Il convient cependant de relativiser ce côté factice du libre-arbitre en tant que liberté qui n'en serait pas une (1) ; tout dépend en effet de ce que l'on entend par acte positif permettant le salut. On trouve dans les livres saints et chez leurs commentateurs tout une série d'interprétations possibles de ce qui est bien et de ce qui ne l'est pas.
Ainsi, dans le
christianisme, on passe d'une conception d'un Dieu vengeur et
implacable envers ceux qui désobéissent comme dans l'Ancien Testament au Dieu
d'amour et de miséricorde des Evangiles. Voici par exemple deux citations qui éclairent
ce dualisme :
" Samuel dit à Saül: «'... Ecoute donc les
paroles prononcées par l'Eternel! Voici ce que dit l'Eternel, le maître de
l'univers: Je me souviens de ce que les Amalécites ont fait à Israël lorsqu'ils
lui ont barré le chemin à sa sortie d'Egypte. Va maintenant frapper les
Amalécites. Vouez à la destruction tout ce qui leur appartient. Tu ne les
épargneras pas et tu feras mourir hommes et femmes, enfants et bébés, boeufs et
brebis, chameaux et ânes.» (1-SAMUEL 15)
"Bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour
ceux qui vous maltraitent. Si quelqu'un te frappe sur une joue, présente-lui
aussi l'autre. Si quelqu'un prend ton manteau, ne l'empêche pas de prendre
encore ta tunique. Donne à quiconque te demande, et ne réclame pas ton bien à
celui qui s'en empare.…(LUC 6)
Ces deux
exemples montrent que le salut peut être obtenu selon les cas par le bellicisme
ou le pacifisme selon le texte auquel on se réfère.
A cela s'ajoute l'enseignement de l'église
avec d'autres antagonismes comme celui utilisé par saint Bernard pour justifier
les massacres accomplis par les croisés médiévaux et qui indique que l'homicide
est un péché tandis que le malicide (tuer le mal qui est en un homme) ne l'est
pas ! De tels enseignements conduisirent aux excès des croisades et plus tard
des tribunaux de l'inquisition !
Il en est de
même dans l'Islam concernant le DJIHÂD selon les commentateurs musulmans : dans
la Sunna, la tradition musulmane, les docteurs en droit musulmans distinguent
trois sortes de Djihad :
. le 'Djihad' le plus grand ('Djihad' al-akbar), celui contre l'ennemi
intérieur et contre le mal qui détourne du bien,
. Le 'Djihad' al-asghar (Djihad le plus
petit), celui contre l'ennemi extérieur pour défendre la religion dans une
perspective uniquement défensive.
.
le 'Djihad' le plus noble ('Djihad' al-afdal) qui signifie « dire la
vérité devant un oppresseur en ne reniant pas sa foi en Dieu » (2)
Dans ces conditions, tout dépend
quel Djihad sera mis en avant, ce qui permet à chacun d’établir une
interprétation qui lui soit propre.
De ce qui
précède, j'en conclue que les notions de bien et de mal sont, dans les
religions monothéistes dérivées du judaïsme, des valeurs relatives et non
absolues, elles dépendent des interprétations que l'on peut en faire. Si je
reprends ma métaphore du tiroir, chaque croyant peut trier les valeurs que lui
proposent les religions par l'emploi de sa raison de ses croyances ou de sa foi
et les classer en toute liberté.
(1) voir l’article
précédent
(2) Un internaute anonyme d'un
forum musulman écrit cette phrase : "Chaque individu
peut lire le Coran et la Sunna, mais quiconque ne peut les interpréter, car
chacun projette ses états d'âmes dans son interprétation. Les gens englués dans
l'ignorance et l'obscurantisme sont gouvernés par les pulsions de leur ego, et
par conséquent vivent dans l'époque de l'ignorance, même si l'on est au vingt
et unième siècle. Leur interprétation des textes sacrés, de la Bible, des
Evangiles et du Coran correspond au niveau ... matérialiste de leur compréhension
et de leur imagination. L'on ne peut pas accuser le texte, si son
interprétation est erronée. "
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire