REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

mercredi 8 janvier 2014

..L'HYDRE DE LERNE DU NÉO-LIBÉRALISME. 7. L'obsolescence suite.


L'OBSOLESCENCE APPLIQUÉE À UNE AUTOMOBILE
Ce type d'obsolescence est le plus courant et sans doute aussi le plus ancien : augmenter la fragilité des composantes d'un produit afin de leur donner une durée plus courte de vie.

Les deux exemples les plus connus  grâce à l'excellent film  PRET A JETER sont ceux de la lampe à incandescence dont la durée de vie à été limitée à 1000 heures par un cartel appelé Phebus composé de firmes productrices qui s'unirent pour le décider au mépris de toute règle déontologique et la production des bas-nylon de la firme DuPont de Nemours, quasiment infilables et très résistants, dont il fallut modifier la composition pour les fragiliser afin de faire repartir la production.

Autrefois, entretenir et réparer une automobile était à la portée de la plupart des gens, le moteur à quatre temps est très simple et toutes les pièces étaient clairement visibles : changer les bougies, vérifier le niveau d'huile, nettoyer le carburateur, vérifier la batterie étaient faciles ; de même beaucoup de gens effectuaient eux-mêmes la vidange ainsi que les autres travaux d'entretien (radiateur, filtre à air, courroie du ventilateur) sans passer par le garagiste ; la voiture, si elle était bien entretenue, pouvait durer très longtemps. En outre, par le fait que la structure du moteur était essentiellement composée de pièces mécaniques, le coût d'achat de ces pièces était relativement faible.

Dans un premier temps, les constructeurs fabriquèrent des voitures simples et robustes : la hausse du niveau de vie faisant que beaucoup de gens achetaient une automobile et donc que le marché était en pleine expansion. Peu à peu, il apparut que cette expansion aurait inéluctablement des limites et que, même en flattant le quidam par la publicité, on arriverait rapidement à saturation. C'est à ce moment qu'apparut l'idée de mettre en place des procédures d'obsolescence : on se mît à doter les voitures de pièces de plus en plus fragiles destinées à faire en sorte que la durée de vie n'excède pas un nombre déterminé de kilomètres.

C'est ce que j'ai pu constater avec mon avant-dernière voiture : jusqu'à 120.000 kilomètres, cette voiture fonctionna sans aucun problème, c'est ensuite que les pannes survinrent les unes après les autres, devenant le lot courant ; les visites au garage se multiplièrent et à chacune je m'entendais dire : "c'est l'usure normale", le terme de "normal" me semble impropre, j'aurais préféré entendre : " c'est l'usure prévue par le constructeur". Ces allées et venues, outre le fait qu'elles me coûtaient très cher, me faisaient douter de cette voiture, je n'osais plus entreprendre de trajets importants de peur de tomber une nouvelle fois en panne.

La dernière panne fut pour moi le coup de grâce et je me décidai de changer de voiture, je consultai alors une revue spécialisée donnant le prix des voitures après la dépréciation due à l'âge et je m'aperçus que ma voiture ne valait presque plus rien !

Le garagiste à qui je m'adressai, me répondit : " votre voiture ne vaut plus rien, certes, mais avec tous les frais que vous avez engagés à son propos, je vous propose une reprise de .... € sur l'achat d'une nouvelle voiture". J'acceptai et fut ainsi, une première fois, victime de la politique de l'obsolescence programmée.

Je préfère ne pas savoir ce qu'il advint de cette voiture : fut-elle déclarée épave ? Fut-elle réparée avec du matériel d'occasion et revendue ensuite dans un pays moins pointilleux sur les normes ?

Ma nouvelle voiture, pour l'instant, fonctionne sans problèmes, cependant quelques pannes commencent à apparaître : ce fut le cas l'autre jour du limitateur de vitesse : je menai ma voiture au garage et assistai à un spectacle à peine croyable : le garagiste prit un ordinateur, le relia à ma voiture et détermina au moyen de l'ordinateur et du logiciel du fabricant l'origine de la panne ainsi que le coût de la réparation, 500€ (5% du prix auquel j'ai acheté cette voiture). Il m'expliqua alors que tout se faisait comme cela maintenant tant il y avait d'électronique dans les voitures et que cela explique le prix élevé des réparations.

Ainsi apparaît une évolution qui va dans le sens d'un indéniable progrès technique mais pas dans celui du consommateur :
   . Les voitures autrefois robustes, sont maintenant de plus en plus fragiles, soit du fait de l'usure programmée des pièces, soit des pannes électroniques,
   . La simplicité d'autrefois a été remplacée par une sophistication des techniques telles que le propriétaire d'une voiture ne peut plus remédier à la moindre panne,
   . Les pièces détachées coûtent des prix qui deviennent rédhibitoires.

Désormais, le consommateur perd toute liberté face à sa voiture, il devient l'esclave impuissant d'une technique qui le dépasse et qu'il ne peut même pas contrôler.

Il reste, dans cette mise en application de l'obsolescence programmée aux automobiles, une étape supplémentaire à franchir pour les constructeurs, celle de doter les pièces de "puces" électroniques qui les mettent en panne automatiquement dès que l'on dépasse un nombre fixé par avance de kilomètres comme cela se produit pour les cartouches d'imprimantes ! Je suis quasiment convaincu que de tels systèmes sont déjà mis en place clandestinement.

mardi 7 janvier 2014

..L' HYDRE DE LERNE DU  NÉO-LIBÉRALISME. 6. L'obsolescence (suite)

L'OBSOLESCENCE APPLIQUÉE À UN ROBOT MÉNAGER
Cette histoire est si commune que chacun peut témoigner que cela lui arrive régulièrement :
la tige centrale du couteau qui s'emboîte dans le moteur de notre  "mini hachoir multifonctions" se casse. Il est impossible de le recoller ou de le réparer.

Une recherche sur Internet permet de trouver cette pièce détachée, elle vaut 12€88, somme à laquelle il faut ajouter 7€34 de frais de port , le total s'élève donc à 20€22.

Un peu étonné par la cherté de cette pièce, j'effectue alors une seconde recherche afin de connaître le prix du mini-hachoir neuf : il est vendu 28€24 sans frais de livraison.

Le choix est vite fait, sachant que la cassure du pivot du couteau sera sans doute le prélude à d'autres pannes, nous décidons d'acquérir un mini-hachoir neuf et portons l'ancien mini-hachoir, pourvu de son moteur toujours en fonctionnement , à la déchèterie.

Nous sommes habitués à ce type de choix et sommes bien obligés de l'accepter comme une fatalité : combien de fois avons-nous entendu cette phrase : " la réparation de cet objet vous coûtera plus cher que si vous en achetez un neuf " 

Etablir un coût rédhibitoire des pièces détachées pour obliger le client à racheter du matériel neuf est une des formes de l'obsolescence programmée. 

A chaque fois que je me débarrasse d'un objet du fait de ce vil procedé, je me pose un problème de conscience sur sa destination ainsi que de celle des milliers d'appareils électriques ou électroniques qui sont ainsi rendus désuets : j'ai demandé aux élus intercommunaux de mon lieu d'habitation s'ils le savaient, personne n'a été capable de me répondre autre chose que " La gestion des déchets est du ressort d'une entreprise privée avec laquelle nous avons signé un contrat, les élus ne s'interfèrent pas dans son fonctionnement", (l'autruche se mettant la tête dans le sable)

J'espère que le hachoir n'est pas emmené dans les pays africains où l'on a l'habitude d'entasser les déchets industriels,  j'en serais navré pour ces africains qui subissent la pollution et les empoisonnements émanant du gâchis que nous oblige à faire l'obsolescence programmée !

Voici un extrait, paru dans le Monde, des constatations de Sampson Atiemo, spécialiste ghanéen des déchets électroniques, à propos du marché d'Agbogbloshie, dans la banlieue d'Accra où se trouve l'une des plus grandes décharges de produits électroniques au monde :
« Après Noël, beaucoup de ces produits vont arriver ici. Pour l'instant, on dépend du secteur informel pour les trier. Les fils électriques vont être brûlés, les polluants se déverser au sol. Les niveaux de plomb, d'arsenic, de cadmium sont très élevés dans les décharges », Les enfants, dont beaucoup sont chargés de brûler le matériel pour en récupérer le cuivre et les autres matières premières, sont très exposés.
« Des fumées âcres se dégagent des produits qui sont brûlés, et les gens qui viennent faire leurs courses les respirent. Les particules de pollution s'attachent aussi aux aliments, qu'on mange ensuite. Ca provoque des maux de tête, des irritations de la peau. Mais surtout, même si on n'a pas d'études pour le prouver, on soupçonne que ça provoque des cancers à long terme. »

L'OBSOLESCENCE APPLIQUÉE À UN TÉLÉPHONE PORTABLE
Lorsqu'on achète un téléphone portable, il est généralement assorti d'un contrat d'abonnement avec un opérateur, ce contrat comporte habituellement les clauses suivantes :
   . L'opérateur déduit au client une partie du coût réel du téléphone, mais en échange, il augmente le coût mensuel de l'abonnement,
   . Le contrat est établi pour deux ans minimum, reconductible ensuite,
   . Le téléphone est sous garantie, généralement pour deux ans.
Tout semble fait pour rassurer le client qui signe le contrat de confiance,

Pourtant, il suffit de la moindre anicroche pour que s'enchaîne le système de l'obsolescence programmée : imaginons que l'on réponde à un coup de téléphone dans la rue quand le temps est humide ; presque immédiatement, ce téléphone va tomber en panne car le matériel, conçu pour une durée de vie très courte, est d'une fragilité extrême.

L'opérateur si gentil et courtois quand il s'agit de signer un contrat d'abonnement change de ton, le sourire est encore là mais ce n'est plus qu'un rictus grimaçant , les ennuis s'enchaînent pour le client avec un dialogue qui se déroule comme suit :
   . Votre téléphone a pris l'eau, la garantie ne s'applique pas dans ce cas (en fait, le champ de garantie est si étroit qu'elle ne joue pratiquement jamais)
   . Pouvez vous au moins réparer ce téléphone, même à mes frais ?
   . Non c'est impossible : ce modèle n'est plus fabriqué et il n'y a plus de pièces détachées.
   . Mais ce téléphone n'est pas ancien, il a tout juste un an !
   . C'est ainsi maintenant ! La seule solution que je puisse vous proposer est d'en racheter un autre mais vous devez le payer à son prix normal.

J'ai conservé ce téléphone, non comme trophée de l'obsolescence programmée, mais parce que je ne veux pas qu'il aille empoisonner des enfants africains qui errent dans les tas d'objets émanant notre gâchis
Dans cette affaire, le coupable n'est pas le consommateur qui subit le système mais la société de consommation toujours avide de profits ; en ce sens, la comparaison avec l'HYDRE DE LERNE prend tous son sens puisque cet être maléfique empoisonnait de son haleine empestée tout ce qui l'environnait.
   .

lundi 6 janvier 2014

..L' HYDRE DE LERNE DU  NÉO-LIBÉRALISME. 5. L'obsolescence

DÉFINITION
Le mot obsolescence est dérivé du latin dérivé du latin obsolescens, participe présent de obsolescere « tomber en désuétude", c'est un mot que l'on trouve exprimé dans son acceptation actuelle dans un ouvrage datant de 1932, paru aux Etats Unis, écrit par Bernard London et intitulé  : " Ending the depression through planned obsolescence" : en finir avec la dépression consécutive au Krach boursier de 1929 par l'obsolescence planifiée.

" Partout, les peuples désobéissent à la loi de l'obsolescence, ils utilisent leurs vieilles voitures, leurs vieux pneus, leurs vieilles radios et leurs vieux habits beaucoup plus longtemps que ce que les statisticiens l'avaient établi sur la base de leur expérience ancienne... "

Suit alors dans le texte, un long paragraphe montrant que ce comportement est anormal quand des millions de travailleurs sont sans emploi du fait que les usines ne vendent plus puisque les gens préfèrent conserver leurs biens jusqu'à ce qu'ils soient hors d'usage plutôt que de les renouveler.

London formule alors une proposition assez étonnante :

" Le gouvernement doit assigner une limite de vie aux chaussures, maisons et machines, à tous les produits des manufactures, des mines et de l'agriculture quand ils sont créés, ils devront être vendus et utilisés jusqu'au terme de leur existence connue par le consommateur ; quand le temps imparti est expiré, ces objets seront légalement morts, ils devront être contrôlés par une agence gouvernementale et détruits s'il y a chômage généralisé ; de nouveaux produits seront alors déversés des usines sur les marchés pour prendre la place de ceux devenus obsolètes, l'industrie repartirait, l'emploi serait assuré pour les masses.

Ce type de proposition ne pouvait que séduire la société de consommation; il fallut l'adapter afin de la rendre si insidieuse qu'elle en devint indolore. Sa généralisation conduisit à une mutation des comportements humains d'une ampleur inouïe avec la disparition des modes traditionnels de pensée économique

LA DISPARITION DES MODES TRADITIONNELS DE VIE
Les modes de pensée traditionnels étaient basés sur des pratiques d'économie dérivées des comportements autarciques du passé : de multiples exemples me reviennent à l'esprit quand on considère la vie quotidienne qui était celle des années de la deuxième moitié du 20ème siècle :
   - on ne jetait aucune nourriture, celle-ci était conservée et resservie ou accommodée autrement. Il était quasiment sacrilège de jeter du pain, celui-ci, même rassis, était mangé soit le matin au petit-déjeuner trempé dans le bol de café au lait, soit le soir dans la soupe ; s'il restait quelques croûtes, elles étaient données aux lapins avec les épluchures et autres restes de nourriture devenus non consommables.
   - on conservait les habits très longtemps, ils étaient raccommodés et réparés systématiquement. Les habits des enfants aînés de famille étaient conservés pour les plus jeunes ou pour les cousins. Les chaussettes et même les gants étaient tricotés à la main, ce qui permettait de les repriser facilement,
   - les outils étaient simples, mus manuellement,sans sophistication et de bonne qualité ; ils étaient entretenus avec soin et duraient longtemps. Il y avait une foule de petits métiers comme le rétameur qui permettaient de les réparer si besoin était, ces artisans passaient dans les rues, se faisant annoncer en agitant une cloche. Le balai était l'outil essentiel de la ménagère, l'aspirateur n'était utilisé que rarement, la lessive se faisait dans de grandes lessiveuses à champignon que l'on posait sur le fourneau ou dans l'auge qui récupérait l'eau de pluie ou encore au lavoir.
  - on ne gâchait rien : les bouteilles étaient consignées, on achetait au détail ce dont on avait besoin et non des produits tout préparés et préemballés dans du plastique, je me souviens aussi que dans ma famille, on découpait les journaux pour en faire le papier des toilettes.
  - lorsqu'une jeune fille était en âge de se marier, ses parents lui constituaient un trousseau, ce trousseau était si solide qu'il durait généralement toute une vie.

Certes, il existait déjà une minorité de gens pour qui la consommation effrénée servait déjà de mode de vie mais ce n'était pas le cas de ceux que j'ai appelé les "braves gens" qui menaient un mode de vie simple et basé sur l'économie.

C'est en me remémorant ce passé que je mesure à quel point la mutation des mentalités et comportements fut inouïe et brutale : on a remplacé la durabilité par l'éphémère, l'économie des moyens par l'abondance, la gestion rigoureuse de ses biens par la prodigalité, la récupération par le gâchis, la solidité par l'obsolescent : la SOC-COM s'est donné les moyens de conduire cette mutation en l'associant à l'idée de progrès et en transformant avec opiniâtreté et obstination de fond en comble les habitudes sociales.

Loin de moi l'idée d'une quelconque nostalgie d'un "bon vieux temps" qui n'existait pas : la société de consommation a été effectivement un vecteur essentiel de progrès technique, il est évident que personne ne voudrait revenir à ce passé que je viens de décrire, ce ne serait ni possible ni souhaitable. Mon propos sera ici de monter à quel point le système de l'obsolescence programmée a envahi notre vie en entravant notre liberté.


LES DIVERSES FORMES D'OBSOLESCENCE
L'aspect multiforme de l'obsolescence programmée donne toujours lieu à des querelles entre spécialistes d'autant que de gros enjeux économiques sont en jeu. C'est ainsi que l'ADEME, (agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) vient seulement en 2012 de donner une définition du phénomène !

En ce qui me concerne, les arguties et les ratiocinations des différentes interprétations ne m'intéressent pas, je me contenterai de mes propres définitions en les formulant à partir des mésaventures survenues dans ma vie quotidienne.

Selon moi, il y a obsolescence programmée quand :
   - on introduit des éléments de fragilité dans un objet afin d'obliger le consommateur à en changer,
   - on rend périmé un objet en :
        . Arrêtant prématurément sa fabrication,
        . En ne produisant plus les pièces détachées permettant sa réparation,
        . En faisant en sorte que les pièces de rechange coûtent plus chers que le produit neuf,
   - on introduit au moment de la fabrication des systèmes qui vont conduire un objet à tomber en panne automatiquement au bout d'un certain nombre de séquences d'utilisation,
   - on modifie les lois et règlements, ce qui rend caducs, des objets encore en état de fonctionnement.

Par contre, toujours selon moi, il n'y a pas obsolescence programmée quand le consommateur se débarrasse d'un matériel encore utilisable et en état de fonctionnement pour acquérir un produit plus performant, plus beau et s'adaptant mieux à ses besoins ou ses envies. À ce niveau, il s'agit du choix du consommateur et non d'une obligation imposée par la SOCieté de ConsOMmation.

ChacunE des quatre catégories d'obsolescence programmée sera illustrée par quelques exemples dans les prochains articles.

dimanche 5 janvier 2014

.. L' HYDRE DE LERNE DU NEOLIBERALISME. 4. sortir de la tyrannie publicitaire

SE CREER SA PROPRE METHODOLOGIE A PARTIR DE L'ANALYSE D'EPICURE
ce grand philosophe grec mort en 270 avant Jésus Christ a, dans la lettre à Menecee,  indiqué de façon prémonitoire des préceptes qui s'adaptent parfaitement à notre époque de tyrannie de la SOC-COM. 

Ces théories peuvent se résumer ainsi :
   . La recherche du plaisir est la préoccupation fondamentale de l'être humain.
   . Face au plaisir qui représente le bien se trouvent la douleur et la souffrance qui représentent le mal
   . Le bonheur nait avec l' ATARAXIE qui est l'absence de souffrance tant au niveau du corps qu'à celui de l'âme :
          - Si on se trouve dans cet état, nous n’avons pas besoin de rechercher le plaisir,
          - par contre, si nous éprouvons de la douleur, nous allons nous mettre en quête du plaisir afin de faire cesser la souffrance.  
          - " quand nous n’éprouvons plus de douleur nous n’avons plus besoin du plaisir"
    . La recherche du plaisir en vue de l'ATARAXIE ne peut être obtenue qu'en effectuant une analyse de nos envies (appelées désirs chez Epicure), ceux-ci sont classés en trois catégories :
          - des désirs naturels et nécessaires : manger et boire afin de calmer la souffrance émanant de la faim et de la soif,
          - des désirs naturels et non nécessaires (la sexualité selon Epicure).
          - des désirs non-naturels et non nécessaires : tous les autres désirs.
   .  Seuls les désirs naturels et nécessairespeuvent permettre la paix de l'âme et la santé du corps : Epicure en donne de nombreux exemples : ainsi, si on mange à s'en rendre malade, l'excès de nourriture conduira à de grandes souffrances physiques :

"Quand donc nous disons que le plaisir est le but de la vie, nous ne parlons pas des plaisirs voluptueux, ni de ceux qui consistent dans les jouissances déréglées, Le plaisir dont nous parlons est celui qui consiste, pour le corps, à ne pas souffrir et, pour l’âme, à être sans trouble. Car ce n’est pas une suite ininterrompue de jours passés à boire et à manger, ce n’est pas la jouissance des jeunes garçons et des femmes, ce n’est pas la saveur des poissons et des autres mets que porte une table somptueuse, ce n’est pas tout cela qui engendre la vie heureuse"

Si on applique la doctrine d'Epicure à la société actuelle, on trouve une extraordinaire leçon de vie :
     . Le bonheur ne peut être obtenu que par la paix intérieure l'ATARAXIE,
     . Les sollicitations de la publicité suscitent les désirs et les envies qui troublent cet état de bonheur
     . Pour rétablir l'ATARAXIE dans notre vie, il faut se poser une triple question :
               - l'envie de céder à la publicité ressort-elle des désirs naturels et nécessaires ? Ai-je vraiment besoin du produit?
               - quel plaisir me procurera ce produit si je l'achète et surtout quelle douleur pourrait suivre cet achat (déception, frustration, malheur consécutif à l'endettement, envie d'autre chose qui va suivre....)
               - si l'analyse que j'effectue me conduit à penser que mon achat apportera plus de mal que de bien, je ne l'achète pas.

Cette démarche ne conduit en aucun cas à l'ascétisme qui consiste à se passer de tout ce qui est illusoire, l'application des maximes d'Epicure revient plutôt à replacer l'homme au centre de la société en le faisait maître de lui-même et de ses choix : la méthode épicurienne rejoint le " connais-toi toi-même" socratique et permet d'atteindre l'ATARAXIE sans laquelle on ne peut prétendre à aucun bonheur. Cette doctrine est applicable facilement à tous, il suffit de se poser la triple question citée au paragraphe précédent.

L'UTILISATION DES CONTRE-POUVOIRS SPONTANÉS NÉS DE ET PAR LA SOCIÉTÉ REELLE
Face à la tyrannie de la publicité, la recherche de l'équilibre de vie n'est qu'une facette des actions à entreprendre. En effet et heureusement, la société humaine commence à se pourvoir de contre-pouvoirs grâce en particulier à Internet.

Outre le fait qu'il donne le moyen de relativiser toutes les informations données dans les médias nationaux en mettant le monde à la portée de tous, Internet a permis aussi la création de très nombreux sites qui permettent aux consommateurs de disposer de nombreuses méthodes permettant de lutter contre l'esclavage publicitaire.

On peut en donner quelques exemples :
   - lorsqu'on pense acheter un quelconque produit, on peut consulter de nombreux sites indépendants de comparateurs de prix qui permettent de déterminer soi-même le meilleur rapport qualité-prix.
   - de même de nombreuse centrales d'achat donnent l'avis des lecteurs assortis souvent de notes d'évaluation, j'ai souvent lu avec attention ces observations et y ait trouvé des remarques qui m'ont bien servi.
   - enfin, un grand nombre de sites dénoncent tous les scandales inhérents à la consommation dans le monde entier : publicité mensongère, produits alimentaires jugés dangereux...

