REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

jeudi 22 mai 2014

LES GRANDS CONCEPTS DE LA CHRETIENTE OCCIDENTALE MÉDIÉVALE.  Le salut (1) : dans les Évangiles.

Comme pour le chapitre précédent, il convient de comparer ce qui est écrit dans les Evangiles à ce qu'en a retenu l'église médiévale pour l'enseignement des chrétiens. 

Autant ce sujet est complexe au niveau des textes évangéliques, autant le message de l'église, exprimé par les sculptures des tympans d'église et des chapiteaux, est clairement accessible à l'édification des fidèles. C'est ce dualisme qu'il conviendra de montrer d'abord par l'étude des textes évangéliques et des commentaires qui en ont été faits, ensuite par la description des représentations de l'enfer et du paradis du tympan de Conques

Cette approche du message évangélique sera effectuée en deux parties :
   . Croire pour mériter le salut,
   . Mettre en accord sa vie avec sa croyance.
Pour cette étude, je me suis basé sur les Évangiles de saint Matthieu et de saint Jean ainsi que sur les écrits de saint Augustin. 

1/ CROIRE POUR MÉRITER LE SALUT

Trois approches peuvent être effectuées à ce niveau : l'approche de l'Evangile selon saint Matthieu avec la parabole du semeur, celle de saint Jean beaucoup plus philosophique et celle de saint Augustin : pour chacune, je citerai les textes que j'ai ressentis comme étant les plus significatifs.

A/ LA PARABOLE DU SEMEUR (Évangile de saint Mathieu, traduction de L. Segond)

La parabole
Un semeur sortit pour semer. Comme il semait, une partie de la semence tomba le long du chemin: les oiseaux vinrent, et la mangèrent. Une autre partie tomba dans les endroits pierreux, où elle n'avait pas beaucoup de terre: elle leva aussitôt, parce qu'elle ne trouva pas un sol profond ; mais, quand le soleil parut, elle fut brûlée et sécha, faute de racines. Une autre partie tomba parmi les épines: les épines montèrent, et l'étouffèrent. Une autre partie tomba dans la bonne terre: elle donna du fruit, un grain cent, un autre soixante, un autre trente.
L'explication donnée par Jésus aux disciples :
   . Lorsqu'un homme écoute la parole du royaume et ne la comprend pas, le malin vient et enlève ce qui a été semé dans son coeur: cet homme est celui qui a reçu la semence le long du chemin.
   . Celui qui a reçu la semence dans les endroits pierreux, c'est celui qui entend la parole et la reçoit aussitôt avec joie ; mais il n'a pas de racines en lui-même, il manque de persistance, et, dès que survient une tribulation ou une persécution à cause de la parole, il y trouve une occasion de chute.
   . Celui qui a reçu la semence parmi les épines, c'est celui qui entend la parole, mais en qui les soucis du siècle et la séduction des richesses étouffent cette parole, et la rendent infructueuse.
   . Celui qui a reçu la semence dans la bonne terre, c'est celui qui entend la parole et la comprend; il porte du fruit, et un grain en donne cent, un autre soixante, un autre trente.
(MATTHIEU 13,4-8 et 19-23)

Le sens de cette parabole est particulièrement évident : La Parole est annoncée à tous, cependant chacun la reçoit différemment :
   - les uns entendent mais n'écoutent pas ou rejettent ce qu'ils entendent sous l'emprise du mal,
   - les autres écoutent la parole mais l'oublient, soit parce qu'ils ont peur des conséquences s'ils prennent en compte le message, soit parce qu'ils sont attirés par les incitations du siècle (richesses, honneurs... )
   - les autres enfin entendent le message, le comprennent et le mettent en pratique dans leur vie, ceux là seuls seront sauvés.

B/ croire dans les conceptions de L'EVANGILE SELON SAINT JEAN ( traduction usitée par l'église catholique)

L'Evangile de saint Jean est, selon moi, le plus complexe mais aussi le plus chargé d'enseignement ; en effet, selon les historiens, il fut écrit postérieurement à la chute de Jérusalem, première phase de la fin des temps, survenue en 70 : on en est donc à la phase de la prédication de la bonne nouvelle à toutes les nations avant le retour du Christ sur terre pour le jugement dernier. C'est dans cette perspective qu'il convient de placer l'Evangile de Jean en tant que mémorandum analytique des idées principales du christianisme naissant qu'il faut diffuser partout et rapidement pour que s'accomplissent les prophéties.

En relisant l'Evangile selon saint Jean, j'ai trouvé quatre séries de citations qui corroborent les concepts exprimés dans la parabole du semeur en lui donnant une perspective historique.

La première série de citations concerne le salut par le fait de croire :
   . Dieu a tellement aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point mais ait la vie éternelle.
   . Car Dieu n'a pas envoyé le Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui.
(JEAN 3.16-18)
   . Mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. Or, voici quel est le jugement: c'est que la lumière est venue dans le monde, et que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, parce que leurs oeuvres étaient mauvaises. Car quiconque fait le mal, hait la lumière, de peur que ses oeuvres ne soient blâmées. Mais celui qui accomplit la vérité vient à la lumière, de sorte que ses oeuvres soient manifestées, parce qu'elles sont faites en Dieu."
   . En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole et croit à celui qui m'a envoyé a la vie éternelle, et n'encourt point la condamnation, mais il est passé de la mort à la vie. En vérité, en vérité, je vous le dis, l'heure vient, et elle est déjà venue, où les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l'auront entendue vivront. Et ils en sortiront, ceux qui auront fait le bien, pour une résurrection de vie; ceux qui auront fait le mal, pour une résurrection de condamnation.
(JEAN 5.24-26)

Les  idées développées par cette première série de textes sont les suivantes :

l'annonce de l'AMOUR DE DIEU POUR LES HOMMES. rappelons d'abord que Dieu a plusieurs fois offert aux hommes son amour, lors de la création de l'homme et du jardin d'Eden, après le déluge, avec Abraham. Ce que Dieu offre aux hommes dans l'Evangile est cependant d'une autre nature à deux points de vue au moins puisque Dieu envoie son Fils unique sauver le monde et lui donner la vie éternelle et accepte que la rédemption du monde passe par le sacrifice du Fils.

