REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

mercredi 25 mai 2016

LA LIBERTÉ (30) ET LE CHOIX ENTRE LE BIEN ET LE MAL

SYNTHÈSE : LES APPORTS DES SYSTÈMES PHILOSOPHIQUES

Les quatre systèmes de pensée que je viens de décrire me conduisent à énoncer quatre types de conclusions :

1- en premier lieu, comme le pensent Platon, Kant et Nietzsche, et à l'inverse des théories religieuses, il me semble que le "mal en soi" n'existe pas en tant que valeur préexistante, ce n'est qu'une création humaine et un choix de vie.

2- de la même manière, le "bien en soi" n'existe pas non plus, il n'est pas une aptitude naturelle de l'homme, c'est aussi un choix de vie.

3-  si le bien et le mal sont des créations humaines, il convient alors de se demander pour quelle raison elles ont été créées ; selon moi, ces valeurs de « l'être en soi » ne deviennent importantes qu'au niveau de la vie en société, celle-ci ne peut en effet pas exister sans qu'apparaissent des règles qui différencient le mal et le bien qui est alors interprété comme le dualisme " ce qu'il faut faire-ce qu'il ne faut pas faire" il faut bien en effet que la coexistence des êtres humains puissent s'effectuer le plus harmonieusement possible. Il convient cependant de remarquer que ces règles ne sont pas universelles comme le proclame la Déclaration des droits de l'homme, chaque groupe humain élabore son système de valeurs selon ses fondements sociaux et culturel : " vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà" comme l'écrivit Pascal.

4- dans de telles conditions, on peut cautionner le raisonnement de Nietzsche sur les idoles qui n'ont que le fondement que l'on veut bien leur donner tout comme sa méthode  du généalogiste qui vise à rechercher, au-delà des choix conscients, les "idoles" que ces choix sous-tendent. C'est une démarche qui s'inscrit dans la droite ligne du « connais-toi toi-même» et ressemble la méthodologie du tiroir qui fut la mienne lorsque j'ai évoqué la "liberté en soi". De même, il me semble que la présence de multiples valeurs dans le casier de l'être correspond assez bien à la pensée de Nietzsche qui insère toutes les valeurs tant actives et réactives au nom de sa volonté de puissance intérieure ; par contre, je ne crois pas qu’il convient de garder en soi, même maitrisées,  toutes ces valeurs souvent contradictoires auxquelles on est sans cesse confronté, c’est ce qui m’a conduit à émettre l’idée du choix des valeurs dans le casier de "l’être en soi".

En conséquence de ces caractéristiques et au nom de la liberté absolue de choix des valeurs de l'être en soi, il découle deux comportements possibles :

        - si  l'imprégnation des valeurs sociales rejaillit sur la constitution de ses propres valeurs, l'attirance vers le bien devient la valeur dominante même s'il existe la plupart du temps une réaction du mal survenant afin de contrer le bien ( je suis volontaire dans une association humanitaire mais je n'ai pas envie d'y aller, je suis bien mieux chez moi assis dans mon canapé en buvant une bière)

        - A l'inverse, celui qui qui choisit le mal en dépit des règles sociales devra soit ravaler ses valeurs, soit se donner les moyens de les imposer aux autres tyranniquement. Ce fut en particulier le cas de tous ceux qui établirent leur dictature.

prochaine article : le contre-exemple des "génocidaires"


mardi 24 mai 2016

LA LIBERTÉ (29) ET LE CHOIX ENTRE LE BIEN ET LE MAL

LES VALEURS DANS LA PHILOSOPHIE DE NIETZCHE(suite de l’article précédent)

Toutes les valeurs n’étant que des idoles inventées par les faibles mais ne reposant sur aucun fondement, Nietzche préfère, dans sa reconstruction, partir du phénomène des forces existantes ; selon lui, il en existe deux types :
          - les forces réactives (les idoles) qui s'expriment par opposition avec d'autres forces : par exemple, une théorie scientifique nouvelle s'établit en réaction contre les théories antérieures, de même, le bien est antinomique du mal,
          - les forces actives comme celle de l'esthétique qui agissent par elle-même sans rien retirer aux autres forces (ainsi l'impressionnisme de Monet n'a pas chassé le réalisme de Courbet).

