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jeudi 7 mai 2015

Mentalités et comportements au temps de la croisade (61) : LES FORTERESSES DES TEMPLIERS et le système de défense des états francs.

LES CARACTÉRISTIQUES GÉNÉRALES

La description que je me propose d'entreprendre des forteresses templières et plus généralement des forteresses franques correspondra à la période comprise entre 1144, date de la prise d'Edesse et 1087, date de la désastreuse bataille de Hattin qui fit disparaître une grande partie des États Francs de Terre Sainte surtout au niveau du royaume de Jérusalem.

Cette bataille et la reconquête effectuée ensuite par Saladin conduisirent à un changement de cap des comportements :
     . avant 1187, les princes francs pouvaient encore mener des offensives victorieuses vers l'est dans la perspective de conquête, c'était en particulier le cas quand l'ost franc était renforcé par la venue de croisés occidentaux.
     . après Hattin, ce ne sera plus le cas,  les états francs seront obligés de se cantonner à une politique presque uniquement défensive.

La période 1144-1187 est pour moi celle de l'épanouissement des états francs en ce qui concerne la politique de fortification après la phase de conquête et d'installation. C'est à ce moment que l'on discerne le mieux les objectifs qui conduisent à la localisation des forteresses.  Cette organisation stratégique sera laminée et disparaîtra après la bataille de Hattin.


La construction de ces forteresses témoigne d'un art très élaboré tant au niveau de leur réalisation que de leur localisation. Cet art était bien plus perfectionné que celui que l'on trouvait à la même époque en Occident, il ne fut cependant pas inventé de toutes pièces par les francs :
   - d'abord, parce qu'ils imitèrent ce qu'ils vont trouver sur place et qui témoignait d'une architecture plus avancée que la leur,
   - ensuite par le fait qu'ils réoccupèrent de nombreux points stratégiques déjà fortifiés par les byzantins ou par les princes musulmans.
Il n'eurent donc qu'à imiter et à perfectionner ce qu'ils voyaient. Cet art sera ensuite exporté par les croisés en Occident et conduira à un renouvellement conséquent des anciens châteaux-forts.

Si on considère la localisation de ces forteresses, on constate qu'elle est étroitement dépendante de la topographie des états francs. Celle ci se caractérise par deux éléments d'ensemble que j'ai reproduit ci-contre sur la carte correspondant à  la géographie de la principauté d'Antioche et du comté de Tripoli :


La structure générale du relief s'organise en bandes parallèles de direction Nord-Sud. Ainsi, de l'ouest à l'est apparaissent cinq ensembles :

     . Une succession d'étroites plaines littorales aux sols fertiles et comportant des abris littoraux favorables à l'installation des ports.

     . Puis se développent un ensemble montagneux découpé en massifs par des trouées transversales : DJEBEL AMANUS (1), DJEBEL EL AKRA (2), DJEBEL ANSARIEH (3), MONT LIBAN (4). Ces montagnes créent une barrière entre le littoral et l'arrière-pays. Parmi ces massifs, le moins pénétrable est le Djebel Ansarieh qui se compose d'un ensemble de croupes calcaires séparées par d'étroites vallées. Ce djebel a toujours été une zone de refuge mais elle a servi aussi de base d'attaque ; à l'époque des croisades, sa partie sud était occupé par la secte dit des Assassins, des musulmans ismaéliens, qui menèrent une politique d'attentats contre les princes francs. Cette zone formait alors un dangereux tampon entre le principauté d'Antioche et le comté de Tripoli.

    . A l'est de cette ligne, se trouve un ensemble de fossé d'effondrement (10) correspondant à cette profonde cassure qui se poursuit vers le sud par la vallée du Jourdain, la mer Morte, la mer Rouge puis par le Rift africain. Cette zone longue et étroite est favorable à l'homme tant au niveau agricole qu'à celui des routes commerciales et des voies musulmanes de pèlerinage vers les lieux saints de l'Islam.

    . A l'est encore apparaissent des reliefs moins élevés que les montagnes (5) au sud bordant le littoral ; ces reliefs forment transition avec les plaines et plateau du Moyen-Orient et en particulier avec la Mésopotamie.

A ces structures longitudinales s'ajoutent des éléments transversaux, les trouées parcourues par les rivières  :
     . Au nord, se trouve la trouée d'Antioche (6) parcourue par l'Oronte (9) (qui jusqu'alors coulait selon la direction Sud-Nord dans le fossé d'effondrement et bifurque par cette trouée vers l'ouest )  Au débouché de cette trouée, il était possible de gagner Alep mais aussi d'emprunter les voies Nord-Sud du fossé d'effondrement.
     . La deuxième trouée est celle qui part du port de Lattaquié (5) et remonte vers le nord-est par la vallée du Djisr El Shoghr, rejoint l'Oronte puis la vallée du moyen Euphrate.
     . La troisième trouée (8)  se développe en en triangle entre Tartous (Tortose) et Tripoli et permet de gagner Homs. Cette trouée est l'axe central ouest-est du comté de Tripoli, encadré de part et d'autre part le Djebel Ansarieh et la montagne du Liban.

Ces trouées qui compartimentent le relief possèdent un triple rôle à l'époque médiévale  :
    . Elles peuvent servir de voies d'invasion pour les princes turcs.
    . Elles peuvent aussi servir de base aux ambitions de conquête des francs.
    . Elles constituent des voies de communications et commerciales importantes et permettent de gagner la grande voie Nord-Sud qui mène vers l'Arabie.

C'est en fonction de ces caractéristiques topographiques que seront établies le réseau de forteresses franques.

à suivre

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