Pour expliciter ses concepts permettant l'obtention du SALUT, l'évangéliste a utilisé la métaphore de la lumière qui irradie le monde :
   - les uns vont accepter cette lumière, ils vont écouter la Parole et croire à celle-ci, ils auront la vie éternelle, ils accompliront des actions (les œuvres) qui concrétiseront le fait de croire.
   -  les autres vont aussi apercevoir cette lumière mais ils vont la rejeter, préférant le monde des ténèbres car il leur permet de dissimuler les actions (œuvres) mauvaises qu'ils accomplissent.

Ces idées conduisent à deux corollaires qui en découlent :
   . L'homme dispose du libre arbitre qui lui permet d'opter pour la lumière. Ce libre-arbitre n'est cependant pas la liberté au sens ou nous l'entendons de choisir entre le bien et le mal : l'homme est esclave du mal ; par son choix de la lumière, il se libère de cet esclavage.
  . Selon l'évangile de saint Jean, le salut s'obtient par le fait de croire. Cette dernière conception conduira à de nombreuses exégèses dont celles de saint Paul et de saint Augustin que l'on décrira ensuite.

La deuxième série de citations concerne le règne de l'esprit
    . Jésus dit: "Je suis encore avec vous un peu de temps, puis je m'en vais à celui qui m'a envoyé. Vous me chercherez, et vous ne me trouverez point, et où je suis vous ne pouvez venir."
   . Celui qui croit en moi, de son sein, comme dit l'Ecriture, couleront des fleuves d'eau vive,Il disait cela de l'Esprit que devaient recevoir ceux qui croient en lui; car l'Esprit n'était pas encore donné, parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié.
    . Cependant je vous dis la vérité: il vous est bon que je m'en aille; car, si je ne m'en vais pas, le Consolateur ne viendra pas en vous; mais si je m'en vais, je vous l'enverrai. Et quand il sera venu, il convaincra le monde au sujet du péché, de la justice et du jugement...  Encore un peu de temps, et vous ne me verrez plus; et encore un peu de temps, et vous me verrez, parce que je vais à mon Père."
(JEAN.7.33 et suivant..)
    . Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Consolateur, pour qu'il demeure toujours avec vous : C'est l'Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu'il ne le voit point et ne le connaît point: mais vous, vous le connaissez, parce qu'il demeure au milieu de vous; et il sera en vous. Je ne vous laisserai point orphelins; je viendrai à vous. (JEAN 14.16-18)
   . Jésus répondit (à Jude) : "Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et mon Père l'aimera, et nous viendrons à lui, et nous ferons chez lui notre demeure" . Je vous ai dit ces choses pendant que je demeure avec vous . Mais le Consolateur, l'Esprit-Saint, que mon Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit. (JEAN 23 puis 25-26)

Le règne de l'ESPRIT est une idée essentielle de l'Evangile selon saint Jean. Pour l'instant, Jésus est parmi les hommes à qui il dispense sa lumière et sa parole, mais il sait qu'il doit être sacrifié pour assurer le salut du monde, puis ressusciter et retourner aux côtés de son Père.

Jésus l'annonce donc clairement, "je vais partir et vous ne me verrez plus". Pourtant, il ne laissera pas les hommes sans secours,  il leur enverra un "consolateur" (ce mot est une traduction du mot grec parakletos qui signifie : qui console, intercède, ainsi que le mot avocat) que saint Jean appelle l'Esprit de vérité et Esprit-Saint et que l'on traduit actuellement par le terme de Saint-Esprit.

Cet Esprit (qui n'est cependant pas, par essence, différent du Fils) établit la perspective d'avenir : l'Esprit pénétrera d'abord les apôtres, disciples directs de Jésus, leur enseignera, leur permettra de mieux comprendre la parole divine et leur donnera les moyens de la perpétuer en la diffusant partout : c'est dans ce cadre que se produira leur prédication , les apôtres pénétrés de l'Esprit Saint transmettront le message de Dieu.

Citation concernant le baptême
 Jésus s'entretient avec Nicodème, un des chefs pharisiens
     . "En vérité,..., je te le dis , nul, s'il ne naît de nouveau, ne peut voir le royaume de Dieu."
     .  Nicodème lui dit: "Comment un homme, quand il est déjà vieux, peut-il naître? Peut-il entrer une seconde fois dans le sein de sa mère, et naître de nouveau?"
     . Jésus répondit: " En vérité... , je te le dis, nul, s'il ne renaît de l'eau et de l'Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Car ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l'Esprit est esprit... Le vent souffle où il veut et tu entends sa voix; mais tu ne sais d'où il vient, ni où il va: ainsi en est-il de quiconque est né de l'Esprit."
(JEAN 3.1-7)

La définition du BAPTEME selon saint Jean est en continuité avec ce qui vient d'être dit sur l'Esprit : Il s'effectue selon le rite instauré par saint Jean le Baptiste au moyen de l'eau, cependant ce baptême n'est pas seulement un geste cultuel.

