REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

jeudi 19 mai 2016

LA LIBERTÉ (25) ET LE CHOIX ENTRE LE BIEN ET LE MAL

Suite de l’article précédent

Les thèses socratiques ont servi de base à une grande partie de la philosophie occidentale jusqu'au 19ème au moins. Pendant longtemps, la prééminence du bien n'a pas été contestée au moins dans les thèses philosophiques en vogue. Le philosophe qui  théorisa le mieux ces idées est Emmanuel Kant dans " la religion dans les limites de la simple raison"

L'idée fondamentale de Kant est, comme je l'ai écrit précédemment,  que la raison, l'outil par excellence de la connaissance, ne peut s'appliquer qu'au monde sensible des sciences expérimentales ; tout ce qui dépasse le monde sensible pour accéder à la métaphysique ne peut être que spéculation puisque sans fondement. Comme l'indique le titre de son ouvrage, "la religion dans les limites de la simple raison", Kant va tenter de trouver les valeurs qui fondent le bien et le mal par la raison et non pas par une recherche transcendantale. En ce sens, Kant va "déthéologiser" la religion en passant de la croyance à la connaissance au moyen de l'outil-raison.

En premier lieu, Kant tout comme Platon indique que le mal absolu n'existe pas en tant que valeur préexistante à l'homme car un mal immanent rendrait subjective et imparfaite l'universalité de la raison.  De même Kant constate que le mal n'existe pas dans la nature, plantes et animaux ne manifestent aucune tendance au mal car, pour cela, il faudrait que la nature dispose d'une liberté de choix. C'est seulement chez les hommes que cette tendance existe et résulte de la liberté de choix qu'il possède.

Même chez les hommes, il n'existe pas d'autonomie du mal, le mal n'apparaît qu'en tant que valeur antagoniste par rapport du bien quand l'homme s'en détourne. Il réside dans le fait que l'homme, délibérément, choisit de privilégier ses désirs sur les valeurs morales.

Pour Kant, l'origine du mal est inhérent à l'homme mais sans que l'on sache comment une telle valeur s'y trouve. Cependant, cette valeur n'est pas la réalité la plus profondément ancrée dans l'homme, l'homme naturellement est porté au bien mais cette prééminence  naturelle vers le bien est sans cesse confrontée à la tendance au mal qui résulte de la volonté de satisfaire ses désirs égoïstes et ses plaisirs : lorsque l'homme choisit de faire le bien, il se produit immédiatement un penchant à résister. Il existe en l'homme une prédisposition au bien et un penchant pour le mal.

La tentation de faire le mal provient de la conscience même de l'être humain, lorsqu'on choisit le mal, on le fait délibérément car c'est un acte de liberté individuelle : en se voulant sourd à la loi morale et au devoir, on construit délibérément le mal en nous.

Pour Kant enfin, la loi morale doit être universelle, il retrouve dans les valeurs morales du christianisme les prescriptions éthiques que chacun est capable de retrouver en laissant agir sa propre raison.

Ainsi, Platon et Kant ont en commun une idée essentielle, la prééminence du bien sur le mal :
     - pour Platon, des exercices intellectuels permettent d'accéder à la connaissance de soi et suffisent pour éliminer le mal et trouver le bien qui préexiste dans l'âme,
     - pour Kant, le bien est la valeur la plus profondément ancrée dans l'esprit humain, le mal n'étant qu'un penchant auquel on succombe en toute liberté en privilégiant ses plaisirs à l'observance de la loi morale découlant du bien.

D'autres philosophes ont également mentionné une préexistence chez l'homme de tendances vers le bien ou le mal ; ainsi,  Rousseau indique que, par essence, l'homme à l'état de nature est naturellement bon et que c'est la société qui le  pervertit tandis que Hume  part du postulat que l'homme est un loup pour l'homme et que seule la société peut canaliser sa violence et son appétit de puissance.

L'ensemble de ces thèses part du postulat qu'il existe une préexistence de valeurs chez l'homme qui sont, en quelque sorte innées. Or il me semble que, quand par l'introspection on veut aller jusqu'au bout de la connaissance de soi, on se trouve essentiellement face à des acquis et non à des valeurs ex-nihilo , cela explique que chacun est différent de son voisin : il s'effectue en chaque être humain un dosage différent de valeurs qui constituent sa personnalité et son individualité.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire