La DANSE MACABRE de HRASTOVLJE en Slovénie est l'œuvre de Jean de Kasrva et a été peinte en 1490.
Comme les autres danses macabres, elle représente, en début de la farandole, les puissants qui étaient censés diriger la chrétienté vers le salut.
Ensuite, sont dessinés d'autres personnages que la Mort peut à son tour entraîner puisque les chefs de la chrétienté ont disparu, le nombre de ces personnes varie selon les danses macabres, (29 en tout selon le manuscrit transcrivant la danse macabre du cimetière des Innocents si on compte le pauvre qui accompagne l'usurier, 24 à Lubeck, 24 à la Chaise-Dieu. )
À Hrastovlje, on compte en tout 11 vivants . À l'exception de l'épouse du souverain, on n'y trouve pas de femme.
1- la MORT qui accueille la farandole ou plutôt le défilé. Elle est assise sur un trône à accoudoir évoquant une cathedre (trône épiscopal). D'une main, elle tient le couvercle d'un tombeau ouvert (2), à ses pieds se trouve une houe et une pelle.
3- la PREMIÈRE MORT du cortège montre au Pape l'endroit où elle le conduit : le tombeau ouvert.
Les Morts représentés dans cette danse macabre possèdent des caractéristiques particulières :
. Ils sont tous semblables tant au niveau de la tête qu'à celui du corps et des jambes, ce qui donne à la danse un aspect de défilé plus que de danse, loin des gesticulations des Morts de BERNT NOTKE.
. Chaque mort accompagne un vivant en le tenant par la main gauche, seul le bras droit est représenté différemment, les uns montrent le chemin, les autres pendent le long du corps.
4-le PAPE, reconnaissable à la tiare.
5-un ROI ou l'EMPEREUR. Ce personnage ne porte pas d'attribut, ce qui rend difficile son identification.
6-l'EPOUSE DU SOUVERAIN.
7-LE CARDINAL.
Derrière le cardinal, apparaissent ceux qui dirigent la chrétienté au niveau local de leurs diocèse et de leurs monastères :
8- L'EVÊQUE.
9- LE MOINE, sans doute un ABBÉ.
Ensuite se trouvent les représentant de la société laïque :
10- le MARCHAND ou le BOURGEOIS que l'on reconnaît au sac qu'il porte sur son épaule et à sa besace, la Mort le prend par sa main gauche ; le bourgeois porte la main droite vers le sac qu'il tient en bandoulière, peut-être pour donner de l'argent à la Mort et ainsi gagner un peu de temps.
11- l'USURIER, son geste est encore plus explicite que celui du marchand : il enfonce la main dans sa besace et tient un sac à l'autre main qu'il présente à la Mort qui l'entraîne comme pour la corrompre.
12- le JEUNE HOMME. En le faisant mourir, c'est l'avenir de l'humanité qui est compromis. Cet aspect sera d'ailleurs repris avec le dernier personnage de la danse macabre (14), l'enfant qui vient de naître.
13- l'ESTROPIE, sans doute un MENDIANT : il possède une jambe de bois, marche avec une béquille et tient à la main un chapelet, Il personnifie les pauvres que la Mort entraîne comme tous les autres hommes, sans faire de distinctions entre les riches et les plus démunis, les puissants et ceux qui ne sont rien.
14 l'enfant qui est encore au berceau et qui ne sort du berceau que pour aller vers la mort. Il témoigne d'une autre égalité devant la mort qui atteint les jeunes aussi bien que les vieux. Le poème de la danse macabre du cimetière des Innocents prête à cet enfant et à la Mort le dialogue qui suit :
La Mort
Petit enfant, à peine né,
Tu auras peu de plaisir en ce monde.
Tu seras mené à la danse
Comme les autres, car la Mort a pouvoir
Sur tous. Depuis le jour de la naissance,
Chacun est voué à la Mort:
Fou est celui qui n'en a pas conscience...
L'enfant
A, a ,a, je ne sais pas parler;
Je suis un enfant et ma langue est muette.
Je suis né hier et dois m'en aller aujourd'hui:
Je n'ai fait qu'entrer et sortir.
Je n'ai commis aucun méfait, mais je sue de peur...
Le jeune meurt aussi vite que le vieux.
Ces DANSES MACABRES constituent le troisième volet de mon évocation du RÈGNE DE LA MORT aux XIVe et XVe siècle, les articles qui suivent décriront l'étape suivante du processus, LE TRIOMPHE DE LA MORT...