À l'eau, Jésus associe l'idée de renaissance, celle de l'Esprit et l'entrée dans la vie éternelle. Le baptême est donc l'acte qui permet de recevoir le saint-Esprit par lequel on peut accéder à la lumière et à la vie éternelle.

Ce texte permet de préciser la conception que saint Jean donne du Saint-Esprit, il est un souffle, un vent que l'on ressent en soi et qui permet de s'ouvrir à la lumière.

Citation concernant l'Eucharistie :
    . Jésus leur dit: En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme, et si vous ne buvez son sang, vous n'avez point la vie en vous-mêmes. Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle; et je le ressusciterai au dernier jour.
     . Celui qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi, et moi en lui. Comme le Père qui est vivant m'a envoyé, et que je vis par le Père, ainsi celui qui me mange vivra aussi par moi.... celui qui mange de ce pain vivra éternellement."
JEAN 6.53...58)

L'EUCHARISTIE, également évoquée dans les autres Evangiles avait particulièrement scandalisé les juifs présents, : comment, disaient-ils, peut-on manger son corps ? saint Jean apporte une justification théorique : de la même manière que le baptême permet de recevoir l'Esprit et la vie éternelle, l'Eucharistie permet de recevoir en soi le Christ qui procure la vie éternelle et permet la résurrection.

C/ LE COMMENTAIRE DE SAINT AUGUSTIN
Le commentaire que saint Augustin effectue à propos de l'Evangile selon saint Jean va porter sur cette métaphore de la lumière utilisée par l'apôtre pour expliquer le fait de croire, il va utiliser pour cela deux concepts déjà cités par saint Paul, celui de GRÂCE et celui de FOI

     . En premier lieu, saint Augustin se pose la question suivante : Pourquoi Dieu a t'il offert aux hommes cette lumière qui donne le salut ? Sûrement pas à cause des mérites de l'homme : si les hommes analysent leurs pensées et leurs actes, ils ne méritent que les supplices de l'enfer. Or Jésus n'est pas venu pour punir les hommes mais pour les sauver : c'est un don gratuit que l'homme reçoit et c'est une grâce qui est faite par Dieu à l'homme. La grâce donne la volonté de croire et conduit l'homme à la foi.

   . L'idée de foi est complexe ; pendant longtemps, saint Augustin a pensé que la foi était en nous et émanait de nous, il a confessé son erreur et reconnu que la foi, tout comme la grâce, était un don de Dieu : elle est totalement compatible avec la raison de deux manières :
          - la foi rend capable de comprendre : " si vous ne croyez pas, vous ne comprendrez pas"
          - nous ne pourrions pas croire si nous n'avions pas des âmes raisonnables.
La foi précède la raison : il faut commencer par croire pour comprendre ce que nous croyons.

Ainsi se définissent, selon saint Augustin, deux notions essentielles, la grâce et la foi, l'une est donné par Dieu à tous les hommes, l'autre est donnée aux hommes qui croient.

mercredi 23 avril 2014

LA GABEGIE DU SYSTÈME DE SANTÉ FRANÇAIS (9)

8/ QUELLES SOLUTIONS ? 
Si l'on considère les deux types de problèmes qui se posent : le déficit financier et le creusement des inégalités de soin selon son lieux d'habitation (ville/campagne et banlieue) et selon sa fortune (dépassements d'honoraires), le plus important pour moi est le second car toute forme d' inégalité des droits est moralement insoutenable au niveau éthique et contraire aux principes de la déclaration des droits de l'homme.

Pour moi, un principe fondamental doit être mis en application dans tout système démocratique : la liberté individuelle ne peut pas aller à l'encontre de la liberté collective,  notre liberté n'est totale que tant qu'elle ne porte pas atteinte aux libertés des autres : c'est à la Nation, par elle-même ou par ses représentants, qui doit par la loi règlementer les libertés pour qu'elle ne soient ni luxure ni exploitation de l'homme par l'homme dans la perspective de la loi du plus fort.

Si  j'avais un avis à donner sur les déviations du système de santé, voila ce que je proposerais :

La plus importante  réforme du secteur de santé doit être effectuée à l'entrée à l'université.
   - en premier lieu, il convient de repenser le système du numerus clausus en établissant la liste des besoins  estimés dans les dix ans, en tenant compte à la fois du renouvellement des médecins partant en retraite et des déficits prévisibles,
   - ensuite, lors de l'entrée en deuxième année, le futur médecin se verra présenter deux alternatives :
          . Ou il s'engage à ouvrir un cabinet là où on lui dira d'aller selon les besoins, à ne pas pratiquer de dépassements d'honoraires et à s'en remettre aux tarifs prônés par la sécurité sociale : en ce cas, l'Etat paiera ses études dans leur intégralité. Cet engagement sera contractuel, signé pour dix ans.
          . Ou il ne s'engage pas, dans ce second cas, ce sera à lui de payer l'intégralité de ses études, il sortira du cadre réglementaire de la sécurité sociale, pourra pratiquer les honoraires qu'il voudra mais aucun de ses patients ne pourra prétendre à recevoir un quelconque remboursement au delà des tarifs réglementaires.