Le but de l'homme est d'intégrer en lui le maximum de forces (ce que Nietzche appelle volonté de puissance), de les maîtriser et de les harmoniser en soi (théorie du surhomme) : "il faut faire de soi un monument de puissance vitale.. Avoir tous les dons et les désirs induits, même contradictoires.. Mais il faut la maîtrise intérieure ". En ce sens, accepter la victoire des forces réactives, c'est diminuer sa volonté de puissance.

Ces théories débouchent sur une nouvelle conception de la vie humaine :
     - l'être humain doit passer par trois stades : celui du chameau qui obéit sans se poser de questions, celui du lion qui dit non, celui enfin de l'enfant uniquement soucieux de profiter du temps présent et d'en saisir toutes les richesses (l’innocence du devenir) et qui témoigne d'une tranquille affirmation de soi.
     - seul compte le présent, l'instant, le réel et le tissu de forces qui est la vie ;  le passé n'est que source de nostalgie et de regrets, le futur n'est qu'une espérance sans fondement, l'éthique basée sur le libre-arbitre ne fait que culpabiliser ; on ne doit rien chercher ni avoir de but afin d'accéder à la joie véritable qui vient quand on est conquis par le sentiment de l'intensité de la vie (Amor Fati) et que l'on voudrait que ce sentiment, si puissant qu'il semble durer une éternité, reviennent sans cesse (l'éternel retour).
     - le surhomme est celui qui vit dans l'innocence du devenir, dans l'intensité de l'instant et de l"Amor fati" et dans la réconciliation avec le réel.
     - au lieu d'une éthique centrée sur le bien et le mal, Nietzsche prône une morale qu'il appelle le  "grand style" : il faut  « harmoniser toutes les forces réactives de la rationalité et les forces actives de l'esthétique ».

Les idées de Nietzsche que j'ai tenté ici de synthétiser au risque de les schématiser, me permirent à la fois de justifier les intuitions sur la liberté dont j'ai fait part dans les articles précédents et aussi de finaliser ma synthèse des apports des systèmes philosophiques concernant le problème du bien et du mal dans la perspective de la liberté en soi.

dimanche 22 mai 2016

LA LIBERTÉ (28) ET LE CHOIX ENTRE LE BIEN ET LE MAL


LES VALEURS DANS LA PHILOSOPHIE DE NIETZCHE

Nietzche va présenter une vision diamétralement opposée à celle des thèses platoniciennes pour qui le bien est préexistant dans l'homme. Selon ce philosophe, toutes les valeurs auxquelles on se réfère y compris ceux du bien et du mal ne sont que des "idoles" qu'il convient de désacraliser.

Dans la pensée aussi complexe et foisonnante de Nietzche, je citerai quelques-unes des thèses de ce philosophe concernant cette dénonciation des valeurs :

     - la démarche de Nietzsche part d'abord d'une idée fondamentale : derrière nos choix conscients se trouvent des arrière-mondes insondables que l'on peut indéfiniment explorer sans jamais trouver la lumière. ,

     - Par peur mais aussi par faiblesse,  les hommes ont inventé des valeurs qu'ils ont établies pour faire écran entre les choix conscients et ces arrière-mondes qui peuvent effrayer..

     - Ces valeurs englobent tous les domaines auxquels l’homme se réfère habituellement : valeurs métaphysiques et morales, préceptes religieux ou philosophiques, passé et avenir, sciences et, bien entendu, notion de bien et de mal : toutes ne servent qu'à masquer la seule chose qui soit avérée, le réel.

     - ces valeurs, qui Nietzche qualifie d’ « idoles » ne sont cependant que des colosses au pied d'argile puisqu'elles sont sans fondement, elles ont été créé par les faibles et les esclaves, incapables de vivre sans références morales mais elles brident l'homme fort et le culpabilisent.

     - il faut déconstruire les idoles derrière lesquels se trouvent des intérêts cachés et souvent inavouables ; sans cela, tout jugement ne peut se cantonner qu'à la surface des choses. Nietzsche utilise pour cela une méthode appelée la "généalogie" : tout jugement n'établit pas une vérité, il n'est qu'un symptôme des idoles qui se dissimulent derrière lui ;  à chaque fois que l'on effectue un acte conscient, il faut rechercher les "idoles" auquel il se réfère.

