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samedi 4 octobre 2014

IMPRESSIONS DE CURE THERMALE (10)

LES RÉSERVES CONCERNANT LES PRATIQUES THERMALES

La première réserve émise par le corps médical concerne les critères d'agréments : alors que les médicaments font l'objet de longues procédures de certification et ne sont mis sur le marché qu'une fois le cursus complet accompli, les soins thermaux ne font pas l'objet d'enquête sur leur efficacité : les responsables des thermes semblent dire :  " à quoi bon évaluer nos pratiques puisque les cures ont prouvé leur efficacité depuis les romains et sans doute avant encore " il est probable que ces responsables ont peur des conclusions de telles évaluations qui risqueraient de ne pas être en leur faveur.

Pressés par l'Etat et par les menaces de déremboursement, les stations thermales décidèrent de se constituer en un groupe appelé CNETh (Conseil National des Exploitants Thermaux) et de créer une structure de recherche appelée AFRETH (agence française pour la recherche thermale). celle-ci mît en œuvre deux enquêtes :
      . THERMARTHROSE parue en 2005 pour répondre aux détracteurs des cures thermales en RHumatologie qui justifiaient leur opposition à la prise en charge par la sécurité sociale de ces cures par le fait qu'aucune étude n'avait jamais été entreprise sur leur efficacité. (1)
     . MAATHERMES à propos de l'obésité.
Il va de soit que ces enquêtes sont très favorables aux cures thermales puisqu'elles ont été menées par le CNETh qui, dans cette affaire, fut juge et partie. C'est pourquoi je n'en donnerai les conclusions qu'en note jointe.

En attendant qu'une vraie enquête, effectuée par une structure indépendante, puisse être organisée, il parait évident que toutes les supputations pourront continuer à circuler.

Une seconde réserve est aussi à noter : le choix du lieu de cure par les patients est, le plus souvent, déterminé plus par l'environnement que par la qualité des eaux et des soins. On préfère faire une cure dans le sud de la France, même si l'eau de telle ville thermale située dans un site moins agréable, serait plus efficace. C'est, en ce sens, que la cure s'assimile à des vacances dans les motivations de certains. Autrefois, la sécurité sociale ne remboursait les soins que si l'on choisissait le lieu de cure le plus proche de son domicile. Ce n'est malheureusement plus le cas.

Autre réserve, il suffit de regarder les gens lors des cures pour observer que la plupart tentent de faire des efforts pendant la cure, participant à des conférences, marchant, faisant du sport... Par contre, sitôt la cure terminée, ils abandonnent tous ces efforts, retombent dans leur quotidien et s'empressent d'oublier tout ce qu'ils avaient pris de résolutions pendant la cure. C'est le cas en particulier pour les cures luttant contre le surpoids et l'obésité dont je parlerai dans l'avant dernier article de ce chapitre. On a souvent l'impression que, pour beaucoup de gens, les trois semaines de cure sont un intermède agréable dont on s'empresse d'oublier les enseignements sitôt revenu chez soi.

La quatrième réserve concerne les agréments dispensés par l'assurance maladie. Certes, ils sont basés sur des critères objectifs : pureté de l'eau, qualité constante de ses composantes, analyse de ces composantes, température de l'eau... Pourtant, on peut se demander si, à ces critères objectifs, ne s'en ajoutent pas d'autres, moins scientifiques : on peut, par exemple, être étonné que deux stations proches l'une de l'autre, avec de l'eau à la composition semblable, soient agréées pour l'une au titre des soins en rhumatologie et l'autre pas ; renseignements pris, l'une de ces stations comporte une source où l'eau sourd à 21°, ce qui permet cet agrément en rhumatologie et l'autre pas ; pourtant, dans les deux stations, l'eau doit être réchauffée à 36° avant de servir pour les soins, ce qui annihile la différenciation entre les deux eaux ! En conséquence, la première station fait le plein de curistes et refuse même du monde faute de places alors que la station voisine est si peu fréquentée qu'elle est menacée de fermeture. Il est probable que d'autres considérations que la qualité de l'eau sont entrées en ligne de compte !