On pourrait objecter que ce système est impossible à mettre en place : c'est faux ! Il y a en effet des précédents en particulier au niveau des Ecoles Normales d'Instituteurs d'autrefois : l'état prenait en charge non seulement la totalité des dépenses afférents aux frais de scolarité depuis la classes de troisième mais aussi celles de l'Internat : en échange, il fallait signer un engagement de dix ans dans l'Education Nationale. Ce qui était possible pour les instituteurs l'est évidemment aussi pour les médecins, encore faudrait-il casser les divers groupes de pression qui ont tout intérêt à la pérennisation du système actuel.

On peut aussi rétorquer que ce système risque de décourager un grand nombre de vocations. En fait c'est le contraire qui se produira : au lieu d'avoir des médecins soucieux avant tout de leur intérêt personnel, on aura des médecins qui respecteront le serment d'Hippocrate et seront vraiment au service des patients.

Bien entendu, il sera nécessaire qu'une commission de contrôle surveille le bon fonctionnement du système et, si besoin est, d'infliger des pénalités aux médecins qui ne respecterait pas l'engagement pris avec en particulier l'obligation pour les contrevenants de rembourser la totalité des frais payés par la Nation au titre de leur scolarité.

Il conviendra enfin de modifier les études de médecine en les orientant vers une meilleure connaissance des médicaments et en ouvrant l'horizon des étudiants vers les autres médecines ; cependant, je ne me sens pas qualifié à ce niveau pour en juger.

Le problème financier est plus complexe à résoudre non seulement parce qu'il concerne les abus des médecins mais surtout à cause des abus des individus qui estiment n'avoir que des droits et aucun devoir

Je n'ai pas non plus d'avis à ce propos main, conformément à ce que j'ai écrit plus haut, la liberté individuelle ne pouvant aller à l'encontre de la Nation et de sa liberté collective, il est nécessaire que celle-ci agisse contre les abus : les contrôles sont facilités par l'outil informatique et ils devraient permettre de les corriger dans ce qu'ils ont de plus criants.

mardi 22 avril 2014

LA GABEGIE DU SYSTÈME DE SANTÉ FRANÇAIS (8)

7/ À QUI LA FAUTE ?
le NUMERUS CLAUSUS
Pour moi, c'est là l'origine de toutes les déviations constatées. Depuis 1971,  L'état fixe en effet par ce système le nombre de places ouvertes chaque année en deuxième année de médecine. Jusque 1983, il est assez élevé, environ 8000 places par an. Puis il baisse pour atteindre son niveau le plus bas en 1993 ( 3500 places)

C'est seulement depuis 2002 que les gouvernements se sont rendus compte de leur erreur et ont augmenté progressivement le numerus clausus comme le montre le premier tableau ci dessous.
Cependant, il faut compter avec le temps nécessaire nécessaire aux études des étudiants qui sont rentrés en deuxième année. En conséquence, selon la courbe présentée, le nombre de médecins n'augmentera qu'à partir de 2020

Ainsi, c'est une décision de l'Etat qui explique la pénurie de médecins actuellement,

Le but de l'Etat était évidemment de faire des économies au niveau des coûts de l'université, c'était une politique à courte vue et on en voit actuellement les effets désastreux :
     . le renouvellement des médecins partant en retraite n'est plus assuré, les médecins sortant de l'université et qui n'effectuent pas des études complémentaires au titre des spécialités, ont largement le choix du lieu de leur installation, ils privilégient les zones attractives et délaissent complètement les régions qu'ils considèrent comme défavorisées.
     . Le nombre de spécialistes baisse évidemment de la même manière avec, en conséquence, des délais de plus en plus longs entre la prise de rendez-vous et la consultation.
     . Enfin, devenus indispensables du fait de leur rareté, les médecins se sont crus autorisés à toutes les libertés au niveau de leur tarif ( dépassement d'honoraires, dessous de table)

LES PALLIATIFS
comme toujours, sans politique à long terme, l'Etat n'a fait que pallier au plus pressé. Une des méthodes employée fut de faciliter l'arrivée des médecins étrangers.

En voici quelques exemples qui me concernent directement :
   . Le médecin acupuncteur qui me soigne est vietnamien, il pratique les tarifs de la sécurité sociale alors que presque tous les autres acupuncteurs demandent des dépassements d'honoraires, certains même sont hors convention avec donc aucun remboursement.
   . Les deux derniers cardiologues que j'ai consultés sont syrien pour l'un et roumaine pour l'autre.
   . Le centre thermal dans lequel je me rends tous les ans n'emploie que des kinésithérapeutes venus du Portugal ou d'Espagne qui ne parlent qu'à peine le français, ce qui n'est guère commode pour les curistes. L'explication m'a été fournie par une des responsables des thermes : " quel kiné français accepterait de travailler toute la journée dans l'eau thermale lors de ses massages pour les honoraires (réglementaires) que nous leur versons ? "

Je suis tout à fait satisfait de consulter ces médecins étrangers, ils bien formés, compétents et s'occupent bien de leurs patients. Pourtant la solution qui consiste à employer des étrangers est honteuse à au moins deux points de vue :
   . Ces médecins font leurs études dans leur propre pays, ce qui fait qu'ils arrivent diplômés en poche, sans que cela coûte à la France ; heureusement pour eux, la plupart ne restent que quelques années en France, le temps de gagner assez d'argent pour retourner dans leur pays et d'y ouvrir un cabinet, c'est par exemple ce que fit la cardiologue roumaine dont j'ai parlé ci-dessus.
   . À une époque, où le racisme est devenu mode de pensée quasi-dominant, de telles pratiques ne semblent choquer personne, certains appellent cela " immigration positive" : on attire les diplômés des pays étrangers alors que ceux-ci seraient plus utiles dans leur propre pays qu'ici ; par contre, cela ne gène personne que l'on renvoie chez eux tous les autres étrangers  !

lundi 21 avril 2014

LA GABEGIE DU SYSTÈME DE SANTÉ FRANÇAIS (7)

6/ DÉPASSEMENT D'HONORAIRES ET DESSOUS DE TABLE
Mon argumentation se fondera ici sur deux cas authentiques :

Monsieur I... voyant de moins en moins clair avec ses lunettes, se décide à prendre un rendez-vous auprès d'un ophtalmologue. Il s'adresse au centre de santé de sa mutuelle et obtient ce rendez-vous dans six mois.

Monsieur I.. s'étonne d'un délai aussi important. Il lui est répondu qu'il est très difficile de trouver un ophtalmologue qui accepte de venir au centre mutuel et qu'il est probable que d'ici peu, le service sera fermé faute de renouvellement de ces spécialistes. Dans ce centre de santé, le patient ne paie pas sa consultation, c'est la mutuelle qui règle directement le médecin.

Monsieur I.. décide alors de téléphoner à un ophtalmologue privé : la secrétaire lui propose un rendez-vous dans les dix jours qui suivent mais elle précise que le médecin pratique un important dépassement d'honoraires. Au vu de cette situation, Monsieur I.. téléphone à d'autres ophtalmologues qui tous, à des degrés divers, annoncent des dépassements d'honoraires.

Monsieur I..., finalement, confirme son rendez-vous auprès de sa mutuelle, il attendra donc six mois pour avoir ses nouvelles lunettes...

Cette situation est moralement insoutenable et humainement intolérable à trois points de vue au moins :

D'abord, elle établit un régime de santé à deux vitesses : d'un côté, il y a ceux qui ont les moyens de payer les dépassements d'honoraires et qui seront soignés presque immédiatement et de l'autre ceux qui n'auront pas les moyens de payer et qui devront, soit attendre des délais de plus en plus longs au fur et à mesure que les spécialistes changeront de statut et opteront pour les honoraires libres, soit de n'avoir d'autres choix que d'aller se faire soigner à l'hôpital.

Cette situation est totalement contraire à ma conception de l'égalité des droits : on laisse bafouer les droits de l'homme de manière éhontée, mieux même, on reconnaît aux médecins le droit de pratiquer les dépassements d'honoraires. La conséquence est très grave : beaucoup de gens ne se font plus soigner, ils ne changent plus leurs lunettes, ne vont plus effectuer des visites de contrôle chez le dentiste : lentement mais sûrement, la qualité des services de santé décline surtout au niveau des soins aux plus pauvres. Tout le monde en subit les conséquences sans que personne n'ose se révolter !

En deuxième lieu, ces dépassements d'honoraires sont totalement contraire au serment d'Hippocrate juré par tous les médecins après leur réception en tant que médecin : voici à cet égard un extrait révélateur

" Au moment d’être admis(e) à exercer la médecine, je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité.... Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions. .. Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire... "

Où est le soin à l'indigent dans de telles conditions ? À cet égard la conclusion du serment d'Hippocrate est révélatrice : " Que les hommes et mes confrères m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je sois déshonoré(e) et méprisé(e) si j’y manque." : mépriser, c'est ce que je fais ! : tous ces médecins ont oublié le service du malade pour se mettre au service de leur profit personnel !

Enfin, la généralisation des dépassements d'honoraires conduisent à faire disparaître les centres de santé gérés par les mutuelles, non à cause de difficultés financières mais par le fait qu'on ne trouve plus de médecins pour y effectuer des soins : dans le centre de santé que je fréquentais ont disparu de ce fait la radiographie, l'échographie, la cardiologie, l'ortho-rhino-laryngologie, l'acupuncture, l'homéopathie...il y a encore quelques spécialiste mais ils n'effectuent qu'un examen sommaire au centre de santé ( "je n'ai pas le matériel ici" disent-ils) et s'empressent de vous inviter à des examens complémentaires dans leurs cabinets mais avec des ... dépassements d'honoraires !

Le deuxième cas est celui de M J... Il doit se faire opérer d'une hernie apparue à l'aine du côté gauche. Le chirurgien demande un " dessous de table" conséquent, condition sine qua non avant toute intervention ; après celle-ci, M J.. se réveille et constate qu'il a un pansement important à l'aine gauche mais aussi à l'aine droite. Affolé et imaginant que le chirurgien lui a trouvé une maladie grave, il fait appeler le chirurgien. Celui-ci lui indique qu'il s'est trompé de côté ! : " j'étais fatigué et je n'ai pas fait attention" ajoute t'il en guise d'excuse !

On croit rêver ! une telle irresponsabilité est criminelle. Quand on pense que l'on confie nos vies à de tels individus!

Lors de la visite de contrôle, M J.. a demandé au chirurgien qui se confondait en excuses, si le "dessous de table" se justifiait ; le chirurgien répondit que non et rendit son chèque à M J..

La pratique des " dessous de table" est encore plus scandaleuse que les dépassements d'honoraires puisqu'ils ne sont évidemment pas déclarés au fisc : encore une fois, le serment d'Hippocrate est bafoué de la manière la plus vile qui soit,

Si on considère tout ce que je viens de décrire, on peut que constater que le système de santé est tombé bien bas et surtout qu'il crée un système doublement inégalitaire, indigne de la patrie des droits de l'homme et du citoyen.
     . Inégalité géographique avec surabondance d'offre de santé dans les zones favorisées et désert médicaux en campagne et dans les banlieues défavorisées.
     . Inégalité face au droit à la santé avec une médecine pour les riches qui paient les dépassements d'honoraires et une médecine de plus en plus problématique pour les autres.