     - Pour Nietzsche, Le but n'est pas de détruire ces idoles comme pourraient le penser les anarchistes ou les hédonistes, mais beaucoup plus de les maîtriser, de les intégrer en soi et de faire de soi un monument d'harmonie.

Ainsi,  le bien et le mal ne sont que des idoles construites par les hommes afin de brider la force vitale qui se trouve chez tous les êtres humains, il conduit à l'asservissement de l'être et à l'obéissance aveugle à des règles sans fondement.

Dans de telles perspectives où toutes les valeurs sont niées en tant que telles, comment reconstruire  ?

samedi 21 mai 2016

LA LIBERTÉ (27) ET LE CHOIX ENTRE LE BIEN ET LE MAL

L'ENSEIGNEMENT SUR LE BIEN ET LE MAL DES RELIGIONS MONOTHÉISTES (suite)

Il convient cependant de relativiser ce côté factice du libre-arbitre en tant que liberté qui n'en serait pas une (1) ; tout dépend en effet de ce que l'on entend par acte positif permettant le salut. On trouve dans les livres saints et chez leurs commentateurs tout une série d'interprétations possibles de ce qui est bien et de ce qui ne l'est pas.

Ainsi, dans le christianisme, on passe d'une conception d'un Dieu vengeur et implacable envers ceux qui désobéissent comme dans l'Ancien Testament au Dieu d'amour et de miséricorde des Evangiles. Voici par exemple deux citations qui éclairent ce dualisme :

" Samuel dit à Saül: «'... Ecoute donc les paroles prononcées par l'Eternel! Voici ce que dit l'Eternel, le maître de l'univers: Je me souviens de ce que les Amalécites ont fait à Israël lorsqu'ils lui ont barré le chemin à sa sortie d'Egypte. Va maintenant frapper les Amalécites. Vouez à la destruction tout ce qui leur appartient. Tu ne les épargneras pas et tu feras mourir hommes et femmes, enfants et bébés, boeufs et brebis, chameaux et ânes.» (1-SAMUEL 15)

"Bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous maltraitent. Si quelqu'un te frappe sur une joue, présente-lui aussi l'autre. Si quelqu'un prend ton manteau, ne l'empêche pas de prendre encore ta tunique. Donne à quiconque te demande, et ne réclame pas ton bien à celui qui s'en empare.…(LUC 6)

Ces deux exemples montrent que le salut peut être obtenu selon les cas par le bellicisme ou le pacifisme selon le texte auquel on se réfère.

 A cela s'ajoute l'enseignement de l'église avec d'autres antagonismes comme celui utilisé par saint Bernard pour justifier les massacres accomplis par les croisés médiévaux et qui indique que l'homicide est un péché tandis que le malicide (tuer le mal qui est en un homme) ne l'est pas ! De tels enseignements conduisirent aux excès des croisades et plus tard des tribunaux de l'inquisition !

Il en est de même dans l'Islam concernant le DJIHÂD selon les commentateurs musulmans : dans la Sunna, la tradition musulmane, les docteurs en droit musulmans distinguent trois sortes de Djihad :
     . le 'Djihad' le plus grand ('Djihad' al-akbar), celui contre l'ennemi intérieur et contre le mal qui détourne du bien,
     . Le 'Djihad' al-asghar (Djihad le plus petit), celui contre l'ennemi extérieur pour défendre la religion dans une perspective uniquement défensive.
     .  le 'Djihad' le plus noble ('Djihad' al-afdal) qui signifie « dire la vérité devant un oppresseur en ne reniant pas sa foi en Dieu » (2)

Dans ces conditions, tout dépend quel Djihad sera mis en avant, ce qui permet à chacun d’établir une interprétation qui lui soit propre.  

De ce qui précède, j'en conclue que les notions de bien et de mal sont, dans les religions monothéistes dérivées du judaïsme, des valeurs relatives et non absolues, elles dépendent des interprétations que l'on peut en faire. Si je reprends ma métaphore du tiroir, chaque croyant peut trier les valeurs que lui proposent les religions par l'emploi de sa raison de ses croyances ou de sa foi  et les classer en toute liberté.

