Toutes les
valeurs n’étant que des idoles inventées par les faibles mais ne reposant sur
aucun fondement, Nietzche préfère, dans sa reconstruction, partir du phénomène des forces existantes ; selon lui, il en existe deux types :
- les forces réactives (les idoles) qui
s'expriment par opposition avec d'autres forces : par exemple, une théorie
scientifique nouvelle s'établit en réaction contre les théories antérieures, de
même, le bien est antinomique du mal,
- les forces actives comme celle de
l'esthétique qui agissent par elle-même sans rien retirer aux autres forces
(ainsi l'impressionnisme de Monet n'a pas chassé le réalisme de Courbet).
Le but de l'homme est d'intégrer en lui le maximum de forces (ce que Nietzche appelle volonté de puissance), de les maîtriser et de les harmoniser en soi (théorie du surhomme) : "il faut faire de soi un monument de puissance vitale.. Avoir tous les dons et les désirs induits, même contradictoires.. Mais il faut la maîtrise intérieure ". En ce sens, accepter la victoire des forces réactives, c'est diminuer sa volonté de puissance.
Ces théories débouchent sur une nouvelle conception de la vie humaine :
- l'être humain doit passer par trois
stades : celui du chameau qui obéit sans se poser de questions, celui du lion
qui dit non, celui enfin de l'enfant uniquement soucieux de profiter du temps
présent et d'en saisir toutes les richesses (l’innocence du devenir) et qui témoigne d'une tranquille affirmation de soi.
- seul compte le présent, l'instant, le
réel et le tissu de forces qui est la vie ; le passé n'est
que source de nostalgie et de regrets, le futur n'est qu'une espérance sans
fondement, l'éthique basée sur le libre-arbitre ne fait que culpabiliser ; on
ne doit rien chercher ni avoir de but afin d'accéder à la joie véritable qui vient quand
on est conquis par le sentiment de l'intensité de la vie (Amor Fati) et que l'on
voudrait que ce sentiment, si puissant qu'il semble durer une éternité,
reviennent sans cesse (l'éternel retour).
- le surhomme est celui qui vit dans l'innocence
du devenir, dans l'intensité de l'instant et de l"Amor fati" et dans
la réconciliation avec le réel.
- au lieu d'une éthique centrée sur le
bien et le mal, Nietzsche prône une morale qu'il appelle le "grand style" : il faut « harmoniser toutes les forces réactives
de la rationalité et les forces actives de l'esthétique ».
Les idées de Nietzsche que j'ai tenté ici de synthétiser au risque de les schématiser, me permirent à la fois de justifier les intuitions sur la liberté dont j'ai fait part dans les articles précédents et aussi de finaliser ma synthèse des apports des systèmes philosophiques concernant le problème
du bien et du mal dans la perspective de la liberté en soi.
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