L'OBSOLESCENCE APPLIQUÉE À UNE AUTOMOBILE
Ce type d'obsolescence est le plus courant et sans doute aussi le plus ancien : augmenter la fragilité des composantes d'un produit afin de leur donner une durée plus courte de vie.
Les deux exemples les plus connus grâce à l'excellent film PRET A JETER sont ceux de la lampe à incandescence dont la durée de vie à été limitée à 1000 heures par un cartel appelé Phebus composé de firmes productrices qui s'unirent pour le décider au mépris de toute règle déontologique et la production des bas-nylon de la firme DuPont de Nemours, quasiment infilables et très résistants, dont il fallut modifier la composition pour les fragiliser afin de faire repartir la production.
Autrefois, entretenir et réparer une automobile était à la portée de la plupart des gens, le moteur à quatre temps est très simple et toutes les pièces étaient clairement visibles : changer les bougies, vérifier le niveau d'huile, nettoyer le carburateur, vérifier la batterie étaient faciles ; de même beaucoup de gens effectuaient eux-mêmes la vidange ainsi que les autres travaux d'entretien (radiateur, filtre à air, courroie du ventilateur) sans passer par le garagiste ; la voiture, si elle était bien entretenue, pouvait durer très longtemps. En outre, par le fait que la structure du moteur était essentiellement composée de pièces mécaniques, le coût d'achat de ces pièces était relativement faible.
Dans un premier temps, les constructeurs fabriquèrent des voitures simples et robustes : la hausse du niveau de vie faisant que beaucoup de gens achetaient une automobile et donc que le marché était en pleine expansion. Peu à peu, il apparut que cette expansion aurait inéluctablement des limites et que, même en flattant le quidam par la publicité, on arriverait rapidement à saturation. C'est à ce moment qu'apparut l'idée de mettre en place des procédures d'obsolescence : on se mît à doter les voitures de pièces de plus en plus fragiles destinées à faire en sorte que la durée de vie n'excède pas un nombre déterminé de kilomètres.
C'est ce que j'ai pu constater avec mon avant-dernière voiture : jusqu'à 120.000 kilomètres, cette voiture fonctionna sans aucun problème, c'est ensuite que les pannes survinrent les unes après les autres, devenant le lot courant ; les visites au garage se multiplièrent et à chacune je m'entendais dire : "c'est l'usure normale", le terme de "normal" me semble impropre, j'aurais préféré entendre : " c'est l'usure prévue par le constructeur". Ces allées et venues, outre le fait qu'elles me coûtaient très cher, me faisaient douter de cette voiture, je n'osais plus entreprendre de trajets importants de peur de tomber une nouvelle fois en panne.
La dernière panne fut pour moi le coup de grâce et je me décidai de changer de voiture, je consultai alors une revue spécialisée donnant le prix des voitures après la dépréciation due à l'âge et je m'aperçus que ma voiture ne valait presque plus rien !
Le garagiste à qui je m'adressai, me répondit : " votre voiture ne vaut plus rien, certes, mais avec tous les frais que vous avez engagés à son propos, je vous propose une reprise de .... € sur l'achat d'une nouvelle voiture". J'acceptai et fut ainsi, une première fois, victime de la politique de l'obsolescence programmée.
Je préfère ne pas savoir ce qu'il advint de cette voiture : fut-elle déclarée épave ? Fut-elle réparée avec du matériel d'occasion et revendue ensuite dans un pays moins pointilleux sur les normes ?
Ma nouvelle voiture, pour l'instant, fonctionne sans problèmes, cependant quelques pannes commencent à apparaître : ce fut le cas l'autre jour du limitateur de vitesse : je menai ma voiture au garage et assistai à un spectacle à peine croyable : le garagiste prit un ordinateur, le relia à ma voiture et détermina au moyen de l'ordinateur et du logiciel du fabricant l'origine de la panne ainsi que le coût de la réparation, 500€ (5% du prix auquel j'ai acheté cette voiture). Il m'expliqua alors que tout se faisait comme cela maintenant tant il y avait d'électronique dans les voitures et que cela explique le prix élevé des réparations.
Ainsi apparaît une évolution qui va dans le sens d'un indéniable progrès technique mais pas dans celui du consommateur :
. Les voitures autrefois robustes, sont maintenant de plus en plus fragiles, soit du fait de l'usure programmée des pièces, soit des pannes électroniques,
. La simplicité d'autrefois a été remplacée par une sophistication des techniques telles que le propriétaire d'une voiture ne peut plus remédier à la moindre panne,
. Les pièces détachées coûtent des prix qui deviennent rédhibitoires.
Désormais, le consommateur perd toute liberté face à sa voiture, il devient l'esclave impuissant d'une technique qui le dépasse et qu'il ne peut même pas contrôler.
Il reste, dans cette mise en application de l'obsolescence programmée aux automobiles, une étape supplémentaire à franchir pour les constructeurs, celle de doter les pièces de "puces" électroniques qui les mettent en panne automatiquement dès que l'on dépasse un nombre fixé par avance de kilomètres comme cela se produit pour les cartouches d'imprimantes ! Je suis quasiment convaincu que de tels systèmes sont déjà mis en place clandestinement.
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