En ce qui me concerne, Internet me sert tout particulièrement lorsqu'il faut acheter un billet d'avion et surtout pour choisir un hôtel : autrefois il fallait faire confiance aveuglément à l'hôtelier souvent choisi au hasard, maintenant les sites de réservation permettent à la fois de faire jouer la concurrence mais aussi de se faire une idée de l'état de l'hôtel et donc de choisir en toute connaissance de cause.

Certes, il convient de ne pas faire de l'angélisme, certains sites sont pervertis par la SOC-COM et font paraître des avis qu'elle invente, dans ce cas, il faut faire jouer son esprit critique afin de discerner ce qui ressort de l'intoxication et de la réalité.

Internet a pris le relais et a amplifié l'admirable travail de certaines associations et de certains journaux comme "60 millions de consommateurs" qui depuis de nombreuses années en France luttent contre les errements tyranniques de la publicité.

LES ESPOIRS APPORTES PAR LES " CLASS-ACTIONS"
Dans le cadre du néolibéralisme, qui exige le retrait de l'Etat du jeu économique, et si besoin est, corrompt et menace par le moyen des lobbys, le rôle des gouvernements est assez limité, on peut néanmoins citer quelques avancées significatives :
   . Réglementation sur les crédits,
   . Luttes contre les ententes illicites entre producteurs,
   . Transparence dans l'étiquetage des produits..
 
Néanmoins la principale avancée en France sera la mise en pratique des recours collectifs (les class-actions, actions de groupes) qui permettront aux gens lésés par la SOC-COM de se grouper alors que jusqu'à présent, chaque consommateur lésé devait effectuer une plainte individuelle.

Voici ce qu'en dit un des sites gouvernementaux  : "Présenté le 10 septembre 2012, le rapport du Conseil d’analyse économique (CAE) doit servir de base de travail pour l’élaboration d’un projet de loi sur la protection des consommateurs attendu pour le début 2013. Le CAE se prononce notamment en faveur de la mise en place d’un mécanisme d’"action de groupe" ("action collective"). Inspirée de la "class action" existant dans le droit américain, ce mécanisme permet à plusieurs personnes subissant le même tort de se constituer en association, ou de recourir à une association de consommateurs, pour saisir un juge spécialisé afin d’obtenir une indemnisation." 

On se demande vraiment pourquoi ce projet n'a toujours pas abouti !

En CONCLUSION, on peut dire que la lutte contre la tyrannie de la publicité est possible, mais elle ne peut être accomplie que par les citoyens eux-mêmes au moyen d'une réflexion sur soi-même, de recherches personnelles sur les sites et journaux qui défendent les consommateurs et par des actions collectives de libres citoyens groupés dans les associations.

À cet égard, on peut manifester un certain optimisme à la condition que les citoyens prennent en main leur destin, ce qui est, après tout, la définition même des mots république et démocratie

samedi 4 janvier 2014

..L' HYDRE DE LERNE DU  NÉO-LIBÉRALISME. 3. La publicité et ses dangers

LA PUBLICITÉ CONDUIT À LA DÉCEPTION
Voici tout d'abord un exemple assez étonnant et lamentable : La scène se déroule dans une pharmacie entre une employée de la pharmacie et un client :
   - je voudrais un produit pour déboucher les oreilles, 
   - il y en a de différentes sortes à base de spray ( ah ce détestable sabir parsemant le français de mots anglo-saxons ! )
   - je voudrais le produit que j'ai "vu à la télé" , le connaissez vous ? 
   - non ! 
   - mais c'est passé hier soir à la télévision ! 
   - je n'ai pas regardé la télévision hier soir... savez-vous le nom de ce médicament  ? 
   - hélas non ! 
   - la prochaine fois que vous verrez cette publicité, relevez le nom du produit...  prenez cet autre produit, il est efficace! ... Cela fera 8€80

Il est assez facile de reconstituer la scène : le client a regardé une publicité, il a été interpellé par une séquence vantant un produit-miracle pour déboucher les oreilles, ce qui lui a fait souvenir qu'il souffrait aussi à cet endroit, cependant il n'a pas été capable de donner le nom du produit : l'image-choc qui devait mener à l'acte d'achat a été complètement obérée. .

Je suis convaincu que de retour chez lui, le client ressentira une grande déception : "Ah si j'avais fait attention, j'aurais pu être guéri en un instant ! Ah! si l'employée de la pharmacie avait regardé la télévision comme tout le monde ! "

Cet exemple montre à quel point cette personne était conditionnée par la publicité sans se rendre compte que les maux du comédien étaient factices ainsi que sa prétendue guérison. Il montre aussi la dangerosité de l'impact des "spots" télévisuels pris pour vérité absolue : dans ce cas, comme dans beaucoup d'autres, il s'agit d'une grave captation de la liberté de penser.

Le comportement de ce client m'a interpellé, dans un premier temps, j'ai pensé que ce client n'était guère doué intellectuellement ; puis je me suis mis à réfléchir et ai constaté que je réagissais comme lui : ainsi, je me souvenais parfaitement avoir vu une publicité montrant un enfant avalant goulûment une crème-dessert mais je suis incapable d'indiquer la marque du produit : comme le client de la pharmacie, je ne me souvenais que de la scène précédant l'image-choc !

Que penser de cela ? La publicité était-elle mal faite ? Probablement pas. Pour moi, l'explication tient, comme je l'ai dis précédemment, au fait qu'elle utilise le dualisme freudien conscient-inconscient qui n'existe pas : cette publicité a donc éveillé un désir instinctif chez ce client mais elle ne l'a pas satisfait puisque le phénomène qui transpose une pulsion de l'inconscient en un acte conscient est une vue de l'esprit.

LA PUBLICITÉ AMÈNE LA FRUSTRATION.
Pour le montrer, j'ai utilisé deux placards publicitaires que j'ai choisis sur Internet et qui tous les deux vantent un parfum.
Ces deux affiches sont composées de la même manière :
     . Un portrait occupe les trois-quarts de l'espace,
     . Tout en bas se trouve un flacon de parfum,
     . Entre les deux, le nom du parfum quasiment en filigrane.

Ces deux publicités sont traitées à la manière que j'ai appelée freudienne : les deux mannequins éveillent des pulsions irrésistibles, le conscient cherche alors à canaliser ces pulsions, il abaisse son regard et trouve le nom du produit ; ce mécanisme est évidemment irréaliste : une personne qui circule en voiture et voit ce panneau regardera le portrait sans s'attarder au nom du produit, il en est de même de la personne qui parcourt distraitement un magazine.

Autre remarque liminaire, ces deux images pourraient vanter toutes sortes de produits : shampoing, soutien-gorge, rouge à lèvres, pull.. Même si on sait que ces deux publicités visent à l'achat d'un parfum, il existe des centaines de parfums qui utilise le même type de mannequins pour promouvoir leur marque.

Imaginons néanmoins qu'un individu décide de regarder en détail la publicité puis d'acheter le parfum : quelle motivation va le pousser à le faire : la marque ? L'odeur du parfum imaginée par la vue d'un flacon ? Peut-être... Cependant ces considérations seront secondaires : l'individu va acheter le parfum essentiellement par un processus d'identification avec le personnage représenté sur l'affiche, faisant ainsi revivre en lui le mythe de l'éternelle jeunesse.

Il va de soi que, même en s'inondant de parfum, il ne retrouvera ni la jeunesse, ni la volupté de plaire, ni le pouvoir de séduction : le mythe auquel il avait cru un bref instant, s'effondre et il ne reste qu'une immense frustration qui rend malheureux.

LA PUBLICITÉ CONDUIT AU MALHEUR
L'envie irraisonnée de consommer à tout prix se traduit souvent par une formule à l'image des rythmes effrénés de la publicité : " avoir tout, tout de suite" Cette volonté trouve très vite sa limite : celle des ressources financières à mettre au service de cet appétit de consommation.