(1) voir l’article précédent

(2) Un internaute anonyme d'un forum musulman écrit cette phrase : "Chaque individu peut lire le Coran et la Sunna, mais quiconque ne peut les interpréter, car chacun projette ses états d'âmes dans son interprétation. Les gens englués dans l'ignorance et l'obscurantisme sont gouvernés par les pulsions de leur ego, et par conséquent vivent dans l'époque de l'ignorance, même si l'on est au vingt et unième siècle. Leur interprétation des textes sacrés, de la Bible, des Evangiles et du Coran correspond au niveau ... matérialiste de leur compréhension et de leur imagination. L'on ne peut pas accuser le texte, si son interprétation est erronée. "


vendredi 20 mai 2016

LA LIBERTÉ (26) ET LE CHOIX ENTRE LE BIEN ET LE MAL

L'ENSEIGNEMENT SUR LE BIEN ET LE MAL DES RELIGIONS MONOTHÉISTES

Dans les religions monothéistes héritées du judaïsme, le mal  tout comme le bien sont des valeurs préexistantes à l'homme. Le mal possède une existence propre personnifiée les anges déchus que sont Satan et sa cohorte de démons. En conséquence, il existe un antagonisme entre le bien voulu par Dieu et les incitations au mal émanant du diable qui sert de toile de fond à toute l'existence des croyants.

Les religions monothéistes, à l'exception toutefois du protestantisme, ajoute à ce dualisme Dieu/diable une autre idée fondamentale, celle du libre-arbitre.

Le libre-arbitre établit en théorie la liberté de l'homme, il n'est à l'origine prédisposé ni par le bien ni par le mal, c'est lui qui choisit quel sens il va donner à son existence : respectera-t-il les valeurs éthiques contenues dans les livres émanant de Dieu ou se laissera-t-il tenter par les multiples sollicitations du diable pour accomplir le mal ?

Théoriquement, ce libre-arbitre ne constitue pourtant chez les croyants des religions monothéistes qu'une liberté factice puisque se laisser aller au mal pendant sa courte vie terrestre, conduira à une damnation qui,elle, sera éternelle ; à l'inverse, faire le bien et respecter les commandements de Dieu permet d'être sauvé pour l'éternité . Le croyant est donc conditionné par l'alternative salut/damnation qui correspond au dualisme bien/mal. Chaque acte est accompli non au nom d'une liberté totale de choix, mais en fonction de ce qu'il adviendra lors de la pesée du bien et du mal au moment du jugement dernier. 

A suivre...


jeudi 19 mai 2016

LA LIBERTÉ (25) ET LE CHOIX ENTRE LE BIEN ET LE MAL

Suite de l’article précédent

Les thèses socratiques ont servi de base à une grande partie de la philosophie occidentale jusqu'au 19ème au moins. Pendant longtemps, la prééminence du bien n'a pas été contestée au moins dans les thèses philosophiques en vogue. Le philosophe qui  théorisa le mieux ces idées est Emmanuel Kant dans " la religion dans les limites de la simple raison"

L'idée fondamentale de Kant est, comme je l'ai écrit précédemment,  que la raison, l'outil par excellence de la connaissance, ne peut s'appliquer qu'au monde sensible des sciences expérimentales ; tout ce qui dépasse le monde sensible pour accéder à la métaphysique ne peut être que spéculation puisque sans fondement. Comme l'indique le titre de son ouvrage, "la religion dans les limites de la simple raison", Kant va tenter de trouver les valeurs qui fondent le bien et le mal par la raison et non pas par une recherche transcendantale. En ce sens, Kant va "déthéologiser" la religion en passant de la croyance à la connaissance au moyen de l'outil-raison.

En premier lieu, Kant tout comme Platon indique que le mal absolu n'existe pas en tant que valeur préexistante à l'homme car un mal immanent rendrait subjective et imparfaite l'universalité de la raison.  De même Kant constate que le mal n'existe pas dans la nature, plantes et animaux ne manifestent aucune tendance au mal car, pour cela, il faudrait que la nature dispose d'une liberté de choix. C'est seulement chez les hommes que cette tendance existe et résulte de la liberté de choix qu'il possède.

Même chez les hommes, il n'existe pas d'autonomie du mal, le mal n'apparaît qu'en tant que valeur antagoniste par rapport du bien quand l'homme s'en détourne. Il réside dans le fait que l'homme, délibérément, choisit de privilégier ses désirs sur les valeurs morales.

