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lundi 6 janvier 2014

..L' HYDRE DE LERNE DU  NÉO-LIBÉRALISME. 5. L'obsolescence

DÉFINITION
Le mot obsolescence est dérivé du latin dérivé du latin obsolescens, participe présent de obsolescere « tomber en désuétude", c'est un mot que l'on trouve exprimé dans son acceptation actuelle dans un ouvrage datant de 1932, paru aux Etats Unis, écrit par Bernard London et intitulé  : " Ending the depression through planned obsolescence" : en finir avec la dépression consécutive au Krach boursier de 1929 par l'obsolescence planifiée.

" Partout, les peuples désobéissent à la loi de l'obsolescence, ils utilisent leurs vieilles voitures, leurs vieux pneus, leurs vieilles radios et leurs vieux habits beaucoup plus longtemps que ce que les statisticiens l'avaient établi sur la base de leur expérience ancienne... "

Suit alors dans le texte, un long paragraphe montrant que ce comportement est anormal quand des millions de travailleurs sont sans emploi du fait que les usines ne vendent plus puisque les gens préfèrent conserver leurs biens jusqu'à ce qu'ils soient hors d'usage plutôt que de les renouveler.

London formule alors une proposition assez étonnante :

" Le gouvernement doit assigner une limite de vie aux chaussures, maisons et machines, à tous les produits des manufactures, des mines et de l'agriculture quand ils sont créés, ils devront être vendus et utilisés jusqu'au terme de leur existence connue par le consommateur ; quand le temps imparti est expiré, ces objets seront légalement morts, ils devront être contrôlés par une agence gouvernementale et détruits s'il y a chômage généralisé ; de nouveaux produits seront alors déversés des usines sur les marchés pour prendre la place de ceux devenus obsolètes, l'industrie repartirait, l'emploi serait assuré pour les masses.

Ce type de proposition ne pouvait que séduire la société de consommation; il fallut l'adapter afin de la rendre si insidieuse qu'elle en devint indolore. Sa généralisation conduisit à une mutation des comportements humains d'une ampleur inouïe avec la disparition des modes traditionnels de pensée économique

LA DISPARITION DES MODES TRADITIONNELS DE VIE
Les modes de pensée traditionnels étaient basés sur des pratiques d'économie dérivées des comportements autarciques du passé : de multiples exemples me reviennent à l'esprit quand on considère la vie quotidienne qui était celle des années de la deuxième moitié du 20ème siècle :
   - on ne jetait aucune nourriture, celle-ci était conservée et resservie ou accommodée autrement. Il était quasiment sacrilège de jeter du pain, celui-ci, même rassis, était mangé soit le matin au petit-déjeuner trempé dans le bol de café au lait, soit le soir dans la soupe ; s'il restait quelques croûtes, elles étaient données aux lapins avec les épluchures et autres restes de nourriture devenus non consommables.
   - on conservait les habits très longtemps, ils étaient raccommodés et réparés systématiquement. Les habits des enfants aînés de famille étaient conservés pour les plus jeunes ou pour les cousins. Les chaussettes et même les gants étaient tricotés à la main, ce qui permettait de les repriser facilement,
   - les outils étaient simples, mus manuellement,sans sophistication et de bonne qualité ; ils étaient entretenus avec soin et duraient longtemps. Il y avait une foule de petits métiers comme le rétameur qui permettaient de les réparer si besoin était, ces artisans passaient dans les rues, se faisant annoncer en agitant une cloche. Le balai était l'outil essentiel de la ménagère, l'aspirateur n'était utilisé que rarement, la lessive se faisait dans de grandes lessiveuses à champignon que l'on posait sur le fourneau ou dans l'auge qui récupérait l'eau de pluie ou encore au lavoir.
  - on ne gâchait rien : les bouteilles étaient consignées, on achetait au détail ce dont on avait besoin et non des produits tout préparés et préemballés dans du plastique, je me souviens aussi que dans ma famille, on découpait les journaux pour en faire le papier des toilettes.
  - lorsqu'une jeune fille était en âge de se marier, ses parents lui constituaient un trousseau, ce trousseau était si solide qu'il durait généralement toute une vie.

Certes, il existait déjà une minorité de gens pour qui la consommation effrénée servait déjà de mode de vie mais ce n'était pas le cas de ceux que j'ai appelé les "braves gens" qui menaient un mode de vie simple et basé sur l'économie.

C'est en me remémorant ce passé que je mesure à quel point la mutation des mentalités et comportements fut inouïe et brutale : on a remplacé la durabilité par l'éphémère, l'économie des moyens par l'abondance, la gestion rigoureuse de ses biens par la prodigalité, la récupération par le gâchis, la solidité par l'obsolescent : la SOC-COM s'est donné les moyens de conduire cette mutation en l'associant à l'idée de progrès et en transformant avec opiniâtreté et obstination de fond en comble les habitudes sociales.

Loin de moi l'idée d'une quelconque nostalgie d'un "bon vieux temps" qui n'existait pas : la société de consommation a été effectivement un vecteur essentiel de progrès technique, il est évident que personne ne voudrait revenir à ce passé que je viens de décrire, ce ne serait ni possible ni souhaitable. Mon propos sera ici de monter à quel point le système de l'obsolescence programmée a envahi notre vie en entravant notre liberté.


LES DIVERSES FORMES D'OBSOLESCENCE
L'aspect multiforme de l'obsolescence programmée donne toujours lieu à des querelles entre spécialistes d'autant que de gros enjeux économiques sont en jeu. C'est ainsi que l'ADEME, (agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) vient seulement en 2012 de donner une définition du phénomène !

En ce qui me concerne, les arguties et les ratiocinations des différentes interprétations ne m'intéressent pas, je me contenterai de mes propres définitions en les formulant à partir des mésaventures survenues dans ma vie quotidienne.

Selon moi, il y a obsolescence programmée quand :
   - on introduit des éléments de fragilité dans un objet afin d'obliger le consommateur à en changer,
   - on rend périmé un objet en :
        . Arrêtant prématurément sa fabrication,
        . En ne produisant plus les pièces détachées permettant sa réparation,
        . En faisant en sorte que les pièces de rechange coûtent plus chers que le produit neuf,
   - on introduit au moment de la fabrication des systèmes qui vont conduire un objet à tomber en panne automatiquement au bout d'un certain nombre de séquences d'utilisation,
   - on modifie les lois et règlements, ce qui rend caducs, des objets encore en état de fonctionnement.

Par contre, toujours selon moi, il n'y a pas obsolescence programmée quand le consommateur se débarrasse d'un matériel encore utilisable et en état de fonctionnement pour acquérir un produit plus performant, plus beau et s'adaptant mieux à ses besoins ou ses envies. À ce niveau, il s'agit du choix du consommateur et non d'une obligation imposée par la SOCieté de ConsOMmation.

ChacunE des quatre catégories d'obsolescence programmée sera illustrée par quelques exemples dans les prochains articles.

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