Certes, la SOC-COM a prévu un palliatif à cette situation, celui des crédits à la consommation. La publicité des organismes de crédits est adroitement insérée dans les plages publicitaires au milieu de sollicitations diverses : on peut facilement imaginer le ressenti de certains :
  - j'aurais bien envie d'acheter cet objet que je viens de voir dans une séquence publicitaire mais je n'ai plus d'argent.
  - une publicité pour un crédit ! Voilà la solution ! Je note vite le numéro de téléphone, comme ça, je pourrai acheter cet objet dont j'ai envie !


Dans ce cas précis, il s'agit de prêt au particulier effectué pour un achat spécifique, on peut considérer qu'il s'agit d'un moindre mal, mais la SOC-COM a imaginé mieux sous forme du "revolving crédit", le crédit renouvelable, qui permet d'obtenir un capital disponible se renouvelant au fur et à mesure des remboursements mais assorti de taux d'intérêt quasiment usuraires de l'ordre de 20%.

La pratique généralisée du crédit permet certes pendant un temps d'acheter au gré de ses envies, cependant ce n'est que provisoire car il faudra de toute façon rembourser : suit alors la galère et l'engrenage quasi-infernal du surendettement qui conduit à de grandes souffrances pour ceux qui en sont atteints : ils ne pourront plus ni satisfaire leur addiction à la consommation ni assouvir leurs envies. C'est en ce sens que la publicité conduit au malheur : la métaphore du citron pressé s'adapte parfaitement à ces cas : après avoir extrait tout le jus du citron, on jette la peau sans aucun scrupule.

Un dessin paru dans l'hebdomadaire La Croix me semble très évocateur de cette spirale du malheur.
La publicité et son corollaire le crédit, conduisent donc irrémédiablement à la déception, à la frustration et au malheur, c'est d'autant plus lamentable que la "mafia" qui l'organise s'est enrichie sur le dos de ceux qui ont cru en ses bienfaits.

Pourtant, il existe des moyens d'échapper à cette tyrannie...

vendredi 3 janvier 2014

..L' HYDRE DE LERNE DU  NÉO-LIBÉRALISME. 2. LA PUBLICITÉ


LA PUBLICITÉ :  OBJECTIFS ET CARACTÈRES GÉNÉRAUX
Le but proclamé de la SOC-COM (société de consommation)  est  de prétendre donner plus de bonheur aux gens par la consommation : achetez toujours plus pour être plus heureux.

Au nom de cette prétention , les dirigeants anonymes de la soc-com définissent le progrès non pour le bien des hommes mais au nom de leur intérêt, ils établissent ensuite les modalités qui en découlent puis les imposent aux peuples de manière pernicieuse et indolore grâce à un arsenal de méthodes publicitaires particulièrement perfectionné enrobant la totalité de la vie quotidienne afin de modeler les esprits en asservissant la liberté.

Cet arsenal complet de mesures est  d'autant plus dangereux  qu'il s'adresse non à la raison mais aux comportements instinctifs qui ravalent l'Homo Sapiens Sapiens ( l'homme qui sait et qui sait qu'il sait) au niveau des primates ante-historiques.

La publicité est totalement invasive dans notre monde : où qu'on se retourne, on en trouve ou on en entend ; partout, l'oeil est attiré par les placards publicitaires qui l'entourent, on ne les voit même plus.. Pourtant les messages dispensés sont bien réels et d'autant plus dangereux qu'on a l'impression qu'ils n'ont pas de prise sur nous.

Pour être efficaces, les publicitaires ont élaboré diverses stratégies afin que l'achat s'effectue non en fonction du produit lui-même mais selon ce que le cerveau a retenu du message publicitaire. C'est tout le but de cette "guerre psychologique" qui s'organise comme une véritable campagne militaire avec une stratégie, des cibles et des méthodes de combat permettant d'atteindre le but visé.

Quels que soient les moyens employés, le but est toujours le même : amener le client potentiel à acheter tel ou tel produit en suscitant en lui l'envie irrépressible de posséder ce produit ressenti comme indispensable, même si on n'en a pas besoin, même si on n'a pas les ressources pour cet achat, même si ce n'est pas raisonnable.

UNE ANALYSE PERSONNELLE DE LA STRATÉGIE PUBLICITAIRE : L'EXEMPLE DES "SPOTS" PUBLICITAIRES DE LA TÉLÉVISION

En premier lieu, il faut amener le téléspectateur à REGARDER LES PLAGES PUBLICITAIRES :
Les méthodes employées sont de deux sortes :
     - en jouant sur les horaires des programmes : le film du dimanche soir que regardent beaucoup de spectateurs est systématiquement en retard d'une quinzaine de minutes ; en l'attendant, on est bien obligé de regarder les plages publicitaires si on ne veut pas rater le début du film, de même la météo est intercalée dans une série interminable de placards publicitaires
    - en jouant sur les coupures de film, effectuées à des moments où l'action s'accélère : on reste planté devant la télévision pour ne pas rater la reprise du film : ainsi, l'autre jour, le dernier film que j'ai regardé, comporta deux coupures avec 25 spots publicitaires pour l'une et 20 pour l'autre.

On en arrive même a une inversion des valeurs en privilégiant la publicité par rapport aux programmes comme en témoigne un extrait du livre de Patrick Le Lay, ex-PDG de TF1, (Les dirigeants face au changement (Editions du Huitième jour)
" Il y a beaucoup de façons de parler de la télévision. Mais dans une perspective ”business”, soyons réaliste : à la base, le métier de TF1, c’est d’aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit (...).
Or pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible...


Amener le téléspectateur a regarder les plages publicitaires n'est qu'un prélude, il faut ensuite ORGANISER LES SPOTS PUBLICITAIRES SELON UN RYTHME EFFRÉNÉ : en ce sens, plus un "spot" est court, plus il est efficace :
   .  il faut empêcher la raison et l'esprit critique d'entrer en action, le téléspectateur ne doit pas avoir le temps ni de réfléchir ni de raisonner.
   . les publicités s'enchainent donc à un rythme qui donne le tournis : c'est évidemment volontaire, il faut que le spectateur enregistre une succession accélérée d'images-choc dont il doit se souvenir lorsqu'il s'agira de passer à l'acte d'achat.
   . Comme l'enregistrement immédiat des images-choc par le cerveau est généralement imparfaite, elles sont diffusées à chaque plage publicitaire, en particulier lors des coupures des films. À cela s'ajoutent des rappels constants et insidieux qui touchent l'individu à chaque instant (panneaux publicitaires si envahissants qu'on a même plus l'impression de les voir, publicité sur Internet, dans les magazines, à la radio et dans les journaux... )

La publicité ne se constitue que d'une succession d'images-chocs d'incitation à la vente qui doivent s'imprimer dans le cerveau, (c'est ce que l'on trouve dans les revues ou sur les placards publicitaires), pourtant cette seule succession ne suffit pas à la télévision, il est nécessaire que le téléspectateur se sente directement concerné en CAPTANT SON ATTENTION, cela exige que chaque image-choc soit précédé d'un petit film au scénario bien organisé.

Plusieurs types de scénarios peuvent apparaître :

 Le premier scénario, le plus commun est celui qui amène au processus d'assimilation du spectateur à l'acteur. Il s'organise en trois phases :
           . Dans un premier temps, on évoque un problème ( mal de ventre, grippe, lit trop dur, four sali par les graisses, taches sur le linge, cheveux raides... ) cela est fait de telle manière que le spectateur se sente concerné par le problème, (on se dit qu'on a effectivement souvent mal au ventre... On peut même ressentir le mal de ventre au vu de la séquence par assimilation.
           . vient alors le sauveur (le produit, un médecin, un coiffeur, un vendeur de meuble... ) qui effectue un miracle, en quelques secondes le comédien passe de l'état de souffrance à celui d'un grand épanouissement : sitôt le médicament pris, sitôt on est guéri !
           . Apres que l'intérêt ait été suscité, paraît enfin l'image finale avec le nom du produit et ses caractéristiques : cette image plaisante et colorée, évocatrice du bonheur retrouvé, doit ,selon le créateur du "spot", s'imprimer dans le cerveau.