Il reste à se poser deux questions :
   . À qui la faute ?
   . Comment peut-on s'en sortir ?

dimanche 20 avril 2014

LA GABEGIE DU SYSTÈME DE SANTÉ FRANÇAIS (6)

4/ LA DÉSERTIFICATION MÉDICALE
Notre bourg comporte 1500 habitants et dessert une zone rurale étendue comportant un peu plus de 4600 habitants, ce qui représente 6100 habitants. Il y avait autrefois 6 médecins dans le bourg dont un dans le village voisin, deux d'entre eux ont pris leur retraite, un autre est mort, il n'en reste donc que trois auquel s'ajoute un médecin remplaçant et un médecin nouvellement installé dans un village.  Cela représente un médecin pour 1220 habitants alors que la moyenne française est de 1 médecin pour 306 habitants. Cela nous place notre région rurale au niveau de la Malaisie et du Pakistan.

En conséquence, ces médecins ont une clientèle telle que, si l'on n'a pas de rendez-vous, il n'est pas rare d'attendre pendant deux heures pour une consultation ! Bien entendu, dans le secteur, il n'y a aucun spécialiste, aucun cabinet de radiologie, aucun cabinet d'analyses médicales, les médecins se chargent d'effectuer eux-mêmes les prises de sang. Pour tout examen ou consultation de spécialistes, il faut se rendre dans la ville la plus proche distante de 30 km, ce qui oblige, dans le cas de graves maladies, d'user systématiquement d'ambulances,

À ces médecins s'ajoutent trois dentistes, plusieurs cabinets de Kinésithérapie et d'infirmières

Alors qu'à la campagne ainsi que dans les banlieues défavorisées des villes se développe un désert médical, les  cabinets médicaux  prolifèrent dans les zones de climat agréable et touristique (Alpes, côte d'Azur) et en ville et en particulier dans les quartiers chics où l'on peut se retrouver en bonne compagnie au milieu de ses semblables dans une société bourgeoise où le clinquant et le tape à l'oeil servent de culture. Sans doute que les gens de la campagne sont ressentis comme infréquentables et inintéressants !

5/ Les MAISONS MÉDICALES 
Pour pallier à cette situation, la collectivité locale a pris la décision de construire une maison médicale. En voici ci-dessous le projet :

Chaque médecin qui le souhaitera pourra disposer d'un cabinet personnel. Il devra certes payer un loyer sans doute minime, mais il n'aura aucun effort à accomplir pour s'installer, ni rechercher la clientèle : la collectivité locale suppléera à toutes ces tâches ennuyeuses et se chargera même d'équiper. de nettoyer et d'entretenir les locaux.

On ne peut que louer cette initiative sauf que, comme toujours, c'est le contribuable qui va payer, par ses impôts locaux, la construction et l'entretien de cette maison médicale.

Ainsi, le citoyen, non seulement cotise pour assurer des recettes à la sécurité sociale, paie des impôts pour financer son déficit, paie de plus en plus cher sa mutuelle au fur et à mesure que la sécurité sociale diminue ses remboursements, mais en plus il devra payer pour la construction et l'entretien de la maison médicale... " une véritable vache à lait" dirait Madame Jourdain !

Pourtant la " vache à lait"  devra encore payer puisque se développe la hideuse pratique des dépassements d'honoraires.

LA GABEGIE DU SYSTEME DE SANTÉ FRANÇAIS (5)

3/ Le MÉDECIN TRAITANT (suite)
Monsieur G... ayant plus de 50 ans, reçoit une lettre lui expliquant l'intérêt d'effectuer un dépistage dit colorectal avec analyse des selles afin de détecter un éventuel cancer du colon : la procédure est clairement expliquée : il doit se rendre chez son médecin traitant qui lui indiquera comment faire ce dépistage et lui donnera le matériel nécessaire. 

Monsieur G... n'ayant pas l'intention de se rendre chez son médecin traitant vu qu'il est en bonne santé, téléphone au service de dépistage et demande qu'on lui envoie le matériel annoncé. Il lui est répondu que ce ne serait possible qu'à la troisième relance. Monsieur G... expliqua que ce système était absurde puisqu'il amenait à une visite médicale inutile, mais rien n'y fit.

Monsieur G ... décida de jouer le jeu, il prit rendez-vous auprès d'un médecin de son centre médical  qui lui donna le matériel après y avoir apposé son tampon, expliqua la marche à suivre, la manière de recueillir les excréments, d'y faire les prélèvements avec la spatule, de bien les étaler,  de laisser sécher le tout ....

 De retour chez lui, M G.. effectua une recherche sur Internet et comprit alors pourquoi on insistait tant pour que les clients passent par le médecin : ce dernier est en effet payé au prorata du nombre de matériel distribué, c'est pour cela qu'il y apposa avec soin  son tampon ! 

De tels procédés sont lamentables à deux points de vue : 
   . Le citoyen est pris pour un débile puisqu'il faut lui expliquer comment étaler des excréments sur un carton
   . La sécurité sociale débourse inutilement une visite et une prestation versée au médecin traitant ! 
Comme gâchis on ne fait pas mieux ! 

