprend les mêmes idées en effectuant une lecture critique de l'Ancien Testament en condamnant trois types d'assertions :
     . L'enseignement des prophètes et la Loi car ils ne sont, selon lui, que l'émanation du Dieu des Juifs.
     . L'idée que la venue de Jésus  ait été annoncée par les prophètes. .
     . Les parties relatant les éléments historiques de la vie de Jésus ainsi que celles où celui-ci fait état de sa filiation avec le créateur de ce monde.

" Quant à Jésus, envoyé par le Père qui est au-dessus du Dieu Auteur du monde, il est venu en Judée au temps du gouverneur Ponce Pilate, procurateur de Tibère César ; il s'est manifesté sous la forme d'un homme aux habitants de la Judée, abolissant les prophètes, la Loi et toutes les œuvres du Dieu qui a fait le monde et que Marcion appelle aussi le Cosmocrator. En plus de cela, Marcion mutile l'Évangile selon Luc, éliminant de celui-ci tout ce qui est relatif à la naissance du Seigneur, retranchant aussi nombre de passages des enseignements du Seigneur, ceux précisément où celui-ci confesse de la façon la plus claire que le Créateur de ce monde est son Père. Par là, Marcion a fait croire à ses disciples qu'il est plus véridique que les apôtres qui ont transmis l'Évangile, alors qu'il met entre leurs mains, non pas l'Évangile, mais une simple parcelle de cet Évangile. Il mutile de même les épîtres de l'apôtre Paul, supprimant tous les textes où l'Apôtre affirme de façon manifeste que le Dieu qui a fait le monde est le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, ainsi que tous les passages où l'Apôtre fait mention de prophéties annonçant par avance la venue du Seigneur."
(IRÉNÉE DE LYON A PROPOS DE MARCION)

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