     . Le deuxième scénario passe par un schéma inverse
          . Dans un premier temps, on raconte une histoire qui n'a rien à voir avec aucun produit, on suscite l'intérêt du téléspectateur qui se demande où cette séquence veut en venir. Un exemple révélateur est fourni par un "spot" présentant deux individus qui semblent se parler mais ne profèrent que des mots et phrases sans aucun sens.
          . Suit alors le nom du produit qui vient ici sans rapport avec l'histoire racontée puis l'image-choc (une automobile dans le cas cité) que l'on espère imprimée dans le cerveau.

Ces deux types de scénario ont en commun le fait que l'espace-temps est totalement absent afin de créer le mythe de l'immédiateté :
   . Dans l'histoire du mal de ventre citée plus haut, la personne malade prend la potion, elle est immédiatement guérie, de même les cheveux sales et raides deviennent en une seconde une flamboyante chevelure ondulant au moindre mouvement sans même que l'on ait vu le coiffeur effectuer le traitement. Au prix d'une parodie de vérité, L'instaneïté devient gage d'efficacité.
   . De même une automobile qui roule à vivre allure sur une route rectiligne du désert américain se retrouve en un instant en pleine ville où elle continue à rouler à la même allure en se faufilant avec adresse au milieu d'une circulation délirante : pour ce "spot", l'espace n'existe plus.

Capter l'attention du téléspectateur ne suffit cependant pas à en faire un acheteur conditionné par la publicité : pour cela, il faut FLATTER L'IRRATIONNEL QUI EST EN NOUS et que l'éducation a tenté de corriger en établissant le règne de la Raison
   . Si on jugeait en utilisant sa raison, on n'achèterait pas le produit avant de s'être livré à une étude objective du produit : en quoi est-il diffèrent des autres produits similaires sur le marché ? en quoi est-il supérieur ? Quel est son rapport qualité-prix ? : la publicité devant être efficace immédiatement, il ne faut pas qu'on accomplisse cette démarche. Elle doit donc être court-circuitée.
   . Pour agir sans frein, il faut réveiller les instincts qui sont en nous, s'adresser aux sens, montrer que les tabous et les interdits traditionnels sont fait pour être transgressés et qu'ils peuvent même conduire à la jouissance et au plaisir

Curieusement, j'ai mis en correspondance les thèmes employés par la publicité avec les sept péchés capitaux de l'église catholique : j'ai trouvé d'étroites corrélations avec cinq d'entre eux, comme si les concepteurs de la publicité s'étaient inspirés de ces péchés pour arriver à leurs fins :
   . L'ENVIE : c'est le concept le plus employé de la publicité, il recoupe l'instinct de possession (achat d'une voiture, d'outils divers... ) mais aussi celui du mythe de l'éternelle jeunesse (parfum, crèmes de beauté),
   . L'ORGUEIL : ll va de pair avec le précédent en le dépassant afin de permettre de manifester sa supériorité face aux autres : on vante sa nouvelle voiture, sa nouvelle télévision, son nouvel ordinateur, son nouveau robot ménager....
   . LA PARESSE : c'est un des grands moteurs de la publicité : il faut permettre d'effectuer toutes les corvées rapidement et sans se fatiguer : ainsi, on vante les plats tout préparés que l'on fait ressentir comme meilleurs au goût que la cuisine traditionnelle sans, bien entendu, évoquer leur nocivité pour la santé ; de même à quoi bon s'échiner à ramasser les feuilles tombées, à balayer le sol puisqu'il existe des aspirateurs de toute sorte...
    . La GOURMANDISE : un autre grand moteur de la publicité et aussi une prouesse technique puisqu'on réussit à faire saliver les gens par le biais des images : on présente un individu, souvent un enfant éclatant de santé, manifestant sa joie de se goinfrer de tel ou tel produit, on peut aussi flatter l'odorat de la même manière !
    . La LUXURE : elle se produit selon un phénomène de transposition : dans la publicité qui présente une femme s'aspergeant de parfum, s'enivrant aux odeurs qu'il émane et se mettant à onduler lascivement au rythme de son appétit sexuel, on éveille un sentiment trouble de luxure chez le téléspectateur qui achètera le parfum pour les effets qu'il produit. Le phénomène se retrouve également pour les parfums d'hommes grâce à qui ils se muent en irrésistibles séducteurs. !

Il va de soi que deux péchés capitaux ne sont pas utilisés :
   . la COLÈRE puisque le but est de convaincre que l'achat conduira au bonheur,
   . L'AVARICE au sens traditionnel du terme telle que la pratiquait Harpagon qui amasse pour le seul plaisir d'amasser : pour ces concepteurs de la publicité ce type de conduite est honnie puisque le but est exactement inverse : amener les gens à dépenser toujours plus.

Enfin, la publicité va agir d'une dernière manière et se PROPAGER PAR VAGUES D'ON-DIT : le processus est toujours le même  :
   - un placard ou un spot publicitaire présente un produit, ce qui crée chez un individu le besoin irrépressible de l'acheter,
   - une fois cet achat effectué, l'individu en question est tout fier de le montrer à ses connaissances ; bien évidemment, il va vanter son acquisition et montrer que c'est un outil formidable et qu'il lui est impossible de s'en passer, ce qui va susciter l'envie chez ses interlocuteurs.
  - ceux-ci vont à leur tout acquérir l'objet et ainsi de suite.

De telles méthodes s'observent à tous les niveaux :
   - il suffit par exemple qu'une personne achète un aspirateur à feuilles pour que bientôt tout le quartier en soit équipé !
   - de même les on-dit permettent de propager des informations publicitaires du type : " vous avez encore le forfait internet de ... , il y a quelques temps j'avais le même contrat que vous, cela fait longtemps que je l'ai abandonné, j'ai pris un abonnement à ... Ils sont très efficaces et le forfait coûte moins cher... "

LES MÉTHODES DES PUBLICITAIRES 
Ce que je viens d'écrire est mon analyse personnelle, il est probable que les concepteurs des placards publicitaires utilisent une base beaucoup plus simple avec application schématique des théories de Freud

Ces théories sont basées sur quelques idées-forces :
   . Il existe un dualisme entre conscient et inconscient,
   . L'inconscient est la seule réalité, le moteur de toutes nos actions, il nous est largement caché parce que nous nous le refoulons soigneusement, il se révèle par les pulsions qui émergent dans la vie quotidienne et que nous transformons en désirs rationnels.

La transposition de ces idées simplistes aux placards publicitaires est évidente  :
   . Le message publicitaire s'adresse à l'inconscient, ce qui conduit à l'émergence de pulsions
   . Ces pulsions sont traduites par le conscient en acte d'achat.

Je ne crois absolument pas à cette séparation entre conscient et inconscient : pour moi, l'être humain est unique, l'inconscient en tant que moteur de tout acte est une invention de Freud qui ne correspond pas, selon moi, à la réalité ; par conséquent, je ne suis pas étonné que les méthodes publicitaires soient souvent des échecs...

jeudi 2 janvier 2014

..L' HYDRE DE LERNE DU  NÉO-LIBÉRALISME. 1. Les antécédents historiques

La société humaine m'a semblé s'organiser selon deux structures antagonistes que je qualifierai d'un terme éminemment détestable de "monde d'en bas" et de "monde d'en haut" ( terme paraphrasé d'une déclaration d'un homme politique qui parlait de "France d'en bas" et de "France d'en haut", comme si ce terme était compatible avec l'idéal d'égalité prôné par la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789).
   - le "monde d'en bas", composé d'une immense majorité de ceux que j'ai appelé les "braves gens" capables de compassion, de générosité  et de dévouement envers les autres.
   - le "monde d'en haut" évoluant selon ses propres concepts, indépendamment de la société réelle. Il est conduit et structuré par de petits groupes d'individus avides de profits et sans scrupules qui, sous couvert d'anonymat, mènent l'humanité à leur guise. Ils savent très bien ce qu'ils font et dans quel sens ils conduisent leur action sans que, bien entendu, ceux qu'ils considèrent comme le "vulgus pecum" puisse se rendre toujours compte de ce qu'ils décident. Par leur action néfaste et détestable, par les multiples formes dont ils se parent, ils étendent leurs filets sur le monde réel, pervertissant tout ce qu'ils touchent, modelant la société à leur guise et y effaçant peu à peu tous ces élans de générosité et de compassion que l'on ressent dans le "monde d'en bas"

Lorsque je cherche un correspondance mythologique à ce "monde d'en haut", une image me vient presque immédiatement à l'esprit, celle de l'HYDRE DE LERNE (représentée ici par Albrecht Dürer) monstre aux multiples têtes, dont une immortelle, exhalant un poison qui détruisait toute vie à la ronde. Couper une de ces têtes ne servait à rien puisqu'elle repoussait immédiatement, plus dangereuse et plus malfaisante encore qu'auparavant.

Essayer de comprendre le fonctionnement néfaste de cette Hydre moderne et tenter d'en démonter les mécanismes qui la sous-tendent furent pour moi l'occasion de longues recherches que j'ai tenté de synthétiser dans les articles qui vont suivre.

 Il convient de replacer d'abord ce système dans sa perspective historique.

La STRUCTURE DE LA SOCIÉTÉ INDUSTRIELLE DU 19ème SIÈCLE. 
la société industrielle du 19ème siècle est née de la révolution des techniques qui, avec l'invention de la machine à vapeur mue au charbon de terre, permit la création de nouveaux moyens de communication (chemin de fer, bateaux à vapeur), de grandes manufactures, du machinisme et d'immenses banlieues usinières autour des villes..

Le coût de toutes ces avancées techniques fut tel qu'il devint vite impossible à un seul individu de financer la création des infrastructures, il fallut accompagner la révolution technique d'une évolution économique, ce qui conduisit à imaginer des formes diverses d'associations dont la plus pérenne et la plus efficace fut la société anonyme par actions.

L'épanouissement de la société par actions conduisit à la transformation de la classe sociale de ceux que la société du 19ème siècle qualifiait de " bourgeois" avec création de deux groupes :
     . Les chefs des entreprises industrielles et bancaires qui dirigent effectivement ces sociétés parce que eux et leur famille possèdent un pourcentage suffisant d'actions pour contrôler les assemblées générales des actionnaires où chaque action compte pour une voix,
     . Les "rentiers" disposant de fonds suffisants provenant souvent d'héritages de parents commerçants ou artisans, qui achètent et revendent des actions selon les bénéfices escomptés ou supposés et vivent principalement des dividendes versés par les sociétés anonymes.

La Bourse, élément principal de régulation de la vie économique,est basée à cette époque essentiellement sur les résultats effectifs des entreprises : par l'intermédiaire des courtiers de bourse, le rentier achète des actions de sociétés pour lesquelles les résultats sont bons et revend celles des sociétés que l'on ressent en difficultés :
   . dans le premier cas, le cours des actions monte, le capital augmente et la société anonyme disposera d'un surplus de capitaux qui lui permettra d'investir,
   . dans le second cas, le cours des actions baisse, ce qui augmente les risques de faillite.

À cette période, la bourse était ancrée dans le réel, elle témoignait des grandes tendances économiques et constituait un baromètre de la bonne santé des sociétés par actions

Certes il existait deux dangers inhérents à ce système :
   . il se produit des tentatives de spéculation (vendre des actions d'une société pour faire baisser les cours de ses actions,racheter ensuite ces actions au prix bas afin de les faire monter à nouveau) : ces tentatives, jugées moralement indécentes, ne sont cependant pas nées avec la société industrielle puisque l'on trouve des formes de spéculation dès l'antiquité.
   . La société anonyme, pour subsister, doit verser des bénéfices importants aux actionnaires, ce qui conduit à limiter toute augmentation de salaires et à interdire tous les moyens permettant aux ouvriers d'usines, le "prolétariat " de s'organiser.

Le "prolétariat" représente le revers de la médaille de la société industrielle, il forme une masse d'autant plus misérable et exploitée qu'elle est alimentée par l'exode des campagnes vers les villes elle-même engendrée par la forte augmentation démographique. Comme la demande d'emploi excède l'offre, les "bourgeois" peuvent exploiter à leur guise leurs ouvriers : salaires de misère, horaires démentiels, logements insalubres, ouvriers ressentis comme dangereux et à surveiller, qui doivent porter un livret visé par les forces de l'ordre à chaque déplacement.

En 1841, la situation sanitaire des prolétaires est considérée comme si préoccupante que le gouvernement du roi Louis-Philippe commande une enquête au docteur Willermé. Le rapport de ce médecin dispense de tout commentaire.

En voici quelques extraits qui décrivent la situation du prolétariat à Mulhouse :

" Dès l’année 1827, on y comptait 44 840 ouvriers employés dans les seuls ateliers de filature, de tissage et d’impression d’indiennes… Sept ans plus tard, en 1834, époque de prospérité et d’extension pour ces manufactures, on évaluait approximativement à 91 000 le nombre de leurs travailleurs… (un) quart de la population.

La durée journalière du travail varie… A Mulhouse, à Dornach… les tissages et les filatures mécaniques s’ouvrent généralement le matin à cinq heures, et se ferment le soir à huit, quelquefois à neuf...Ainsi leur journée est au moins de quinze heures. Sur ce temps, ils ont une demi-heure pour le déjeuner et une heure pour le dîner ; c’est là tout le repos qu’on leur accorde. Par conséquent, ils ne fournissent jamais moins de treize heures et demie de travail par jour.

La cherté des loyers ne permet pas à ceux des ouvriers en coton du département du Haut-Rhin...de se loger...auprès de leurs ateliers. De là, la nécessité pour les plus pauvres, qui ne pourraient d’ailleurs payer les loyers au taux élevé où ils sont, d’aller se loger loin de la ville, à une lieue, une lieue et demie, ou même plus loin, et d’en faire par conséquent chaque jour deux ou trois, pour se rendre le matin à la manufacture, et rentrer le soir chez eux.

On conçoit que pour éviter de parcourir deux fois chaque jour un chemin aussi long, ils s’entassent, si l’on peut parler ainsi, dans des chambres ou petites pièces, malsaines, mais situées à proximité de leur lieu de travail. J’ai vu à Mulhouse…de ces misérables logements où deux familles couchaient chacune dans un coin, sur de la paille jetée sur le carreau et retenue par deux planches. Des lambeaux de couverture et souvent une espèce de matelas de plumes d’une saleté dégoûtante, voilà tout ce qui leur recouvrait cette paille. Du reste, un mauvais et unique grabat pour toute la famille, un petit poêle qui set à la cuisine comme au chauffage, une caisse ou grande boîte qui sert d’armoire, une table, deux ou trois chaises, un banc, quelques poteries, composent communément tout le mobilier qui garnit la chambre des ouvriers.

Pour les plus pauvres, tels que ceux des filatures, des tissages, et quelques manœuvres, la nourriture se compose communément de pommes de terre, qui en font la base, de soupes maigres, d’un peu de mauvais laitage, de mauvaises pâtes et de pain. Ce dernier est heureusement d’assez bonne qualité. Ils ne mangent de la viande et ne boivent du vin que le jour ou le lendemain de la paie, c’est-à-dire deux fois par mois.



L'ANALYSE DE KARL MARX DE LA SOCIÉTÉ INDUSTRIELLE
le "manifeste du parti communiste"  écrit par Karl Marx et Friedrich Engels en 1847 et publié en 1848, présente, avec une extraordinaire prescience, une vision prophétique du développement du capitalisme ; cette analyse pourrait être transposée en 2014 au moins pour les deux premiers paragraphes. En voici quelques extraits pour lesquels j'ai ajouté un titre :

La mondialisation de l'économie de marché.
Poussée par le besoin de débouchés toujours nouveaux, la bourgeoisie envahit le globe entier. Il lui faut s'implanter partout, exploiter partout, établir partout des relations. Par l'exploitation du marché mondial... Les vieilles industries nationales ont été détruites et le sont encore chaque jour. Elles sont supplantées par de nouvelles industries... qui n'emploient plus des matières premières indigènes, mais des matières premières venues des régions les plus lointaines, et dont les produits se consomment non seulement dans le pays même, mais dans toutes les parties du globe. A la place de l'ancien isolement des provinces et des nations se suffisant à elles-mêmes, se développe...une interdépendance universelle des nations.

Par le rapide perfectionnement des instruments de production et l'amélioration infinie des moyens de communication, la bourgeoisie entraîne dans le courant de la civilisation jusqu'aux nations les plus barbares. Sous peine de mort, elle force toutes les nations à adopter le mode bourgeois de production ; elle les force à introduire chez elle la prétendue civilisation, c'est-à-dire à devenir bourgeoises. En un mot, elle se façonne un monde à son image.

Le modelage des modes de pensée.
Partout où la bourgeoisie a conquis le pouvoir, elle a foulé aux pieds les relations féodales, patriarcales et idylliques... elle les a brisés sans pitié pour ne laisser subsister d'autre lien, entre l'homme et l'homme, que le froid intérêt, les dures exigences du "paiement au comptant". Elle a noyé les frissons sacrés de l'extase religieuse, de l'enthousiasme chevaleresque, de la sentimentalité... dans les eaux glacées du calcul égoïste. Elle a fait de la dignité personnelle une simple valeur d'échange; elle a substitué aux nombreuses libertés, si chèrement conquises, l'unique et impitoyable liberté du commerce...elle a mis une exploitation ouverte, éhontée, directe, brutale.

L'inéluctabilité de la victoire du prolétariat.
... le développement de l'industrie, non seulement accroît le nombre des prolétaires, mais les concentre en masses plus considérables; la force des prolétaires augmente et ils en prennent mieux conscience. Les intérêts, les conditions d'existence au sein du prolétariat, s'égalisent de plus en plus, à mesure que la machine efface toute différence dans le travail et réduit presque partout le salaire à un niveau également bas.. Les ouvriers commencent par former des coalitions contre les bourgeois pour la défense de leurs salaires. Ils vont jusqu'à constituer des associations permanentes pour être prêts en vue de rébellions éventuelles. La bourgeoisie produit ses propres fossoyeurs. Sa chute et la victoire du prolétariat sont également inévitables.


Il va de soi que ces extraits présentent une minuscule facette de la pensée de Karl Marx.

LA MISE EN PLACE DE FORMES DE RÉGULATION DE L'ECONOMIE
les deux premiers extraits du manifeste du parti communiste sont encore d'actualité comme il est dit plus haut, par contre, l'annonce de la victoire inévitable du prolétariat ne s'est nulle part réalisée :
     - les révolutions communistes en Russie, en Chine et ailleurs furent le fait de groupuscules d'agitateurs marxistes et non celui du prolétariat puisque celui-ci ne représentait qu'une infime minorité de la population.
     - dans les pays industriels, où le prolétariat était important, la révolution n'a pas eu lieu principalement par le fait qu'entre le prolétariat et les bourgeois capitalistes se sont glissés les États qui ont régulé les rapports économiques et sociaux au nom de la paix sociale mais aussi par compassion envers les souffrances des ouvriers.

Les lois sociales votées au 19ème siècle peuvent être données en exemple : elles furent de quatre types :
   - levée des interdits qui empêchaient toute revendication des ouvriers : auparavant, les grèves étaient assimilée à une révolte et réprimée par les forces de l'ordre, les associations de défenses étaient interdites,
   - correction des abus les plus criants : limitation puis interdiction du travail des enfants, limitation du temps journalier de travail (11h en 1900), instauration du repos hebdomadaire, versement des salaires à intervalle régulier...
   - mise en place de système de caisse d'assurances en premier lieu contre les accidents de travail,
   - création d'instances d'arbitrage et de contrôle : conseil des prudhommes, inspection du travail, convention collectives...

LA MISE EN PLACE DU NÉO-LIBÉRALISME À LA FIN DU 20ème siècle
le néolibéralisme est le fruit de théories économiques apparues et systématisées à partir des années 1970. Un de ses théoriciens est Milton Friedmann de l'école dite de Chicago qui reçut le prix Nobel pour ses travaux.

Ce système prône :
     .  la liberté totale des marchés qui se réguleront d'eux même par le jeu de la concurrence,
     .  La suppression de tout ce qui peut entraver ce jeu : suppression du rôle de l'Etat-providence et de son interventionnisme, disparition du secteur public, des règles mises en place pour la protection des travailleurs (salaires minimum, temps de travail), du contrôle de la monnaie...
     . Fixation des taux de change entre monnaies et des taux d'intérêts du crédit par le marché et non plus par des décisions politiques
     . Libre circulation des capitaux et des biens dans le cadre de la mondialisation,
     . La libre entreprise doit être systématiquement encouragée et ne doit subir aucune entrave, ce qui implique des baisses de charges et d'impôts. Chaque individu devra être susceptible de devenir un entrepreneur.
    . La règle d'adéquation entre l'offre et la demande de produits industriels doit être revue : c'est l'offre qui devient l'élément essentiel, à charge pour le marché de mettre en place des méthodes permettant aux produits industriels de trouver des clients.

Ce néolibéralisme présente deux caractères particulièrement surprenants :
   . Par la volonté affirmée de supprimer tous les freins mis par les États au titre de la protection des ouvriers, le néolibéralisme annihile tous les efforts et toutes les lois mises en place pendant un siècle et demi : on se retrouve dans la situation décrite par Karl Marx avec une extension indéfinie et inhumaine de cette société qui méritera de plus en plus son qualificatif d' HYDRE de LERNE.
   . l'offre étant privilégiée sur les besoins réel des gens, on va mettre en place un système que j'appellerai la SOC-COM, la société de consommation, qui va enserrer dans ses liens l'ensemble de l'humanité et user de méthodes de vente pouvant être classées en trois grandes catégories :
        . Le conditionnement mental par la publicité,
        . L'obsolescence programmée,
        . La tyrannie de la production et des modes de vente.

Ces trois méthodes seront décrites dans les prochains chapitres...

mercredi 1 janvier 2014

Nouvelle année

Après le terrifiant figuier étrangleur dans son association avec une des scènes de l'enfer de Dante, j'ai voulu, pour ce premier janvier, donner une image plus optimisme. La DIVINE COMÉDIE se termine en effet par une vision de paradis illustrée par Gustave Doré.

Rêvons pour cette nouvelle année d'un monde meilleur, sans guerre, plus juste et plus harmonieux à l'image de cette gravure de félicité...