Madame H... se rend chez son médecin traitant pour un renouvellement de médicament, voici le dialogue qui m'a été rapporté entre Madame H et son médecin :
   - Qu'est-ce qui vous amène ? 
   - Je n'ai plus de médicaments. 
   - je vais vous ausculter. 
Suit alors les examens habituels, prise de tension, nombre de pulsations cardiaques,  écoute de la respiration ...
   - Vous avez un peu de tension, Quel médicament prenez-vous habituellement
Madame H.. donne la liste des médicaments que le médecin lui a prescrit sur la précédente ordonnance.
  - avez-vous eu des effets indésirables ? 
  - pas spécialement.  
  - je vous renouvelle vos médicaments pour trois mois. Est ce que vous avez besoin d'autre chose ? 
  - non. 
La consultation se termine ainsi, 

On croit rêver ! 
   . Le médecin traitant qui devrait effectuer un suivi médical ne sait même pas quel médicament elle a prescrit à Madame H.. Elle n'a pas de dossier sur son cas car elle ne prend jamais de notes sur ses patients, 
   . Une fois un médicament prescrit, il le sera à chaque consultation de renouvellement, même s'il n'a pas les effets désirés, même s'il existe des nouvelles molécules qui pourraient sembler plus performantes pour la patiente. 
   . La dernière phrase :  " Est-ce que vous avez besoin d'autre chose" me laisse pantois : le boulanger ou l'épicier dit exactement la même chose. Ce type de question s'applique à un boutiquier, pas à un médecin ! 

Il faut dire à la décharge de ce médecin qu'il a une trop importante clientèle et qu'il n'a matériellement pas le temps de s'occuper vraiment des gens sauf en cas de très grave maladie, c'est à ce moment seulement  qu'il est capable de décisions immédiates et efficaces. 

vendredi 18 avril 2014

LA GABEGIE DU SYSTEME DE SANTÉ FRANÇAIS (4)

3/ Le MÉDECIN TRAITANT
L'IDEE DE BASE était pourtant excellente : chaque individu devait se trouver un médecin traitant, qui deviendrait un référent en matière de santé et par qui il faudrait passer pour toute décision à vocation médicale.

Le but était triple :
   . Lutter contre l' abus des consultations multiples effectuées par une même personne à la recherche d'un médecin qui la comprendrait,
   . Empêcher les consultations directes de spécialistes,
   . Permettre à chacun de disposer d'un interlocuteur unique, connaissant bien le malade, capable de faire la différence entre maladie réelle et ressenti et d'effectuer un suivi objectif et constructif.

Dans cette perspective, le médecin traitant reçoit les malades en consultation : si les maux sont bénins, il formule directement le diagnostic, sinon, il peut envoyer le malade faire des examens complémentaires, consulter un spécialiste, effectuer un séjour à l'hôpital... Il recevra systématiquement les compte-rendus des divers intervenants et pourra, au moyen de ces informations, de ses propres observations et de sa connaissance personnelle du malade formuler un diagnostic construit, éclairé et cohérent.

LES MULTIPLES VOIES DE DÉTOURNEMENT DES BEAUX PRINCIPES
pour mieux mesurer les abus nouveaux consécutifs à la mise en place du système du médecin traitant, je partirai de quelques cas véritables qui feront suite à ceux précédemment décrits.

Monsieur F.. se rend chez son médecin traitant, car il ressent des "palpitations" cardiaques. Les battements de son cœur sont par moment irréguliers, ce qui l'angoisse fortement. Le médecin traitant effectue son auscultation, prend le pouls, écoute la respiration et mesure le rythme cardiaque. Il conclut ainsi : " il faut que vous alliez voir un cardiologue, je vous rédige une lettre à son intention"

Le patient prend rendez-vous, donne le précieux sésame qui lui permet de le faire, rencontre une première fois le cardiologue qui, après un électrocardiogramme , lui indique qu'il a besoin d'examens complémentaires : " revenez le ...  à... heures, on vous posera un appareil appelé "holter" destiné à mesurer votre rythme cardiaque sur 24h"

Le patient se rend une deuxième fois au cabinet de cardiologie, se fait poser l'appareil ;  le lendemain, pour la troisième fois, il se rend à nouveau auprès du cardiologue qui lui fait le bilan des examens effectués et conclut : " ce n'est pas très grave ! Je vais vous donner une lettre à l'attention de votre médecin traitant, c'est lui qui effectuera la prescription"

Avec la lettre soigneusement cachetée que lui a donné le cardiologue, M E.. se rend chez le médecin traitant, qui prescrira le médicament recommandé par le cardiologue.

En tout, cela fait cinq visites à prendre en charge par la sécurité sociale avec un laps de temps d'au moins cinq semaines !

Quel enseignement tirer de ce premier exemple ?

Le système paraît à première vue absurde, puisqu'il augmente le nombre de visites : autrefois,
     .  soit le médecin de famille aurait donné au malade ce qu'il fallait pour réguler son rythme cardiaque, quitte à lui préconiser, en cas de persistance du mal, une visite complémentaire dans un cabinet de cardiologie
     . Soit le malade aurait pris directement rendez-vous avec le cardiologue,
Dans les deux cas, la Sécurité Sociale aurait fait l'économie d'une ou plusieurs visites à rembourser.
À cet égard, l'absurdité et l'inutilité de la dernière visite paraît, à première vue, évidente.

Pourtant, si on se place du côté des médecins, l'absurdité n'apparaît plus :
     . Le médecin traitant se refuse désormais à endosser une quelconque responsabilité dans la formulation du diagnostic, en cas du plus léger doute, il envoie le patient chez le spécialiste.
     . Le spécialiste ne prend pas de responsabilité, il effectue des examens et transmet au médecin traitant le résultats de ces examens ainsi que ses recommandations.
     . C'est au vu de cela que le médecin traitant rédige l'ordonnance finale.