Une autre réserve consiste à la nécessité pour les curistes de tenir compte de contingences matérielles qui limitent la pratique  :
    . Une cure durant trois semaines, il faut pouvoir disposer de ce laps de temps pour l'effectuer, ce qui n'est pas toujours le cas pour les actifs.
    . Une cure, même prise en charge par la sécurité sociale, coûte cher, surtout si on vient de loin, il faut en effet se loger (le meublé le moins cher que j'ai trouvé à Vittel est de 480€ pour les trois semaines) et payer les frais annexes (dont les abonnements aux activités par exemple).
Tout cela limite la clientèle qui comporte surtout des personnes âgées à la retraite disposant de temps et d'assez de moyens pour payer tous les à-côtés : dans cette perspective, on ne peut pas dire que la démocratisation touche ce domaine de soins ! (même si la sécurité sociale prend en charge une partie des frais d'hébergement pour les plus démunis)

Enfin, une dernière réserve pourrait être émise, je la cite pour mémoire : l'intérêt économique. Pour défendre les cures thermales, cet argument est souvent employé : il faut maintenir les cures thermales non parce qu'elle sont utiles mais pour préserver les emplois et permettre aux collectivités locales de rentabiliser les investissements imposés par l'Etat au nom de normes si draconiennes qu'elles en deviennent stupides :   si la sécurité sociale supprimait les remboursements des cures thermales, les villes d'eau seraient totalement ruinées (selon le CNEth, les remboursements des cures par la sécurité sociale représente 74% du chiffre d'affaire des stations thermales. C'est dire l'importance des intérêts en jeu ! )

Pour moi, cet argument n'est pas à prendre en compte dans une politique de santé publique pour trois raisons au moins :
     - avec de tels arguments de préservation de l'emploi, on peut justifier n'importe quoi : si on tente de limiter l'alcoolisme, on nuit gravement aux viticulteurs et à l'emploi agricole, si on limite les autorisations de fumer, les usines cigaretières vont fermer, ce qui créera du chômage...
     - délivrer des agréments sous prétexte de maintenir l'emploi revient à faire financer ces emplois par les cotisants sociaux et par les contribuables, sans bien entendu le leur dire, ce qui est immoral.
     - surtout, avec de tels arguments économiques, on obère totalement le problème essentiel, celui de la santé publique.

Dans cette perspective, on retrouve toutes les perversions occasionnées par le " fric" : les personnes qui défendent l'emploi dans un tel contexte ne se servent de cet argument que pour préserver leurs propres intérêts et ceux de leurs actionnaires. Ils utilisent l'alibi du chômage  pour forcer la main à l'Etat et maintenir leurs privilèges. Ils se sont groupés en de puissants groupes de pression pour cela. En ce sens, l'intérêt du curiste est relégué au second plan.

1- L'enquete Thermarthrose
L'enquête porte sur 462 patients répartis en 2 groupes d’études :

     . Le groupe cure : 232 patients, accueillis dans 3 stations thermales ont reçu, en complément de leur traitement habituel, des soins thermo-minéraux pendant 18 jours.
     . Le groupe témoin : 230 patients ont suivi leur traitement habituel.


Les chiffres sont, dans cette enquête, éloquents : selon les patients, comme selon les médecins, la situation a été améliorée pour plus de 50% des curistes et seulement pour 30% des autres. La suite de l'enquête montre que cette amélioration n'est pas que ponctuelle mais se poursuit sur les mois qui suivent : " A 6 mois, on observe, de manière statistiquement significative une amélioration du score de la douleur de 11,4 chez les patients du groupe curiste et de 4,0 chez les patients du groupe témoin. L’amélioration du score d’incapacité est également significatif : il est de 8,5 pour les patients du groupe curiste et de 3,0 pour les patients du groupe témoin." 

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