Pour Kant, l'origine du mal est inhérent à l'homme mais sans que l'on sache comment une telle valeur s'y trouve. Cependant, cette valeur n'est pas la réalité la plus profondément ancrée dans l'homme, l'homme naturellement est porté au bien mais cette prééminence  naturelle vers le bien est sans cesse confrontée à la tendance au mal qui résulte de la volonté de satisfaire ses désirs égoïstes et ses plaisirs : lorsque l'homme choisit de faire le bien, il se produit immédiatement un penchant à résister. Il existe en l'homme une prédisposition au bien et un penchant pour le mal.

La tentation de faire le mal provient de la conscience même de l'être humain, lorsqu'on choisit le mal, on le fait délibérément car c'est un acte de liberté individuelle : en se voulant sourd à la loi morale et au devoir, on construit délibérément le mal en nous.

Pour Kant enfin, la loi morale doit être universelle, il retrouve dans les valeurs morales du christianisme les prescriptions éthiques que chacun est capable de retrouver en laissant agir sa propre raison.

Ainsi, Platon et Kant ont en commun une idée essentielle, la prééminence du bien sur le mal :
     - pour Platon, des exercices intellectuels permettent d'accéder à la connaissance de soi et suffisent pour éliminer le mal et trouver le bien qui préexiste dans l'âme,
     - pour Kant, le bien est la valeur la plus profondément ancrée dans l'esprit humain, le mal n'étant qu'un penchant auquel on succombe en toute liberté en privilégiant ses plaisirs à l'observance de la loi morale découlant du bien.

D'autres philosophes ont également mentionné une préexistence chez l'homme de tendances vers le bien ou le mal ; ainsi,  Rousseau indique que, par essence, l'homme à l'état de nature est naturellement bon et que c'est la société qui le  pervertit tandis que Hume  part du postulat que l'homme est un loup pour l'homme et que seule la société peut canaliser sa violence et son appétit de puissance.

L'ensemble de ces thèses part du postulat qu'il existe une préexistence de valeurs chez l'homme qui sont, en quelque sorte innées. Or il me semble que, quand par l'introspection on veut aller jusqu'au bout de la connaissance de soi, on se trouve essentiellement face à des acquis et non à des valeurs ex-nihilo , cela explique que chacun est différent de son voisin : il s'effectue en chaque être humain un dosage différent de valeurs qui constituent sa personnalité et son individualité.

lundi 16 mai 2016

LA LIBERTÉ (24) ET LE CHOIX ENTRE LE BIEN ET LE MAL

Après la description de la liberté par la connaissance de soi et du dualisme liberté-croyance, il s’agit pour moi de tenter de montrer dans un troisième volet sur le sujet de la liberté comment celle-ci peut aboutir tout autant au le choix du bien comme à celui du mal.

Les chapitres précédents consacré à la liberté de l'être m'avait conduit en effet à poser le problème du choix des valeurs constitutives de l’être.  C’est de ce choix, effectué en toute liberté pour tous ceux qui dépassent le casier du paraître et  des alibis, que découle la manière d'être de l’homme qui peut tout à la fois devenir un saint mais aussi un monstre assoiffé de sang.

Devant de telles disparités, il convient de savoir comment s'opère le choix des valeurs que chacun va privilégier, cela pose la question du bien et du mal.

Pour répondre à cette question, on peut se placer à trois niveaux avant de tenter une synthèse :
     - les théories traditionnelles de la philosophie,
     - les enseignements de la religion,
     - les théories de Nietzsche.

LES THÉORIES TRADITIONNELLES DE LA PHILOSOPHIE DE PLATON A KANT

Il s’agit d’un courant de la philosophie qui dérive des thèses socratiques exprimées par Platon dont l'idée fondamentale est que le mal résulte uniquement de la méconnaissance de soi, le mal en soi n'existant pas.

Ce postulat platonicien dérive de la théorie des "Idées pures" l'âme, naturellement parfaite, se dégrade en quittant le monde des Idées pour le monde sensible et ne devient plus qu'un pâle reflet de ce qu'elle était ; néanmoins, sa perfection d'origine reste enfouie au plus profond de la nature humaine.

Platon pense que l'être humain possède en lui tout ce qu'il faut pour retrouver les idées pures que son âme possédait ex-nihilo, il lui suffit par la maïeutique de se débarrasser de ses fausses croyances qui ne conduisent qu'au mal pour se connaître soi-même en retrouvant sa perfection d'origine  et au bien primordial qui était en elle.