Cette dilution de la responsabilité trouve son explication quand se pose un problème d'erreur de diagnostic.
     . Le médecin traitant aura beau jeu de dire : "je ne suis pas responsable, je me suis contenté de prescrire ce que le spécialiste a demandé"
     . Le spécialiste rétorquera : " je n'ai fais que donner un avis sur le malade, c'est le médecin qui a rédigé la feuille d'ordonnance et qui l'a signée ; il en est donc responsable ! "

Ainsi, personne n'assumant sa responsabilité, le malheureux malade en sera pour ses frais !

jeudi 17 avril 2014

LA GABEGIE DU SYSTÈME DE SANTÉ FRANÇAIS (3)

2/ L'IRRESPONSABILITE DES PATIENTS
 Les  patients  se rendent également responsables de multiples abus. Si un individu se rend chez un médecin, c'est qu'il s'estime malade. Tout dépend alors de la conception que l'on a de la maladie :
   . Certains se déclarent malades à la moindre anicroche ou douleur, ils s'épient sans cesse, s'angoissant au moindre problème et s'abandonnent facilement au pessimisme, pensant être gravement atteint,
   . D'autres résistent facilement à la souffrance, prétendent que le mental leur permet de tenir le coup et que "demain ça ira mieux"

Dans ces conditions, le médecin doit empiriquement déterminer, dans le temps très court que dure la consultation, la part des choses entre le réel et le ressenti :
     . Il s'efforce de comprendre les symptômes souvent formulés de façon très vague : " je me sens fatigué, j'ai mal partout, je ne me sens pas bien, j'ai mal au dos, au ventre, à la tête... "
     . Il effectue une auscultation sommaire pour essayer de formuler un diagnostic,
     . Ensuite, il concrétisera son diagnostic en demandant d'autres examens ou en établissant une ordonnance qui tentera de remédier aux maux exprimés en tenant compte le moins possible du ressenti et le plus possible du réel.

Voici un exemple authentique de comportement déviant d'une patiente : Mme D... s'épie constamment, se trouve de multiples maux ou bizarreries corporelles, amplifie son anomalie par son imagination quasi-morbide, traduit son mal-être par le mot cancer et se voit à l'article de la mort. Le récit date d'une époque antérieure à l'instauration du " médecin traitant"

Dans un premier temps elle se rend chez un médecin et lui fait part de ses constats de santé. Le médecin tente de la rassurer en lui disant que ce n'est rien, il lui prescrit un " médicament de confort" pour calmer ses angoisses.

La personne ressort de chez le médecin aucunement soulagée et  très mécontente : " il a l'air de dire que je n'ai rien ! Il ne me croit pas, Je ne suis pas folle, je me connais et quand je dis que le suis malade, c'est que je le suis réellement, c'est quand même moi qui ressent les douleurs, pas lui, " la conclusion est simple : le médecin est un mauvais médecin !

Fort de ce constat, la personne se rend chez un autre médecin. Il va faire ce qu'il faut pour que la personne soit prise en main :
   . Il lui donne une liste impressionnante de médicaments, les uns pour guérir les maux constatés ou supposés, les autres pour calmer les effets indésirables des premiers, les troisième à la demande de sa patiente (" tant que j'y suis pourriez vous le donner des médicaments pour calmer ..." )
   . Il va envoyer sa patiente effectuer des examens complémentaires et prend pour elle rendez-vous chez un spécialiste.
 Tout cela, bien sûr payé par la sécurité sociale !

La personne ressort contente de cette consultation, sa maladie a été reconnue et elle est en bonne main !
Les spécialistes consultés ne diagnostiqueront aucune maladie, elle a actuellement plus de 80 ans est est en pleine forme !

Lorsque je me rends dans une pharmacie, je suis effaré par la quantité de médicaments que les gens achètent à la pharmacie, ils en remplissent presque des paniers : il y a ceux que le médecin a prescrit, ceux que le patient lui a fait rajouter sur l'ordonnance, et ceux que l'on va acheter directement à la pharmacie, c'est à tel point que parfois le pharmacien dissuade les personnes de prendre en même temps tel médicament prescrit et tel autre acheté en libre service !

Voici un autre cas lamentablement scandaleux : Mme E..,lorsqu'elle se rend chez le médecin, lui fait rajouter régulièrement des médicaments. Elle m'avoua que certains de ces médicaments n'étaient pas pour elle mais pour son chien : " lorsque je vais faire soigner mon chien chez le vétérinaire, il faut que je paie les médicaments, si je les demande à mon médecin, je suis remboursée ! " ce cas authentique se passe de commentaires...

Comme pour les accidents de travail, l'exemple de cette personne n'est sans doute pas à généraliser. La défiance envers les médicaments s'est développée, beaucoup ressentent le besoin de limiter leur consommation, d'autres utilisent de plus en plus les médecines alternatives et ne s'en portent pas plus mal. Cependant, selon ce que j'ai pu observer, il reste encore beaucoup de personnes qui, s'ils n'obtiennent pas une longue liste de médicaments s'estiment mal soignés.

Pour limiter ces abus, le gouvernement a instauré le système du " médecin traitant" en ce qui me concerne, je considère que ce système a été largement détourné de son but, les abus sont tout aussi conséquents mais ils ont changé de bénéficiaires.