Platon en tire trois conclusions :
     - d'abord, la connaissance de soi et la prise de conscience de la perfection primitive de son âme ne peut conduire qu'au bien, le mal résultant de la non connaissance du bien ; se connaître soi-même, c'est  donc aller nécessairement vers le bien,
     - le bien est inné alors que le mal résulte des hommes,
     - le bien qui résulte de la connaissance de soi est le même chez tous les hommes, En conséquence, il se constitue en notion à vocation universelle.

Ces conséquences peuvent, selon les conclusions auxquelles je suis parvenu, être réfutées à trois points de vue :
          . L'inné est négligeable au profit de l'acquis et ne se cantonne qu'aux instincts primaires : il n’existe donc pas de bien en soi préexistant,
          . La réalité introspective est plus complexe que ce qu'en dit Platon puisque le tiroir de l'être recèle de multiples valeurs allant tout autant vers le bien que le mal,
         . Enfin, selon moi, le tiroir de l'être recèle si une grande variété de valeurs, qu'il n'existe pas de vérité universelle.

A suivre...


vendredi 8 avril 2016

LIBERTÉ (23) ET CROYANCE

Suite de l’article précédent

Dans sa "critique de la raison pure", Kant associe aux mots croyance celui de foi. Cela pose une question d'importance : la foi est-elle compatible avec la liberté ontologique que j'ai estimée totale au niveau de ces croyances. Encore faut-il s'entendre sur le sens que l'on peut donner au mot "foi"

Au sens strict du terme, la foi ne s'applique qu'au domaine religieux et en particulier aux religions révélées, il ne s'emploie pas au niveau des croyances forgées par la raison comme l'athéisme, le déisme, le panthéisme..., la foi échappe par sa définition même à toute rationalité. Dans ces conditions, il peut exister quatre possibilités :

     -" je mets ma vie en accord avec mes convictions religieuses et j'obéis fidèlement à ses préceptes, cela me permettra le salut, la notion de foi m'est étrangère.

     - ma croyance est une conséquence de l'étude rationnelle que j'ai effectuée à partir des acquis avec un raisonnement du type " cette croyance est en accord total avec mon être, je crois en tout ce qu'elle enseigne, j'ai foi en elle et j'organiserai ma vie en fonction de ses commandements"

     - elle peut être aussi une révélation avec un événement fortuit par lequel l'être se sent brusquement irradié par l'amour de Dieu et y trouve la réponse à ses interrogations concernant ses croyances. Cet événement peut prendre de nombreuses formes, apparitions, intense émotion, conséquence d'un vœu... Parmi tous les exemples, on peut citer la phrase que l'empereur Constantin aurait dit avant la bataille du pont Milvius : « Dieu des chrétiens, si tu me donnes la victoire, je croirai en toi. »

     - enfin elle peut être une valeur préexistante à l'homme comme l'enseigne le calvinisme avec la prédestination : Dieu a décidé de toute éternité qui serait sauvé et qui ne le serait pas. Selon cette conception, la foi est immanente en ceux qui serons sauvés et dont Dieu favorisera toutes les entreprises ; par contre, les autres, pourront mener une vie vertueuse, ils seront néanmoins damnés.

Dans les deux premiers cas, la liberté de l'homme face à la foi est  totale ; dans le troisième, elle est partielle, enfin, dans le quatrième  cas, elle  n'existe théoriquement pas, pourtant il est permis de penser que, même dans ces religions à prédestination,, les croyants peuvent retourner l'argumentation : " tout me réussis dans la vie, c'est que Dieu m'a prédestiné au salut "

Ainsi, de ce qui précède, on peut constater que la méthode d’introspection et la liberté qui en est la conséquence, non seulement peut s'appliquer à tous les domaines mais aussi de la croyance et même de la foi

Dans cette perspective, il se pose une question fondamentale que j'ai plusieurs fois évoquée : comment s'opère le tri des valeurs et quelle méthode de classement va-t-on utiliser dans le «tiroir de l’être » ;  pourquoi les uns sont des saints tandis que d'autres deviendront des assassins ? Au-delà en effet de l'idée de liberté, il se pose la question du bien et du mal, Il ne s'agit pas ici de considérer le bien et le mal dans la société mais de le faire au niveau de l'être ontologique. ce sera le troisième volet de cette série d'articles sur la liberté.